Jean Bricmont - Noam Chomsky, activisteSuivi de Les intellectuels et l’État, de Noam Chomsky. Deux textes d’une désarmante simplicité (surtout le premier), un essayiste expliquant comment un éminent intellectuel engagé démonte les langages d’une démocratie, une noble conception du rôle du clerc dans la Cité,… Il y a matière à réfléchir sur l’ineptie d’un système qui, à défaut de nous empêcher de nous exprimer, tâche de museler notre consentement.

De quoi parle Noam Chomsky, activiste, et comment ?

Hum…comment dire…chiotte…par quoi commencer ? Ce bouquin se décompose en deux essais qui, même s’ils traitent des mêmes problématiques, sont assez différents en termes de clarté. D’abord, il y a Jean Bricmont, émérite essayiste qui se propose de nous expliquer la « méthode » Chomsky et en quoi il incarne l’essence même de l’intellectuel engagé.

Ensuite, place au gros œuvre, à savoir Les intellectuels et l’État, texte abondamment référencé qui traite de la manière dont les démocraties occidentales (les États-Unis pendant la guerre du Vietnam surtout) tentent de laver le cerveau de l’honnête citoyen. Pour tout vous avouer, j’attendais plus de fluidité de la pensée de la part du plus grand linguiste et philosophe américain de ce siècle – du moins je n’en connais pas de meilleur. Ces propos, bien que justes et pas trop durailles à comprendre, m’ont semblé être livrés top of the head, comme s’il s’agissait d’une savante conférence.

Mais cela n’a pas empêché le Tigre d’avoir sa double révélation en lisant cette centaine de pages. Déjà, les intentions d’un État sont bien sûr tout sauf nobles, il ne fait que se protéger (selon des ennemis souvent idéologiques) et même les plus « ouvertes » des démocraties doivent recueillir, par des moyens détournés, le consentement de leurs citoyens. Ensuite, les intellectuels de la seconde moitié du 20ème siècle ont failli à leur mission. En n’étant que les larbins de la puissance publique et de l’ordre installé, ils ont perdu toute crédibilité aux yeux de Chomsky.

En ce qui me concerne, j’ai dû auparavant lire les mauvais essais de Noam, à moins que j’étais trop jeune pour saisir la justesse et la puissance de sa vision. Le Tigre, peu familier de cet immense philosophe, a trouvé dans ce court double essai de quoi lui donner envie de poursuivre avec l’intellectuel bassement qualifié de gauche alors qu’il est bien plus que ça. Plus d’une fois je manquais de crier « mais oui bien sûr ! ».

Ce que Le Tigre a retenu

Qu’est-ce qu’un intellectuel ? Selon Chom’, dont les références sont largement imprégnées par la guerre froide, ça consiste à dire la vérité, dans la mesure du possible, à l’intention des personnes appropriées.

La vérité consiste à expliquer les raisons sous-jacentes à un conflit et à faire preuve de rationalité. La guerre du Viet-Nam ? Empêcher l’arrivée des communistes. Le pire doit être les exemples des dictatures entretenues par les States, et ce à l’encontre des désirs des populations concernées. Pour se justifier, l’Amérique est plus vicieuse que l’U.R.S.S. qui se contente de dominer l’expression de la pensée : l’Oncle Sam cherche à prendre directement le contrôle de la pensée, notamment en entretenant de pseudo débats qui ont lieu dans un cadre prédéfini.

Quant aux personnes appropriées, il s’agit pour l’intellectuel de discourir sur les mensonges de son propre gouvernement. Rien ne sert de gloser sur ce qui ne va pas à l’étranger, les individus de ce pays lointain ne vont certainement pas avoir vent de telles remarques. Le Tigre a appris que les savants soviétiques qui s’intéressaient à l’Occident pour pointer ses défauts (sans prendre la peine de critiquer le système soviet) étaient quasiment ostracisés dans leur patrie – à l’instar de Chomsky, invétéré libertaire qui est un gros caillou dans la botte des puissants.

Il ressort de ces deux essais quelques éclairantes remarques sur ce que l’Américain appelle fameusement la « fabrique du consentement », usine à décérébrer à laquelle participent politiciens, médias et intellectuels dans la consanguinité la plus dégueulasse.

Rien n’a changé aujourd’hui en fait.

…à rapprocher de :

– Bricmont a également publié le très remarqué Impostures intellectuelles, avec Alan Sokal – vous savez, celui à l’origine de l’affaire du même nom ?

– Si vous souhaitez faire péter la culture dans tous les sens avec ce même éditeur, Le Jardin des singularités de Jesús Sepúlveda ; le classique de Thomas Paine (Le Sens commun) ou Métaphysique et fiction des mondes hors-science de Quentin Meillassoux sont terriblement intéressants.

Enfin, si votre librairie est fermée, vous pourrez trouver cet essai en ligne ici.

Les Voyages du Tigre« Qu’est-ce qui lui prend donc de parler d’arrangements floraux ? ». Imaginez le tableau. Des fleurs à perte de vue avec des noms en latin vite oubliés ; des descriptions dans un académique  Singlish ; des senteurs inégalées qui viendront chatouiller vos délicats naseaux ; les couleurs chatoyantes prêtes à réveiller vos mirettes, etc. Oui. Vous m’avez compris : c’est l’endroit parfait pour conclure avec une Asiatique.

Let’s go to the Singapore Botanic Gardens

Papillon & fleurIl vient un moment où il faut arrêter de raconter des conneries et coucher sur papier (certes numériquement) les beaux spécimens qui peuplent la Cité-État de l’ASEAN. Sauf que je me connais, dans moins de 100 mots Le Tigre va sortir une énième bêtise plus grosse que lui. C’est pourquoi, malgré ma relative ignorance concernant la flore locale, ce billet sera parsemé de mignonnes images destinées à adoucir un texte que je suppute cynique.[on verra ce que donne le décalage image/texte]

NénupharsCe billet traitera de la grosse cinquantaine d’hectares où il m’arrivait de traîner mes guêtres. Malgré mes longs mois passés dans ce pays, je n’ai découvert que tardivement l’existence – et le fucking potentiel – du jardin botanique singapourien. Et dire que je suis même tombé dessus par erreur. Bordel à queue, je suis sûr que j’ai raté d’autres lieux incontourna…wait…mais alors…y’avait peut-être un quartier chaud dans cette ville…oh le con.

Pink FlowerSi vous êtes un habitué des bus locaux dont je n’ai toujours pas compris les itinéraires, les abords du parc sont parsemés d’arrêts. Sinon, faites comme tout le monde (à part le taxi hein) : arrêtez vous à la station Commonwealth (sur la ligne verte) ou Orchard (ligne rouge), puis z’êtes bons pour dix minutes au moins de marche. Pour ma part, je passais par Orchard puisque je logeais à quelques minutes de la station Novena, sur la même ligne. En effet, j’étais à un jet de pierre ponce du Tan Tock Seng Hospital, ce qui était carrément pratique pour indiquer au chauffeur de taxi, entre deux rots alcoolisés post-karaoké, ma destination. Je vous évoquerai, dans un autre billet, les aventures félines avec les riants chauffeurs de l’île.

Voilà, j’ai bien failli m’égarer à nouveau. Revenons à nos tulipes.

Fleur TigréeJe dis tulipes parce qu’en dépit des nombreuses images sous ce billet, je serais bien incapable de me souvenir du tiers du centième du nom de ces plantuches. A part celle-ci, si vous regardez bien on dirait qu’un tigre y est posé en plein milieu. Du coup, je l’ai renommée en mon, for intérieur, tigris jaunisse. J’aurais pu en tomber amoureux, hélas la fleure ne sentait rien.

Nénuphar détailPour tout vous avouer, en fait de beaux « spécimens », je ne parlais pas vraiment des géraniums. Je faisais plutôt référence à certaines résidentes de Singapour. Et, grâce à cet amas de plantes posées au petit bonheur la chance, Le Tigre a pu concrétiser plus d’une affaire romantique avec ces dames.

La drague par Le Tigre

Amener la nana levée en boîte de nuit (ou rencontrée sur Skype, au choix) au jardin (bota)nique relève d’un double constat.

Petites marres de nénupharsPremièrement, il s’agit d’une question de réputation. L’attitude tigresque à Saint-James Power Station (pour ne citer que cet endroit) était déplorable. La faute aux filles qui me refilent les consos gratuites (cinq à mon époque) dont elle ne savait que faire. Eu égard les hygiénistes critères orientaux, on peut dire que je sortais de la boîte dans un sale état. Une fois sur deux, Miss Chang ne voulait pas m’accompagner dans le taxi. Il me fallait rétablir ma réputation auprès d’elle – et, accessoirement, celle du continent Européen et de la France dont je me fais une certaine idée.

marguerite-nenupharDeuxièmement, les jeunes habitants de ce pays se comportent comme vous et moi. Ce jardin est l’équivalent de l’Arc de Triomphe ou de la Tour Eiffel pour les Parisiens : vous y êtes allés une fois à l’âge de sept ans, et puis basta. Il n’est d’ailleurs pas impossible que cette invitation éveille, chez certain(e)s, une sorte de bien-être relatif à l’heureuse période de l’enfance.

Cela étant dit, sache, cher Lecteur, que pour toi l’érotomane félin va te refiler séance tenante sa stratégie de drague. Accroche-toi, ça vaut de l’or : préparer le terrain. Tout simplement. Préalablement au rendez-vous, je venais discrétos au Jardin et recopiais sur un calepin tous les noms normalisés (pas les vernaculaires tels que « nénuphar » ou autre « rose ») des organes végétaux. Et je les apprenais par cœur. Mon carnet de notes était alors rempli de noms latins et de cours en mandarin (pour la conversation) que je m’efforçais de réciter tel un singe savant.

Temple FlowerEt puis je proposais à ma chope d’un soir (qui me rejoignait sur Orchard Road) de se balader. « Oh, un jardin, on visite ? Je ne connais pas [hu hu] ». En moins de trente minutes, éblouie par l’étendue de mon savoir, il n’était pas exclu que Miss S’pore (vous avez saisi le jeu de mots ??) se jetât sur moi avant même qu’on soit sorti de l’espace vert. Convenez que c’est plus agréable que le sombre couloir qui mène aux chiottes des femmes au troisième étage de la discothèque – celui avec l’ambiance new-wave/electro-pop.

Mais ce n’est pas tout ! Le jardin a tout d’un wing-man. Et celui-ci assure du feu de dieu.

La nature aide la romance

Ce qu’on trouve au jardin botanique de Singapour a aidé plus d’une fois le félin dans sa noble quête de l’Asian Pussy. Je m’apprête encore à vous livrer mes techniques les plus efficaces. J’en dénombre trois qui ont causé plus d’un amidonage de string. Faut la jouer un peu finement pour ne pas effrayer la cible. Voici, par ordre croissant de classitude, ce qu’il faut gazouiller. Imaginez-moi juste balbutier ces quelques phrases en chinois (je passais vite à l’anglais) avec d’autres prénoms moins ridicules :

Plante carnivore1/ Mignonne Cindy, allons voir si la rose, hem, ce qu’il y a par ici. Tiens, une plante carnivore. Si, regarde donc de plus prêt [là je touche son dos frémissant]. Vois comme les insectes sont pris au piège. Oh, mon dieu, que la nature est cruelle. Ne trouves-tu pas ? Écoute, cette plante me fait penser à toi. Oui. Je suis tel ce misérable moucheron irrésistiblement attiré par tes attraits. Tu es ma plante carnivore : tu vas me bouffer la b…euh, je sais que je vais le regretter par la suite. Tu vas briser mon cœur et me laisser pour mort.

à ce moment, je marchais quelques mètres vers la limite de l’enclos où vous pouvez apercevoir le grillage. Venant de nulle part, le summum de la répartie : 

grillage & fleurVoilà pourquoi, chère Cindy, ces fleurs sont placées derrière des enclos. Celles-ci sont trop dangereuses pour la faune environnante. C’est pour cela que les hommes qui ont peur des femmes les obligent à se cacher derrière un grillage. Mais je ne suis pas un Taliban, je suis prêt à perdre ma pureté et à prendre le risque de rester à tes côtés. Me promets-tu de ne pas me faire de mal ?

Règle numéro uno : inverser les rôles. De chasseur félin je suis passé en une proie tremblante prête à prendre la poudre d’escampette. On passe à la deuxième technique.

fleur rouge2/ Josy, ma chéry, que vois-tu ici ? Oui…c’est rouge. Mais cela ne te rappelle rien nous concernant ? Oui…le sang, tu as encore raison mon petit pétale sucré. Étudie plus attentivement les replis de la fleur. N’as-tu pas l’impression qu’elle s’offre et permet, à celui qui saura oser, de cueillir son fruit ? Ces graines, couleur de chair, n’appellent-elles pas à la dégustation pour en tirer la cypri..hem, l’enchanteur suc vital ? Regarde, il y a en a cinq. Exactement le nombre d’orgasmes que je te promets ce soir.

Bfleur-clitorison, je n’ai pas osé me survendre avec la dernière phrase. Mais visez-moi ces plantes. Les sâââloooopes, elles le font exprès ce n’est pas possible. Même le gros Bouddha, selon la légende, aurait tenté de mettre son zizi dedans. Il a eu quelques soucis, disons qu’il y avait plus de ricine que de cyprine là où sa queue a trempé. Il a du la perdre d’ailleurs, ses seins ont poussé depuis. Concernant Josy, elle était un peu neu-neu et n’avait guère saisi la clitoridienne allusion. Pas grave, je passais à la vitesse supérieure.

penis-floral-emergentOh, comme c’est amusant. Remarque cette mignonne émergence à la surface de l’eau. Non putain, pas les grosses fleurs roses espèce de pouf…pardon Josy, je parlais de cette légère turgescence qui affleure au dessus des flots. Contemple avec moi. Apprécie. Succombe. Aime. C’est l’affleurement de l’amour, du sens de l’existence même. Car il s’agit de l’érection d’un nouveau monde plein de promesses d’où de petits têtards plein de vie jailliront tel le sang du dragon terrassé par l’épée flamboyante de l’Archange Lee Kong Chian. Ça me rappelle quand je prends mon bain. Aimes-tu les films de gladiateurs ?

Fleur NenupharJ’ai bien peur d’avoir perdu Josy en route. Elle n’en valait pas la peine de toute façon, ses genoux khâgneux et son teint hâlé trahissaient une paysanne extraction consistant, sur cinq siècles de génération, à cultiver du riz. La dernière technique est celle du B.B., à savoir l’astuce du « bourdon butineur' » C’est du très très gros bonus si vous tomber dessus. Mieux que faire un strike sans lancer la boule.

bourdon-fleur-volSophita, mon enfant, entend avec moi ce bourdonnement. D’où peut-il provenir ? [si elle répond « de ton cœur », ça se présente bien]. Menons notre enquête. Ne serait-ce pas…si…par là…oui…un majestueux bourdon. Admire comme il tente, désespérément, de s’approcher de la belle. Penses-tu qu’il y parviendra ? Non, ne dis rien, tentons de le découvrir par nous même.

A ce stade de la conversation, la nana doit être sévèrement rompue à mes sensuelles allusions. Normalement, le bourdon devrait, pendant une dizaine de secondes, visiter le vagin métaphoré de ma chère Sophita. Elle intégrera, inconsciemment, ce qu’il va advenir après le déjeuner romantique que je lui prépare. Ce sera alors le moment de découvrir si sa voix suave et grave n’est pas du à une erreur d’appréciation de genre de ma part.

Bourdon dans la fleurOh, le coquin, il n’y va pas par quatre chemins. Quelle audace, mais quelle finesse également. Étudie comme il prend son temps et tâtonne le terrain. Il ne veut pas brusquer les choses et s’emploie à faire connaissance avec sa compagne du moment. Car il subodore que, s’il veut revenir à l’odorante source, il conviendra de lui laisser un impérissable souvenir. Tout n’est que complicité et amour. Il est moi. Je suis lui.

Je reconnais qu’à ce stade mon vocabulaire perd de sa superbe. Ça fait deux heures que je la travaille et la fatigue nerveuse se fait sentir. Merde, tu vas te décider à pénétrer la fleur à fond espèce de petit connard de bourdon de mes deux ? J’aimerais aérer popaul ce soir, alors fait un effort et enfonce ta grande gueule jusqu’à la garde.

bourdon dans l'interieur d'une planteOui, nous y sommes ma pétillante Sophita. La fleur a accepté la délicate intrusion de son nouveau petit ami. Car elle sait, au fond d’elle même, qu’elle ne pourra s’épanouir que de cette manière. Sais-tu qu’Einstein disait que, si les abeilles disparaissaient, l’espèce humaine ne tiendrait pas plus de dix ans ? [là, prions pour que Sophita ne sorte pas son smartphone pour vérifier et se rendre compte de mon insondable bêtise] Faisons comme eux. Butinons dans l’allégresse et l’insouciance.

Pour terminer, discrète vérification de la date de péremption des capotes.

Conclusion du PowerTigerLover

Après le rateau, je repars la tête basse

Après le rateau, Tigre se transforme en piaf et repart la tête basse

Je sais que vous avez remarqué, tout de suite, où je voulais en venir. C’est d’une confondante évidence : le modus operandi du Tigre s’inspire de la lettre de motivation pour chercher un emploi. En premier lieu je parle de la cible et l’associe à une fleur. Puis je tente d’évoquer les organes génitaux, notamment mon vît dont je minimise la violence. Enfin, j’établis mon projet en amenant le « nous » dans la conversation, à savoir une partie de mon corps dans la sienne. Pourquoi ainsi inverser la lettre de motiv’ ? Parce que le but n’est pas de se faire prendre par l’entreprise, mais bien la prendre dans tous les sens de la rose des vents.

Parc botanique de SingapourLe problème, quand on parvient à rouler un patin à sa nouvelle amie, est qu’on finit par repartir sur une grosse béquille. La conséquence est que je prends des photos de traviole tellement je tortille du popotin pour ne pas montrer l’hommage chapiteauté qui se trame en son honneur.

Si vous avez des commentaires sur ma manière de pécho de l’Asiate, n’hésitez pas à les garder pour vous. Car pour ce genre de billets j’attends des remarques d’un érotisme digne des années 70. De la référence coquine, quelques remarques délicieusement surannées, et pas de gonzo du type asian-babe-fucked-in-da-wood.

Vade retro

Vade retro

Je terminerai sur une mise en garde d’une particulière importance. Souvenez-vous bien de l’aspect et de la couleur cette fleur. Enregistré ? Sûr ? Parfait. Ne parlez JAMAIS de cet être végétal à votre copine, c’est un abominable tue-l’amour. Voici une variété d’orchidée propre au continent asiatique et extrêmement dangereuse pour la libido  : son nom scientifique est Dentrobium Margaret Thatcher. Prononcer le blaze de cette dégueulasse plantuche ferait, selon certains médecins, plus d’effet qu’un hectolitre de bromure en intraveineuse.

Ah, j’ai failli oublier. Vous ne connaissez pas la meilleure ? Ce joli parc abrite un trésor [je ne parle pas des mecs que j’ai dû précipitamment enterrer parce qu’ils reluquaient un peu trop ma petite amie de la journée].

Non, il s’agit du Jardin national des Orchidées qui se trouve dans le Jardin botanique. Un jardin dans un jardin, le pied. Cela mérite un autre billet, non ? Bientôt sur QLTL. – je vous assure, celui-ci sera moins idiot. Y’aura même de la géosociologie. Si si.

Romain Bévierre - Récits cousus mainDe 1915 à 2014, un siècle de rencontres, de tristesse, de joie et de surprise. Le style, poétique mais direct, est une belle surprise et le lecteur pourra regretter que ça ne dépasse pas la centaine de pages. Quatre histoires avec de minces (pas tant que ça) fils qui les retiennent, voici une pépite de friandise. 

Il était une fois…

Lors de l’hiver 1915, deux soldats (de chaque bord) profitent de la trêve de Noël pour discuter…jusqu’à être brutalement interrompus. 20 années plus tard, un jeune homme esseulé voit passer sous son nez le bonheur. 1955 : un antiquaire fait la rencontre d’une marionnette qui, miracle, lui livre son histoire. 2014, pour finir : Muguette est une vieille femme qui se remémore ses tristes souvenirs.

Critique des Récits cousus main

J’avoue avoir eu les jetons en ouvrant le bouquin, et ce à cause d’une préface assez lyrique, presque inutilement verbeuse – mes excuses à l’illuminé qui l’a rédigée. Il est question de communion à base de symphonie à l’harmonie supérieure, bref des trucs qui ne prennent qu’un semblant de sens qu’une fois que la dernière page du roman a été tournée.

Pour un premier contact avec cet auteur, il faut convenir que l’éditeur qui m’a proposé cet ouvrage en particulier ne s’est pas foutu de ma gueule : l’écriture de Romain Bévierre est de la musique pour les yeux. Quitte à filer la métaphore comme un vrai critique littéraire qui se la pèt…euh…respecte, son roman est un E.P. de pure qualité : il s’agit de quatre morceaux de musique avec des mélodies et rythmes différents (dialogues théâtraux ou plus « classiques », journal intime, narration omnisciente ou non) qui suscitent une sensation proche d’un doux malaise – temps qui passe, bêtise humaine ou encore gâchis en raison de décisions importantes jamais prises.

Néanmoins, il y a comme une ligne harmonieuse commune à ces textes, quelque chose d’autant infime que puissant si on veut bien s’y intéresser de plus près – c’est tellement le cas que Le Tigre en parle dans la partie suivante. Tout ce que je peux dire est d’avoir été agréablement touché par ces saynètes, en particulier Blanche, qui mêle fantastique light et poétique tristesse – la première histoire, certes belle, n’en est pas moins évidente à mon sens.

En guise de conclusion, cet ouvrage, parce qu’il est court et dense, méritera sûrement d’être relu. Voui, Le Tigre qui refuse de relire un bouquin (mes explications en lien) n’exclut pas ici de se vautrer dans ce malheureux vice. En outre, le lecteur pressé pourra zapper la préface et attaquer le gros morcif, quitte à revenir dessus plus tard.

Thèmes abordés (du moins selon Le Tigre)

Je pense qu’il est opportun de discourir sur le choix du titre. S’il est question de couture, c’est que l’auteur français a ciselé, avec un grâce certaine, des bribes d’existences entre elles. Tour à tour le fauve a rencontré des membres des familles Dupré et Dancet – agissant ensemble ou séparément. Or ces protagonistes sont ignorants des liens forts qui les lient, comme pour souligner l’inéluctable dégradation de la mémoire (entre autres) humaine. Le premier texte, intitulé Histoire de ne pas oublier, et qui met en scène les deux compères que sont la Mémoire et l’Oubli, souligne bien l’antagonisme à venir : faire l’effort de se souvenir de détails précis (un prénom, un métier, un lieu, etc.) afin de donner un sens à ce magnifique foutoir qu’est la vie – ceci s’applique aussi bien aux personnages de fiction qu’au lecteur.

Plus généralement, ce recueil cohérent parvient à souffler le chaud et le froid de façon admirable. La mort et l’espoir, la mémoire qui revient (et résout presque tout) et l’indicible oubli, le temps qui file (entre bénédiction du pardon et impitoyable vieillesse), l’écrivain français martèle sa plume sur tous les tableaux. Jusqu’à rendre ivre son lecteur, comme groggy : entre les quelques renvois et clin d’œil entre les quatre nouvelles et la portée presque universelle des thèmes abordés, à peine si l’écriture parfois trop ampoulée est à déplorer.

…à rapprocher de :

– La simplicité de la narration ; la sensation d’être, malgré soi, emporté ; les différents scénarios qui finissent par se rejoindre, bref Le Tigre a plus d’une fois pensé à des films comme Babel ou Magnolia.

Enfin, si votre librairie est fermée, vous pouvez trouver ce roman en ligne ici.

James Patterson - Des nouvelles de MaryVO  : Mary, Mary. Un serial killer qui sévit à Hollywood, achtung la populace tremble ! Patterson maîtrise aussi bien sa petite affaire, entre fluidité et envie de rapidement finir l’ouvrage, avec en prime un dénouement assez surprenant. Tout ceci passe extrêmement passe vite malgré l’histoire personnelle, secondaire, du héros. 

Il était une fois…

Alex Cross est en villégiature à Los Angeles avec son gamin et sa nouvelle petite amie, Jamilla. En plein glandage familial mérité, notre héros reçoit un coup de fil important : une actrice hollywoodienne de renom vient d’être assassinée par une mystérieuse « Mary Smith ». Alex aurait pu envoyer chier son correspondant, néanmoins il y a comme un détail gênant : la victime était une bonne amie de la nana du President of the U.S. himself.

Critique des Nouvelles de Mary

Qu’est-ce que j’en ai bouffé du James P. Tellement d’ailleurs que tout est mélangé dans mon esprit fécond, et ça m’a plus d’une fois contraint à lire en diagonale le bouquin. Et là, à peine quinze minutes de relecture que tout se remet en place : l’auteur américain s’amuse à gérer deux histoires à la fois.

La partie la plus importante est un tueur inconnu qui parvient à foutre un joli merdier – entendez, il ne tue pas des marginaux, loin de là. Et quand on mélange célébrité et histoires sordides, y’a pas que le bon peuple qui est émoustillé. Le flic de choc, dans le cadre de la recherche de la fameuse Mary, devra faire face au b.a.-ba de toute enquête policière : guerre des services, suspect qui se révèle pas vraiment le bon, et course poursuite finale qui clôt gentiment le bouzin.

Parallèlement, le bon Alex Cross, père qui court le gui doux, est confronté à des soucis d’ordre plus personnels. Entre sa petite amie sur le point de le larguer et la garde de son fils qui lui échappe, le mec cumule sérieusement les merdes – c’est à se demander comment il parvient à se concentrer dans son enquête. Ne vous inquiétez donc point : tout s’arrangera – en mode oh-le-pauvre-bichon-blessé-je-l’aime-à-nouveau.

Au moins, le lecteur pourra avoir l’impression de lire à une vitesse vertigineuse : des chapitres aussi brefs que le visionnage d’une série avant la coupure pub, des dialogues concis et des descriptions réduites au minimum pour être correctement immergé. Hélas, à moins de lire les romans d’Alex dans l’ordre, les passages sur sa vie privée devraient être plus délicats à saisir – malgré de courtois rappels de la part de James P.

Thèmes abordés (du moins selon Le Tigre)

Sans spoiler, il est question dans ce roman d’une certaine forme de folie, à savoir faire preuve d’un déni particulièrement puissant. Un des protagonistes, qui a sa carte d’abonnement dans un hôpital psy, croit simplement que ses enfants décédés sont encore en vie…et leur tape la discute tout naturellement. Ce serait plutôt drôle si les chiards en question n’avaient pas été assassinés…par leur mère. Avouez qu’on est au-delà de l’affabulation car cette personne, qui a un fond mauvais, essaie quand même de s’échapper dès que possible.

Patterson raconte enfin, de manière très sommaire (on ne va pas lui demander de faire un essai), comment le boulot de flic peut pourrir sa vie de famille. L’exemple le plus frappant est le règlement, au tribunal, de la garde de petit Alex Jr. entre son papa et Christine, la maman divorcée. L’avocat de cette dernière, odieux margoulin qui ne recule devant rien, rappelle les passages (dans d’autres romans) où la famille de Cross a été mise en danger. Pire, il lâche des photos où on voit leur gamin accompagné par un « étranger » – meilleur ami du héros au passage. Quelle bassesse, vraiment…sauf qu’en y réfléchissant bien, le réflexe du félin serait de fuir cet aimant à emmerdes.

…à rapprocher de :

Il fut un temps où le félin a énormément lu de Patterson :

– La série des Women Murder Club, assez facile à saisir question titre : Premier à mourir, Seconde chance, Terreur au troisième degré, etc.

– Sans insulter Lehane, il y a un peu de Shutter Island dans le comportement de Mary.

Enfin, si vous n’avez pas de librairie à proximité, vous pouvez trouver ce roman en ligne ici.

DodécaTora« Mon petit Tigrou, admirateur depuis toujours de ton blog, j’aurais un gros (façon de parler) service à te demander. A cause de la coco que je m’enfile régulièrement dans le pif, j’ai un peu de mal à assurer auprès de ces dames (et hommes) le jour du tournage.  Je souhaiterais que tu me conseilles quelques BDs qui se lisent vite et puissent rapidement me faire bander. Bises. John C. Holmes »

Douze titres pour bander et mouiller

Le plus grand acteur de films X qui me contacte, quel honneur ! Et pour soigner sa libido en sus ! Car tout pornographe qui se respecte sait que traiter des BD érotiques fait partie d’un « business plan » tout à fait tigresque. Plus d’un tiers des clics depuis un moteur de recherche concernent ces ouvrages que l’internaute souhaite souvent lire en ligne, voire des films sacrément cochons avec des intrigues déjà sorties sur papier – hélas. Je les achète donc pour augmenter mon audimat, rien de plus. Même pas pour me palucher, juré.

Dans ce billet vous trouverez quelques exemples de bandes dessinées terriblement sexy. De l’érotisme à la papa au porno plus assumé (à la limite de l’écœurement), il y en aura pour tous les goûts et toutes les couleurs. Si j’ai tenté de sélectionner les auteurs (et ouvrages) relativement connus, force est de constater que ma modeste expérience a beaucoup joué. Au surplus, Le Tigre a beau tenter de varier, force est de reconnaître que l’Italie revient en force.

Avant d’aborder le fond (hum) du sujet, Le Tigre tient à s’excuser trois fois :
1/ Aucune illustration n’accompagnera cet article : flemme, manque de temps pour demander aux ayants droits d’utiliser des images, et peur primaire que mon hébergeur ferme le blog sans préavis.
2/ Les BD proposées n’illustrent que des histoires hétérosexuelles – à part quelques petites scènes entre nanas, bref seulement de quoi exciter le mâle. Les bandes dessinées gays existent certes, toutefois Le Tigre n’en a que trop peu dans sa bibliothèque.  D’ailleurs, la littérature GL(BT) sera abordée dans un autre DDT.
3/ Pas de mangas. Les illustrés nippons abondamment illustrés méritent un billet à eux seuls.

Tora ! Tora ! Tora ! (x 4)

1/ Manara – Le déclic

Demandez au quidam de vous citer un auteur de BD érotique, une chance sur deux qu’il vous sorte le grandiose Milo et son album vedette. Comme Le Tigre le répète souvent, c’est en lisant en catimini L’Écho des Savanes que j’ai découvert cette série qui hélas traîne en longueur vers le second tome. La maîtrise du trait par l’artiste est parfaite, des formes aux expressions de plaisir de Claudia. On pardonnerait presque à l’Italien d’être macho.

2/ Armas – Ménagères en chaleur

La chaleur espagnole, aaaah. Armas, dans plusieurs bandes dessinées, conçoit des saynètes avec des femmes proches de la cinquantaine qui, entre deux tâches ménagères, se font ramoner le popotin par un nombre impressionnant de mâles en rut. Dessin assez basique mais terriblement évocateur d’autant plus qu’il fait appel à de chouettes fantasmes – la belle MILF bien en chair qui s’envoie en l’air sur un coup de tête.

3/ Paolo Eleuteri Serpieri – Druuna

Un autre Italien met en scène une pétillante brune dans un univers post-apocalyptique mâtiné de SF un peu grossière. Pour tout vous dire, l’aspect science-fiction (la narration même) a vite laissé place à la pornographie la plus délicieuse. Des grosses queues, une forte propension à présenter les femmes de dos avec leurs somptueux boules, des orgies interplanétaires, c’est souvent hardissime.

4/ Bruce Morgan – Les instincts pervers

Il s’agit de plusieurs tomes au cours desquels le lecteur suit Valérie, jeune institutrice assez naïve, dans des aventures toujours plus délirantes où elle atteint un potentiel de déniaisage encore rarement atteint. Bruce M. ne fait pas de l’érotisme, mais du porno assez trash où la femme est dans des positions à peine croyables. Le scénario reste cohérent, même si (pour l’instant) je me suis arrêté au deuxième opus.

5/ Sibylline – Premières fois

Mon gros coup de cœur. Non seulement les illustrations, variées, sont superbes, mais les histoires (et le texte) seules sont en mesure de laisser des papillons dans le bas ventre. Dix petites scènes de la vie de couple (compris dans un sens large), avec souvent un retournement final qui fait honneur aux dames. De la littérature érotico-porno-chic qui plaira à tous, rien à dire.

6/ Ardem – Les films de Justine (tome 2 ici)

Justine est une femme un peu coincée qui se fait rapidement manipuler par un mari sans vergogne. A la fin du tome 1 elle le quitte et prend son envol pour continuer, seule, ses coquines pérégrinations. C’est un peu comme Bruce Morgan, mais en pire. Souvent plus sale sur l’histoire (qui devient hélas vite inintéressante), impression augmentée par un dessin assez brouillon, la touche d’Ardem se reconnaît et ne peut laisser indifférent.

7/ Giovanna Casotto – Giovanna [et autres]

Ces BD sont doublement rares. D’une part, les illustrateurs X (italiens ou autres) sont, pour la plupart, des hommes – pas ici. D’autre part, Giovanna se met elle-même en scène : elle est son propre modèle et s’imagine dans des situations plus coquines les unes que les autres avec des illustrations qui ne sont pas sans rappeler les pin-us qui tapissent les vestiaires des routiers américains. A lire et relire.

8/ Georges Lévis – Liz et Beth

Sous le pseudo de G. Levis, Georges a produit dès la fin des années 70 des séries (je recense quatre tomes) avec deux belles femmes – une blonde, une brune, pour faire bonne mesure. Le dessin est croquant à souhait, le minois et les détails des deux femmes (et leurs compagnons) font montre d’un travail d’artiste. Peu de grosses bites ou de poils à tous les recoins, on pourrait plutôt parler d’élégance érotique, voire de porno chic.

9/ Alex Varenne – Erma Jaguar

Encore l’Hexagone avec un illustrateur de qualité avec son œuvre phare – disons la plus longue : trois tomes. Erma est une belle femme qui n’a envie de faire que ce qu’elle veut. Entre road movie et roman d’apprentissage sensuel, Miss Jaguar emmènera le lecteur très loin avec des protagonistes hauts en couleurs. Univers poétique et assez déroutant, pour ma part je n’ai hélas que moyennement accroché.

10/ Monica & Bea – Les Petites Vicieuses

Ici, ce sont sept histoires qui illustrent des basses tendances de jeunes filles qui ont chacun un « coquine » propension : masochisme, interracial, prostitution, lesbianisme, etc. Les scénarios ne sont pas si renversants que cela, en revanche le dessin des auteures espagnoles ne laisse que de place à l’imagination. Sans compter les visages angéliques de nos héroïnes, mignonnes en diable et à qui on donnerait le petit Jésus et toute la famille sans confession.

11/ Igor Boccère – Chambre 121

A l’inverse d’un Ardem ou Bruce Morgan, c’est une BD érotico-porno assez classieuse qu’Igor nous offre. La chambre 121, c’est l’endroit très hot où une tenancière d’un hôtel propose des services sexuels à ses nombreux clients. Surtout une clientèle féminine puisque le héros se fait engager pour ses mâles attributs. Rien n’est suggéré, tout est montré avec des saynètes (trois à six planches) où beaucoup de thèmes sont abordés.

12/ Magnus – L’internat féminin

La dernier blague pour terminer avec ces quatre (dans la version que j’ai) histoires assez mignonnes, souvent fantastiques avec des vilains personnages mâles. Dans L’internat féminin, un homme extrêmement vicieux abuse de jeunes filles avant d’être confondu. Plus éros (avec une histoire complète) que porno, le trait gras et le noir et blanc est somptueux. Encore un auteur italien – j’essaie pourtant de varier les plaisirs.

…mais aussi :

– La plupart de ces auteurs ont d’autres BDs à leur actif, bien évidemment.

Ce DDC, en outre, ne doit pas être confondu avec :

– Le Top 12 des romans à ne lire que d’une main (en lien).

– Le Top 12 des mangas érotiques (avec du trash et du bizarre), billet qui verra le jour un de ces quatre.

Cavanna - Hara Kiri : La pub nous prend pour des consSous-titre : La pub nous rend con. De 1960 à 1985, le journal Hara Kiri détournait les célèbres publicités qui décérébraient le bon citoyen. Et chaque marque prend son gros coup sur le museau. Bol d’air salutaire et hilarant à souhait, attention tout de même : l’humour y est parfois gras, souvent vilain, mais fait toujours mouche.

De quoi parle La publicité nous prend pour des cons, et comment ?

Si vous connaissez le journal Hara Kiri, vous savez qu’il a disparu à la suite d’un excellent (quoique malvenu) jeu de mots sur le décès du Général – y’en a qu’un avec la majuscule. Puis ça a réapparu sous le nom de Charlie Hebdo, et l’esprit était le même : taper sur tout ce qui est de sacré. Et parce que les publicités, déesses des médias, se prenaient (se prennent) souvent au sérieux, ça appelait une sévère profanation de la part de Cavanna et ses potes.

Partant du constat qu’une marque est sacralisée et mieux protégée qu’un film ou un livre vis-à-vis desquels toute critique est possible, l’hebdomadaire s’est particulièrement lâché : du début des années 60 au milieu des eigthies, ce sont donc des dizaines de détournements, fausses affiches et autres marques d’irrespect qui ont été publiées. Toutes faites sans aide numérique, plutôt à base de paire de ciseaux, de collage (voire de grossiers dessins) et avec un texte impertinent et drôle. A regarder encore et encore, ça aère correctement l’esprit.

Le félin ignorait que le journal a tenté, une fois, de s’ouvrir à la publicité. Une catastrophe dont eux seuls sont capables : les Frères Renoma, confectionneurs dans Paris, leur avaient commandé une réclame. Le résultat ? Une fresque avec Hitler qui vante la maison de confection en pleine marche dans Berlin. Le lendemain, une émeute éclate rue des Rosiers, le bordel est total : les propriétaires sont juifs et le paternel Renoma n’a pas goûté la référence. Moralité : on peut rire de tout, mais pas la publicité.

Il faut savoir que, outre ces fausses publicités qui ne respectent pas grand chose, Cavanna livre sa vision de l’institution publicitaire. Si le gros de sa pétillante pensée constitue la partie suivante, Le Tigre rappellera toutefois l’amour que l’auteur peut porter à la pub en général :

Ce harcèlement, ce martelage, cette persécution, cette obsession, ce décervelage, ce viol, ce sirop, cette goujaterie, cette vomissure, ces sourires répugnants de vénalité, ces « idées » laborieusement mises au point par des spécialistes de la psychologie profonde du connard tout-venant, cette bonhomie hypocrite, cette monstruosité rongeuse de vie […].

Ce que Le Tigre a retenu

Au-delà de l’humour bête et méchant, Cavanna a quelques idées bien arrêtées :

Déjà, notre ami ne semble pas bien comprendre que la pub fait vendre. Alors que les produits se valent tous (par leur médiocrité), l’objectif d’informer le public s’est corrompu vers quelque chose de sournois faisant appel aux réflexes primaires. C’est le seul moyen de se démarquer et concurrencer les autres entreprises. Si la publicité existe, c’est parce que celle-ci a fait ses preuves, c’est à dire que nous ne sommes que des putains de veaux sensibles aux messages des gros sponsors.

Ensuite, il est marrant de lire les critiques qui portent sur des aspects encore d’actualité, par exemple la qualité passablement merdique des produits ou l’obsolescence programmée doublée de l’absence de pièces détachées. Encore plus fun, Cavanna déplore l’absence de concurrence directe entre produits. L’emphase et l’exagération ne porte ainsi que sur ses propres bouses qu’on veut revendre. Face à l’impossibilité de dénigrer directement ses concurrents, l’auteur se lâche et imagine ce que pourraient être des réclames comparant tel ou tel produit entre eux – serviettes hygiéniques, etc.

Enfin, Cavanna tire à boulets rougeoyants contre ce qu’il appelle l’âge de l’Emballage…euh du conditionnement – encore un thème actuel. Certes il faut que le paquet de céréales se fasse remarquer dans le supermarché, alors on magnifie l’objet comme pour montrer qu’on ne se fout pas de la gueule du client, mais ça revient bien plus cher pour ce dernier couillon. Sans compter le nombre de forêts abattues et les détritus qui s’accumulent. La pub, c’est aussi le mal moderne qui symbolise notre civilisation : une mer de papiers gras.

Chose étonnante, la place de la femme a un traitement particulier. Car c’est le jouisseur qui parle et évoque son contentement face à ces belles pépées sur les affiches. Elles sont payées pour être belles ? Même chose qu’au Lido. Mais de là à faire vendre une bagnole ? Comment se peut-ce ? Car à l’inverse, la libido femelle ne s’excite guère face à un corps masculin offert et ne semble point désireuse de sortir son porte-monnaie pour l’occasion – signe que les femmes sont moins connes que nous ?

…à rapprocher de :

– La nouvelle Publicité, de John Updike, présente l’archétype de la publicité parfaite telle qu’on la voit/lit dans les médias.

Enfin, si votre librairie est fermée, vous pouvez trouver ce truc en ligne ici.

Stephen King - CujoVO : Idem. Un gros chien-chien qui devient fou-fou à la suite d’un vilain virus, une ville paisible qui se transforme en une belle boucherie, des familles plus ou moins heureuses, voici ce qu’a à nous proposer le maître de l’épouvante. Écriture superbe avec des descriptions immersives à souhait, cependant Le Tigre était loin de se pisser dessus de peur. 

Il était une fois…

Au beau milieu de l’année 1980, la petite ville de Castle Rock est plongée dans un climat extrêmement chaud. Tout aurait pu se passer comme les autres années si Cujo, l’imposant (100 kilos à la dernière pesée) Saint-Bernard de la famille Camber, n’avait pas coursé un lapin. Cujo finit dans une caverne où une chauve-souris le mord…et lui refile la rage. Le clébard est sur le point de se transformer en berseker mécontent…

Critique de Cujo

Un brave chien qui attrape la rage et se met à vouloir trucider tous ceux qu’ils croisent, ça avait de la gueule sur le papier. Néanmoins, le félin fut légèrement déçu : je pensais flipper comme une collégienne dans une sombre cave en banlieue, que dalle en fait. Même pas un soupçon de pression. Heureusement que Stephen King a bien travaillé le style.

Commençons par la présentation des protagonistes – il y a beau en avoir peu, je me suis surpris plus d’une fois à les confondre ou à me demander qui est qui. D’un côté, la famille Camber avec Joe, Charity et leur gosse qui possède le clebs. De l’autre, les nouveaux arrivants Vic et Donna Trenton avec leur tout jeune gosse Tad. Chose suffisamment rare pour être signalée, l’intrigue se concentre sur tout ce petit monde (peu d’autres personnages), en un temps très restreint (quelques jours) dans une seule unité de lieu : Castle Rock, dans le Maine – guère étonnant de la part de l’auteur américain.

Comme je le disais, la lente descente aux enfers des personnages face au maousse Cujo ne m’a pas vraiment fait peur. Pas plus que les derniers chapitres avec Donna et Tad enfermés dans leur caisse pendant trois jours avec le chien qui attend dehors tranquillou. Toutefois, l’écriture est excellente, King reste un « descripteur » de génie. Les personnages, leurs histoires, les paysages, tout est fait pour ne pas voir le temps passer. Pour un peu plus de 400 pages (pas le genre de Stephen K. pourtant) , ce serait dommage de passer à côté.

Thèmes abordés (du moins selon Le Tigre)

Ah oui, j’avais oublié : la narration est originale dans la mesure où l’auteur se met tour à tour à la place des protagonistes (première personne du singulier), chien compris. Et oui, le lecteur sera dans la peau d’un Saint-Bernard loyal et aimant qui, progressivement, devient complètement dingue. Et le père King fait montre d’une empathie animale formidable, presque une thèse d’éthologie. Pour ma part, j’y ai vu une coquette référence à un certain ouvrage de Faulkner (encore oublié lequel) lorsque nous plongeons, en particulier, dans les pensées du chien de la famille.

Les menues histoires de famille parsèment enfin ce roman, le félin a bien reconnu la patte de King. Notamment sur les non-dits et traumatismes chez des personnes souvent fragiles. Déjà, la mère Trenton doit toujours faire face à l’infidélité de son mari – aspect très bien abordé. Ensuite, son enfant est la proie de terribles terreurs nocturnes, ce qui n’est rien par rapport à ce qui surviendra. Enfin, et le plus duraille à traiter en littérature, il y a la terrible perte d’un proche. Pour Charity Camber, ce sera le décès de son époux (la dame n’a pas l’air mécontente d’ailleurs, son mari étant violent sur les bords). Mais la famille Trenton (enfin ce qu’il en reste) devra surpasser la perte de l’unique enfant, ce qui est loin d’être évident. Contrairement à Simetierre, King termine sur une note d’espoir.

…à rapprocher de :

Le gros Stephen King a apporté beaucoup bonheur au félin :

– Les basiques : La Tour sombre et Ça –  à cause de ce dernier méchant le métier de clown a pris un sérieux plomb dans l’aile.

Les Tommyknockers, à forte charge autobiographique également, tout comme Shining – long mais suffisamment horrible. La tempête du siècle, en fait un scénario destiné à la télévision.

– En ce qui concerne les talents d’éthologiste et la « narration animale », je vous renvoie vers la merveille littéraire qu’est Anima, de Wajdi Mouawad.

Enfin, si votre librairie est fermée, vous pouvez trouver ce roman en ligne ici.