Blog littéraire d'un félin qui mange ses cinq livres et essais par jour
Archives mensuelles : juillet 2015
VO : The Day After Tomorrow (voui : c’est quoi cette putain de traduction en français ?!). Lorsqu’un Amerloque tombe par le plus grand du hasard sur l’homme qui a tué son daron, cela signifie un alignement d’étoiles suffisamment puissant pour justifier une aventure aussi improbable que délirante. Bref, voilà du porn-thriller qui a légèrement gavé l’exigeant félin.
Il était une fois…
Me suis tellement fait pipi dessus en raison de la présentation de l’éditeur qu’il me faut la reproduire de ce pas :
« Un chirurgien américain retrouve par hasard – à Paris – l’assassin de son père…Un détective génial et anticonformiste enquête pour Interpol sur sept cadavres sans tête, découverts en divers points du monde… Une organisation secrète, dirigée par un riche industriel d’origine allemande, vise à la restauration du nazisme sur fond d’expériences médico-chirurgicales inédites… Quel rapport existe-t-il entre ces trois histoires ? C’est ce que le lecteur découvrira peu à peu, conduit par un suspense d’une exceptionnelle intensité vers un dénouement à couper le souffle. »
Non seulement ce quatrième de couverture est terriblement aguicheur, mais celui-ci gâche le plaisir de découvrir l’intrigue par soi-même. Chapeau les mecs – je ne peux imaginer que la stagiaire derrière ce crime soit une femme.
Critique de L’empire du mal
Dinguissime. Nul besoin de relire ce roman, m’en souviens comme si c’était hier – à quelques détails près certes. Si un producteur pas trop con se décidait de faire de L’empire du mal un film avec de beaux effets spéciaux, il y aurait de quoi réaliser un polar bien putassier (relents de paranormal compris) et rentrer dans ses frais en moins de temps qu’il n’en faut à un néonazi un peu con (pléonasme ?) pour gueuler un tonitruant « Sieg Heil! » en entendant parler allemand autour de lui.
Commençons par les bonnes choses. Le scénario, d’abord, part sur les chapeaux de roue : entre polar et road-trip européen (France, Suisse, Allemagne, etc.), les pérégrinations de notre héros chirurgien au douloureux passé et à la recherche de ce qui est arrivé à son père sont amenées avec un naturel bienvenu. Rajoutez un détective un peu jeté (McVey), l’énigmatique tueur qui sort quelques dossiers sur le papa du gentil (une histoire d’utilisation du scalpel), ou le méchant Van Holden (paye ton nom de vilain), voilà de quoi pondre des péripéties prenantes avec comme point commun de mystérieuses décapitations bien nettes. Le style, ensuite, est vif et le nombre de chapitres (une bonne centaine !) participent à une immersion satisfaisante qui fait de ce roman le compagnon de plage parfait.
Les aspects qui ont plus ennuyé Le Tigre ? La taille de l’œuvre qui ne semble nullement justifiée. Il y a de quoi retrancher un bon tiers des chapitres tout en obtenant le même résultat. En outre, tout comme bon blockbuster littéraire qui se respecte, laissez de côté votre cerveau qui pourrait être interloqué par 1/ les sauvetages de dernière minute à peine crédibles 2/ les scènes d’action qui s’enchaînent à un rythme indécent et 3/ le nombre excessif de protagonistes dont la moitié a autant d’utilité qu’une boîte de capotes dans un harem d’eunuques ottomans.
Je suis peut-être un peu dur vis-à-vis de l’écrivain américain qui a su faire nerveux et prenant, toutefois il y a comme un furieux air de déjà-vu dans ce titre qui emprunte à bon nombre d’auteurs. Et je ne vous parle pas du bouquet final, à bien y réfléchir je suis vexé de ne pas avoir pu le deviner plus tôt.
Thèmes abordés (du moins selon Le Tigre)
Il faut reconnaître à Folsom une certaine maîtrise dans le mélange des genres. Car son Empire du mal démarre tranquillou en petit roman d’aventure avec quelques éléments empruntés au polar (le génial détective qui en tient une couche). Puis on verse dans le thriller mâtiné d’organisation secrète qui tire les ficelles de l’intrigue. Au milieu de ce bordel, rappelons-le, un médecin qui était juste parti en villégiature. Progressivement, les chapitres ressemblent à un techno-thriller qui va jusqu’à dangereusement flirter avec la SF. Oui, la science-fiction, ou la dernière frontière d’un écrivain qui veut en mettre plein la vue.
Le fauve s’apprête à spoiler, et s’en fout. Grossièrement, il s’agit ici d’une (encore ?) conspiration nazie visant à bâtir un nouveau Reich millénaire – plus c’est gros, mieux ça passe non ? Il est notamment question d’un savant (ou quelque chose dans ce genre) qui élève deux beaux aryens (ses neveux) afin de recréer une race parfaite destinée à dominer le monde. Mais comment faire pour inculquer les « bonnes » manières à ces futurs chefs ? Simple : suffit d’y coller la tête d’Hitler – celui qu’on croyait cramé avant l’arrivée des Popovs. Presque une histoire de zombie. [punaise, et dire que je n’ai pas vu débarquer ce scandaleux twist]
…à rapprocher de :
– Je ne serai pas le premier à faire la comparaison avec Ludlum. Le nom du héros, Osborne, ne rappelle-t-il pas Bourne ? Et que dire des souvenirs qui rejaillissent, comme par magie, de l’esprit du héros ?
Pour l’instant, je n’ai aucune autre idée – honnêtement, ça ne me dérange pas plus que ça.
Daredevil #168-181. Marvel Team-Up Annual #4 et What if ?#28 (n’ai pas eu le courage de finir ce dernier). Daredevil et Elektra, vous voyez ce que la couverture suggère ? Ne vous y fiez pas, ces deux tourtereaux vont se foutre sur la gueule – et pas à cause de la garde du chiot. Si quelques planches ont relativement mal vieillies, l’omnibus reste satisfaisant et prenant.
Il était une fois…
Matthew Michael Murdock est un avocat brillant le jour, justicier la nuit sous le nom de Daredevil. Devenu aveugle jeune tout en ayant reçu sur le coin de la gueule assez de produits radioactifs pour renforcer ses autres sens, Daredevil doit protéger Big Apple des appétits du chef de la pègre, l’obèse bien-nommé Caïd. Si en plus son ancien amour de l’université, la bandante Elektra Natchios revient à New-York, le héros a de quoi vivre une aventure des plus douloureuses.
Critique du premier tome de Daredevil
Un arc narratif de plus de 400 pages que j’ai mis plus de dix jours à lire, voilà qui est plutôt anormal. Pour ne rien cacher, la première moitié m’a gravement ennuyé, j’ai cru refermer ce comics bien trop touffu jusqu’à ce qu’une petite voix dans ma tête me rappelle « Tigre, n’oublie pas que c’est sorti au début des années 80, t’étais à peine né. Alors fais un putain d’effort ».
Je me suis donc accroché, et le scénario s’est agréablement décanté. Klaus Janson, mais surtout l’inénarrable Frank Miller ont su monter en puissance à chaque épisode, me redonnant envie de continuer l’aventure. Si les premiers pas de Matthew (assisté notamment de Foggy Nelson, son associé avocat et ami) m’ont paru assez fade et inconséquent, l’arrivée d’Elektra et du Caïd (à la recherche de sa femme, puis du pouvoir) apporte une logique plus aisée à suivre. Ces personnages, tout comme le tueur Bullseye, entrent dans une ronde dramatique qu’il convient de dévorer en un temps minimal – au risque de perdre le fil.
Quant aux illustrations (également réalisées par l’immense Miller), il faut avouer que c’est propre et sans gros défauts. Les mouvements des protagonistes s’enchaînent avec une fluidité surprenante (pour les années 80), sans compter les visages des personnages qui peuvent se passer de textes. Si les décors sont parfois réduits à peau de chagrin (absence notamment de beaux « tableaux »), rien de dérangeant dans la mesure où l’intensité des dialogues (voire les bruitages savamment dosés) et l’action priment.
Pour conclure, si l’auguste félin n’a pas mis la meilleure note à ce comics, c’est que j’ai eu un mal de chien à en venir à bout, étant plus qu’à l’accoutumée perdu au milieu des intrigues certes bien amenées, mais qui souvent partaient dans tous les sens. Trop habitué des rythmes des années 2000, Le Tigre a hélas perdu patience. Mais j’ai connu pire comme premier contact avec un héros DC Comics (ou Marvel).
Thèmes abordés (du moins selon Le Tigre)
Il est toujours intéressant de suivre l’évolution d’un protagoniste dénué de super pouvoirs, si ce n’est quelques sens sur-développés. Je me demande d’ailleurs comment Matthew, aveugle, parvient à sauter de toits en toits en n’y voyant que goutte, à l’inverse d’un Spiderman (qui fait une apparition remarquée dans le tome) piqué par une araignée. En fait, DD se rapproche plus de Batman dans l’idée d’un héros « normal » doté d’un solide sens de la déduction et d’un entraînement rigoureux. Alors quand Daredevil perd ce qui ressemble bien à un « sonar » (à l’image d’un Chevalier Noir brisé en deux), le voilà tel un énième quidam aveugle incapable de faire face à ses ennemis. La récupération de ses dons sera autant éprouvante qu’urgente.
Contrairement à un Bruce Wayne capable de se maîtriser, notre ami en rouge a du mal à ne pas verser dans une violence qui dépasse ce qu’un gentil héros est censé montrer. L’amertume due à la tournure prise par sa relation avec Elektra (sans compter ce qu’il advient à la belle Grecque) mâtinée d’impuissance face à la pègre montante provoquent une certaine radicalisation d’un personnage. Lequel n’hésite plus à laisser quelqu’un mourir, voire s’associe avec son ennemi intime pour parvenir à ses fins – terriblement subversif si on considère la date de parution des épisodes. Daredevil semble alors se rapprocher (dans l’esprit) de son ex petite amie qui a décidé d’offrir ses talents de guerrière à des fins criminelles.
VO : The Hydrogen Sonata. Une civilisation s’apprête à passer la dernière étape de développement, hélas un secret est susceptible de tout faire capoter. Une équipe, mise en place cahin-caha pour s’assurer que rien ne perturbe la fameuse sublimation, va avoir du pain sur la planche… Roman aussi génial que certainement frustrant, le chemin littéraire parcouru reste néanmoins délicieux. Non connaisseurs du Cycle de La Culture, préférez un autre titre.
Il était une fois…
[je vous préviens en avoir salement bavé pour tenter de faire court]
Les Gziltes (espèce proche de la Culture mais ayant refusé de la rejoindre) sont sur le point de vivre une spectaculaire évolution de leur espèce. Ils vont tous sublimer et « disparaître » de notre univers pour rejoindre un niveau de conscience méconnu. Il est de tradition que d’autres civilisations viennent faire leurs ultimes visites de courtoisie aux futurs sublimés, certains en profitent même pour avouer quelques anciens méfaits histoire de solder les comptes. Lorsqu’un vaisseau des Zhidrens-reliquants (« reliquants » car la majorité des Zhidrens ont sublimé il y a quelque temps) débarque avec un message particulier, celui-ci est détruit sans autre forme de procès. Puis le QG des Gziltes est annihilé. Quel secret pouvant foutre en l’air la sublimation cherche-t-on à cacher ? Vyr Cossont, militaire de réserve, va devoir reprendre du service – assistée d’un Mental (une I.A.) de la Culture.
Critique de La Sonate Hydrogène
Oh le beau roman qui va me contraindre de dépasser ma tigresque limite de 1.000 mots/billet. Par où commencer ? Par la situation des Gritzes sur le point de quitter le monde réel tel que nous le connaissons ? Voici une espèce qui a l’esprit occupé par l’ultime étape, réduisant de facto leurs institutions au plus strict minimum : une Présidente qui ne sert plus à grand chose sinon à gérer les autres peuples désireux de récupérer ce qui va être laissé après la sublimation, quelques militaires d’opérette pas bien méchants, une population qui ne pense qu’à baiser et se faire plaisir avant de partir (descriptions ahurissantes d’un dirigeable destiné à accueillir les dernières orgies), ainsi tout ce monde n’est pas pleinement préparé aux menaces qui s’élèvent à peine trois semaines avant le grand évènement.
Heureusement que la Culture est là pour aider les sublimés en devenir, notamment quelques illustres vaisseaux de taille et de puissance variées dirigées par des I.A. (les Mentaux), gestionnaires de la Culture. L’un d’eux, le N’Allez Pas Confondre… (oui, ils ont tous des noms plutôt marrants), s’associe avec une Gritze en vue de rechercher les motivations des dernières tueries. Leur enquête les amène à chercher la trace d’un homme multi millénaire censé savoir pourquoi un certain acte doit être absolument caché. Et qui aurait un rapport avec Le Livre de la Vérité, ouvrage fondateur sur lequel s’est appuyé la civilisation Gritze et qui a permis leur développement – la « bible » en question étant rigoureusement exacte d’un point de vue scientifique.
Trois choses que j’ai adorées ici. D’abord, la notion de Sublimation est tellement bien trouvée (et évidente) que j’en ai fait un thème (cf. infra). Ensuite, il s’agit d’un roman qui fait la part belle à l’action, et le lecteur pourra apprécier des manières différentes de mener des escarmouches ou des combats avec, parfois, certaines limites technologiques surprenantes (même si les Mentaux en imposent). Enfin, un pourcentage non négligeable du roman consiste en des dialogues entre I.A., et il faut avouer que le résultat est régalant : discussions avec un réalisme non dénué d’humour, quelques piques entre des personnages dont les personnalités peuvent varier – extravagance plus ou moins prononcée, gigantisme du vaisseau, rôle dans les précédents conflits, armement disponible dans les soutes, etc. En revanche, il faut savoir que le dénouement, auquel on peut s’attendre, pourra paraître décevant pour certains – la manière dont le fin mot de l’histoire est lâché avec négligence le prouve. A croire que le chemin parcouru est plus beau que la vue qu’on contemple à l’arrivée. En rajoutant un grand nombre d’I.A. intervenant dans le scénario, il y a parfois de quoi casser le rythme de l’œuvre, Le Tigre s’est souvent emmêlé les pinceaux à chercher qui est qui (et de quel côté ils sont également).
En guise de conclusion, me voilà encore en train de donner une bonne appréciation sur un roman de Banks – pas la meilleure, car à mon sens c’est parfois trop confus pour être pleinement apprécié. Il est vraiment con que l’auteur ait clamsé si vite, le félin supputant que Iain en avait d’autres de cet acabit sous le coude. En outre, si vous souhaitez vous familiariser avec cet auteur de SF, cet ouvrage n’est pas à recommander – L’Homme des Jeux a ma préférence.
Thèmes abordés (du moins selon Le Tigre)
Rien que le titre donne le tournis. Le lecteur découvre rapidement que cette foutue sonate est une composition particulièrement délicate à exécuter sur un instrument spécial. Vyr Cossont, l’héroïne Gritze, s’est rajoutée deux bras pour tenter de l’exécuter correctement. Puis on se rend compte que ce morceau de musique, en plus d’être a-mélodieux au possible, était détesté de son auteur dont les motivations sont surprenantes : la Sonate Hydrogène est une composition censée montrer la complexité de l’univers en plus de faire ressentir, lorsque bien jouée, la pureté et la logique des atomes qui participent à la beauté du monde – à l’instar de l’hydrogène, élément basique s’il en est, mais si nécessaire.
Qu’est-ce que la Sublimation ? Bah on en a une idée paradoxalement aussi précise que pauvre. Si les sublimés disparaissent d’un coup de la surface de l’univers pour poser leur esprit dans des dimensions non observables mais où l’impossible semble permis, impossible de savoir vraiment ce qu’on y trouve. Et ce n’est pas faute des Mentaux d’essayer d’en savoir plus, notamment grâce au Zoologiste, seule personne (disons une Intelligence Artificielle) qui est revenue de ce monde onirique. Ce qu’elle raconte à un compère donne une idée de la manière dont notre degré de connaissance est nul : parler de sublimation à une I.A. surpuissante revient à expliquer la beauté d’une mélodie d’opéra à une guêpe. Pas étonnant que des empires galactiques, ayant tout contrôlé et tout découvert, sautent le pas vers cet inconnu qui paraît bien être la cerise sur le gâteau universel – le remède au fait d’être blasé de croire qu’on a tout réalisé.
Hydrogène et Sublimation. Ajouter ces deux termes me laisse croire que la solution est là : la désarmante simplicité de l’hydrogène renvoie à l’état d’esprit d’un groupe (ou d’un individu) prêt à atteindre un niveau de conscience supérieur – « sublimer » signifie également passer d’un état solide à gazeux. En exécutant une partoche exagérément foutraque, on peut tendre vers un état intellectuel de reconcentration vers l’essentiel – toutefois, sans l’instrument adéquat, walhou. Et donc être prêt à quitter le monde. Ce que La Culture, civilisation jouisseuse et cynique, se garde bien de faire. En revanche, Banks semble avoir atteint cet état d’esprit, La Sonate Hydrogène ayant été écrite peu de temps avant que la maladie l’emporte définitivement. Ce n’est donc pas son ultime roman pour rien, car il annonce en substance : « Si la Culture (le cycle littéraire) me survivra, je vais de mon côté rejoindre un autre monde dont je ne reviendrai pas. Je suis prêt à sublimer ». Banks était-il bouddhiste ?
[SPOIL : si ça vous intéresse, voilà pourquoi une faction foutait le bordel : éviter que les Gritzes découvrent que leur Livre fondateur a été envoyé par une espèce E.T. aux fins de réaliser une expérience théologique. Comme si nos textes religieux avaient été suggérés par des Martiens juste pour vérifier une théorie. Fin SPOIL]
– Un exemple de civilisation de l’abondance (et comment celle-ci peut foutre la merde chez des organisations « inférieures ») est le Festival du roman Crépuscule d’acier, de Charles Stross. Fin et drôle.
Non mais matez moi cette couverture ! Tout y est ! L’action, la technologie cyberpunkée, le beau gosse avec le flingue, la mystérieuse donzelle dont le lecteur soupçonne qu’elle passera à la casserole, l’ambiance futuriste néobrumeuse, etc. Intense et court, l’auteur a balancé dans le roman tellement de thèmes que ça en devient hélas excessif.
Il était une fois…
Je déteste spoiler un roman. Aussi je vais laisser l’éditeur le faire à ma place :
« Lorsque l’inspecteur David Caine doit reprendre du service, il ne s’attend pas à plonger dans une affaire qui le dépasse. Vince Homme, prisonnier envoyé dans le passé, se fait assassiner par un être invisible.
Qui est-il et d’où vient-il ? Pourquoi ce meurtre ? Existe-t-il un rapport avec l’agence Dream & House spécialisée dans les maisons « dématérialisées » et cette récente et incroyable découverte de la NASA ?
Quelle est cette étrange femme qui vient visiter l’inspecteur ? A-t-on sans le vouloir, ouvert une porte vers un autre monde ? Notre avenir est-il menacé ?
Autant de mystères que David aidé de ses acolytes, devra résoudre au risque d’y laisser sa vie. Et il ne sera pas au bout de ses peines… »
Critique d’Incursion
Avant de sortir l’artillerie féline, il faut savoir que je me suis procuré ce roman lors d’un petit raout où était présent ce bon Pierre – le salon du livre, ou un truc insignifiant de ce style. Il m’a dédicacé son ouvrage, et en lisant en diagonale la description du héros s’est imposée cette remarque : Pierre B. a donné ses traits à David Caine, ha ha !
Soyons sérieux deux secondes : un thriller de science-fiction en 200 pages à peine et près de 30 chapitres méchamment aérés, y’a de l’exploit. L’histoire commence par un curieux meurtre dans le passé, un acte tellement incompréhensible que la police est obligée d’annuler les congés de David (qui espérait bien finir d’écrire un roman). Le même David qui est la cible d’un homme invisible tandis qu’Aurora, un autre spectre, cherche à communiquer avec lui. Puis le lien se fait avec une entreprise de domotique qui a acheté un système de téléportation inventé par la NASA.
Ouais, j’ai la même impression que vous. D’une part, l’auteur en a trop fait. Les thèmes s’empilent et le lecteur n’a pas le temps de souffler. Si j’ai adoré la première moitié avec des problématiques intéressantes qui annonçaient de beaux dénouements, la suite, plus orientée vers l’action, m’a paru presque bâclée malgré une histoire d’amour naissante entre le héros et une certaine Shane – laquelle débarque de nulle part. D’autre part, si le manque de descriptions ne m’a point empêché d’être correctement immergé dans l’histoire, les cinquante dernières pages ont pris une tournure de série Z. qui ont achevé de tendre la crédibilité de l’histoire vers zéro.
Bref, l’écrivain a pris un scénario complet, a ôté toute description superflue tout en laissant des tournures de style parfois inutiles, et a compressé le tout. Et j’en suis venu à me demander à quel point le père Brulhet a voulu s’éclater et étaler sur la table littéraire l’étendue de ses idées. Car il y a matière à développer trois romans dans celui-ci, ou tout du moins à en faire un qui dépasse les cinq cent pages.
Thèmes abordés (du moins selon Le Tigre)
La fameuse incursion, ce sont évidemment les morts qui tentent tranquillement de faire un retour dans notre monde, et ça passe. Sans vous gâcher le plaisir de le découvrir par vous-même, il y a un rapport entre la téléportation et la manière de régler la machine pour faire des utilisateurs de dociles consommateurs – ne ricanez pas putain, c’est raconté avec un aplomb qui fait qu’on y croit. Ceci dit, l’antagonisme entre l’univers des trépassés et le nôtre n’est pas total, j’irai même jusqu’à dire que les derniers chapitres laissent entrevoir une suite à fort potentiel.
A tout hasard, il faut rappeler que l’auteur ne s’embarrasse d’aucunes descriptions de la géopolitique du futur qu’il a imaginé, et encore moins d’explications scientifiques quant à toutes ces merveilles technologiques. En outre, l’utilisation qu’en font les protagonistes m’a paru complètement à côté de la plaque, à la limite de la blague. Le voyage dans le temps ? Allez zou, envoyons des prisonniers dans le précambrien. Aucune autre idée digne d’un film à petit budget ? La téléportation ? Oui, faisons des maisons de luxe avec des pièces dans chaque continent. Heu…rien de plus utile pour l’Humanité sinon ? Sans doute grâce à cela l’histoire est aussi originale qu’improbable.
…à rapprocher de :
– Dans le genre techno-thriller mais à la sauce anglaise, Richard Morgan reste ma coquette référence : la trilogie de Takeshi Kovacs est une tuerie : Carbone modifié, puis Anges déchus et enfin Furies déchaînées. Quant à Black Man, grosse claque également.
– Sur l’histoire des morts qui souhaitent revenir foutre un énorme daroi dans notre univers, je vous propose sans hésitationL’Aube de la nuit, de Peter F. Hamilton. Du très très grand art.
« Très JF, juste majeure, cherche à se faire ramoner par un couple, initiation brutale au sadomasochisme comprise. Amis de mes parents ne pas s’abstenir ». Voilà ce qu’aurait pu écrire l’héroïne, si seulement elle avait été consentante. Scénario à la puissance sexuelle allant crescendo, illustrations mitigées, en fait ce n’est pas si vilain que ça – même si j’attendais mieux.
Il était une fois…
Dorothée vient d’avoir son bac. Bravo ma petite. Tu peux te prélasser près de la piscine de Lucie et Marc, amis de tes vieux. Oui, tu peux étaler de la crème sur le mari. Il bande ? Ne fais pas attention. Ils font l’amour en sachant que tu es dans les parages ? Avoue que tu aimes ça. Lucie veut te sucer ? C’est mieux que se toucher. Marc veut jouir dans tes cheveux en te traitant de sale putain ? Euh…fais comme tu le sens. Mais si tu reviens le lendemain, ne t’attend pas à jouer au pictionnary petite conne.
Critique du Jouet
[ATTENTION : si vous avez moins de 18 ans, je vous prie de NE PAS REGARDER NI CLIQUER sur les images illustrant le billet. Sérieusement.]
Avec Ardem, il faut s’attendre à voir des minettes de 18 berges, à la gueule d’ange, en prendre plein la foufoune (en attendant de remplir la salle des fêtes à l’étage) en l’espace d’une petite cinquantaine de pages. Sans pression, avec le sourire contraint. Mais puisqu’il s’agit encore de souvenirs de jeunesse délivrés par une femme épanouie, ça passe mieux non ?
Voici donc l’histoire d’une descente aux enfers selon certains, de l’épanouissement forcé vers les plaisirs SM pour d’autres, et ce grâce aux bons soins d’un couple manipulateur qui semble avoir tout prévu. Tout n’est qu’étapes progressives permettant de faire cuire la jeune blonde telle un homard avant d’en faire leur chose. Au menu donc : un rendez-vous chez un gynéco (car Marc aimerait jouir en elle) qui a visiblement achevé de se torcher avec son code de déontologie ; un plan à quatre avec « bite d’acier » (je vous laisse deviner ses compétences) ; le vieux facteur pervers pour faire bonne mesure ; un rôle de soubrettes pour des invités DSKiens ; sans oublier Solange et Fernand, le couple d’échangistes.
Le félin passera rapidement sur l’imbitable comportement (c’est bien le seul…) de Dorothée qui revient, chaque matin, le clitoris brûlant entre les jambes, se faire souiller par un couple qui a l’âge de ses géniteurs. Tout comme les termes fleuris qui ponctuent les coups de reins et de fouets des protagonistes, surtout qu’Ardem passe d’un registre à l’autre assez vite comme pour prouver à quel point peut être tétanisée Dorothée à qui Marc annonce rapidement qu’elle se laisse enfiler comme une bonne petite putain. Avant de lui prodiguer de la crème hydratante (hum) sur le visage – qui semble faire également office d’après-shampoing bio.
Quant aux dessins, le contraste est toujours saisissant entre le mâle rutilant dont le vice se lit sur le visage et la beauté fragile de l’héroïne. Entre les deux, visuellement, il y a la cyclothymique Lucie, brune au derche généreux et à la moue boudeuse. Sinon, j’ai noté un effort sincère sur les costumes (jarretelles, robes de poules de luxe ou de soirées) et des décors relativement variés. Tout ceci est assez rare pour être signalé. Toutefois, n’offrez pas ce truc à vos voisins, à moins que vous souhaitez leur faire comprendre que leur fille fait trop de bruit en jouant du violon.
Thèmes abordés (du moins selon Le Tigre)
A mon humble avis, cette BD pornographique n’est qu’une énième allégorie des vacances d’été qui changent une adolescente. Vous voyez ce dont je parle ? Celle qui revient, et il y a comme quelque chose qui a changé dans son regard. Oui, elle a expérimenté l’amour, comme c’est mignon. Sauf que l’auteur/illustrateur a voulu saccager cette image d’Epinal en faisant faire à Dorothée, en l’espace d’un mois, ce que 99,99% des femmes ne font pas dans toute leur vie.
Enfin, il faut convenir qu’Ardem pose une question fondamentale : comment se déroule l’initiation au sadomasochisme ? Est-ce que les premières expériences sexuelles accompagnées d’orgasmes lors de jeux sadiques rendent masochistes ? Est-ce que l’apprentissage de ce type de façon de prendre son pied se déroule d’abord par contrainte ? Vous vous doutez des réponses suggérées par ce tome.
Peut-être que je prête trop d’intentions intellectuelles à ce bon Ardem. [c’est là que l’auteur est censé me répondre dans les commentaires]
…à rapprocher de :
– De la part de cet auteur/illustrateur, il y a Les films de Justine (tome 1 et tome 2). Nettement plus crade, avec pipi sur l’héroïne… Concernant Chantages (premier tome), encore plus improbable.
– Si vous voulez d’autres confessions mais en moins hard, y’a Parris Quinn qui pourrait faire l’affaire (Ombre et lumière, tome 6 sur le blog).
Avec ce temps à ne pas foutre un félin dehors, j’ai moins de motivation pour lire. Je profite donc de la sixième saison de la radio des blogueurs pour sortir de ma baignoire, où j’étais recroquevillé au milieu de glaçons, pour vous entretenir de musique. Et pas n’importe laquelle, puisque je sors l’electro hollandaise qui tâche (puisque je me fais dessus dès que j’en écoute).
Legowelt, ou l’assemblage de briques sonores
Je suis désolé de sortir ainsi de mes compétences d’attribution, mais il faut savoir qu’au tout début j’avais hésité entre le blog de musique et celui de littérature. Ouais, je suis artistiquement polysensible. Du style à m’extasier au sujet de la BO d’un film pornographique tout en regrettant certaines failles (sic) dans le scénario. Étant donné qu’uploader les milliers de tracks que j’apprécie était légalement risqué, je me suis cantonné aux bouquins – sans compter les responsables com’ des maisons d’édition, nettement plus mignonnes que celles des labels indépendants. Pour ce premier billet musical, je vous propose un de mes titres préférés :
Puisque j’adore écrire, si ça vous dit je vais raconter ce que ce truc m’évoque (ça ne prendra pas plus long qu’à écouter le morceau).
L’artiste, tout d’abord. Legowelt, contrairement à ce qu’on pourrait penser, ne vient pas du Danemark…presque, puisque Danny Wolfers est hollandais – La Haye, pour être précis. J’ai découvert ce gars par hasard lors d’un live de Felix da Housecat (techno à la sauce Chicago), et me suis aperçu avoir déjà écouté ses productions sous le nom des Chicago Shags – encore une référence à la techno nord-américaine des années 80, dont il s’inspire largement.
Le problème avec Legowelt, c’est qu’il utilise autant d’alias et de pseudos que Marc Levy de nègres littéraires (dont votre serviteur, exemple ici). Toutefois, ça colle bien à cet individu touche-à-tout et multi-casquettes que j’imagine volontiers bûchant comme un moine dans une pièce aménagée avec une bonne dose d’orgues et de tables de mixage laissant à peine la place à quelques écrans plats.
Ici, Danny W. s’est associé avec Orgue Electronique, un de ses compatriotes dont je ne sais pas grand-chose. Je vous avoue que je vis très bien cette ignorance. Ce qui me fait penser à un autre souci : quand deux artistes electro pondent un morceau ensemble, ils laissent souvent de côté leur ego (à moins qu’ils se foutent sur la gueule pour savoir qui sera crédité en premier) et créent un nouveau nom pour présenter leur travail même si ce dernier consite en un seul E.P. Par exemple, Legowelt + Luke Eargoggle = Catnip ; Vitalic + Linda Lamb = The Silures ; Roch Voisine + Marc Dutroux = Jean-Luc Lahaye, etc. Ces personnes sont tellement balancées qu’elles ont même plusieurs pseudos pour une même collaboration, je ne vous raconte pas les suées du clampin qui aime classer méthodiquement sa bibliothèque numérique par nom d’artiste (devinez de qui je parle…).
Quant au son à proprement parler, ces quelques minutes sont un concentré de la structure « classique » d’un morceau d’electro. Certains pourraient trouver la musique trop basique et répétitive, toutefois avec un tel nom de scène on ne peut guère prétendre ne pas avoir été prévenu. L’univers Lego®, ce sont des briques de tailles différentes qu’on assemble au petit bonheur la chance. Lorsque beaucoup de gamins suivent la notice et jouent sagement avec des constructions imposées, il en est d’autres qui mélangent les boîtes et bâtissent selon leurs envies. Notre ami hollandais est de cette dernière race : il s’amuse en bidouillant, et parfois ça se laisse écouter.
Puisque vous n’ignorez pas que Le Tigre est un DJ doublé d’un docteur en musicologie, vous me pardonnerez les descriptions qui suivent. Si l’électro vous fait autant d’effet que le championnat du monde de curling, passez à la dernière partie.
Architecture de la musique électronique
1. La version que j’ai ici choisie fait environ 3 minutes trente, ce qui correspond à un « radio edit », bref un truc qui pourrait passer sur Nostalgie d’ici 2050. Dans ma biblio, je n’ai le « club mix » (à moins que ce ne soit l’extended) qui dure environ 8 minutes, ce qui me permet de mixer dans les boîtes hardteks tendance satanistes de Sumatra sans devoir créer des loops – afin d’allonger artificiellement le morceau et jouer sur les variations.
2. Vous noterez ensuite un tempo correctement soutenu (mon pifomètre m’indique environ 150 BPM), qui tend presque vers de la techno – ce qui ne se ressent guère grâce à l’absence de percussions trop violentes. Le mélange de kicks et cymbales n’est d’ailleurs pas sans rappeler le bruit d’un canasson au galop, d’où la chevauchée fantastique qui est sur le point d’avoir lieu.
3. Quant au rythme, la longueur du morcif fait qu’on a 4 mesures avant l’ajout d’un nouveau son ou d’une nouvelle percussion (certains diront 8, mais vu la rapidité du tempo j’y crois moyen). C’est propre et net, comme un écrivain à la c(Noth)omb qui sort un nouveau roman tous les quatre trimestres. Ou, pour reprendre la métaphore du chiard qui joue avec ses briques en plastique, une étape au montage est franchie tous les quatre temps.
4. Le rapport avec les Legos est loin d’être anodin, imaginez le gosse dans sa chambre. D’abord, le plancher de soutènement à base de percussions. Puis la structure qu’on pressent, à savoir les six petites notes qui posent une certaine idée du devenir de la mélodie. Ensuite, l’habillage. Soit l’orgue n°1, grave et inquiétant, rejoint par la ligne précédente. Les différentes couches se mettent tranquillement en place, jusqu’à ce qu’on arrive au core track : dès 1min25sec, l’accord qui structure le morceau est lâché au synthé, avec une variation (30 secondes plus tard) un octave plus bas. Le jouet est achevé. Au bout de 2 minutes, l’intégralité des instruments et ce que Legowelt en fait ont été livrés. Vous pouvez donc vous coucher, ou passer à une autre boîte.
5. L’intérêt des musiques électroniques repose également dans ce qu’on appelle « l’outro ». La façon dont l’artiste fait redescendre son mix est importante, sauf qu’en moins de cinq minutes ce n’est ici guère possible. D’habitude, l’outro consiste en un désistement progressif des instruments vers quelque chose d’épuré, et au mieux différent de l’intro. Pas ici hélas, à peine si l’arrêt semble brusque – voire frustrant.
En conclusion, j’estime que Legowelt et Orgue Electronique ne se foutent ici pas trop de notre gueule. Mélodie facilement reconnaissable, percussions qui ne provoquent pas tout de suite de saignements d’oreille, évolution attendue sans crise cardiaque à la clé, bref c’est l’équivalent du cinq-à-sept de papa et maman qui ont envie de ne pas décevoir leur partenaire pendant que leur progéniture est occupée avec leurs playmobil.
Who is riding the tiger ?
Mais ce timbre unique n’est rien sans un titre qui, vous vous en doutez, éveille en moi des sommets de félicité. Dès qu’il est question d’un tigre, j’achète. Au surplus, ayant la royale flemme de contacter Wolfers, mon implacable imagination a pris le relais pour donner une signification à ce fameux tigre que quelqu’un riderait. C’est parti pour la fusion musique/littérature :
J’ai récemment découvert que « He who rides the tiger » est le second album (sorti en 1980) de Bernie Taupin, fidèle collaborateur d’Elton John. Si j’adoooore Elton John, en revanche cet album ne m’a pas réellement transporté. Toutefois, les premier et dernier morceaux sont passables, et leurs titres renvoient à des sujets qui me parlent : « Monkey on my back » pour l’aspect hypnotisant du morceau (presque de la drogue) et « The Whores Of Paris », qui est une description relativement honnête de votre serviteur faisant la tournée des éditeurs pour réclamer les fameux services presse.
Si vous avez une idée de la fréquence des rails de coke que s’enfilait Sir Elton J. au plus fort de son addiction (la même avec laquelle vous jetez un œil sur votre smartphone), je ne serais qu’à moitié surpris du nombre de références aux stupéfiants qu’il y a dans cet album.
« He Who Rides A Tiger » est également un film sorti dans les années 60. Ne me demandez pas pourquoi je l’ai téléchargé (surtout que je me suis gravement fait chier), je l’ai uniquement regardé parce que Judi Dench y joue. Étant donné que j’adore les James Bond (j’en parle ici) et qu’elle incarne M à de nombreuses reprises, j’y ai vu un signe de qualité. Funeste erreur. Tout ça pour dire que ce film s’inspire de l’œuvre de Peter Scott, cambrioleur anglais de talent qui a sévi dans la seconde moitié du XXème siècle. Scott était connu pour avoir volé pas mal de personnalités (dont le Shah d’Iran, encore une référence aux félins !) et la manière de se fondre dans son environnement. Une sorte de ninja de société avec une démarche féline, un peu comme le tenancier du présent blog – sauf que je ne vole que sporadiquement les grandes surfaces (en lien).
Celui qui chevauche le tigre…
Enfin, le titre est la première partie d’un proverbe que, pour les besoins du blog, j’attribuerai aux Hindous (ça fait tout de suite plus sérieux). Hélas, on m’a susurré dans ces contrées plusieurs suites à cette phrase, franchement je ne savais plus qui croire. Parce que j’aime faire court, voici les trois versions qui reviennent le plus souvent (du moins crédible au plus intelligent). Celui qui chevauche le tigre…
…prendra un panard considérable. C’est ce que ces dames me disent toutes. Pour votre parfaite information, « tigre » se dit « vyaaghra » en sanscrit (je l’ai appris ici). Deal with it.
…n’est pas prêt d’en redescendre. Je leur promettais cela aussi. Mais mes intentions d’une pureté encore inégalée furent trop souvent mal comprises. Plus sérieusement, le rapport à la drogue est évident. Si « chevaucher le dragon » fait référence à l’utilisation de l’héroïne, laquelle propulse le consommateur on ne sait dans quelle zone, prendre le transport tigresque fait traverser la jungle dans la peau du super-prédateur. Nulle envolée planante, mais une vie en accéléré à se sentir supérieur à ses contemporains, tel un cocaïnomane ou un pauvre type sous méthamphétamines. Sauf que se foutre en amazone sur un félin n’est pas tenable à terme, soit vous tombez en plein voyage (il y a de grandes chances que vous vous fracassiez la gueule au passage), soit l’animal s’énerve et finit par vous bouffer.
… a peur d’en descendre : ici, point de vision pessimiste à base de substances illicites. Plutôt le sage conseil de ne pas descendre du train en marche et laisser les choses se tasser. Parce qu’une situation à dos de tigre peut difficilement empirer, autant attendre que le bestiau se fatigue avant de quitter le navire. Et, figurez-vous, le procrastinateur doublé du têtu que je suis adhère pleinement à ce proverbe. Le Tigre est du genre à laisser pourrir une situation, autant par légitime flemmardise que par curiosité – jusqu’où ça peut empirer ?
Par exemple, j’adore tester les limites de date limite de consommation de ce qu’il y a dans mon frigo. Puis j’invite des amis sur le thème « cuisine expérimentale » et mélange tout le bordel dans un wok avec une dose suffisante d’épices pour cacher le rance fumet. Ne vous inquiétez pas, je leur laisse un rouleau de PQ comme cadeau de départ. Ou quand mon chat avale le gaz de mon briquet par erreur et court en miaulant à la mort dans mon salon, je le laisse faire en me disant qu’il arrêtera dès qu’il n’aura plus d’essence.
Et merde, presque déjà 2.000 mots. Me suis encore emporté. Je termine en insistant sur le fait qu’il est difficile de trouver meilleur titre à ce morceau : impossible de ne pas l’écouter jusqu’au bout, et ça me file un phénoménal coup de fouet. Aussi je vous conseille de le programmer en tant que réveil – surtout si vous n’aimez pas, ça vous obligera à vous lever pour arrêter le massacre.
Conformément aux règles du jeu de la radio des blogueurs, je file le relais à Mais Où Va le Web (indice : il ne le sait pas non plus) et Bruce Lit (faut pas se fier au jeu de mots). Bonne chance à eux, parce qu’après le choix d’un artiste underground braillant en flamand et mon enculage de mouches en technicolor, ils vont peiner pour faire pire.
Sur ce, je vous quitte. Ai des bandes dessinées érotiques à résumer. Bisous.
Amélie Nothomb est un écrivain à part, et cette quasi autobiographie tend à le démontrer. Journal de bord d’un corps et d’un esprit globalement boulimiques, l’auteure livre quelques clés sur la manière dont elle a pu devenir écrivain. Et ça n’est pas de tout repos. Court et plus que correct, il y a matière à s’amuser.
De quoi parle Biographie de la faim, et comment ?
Si le félin compte bien, il doit bien s’agir du douzième (au moins) roman de la mère Nothomb, le second à forte charge biographique qui a été publié en 2004. Ouvrage assez dense en apparence (on se rapproche des 200 pages, pffffiouuuu), paradoxalement je l’ai dévoré à une vitesse déconcertante.
Tout d’abord, la faim. Nothomb commence plutôt fort en racontant le cas des replets habitants de Vanuatu qui ont toujours bouffé plus que de raison. S’ensuivent plusieurs courtes aventures vécues par la narratrice sous le prisme de la faim sous toutes ses formes : nourriture, culture, eau, alcool, et la manière dont son esprit a pu associer ses expériences à des concepts intellectuellement développés – eu égard l’âge de la Nothomb de l’époque. « Naissance et entretien du cerveau actuel de Nothomb » aurait pu être un chouette titre alternatif.
Avec un style aussi riche et à contre-courant de ce que le lecteur lambda lira autour de lui, Amélie démontre, si encore besoin était, qu’il lui manque un grain. Celui de la sobriété, que ce soit sa consommation excessive d’alcool (à douze ans, quand même) ou la façon dont elle peut lire, sans broncher, un dictionnaire en entier. Du coup, c’est avec amusement que j’ai parcouru ses chapitres, même si parfois j’ai espéré qu’elle exagérait ou confabulait (ce verbe existe ?) certains passages – y’a presque des trucs sexuels relativement dérangeants. D’autre chapitres portent sur des considérations que tout lecteur comprendra, par exemple la haine d’un corps qu’on ne parvient à accepter.
Tigre finit sur le terme « biographie », puisque plus d’une fois je me suis demandé à quel point tout ce qu’elle écrit ici est rigoureusement exact. Certes Amélie a vécu aux quatre coins du monde grâce à son ambassadeur de papa, certes elle a pu vivre de nombreux moments forts (plus tôt et plus souvent que le commun des mortels), mais parfois l’analyse sous-jacente de ses pérégrinations va trop loin. En surinterprétant son comportement jusqu’au-boutiste en tant que jeune fille, Lady Nothomb décontenancera de temps à autre son lecteur qui hésitera à boire ses mots telle une parole d’Évangile.
Ce que Le Tigre a retenu
Déjà, je n’ai pu m’empêcher de remarquer que l’auteur adoooore se foutre dans des situations extrêmes d’un point de vue des sensations. Se pinter la gueule si jeune, provoquer une overdose de chocolat, l’anorexie hélas « classique » de l’adolescente, merde si ce n’est pas de l’automaltraitance, alors expliquez-moi. C’est comme si les états physiques liés au surplus (ou au manque) d’aliments (matériels ou de connaissance) entraînent une réorganisation des neurones, transformant certaines zones du cerveau vers un état de béatitude qui confine à la sublimation. Je devrais peut être faire un jeûne un de ces quatre…
Ce qui ressort de ce roman relève avant tout du plaisir : l’écrivaine parvient à rendre compte, non sans tendresse, de la jubilation à jouer avec la faim. Lorsque la privation et l’excès apportent autant de bien être, il est difficile de la plaindre. En fait, Amélie Nothomb me fait penser à un marathonien doublé d’un sumo : la rigueur et l’ascétisme du coureur de fond qui ne prend son pied que quand ça commence à faire bien mal ; et la gourmandise monoalimentaire érigée en art de vivre, jusqu’à ce que le corps gueule un tonitruant « stop ! » aux centres nerveux concernés.
– Ripley Bogle (en lien), de l’immmmmmense Bobby MacLiam Wilson, envoie également le héros dans les affres de la faim. Des pages entières sont dédiées à ce que peut ressentir le protagoniste, et c’est de toute beauté.
– Concernant l’anorexie, y’a Thornithorynx, de Camille de Peretti. Ça parlera à ces demoiselles (en faisais pas partie à l’époque).
Sous-titre : L’homme plage (figurez-vous que je m’en étais légèrement douté). Après s’être fait remonter les bretelles dans un camping, un jeune homme va vivre la transformation de sa vie. Il n’est que vengeance et puissance dans un monde qui a besoin d’une lanterne. Du moins c’était son intention. Pas le grand pied de mon côté, cependant le divertissement reste total.
Il était une fois…
Vacanciers beaufs, petit chiard qui emmerde son monde sur la plage, vigile de supermarché estival, soyez prévenus : y’a Plageman qui va vous enseigner la vie à coup de tatanes dans la gueule. Sauf que notre héros, freluquet et roquet sur les bords, ne dispose d’aucun pouvoir. Et donc se mange branlées sur branlées.
Critique de Plageman
Voilà une bande dessinée sans prétention et qui se prend autant au sérieux que Cheminade à une élection présidentielle. Derrière la déconnade totale des aventures d’un anti-héros dont on ne saura jamais le nom, j’ai néanmoins réussi à dégager trois parties qui renvoient au mythe de certains personnages fantastiques. D’abord, la naissance de Plageman, à savoir l’envie d’en découdre associée à une idée de grand champion : foutre un ballon de plage sur la gueule – erreur funeste, celui-ci restera collé au visage du malheureux.
Ensuite, le temps des difficultés, à savoir les tentatives aussi répétées que foirées du personnage de faire régner sa loi. Hélas, le mois d’aout passe bien vite (malgré les gnons pris), mais la fin des vacances n’arrêtera pas notre Plageman tout à coup affublé de son comparse Pennak, clochard ventripotent qui l’a suivi depuis le bar. Mais comment survivre à l’hiver sur la plage ? Enfin, à l’approche du printemps, l’auteur s’éparpille dans un joyeux foutoir fait de chasse à la caille qui termine en soirée de la lose dans un nightclub, de rencontres avec le XV de France ou trois ados à peine matures – dans tous les cas, Plageman se prendra une solide rouste.
Au-delà d’un scénario et de gags plus que satisfaisants avec petits jeux/devinettes assez fandards (le quatrième mur est régulièrement franchi), il fut difficile pour le félin d’en dire autant côté dessins. Guillaume Bouzard a eu la main leste et n’a point cherché à faire dans la finesse : noir et blanc qui tâche, respect approximatif des proportions, personnages veules et exagérés, les postures sont ici plus importantes que le mouvement. Prenez une carte postale de vacances, et tentez d’imaginer son contraire : voilà pour les illustrations.
J’exagère un poil dans la mesure où l’auteur a surtout délivré un nombre incroyable de clins d’œil à destination des comics américains ou, plus généralement, de la culture cinématographique faite de répliques à la Godard (qui tombent à côté de la plaque) ou de péripéties plus proches des Bronzés que de Batman. Sans compter que ces aventures, publiées dès le milieu des années 90 dans la revue Jade, ne permettaient pas à Bouz’ d’avoir une vue d’ensemble sur ce que son personnage allait devenir. Bref, c’est bête mais généreux, court et frustrant, et le résultat se laisse largement découvrir.
Thèmes abordés (du moins selon Le Tigre)
Vous avez aussi capté, Plageman est l’exact opposé d’un héros. Du coup, Bouzard joue énormément sur cet antagonisme. En vrac : les opposants le font voltiger, la cape ne servant strictement à rien ; la malédiction de celui qui ne peut quitter son costume (ici par défaut sinon la moitié de la gueule partirait avec) ; l’ami fidèle que le mentor doit former malgré lui ; le courage qui ici confine à la stupidité du chihuahua s’attaquant à des bergers allemands, etc. Plus que tout, l’Homme Plage part en croisade contre vous et moi, à savoir le vacancier qui est tout ce qu’il y a de plus normal. Et c’est peut-être dans ce travers qu’il est un super-héros : il fait chier le commun des mortels qui ne demande qu’à vivre en paix.
En fin de compte, notre ami ne fait pas que rire, il inspire quand même la pitié. Je ne parle pas de son ridicule masque dont il ne peut se départir, mais de la marginalité (propre à tout superhéros) dont la logique est ici présentée sans fard : Plageman se les pèle en hiver, il n’a rien à becter et est malade comme un chien. Seule l’amitié sincère avec Pennak (pourquoi je pense toujours au compagnon d’Alix ??) aurait pu lui réchauffer le cœur. Néanmoins, la relation est loin d’être celle que s’imaginait le protagoniste principal, entre suspicions réciproques, rudoiements excessifs ou encore une ébauche d’homosexualité un peu refoulée – ça aurait pu devenir intéressant à ce moment, dommage que ça n’aille pas plus loin.
Un héros sans revenus où la réalité se rappelle à son bon souvenir, c’est toujours triste.
…à rapprocher de :
– Les aventures du gus m’ont plus d’une fois rappelé ce bon vieux Gotlib avec ses Rubriques à brac et autres joyeusetés.
– Y’a une suite. Je me tâte la raie pour me la procurer.