VO : Brazil. John Updike est une valeur plus que sûre, encore un roman qui en est la preuve. L’histoire, qui parle d’une somptueuse histoire d’amour, est sombre au possible. Deux univers en pleine collision, deux êtres amoureux qui vont jusqu’à tout abandonner pour rester ensemble. Peu de longueurs en effet, on se surprend à le finir rapidement, comme pour se débarrasser de cet environnement glauque.
Il était une fois…
Brésil, Rio, fin des années soixante. Sur la plage la riche Isabel se prélasse avec une amie. Elle croise Tristao (avec un accent bizarre sur le « a »), jeune noir issu des favelas, et là c’est le coup de foudre. Bien sûr les parents de la jeune fille n’acceptent pas cette liaison, aussi les tourtereaux seront obligés de s’enfuir, toujours plus loin à cause du père d’Isabel qui met tout en œuvre pour récupérer cette dernière.
Critique de Brésil
Updike est un grand écrivain, Le Tigre ne le répètera jamais assez. Moins de 350 pages, c’est à la fois passé très vite et plutôt dense. John U., dont les œuvres sont intellectuellement assez poussées, a su faire quelque chose de fantastique et simple.
Deux mondes opposés au Brésil se rencontrent, s’aiment, et vont vivre une aventure magique. Mais aussi assez dure, plus d’une fois le lecteur pourra se sentir passablement mal à l’aise. Le Brésil, fort contrasté, est un endroit où tout espoir semble vain. Le nouvel enfer version Updike.
Le Tigre a gardé peu de souvenirs du style, c’est forcément bon signe. Le genre d’objet qui peut se lire d’une traite, sans forcer. La fin, sublime, est d’une tristesse sans nom (à part celui des héros) et change du happy end hollywoodien. Digne d’un Updike, en fait.
Au final, à lire quand vous êtes dans une bonne passe, ce n’est pas un texte destiné à remettre quelqu’un à flot (niveau moral). Personnellement, si j’ai eu un peu de mal à poursuivre le roman (vraiment pas joyeux), je n’ai en revanche jamais eu du mal à le reprendre, car ça se lit de source.
Thèmes abordés (du moins selon Le Tigre)
Updike présente assez rapidement les deux principaux protagonistes, néanmoins il décrit clairement leur environnement respectif. D’un côté la misère des favelas, de l’autre la scandaleuse opulence des riches familles de Rio. Ces disparités sociales semblent irréconciliables, d’ailleurs il est triste de voir Tristao (oh mince redondance) être au début le plus sceptique quant à l’avenir de sa relation avec Isabel. Il n’y croit pas, et c’est par les instances répétées de sa nouvelle petite amie que l’histoire d’amour va se poursuivre.
Updike, dans le style « romance », a sorti l’artillerie lourde. La grosse bertha même. L’amour est puissant dans ce bouquin, et fait faire à Isabel et Tristao des choses pas très catholiques (grave pour des Brésiliens). C’est par amour qu’Isabel abandonne sa famille (jusque là ça va), par amour que Tristao farfouille des mois durant dans un trou pour trouver de l’or (un peu plus sombre), par amour que sa femme pense à se prostituer ou même provoque un petit threesome (plus dérangeant déjà). Deux êtres qui s’aiment sans concessions, à l’encontre du monde environnant, on n’est pas tout à fait loin de la naïveté.
Hélas de naïveté il n’est point quand Updike souligne la dureté de l’environnement de nos deux jeunes héros. Au début, c’est la famille qui s’oppose à leur relation, et ce de manière relativement violente. Ensuite, la fuite des deux amoureux, avec de multiples étapes où les rencontres faites seront loin d’être heureuses. La cupidité des hommes, éduqués ou non, semble sans limites. Enfin (et après la mémoire du Tigre rendra l’âme), les plateaux du Mato Grosso, où Tristao accompagné de sa femme cherche la fortune (l’or) dans sa mini concession de terrain, sont loin d’être accueillants. Endroit terrible de violence, la ruée vers l’or en mode grosse curée.
…à rapprocher de :
– D’Updike, il est un autre roman (noir également) plus récent qui mérite d’être lu : Terroriste.
– Dans la catégorie SF, il y a Brazyl de Ian McDonald. I’m loving it ! (désolé).
Enfin, si votre librairie est fermée, vous pouvez trouver ce roman via Amazon ici.
Rien à voir avec La légende de Jimmy, de Diane Tell, je préfère annoncer. Néanmoins ce livre est la pièce maîtresse de Van Cauwelaert qu’il convient de lire. Humour, considérations religieuses assez justes, c’est une belle histoire qui ne laissera pas indifférent. Lu hélas avant les années 2010, difficile parfois de tenir mon cahier des charges de 500 mots par post…
VO : Dark Victory. Gros pavé de la fin des années 90, fondateur d’un nouveau Batman adapté au monde contemporain, Amère Victoire (je préfère le titre original, Dark victory) est un condensé de suspense et de ténèbres. 400 pages, il fallait le faire. Comme Le Tigre ne prend pas la peine de lire ce genre de sagas dans l’ordre, j’en profite évidemment moins.
VO : The Dumb House. Mais qu’est-ce qui me prend de lire des trucs pareils ? Au moins le quatrième de couverture est complet, on a une idée de ce qu’on achète. Pour l’esprit néo-dérangé du Tigre ce roman fut superbe. Superbe car froid, méticuleux et horrible, malgré ça la curiosité invite à continuer puis finir la chose. A ne pas mettre entre toutes les mains donc.
VO : Torture the Artist. Empilez les difficultés sur le dos d’un créateur, et celui-ci épanouira son art (à défaut d’être heureux). Rien à dire, percutant et un peu « borderline » sur le principe développé par le scénario, ça fait du bien de lire de l’inattendu. Idée géniale, style imparfait parfois, le lecteur n’en voudra pas à l’auteur. Surtout en moins de 400 pages.
VO : A Month of Sundays. Premier contact du Tigre avec Updike, qui est sans conteste un auteur contemporain majeur outre atlantique. Roman pas très récent, on le sent au style, toutefois ce fut une excellente surprise : un cureton se livre et explique comment il a pu succomber aux plaisirs de la chair. Updike parvient à créer un texte intelligent et non sans humour.
Allez, il est temps de résumer du bon auteur français qui jadis a vendu au Tigre beaucoup de rêve. Hors de moi, c’est un peu la base de Van Cauwelaert : un scénario peu commun, une facilité de lecture appréciable, et quelques déceptions. En effet des longueurs là où il n’en faudrait pas, et un épilogue qu’on aurait souhaité mieux amené.