Brugeas & Toulhoat - Etoile rougeDans la lignée d’un excellent Block 109, Le Tigre a continué ses aventures dans le monde de l’uchronie relative à la seconde guerre mondiale. Cette BD au format classique se lit rapidement, trop sans doute. C’est sur le front russe que le conflit est décrit, et bien que très correcte le lecteur sera forcément déçu par rapport au premier opus, réellement novateur.

Il était une fois…

L’URSS et la France Libre ont fait grande alliance, avant la destruction atomique de cette dernière. Une escouade française, la « Normandie » (qui a réellement existé au demeurant), combat sur le front est avec des pilotes plus qu’expérimentés. Ce sont quelques hommes qu’on va suivre, de leurs victoires jusqu’à leur inexorable chute.

Critique d’Étoile rouge

Avant de commencer cette délicieuse série, il convient de se taper d’abord block 109. Puis comprendre que cette BD n’est qu’une anecdote de la guerre opposant le Reich millénaire à l’URSS. La bombe A inventée par les nazis a déjà rayé le monde occidental, le monde libre est bien mal parti dans ce scénario. Nous accompagnons une poignée de Français, dans l’empire soviétique, qui prêtent main forte au petit père des peuples. Ce dernier le leur rendra assez mal par ailleurs.

Disons le tout de suite, ce n’est pas aussi bien que le premier opus. On perd l’aspect roman graphique pour dériver vers la BD classique : images un peu moins fouillées et imposantes, histoire plus courte, certes intéressante mais sans l’aspect historique autrefois si prégnant. Plus d’une dizaine d’euros pour à peine 60 pages, Le Tigre l’a un peu mauvaise. Pas le temps de s’attacher aux personnages, juste un petit conte sur les conditions « d’exercice » en territoire russe.

Quant à la fin, sombre car terriblement réaliste. Le dessin est légèrement moins fouillé que dans l’opus fondateur, on assiste à un retour en puissance de la ligne claire, comme les deux BD qui suivront. Les ennemis ne sont pas forcément les vilains allemands, rien n’est tout blanc ou tout noir. Un bon moment en tout cas, pas le pied non plus.

Thèmes abordés (du moins selon Le Tigre)

La difficulté de combattre chez un pays totalitaire, bien qu’allié. Nos petits frenchies doivent composer avec les susceptibilités locales, les commissaires politiques omniprésents et les luttes politico intestines propres à l’URSS. En plus de cela, c’est bien sûr le désespoir et le déracinement de nos héros, dont le pays d’origine n’est plus, que le lecteur appréhende de manière assez convaincante.

L’URSS, système politique, et surtout économique, gravement déficients. Parallèlement à la guerre aérienne, c’est aussi une guerre économique, avec les cadences de production des avions qui sont terribles. Plutôt bien décrit, le quotidien d’un ouvrier aura une influence déterminante sur le destin de nos héros. Ce dernier, ne voulant pas voir sa ration de nourriture lui passer sous le nez, omettra (assez innocemment, en plus) un petit doute sur une petite pièce qu’il a conçue. Or ladite pièce sera l’équivalent « o-ring » de la bien triste mission Challenger de 1987.

…à rapprocher de :

– Les autres épisodes du roman graphique d’origine (Block 109, en lien) sont : Opération soleil de plomb (correct), New York 1947 (chouette), Ritter Germania (mouais).

– Ces deux auteurs ont publié une autre série nommée Chaos Team. Z’ont du beau talent, tome 1.1 (sans plus), tome 1.2 (aaaah, mieux) et tome 2.1 (très correct).

– Les Buck Danny, sur l’aspect guerre aérienne. Bien qu’ici ce soit moins bien expliqué.

– En plus « sérieux », et sur le front occidental, Le Grand Cirque 2000 de Clostermann est fort instructif.

Enfin, si vous n’avez pas de « librairie à BD » à proximité, vous pouvez trouver ce titre en ligne ici.

Brugeas & Toulhoat - Block 109Roman graphique qui remet l’uchronie au goût du jour, sur fond de seconde guerre mondiale encore plus apocalyptique, c’est une petite claque scénaristique comme visuelle à laquelle le lecteur a droit. Invraisemblable et excessif avec un dessin correct, ou comment se faire plaisir. A lire sans conteste.

Il était une fois…

Allemagne, début des années 50. Par une curieuse chronologie sommairement expliquée, le Reich est toujours en guerre contre l’URSS. Le reste des alliés a été atomisé, et pour vaincre les Russes seule une attaque bactériologique ferait l’affaire. Bien sûr rien ne se passe comme prévu, et Zytec, le nouveau chef nazi, a d’autres petits projets en tête…

Critique de Block 109

C’est une belle première, vraiment rien à dire. Brugeas a monté un scénario très séduisant, et correctement exploité. On perçoit qu’il y a eu du plaisir à faire cette bande dessinée, et venant d’auteurs français Le Tigre ne peut que leur adresser ses plus (sincères) félicitations (non non je n’attends pas de dédicaces).

Le dessin, qui porte sur le grisâtre, est nerveux et efficace. On a ici affaire à de savants mélanges de manga (concernant les combats), de fresques architecturales et militaires pas toutes vraiment crédibles. La crédibilité n’entre pas ici dans le cahier des charges, qu’importe (non mais regardez ces avions, ça ne peut pas voler un truc pareil…) Le personnage principal, tout en classe, est curieusement un mélange de Corto Maltese, Blake & Mortimer ou un autre Anglais un peu coincé. Les soldats, tout en mouvement, n’ont parfois rien à envier aux dessins animés nippons de ma jeunesse. Un peu too much parfois.

Ça reste une excellente BD, un premier opus qui couvre l’ensemble de l’histoire, et constitue une base nécessaire à la lecture des autres ouvrages du duo. Concernant les commentaires sur les autres œuvres, Le Tigre vous invite à aller voir les voir sur ce site, même si on est loin de la même qualité.

Thèmes abordés (du moins selon Le Tigre)

L’uchronie. Pour résumer, on prend un moment historique particulier, on change ce qui est censé se passer, puis on imagine la suite à partir de cet évènement « charnière ». Dans notre cas, c’est le « management » nazi qui est réinventé, et le déroulement de la WWII. Le résultat peut être réussi, comme chez un K. Dick, mais aussi laisser sceptique, comme la saga Wang de Bordage. Pour ce à quoi se limite la BD, mission accomplie. La création de l’univers qui suit est relativement cohérente, si on admet l’aspect profondément fantaisiste du monde des auteurs.

Les armes de destruction massive. L’Allemagne invente avant les autres nations la bombe A, et les utilise ad nauseam. Lorsque ça ne suffit pas pour écraser l’URSS, quoi de plus intelligent que balancer un virus qu’on ne maîtrise pas vraiment. Quant à la fin de la BD, c’est un artifice d’extermination qui est offert au lecteur. Et cela donne une nouvelle lecture au titre, block 109 : 10.9, le numéro du block, le sang neuf,…

L’Homme et l’Histoire. En rapport avec le titre, encore, c’est la vengeance personnelle d’un individu qui va décider de l’avenir de l’humanité. Cette BD, comme les grands évènements de l’Histoire, est guidée par des hommes qui, à un certain moment, entrent en « résonance » avec les espoirs et l’esprit de leur époque. Hitler, Napoléon, De Gaulle, Attila, c’est avant tout un contexte, quelques concours de circonstances, un peu de culot, et surtout une volonté à toute épreuve pour être sur le devant de la scène. Avec des résultats biens connus.

…à rapprocher de :

– Les autres épisodes du roman graphique (Block 109, en lien) sont relativement décevants (à cause de l’excellence de celui d’origine) : Étoile rouge (mon préféré), Opération soleil de plomb (correct), New York 1947 (chouette), Ritter Germania (mouais).

– Ces deux auteurs ont publié une autre série nommée Chaos Team. Z’ont du beau talent, tome 1.1 (sans plus), tome 1.2 (aaaah, mieux) et tome 2.1 (très correct).

– Les uchronies de la seconde guerre mondiale ne manquent pas, par exemple : Le Maître du Haut Château, de Philip K. Dick, La Part de l’autre, de Schmitt, Fatherland, de Robert Harris,…

– Tigre évoque rapidement la saga Wang, pour sa présentation peu crédible de l’avenir. Mais c’est excellent à lire.

Enfin, si votre librairie est fermée, vous pouvez trouver cet illustré en ligne ici.

Thibault Lang-Willar - Un fauteuil pneumatique rose au milieu d'une forêt de conifèresTitre très long, et rien de rose dans ce roman contrairement à ce qu’on pourrait penser. Mais alors pas du tout. C’est bête et méchant, provocateur mais parfois juste, Lalng-Willar pousse l’humour noir au-delà des convenances littéraires. Le Tigre est assez porté sur cette prose, si seulement je parvenais à écrire ce genre de trucs…

Il était une fois…

Onze nouvelles, de dix à trente pages. Ah non, y’en a une qui fait deux pages (d’ailleurs celle-ci est géniale). Certaines obscures ou inutiles, d’autres terrifiantes ou drôles. Des sujets assez variés, avec comme socle les grands malades (libres ou en prison) qui nous entourent.

Critique d’Un fauteuil pneumatique rose au milieu d’une forêt de conifères

Délirant et français, c’est fort rare. Plus qu’appréciable même. Quelques nouvelles qui relèvent de l’horreur absolue (même si Palahniuk fait parfois pire), régalant le lecteur avide d’originalité. Si Thibault Lang-Willar écrit hélas peu, dès qu’il daigne le faire le résultat pique (favorablement) les yeux.

Cet ouvrage fait montre de cynisme allié au glauque de la part d’un auteur qui ne respecte rien (dans le bon sens hein) et se fait plaisir en couchant sur papier ce qu’il y a de plus sombre chez l’être humain. Du rire, beaucoup de dégoût, certaines âmes sensibles vont peut-être ne pas apprécier. Par exemple, les divagations d’un prisonnier qui correspond avec une femme (dont la naïveté est renversante) sont à se tordre de rire.

L’écriture, à peu près correcte (sans plus hélas), se laisse apprivoiser une fois que le lecteur est habitué aux brusques changements de registre (je n’ai que rarement vu ça en littérature). Le tout reste divertissant et m’a donné envie de continuer, malgré quelques nouvelles qui peuvent être zappées. Un mini-must.

Thèmes abordés (du moins selon Le Tigre)

Les psychopathes de tout bord, détraqués de grande ampleur, l’auteur dresse des portraits aussi horripilants que repoussants. Il est question d’individus que l’on ne préférerait pas croiser au détour d’une sombre ruelle, même si la crédibilité de leurs actes pourrait laisser pantois. Le Tigre ne préfère pas se prononcer (n’ayant jamais visité d’asile ou les Galeries Lafayette le premier jour des soldes), mais ça paraît parfois bien excessif.

Peut-on tout écrire ? Lang-Willar va loin, très loin même dans l’horreur. Il se lâche, n’hésitons pas à le dire, tout en restant dans un style plaisant à lire. Se pose la question de savoir si un auteur peut se permettre de montrer, sous un jour amusant, autant de cannibales, de pédophiles, violeurs,… En guise de réponse, Le Tigre invoquera Desproges, en le paraphrasant : on peut tout écrire, mais pas le montrer à tout le monde.

Ainsi, j’invoque l’exemple de la nouvelle « épistolaire » entre un détenu et une femme (douée d’une certaine grandeur d’âme). Croyant que sa correspondante ne lui répond plus, le prisonnier lui envoie une lettre d’une violence inouïe : vocabulaire ordurier comme Le Tigre en a rarement lu. Cela fait toujours bizarre écrit dans dans un roman, pour ma part ça m’a fait rire. Pas sûr que ce soit la réaction de tout le monde.

…à rapprocher de :

– Des nouvelles noires se retrouvent avec Mike Kasprzak et ses Monstres. Ou, avec davantage de poésie, Avant terme de Serge Cazenave-Sarkis – éditeur indépendant également.

– Certains ouvrages de Chuck Palahniuk, qui sont parfois dans le même style outrageant : A l’estomac ou Berceuse.

Enfin, si votre librairie est fermée, vous pouvez trouver ce roman en ligne ici.

Les Sutras du TigreLe Glorieux Tampon Protecteur (ci après le « GTP » ) est, avec le livre bien sûr, l’objet le plus important de l’intimité du Tigre. Apportant une sécurité optimale en tout cas, sans cet objet le félin lecteur ne serait sûrement pas. Marque indélébile signalant au chaland l’appartenance à une race d’exception, le GTP est simplement au Tigre ce qu’un logo est à une marque populaire.

Un bon tampon ne s’improvise point

Le GTP fut extrêmement difficile à concevoir. Destiné à être utilisé des milliers de fois, il ne fallait vraiment pas se planter. Surtout que le changer en cours de route était hors de question. Trop douloureux pour mes livres.

D’abord sa forme. Armé d’un logiciel de design, j’ai planché de nombreuses heures pour trouver la subtile alchimie, équilibre précaire entre simplicité et nécessaire information de la personne qui tombe dessus. Je me suis fortement inspiré des logos d’universités américaines et ai opté pour une forme arrondie : mes initiales et nom de famille (police Garamond) entourant amoureusement un logo de ma confection, rappelant à la fois lesdites initiales et un livre.

L’image de ce site est partiellement tiré de mon logo by the way.

Ensuite sa taille. Trop gros, je n’aurai pas été foutu de trouver de la place dans les pages d’un bouquin pour imprimer ma marque. Trop petit, ça aurait ressemblé à une artistique fiente d’étourneau un peu chétif. Quelque chose de pas sérieux qui aurait fait rigoler, à mon grand regret. Après de nombreux essais d’impression, Le Tigre s’est dévolu sur un format de 27 mm de diamètre, qui est d’ailleurs le format du fameux canon revolver Mauser BK-27, notamment utilisé par la royal air force thaïlandaise. Il y a des signes qui ne trompent pas.

Enfin la matière première. J’avais deux choix, chacun ayant son petit attrait :

Je pouvais opter pour un tampon en relief, qui « surimpressionne » une page. Avantage : le livre n’est pas abîmé, aucun risque d’encre qui coule, bref discret et élégant. Désavantage : un individu mal intentionné muni d’un fer à repasser pourra effacer votre logo et s’approprier indument votre précieux ouvrage.

Plus classiquement, il y a le tampon à encre. Notamment le modèle avec une encre bleu foncé, celui que Le Tigre a finalement choisi. Avantage : permanence, visibilité, professionnalisme qui n’est pas sans rappeler les plus grandes bibliothèques de ce monde. Désavantage : le tamponneur pressé risque d’en foutre un peu partout. En outre, sur du papier verglacé type manga, et bah j’ai le temps de prendre deux cafés le temps que ça sèche. Enfin, livre difficilement vendable.

Comment se servir d’un tampon

Où tamponner ? Éternelle question. Primordiale aussi, car la façon dont la marque est apposée peut faire la différence entre Le Tigre et n’importe quel clampin qui aurait subrepticement emprunté le GTP à des fins délictuelles. Escroquerie, voire faux et usage de faux, au cas où la marque prend de la valeur. Le collectionneur de mes livres tamponnés doit avoir en tête quelques notions :

Premièrement, le tampon est par défaut à l’endroit. A l’envers, c’est qu’il a été offert. Pour les illustrés, la pétillante marque peut être présente dans les rabats des couvertures, tout dépend en fait de la date d’acquisition. Plus le temps passe, plus l’audace du Tigre en terme de tamponnage systématique d’un espace vide s’est renforcée.

Deuxièmement, le GTP peut indiquer l’état de lecture de l’œuvre. La première marque inscrite par défaut est avant l’incipit, entre le titre et le nom de l’éditeur. Il y a toujours de la place. C’est le premier indice de l’appartenance à la grande famille qu’est ma bibliothèque. Lorsque le livre a été lu, un tampon près du nom de l’imprimeur (donc dans les dernières pages) est présent. Si pas de GTP, c’est que je n’ai pas fini le truc. L’information, toujours l’information.

Troisièmement, j’ai développé un système que n’importe quel banque centrale m’envie. Faut que je pense à le breveter d’ailleurs. Afin d’éviter le vol, suivi de la dégradation qui consiste à arracher les pages tamponnées, j’ai apposé le royal tampon sur des pages nécessaires à la compréhension de l’ouvrage.

Certains aiment déposer leur marque sur la même page, signe distinctif s’il en est. Pour ma part je n’adhère pas à ce principe : imaginez que le livre que vous lisez n’ait même pas assez de pages, ou qu’il n’y ait pas de place à cet endroit. Fatalitas. Le Tigre a trouvé bien plus fin : tamponner, lorsque c’est possible, les numéros de page multiples de 12. Statistiquement, il y aura toujours un chapitre qui commencera sur une telle page. Voire plus, et là Le Tigre se lâche.

Pourquoi tamponner ses livres ?

Parce queue. Selon Freud, certes aidé d’Heidegger mâtiné de quelques éléments tirés du paradigme lacanien, il y aurait une volonté d’appropriation, de réappropriation même, résultant d’un certain vide affectif qui à certains égards peut confiner à une instabilité émotionnelle due à une angoisse transitoire et justifiant l’utilisation de signes distinctifs à outrance sur des artefacts à forte charge sentimentale, tel l’enfant lançant la toupie qu’il récupère en un laps de temps excessivement court, allégorie de la mère qui progressivement se détache de lui.

Il y a un peu de ça. Mais c’est bien plus simple.

Il fut un temps où j’étais le bibliothécaire en chef d’un petit village en Birmanie, pas loin de la frontière avec le Laos. Je prêtais à tout va, et n’avais à l’époque aucun logiciel de gestion de ces prêts. Il n’y avait pas d’électricité de toute façon. Les livres, que j’achetais à des missionnaires qui prêchaient dans le coin, étaient destinés à l’éducation du village et transcrivaient principalement, par écrit, les savoir-faire nécessaires à la survie d’une petite communauté.

Hélas, les missionnaires en question s’ingéniaient à donner directement leurs ouvrages surnuméraires à mes ouailles, et ce à l’encontre de mes directives les plus claires. Dans mon esprit, le savoir passait par Le Tigre, point final. L’intermédiaire odieux qui monopolisait les flux intellectuels, c’était enfin moi.

Et c’est à partir de ce moment que mon rêve est parti en quenouille  : je n’avais plus aucun livre dans ma majestueuse bibliothèque, tous étaient dispatchés dans les cases birmanes. J’irruptionnais alors chez les habitants, rouge de colère, tentant de me faire comprendre par des signes qu’il était temps de me ramener les ouvrages. Leurs réponses, par signes également, étaient sans appel : majeur tendu, barré par l’index. Le doigt d’honneur dépaganisé.

Selon eux, ces livres étaient tous offerts par ces grenouilles de bénitiers. Aucun moyen de leur prouver qu’ils avaient tort. J’étais dans une situation que certains auteurs, dont les livres font la tête de gondole de magasins de gare, qualifieraient de fâcheuse.

Je me suis enfin réveillé de ce cauchemar, le cœur battant. Puis me suis très vite mis au travail.

Glorieuse Conclusion

Comme Le Tigre se plaît à le répéter, le GTP, c’est avant tout une trilogie :

Au début, c’est fun. Ensuite, c’est gênant. Enfin, c’est la tradition.

Glorieux Tampon Protecteur du TigreAu fait, voici le fameux GTP. C’est cadeau. J’ai viré les lettres qui auraient fait voler en éclats mon anonymat déjà bien fragile. Certes le résultat est loin d’être propre. Utiliser le logiciel par défaut de Windows, c’est un peu avancer un chantier avec du matériel de bac à sable.

Le lecteur affuté saura reconnaître, dans le logo du milieu, l’esquisse de certaines lettres (le M ou le E) constituant des initiales chères au Tigre.

Bref, don’t mess with GTP.

Jon Ronson - The psychopath testPas beaucoup de choix dans les magasins avant de prendre l’Eurostar. Par défaut, ou dépit, Le Tigre prend la tête de gondole, le livre qui semble avoir le plus de succès et promet de la grosse rigolade. Même si ce n’était pas forcément le cas, c’est un essai intelligent et parfois mystérieux qu’il ne faut pas laisser passer.

De quoi parle The psychopath test, et comment ?

Cet ouvrage est un voyage au monde de la folie, qui ne se trouve pas forcément là où on l’attend. Jon Ronson, journaliste qui ne manque pas de talent, est parvenu à traiter ce sujet en interviewant un paquet de personnes fascinantes, et le résultat ne manque pas de classe.

Toutefois, les descriptions et termes utilisés sont un peu légers et, paradoxalement, parfois difficiles à comprendre. A moins que mon Anglais se dégrade, certains passages n’ont pas été saisis, sans que cela ne nuise à la compréhension générale. En outre, la 4ème de couv’ vend du rire. Sourire sans doute, mais peu de rire. Surtout terrifiant tant ce que Ronson expose est parfois « mind-globbing », c’est-à-dire hallucinant de révélations.

Un livre qui se lit comme une balade avec certains acteurs / experts étant ou ayant eu affaire à des psychos. Tout ça sur fond d’un pseudo mystère (des lettres envoyées incognito à de grands spécialistes) qui m’a un peu échappé.

Ce que Le Tigre a retenu

Qu’est ce qu’un psychopathe et comment en reconnaître un ? Quand Mister Ronson cite quelques critères qui permettent de griller un psychopathe (afin de nous aider à devenir un « psycho hunter »), n’importe quel lecteur, dont le Tigre, est alors pris de vertiges. M***, j’en suis potentiellement un ! Heureusement, si vous commencez à vous dire que vous en êtes peut-être un, alors ce n’est sûrement pas le cas.

Depuis pas mal d’années une grande partie des enfants à problèmes sont diagnostiqués aux EUA avec des troubles bipolaires, alors qu’ils sont souvent en pleine crise d’adolescence ou ont juste besoin d’un bon coup de pied au derrière. Pas au pays de l’Oncle Sam, où des psys leurs prescrivent une batterie de médicaments, et bien sûr il existe des conflits d’intérêts entre laboratoires et ces docteurs. Édifiant.

Le Tigre a été ému par l’histoire d’un pauvre type qui, pour éviter la prison à la suite d’un crime en Angleterre, se fait passer pour fou afin d’aller dans un hôpital psychiatrique, où les conditions sont moins dures. Hélas il ne peut plus en sortir, et quoiqu’il fasse ou dise, ça se se retourne contre lui. Bloqué depuis une décennie, ses interviews par le journaliste sont vraiment cocasses.

Pour tenter d’éveiller certains grands malades et leur asséner un « coup psychologique », un docteur original a eu l’idée de leur faire avaler en groupe du LSD. Idée louable à la base, l’expérience ne s’est pas vraiment déroulée comme prévu. Le suivi pendant la prise de drogues, les étapes prévues, tout était parfait sur le papier, hélas ça n’a pas suffi. Sans compter le total désaveu que ça a représenté par la suite pour ce genre de thérapies.

Enfin, une histoire incroyable sur une survivante des attentats de 2005 de Londres. Comme thérapie personnelle, cette femme a monté un blog. Rapidement attaqué par des théoriciens du complot sur ces attentats, accusant la femme d’être un agent du gouvernement. Le chef de ce groupe à l’ouest n’est rien de moins qu’un ancien du MI6, le contre-espionnage britannique. Ce personnage haut en couleurs est dingue, à tout point de vue. Refus de reconnaître l’évidence, comportement de plus en plus prophétique (au sens négatif du terme), problème d’identité sexuelle, Le Tigre s’est régalé tout en plaignant la pauvre femme impliquée dans cette histoire.

…à rapprocher de :

– Conseillé au Tigre par un professeur de psychiatrie, osez vous pencher sur Les plus fous ne sont pas ceux qu’on croit, de Manfred Lütz.

15 serials killers, d’Harold Jaffe. Petit essai sur quelques sérials killers, certains étant des psychopathes reconnus, d’autres de célèbres politiciens.

– Sur le cheminement de la folie, allez lire Nous sommes tous innocents, de Cathy Jurado-Lecina. Génial.

– Des chefs d’entreprise qui manquent totalement d’empathie, bons en partie dans leur métier parce que psychopathes. Des morceaux bruts de virilité qui ne pensent qu’à leur gueule, c’est tout le sujet d’Inside Job, sur la crise financière de 2008.

Enfin, si votre librairie est fermée, vous pouvez le trouver en ligne ici.