Robert Charles Wilson – Mysterium

Folio SF, 416 pages.

Robert Charles Wilson - MysteriumVO : idem. Wilson a émerveillé Le Tigre par sa série Spin, et d’autres romans assez géniaux. Dans notre cas, œuvre originale sur un monde parallèle et assez bien menée. Comme toujours, c’est le travail de l’auteur sur les personnages qui est remarquable, faisant de Mysterium un ouvrage agréable à lire. Sans plus.

Il était une fois…

Two Rivers, petite bourgade des États-Unis. Une usine d’armement fraîchement installée subit une avarie, et ce à cause d’un mystérieux fragment prélevé en Turquie quelques années auparavant. L’accident est tout ce qu’il y a de plus original : Two Rivers semble avoir été transportée dans une autre dimension. Rien que ça.

Critique de Mysterium

Écrit en 1994, juste après la guerre froide, Mysterium n’est pas vraiment de la SF à proprement parler. A la rigueur, au début, lorsqu’un fragment est découvert et possède de surprenantes propriétés physiques, la SF pointe le bout de son nez. Mais quand l’intégralité du bourg est transporté on ne sait où, on est plus dans du fantastique.

L’intrigue due à cette « translation », pourquoi et comment, fait appel à des notions assez complexes où se mêlent grands constructeurs, dimensions parallèles et ésotérisme poussé. Toutefois, le véritable coup de force de cet ouvrage est la qualité (que je qualifierai de « wilsonienne ») du rendu des différents protagonistes : un physicien, une mère un peu perdue et son gamin, une femme qui décide de nouer des contacts plus « intimes » avec un étranger,…

Le lecteur est à leur place, et même si parfois on peut avoir certaines difficultés à se remémorer qui est qui (le roman fait à peine 400 pages, et beaucoup d’espace), c’est terriblement prenant. Le Tigre l’a parcouru en deux heures en diagonale pour se (re)faire une idée de l’œuvre, et ma critique n’a pas changé.

En effet, si l’idée est séduisante, on a parfois l’impression de lire un roman des années 70. Peut-être la description du monde parallèle offre un aspect légèrement suranné au texte dans son ensemble qui n’a parfois pas l’envergure qu’on attendrait d’un tel écrivain. Un bon moment ceci dit.

Thèmes abordés (du moins selon Le Tigre)

L’invasion par une force étrangère. Two Rivers déboule de nulle part dans un monde différent, il est normal que les militaires prennent les choses en main. Il s’ensuit une période d’occupation qui se déroule comme beaucoup d’exemples historiques : pillage du savoir local (des bibliothèques entières sont prélevées, puis étudiées) ; petits arrangements avec l’habitant (Le Tigre ose dire « collaboration »), notamment une femme fréquentant un des étrangers ; couvre-feu délicat à faire respecter ; coercition en tout genre, allant jusqu’à pendre des jeunes ayant simplement manifesté,… Très réaliste pour du fantastique.

Le noble thème de l’uchronie est ici poussé à un niveau extrême. Two Rivers bascule dans un monde particulier. Wilson fait de l’excellent boulot en distillant au compte-goutte les informations d’une planète différente, mais pas trop. Technologiquement plus arriérée déjà, et on peut en dire autant des mœurs. On y apprend la data de l’évènement divergent (une histoire d’empereur romain qui ne s’est pas converti au christianisme), justifiant la religion pseudo catholique saupoudrée de mythologie grecque et païenne.

Le système politique est intelligemment esquissé : celui-ci fait penser à une théocratie doublée de l’autoritarisme d’un gouvernement en guerre. Les États-Unis n’existent pas, seul un grand territoire où cultures française et anglaise semblent se mélanger (le pouvoir religieux pour les uns, le pouvoir civil pour les autres). Le paradigme religieux, les termes utilisés pour désigner certains objets, ou fonctions politiques et de police,…l’auteur a une imagination débordante et parvient à nous y inviter correctement.

…à rapprocher de :

– Même si je ne l’ai pas lu, le sujet de Dôme, de Stephen King, me semble assez proche.

– Les chouchous du Tigre sont Les Chronolithes et Spin (avec ses suites Axis et Vortex). Le vaisseau des Voyageurs se défend bien au demeurant (moins de SF). Quant à Julian, c’est certes plus long, mais un peu en deçà de ce qu’on peut attendre de l’auteur.

– Quelques nouvelles qui se laissent lire de l’auteur, du genre YFL-500 ou La cabane de l’aiguilleur.

– Sur la fin, lorsqu’on se rend compte qu’un monde possède la marque « neurologique » d’une personne, Le Tigre pense à Kestus, second tome de Days Missing – BD de Phil Hester.

Enfin, si votre librairie est fermée, vous pouvez trouver ce roman en ligne ici.

7 réflexions au sujet de « Robert Charles Wilson – Mysterium »

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