Deloire & Dubois - Sexus politicusL’homme politique serait un gros queutard sans foi ni loi. En tout cas, il cache fort bien son jeu. Croustillantes anecdotes sur la vie sentimentale de nos élus, hélas le tableau paraît incomplet. A peine une ébauche d’analyse sur les relations intimes entre le pouvoir et le sexe, il y a comme un arrière goût d’inachevé dans cet essai – lequel, à tout bien réfléchir, reste assez sage.

De quoi parle Sexus Politicus, et comment ?

Un essai qui parle de cul en politique. Comprenez que je me suis jeté sur cet ouvrage comme la vérole sur le bas clergé anglican. Pédés d’Anglais, pour une fois que quelques individus tentent de faire comme eux, à savoir tout dévoiler de la vie très très privée de nos gouvernants, bah voilà que nos auteurs ont fait les choses à moitié. Dommage.

D’ailleurs, qui sont nos deux Christophes ? Mister Dubois a travaillé au Parisien (il s’occupait de tous les scandales politico-financiers) avant de rejoindre le journalisme TV. Quant à Cricri Deloire, il est issu du Point (personne n’est parfait) et est passé par un grand éditeur. Deux beaux journalistes bien propres sur eux, pas vraiment le profil de têtes brûlées, ce qui signifie deux gus ayant tout à perdre (à part vendre) et cherchant légitimement à ménager la chèvre politique et leur feuille de choux.

Sur 400 pages plutôt bien aérées (entendez : ça peut tenir en 300), Dubois et Deloire vont tenter de nous éclairer sur la propension des hommes de pouvoir à forniquer comme si leur quéquette leur grattait furieusement. Pour ma part, je m’attendais à tout plein de révélations qui auraient pu élargir mon esprit limité. Le style, fluide et plaisant à l’œil, ne cache cependant pas le manque de matière qui aurait pu constituer de beaux scandales. Nos écrivaillons, peut-être pour planter le décor (d’autres parleront de noyer le poisson), ont même profité de l’occasion pour établir une chronologie de l’Homme d’État hypersexué, et ce depuis la Renaissance.

Petite touche marrante pour terminer : les deux compères ont démissionné, en même temps, de leur job respectif. C’est rigolo comme tout, ils ont ensuite tenté de rejoindre un groupe de presse allemand désireux de poser ses pénates en France. Sauf que le projet ne s’est jamais fait. Depuis, sauf erreur de ma part, ils paraissent bien éloignés du journalisme politique. Est-ce une correcte mise au placard loin de tout ce qu’ils traitaient avant ?

Ce que Le Tigre a retenu

Il faut reconnaître à la paire d’essayistes d’avoir tenté de briser, à leur modeste niveau, un insupportable tabou qui habite l’Hexagone : la propension, de la part de la presse franchouillarde, à ne rien dire sur les affaires de mœurs de ceux qui nous gouvernent. A la différence des Anglo-saxons,  les journaleux distillent avec parcimonie (et avec toutes les pincettes de l’érudit bien introduit au sein de l’élite qui s’adresse à la masse idiote) des fragments d’informations sur un aspect fondamental de la politique. Car les sentiments et la passion (voire le coup d’un soir) sont souvent déterminants sur les choix d’individus qui, parfois, oublient qu’ils tiennent dans l’autre main (la première agrippant leur queue) la destinée d’une nation.

Néanmoins, Le Tigre n’a pu s’empêcher d’avoir encore faim, le repas des révélations des auteurs ne m’a point satisfait. Mitterrand qui parvient à rassembler, autour de son tombeau, femme et amante ; Chirac qui a taillé plus d’un coup de canif sur son contrat de mariage avec l’autre conne ;  VGE et sa bagnole pliée en charmante compagnie, etc. que des historiettes que le lecteur curieux ne peut ignorer, du réchauffé dont certains journaux s’étaient déjà faits les gorges chaudes – huhu.

Telle une vraie commère du 15ème arrondissement de Paname, le félin voulait de l’inattendu, des trucs à faire hurler de rage les intéressés. Du Raffarin qui plante son correct quintal sur le dos d’une de ses maîtresses, les aventures du Mitterrand (le neveu) ou de cette grande folle de Jack Lang en train de pourchasser de jeunes sodomites, du Sarko en threesome avec deux pouliches d’un quelconque J.T. national, du Président bandant comme un âne sur un scooter (ah non, ça c’est fait), bref une consciencieuse mise à nue de ces individus qui, pensant que tout leur est permis d’un point de vue politique, ne s’embarrassent pas de préliminaires.

Pour conclure, heureusement que la presse dite « people » (dans le sens de peuple, à savoir s’extirper de la consanguinité politico-journalistique), a commencé à ouvrir les hostilités depuis les années 2010. Ces personnages ayant décidé de mener une vie publique, le cul gouvernant le monde, il ne serait pas anormal d’être informé de leurs escapades – et puis, reconnaissons-le, ça nous éclate de voir qu’ils sont souvent pires que nous.

Voilà, trois heures de lecture de perdues.

…à rapprocher de :

Rien d’autre à rajouter, si ce n’est que nos deux amis ont poursuivi dans leur lancée avec des titres encore plus racoleurs :

L’Enquête sabotée : Comment l’assassin présumé du préfet Erignac a-t-il pu s’échapper ?

Les Islamistes sont déjà là.

L’argent et les politiques : Les enfants gâtés de la République (un essai de 1 000 pages n’y suffirait pas).

James Patterson - MAX: A Maximum Ride Novel La bande de Max est sur la sellette, y’a des vilains méchants robotiques qui lui veulent du mal ainsi qu’à sa famille. En rajoutant quelques problématiques d’adolescentes, le tableau est complet. Hélas ce n’est pas du tout mon genre. Ni polar, ni SF, seulement du fantastique pour gamins. Suis trop vieux pour ces conneries. Erreur de casting, ça arrive. 

Il était une fois…

Le Docteur Martinez, mère biologique de la fameuse Max, a créé une assoce qui œuvre pour la protection de l’environnement. Ou un truc du genre. Bon, faut juste savoir que la petite troupe fait des représentations dans quelques grandes villes pour sensibiliser la populace. Néanmoins, au cours d’un des shows, nos amis sont pris pour cible, puis de mystérieux ninjas surhumains les attaquent. Que se passe-t-il donc ? Mais pourquoi des millions de poissons sont éjectés de l’océan, morts ?

[oui, je n’ai pas vraiment aimé]

Critique de MAX: A Maximum Ride Novel

Putain que je me suis fait chier ! Parti un long weekend à Londres, j’avais lu plus que de raison à cause de la pluie s’abattant sur la capitale de Perfide Albion. Le résultat fut qu’en repartant vers Paris, je n’avais aucun bouquin à lire. J’ai donc pris de quoi intellectuellement me sustenter dans une petite librairie à St. Pancrass. Vous me connaissez : dans la panique, je ne chope que des romans écrits par des auteurs que je connais. Y’avait que Patterson dans le lot, et j’ai acheté le seul titre dont je n’avais jamais entendu parler. Pauvre de moi, j’aurais du être alerté par la couverture.

Comme c’est l’unique roman de la série que je vais traiter sur l’auguste blog, un petit rappel de l’intrigue de cette saga s’impose. Max et ses amis, ce sont des freaks génétiques à qui on a modifié « seulement » 2% du génome. Pas n’importe quels 2% puisqu’ils ont tout des hommes-oiseaux, avec vue perçante et ailes pour voler – me demandez pas comment le cœur tient le coup, ça ne vous regarde pas. Forcément qu’ils suscitent appréhension, rejet ou convoitise. Voilà pour le plantage de tableau.

Dans ce roman en particulier, la bande (« Flock » en anglais) est confrontée à des sortes de robots organiques (ou l’inverse) avec une mystérieuse organisation qui agit en loucedé. Un savant fou se balade au fond des océans tandis que nos héros, à force d’être plongés dans un milieu aquatique, vont voir se développer de nouveaux pouvoirs – désolé, ça fait décousu mais je n’ai aucune envie de vous raconter l’histoire par le menu. En effet, le félin n’a su apprécier à sa juste valeur ce titre. Ayant dépassé l’âge légal pour lire ça, je me suis emmerdé comme un rat mort. Le sérieux de l’aspect « science-fiction » est sauvagement violé tandis qu’on voit arriver les péripéties d’un roman policier quatre chapitres à l’avance. Échec complet de mon côté donc, sans compter qu’en anglais ça m’a pris deux fois plus de temps.

Thèmes abordés (du moins selon Le Tigre)

Maintenant que j’ai bien glavioté comme il se doit sur ce truc, le fauve va tenter de ravaler sa colère mal placée pour se mettre à la place d’un parent qui ne sait pas quoi offrir à son rejeton.

Firslty, il y a un agréable message écologique planant dans le roman. Il s’agit ici des actions de nos héros qui sont destinées à faire prendre conscience des risques qui pèsent sur notre chère planète – faut voir nos gentils moineaux toussoter à cause de la pollution à Mexico. La Coalition pour Arrêter cette Folie (CSM en anglais), organisme fraîchement constitué, participe activement (nombreux exemples à l’appui) à changer les mentalités, donc aide le jeune lecteur à être ecofriendly. C’est pas beau ?

Secondly, et c’est sans doute ce qui m’a gavé dans les grandes largeurs, y’a de la romance dans l’air. Sauf que les amourettes d’adolescents, disons que je m’en tamponne allègrement le coquillard. Pour faire simple, l’héroïne principale, Max, a le gros béguin avec un certain Fang. Elle le chopera bien évidemment, mais Max aura quelques démêlés (de la jalousie en fait) avec la blondasse Brigit, la belle gosse du groupe qui a également des vues sur l’autre chanceux. Bref, des protagonistes avec lesquels s’identifier est facile.

Last but not least, faut bien avouer que ça se laisse correctement lire. Fluidité de bon aloi ; chapitres ultra courts qui terminent immanquablement sur de putassiers cliffhangers qui donnent envie de continuer ; phrases sujet-verbe-petit-adjectif-complément qui laisseront vos fusibles tranquilles ; et histoire nerveuse faite de nombreuses péripéties. Que du bonheur en fait. Je crois même qu’initier un gamin à la langue anglaise n’est ici pas exclu.

…à rapprocher de :

– De Patterson, occupez-vous plutôt de ses polars. Y’en a tout plein avec le héros Alex Cross, prenez-en un donc au pif. En moins pire, La Maison au bord du lac est assez semblable – attention, ce n’est pas un spin-off de la présente saga.

– La série des Women Murder Club, assez facile à saisir question titre : Premier à mourir, Seconde chance, Terreur au troisième degré, etc.

Will Self - Dr MuktiVO : Dr. Mukti and Other Tales of Woe. Deux psychiatres qui se livrent une guerre sanglante ou des hommes coincés dans leur cerveau malade, il y a de quoi sourire. Will Self, comme à son habitude, a fait montre d’une imagination exceptionnelle et de flamboyance. Trop sans doute : si la première novella est surpuissante, force est de constater que le reste va trop loin.

Il était une fois…

Lors d’un colloque entre spécialistes des maladies mentales, le docteur Shiva Mukti fait la rencontre de Zack Busner, vieille légende qui a notamment proposé une théorie la démence. Une intense correspondance se met en place entre les deux hommes, et la science fait rapidement place à l’irrationalité. Bienvenue dans l’univers interlope de la démence la plus intrigante.

Critique de Dr. Mukti

Heureusement que j’étais rompu au style de cet écrivain anglais, parce qu’il a fait particulièrement fort avec ce recueil. C’est plus que difficile à lire, bourré de références culturelles (certaines m’étant passé au-dessus du ciboulot) avec des termes que je ne lis que trop rarement. Will Self, ou la surprise constante grâce à un style inimitable, entre violence crue et termes d’une précision toute chirurgicale. Je n’ose même pas imaginer ce que ça donnerait à lire en anglais, y’a moyen de court-circuiter un bon millier de neurones.

Revenons à notre bon Docteur Mukti, dont la novella éponyme occupe bien deux tiers de l’ouvrage. Le Tigre s’est surpris à ricaner plus d’une fois avec les deux praticiens se livrant quelque chose qui a tout d’une guerre. Si le lecteur décèle, dès les premiers échanges confraternels, une sorte de concurrence larvée, la situation met très peu de temps à empirer.

Car l’affrontement prend une tournure de guérilla psychologique à peine voilée ; faite d’envois de patients qui sont autant de grenades dégoupillées prêtes à péter dans le cabinet du destinataire. Busner ouvre les hostilités en recommandant Pinner, qui en tient une belle couche ? Shiva Mukti répond en lui balançant Rocky, rastafariste d’opérette qui a laissé le « peace & love » dans le vestiaire. C’est lorsque Busner sélectionne Darlene Davis, une femme gothique anorexique, que l’aimable plaisanterie commence à faire grincer des dents – pour notre plus grand plaisir.

Hélas, les autres textes (cf. infra) ne sont pas à la hauteur. Disons que Self, sans doute très content de sa prose, s’est oublié par la suite et a du forcer sur la dose (de je ne sais quoi), résultat c’est du joli n’importe nawak. Aussi, si par extraordinaire c’est votre première expérience avec Self, je vous conseille de vous arrêter au premier texte et de ne pas s’emmerder à lire la suite. Cela ne vaut pas le coup.

Thèmes abordés (du moins selon Le Tigre)

Il faut savoir que les autres nouvelles de cet ouvrage ont des liens avec d’autres titres du bon Self. Certaines sont des préquelles, à l’instar de la dernière qui introduit l’immense Les Grands Singes. Quant à Dr. Mukti, la présence de Busner invite à se pencher sur ce personnage, héros de La théorie quantitative de la démence, texte affolant s’il en est. Quant à 161, ça passe correctement, toutefois les trois qui suivent sont trop bizarres et peu aisées à lire – à moins que ce ne soit la traduction.

De manière assez classique, la lutte entre les deux protagonistes, exacerbée au possible, va faire naître la folie – à côté de laquelle l’esprit dérangé des patients paraît bien pâle. L’émergence de cet état ressemble bien à une forme élaborée de drague où chaque docteur cherche à recueillir l’aval (et le respect) de son confrère. Cette pressente envie de nourrir l’ego et d’afficher sa compétence entraîne un lâcher-prise assez jouissif, responsable de l’aliénation de deux individus paraissant, au premier abord, sains d’esprit. Sauf que les fous sont partout.

…à rapprocher de :

– De Self, commencez plutôt par Vice-versa. Court et excellent. Si vous vous sentez en forme, alors Mon idée du plaisir ou Les grands singes devront vous ravir.

– Une autre nouvelle, plus courte mais moins aisée à lire, peut être testée : The Sweet Smell of Psychosis. Toujours en VO, Umbrella est la croix et la bannière à comprendre. Quant à Ainsi vivent les morts, ça vaut largement le coup. Il en est différemment de La théorie quantitative de la démence (deux nouvelles OK, le reste bof).

Enfin, si votre librairie est fermée, vous pouvez trouver ce roman en ligne ici.

1000eme billetCeci est mon millième billet. Oui, tu as bien lu : MILLE. D’un mignon bébé blogueur babillant sur le net, Le Tigre s’est transformé en une illustre machine de guerre numérique. Que s’est-il passé depuis le 750eme article (en lien) ? Qui suis-je ? Où vais-je ? Suis-je éveillé ou dors-je ? Voici le quatrième rendez-vous chronologique du félin.

Quant Le Tigre Lit fête son millième papier

L’année dernière, j’avais promis qu’il pleuvrait du champagne sur vos têtes à l’occasion de ce billet – et que ça ferait la une du journal de 13 heures. Croyez-moi, j’avais tout préparé pour ce faire : 144 hectolitres de mouss…euh de champ’ commandés ; un canadair loué pour déverser le liquide sur l’avenue des Champs Elysées ; un copilote engagé pour me seconder (je me suis arrêté à la notice pour décoller et maintenir l’assiette, pas eu le temps de potasser l’épandage et l’atterrissage) ; et même un ruban à mon effigie afin d’éviter d’être abattu par une DCA que je suppute assez soucieuse en ce début d’année.

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Emblème guerrier du Tigre

Hélas mon projet a foiré dans des largeurs encore insoupçonnées : la nuit dernière le champagne a gelé, il n’y a quasiment plus de bulles ; je n’ai toujours pas reçu l’autorisation de la Préfecture de Police ; le drapeau à attacher au cul de l’avion me paraissait légèrement fascisant (ça l’affiche mal non ?) et Romario, mon copilote attitré, a eu un problème avec son visa Schengen – une question de liste noire établie par le Conseil de l’Union Européenne, je n’ai pas tout bien saisi.

Mais je manque à tous mes devoirs : je subodore que mes concurrents (voyez l’état d’esprit du félin à qui ça arrache la gueule d’écrire simplement « confrères ») guettent l’annonce de mes statistiques. Aussi je commencerai par le concours de zizis, comme ça on pourra ensuite attaquer le gros œuvre. En effet, l’article faisant près de 3 000 mots, je me doute que 24% de ceux qui sont arrivés jusqu’ici auront la patience pour le lire jusqu’au bout en une fois.

QLTL, combien de division ?

pression...

pression…

Cela fait tout drôle de se voir confirmer, par son tableau de bord WordPress, qu’il y a bien 999 billets publiés. J’ai même craint le bug du Tigre, à savoir la remise à zéro dès qu’on atteint les quatre chiffres. Histoire d’être (relativement) honnête, voici une impression écran de mes stats et commentaires. Pour votre information, les statistiques globales recouvrent une période de 29 mois et les commentaires sont, à 95%, des liens internes que je fous dans mes billets.

termes-recherche1Sinon, le glissement des référencements « provoqués » (du trollage et de la whore attentionning allègrement assumés sur sites d’infos et réseaux sociaux) vers le naturel poursuit son chemin, me laissant avec une moyenne de 500 pages vues par jour – la même qu’il y a un an. Maintenant le fauve revêt ses habits de Maréchal Blogueur dont voici le résumé du journal de campagne :

Première satisfaction : force est de constater que je n’ai pas chômé. Mon premier billet étant sorti de terre en juin 2012, ça fait grosso merdo un article par jour. Soit près de 2 300 heures de boulot – marrant, c’est à peu près ce que je suis censé facturer en une année. Je suis allé voir par curiosité mes premiers billets, punaise c’était loin d’être fameux. Mon chat dansant la Macarena avec trois grammes dans le sang aurait fait à peine pire. Le Tigre a beau en avoir retravaillé quelques uns, la honte a vite repris le dessus.

Deuxième plaisir : ma politique visant à décourager les commentaires a enfin porté ses fruits. Je laisse volontiers les « et vous, vous en avez pensé quoi ? », « n’hésitez pas à me donner des conseils hi hi » et autres « on se retrouve à la ‘touze chez Julie samedi prochain ? » aux blogueuses de nail art qui ont leur meute de bavardes suiveuses. Je ne dis pas qu’avoir des commentaires ne me fait pas plaisir, cependant je préfère basculer vers des conversations privées.

termes-recherche2Troisième ravissement : depuis fin 2014, j’enregistre une surprenante hausse des visites depuis les moteurs de recherche. Avant, j’atteignais laborieusement les 100 par jour. Maintenant que je me rapproche de 200, j’ai dû changer six fois mes draps en raison d’heureuses pollutions nocturnes. Je me méfie toutefois. Sûrement ce pic d’audience n’est que doublement corrélé à l’hiver (les gens consultent plus) et ma participation à divers concours (exemple en lien), ce qui reste indépendant du nombre de publications postées (et de leur qualité).

Tout s’annonce pour le mieux ? A mon sens, pas tant que ça. 2014 m’a permis d’avoir une idée plus précise de ce que je fous ici même si je reste pessimiste sur l’avenir de la « profession » (je ne gagne pas un rond, si vous vous demandez) : après avoir constaté que les blogs littéraires ne servent à rien, Le Tigre fera un lourd examen de conscience en évoquant, en dernier lieu, la fameuse malédiction des blogueurs des lettres.

Les blogs littéraires n’ont aucun avenir

termes-recherche3Je ne dis pas ça pour réveiller un énième débat, des gens plus avertis que moi peuvent (et doivent) le porter. Vous pourrez trouver que j’exagère, cependant je ne parviens pas à me départir de l’idée que les blogs littéraires n’intéressent personne sur le net. J’espère sincèrement avoir tort, que la lecture a ses dignes promoteurs numériques qui cartonnent et influencent, avec un félin gravement à côté de la plaque. Mais je pressens que le gras et peu avenant « OSEF » que j’ai envie de marteler chez certains s’applique à tout blog littéraire, le mien en première ligne.

Car j’ai dûment noté que la moitié des individus qui tombent sur QLTL le font presque par erreur : soit l’internaute, bite en main, cherche des sites dégueulasses où il pourra faire dégorger son poireau flétri, soit ça cherche des conseils à la con de la vie de tous les jours (avec un rapport plus qu’éloigné à la culture). Par exemple, l’article sur la façon de gérer son chat en chaleur, écrit sous l’emprise de la solitude et jouissant d’un vocabulaire résolument érotique, affiche ses 50 vues quotidiennes à la balance. Oui : 0,1% du blog fait 10% des visites.

Si j’ignore les raisons de ce désintérêt, je ne peux m’empêcher de remarquer ce qui suit :

termes-recherche41/ Les plateformes de ventes, voire les sites massivement collaboratifs, constituent la majorité des critiques d’un roman. Et certains avis sont de belle facture, ça justifie de mettre au pilon la moitié des tribunes littéraires des magazines du pays. Le lecteur lambda préférera checker la dizaine d’avis que celui du félin contraint de résumer ce qui ne se trouve pas encore sur le net.

2/ Un unique individu autre qu’un journaliste qui a sa colonne réservée, bien au chaud, dans un grand quotidien ne peut sérieusement prétendre être prescripteur de romans. Sauf le bon Pivot. Cela tombe bien, j’ai notamment ouvert QLTL pour envoyer chier mes amis en leur répondant, invariablement, « va voir sur mon gueblo et ressert moi du vin ».

termes-recherche53/ Le Tigre n’ignore pas que le monde de la littérature est appelé à de grands changements – d’un point de vue du contenu. Sauf que je n’ai aucune idée en quoi ça consistera. Entre le format papier qui résiste vaillamment, le bit-lit et autres saloperies qui phagocytent le rayon SF, les auteurs qui hésitent moins à s’auto publier ou les problématiques de notre belle décennie (numérisation, droits d’auteur, prix des bouquins etc.) trop complexes et intéressantes pour les évoquer ici, il est légitime de se demander si les éditeurs traditionnels ne vont pas revêtir les oripeaux des majors du disque des années 90. Heureusement qu’il restera des vieux cons (je suis à leur tête) préférant posséder trois mètres cubes de comics et de romans graphiques que leur équivalent dans une clé usb.

4/ Plus généralement, le félin a la sensation (qui confine au malaise) que la génération à venir, « multistimulable », sera bien moins patiente (question loisirs) face à un texte monobloc qui dépasse les trois pages. Puisque je cause littérature, je me faisais l’honneur d’écrire sans avoir recours à des slides, graphiques et autres images/infographies de journaleux paresseux sous CDD. J’entretenais même le doux rêve que, grâce à la sobriété (l’aridité, selon certains) du blog, le stagiaire pouvait me lire sans se faire goaler. Mais j’ai changé d’avis. Dire qu’en ce moment je m’oblige à embellir le billet avec d’inutiles captures écran (un bestof des termes de recherche menant au blog) pour reposer et égayer vos mirettes…c’est le début de la fin.

termes-recherche65/ Pour finir, il appert que l’époque est à l’information courte, en direct, et le quart d’heure de gloire cher à Andy tend à gravement se réduire. Hélas je ne fonctionne pas de la sorte. Déjà que j’attends qu’un roman soit publié en poche pour l’acheter et le résumer (merci aux quelques éditeurs qui me les envoient dès leur sortie), comprenez que j’arrive plus souvent qu’à mon tour après la bataille – une autre guerre a même déjà commencé.

Les points ci-dessus recensés ne sont pas des griefs, car je reste la première personne à blâmer.

Le Tigre n’a pas sa place dans la jungle numérique

Notamment parce qu’il ne joue pas le jeu.

termes-recherche7J’ai pris réellement conscience que je suis un solitaire doublé d’un égoïste. Ma tigresse a raison lorsqu’on se fout sur la gueule (enfin, quand elle se défoule tandis que je fais le dos rond). Un blog, c’est le partage, les bisous numériques, les retours de liens dans les articles, la participation à des challenges, bref la saine émulsion en se confrontant, avec courtoisie, à ses semblables. Sauf que, comme un bel ignorant, je me plais à croire que je suis une espèce en voie d’extinction.

termes-recherche8Ainsi, je ne lis pas assez ce que font mes compagnons numériques de lecture et fonce dans le tas littéraire avec des œillères aussi larges qu’une équipe de football américain, et interviens chez mes congénères avec un style aussi fin que les supporters de la première. Me foutant complètement de ce que pensent les autres et ne les sollicitant jamais, je continue pourtant à faire ma pleureuse parce que je ne trouve ne pas avoir assez de vues (je suis sans aucun doute trop exigeant).

En termes de positionnement marketing (il est temps de sortir les gros mots capitalistes monopolistiques), le félin n’a aucune frontière. Résumer l’étiquette d’une boîte de céréales ne me dérangerait pas. Ai lu pire. En utilisant le même format (que j’ai souhaité invariable) pour un Levy adapté en BD que pour un lourd classique, il m’arrive souvent de trouver que je survole avec une déplorable légèreté ce dernier titre, comme si parler de tout m’autorisait à n’être expert en rien. Ce sentiment de ne pas aller plus en profondeur et de ne livrer qu’une consensuelle soupe est renforcée par l’intervalle de mots (500 à 1 000) auquel je me soumets.

termes-recherche9C’est pourquoi j’avais d’abord initié les Sutras, dizaines de mini-essais, complétés par quelques nouvelles puisées chez d’excellents auteurs (même inconnus) qui ont mes préférences. J’avais également versé dans la toile certains de mes écrits qui ont eu légèrement moins de succès que le dernier roman de Jean Sarkozy (ne cherchez pas, il n’a rien écrit), tout ceci avant de prostituer mon chat avec l’incessant projet de faire une encyclopédie féline (en lien) à ne pas suivre. Se faire plaisir et attirer des visiteurs était, et reste, mon credo.

termes-recherche10Les Voyages du Tigre participent à ce premier but. En regardant quelques photos (parmi les milliers) de mes pérégrinations dans le vaste monde, j’ai eu progressivement muri l’idée d’acheminer mon style vers des destinations exotiques. Peut-être qu’à terme, à force de se lancer des défis (je pense à l’écriture sous contrainte), le félin développera une écriture potable. Se souvenir de ces séjours, les compléter par de la documentation, digérer ces informations, sélectionner les images, les retravailler, y apposer mon sceau, et enfin imaginer un texte pas trop long, je ne pensais pas que j’allais autant en chier.

Pour faire sauter le compteur à clics, je concède que je ne fais pas vraiment dans la délicatesse. 30% des termes de recherches menant à ma tanière sont surprenants (et 10% méritant un signalement à la police) ? Soit. On va te donner ce que tu veux mon bonhomme. Parlons cul – hop, quelques blagues bien sexistes (exemple ici). Du glauque tu veux ? Les dossiers du Proc’ tu auras. Des bandes dessinées pornographiques ? J’allais le suggérer (en lien).

termes-recherche11Une somptueuse femme, à qui j’expliquais il y a quelques mois cette dernière technique, me chevrotait un « mais pourquoi ? Ça t’apporte quoi ? ». Parce queue (sic) j’adore imaginer le navigateur internet du mec derrière son écran : au milieu d’une dizaine d’onglets ouverts sur des sites de vidéos de gangs-bangs zoophiles incestueux, celui du Tigre. Peut-on imaginer meilleur voisinage ?

La tentation du blogueur littéraire

Pour l’instant, je dénombre trois travers (autre que parler cul pour faire un éventuel buzz) qui peuvent me tomber dessus : s’éparpiller, tourner en rond (inversement), et trop espérer.

termes-recherche12Les nouvelles catégories ont éclos très vite, je le reconnais. C’est pourquoi je vais m’efforcer, dans les prochains mois, de les abonder et de ne plus en rajouter. Cette année sera placée sous le signe du conservatisme, à savoir la consolidation des acquis littéraires qui font ma force. 2015 sera la Consolidation des Griffes du Tigre – la C.G.T., hu hu.

termes-recherche13Tout aussi dangereux, se contenter de seulement résumer des bouquins me rendrait fou. Et ne parler que de soi entre deux critiques me rendrait insupportable. Imaginez alors QLTL comme une entreprise avec deux branches d’activité : le fonds de commerce habituel d’une part (parler d’une œuvre quelle qu’elle soit), ce qui correspond aux statuts de la société ; et puis le reste, les projets avec un retour sur investissement incertain car écrits à l’attention de ceux qui n’ont ni le temps, ni l’envie de démarrer un bouquin. Or, ce sont ces derniers que j’ai envie de bousculer. Et cela passe hélas par rédiger et philosopher-de-comptoir sur des choses peu ragoutantes ou inédites. Le couillon que je suis s’est autocondamné à surprendre.

L’espoir mal dosé enfin. Comme tout blogueur à l’ego surdimensionné qui gratouille d’insignifiants textes, je me plais à croire qu’un jour le prince charmant – appelons-le Galligrasseuil – viendra me tendre la main.

termes-recherche14Je le vois me hisser, avec fermeté (rémunération non négociable) mais bienveillance sur son fier destrier qui, grâce à un discret coup talon, entame un galop vers la gloire. Mes écrits disponibles dans une librairie (s’il en reste une) est sur le point de passer du statut de bandante perspective à réalité. Derrière le canasson lancé à pleine vitesse, ce qui me contraint à serrer un peu plus la taille acérée de mon sauveur, une armée d’écuyers et de gueux me suit, la bave au coin de la lèvre. Oui, je les reconnais, ce sont les journalistes et les blogs scandant mon nom avec moult trémolos.

termes-recherche15Par un sursaut de magnanimité caractérisant la noblesse bien élevée, je tends ma patte droite pour les laisser toucher la féline fourrure avant de m’envoler vers une énième émission littéraire. Un envol. Littéralement. L’ascenseur me menant vers le plateau de télévision, transparent, dispose d’écrans sur lesquels apparaissent des images du quotidien que j’ai provoqué : désormais des puceaux draguent, un livre à la main, en m’invoquant. Le Tigre est invité comme conférencier dans les universités de lettres modernes ; j’en suis déjà à ma troisième tablette de viagra, je ne veux pas décevoir les étudiantes qui sont persuadées, à tort, que le talent se transmet en levrette.

Sur un autre écran, je vois Zemmour et Trierweiler se dirigeant, tête basse, vers le bâtiment de la CAF pour toucher leurs RSA. Ils n’ont même pas de quoi acheter une crème glacée vendue par Musso, lequel s’est résigné à revenir sur son premier métier. Mes mots ont touché des gens. Mes mots ont changé le monde.

C’est au moment où mon nom et celui d’Alfred Nobel sont susurrés dans les cercles autorisés qu’en principe je me réveille. Et que, paradoxalement, je suis soulagé : il y a trop d’écrivains et pas assez de personnes pour les lire jusqu’au bout (surtout des lecteurs). Et je préfère nettement rester du bon côté du fusil – encore le vocable guerrier, je suis indécrottable.

Conclusion du millième

Si je pouvais envoyer, dix ans dans le passé, un mail de douze mots au Tigre de l’année 2005, ce serait celui-ci : Branle toi plus. Crée twitter (140 signes). Fume pas. Fais un blog.

termes-recherche16Et oui, j’adore écrire mais je ne m’en suis rendu compte que trop tard. Coucher des mots me détend et les petites voix dans ma tête se font plus discrètes – maintenant que je leur laisse un espace d’expression. Et je reporte, à chaque fois, la question ultime : qu’est-ce que je fais ici ? Expliquer en quelques mots l’essence du blog est sûrement ce qu’il y a de plus délicat, sans compter que je n’ai guère la gueule à avoir un plan. Début 2015, je vous dirais néanmoins que Le Tigre est :

1/ un blogueur mâle (surtout quand il pleure devant Harry Potter), ce qui explique sa bêtise rutilante ;

2/ un amoureux des livres qui veut vous donner envie d’en lire un par mois ;

3/ un électron libre qui n’en fait qu’à sa tête.

termes-recherche17Je pourrais déblatérer des heures, hélas le compteur m’avertit que je suis sur le point de sautiller la frontière les 3 000 mots. Statistiquement, je risque de perdre très vite le peu de gens encore présents. Aussi je vous donne directement rendez vous pour rigoler autour du 1.250ème billet. Milieu de l’an de grâce 2016 en principe. Je vous conseille d’investir dans l’immobilier néerlandais parce que je compte m’envoyer 12% de la production annuelle de tulipes de ce pays.

Merci, Cher Lecteur, d’avoir accepté de prendre 6 minutes pour me lire. J’écris avant tout pour toi, et serais prêt à me fouler le poignet pour te faire plaisir – je parle d’écriture hein. Toutefois, si tu as l’impression d’avoir perdue ces précieuses minutes, tu peux te faire rembourser en lisant ma technique de lecture rapide (en lien).

Roy Lewis - Pourquoi j'ai mangé mon pèreVO : What We Did to Father [notez bien comme le titre original, lui, ne spoile pas. Encore une brillante idée à la française]. Il y a longtemps, sur Terre, une famille particulière est sur le point de basculer le destin de l’Humanité vers l’homo sapiens. Loin d’être éblouissant, toutefois ça passe comme papa dans môman, de 12 à 77 ans.

Il était une fois…

Pendant je-ne-sais-quelle-foutue période de la préhistoire, une pétillante famille découvre les vertus (et les problèmes) de l’évolution sous l’égide d’Édouard, le pater familias. Ce dernier, inventeur de génie, va bousculer les habitudes de sa tribu, laquelle est partagée entre l’enthousiasme le plus naïf (faut dire que ces améliorations ont du bon) et une légitime peur primaire (le feu, ça brûle).

Critique de Pourquoi j’ai mangé mon père

J’ai dû relire en diagonale cet ouvrage pour être bien sûr de l’impression qu’il m’avait laissé : passé le premier ravissement, c’est presque de la daube en boîte. Roy L., tel un journaliste (c’est son métier d’ailleurs), jouit d’une écriture directe (sèche même) qui se charge de conter une histoire à partir de faits bien déterminés – découverte du feu, de l’exogamie, de la guerre, etc..

Le quotidien de la famille australopithèque (je ne réponds pas de la réalité de ce terme) est narré par Ernest, le fiston benêt qui subit (et parfois accompagne) des milliers d’années de développement de l’espèce humaine. Cuisson des aliments, utilisation d’épices, premiers conflits de territoires, domestication, sexualité, ça ressemble à une conférence d’anthropologie racontée avec un certain brio. D’autant plus que des problématiques résonnent, non sans justesse, avec nos gros tracas contemporains.

Hélas, ce qui m’a profondément gavé dans ce titre est le décalage entre ce que vend l’éditeur et mon ressenti. Le quatrième de couverture parle d’humour dévastateur et explosif, quelque chose que vous ne saurez lâcher avant de le terminer. C’est faux putain ! A peine si j’ai esquissé un rictus, l’impertinence à l’anglaise, entre exultation (le doigt sur la couture du futal) et retenue de Britannique coincé, ne passe pas ici. Cela se veut de temps à autre choquant, mais c’est avant tout gentillet. Heureusement que ces 200 pages abondamment chapitrées se lisent vite, je n’en pouvais plus de la prose de l’auteur.

En fait, je sais ce qui a cloché : c’est un roman destiné aux adolescents. Le journaliste économique qui s’intéresse à l’anthropologie a voulu versé dans le didactique et ne pas prendre de risques littéraires. Et c’est globalement réussi, ça ne m’étonnerait pas de savoir que beaucoup de « jeunes » ont (re)découvert les joies de la lecture avec ce bouquin.

Thèmes abordés (du moins selon Le Tigre)

Bien que ce soit un roman à l’attention des pour adolescents, le lecteur pas trop atteint pourra déceler et développer des aspects permettant de briller en société :

Pourquoi j’ai mangé mon père reprend le combat universel des progressistes contre les réactionnaires, tout ceci auréolé d’une lutte familiale assez classique. Édouard est inarrêtable dans ses découvertes mais se heurte à son frère qui freine des quatre fers par rapport à ces nouveautés. Lequel, néanmoins, abandonne parfois sa frousse (certes compréhensible) et ses nombreux appels à « retourner dans les arbres » pour se plier, non sans joie, au confort apporté par son frère. Entre réelles avancées techniques (et sociétales) adoptées par tous et progrès de façade qui n’en est pas un, comment déterminer à quel moment on s’égare ? Lorsqu’on n’a pas réfléchi aux conséquences (exemple du feu inventé avant le métier du  pompier) ?

Quant au titre original, celui-ci laisse penser que quelque chose de terrible est arrivé au père du narrateur. Pour tout vous dire, il a été bêtement tué à cause d’une nouvelle arme inventée par Édouard. Ce même outil que son fils utilisera contre lui, avec de terribles conséquences. Voilà pour le spoil vite fait.

Pour clore le débat, j’ai bien l’impression que Roy Lewis, en bon Anglais qui se respecte, a benoitement pompé la Bible – à sa décharge, tout le monde l’a fait. Le paternel d’Ernest, homme tout-puissant, paraît faire le boulot du bon Yahvé avec ses recommandations : fin de l’inceste (nos amis sont obligés à aller prendre femme chez d’autres tribus), utilisation des animaux (notamment pour les manger), et surtout le péché du feu qui les fait quitter leur nid douillet. Ceci m’a furieusement rappelé l’expulsion du jardin d’Eden après avoir découvert quelque chose que les Hommes n’étaient pas censés connaître.

En rajoutant des conflits qui s’appliquent parfaitement à notre siècle, une intuition met peu de temps à éclore : rien ne change. L’Histoire se répète.

…à rapprocher de :

– Roy a également écrit La Véritable Histoire du dernier roi socialiste, sorte de roman uchronique dans une Angleterre qui a cédé aux sirènes du luddisme. Point lu pour l’instant. Le luddisme, c’est tout l’Oncle Vania.

Enfin, si votre librairie est fermée, vous pouvez trouver ce roman en ligne ici.

Timothée Demeillers - Prague, faubourgs estTrois récits, trois histoires qui s’entrechoquent, trois visions pessimistes et passablement déprimantes de la capitale, et, par extension, du cheminement pris par l’Europe de l’E…euh centrale. Tim Demeillers a une plume riche et agréable à l’œil, j’ai été plus que satisfait de ce petit voyage dans le cœur sombre de l’Europe « libérée » de la dictature. 

Il était une fois…

D’abord, il y a Marek qui a quitté Prague à l’aube du XXIème siècle vers les États-Unis, autant pour gagner des pépettes que fuir la belle Katarina. Parallèlement, ce brave Jacub, ami du premier, a décidé de rester. Jacub était un roi dans la ville, et le voilà devenu en une quinzaine d’années, à force de haine et de substances plus ou moins illicites, l’ombre de son passé. Enfin, l’Anglais Scott, en vacances avec des potes, fait un détour de deux jours via la capitale tchèque. Alcool non-stop, filles pas chères, la culture n’est pas à l’ordre du jour – tout est tristement vrai. Ces personnages vivent, plus ou moins longtemps, leur Prague, entre espoirs et désillusions à s’arracher le cœur.

Critique de Prague, faubourgs est

Je vous avoue avoir commencé ce bouquin à reculons. Pragues, mouais. Un premier roman, ma nature casanière est méfiante par nature. Et puis un auteur jeune (mon âge, putain) qui écrit des guides touristiques et autres trucs journalistiques, je craignais l’ennui ferme. Encore et encore, Le Tigre a eu tout faux. Première fois que je trouve qu’un ouvrage est un « carré de trois », avec pour résultat le neuf, comme pour souligner l’état supposé d’une ville en pleine transition.

Premièrement, la triple narration (chacun a droit à environ trois chapitres) permet à l’écrivain d’aborder le sujet avec différents styles. Jacub est tout en rage, avec des phrases hurlées parfois longues de dix lignes, des imprécations à l’intention de ses contemporains. En fait il a surtout la hargne contre lui-même. Marek, plus détaché, revient à Prague tel un étranger et se remémore avant tout le glorieux passé avec son pote. Scott, c’est le touriste moyen, le mec à l’écriture basique qui, sur la fin, a quand même une petite révélation – aller plus à l’Est, là où les jeunes femmes ne sont pas encore souillées.

Deuxièmement, le scénar’ se décompose en trois périodes souvent poreuses : les années 80, grises et mornes ; la décennie précédant l’an 2000, fucking successful pour les deux Tchèques dealeurs en chef qui ne voient pas que le pays perd son âme ; et puis l’arrivée du tourisme de masse, à savoir les Angliches et Teutons qui passent le temps d’un weekend pour baiser à couilles rabattues. Sachant qu’on passe volontiers d’un flashback à un autre, ne vous inquiétez pas si vous pensez perdre le fil : il m’est souvent arrivé de devoir relire des pages entières pour savoir où on en est. Heureusement que l’écriture de Demeillers, précise, est paradoxalement chantante. Les mots sont justes (certes excessifs dans la bouche de Jacub), touchent l’essentiel et méritent à ce titre d’écouter les morceaux de musique proposés par l’éditeur.

Toutes ces bonnes choses étant dites, pourquoi ne pas mettre la meilleure note à ce chouette roman ? Outre le fait que ça part dans tous les sens, j’ai trouvé les personnages un poil trop caricaturaux et antipathiques. Ressasser ses souvenirs, se plaindre, déprimer sur l’état de son pays, la vision de l’auteur m’a paru exagérément sombre. Prague, faubourgs est est une invitation aux Tchèques à se flageller sans autre forme de procès. Cependant, n’importe quel lecteur qui a passé un weekend là-bas aura les mots de Demeillers entrer en résonance avec ses propres souvenirs.

Thèmes abordés (du moins selon Le Tigre)

Grâce à ces trois témoignages s’ébauche une certaine analyse de la situation, voici les deux trucs que j’ai à peu près retenus :

Le titre renvoie à un projet de rachat (est-ce vrai ou une allégorie du capitalisme de branleur ?), par les Japonais, d’un quartier entier de Prague. Et cette opération permettrait de garder l’endroit inchangé en tant que quartier « typique » de la capitale – le reste s’est occidentalisé à vitesse grand V grâce à l’arrivée des capitaux de l’Ouest. C’est bien ça le problème : l’accaparement des ressources par le Premier Monde qui a imposé son modèle et son rythme en exportant les paillettes et les fast food avant les fondamentaux d’une démocratie – transparence, État de droit, tutti quanti. Et les Tchèques les ont accueillis les bras ouvert. Les cuisses aussi.

Et oui, il est souvent question de sexe, du moins de la manière dont les beaux gosses locaux (mais alcooliques) se sont fait détrôner par les bedonnants étrangers. La capitale n’est pas que violée dans son esprit, mais aussi dans les corps de les belles femmes qui peuplent le pays (lorsqu’on n’apporte pas les Moldaves). Cette terrible constatation d’une domination sexuelle par la tune, reflet d’un capitalisme sans régulation aucune, se termine en apothéose avec Scott qui coiffe au poteau Jacub et Marek. Oui, Katarina, clé du roman, unit nos trois anti héros dans un dénouement sans concessions.

…à rapprocher de :

– C’est marrant, mais peu de temps avant ce roman j’avais lu Brothers (en lien), de Hu Yua. Il s’agit également de l’évolution d’une génération, de la restriction au libéralisme le plus effréné – du cul en fait. Mais les Chinois semblent s’en être mieux sortis que les Praguois.

Enfin, si votre librairie est fermée, vous pouvez trouver ce roman en ligne ici.

James Sallis - Le FaucheuxVO : The Long-Legged Fly. Quatre histoires espacées dans le temps, un État sudiste où un détective noir tire son épingle du jeu, des enquêtes souvent vouées à l’échec (trouver n’est pas forcément gagner), l’amateur de polar noir trouvera certainement son compte. Tigre ne fut point ébloui, cependant pour un premier roman il y a bien pire dans le genre.

Il était une fois…

Le quatrième de couverture explique correctement à quoi vous attendre :

« A La Nouvelle-Orléans, on peut se réveiller dans un hôpital et y être comme dans une prison. On peut être payé par des militants pour les droits civiques pour retrouver une jeune femme jamais descendue d’un avion, enquêter sur la disparition d’une gamine parfaite puis, dans la foulée, devenir l’écrivain de sa propre vie. »

Critique du Faucheux

Pour le premier roman de James S. mettant en scène Lew Griffin, détective privé black ayant prématurément quitté l’armée, je vous avoue avoir été surpris par l’originalité du récit : quatre nouvelles ayant lieu de 1964 à 1990, il y a assez pour suivre l’évolution du héros – espoirs, hôpital, père qui clamse, mère malade, etc. Tout cela en gardant la possibilité d’insérer, plus tard, d’autres enquêtes si l’envie en prenait à l’écrivain américain (ce qu’il a fait).

Lew, c’est le genre de gars débonnaire qui tombe sur des affaires peu nettes avec une aisance presque coupable. Que ce soit devoir rechercher la fameuse Corene (élégie d’un groupe type Black Panthers) à la demande de ses disciples ou déterminer où a pu aller une étudiante quelconque, le héros applique les mêmes méthodes éprouvée : dérouler le fil des pérégrinations de la personne disparue, traîner dans les bars de la Nouvelle-Orléans à la recherche d’indices et/ou appeler son pote devenu flic dans la cité.

Il faut savoir que l’auteur ne se limite pas au travail de fin limier, le récit est émaillé (putain de verbe « cliché ») de considérations plus noires sur la nature humaine, et ce malgré un remontage de pente grâce à la belle Vicky – je ne parle pas de Verne, la prostituée qui fait de petites apparitions. Vic’ occupe la moitié du roman et sera une sorte de source de fraîcheur dans un environnement peu avenant, hélas le passé familial de Griffin se rappellera à son bon souvenir. Sinon, la taille des nouvelles, inégale, est à l’image des chapitres tendant à se ralonger au fil de l’eau. Comme si Sallis tâtonnait et découvrait, avec nous, son rythme de croisière.

En rajoutant un style assez sec, voire un peu maladroit de temps à autre, le gros reproche à formuler demeure l’aridité (quelques belles formules arrachent toutefois un sourire) d’un ouvrage qu’on jurerait sorti des belles années de Hard Boiled (entendez, années 60). Sauf que ça a été écrit au début des années 90 – et ça sonne parfois faux.

Thèmes abordés (du moins selon Le Tigre)

Un petit mot du héros dont Sallis a ici imaginé l’entrée en matière s’impose. Griffin, c’est un cœur gros comak, un bel homme qui en impose et doté de satisfaisantes ressources intellectuelles (il n’exerce pas moins de deux métiers dont celui d’agent de recouvrement de créances). Fana de Chester Himes dont il loue les vertus, le héros paraît avoir été façonné selon un modèle que James Sallis avait, à l’époque, voulu être. D’ailleurs, la dernière histoire met en scène un Lew qui se met à écrire des polars qui se déroulent en territoire cajun – les mots français sont nombreux dans le texte. Et l’écrivain du roman a énormément de succès. Peut-on imaginer plus criante mise en abyme ?

Ce qui fait la force du Faucheux semble se trouver dans le dénouement des premières histoires. Lew trouve la poule recherchée, sauf que cette dernière est immanquablement dans un sale état – morte après avoir été vue dans des films de boules ou irrémédiablement droguée. Ce n’est pas que notre ami arrive trop tard, son efficacité est indiscutable. Mais il n’est pas omnipotent. Hélas, le sentiment d’échec prévaut, ce qui explique notamment l’alcoolisme frénétique de l’empathique Lew. La seconde partie du roman, plus axée dans le renouveau, présente un héros plus bas que terre tentant de se relever. Et les derniers chapitres, plus nostalgiques (vieillesse oblige), paraissent offrir au héros un commencement de paisible absolution.

A tout hasard, je me suis demandé ce que signifiait ce titre. Aucune idée, et puis je n’avais guère envie d’enculer la mouche : un faucheux, c’est une bête avec des longues pattes qui vit dans un territoire humide. Parce que le héros, grand, attire les merdes ? Parce qu’il est dangereux ? Tout ceci renvoie aux marécages de la Louisiane ? Mouais.

…à rapprocher de :

– Le Tigre a continué avec ce héros qu’on retrouve dans Blue Bottle. Ça passe. Reste plus que Papillon de nuit, Le frelon noir, L’œil du criquet,….

– Puisque Sallis fait de nombreuses feuilles de rose à Chester Himes, il serait sûrement utile que j’en parle un de ces quatre sur QLTL.

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Yu Hua - BrothersVO : 兄弟. Très très long, souvent excessif (du moins je l’espère), Brothers est une immense fresque fraternelle qui se joue sur des décennies. De la révolution culturelle à l’explosion économique plus ou moins désordonnée, bienvenue dans le petit Bourg des Liu, spectateur et acteur d’un monde qui n’en finit pas de changer. Édifiant et dur, presque un passage obligé.

Il était une fois…

Ce lourd pavé (l’auteur ne pensait pas en arriver là) se décompose en deux parties assez distinctes. La révolution culturelle, d’une part, vue par Li Guangtou et Song Gang. Après le décès du père de Guangtou, sa mère se met en couple avec le flamboyant Song Fanping (dont le fils est Song Gang). La famille est relativement heureuse. Hélas les gardes rouges ne le voient pas de cette façon. D’autre part, les deux frères de lait entameront les années 80, pleine de promesses, avec plus ou moins de succès. Song Gang, qui est parvenu à épouser la belle du Bourg des Liu, ne parvient pas à s’adapter tandis que Li Guangtou, parti de rien, fait péter les millions avec un sans-gêne à peine croyable.

Critique de Brothers

En démarrant ce petit bloc de littérature, Le Tigre ignorait qu’il en aurait pour plus de deux semaines. Par Mao, qu’est-ce que ce fut parfois long ! Rien que la première partie (plus de 300 pages quand même), avec la jeunesse de nos héros qui se termine par le décès de leur môman, justifie un roman à part. Et ça met dans l’ambiance : le premier chapitre porte sur un des gosses qui voit les popotins d’une tripotée de femmes dans les WC publiques…or, parmi ces demoiselles, une en particulier qui entretien les fantasmes de la populace.

Il s’ensuit des temps extrêmement difficiles pour les jeunes frères, la famine se disputant aux réprimandes de leurs contemporains. Au fil des années, Li Guangtou fait preuve d’une certaine débrouillardise, à l’inverse de Song Gang qui est définitivement trop gentil. Certes cela le sert au début (Lin Hong devient sienne), toutefois Gang se fait couillonner plus d’une fois…jusqu’à se faire implanter de faux seins à cause d’un charlatan de belle facture, c’est dire. Parallèlement, Li Guangtou, qui souffre que son frère l’a abandonné (malgré l’assistance réciproque qu’ils se sont jurés), devient un brillant homme d’affaires. Textiles, import export, organisation d’un concours de miss (qui se termine en lupanar), restauration, le mecton n’a plus de limites.

L’écriture de Yua Hu appelle deux remarques. Car le Monsieur est généreux dans son style qui est direct et ne s’encombre pas de pincettes : ça rote, ça insulte, ça saigne, ça se bat, ça se fait torturer et forcément ça finit par baiser (mais rien de trop érotique, c’est assez surprenant). Pas de termes ni tournures de phrases ampoulés, c’est un vrai plaisir. Pourtant, malgré quelques solides descriptions, souvent le très occidental Tigre a eu du mal à se représenter certaines scènes.

Car l’immersion est loin d’être parfaite, notamment le caractère explosif des protagonistes. De vraies caricatures de ce qu’était (et est) l’Empire du Milieu. Au surplus, il est quelques raccourcis tels que l’ascension fulgurante de Li Guangtou qui passe en quelques mois de moins que rien en richissime chiffonnier – trois paragraphes, et hop ! A peine le lecteur aura intégré les changements de paradigme de nos héros, et voilà que tel ou tel protagoniste change de statut du jour au lendemain – le félin pense particulièrement à la veuve éplorée qui devient la Madame Claude du district.

Il n’en reste pas moins que le plaisir était entier. Vraiment. Cependant (désolé d’ainsi enfoncer le clou), je finirai par un coup de gueule à l’intention de ce malotru d’éditeur : les notes de bas de page, c’est au BAS de la page. Pas à la fin du roman, nom de Zeus. Vous croyez que ça m’amuse à aller chercher, dans les dernières pages (papier bible, forcément), le numéro de référence du bon chapitre pour savoir ce dont il est question ? Trop difficile de foutre ce putain de point explicatif/culturel (fort intéressant au demeurant) dans la même page ? Ôtez-moi d’un doute : ça vous arrive de lire ce que vous publiez ? Boulets.

Thèmes abordés (du moins selon Le Tigre)

Tellement de choses à dire…oh la la, je vais oublier plein d’exemples ou de sujets traités assez importants. Et adieu ma limite de 1000 mots par billet.

Comme l’explique l’écrivain chinois, sa saga vise à faire comprendre ce qu’il peut bien se passer dans la tête de personnes qui vivent, en l’espace de quarante ans, autant de changements économiques et sociétaux qu’on vécu les Européens en quatre siècles. Imaginez une seule génération qui passe du moyen-âge à la consommation de masse, il y a de quoi en perdre son mandarin non ? C’est sûrement pour cela que le Tigre se plaint de la vitesse à laquelle ces évolutions opèrent, cela semble difficilement concevable.

Tout d’abord, Yu Hua insiste lourdement sur l’immense gâchis qu’est la révolution culturelle. Rien que le destin de Song Fanping est terrifiant à souhait : le brave gars n’a rien à se reprocher, l’avenir lui tend les mains et ses talents sont multiples. Trop talentueux sans doute, c’est le clou qui dépasse qui appelle l’irrésistible marteau de la propagande rouge. Tout en en prenant plein la gueule, Fanping ne se départit pas de son sourire et de sa bonne humeur – ce qui rend sa chute encore plus triste.

Ensuite, les trente années qui passent à vitesse grand V offrent au lecteur une transformation délirante du petit bourg en une rutilante ville. Les mœurs sont plus que libérées, Li Guangtou et Song Gang représentent parfaitement ce qui cloche : lorsqu’un cherche désespérément l’amour en couchant avec des centaines de femmes (certaines se font passer pour vierge grâce à un artifice chirurgical), l’autre fuit le bonheur d’un couple stable et gâche irrémédiablement sa bonne fortune – se tuer à la tâche, vagabonder pour quelques yuans.

En guise de conclusion, Brothers est le tableau d’un pays qui marche sur la tête et où les contrastes sont insupportables. Écriture drôle et bourrin, à la limite caricaturale, et puis hop l’horreur et la tristesse infinie qui s’invitent et font que certains passages m’ont serré le bide (pour y arriver, il faut s’accrocher avec Le Tigre). Voir ainsi les liens du sang être dépassés par la mondialisation forcenée, être témoin de la transformation d’un coquet village (avec ses habitants hauts en couleur) en une impitoyable zone où l’argent est roi, lire tant de destins brisés, franchement ça fait mal au cœur.

…à rapprocher de :

– Concernant les auteurs Chinois, Mo Yan et son Radis de cristal ne m’avait pas emballé.

Enfin, si votre librairie est fermée, vous pouvez trouver ce roman en ligne ici.

Boileau-Narcejac - Les VeufsUn homme passablement paranoïaque, qui sait pertinemment que sa femme le trompe, commet l’impensable. Alors qu’il est potentiellement un auteur à succès, notre ami parvient à consciencieusement tout gâcher. Peu crédible mais doté d’une suspense correct, ce roman n’est ni mauvais ni génial. Neutre. Sans plus. Bof même.  

Il était une fois…

Serge Merkine, vivant à Paname, est un acteur un poil raté qui vivote de menus cachets ici et là. Il est même écrivain, sauf que ses romans ne connaissent pas le succès. Rien à voir avec sa femme Mathilde dont la carrière de modèle (à un modeste niveau il est vrai) commence à prendre son petit envol. Tout pourrait se passer bien si seulement Serge n’était pas si jaloux. Il croit dur comme fer que Mathilde court le gui doux, d’ailleurs pourquoi elle dit aller voir son père malade alors que le compteur kilométrique de la voiture reste inchangé ? Pas de doute, sa femme le trompe. Il n’a d’autre choix que de tuer l’inopportun amant.

Critique des Veufs

C’est loin d’être ma came, j’ai bien failli arrêter au beau milieu du bouquin. Je crois que c’est le style qui m’a profondément ennuyé et a rendu le personnage principal insupportable : livrées à la première personne du singulier avec de nombreux passages en « courant de pensée », les phrases sont sèches, plutôt courtes (comme les chapitres) et participent à l’impression que la vie du narrateur file à cent à l’heure.

Il faut savoir que Serge, notre anti héros, fait tout de travers – en plus de ne pas avoir de moule. Déjà, sa jalousie maladive fait qu’il gâche tout, notamment engager un privé (alors qu’il n’a pas une tune) et tuer, hâtivement, un pauvre gars qui n’en demandait pas autant. La première moitié du roman est hélas improbable, la force des auteurs est de parvenir à rendre leur personnage extrêmement antipathique pour le lecteur.

Et ça ne s’arrange pas. Serge, qui avait envoyé anonymement son manuscrit Les Amours à un éditeur qui organise un prix littéraire, voit son œuvre sélectionnée. Sauf qu’il ne peut révéler à la populace qu’il en est l’auteur, imaginez si quelqu’un l’ayant croisé dans la ville où il a occis le présumé amant le reconnaît. Il est bloqué. En outre, Mathilde le presse de révéler son identité, tout en continuant ses cachoteries. Le pompon est décroché lorsque, à la suite d’un accident, notre ami se réveille avec cette terrible nouvelle : quelqu’un s’est fait passer pour l’auteur à sa place. Et cette personne, ami de Mathilde, lui demande de l’aider à l’adapter au cinéma…

Bref, ce genre de polar me semble avoir bien mal vieilli, les péripéties sentent la naphtaline malgré un final de toute beauté. Car le fin mot de l’histoire, que même le lecteur le plus bas de plafond peut supputer, a le mérite d’élever le niveau général. La surprise est agréable, et Le Tigre adore les romans qui se finissent mal – on ne peut que difficilement faire pire ici.

Thèmes abordés (du moins selon Le Tigre)

Comme vous vous en doutez, la jalousie est le moteur de toute l’intrigue. C’est plus grave que cela, Docteur Tigre a cru reconnaître une forme particulièrement aigüe de paranoïa. Fouiller les poubelles de la maison, calculer le temps de trajet de sa poule, se faire des noeuds au cerveau pour n’importe quel détail, etc. j’ai trouvé qu’il allait trop loin, ça en devenait franchement gavant.  Au moins, je suis d’accord avec les écrivains : les paranos sont ceux qui mentent le plus…

Au-delà de la maladie qui ronge le cerveau de Serge, les derniers chapitres présentent un sommet de tension avant que la tragédie éclate pour de bon. En effet, l’écrivain « officiel » du livre Les Amours, Garavan, l’invite dans sa nouvelle maison pour préparer l’adaptation cinématographique du roman primé…or il s’agit de la baraque du gus que Serge a buté. Garavan semble savoir quelque chose et joue à fond cette carte, que ce soient des remarques à double sens ou des questions précises sur le roman – et comment ce dernier peut être mis en relation avec la vie de Serge. Le lecteur frôlera la mise en abyme avec un roman dans le roman à partir duquel les motivations profondes de Serge sont mises en évidence.

…à rapprocher de :

– Sur la photo de couverture, on reconnaît aisément Robinson Stevenin dans Les amants naufragés. Un téléfilm français tiré du roman – puisque je vous parlais de mise en abyme… Ils auraient pu mettre Pierce Brosnan en marinière à la place, lequel a joué dans le film de Fisher, Entangled (sorti en 1993), tiré du roman.

– Du côté de chez ces auteurs, Le Tigre a également parcouru Maléfices. Pas vraiment mon genre non plus.

– Le narrateur insupportable, c’est aussi L’Outlaw, de Simenon. A éviter.

Enfin, si votre librairie est fermée, vous pouvez trouver ce roman en ligne ici.

Les textes du TigreFamille en décomposition (littéralement), époux qui cache trop bien son jeu, vieux couple qui s’autodénonce dans l’insouciance la plus marrante, voici trois courtes situations rencontrées par la justice de France et de Navarre. Bien évidemment que ces cas de figure son plus ou moins romancés. Ne vous fatiguez pas à chercher où tout ceci a bien pu arriver. Si vous trouvez, alors je devrais vous tuer.

L’odeur sans le bruit

Deux enfants provenant d’une même famille sentent très mauvais. Ils puent sacrément, n’ayons pas peur des mots. En tout cas, c’est ce qu’il ressort d’un signalement déposé auprès des policiers de la part d’une directrice d’école. Direction donc la maison où ils vivent avec leur mère, célibataire, au chômage. De l’aveu des flics pourtant habitués à débarquer dans des lieux où croupissent des cadavres depuis des jours, y’en a eu plus d’un qui a failli dégobiller dans l’entrée.

On a beau écrire la situation à l’aide de son clavier, ça ne remplacera jamais le quart d’une seconde d’un souffle d’air en provenance de l’intérieur de la baraque. Aucun radiateur ni autre instrument de chauffage. Des dizaines (quarante au bas mot) de chiens et de chats qui occupent la place. Câbles électriques qui pendent au plafond et tombent suffisamment pour qu’un gamin s’y accroche. Un carrelage recouvert par de la terre, des excréments et des traces de dégueulis de félins couverts de mouches en plein banquet. Des piles de vêtements, tous sales, déposés à même le sol. Cerise trop mûre sur le gâteau mal décongelé : les litières des animaux, qui n’ont pas été nettoyées depuis des mois, se trouvent dans la chambre des enfants – 10 mètres carrés à tout casser.

Enfants placés d’office dans un foyer (ou, pour le plus chanceux, en famille d’accueil). La mère, furieuse de cette décision, a balancé la moitié de sa vaisselle (pas lavée, bien sûr) en direction de l’assistante sociale et des forces publiques.

Disparition peu surprenante

Un samedi après-midi, une femme en panique appelle la gendarmerie pour rapporter la disparition de son mari. Celui-ci, en voyage d’affaires depuis vendredi, était censé rentrer en train le lendemain matin. Son épouse l’attendait sur le quai de la gare, toutefois nulle trace de son époux. Louche.

Les gendarmes ont résolu l’affaire en trois minutes grâce à la présence d’esprit d’un brigadier. Ce dernier a rapidement appelé quelques collègues qui opèrent dans la ville où devait aller le mari. Si l’époux n’est pas entré dans le train, c’est qu’on l’en avait empêché. En effet, il a été placé en garde à vue pendant 24 heures pour exhibitionnisme.

Garde à vue prolongée : en parcourant son casier, les gendarmes se sont rendus compte qu’il est en situation de récidive.

Le militaire qui est allé annoncer la nouvelle à l’épouse a été tiré à la courte paille. Comme par hasard, c’était le nouveau.

Un couple à problèmes

– Monsieur le Procureur, on a une question à vous soumettre. Une femme vient de nous appeler, elle était en pleine dispute avec son époux. Craignant que ça dégénère, elle nous a appelé pour calmer un peu son mari. On s’est pointé chez eux, elle nous a ouvert.

– Et donc ?

– Ça avait l’air plutôt calme chez eux, pas de traces de coups sur aucun des époux. Il étaient souriants comme tout. La cinquantaine bien tassée, des gens charmants en fait. Un peu trop peut-être, ils souriaient béatement et une odeur particulière nous a attiré vers la cuisine.

– Laissez-moi deviner : ils avaient allumé le calumet du pèt’ ?

– Encore mieux Monsieur le Substitut : leur cuisine était une vraie plantation de cannabis. Les placards en étaient remplis, avec tout le matos qui va avec : lumières hallogène, fertilisant, tableau de contrôle, ils ont même fait percer un arrosage automatique ! Que fait-on maintenant ?

[puisque c’est un occupant qui a accepté que les policiers entrent, la procédure reste valable. Du coup, on se permet même d’ouvrir une enquête de flagrance pour production, possession et consommation de stupéfiants si l’envie nous prend. Ici, on se contentera d’une confiscation de scellés et d’une ordonnance pénale avec grosse amende à la clé – couple strictement inconnu des services de police]

A la prochaine cote !

Haruki Murakami - Le Passage de la nuitVO : アフターダーク (ouais c’est un copier-coller, et alors ?). Dans un Japon nocturne et fantasmagorique évoluent des êtres souvent seuls, toujours paumés. Virevoltant d’un narrateur à un autre, Murakami nous régale en les liant avec la constance et la dureté qui est la sienne. Lorsque le fantastique se mêle à la poésie dans un univers mystérieux et malgré tout enchanteur, difficile de ne pas adorer. 

Il était une fois…

Mari, désireuse de fuir sa famille, se fait la malle et se retrouve dans un resto un peu glauque en bordure d’autoroute. Elle y rencontrera des personnages haut en couleur, que ce soit un musicos fana de trombone ou une gérante d’un love hotel. Parallèlement, sa sœur Eri qui pionce est sujette à des manifestations assez paranormales.

Critique du Passage de la nuit

Lire un roman de Murakami procure en général un puissant kiff, et encore une fois le félin ne fut clairement pas déçu. Il y a quelque chose de profondément magique à se laisser entraîner dans un roman qui, malgré ses 200 pages toutes mouillées, donne l’impression (une fois terminé) d’être sorti d’une marquante aventure.

De minuit à six heures du matin (chapitres séparés par l’horaire), le lecteur suivra quelques personnages dont les destins se rencontreront brièvement. La vie nocturne japonaise réserve bien des surprises, et grâce à Haruki (béni soit son petit nom) le félin a été transporté dans un univers sombre (une pute chinoise qui en prend plein la gueule par exemple) mais ô combien envoûtant. Sur la demie douzaine de protagonistes, que ce soit l’étudiant musicien ou le salary man désaxé, en passant par les triades, on touche à l’essence même du noir penchant de la civilisation de l’Archipel

Tout n’est pas glauque et désespérant ceci dit, en effet le style de l’écrivain est suffisamment détaché et donne l’impression de vivre un rêve éveillé. La longue partie avec la petite en proie à ce qui ressemble un peu au Horla (avec les couleurs et l’atmosphère d’un Enter The Void) illustre parfaitement ce sentiment de ne pas vraiment être dans la réalité telle que nous la connaissons. Et c’est tant mieux.

Tout ceci pour vous dire qu’il serait salement dommage de passer à côté de cette parenthèse douce amère. Alors certes c’est loin d’être la meilleure production de l’inénarrable auteur japonais, toutefois Le Passage de la nuit reste un correct condensé de ce dont est capable Murak’. A bon entendeur.

Thèmes abordés (du moins selon Le Tigre)

Le sujet principal, outre une violence omniprésente (les gangs chinois y mettent du leur il est vrai) et la tristesse qui entoure les héros, semble bien être l’aliénation sociale qu’ils subissent. Déjà, les scènes se passent de nuit, à des heures où en principe l’Homme est tranquillement dans son pieu. L’intimidante Tokyo, comme déshumanisée, est le trop gros réceptacle de vies brisées qui se sentent à la fois étouffées (par les conventions ou l’ordre par exemple) et écrasées par l’immensité d’une métropole qui avale leurs âmes. Cette aliénation, avec l’histoire d’Eri, prend une tournure définitivement fantastique – et permet d’accepter plus aisément la transgression entre rêve et réalité.

Le lecteur rationnel qui aime bien avoir une fin propre et nette risque de se retrouver déçu. Car il convient de faire bosser son cerveau droit (ou le gauche, merde je ne sais plus trop). Et oui, Murakami, ce petit sacripant, a rédigé différentes histoires qui en laisseront plus d’un sur sa fin. Pour ma part, si j’ai parfois regretté que rien n’est expliqué ni résolu, j’ai pu me laisser facilement transporté par des écrits où l’imagination est reine. Pour une fois qu’un écrivain nous invite à nous creuser les méninges, pourquoi se priver ? Tout coule de source – à part peut-être la partie avec Eri, j’ai bien peur de n’avoir pas su saisir la poésie du moment.

…à rapprocher de :

– De Murakami, Tigre s’est globalement régalé : Après le tremblement de terre (vouuiii) ; Au sud de la frontière, à l’ouest du soleil (bandant) ; L’éléphant s’évapore (quelques bons textes) ; la trilogie 1Q84 (fin décevante) ; La course au mouton sauvage (mon préféré) ; Autoportraitde l’auteur en coureur de fond (génial), Les amants du Spoutnik (s’accrocher vaut le coup)…

– Le monde entre rêves et réalité me fait furieusement penser au bon Neil Gaiman, notamment quelques Sandman – disons Préludes et Nocturnes.

Enfin, si vous n’avez pas de librairie à proximité, vous pouvez trouver ce roman en ligne ici.

Hergé - Les Sept Boules de cristalSous-titre : Les aventures de Tintin et Milou. Une saleté d’Inca aux yeux vides qui terroriste les gentils savants, Tournesol qui part en voyage à l’insu de son plein gré, le capitaine qui reprend du service, voilà qui annonce de délectables péripéties. Malgré quelques maladresses ici et là, cette BD jouit d’une immense aura auprès du Tigre : jeune, j’ai totalement flippé ma race. 

Il était une fois…

Sept membres d’une expédition riche en découverte (donc en pillage) se retrouvent, les uns à la suite des autres, victimes d’une sorte de maladie qui les fait perdre les pédales trois minutes entre deux sommeils comateux. Tintin (qui a rencontré son poto Alcazar au passage), comme une belle buse, échoue à protéger le reste des savants à côté desquels on retrouve des éclats de cristal. Au surplus, le journaliste est tellement à la ramasse qu’il ne peut empêcher le kidnapping de ce bon Tournesol.

Critique des Sept Boules de cristal

C’est infiniment dommage, le bouquin avait tellement bien démarré. Page 9, la sublime Madame Clairmont apprenait que son époux était malade. La blonde Clairmont, c’est la parfaite bourgeoise qui a l’air coincée du derche mais qu’on devine aisément poursuivre la soirée dans une partie fine, du genre à vouvoyer le mec sur la bite duquel elle sniffe un rail de coke. Mais on ne la retrouve plus, Hergé basculant vers l’autre moustachu accompagné de son Indien. Ouin.

Première surprise du père Hergé : après les pérégrinations en haute mer pour voler le trésor de Rakham, ce puceau de Tournesol mène à nouveau le bal – et les autres subissent. Non seulement Tryphon introduit (sans jeux de mots) nos héros auprès du lourd Professeur Bergamotte, mais en outre il réussit à (encore une fois) se faire enlever. Tout ça en ramassant connement un bracelet qui, selon ses dires, lui « va à ravir ». Boulet.

Seconde surprise, et je crois que vous me rejoindrez ici : cette BD fait putainement peur ! Le Tigre n’a éteint la loupiote de sa chambre que très tardivement dans sa tendre jeunesse à cause des cauchemars de nos amis. Imaginez, un Inca aussi maigre qu’un mannequin, mais en un peu moins beau. Et qui vient au milieu de la nuit te balancer une grosse boule qui te fait faire de belles terreurs nocturnes. Tintin & Milou, de 7 à 77 ans, tu parles ! Mais que faisait le ministre de la culture à l’époque ? Il était occupé à démonter des bas reliefs à Phnom Penh ?

En lisant plus attentivement, le félin a vu sa moustache frémir face à d’autres menus détails. Par exemple, à la Rochelle, Tintin propose au capitaine qu’ils n’ont qu’à taper le check à Chester (ami d’Haddock dont il avait parlé la veille) dont le rafiot, le « Valmy », est à quai. Impossible pourtant de retrouver cette première conversation. Et que dire de Quick & Flupke qu’on revoit à Saint-Nazaire, tandis qu’ils ont fait des apparitions dans d’autres villes ? Les garnements glandent très très loin, et même si je comprends les caméos, il convient d’arrêter à un moment de se foutre de notre gueule. Heureusement, les illustrations, agréables au possible, parviennent à dresser une ambiance inquiétante – alternance nuit/jour assez bien foutue.

Une belle nana qui file à l’anglaise dès le début de l’ouvrage, des trous béants dans le scénario à déplorer, un Indien mystérieux qu’on ne voit jamais en vrai, et une fin insupportable qui laisse le lecteur comme deux ronds de flan – Tournesol qui vole vers l’Amérique du Sud. Bien que reste soit OK, Le Tigre ne peut qu’émettre un avis négatif. Attention Hergé, je t’attends au tournant mon petit !

Thèmes abordés (du moins selon Le Tigre)

D’une part, il y a toute cette histoire de malédiction qui pompe, et cela est évidemment assumé, sur celle de Toutânkhamon. Sauf qu’ici le vilain Rascar Kapac fait l’objet des craintes les plus pures des protagonistes. Si à l’époque ce nom devait en imposer dans les chaumières qui n’avaient alors accès qu’à l’ORTF, force est de constater qu’aujourd’hui ça sonne plus rapeur-un-poil-mal-élevé que momie millénaire. Moitié Tupac, moitié Lascar, paye ton nom de belle racaille.

D’autre part, et pour finir sur une note plus sérieuse, il est question ici de la confrontation de deux mondes, lutte appelée à s’intensifier dans le tome qui suit. L’antique univers, assez méconnu, des Incas et de leurs légendes – qui ont suscité plus d’un fantasme. L’Occident, avide de découvertes et qui se comporte toujours en colonisateur (ça a été publié en pleine seconde guerre mondiale). Comment les concilier ? Comme le dit un des voyageurs (Français moyen doué d’un bon sens paysan), que diriez-vous si les Péruviens débarquaient dans nos tombeaux prélever le squelette d’un roi avant de l’amener chez eux ?

…à rapprocher de :

– Quelques Tintin sont à signaler sur le pétillant blog, par exemple Les Cigares du pharaon ; Le Lotus bleu ; L’île noire ; Le Sceptre d’Ottokar ; Le Temple du Soleil. ; Tintin au pays de l’or noir ; Les Bijoux de la Castafiore. Dans l’ordre s’il vous plaît.

Tintin en Thaïlande (en lien, avec un pdf de la BD honnie). Hu hu.