Levitt & Dubner - FreakonomicsVO : idem. Enfin un essai qui n’est pas passé inaperçu, Le Tigre se devait de dire ce qu’il en pense. Surtout que la science économique n’a pas aussi bonne presse dans l’Hexagone qu’aux États-Unis. S’il ressort des exemples donnés par les auteurs un agréable sentiment justifié par des sujets parfois improbables, c’est aussi hélas un ouvrage qui se lit trop vite (quelques démonstrations légères rapidement oubliées).

De quoi parle Freakonomics, et comment ?

Steven Levitt, qui es-tu donc ? Ancien de Harvard, passé par le très prestigieux MIT (où il a obtenu un doctorat), professeur d’économie, bref la tête bien pleine. Tant mieux, surtout quand à la macroéconomie, jugée trop abstraite, il préfère se concentrer sur les faits économiques plus proches de la société.

Avec le journaliste Stephen J. Dubner, il a donc eu l’idée de s’attaquer à quelques idées reçues sous un angle strictement économique, ce qui a porté ses fruits (entendez, c’est devenu un best-seller). Nul besoin d’avoir fait des études dans ce domaine pour comprendre de quoi il retourne, on pourrait même reprocher aux auteurs d’être un peu trop didactiques et répéter les mêmes idées à chaque chapitre.

Néanmoins il en ressort un essai intelligent. Du rapport entre la criminalité et l’avortement à la fréquence des prénoms, en passant par l’économie de la drogue (la structure pyramidale qui laisse peu de miettes au guetteur), Levitt et Dubner nous offrent tout ce que Le Tigre apprécie en général : une vision scientifique, originale, légèrement décalée quant au choix des sujets, pour des résultats parfois imprévisibles mais crédibles.

Quand au style, le moins que l’on puisse dire c’est que ça se lit plus que facilement. On nous prend littéralement par la main, la démarche intellectuelle de déduction du lecteur ne sera guère mobilisée. Du coup, on lit et on oublie ! Mais est-ce le but quand les raisonnements présentés par Levitt relèvent le plus souvent du simple bon sens ?

Ce que Le Tigre a retenu

Les exemples sont légion (et bien connus), je vais en reporter un particulièrement édifiant pour vous donner une idée du genre.

NYC a enregistré, lors de la mandature du très italo-américain Rudolf Giuliani, une baisse spectaculaire de la criminalité. Et ce grâce à la tolérance zéro ? Que nenni selon nos auteurs, c’est avant tout un arrêt de la Cour suprême (légalisant de facto l’avortement) de 1973 qui a empêché les jeunes mères (noires) d’enfanter de futurs criminels. Vingt ans après, ce sont ces potentiels délinquants qui n’ont jamais vu le jour. Le Tigre aime à croire que c’est la vérité (les scientifiques semblent encore ne pas être d’accord), surtout quand il s’agit de démonter l’action politique lorsque celle-ci fanfaronne en plus.

Ce qu’il faut retenir, c’est l’approche « scientifique » des auteurs, qui laissent de côté leurs préjugés et idéologies. Chiffres à l’appui, on apprend à penser out of the box et à étudier des faits sociaux sous un angle inédit. A ce titre, à la question « le capitalisme est-il moral ? », il convient de rappeler la réponse de Comte Sponville, proche de celle des auteurs, qui tendrait à dire que le capitalisme est a-moral : ni moral ni anti moral, le système capitaliste repose sur des comportements humains (pas forcément rationnels, mais dans cet essai ils le sont) qu’il convient d’étudier objectivement pour expliquer comment tourne l’économie.

…à rapprocher de :

– Y’a le blog de l’auteur (en anglais) qui regorge d’autres études du même acabit. Ooooohhh, c’est devenu un site quasi marchant maintenant.

– D’ailleurs, Super Freakeconomics (rien à voir avec la chanson de Rick James) est sorti peu après. Le Tigre a lu quelques pages dans une librairie, et ça n’avait pas l’air si bien. Tant qu’à réitérer une méthode qui rapporte, il ne faut pas les blâmer.

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Peter F. Hamilton - Dragon déchuVO : Fallen Dragon. Une magnifique claque, rien de moins ! One-shot d’Hamilton, ce roman pourrait plaire même à quelqu’un qui a du mal avec ce genre littéraire. Car c’est un magnifique conte du futur qui laisse franchement rêveur : intelligent et prenant, la longueur ne doit surtout pas effrayer. Indispensable, de la SF de qualité à mettre entre toutes les mains.

Il était une fois…

Humanité, 24ème siècle (ben voyons). Grâce à la technologie des trous de verre, des dizaines de planètes ont été colonisées. Lawrence Newton, jeune qui n’est pas à plaindre sur la planète d’Améthie, souhaite plus que tout devenir pilote afin d’explorer la galaxie. Hélas le contexte économique ne s’y prête guerre, et à la suite d’un échec amoureux notre jeune de vingt ans se fait la malle. Il devient sergent au sein d’une entreprise (Z-B) qui mène quelques campagnes sur des mondes qu’elle a colonisés et ce afin d’effectuer un « retour sur investissement » (piller la planète en fait). Thallspring est la prochaine cible, et bien sûr rien ne se passera comme prévu.

Critique de Dragon déchu

Superbe ouvrage, réellement. Bon, près de 1.000 pages, c’est sûr ça peut effrayer. Surtout que dans le premier tiers, pas vraiment de la SF type « space opera ». Mais Peter F. Hamilton plante un joli décor, et en moins de temps que prévu le lecteur sera vite entrainé dans la fabuleuse odyssée.

Le scénario est simple mais efficace : notre héros fait une fugue et devient un mercenaire à la solde d’une entreprise. Derrière ce départ, il y a forcément une histoire d’amour contrariée, c’est avec la rage au ventre (trahison, quand tu nous tiens) que Lawrence, le naïf héros (du moins au début) part à l’aventure. Son point fort, c’est Apogée, logiciel du feu de dieu qui est capable de mettre en échec tous les systèmes informatiques rencontrés.

Rendez-vous donc sur un monde bien particulier : les autochtones voient évidemment d’un mauvais œil tous ces militaires, et vont déployer des trésors d’imagination pour les discréditer (le passage de la fausse prostituée qui est en fait la fille d’un notable se disant violée est très bien pensé). Parallèlement, une professeur raconte à ses jeunes élèves l’histoire d’un prince, Mozark, qui a effectué d’innombrables voyages (pour le compte de sa dulcinée) afin de découvrir la manière optimale de mener son existence.

L’imbrication des différentes histoires est génialement orchestrée, pour une fin surprenante qui boucle le scénario. Le gros plus, c’est la façon dont a  le British a aussi bien saisi l’aspect économique (et donc politique, sociétal) du genre de la SF pour un réalisme éprouvé. Le moins, c’est peut-être la taille de l’œuvre, à cinquante pages près le final aurait mérité d’être sans doute plus étoffé. Mais ça reste excellentissime.

Thèmes abordés (du moins selon Le Tigre)

Le financement de la colonisation de l’espace. Z-B, pour assurer ses finances, pille consciencieusement les planètes qu’elle a contribué à coloniser. Car l’activité est peu rentable, faire passer des hommes et du matos par les trous de ver est très cher et vient vite le temps de récupérer quelques pépètes (la production desdites planètes). L’âge d’or de la colonisation passé, Hamilton dresse le portrait de multinationales toutes puissantes plus préoccupées par leur santé financière qu’à l’entrepreneuriat spatial. Glaçant.

Le paradoxe du voyage dans le temps. [Attention SPOIL] Ou comment boucler la boucle. Lorsque Lawrence prend la poudre d’escampette, un de ses amis lui donne un logiciel surpuissant. Quant au prince de la prof, on sent qu’il n’est pas bien loin. En effet, le Dragon déchu n’est rien d’autre qu’un E.T. (sous la forme d’un bloc de pierre qui se balade dans l’espace) que notre héros va tirer d’un mauvais pas. En cadeau (ou remerciement), il recevra une partie dudit dragon, rendant possible le retour 20 ans dans le passé. Lawrence prend l’apparence du mystérieux ami, doté du programme Apogée qui aidera dans toutes l’aventure. Le vieux laisse le jeune Lawrence partir (comme au début de Dragon déchu), et finira ses jours avec la femme de sa vie. Cute, isn’t it ? [Fin SPOIL].

…à rapprocher de :

– Le réalisme dans la colonisation, Le Tigre pense notamment à A Second Chance at Eden du même auteur.

– Hamilton, c’est surtout sa saga L’Aube de la nuit, La Saga du Commowealth (qui commence par L’étoile de Pandore ou La Trilogie du Vide. Voire La Grande Route du Nord (tome 1 et tome 2 sur le blog), un poil décevante dans l’ensemble.

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Harry Shapiro - Waiting for the manVO : Waiting for the Man: the story of drugs and popular music. Titre ambitieux, gros pavé, voilà un essai édifiant et qui ne semble jamais être hors d’actualité. Bien écrit, prenant, le lecteur même néophyte musical sera comblé. Le Tigre n’écoute plus ses classiques de rock de la même façon maintenant.

De quoi parle Waiting for the man, et comment ?

C’est quoi ce titre ? Waiting for the man, c’est une célèbre chanson des Velvet Underground (sortie en 1967). The Man en question, c’est le dealer que le chanteur attend à Harlem pour qu’il lui vende sa dose d’héroïne à 26 $. Déjà cher à l’époque.

Harry Shapiro, c’est une bonne demi-douzaine d’essais sur les drogues et la musique. Quelqu’un qui s’y connaît, un essayiste anglo-saxon (britannique pour être précis) donc ne vous attendez pas à avoir une interview de Johnny Hallyday (il y aurait sans doute de quoi pondre une encyclopédie). Ça n’empêche pas que le lecteur francophone en a pour son argent, car l’auteur traite de groupes et genres musicaux bien connus, il n’y a presque aucun dépaysement.

A la différence de ce que Le Tigre peut lire chez l’éditeur Camion Noir, ici aucune image pour étayer les dires de l’auteur. Plus de 500 pages brutes, descriptions et analyses d’une finesse assez fascinante : quels sont les liens entre musique et drogues ? Qui appelle qui ? L’essai se décompose en trois parties, de type chronologique, avec les petits « plus » chimiques que chaque type d’artistes musicaux utilisera, et leurs résultats toujours cocasses (des anecdotes savoureuses), souvent tragiques.

Ce que souhaite souligner Harry Shapiro, c’est l’intime connexion entre drogue et musique. Le chanteur d’Aerosmith (ou un autre groupe dans le même genre) qui n’entend dans un de ses albums que le résultat du LSD, la trance psychédélique qui ne deviendrait que réellement « écoutable » sous ecstasy, la techno mixée par des DJ sous amphèt’, et derrière tout ça les hommes politiques qui ont quelques wagons de retard et dont les réactions sont plus inadaptées que jamais.

Bref, n’ayez pas peur de sa taille, ce n’est pas si long si on considère l’aération générale de l’essai : nombreux chapitres et notes de fin de chapitre, dialogues qui se lisent comme autant d’articles à sensation, ça passe bien vite.

Ce que Le Tigre a retenu

Les premiers musiciens bien accrocs, ce sont quand même les jazzmen blacks des années 30 et d’après-guerre (Ray Charles notamment) qui carburaient avec des drogues jugées propres à leur groupe ethnique : marijuana, opium et surtout héroïne, plus tard certains useront et abuseront du crack, bien plus dangereux. Vint ensuite le rock, et les membres de groupes illustres au comportement suicidaires. Elton John qui se faisait un rail de coke toutes les demies heures, Sid Vicious ou Kurt Kobain qui terminent pitoyablement leurs carrières, etc. Sans oublier le reggae et la ganja bien sûr. Enfin les nightclub et la danse music, avec ses drogues de synthèse qui permettent de danser des heures à plus de 120 bpm.

Ce qui a en outre marqué Le Tigre, ce sont les citations à chaque début de chapitre. Y’a du très très bon. Florilèges, avec leurs auteurs respectifs :

Le crack, c’est le génocide des noirs (Oscar Jackson). Quand j’étais pas défoncé, j’étais devant une cours de justice…T’essaies 25 fois de dire : « coupable votre honneur » à Marlborough Street et de garder un air sérieux…C’était un jeu, rien à voir avec la justice ou la loi. (Keith Richards). Citez-moi un groupe de rock qui n’a pas dans son répertoire des hymnes au LSD ou à la marijuana. (Timothy Leary). Il nous faut faire une fois de plus de la joie un crime contre l’État. (Barney Hoskyns, éditeur et chroniqueur musical). Older a pas mal été enregistré sous cannabis. Je ne buvais pas : j’étais trop défoncé. (Georges Michael). Ils peuvent te le sortir du corps, mais ils ne peuvent pas te le sortir de la tête. (Charlie Parker, sur l’héroïne).

…à rapprocher de :

– Une drogue en particulier, c’est la méthamphétamine, traitée dans un autre essai made in Camion Noir : Accroc au speed, de Mick Farren.

Enfin, si votre librairie est fermée, vous pouvez le trouver sur Amazon ici. Ou via le site de l’éditeur.

Dixon & Nolan - Batman : la revanche de BaneVO : Vengeance of Bane, Bane of the Demon et Countdown. Batman, c’est bien, même quand le super héros n’est pas présent dans l’opus. Ici, honneur à Bane, seul super vilain qui dans l’histoire est parvenu à briser le Bat. Trois histoires qui s’enchaînent bien, et un dessin qui ne les dessert point. Pas mal du tout.

Il était une fois…

Tout, vous saurez tout sur Bane. Sa naissance sous le sceau de l’infamie (voyez-vous, il doit purger la peine de prison à vie de son père décédé), sa tendre (ou pas) jeunesse dans sa jolie prison, son auto-éducation, la provenance de sa force, la recherche de son paternel, la lutte avec et contre la Ligue des ombres de Ra’s al Gul, etc.

Critique de Batman : la revanche de Bane

L’historiographie du Bat est en général très complexe. Pour un ennemi donné, voici une excellente base dans le cadre de l’univers DC Nemesis au sujet d’un méchant qui a réussi là où le Joker a tant échoué. Trois histoires, 160 pages qui se lisent bien vite et laissent un souvenir que je qualifierais d’agréable.

Agréable car ça se laisse lire sans réelles difficultés : nul besoin d’être au courant du personnage principal, tout est raconté efficacement et sans temps morts. Bane qui visite 10 pays pour trouver une mystérieuse congrégation religieuse, c’est une planche à peine ! Le personnage respire la testostérone (le dessin de ses muscles est pire que celui du Bat), et avec quelques scènes assez « sensuelles » le mélange des genres est plutôt réussi.

Sur le dessin, Graham Nolan est une valeur sûre. Contrairement à La Cour des hiboux  (tome 1 et tome 2) ou autre Batman : Harvest breed, les cases sont réparties « classiquement » et sans fioritures. La ligne est claire, le tout bien coloré, et l’aspect comics grandement renforcé par les corps surmusclés des protagonistes. Quant à leurs visages, mâchoires fortes et fermées, c’est mâle comme tout. Petit plus : les corps des femmes (spécialement Talia), superbement esquissés. Rare.

Bref, si vous en avez soupé du Bat tout en souhaitant rester dans son univers, voici de quoi décompresser avec un personnage fascinant dont l’histoire exagérée est plus que réjouissante. Et puis Urban Comics soigne tellement bien ses ouvrages, du carton solide.

Thèmes abordés (du moins selon Le Tigre)

The power of will. La force de la volonté, pour vous faire l’insulte de traduire. Le Bane en question est un sacré personnage dont la vie a plutôt mal démarré. De sa prison à Santa Prisca, notre (anti) héros a été rendu plus fort par ce qui ne l’a pas tué : privations sensorielles, violence omniprésente, cellule envahie chaque nuit par la marée, y’a de quoi rendre un homme sociopathe. C’est ce qui se passe, et Bane allie deux qualités qu’on pourrait imaginer contraires : une force formidable, décuplée par un poison (le fameux Venom), si vous rajoutez un masque de catcheur mexicain c’est assez impressionnant ; et aussi une intelligence hors du commun (polyglotte, amateur d’échecs, fin tacticien) entretenue dans la prison grâce à un large accès à toute la littérature possible et imaginable.

Le briseur de mythes (ce terme m’a été soufflé dans l’introduction du comics). Bane n’est pas un super vilain comme les autres. Oubliez le tas de muscles idiot qu’on aperçoit dans Batman & Robin, le film. Jetez ce film dans les oubliettes de votre mémoire tant qu’à faire. Dès le début, un antagonisme de taille se met en place entre Bane et le Chevalier noir. Déjà on lui parle du Détective, grand justicier qui a Gotham sous sa botte, ville que convoite notre vilain. Ensuite, Talia et son père Ra’s al Gul font parfois montre d’une certaine préférence pour le Bat en tant que compagnon de la jeune femme, ce qui ne manque pas de provoquer la jalousie et la fureur de monsieur muscles. Dans la minisérie enfin, ledit personnage rappelle comment il a enfin brisé l’homme chauve souris, avec l’image bien connue du héros cassé en deux sur le genou de Bane. A noter les hallucinations de ce-dernier, comme par hasard des chauve-souris qui l’attaquent.

…à rapprocher de :

The Dark Knight rises, de Nolan (le réalisateur, pas le dessinateur) rend assez compte fidèlement du personnage.

– Nous retrouvons le vilain qui met en place son plan dans le premier tome de Knightfall.

– Bane, c’est bien. Joker (d’Azzarello), c’est mieux.

– Bane, c’est bien. La Splendeur du Pingouin (Hurwitz et Aaron), c’est pas mieux.

Enfin, si vous n’avez pas de « librairie à BD » à proximité, vous pouvez trouver ce comics en ligne ici.

Les Sutras du TigreComment fait-il pour lire autant de livres ? Est-ce qu’au moins il les a lus ? Mais bien sur, cher lecteur, que je me suis coltiné des milliers de bouquins ! Les raisons de cette passion sont légion, seule compte dans cet article un des aspects ayant rendu toutes ses lectures possibles.

Quoi ?

Soyons un peu sérieux avec les termes employés. Pour une fois.

Lecture. Littérature en fait. Lire un article sur son mobile, un journal (ou pire, un journal gratuit), ce n’est pas de la lecture au sens de ce post. Niet, Le Tigre évoque la littérature, avec un bouquin (ou une tablette, je ne suis pas encore tout à fait réac’) qui nécessite une certaine activité intellectuelle. Une revue littéraire, politique ou autre passerait à la rigueur, style NRF, Le Banquet, Pensées ou encore La Revue des deux Mondes.

Transports en commun. Let’s put some boudaries. Un avion ou un TGV n’entrent pas dans cette catégorie. Le TeC est à mon sens un moyen utilisé couramment, idéalement le trajet maison-boulot. Y’a du monde, vous n’êtes pas forcément assis et souvent l’envie d’être arrivé à bon port se fait de plus en plus pressante. Vous avez des tickets, une carte, et surtout vous connaissez le chemin. Car un voyage « découverte » ne sied guère à potasser un roman. Les stimuli extérieurs auxquels vous n’êtes pas familier entameront sérieusement votre concentration.

Pourquoi sortir le bouquin dans les métros/bus/etc. ?

Pourquoi parler de la lecture dans de telles conditions ? Parce que ce n’est pas forcément évident de lire dans un tram bondé : on reconnaît les vrais amoureux littéraires lorsque ceux-ci, bravant les épreuves de la compression humaine, réussissent néanmoins à extraire de leurs sacs un ouvrage et en lire au moins deux pages. Si Le Tigre avait de la place, il applaudirait. Quelqu’un de sa race, c’est toujours plaisant à observer. Même lorsque le titre est merdique.

Quel est l’intérêt de lire dans les TeC ? Parce qu’avec la grasse matinée imméritée, les transports représentent la plus grosse perte de temps que le citadin doit subir. Quand je m’y suis vraiment mis, j’avais deux heures trente de trajet quotidiennes. En m’appliquant et à un rythme d’une page toutes les trente secondes, je suis arrivé à près de 250 pages par jour. Rajoutez le petit bonus avant de faire dodo, il fut un temps où je lisais cinq livres par semaine en moyenne. Sur trois ans, hop 1.000 ouvrages ! True story.

En outre, lire semble être un des moyens des plus efficaces pour faire la coupure avec le travail : si vous lisez énormément au cours de votre activité professionnelle, se taper une lecture différente « exorcisera » la douleur de poser ses yeux sur un bilan ou un énième article de doctrine juridique. Sans compter les domaines où l’œuvre voudra bien vous transporter, et souvent on se surprend à trouver que le trajet est bien court.

D’ailleurs, combien de fois est-il arrivé au Tigre de rater sa station à cause d’un roman un peu trop prenant ? N’ayez pas honte, au contraire ! Comme choisir un chemin plus long, toutefois plus confortable : préférez en général le vrai transport sur rail aux bus ou trams, ces derniers ayant la fâcheuse habitude de tourner à plus de 30°. Si en plus vous êtes au taquet sur votre arrêt…

Comment lire dans les transports en commun ?

Un de mes professeurs de prépa, lors de notre première journée, nous a dit clairement : « si vous avez plus de 45 minutes de transport, ce n’est pas la peine de revenir demain. Vous ne tiendrez pas ». Le Tigre a tenu une heure (donc deux heures par jour) à ce rythme, et ce grâce à la littérature.

Pour cela, il convient de se préparer. Ne pas aller au turbin comme un vulgaire touriste, mais en tant que lecteur tout-terrain que rien ne viendra troubler. Quels sont donc les attributs de ce surhomme devant lequel même Nietzsche s’inclinerait ?

Tout d’abord, Le Tigre passe rapidement sur l’ouvrage : la longueur importe peu, toutefois le chapitrage se doit d’être assez court : pas plus de quinze-vingt pages par chapitre, sinon ça devient retors. Pour votre décompte, sachez que le lecteur moyen met deux fois plus de temps à lire dans une langue étrangère que sa propre langue maternelle. Le livre dans un sac plastique, avec un marque page, le tout prêt à être dégainé au moindre temps mort, voilà l’arme ultime.

Ensuite, se débarrasser des parasites sonores en tout genre. Pour cela, portez des écouteurs, et si vous écoutez de la musique, ne dépassez pas 12 dB. Un mp3 de bruits de plage est tout particulièrement conseillé. Pas le podcast de Gerra, non non non. L’air de rien, deux petits trucs dans vos oreilles arrêteront le gros du bruit aux alentours. De surcroît, vous annoncez aux gens présents que vous ne souhaitez pas être dérangés. Un livre + des écouteurs, même le contrôleur s’excusera. Joie. Bien sûr il y aura le dragueur du dimanche

Enfin, la motivation. Je ne vous demande pas de faire comme moi, à savoir posséder un fichier excel qui ressemble à un autoritaire agenda des trucs à lire avant un certain délai. Trop stressant d’être en retard au final. Et puis c’est le meilleur moyen d’abandonner trop vite. Mettez juste ce qu’il faut comme pression pour dévorer votre titre, et le TeC peut vous aider. C’est parti pour les petits défis : je vais finir ce chapitre avant telle station. J’attendrai telle page à mon arrivée. Je ne fermerai pas le bouquin tant que cette mamie aspergée de Patchouli est assise devant moi.

Conclusion en commun

Il faut avant tout se faire plaisir. Lorsque lire devient pour vous une obligation, ce n’est jamais bon signe. Alors on peut décompresser, regarder le paysage lorsque c’est possible, piquer un petit roupillon, le roman ne vous sautera pas à la gorge.

A ce titre, l’objet peut être à votre sommeil ce que la cuillère est à Salvador Dali : celui-ci avait l’habitude d’en tenir une au-dessus d’une assiette. Dès qu’il s’endort, la cuillère tombe sur une assiette et fait du bruit. Le livre que vous tenez produira aussi un son en tombant, signe qu’il vaut mieux reprendre la lecture. Votre micro-sieste a fonctionné.

Sinon, il y a la question de lire en marchant. Là, c’est la crème de la crème qui se manifeste. Surtout quand il pleut. Pour ce périlleux exercice, un post sera spécialement dédié.

Maurice G. Dantec - Babylon BabiesTroisième roman de Dantec, qui se lâche enfin. Cyberpunk mâtiné de guérillas apocalyptiques, le tout baignant dans une sauce de philosophie (politique, religion, sciences) un peu foutoir. Réjouissant et complexe, on aime ou on déteste. Celui-ci, Le Tigre a adoré.

Il était une fois

Terre, 2013 (sic). Hugo Toorop (héros de La Sirène rouge) a une nouvelle mission : escorter Marie Zorn, jeune femme, de la Sibérie jusqu’en Amérique du Nord. Tout ça pour une secte. Or Marie est enceinte de jumelles génétiquement modifiées. Ce qui la rend tout particulièrement spéciale, c’est que ses enfants sont censés représenter le prochain stade de l’évolution de l’Humanité, où génétique et savoir inné ne font qu’un. Tout le monde semble vouloir accéder à la jeune femme, et le corps de Toorop peut-il rester indifférent à tant de puissance émanant de Marie ?

Critique de Babylon Babies

Avis à la population ! Tous ceux qui pensent qu’après avoir vu le navet film Babylon A.D., tout serait dit et nul besoin de lire le roman à l’origine de cette œuvre, permettez au Tigre de ne pas être d’accord. Plus de 700 pages aussi denses, ça ne peut être cinématographié. Et lorsque cela a été tenté, Katastrofe

Pas facile sinon de faire une critique d’une telle œuvre, car celle-ci se situe entre les polars encore un peu compréhensibles (Les Racines du mal) et les opus abscons philosophico-scientifiques qui partent dans tous les sens (Grande Jonction,…), tout en se rapprochant de ces derniers. Tout ce que je peux dire, c’est que c’est sûrement le meilleur Dantec à lire.

L’intrigue est plus complexe qu’il n’y paraît, et se révèle énorme en plus d’être ambitieuse. Sur fond de guerres généralisées où factions et États en déliquescence luttent de partout, un ancien mercenaire doit transporter une jeune femme. Cette dernière personne ne représente rien de moins qu’une étape de grande ampleur dans le transhumanisme, et tous la veulent comme cobaye. Ce roman est important dans la mesure où c’est un peu le socle des oeuvres cyberpunk de Dantec qui vont suivre.

Babylon Babies est certes loin d’être parfait : déjà la taille de l’ouvrage, qui pourrait en rebuter plus d’un. Ensuite le style, ça part dans tous les coins avec des phrases interminables. De temps à autre, l’humour ou la poésie pointent le bout de leur nez. Le verbalisme peut avoir du bon, lire des pages dont on ne se souviendra de rien laisse une impression de légèreté plutôt paradoxale.

Bref, livre osé et exigeant, certains pourraient toutefois estimer (à juste titre, je ne sais pas) que l’auteur se fout de notre gueule avec ses principes fumeux. Je n’ai pas eu cette impression.

Thèmes abordés (du moins selon Le Tigre)

Le thème central me paraît être ce que représente la fille, une sorte de mutant qui va faire sortir l’Humanité de ses gonds (si ça parle comme expression). Dantec s’appuie sur la théorie de l’ADN « mémoire », à savoir que certains brins de cette molécule renferment potentiellement tout le savoir humain. La matière noire appliquée à l’individu en quelque sorte. Si on parvient à activer ces propriétés, nous arrivons à avoir « l’homo neuromatrix », l’Homme glorieux dont l’esprit est branché sur la connaissance. Séduisant, toutefois il ne faut pas trop s’attarder sur les fondements scientifiques de l’intrigue (le charme peut vite disparaître).

Le style Dantec. Les nombreux délires (il n’y a pas d’autres termes) de l’écrivain peuvent insupporter. Pour ma part c’était sympathique, disons que Le Tigre s’est laissé porté sans faire attention aux incohérences ou autres petites erreurs du texte. Dantec a de l’imagination, trop sans doute, et c’est plus fort que lui il digresse à profusion. Comme il le raconte dans un de ses essais, imaginez l’auteur qui se fait un cocktail de vitamines le soir et écrit, seul face à son ordinateur, jusqu’au petit matin avant d’accompagner ses gamins à l’école. Et bah le gars, il va coucher sur papier ce qui lui passe par la tête. La relecture, quelle relecture ?

…à rapprocher de :

– La suite directe de Babylon Babies est sortie en 2012 : Satellite Sisters. Très mauvais hélas, à éviter.

– D’autres titres sont bien pires (ou meilleur, c’est selon) : Grande Jonction, Cosmos Incorporated,…

– Dantec a produit une autre saga qui a plus d’envergure : Liber Mundi : Villa Vortex, Metacotex, et un dernier dont j’ai oublié le nom.

– Si vous accrochez un peu plus sur l’aspect « philo » du personnage, il y a ses LCG (Laboratoires de catastrophe générale) qui sont fort denses.

– Sinon, il reste le très court Comme le fantôme d’un jazzman dans la station Mir en déroute. Texte court, titre long. Et inversement, au moins c’est clair.

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Guy Jacquemelle - Le Grand oral de l'ENALe Tigre croque tout ce qui bouge (du moins tout ce qu’on lui offre), et les essais sur des sujets plus que franco-français ne l’effraient pas. Lu avec avidité, pour un résultat qui atteint des sommets de frustration. On n’est vraiment pas loin du foutage de gueule généralisé.

De quoi parle Le Grand oral de l’ENA, et comment ?

Le bon Guy a eu l’ingénieuse (quoi, réchauffée aussi ? Certes) idée d’interviewer quelques sommités qui sont passées par l’ENA et ont bien voulu raconter comment leur Grand oral s’est passé. Le Grand O, c’est un peu l’épreuve maîtresse de la glorieuse école nationale d’administration : passage final, l’impétrant donne tout ce qu’il a devant un austère jury qui bombarde de questions culturelles en tout genre. La sélection à la française, en fait.

Dans cet essai, Mister Jacquemelle a eu l’opportunité d’interroger pas mal d’anciens de l’école. Et y’a de l’éclectique : des ministres, un Président (François H.), des conseillers (Jacques Attali), des écrivains (Marc Lambron) ou artistes (Babeth Huppert), des hommes d’affaire (Minc encore, Nicolas Bazire, Michel Bon), des journalistes (Colombani) et tant d’autres. A ce titre Le Tigre a découvert, avec plaisir, qu’Huppert ou Lambron étaient énarques. Waow….

Et tous y vont de leurs souvenirs, de leurs petits ressentis. Comment est vécu le Grand O ? Quelle pression incommensurable peut peser sur les épaules de nos jeunes prodiges ? Hélas, cet ouvrage ne semble qu’offrir des anecdotes sans réelles saveurs, avec rien de nouveau à se mettre sous la dent. Je me demande encore quelle est la valeur ajoutée d’un tel truc, à part faire mousser ses petits copains.

Sinon, pourquoi Le Tigre va méticuleusement descendre ce roman ? Deux raisons. Premièrement, j’ai acheté cette chose lorsque je caressais l’idée de tenter le concours de cette glorieuse école. Mettant la charrue avant les bœufs, il est naturel de souhaiter en savoir plus sur le feu d’artifice dudit concours. Et là, déception totale, rien qui ne permette d’apprendre du concret sur le GO. Que du personnel, aucune théorisation ni conseils au lecteur.

Deuxièmement, ces interviews m’ont tout simplement paru insupportables. Ça fleure mauvais la connivence, l’auto-satisfaction et le nombrilisme de quelques « intellectuels » qui se ressassent des souvenirs comme une vieille truie ressasse le jour où elle a gagné au bingo. Le Tigre est mécontent (pas parce qu’Il n’a jamais intégré l’ENA), injuste peut-être, mais pour une vingtaine d’euros c’est de l’arnaque. Period.

Ce que Le Tigre a retenu

La légende de cette épreuve. Tous connaissent quelques bons mots issus de cet oral, et sur les plus fameux les protagonistes ne confirmeront ni n’infirmeront ! Scandââle… Quelle est la profondeur du Danube ? – Cela dépend, dans quelle ville ? Quelle est la différence entre un mari et un amant ? – C’est la nuit et le jour. Qu’est-ce que l’amour ? Une frontière entre la Chine et la Russie. Voilà pour ce que Le Tigre connaît, en terme de réparties on a fait mieux depuis.

Un oral de culture G qui ne tient à pas grand chose. Le Tigre ne va pas vous bourdieuser le mou, mais il faut convenir que passer cet oral, c’est un peu jouer à la roulette russe. Un tel qui tombe sur un sujet de physique qu’il maîtrise parfaitement (et en profite pour en parler pendant 20 minutes), un autre qui voit son jury dormir, Attali qui dit tomber sur des incultes, mince alors quand on voit le coef de l’épreuve ! Vite, des QCM ! Ça ne concerne pas que l’ENA cette remarque, pour toute grande école de commerce (ou Sciences-Po, et encore…) on teste surtout le « niveau social » de l’admissible, mais aussi l’intelligence brute, « au déboté » de l’individu. Mauvais feeling, et c’est terminé.

Au final, ce livre ressemble surtout à un vilain livre d’or. Énumération de souvenirs « d’anciens » qui encore semblent se gargariser d’être entrés à l’École. École avec grand E (comme on dit Église avec un grand E), Oral avec grand O, pas vraiment de quoi pavoiser pourtant. Car l’ENA doit faire des administrateurs avant tout, des gens de synthèse qui réfléchissent vite et bien dans un cadre donné. Bref, pas de créatifs (y’a qu’à voir Marc Lambron, pourtant écrivain). Hélas beaucoup d’énarques apprécient la politique ,et ce sont ces mêmes qui depuis 30 ans ont contribué à pourrir le pays (et une partie de l’UE, ce qui est plus grave). Opinion très personnelle du Tigre certes, mais tant qu’à prendre un bouc émissaire il faut reconnaître des indices très concordants.

…à rapprocher de :

– Euh…

– Sur la médiocrité française, je ne vois que la très improbable biographie de Lamotte à lire, juste pour décompresser.

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VO : The Nightrunners. Lansdale, que Le Tigre adore, publié chez Milady. Normal pour une intrigue très différente de ce à quoi (c’est français ça ?) on nous a habitué. Démon, terreur, hémoglobines, petit aperçu, certes décevant, de l’enfer. A éviter pour continuer à aimer cet auteur.

Il était une fois…

Becky et Monty sont dans une passe plus que délicate. La femme s’est récemment fait violer, et a extrêmement de mal à oublier ce qu’il s’est passé. Montgomery, rongé par le remords puisqu’il était en déplacement à ce moment. Bien que le violeur, arrêté, se soit pendu en prison, Becky ressent une présence maléfique autour de cette histoire. En effet, un démon semble avoir possédé l’auteur du viol, et a pris ses nouveaux quartiers chez l’ami de ce-dernier, qui va naturellement se mettre en chasse pour finir le travail.

Critique des Enfants du rasoir

Allez, commençons par un premier coup de gueule à l’attention de l’éditeur. Le Tigre lit, dans le quatrième de couv’, que la femme aurait été violée sous l’œil impuissant de son époux. Que nenni ! Le boulet n’était tout simplement pas là. Bon, c’est sûr que le Monty (le mari) s’en veut à mort, et toute sa philosophie pacifiste (objecteur de conscience,…) lui remonte violemment à la gueule.

Sinon, Lansdale est en principe publié chez Folio Policier. Milady, c’est peut-être parce que Les Enfants du rasoir (référence au rasoir, dans l’enfer, sur lequel les gosses s’assiéraient) a été écrit en 1987. Découverte et traduction tardive, disons que les décennies de vieillesse de l’ouvrage se remarquent.

En effet, rien de très Lansdale dans l’intrigue. Une bande de dingues (dont un est possédé) parcourt le Mississippi à fond les ballons (dans une cabriolet noire) à la recherche d’une femme à occire. En sus de la poursuite, nous aurons un aperçu sur la jeunesse des protagonistes : le jeune couple, comment ils se sont rencontrés ; Bryan et Clyde, les deux jeunes méchants dans quelques turbulentes années de lycée.

L’histoire, invraisemblable et excessive, ne m’a pas transporté. Très sombre, mais ce démon qui exploite deux jeunes en tuant tout sur sa route (le passage de la voiture émaillé de nombreux mystérieux décès), c’est too much. Pour un film de série Z dans la lignée d’un Duel de Spielberg, à la rigueur, mais au XXIème ça semble moins faire recette. Quant aux références au surhomme de Nietzsche, très peu pour moi dans le cadre d’un tel bouquin.

Le style, pataud par moment, est définitivement jeune et les péripéties sentent le réchauffé. Les meilleurs moments étant hélas selon moi les souvenirs des héros (et méchants). Heureusement, ces 300 pages jouissent d’une typographie assez grosse et de nombreux chapitres (en plus de trois grandes parties). Bon petit polar concernant le psyché des personnages (on perçoit ce que deviendra Lansdale), hélas rien qui ne donnera le frisson.

Thèmes abordés (du moins selon Le Tigre)

Le traumatisme du viol. La pauvre Becky a subi un acte immonde, Lansdale traite le sujet plutôt bien : d’une part la manière de réapprendre à vivre, surmonter l’épreuve tout en sachant que celle-ci ne sera jamais oubliée, tenter d’avoir une vie intime un tant soit peu normale. D’autre part, en renvoi de l’aspect « fantastique » et terrifiant du roman, Becky a des visions peu heureuses sur ce qui s’est passé et ce qui adviendrait. Traumatisme donnant lieu à des cauchemars, crises de paniques et hallucinations si réelles, le viol prend ici une  mesure extrêmement sombre et dramatique.

La terreur à la Stephen King. Une voiture qui avale la route tel un monstre de l’enfer, un démon qui fait n’importe quel gamin un peu malsain un dangereux schizophrène, des souvenirs de jeunesse qui fleurent la nostalgie du bon vieux temps (à base de sombres épreuves et de soutien mutuel), c’est fou comme ce roman tente de faire du King. Ou du Bachman (pour rendre hommage à l’auteur dans sa prime jeunesse). Hélas, n’est pas Stephen K. qui veut.

…à rapprocher de :

 – Les autres Lansdale sont fort différents, donc je ne ferai pas de liens vers les meilleurs bouquins de l’auteur. Vous pourrez les trouver sur ce site. Ce n’est pas toujours excellent, par exemple Tsunami mexicain, en-deçà des autres.

– En BD, il y a L’esprit de Warren. Plus ennuyeux encore, avec des réincarnations en veux-tu en-voilà.

– Au final, ça fait un peu Maxime Chattam, cette histoire de vilain démon. Avec le sang en plus.

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Guy Delisle - ShenzhenEmbarquons pour la Chine, pour trois mois, avec un auteur simple et drôle. L’évolution d’une ville qui se développe à toute vitesse, le travail avec des collègues chinois, la recherche de nourriture dans un endroit où aucune indication n’est présente, Delisle a sorti un ouvrage fin, non condescendant et terriblement réel.

Il était une fois…

Guy Delisle, dessinateur de talent, est envoyé trois mois à Shenzhen (Chine), et ce afin de superviser un studio de dessin animé. En plus de son travail, le Québécois en profitera pour rendre compte, en dessins, de son séjour dans l’Empire du Milieu.

Critique de Shenzhen

Encore un petit plaisir signé Delisle, qui décidément acquiert ses galons de valeur sûre de la BD francophone. Un tiers plus long que Pyongyang (voyage au pays des Kim) mais plus contemplatif, voire plus posé sur le déroulement du séjour de l’auteur.

L’auteur passe trois mois en Chine, et a de la veine puisqu’il est allé dans une ville dynamique en pleine expansion économique. Shenzhen, c’est d’abord une ZES, sorte de zone franche où les zones industrielles sont proches d’un des premiers ports du pays. Bref, Guy D., aux premières loges et immergé dans la ville, avait de la matière à raconter.

Le résultat est sublime, surtout si comme Le Tigre il vous est arrivé d’aller dans ces contrées. Tout ce que dit le dessinateur est réaliste (sinon vrai), faits bruts comme les impressions. Et ce jamais en se moquant ou en regardant de haut les gens du cru (qui le rendent plus d’une fois fou).

Les expériences (mal)heureuses rencontrées, l’auteur prend le parti d’en rire et surtout de faire rire le lecteur, et il m’est arrivé plus d’une fois de ricaner bêtement. Par exemple quand l’auteur explique, après quelques semaines de régime chinois, l’apparence et l’insoutenable odeur de ses selles. Très idiot certes, mais on ressent tellement mieux le vécu en se marrant.

Pour conclure, le dessin : un peu brouillon, mais comme par un fait exprès ! Le graphisme, fort simple, rend parfaitement au final ce que nous voyons dans de telles villes : la multitude qui se mélange, les câbles, bâtiments qui poussent dans tous les coins et donne un air de chantier permanent à la ville, et donc au tracé de Delisle.

Bref, un vrai guide de culture de civilisation chinoise.

Thèmes abordés (du moins selon Le Tigre)

La Chine, qui va vite, très très vite. Trois mois seulement de séjour pour Delisle, le peu qu’il a pu observer laisse songeur sur le rattrapage économique de l’Empire. Déjà, le pays ne semble jamais dormir. Un peu comme l’Inde, comme si le pays entier fonctionnait en trois huit. Le résultat, par exemple, c’est Delisle qui observe les buildings en construction qui gagnent presque quatre étages par semaine. Si vous rajoutez les échafaudages en bois de bambou, il y a de quoi être impressionné.

Les différences culturelles. Ce titre, Le Tigre l’a dit, est un peu un guide culturel de la Chine. Comment commander à manger, dire bonjour, au revoir, être invité chez un Chinois (expérience édifiante, regarder la TV en silence ne doit pas déconcerter), utiliser les toilettes, le train, faire la queue « à la chinoise » (c’est-à-dire en mode « struggle for life »),… Mais surtout, le domaine professionnel : comprendre qu’expliquer quelque chose à un employé, puis le demander s’il a compris, celui-ci vous dira toujours oui. Et fera tout de travers, mais avec le sourire. Comme dans tout pays asiatique, le but reste de ne pas perdre la face, et encore moins faire perdre la face à son interlocuteur.

…à rapprocher de :

– Parmi les voyages de Delisle, recensons ensemble Pyongyang, Chroniques birmanes et Chroniques de Jérusalem.

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Michel Sapanet - Chroniques d'un médecin légisteLes lectures du Tigre, toujours aussi éclectiques, tendent naturellement vers le glauque et le sang. Alors l’essai de Sapanet sur son métier de légiste, c’est du pain béni. Écriture aisée, phrasé humain et compréhensible, ces chroniques se lisent très vite et avec plaisir.

De quoi parle Chroniques d’un médecin légiste, et comment ?

Michel Sapanet, qui es-tu ? Lorsqu’il a écrit cet essai, Michel (j’aime bien ce prénom) avait plus de 20 ans de métier dans la médecine légale. Directeur de l’institut ML du CHU de Poitiers (tout se passe pas loin de cette ville, c’est assez agréable), expert judiciaire, maître de conf’, bref le monsieur a une certaine légitimité à écrire un tel livre.

Cet essai, ce sont donc quelques anecdotes d’un travail exigeant et passionnant : ses « clients » ne se plaignent certes pas, mais l’activité du légiste est primordiale, il en va de la bonne marche de la société en général. Trouver des indices, confondre un meurtrier présumé, avoir quelque chose à dire à la famille, les possibilités de la médecine légale sont énormes.

L’exercice du métier est, toutefois, bien prosaïque et loin des fantasmes véhiculés par les médias (séries TV spécialement). C’est plus cru et souvent fait à base de « morceaux » d’êtres humains, avec des procédures très strictes à suivre, et Sapanet ne nous épargne très peu de détails. Certains passages peuvent être durs à lire pour des yeux un peu sensibles, le matériel principal est loin d’être sexy.

Heureusement que l’auteur écrit bien, et parvient à nous faire dévorer très vite son ouvrage avec une bonne dose d’humour (pince-sans-rire parfois) comme pour décompresser. C’est d’autant plus facile qu’au-delà ces chroniques, il y a des références culturelles (cinéma, musique) et quelques aventures (plongée, spéléo,…). A lire sans hésitations.

Ce que Le Tigre a retenu

34 chapitres, au moins 30 cas différents au moins. Pas évident de choisir. Néanmoins :

Chap.9 (L’X de Bressuire) : corps retrouvé, c’est parti pour l’analyse ! Un peu le b.a.ba du métier, avec tous les détails sordides et mystères à découvrir. Quelles sont ces deux boules métalliques qui apparaissent sur la radio, comment extraire la balle, etc. ? En plus de ce travail, Sapanet assistera à la reconstitution, sous le regard de la famille de la victime.

Chap.21 (Carambolage) : à la suite d’un accident monstre (en 2005 il me semble) sur l’A10, notre héros est envoyé au turbin. Découpage des tôles pour extraire les corps ; pressions du proc’ parce qu’il y a un inspecteur d’académie dans le lot (énorme, alors que ce genre d’individus ne semble servir à rien !) ; organisation et logistique entre policiers, pompiers et services autoroutiers, bref une aventure humaine et technique de grande ampleur.

Chap.24 (L’enfant secoué) : histoire difficile, analyser un enfant en bas âge n’est jamais chose évidente. Le père est-il responsable de la mort en ayant secoué son bébé ou ce dernier est-il décédé pour une autre raison ? Quand le métier de légiste conditionne l’avenir d’un homme…

Et un dernier pour la route. Chap.31 (un drôle de bonhomme) :  une personne souhaite se faire examiner pour obtenir du tribunal son changement de sexe. Notre médecin s’y colle, et procède aux vérifications d’usage. Deux ans après, Dominique est enfin considéré comme un homme. Tout ça pour dire que « médecine légale » ne veut pas forcément dire autopsies, et la loi donne au médecin de quoi également travailler sur le vivant. Autre exemple, un chapitre traite de l’arnaque à l’assurance, et le médecin est souvent tenu de vérifier les affections d’un assuré qui peut avoir beaucoup d’imagination.

…à rapprocher de :

Dexter, bien sûr, sur les techniques d’un légiste. Bouquins ou série, à vous de voir.

Les Orpailleurs, de Thierry Jonquet, fait également la part belle à l’autopsie.

– Michel S. est un peu à la médecine légale ce que Martine Monteil à la police : un acteur doué qui parle bien de son métier. L’humour en plus.

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Andreas - Rork l’intégrale, Tome 1Retour aux sources, enfin Rork s’offre une intégrale ! Le Tigre avait découvert quelques traces ici et là du héros, le voir évoluer sur plus de 200 pages permet de mesurer le génie d’Andreas. Magie, suspense, intelligence, mais surtout imposantes fresques qui font de cet album un quasi objet d’art.

Il était une fois…

Longiligne, chevelure dense et blanche, Rork est l’enquêteur du bizarre. Magicien dont l’origine et l’éducation sont exceptionnelles, notre héros va faire face à des évènements magiques, paranormaux qui ne seront pas sans dangers.

Critique de la première intégrale de Rork

Dans cette première intégrale, nous retrouvons en guise d’introduction quelques pages écrites sur les thèmes, influences et dessins du génial auteur allemand (de naissance au moins). Et le pavé commence par le tome 0 (Les Fantômes), suivi des trois premiers albums de la série, en plus de quelques planches supplémentaires.

Le (léger) problème avec Andreas, c’est que quand je tombais dessus enfant, ça me paraissait partir dans tous les sens et sans réelle logique. C’est un peu ce qu’avoue l’auteur, dans la mesure où ses premières histoires (1978) ont été conçues comme autant de one-shots, et c’est seulement après que tout a été lié. Et plutôt bien au demeurant.

Venons-en au fond du tome : les histoires racontées par Andreas, ce sont plus que des aventures, c’est une odyssée. Naissance, apprentissage de Rork, poursuite d’un ennemi qui vient des étoiles (la « tâche »), découverte d’un cimetière de cathédrales en pleine Amazonie, et j’en oublie. C’est grandiose, toujours bien trouvé et tellement à contre-courant de ce qu’on peut voir d’habitude (surtout dans le journal de Tintin !).

Y’a un peu de Blake & Mortimer dans le mystère et le paranormal, avec plus de magie ; du Lovecraft (voire K. Dick) dans les « glissements » de réalité ; du Moebius dans la quête personnelle (très ésotérique) de Rork et lorsque les éléments de compréhension n’arrivent pas vraiment dans l’ordre. Peu importe, Andreas permet de créer un univers bien à lui, unique.

Le dessin, aaaah. Bon, à part le premier chapitre en noir et blanc, il n’y a rien à dire sur la gestion des couleurs. Quant au tracé, c’est sur ce point qu’on peut applaudir à deux mains Andreas. Les personnages, certes pas très expressifs, restent « racés » et de caractère. Mais l’environnement, quel boulot d’orfèvre. Des pages entières de bâtiments, paysages, c’est si beau que Le Tigre a décidé d’en faire un thème (cf. partie suivante).

BD qui plairait à l’amateur de belles planches, et le lecteur en recherche de scénarios poussés et novateurs (malgré ses trente ans au compteur).

Thèmes abordés (du moins selon Le Tigre)

La magie à son comble : manipulation du physique, du psychique, rien à voir avec deux magiciens qui se tirent la bourre, plutôt un homme contre les grands ensembles. Un E.T. qui ne ressemble à pas grand chose mais place sous sa coupe des êtres humains, une maison hantée, un doux dingue qui découvre le point faible de la Terre,…mais avant tout l’accès à l’univers parallèle qu’a appris notre héros. Ce passage, on ne l’utilise qu’une fois, après un sombre chaman est censé vous le faire oublier. Et si par mégarde on repasse dans cet univers, le retour en une seule pièce n’est pas assuré. Je vous laisse imaginer ce que va faire Rork.

L’architecture. La spécialité du dessinateur. Des planches entières de bâtiments, des sphères en puzzle détaillées à l’extrême, même les fresques des édifices sont sublimes ! L’art des formes d’un building est à l’honneur, et ce à de nombreuses reprises. Je me souviens de 1/ la maison « hantée » au bord de la mer, au quart détruite et dont les formes torturées étaient magnifiquement rendues. 2/ Le chapitre « le cimetière des cathédrales », avec des planches entières de subtils mélanges entre majesté de la nature et monuments gothiques à côté desquels la cathédrale Notre-Dame mérite à peine la moyenne dans un concours d’entrée à une école d’architecture grolandaise. Le Tigre, pourtant peu expert dans le domaine, a grandement apprécié.

…à rapprocher de :

– Qui dit tome 1 dit tome 2. Joie ! Je l’ai. A lire dans la foulée, sinon on est vite perdu.

– Le félin vous renvoie vers Les Cités obscures, de Schuiter et Peeters (notamment les Murailles de Samaris), autres monuments de BD avec de la belle architecture.

– Assez rare les BD dans ce genre avec un tel impact. Le Tigre, du haut de sa petite expérience, a eu le même genre de révélations avec Phil Hester et son (ses plutôt) Days Missing.

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Maurice G. Dantec - Les racines du malDeuxième polar de Dantec, et ça y est l’auteur imprime sa marque. Pas vraiment un policier, ni un roman de science-fiction, juste un ouvrage dérangeant où se mêlent horreur et réflexions philosophiques et scientifiques appuyées et surtout déjantées. On aime ou on déteste. Pas de nuances.

Il était une fois…

Arthur Darquandier (protagoniste dans La Sirène rouge), est une sorte de profiler. Il est chargé de retrouver Schaltzmann, suspecté d’être un très dangereux tueur en série. Or ce dernier, schizophrène et paranoïaque au possible, n’est pas responsable de tous les morts que la police trouve. Pour aider Arthur, on lui prête la « neuromatrice », ordinateur surpuissant et sur-connecté qui est capable de simuler le profil psychologique de tout individu. En chasse ! Mais qui chasse qui au juste ?

Critique des Racines du mal

Compliqué de résumer un Dantec, plus on avance dans ses œuvres plus Le Tigre va se défiler. Surtout que je ne les ai pas lues hier. Les Racines du mal, c’est un peu le « titre pivot » : Dantec abandonne progressivement le polar (première partie) pour se diriger non pas vers la SF, mais du Dantec. C’est à dire de longues digressions vers du fascinant, ou du n’importe quoi. C’est selon.

Pour cela, l’histoire faite à base de tueurs en série, super-ordinateur capable de reproduire l’esprit humain, psychopathes jouant avec les frontières et évoluant à l’échelle du globe, séjour en Australie,…est intimement mêlée au style Dantec que Le Tigre connaît bien : philosophie politique (l’Homme qui n’est plus libre comme on l’espérait au XVIIIème siècle) ; la physique quantique (recréer l’esprit d’un être humain) ; la géopolitique (pourquoi l’Europe a perdu ses valeurs depuis la guerre en Yougoslavie),…

C’est long parfois, mais quand on fait un effort d’immersion, tout ça peut très bien se passer. Le jeune Tigre qui a lu ce roman a crié au génie, je ne sais s’il en serait de même en ce moment. Certes il y a de nombreuses approximations (l’aspect techno doit avoir sacrément vieilli), mais le phrasé seul de Dantec reste assez fluide. Pour cela, il ne faut pas avoir peur de perdre l’auteur avec ses pensées, il nous revient très vite en général.

Bref, ceci n’est pas un polar, davantage un essai sur le mal, le vrai. Et ce qui peut se passer dans la tête de l’Autre, que ce soit le diable ou l’auteur dont l’imagination et la vision méritent le détour par leur originalité (et radicalité).

Thèmes abordés (du moins selon Le Tigre)

Le tueur en série, Andreas Schaltzmann. Dantec s’est mis à la place de ce pauvre Andreas, c’en est flippant. Comme si l’auteur avait en lui les ressources d’une telle folie. Intenses bouffées délirantes (son pays serait envahi par les nazis et quelques E.T.) ; paranoïaque et d’une violence gore (les descriptions peuvent être assez dures), son parcours constituera le gros de la première partie du bouquin et est édifiant (en plus d’être sanglant et dérangeant). Mais l’ennemi n’est pas vraiment cet être esseulé en proie à la schizophrénie.

Le mal mondialisé. Le vrai ennemi, celui dont l’auteur semble nous faire prendre conscience parce qu’il pourrait se développer à terme, ce sont les très vilains qui vivent avec leur temps : connaissant le manque de moyens des polices et surtout le non partage d’informations (même à un échelon européen), leurs actes sont établis pour n’éveiller l’attention d’aucune autorité. Et pourtant, tout mis bout à bout, c’est terrifiant (du moins c’est ce que Le Tigre croit avoir retenu).

Si en plus on rajoute la « neuromatrice », ordinateur d’une complexité redoutable qui tape la discute avec le héros, je vous laisse imaginer comment ça peut vite partir dans la stratosphère cette histoire. Surtout si on donne des données susceptibles de corrompre notre HAL-9000 version française.

…à rapprocher de :

– Bien plus polar, le premier roman de Dantec, La Sirène rouge. La neuromatrice est au centre du prochain roman de Dantec, Babylon Babies.

– A la rigueur, offrez-vous Comme le fantôme d’un jazzman dans la station Mir en déroute. Ne pas se fier au titre dont la longueur est inversement proportionnelle à celle du roman.

– Dantec a produit une autre saga qui a plus d’envergure : Liber Mundi : Villa Vortex, Metacotex, et un dernier dont j’ai oublié le nom.

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