Preston & Child - Ice LimitVO : The Ice Limit. Preston et son pote Child sont les spécialistes du roman « horreur-tech », ici ce serait plutôt un tech-thriller. Et quelle réussite ! A la recherche d’une météorite au fin fond de la terre de feu. Réaliste, captivant, avec une écriture sèche au service de l’action, un excellent roman pour les aficionados du genre.

Il était une fois…

Une mystérieuse météorite jadis tombée sur terre fait des envieux. Notamment Palmer Lloyd, riche Américain décidé à prendre la chose et l’exhiber comme pièce maîtresse de la collection de son prochain musée. Seulement le gros truc est vraiment énorme et coincé au fin fond de l’antarctique. Le décoincer de la glace et le transporter par bateau semble impossible. C’est pourquoi que notre riche homme fera appel à Enil Glinn, ingénieure à la tête d’une société spécialisée dans les problèmes en apparence insolubles.

Critique d’Ice Limit

Un titre séduisant, et très différend de ce que Preston & Child ont l’habitude de faire. Quelques prouesses technologiques, du fantastique, et un soupçon de tensions géopolitiques. Mélangez le tout et on obtient un thriller d’aventure (si si) qui tient robustement sur ses pattes.

L’intrigue est la suivante : un opulent Américain veut récupérer un objet, quelque chose en l’antarctique (pas loin de la frontière chilienne hélas) mais cela représente une mission très délicate à effectuer. Il fait donc appel à un homme dont l’entreprise peut venir à bout de tous les problèmes. A la recherche d’un gros objet mystérieux, l’ingénieur de talent va braver le feu et la glace.

Trois gros avantages. Un : la technique de récupération du météorite qui m’a laissé un souvenir de réalisme et de rare intelligence (même le non initié appréciera). Deux : la chasse par un navire de guerre chilien et son commandant à moitié fou qui est grandiose en plus de stressante. Trois : le mystère qui grandit autour de la météorite (cf. infra). Quant à la fin du roman, celle-ci laisse profondément rêveur.

500 pages, et pourtant cela passe si vite ! On dirait le scénario d’un film tellement les images deviennent vivantes dans l’esprit du lecteur. Ai adoré, et si Le Tigre ne lâche pas la meilleure note, c’est que les auteurs ont mieux dans leurs bibliographies.

Thèmes abordés (du moins selon Le Tigre)

Le gros œuvre, pour une mission d’exception. A l’instar d’un cabinet d’avocats ultra-spécialisé qui pour un gros client met en place une solution juridique complexe et collant à ses besoins, ce que notre héros Glinn va imaginer est simple et efficace. Déjà, la rencontre entre le magnat et l’ingénieur fera des étincelles (deux esprits forts, rendez-vous compte), et les travaux seront autant d’ordre technique que managérial. Bien sûr rien ne tournera comme sur des roulettes, extraire la très grosse pépite sera d’autant plus dur que celle-ci ne se laissera pas faire.

Le mystère de la météorite. Le Tigre prévient, ce thème sera un SPOILER grandissant. Arrêtez-vous donc avant qu’il ne soit trop tard. Arrivé sur place, il appert vite que n’importe qui touche à l’objet part en fumée. Rien de moins. Quelques morts déjà. Électrifié à outrance, résidu de l’espace ou mode de protection ? En fait l’objet réagit à l’eau, toujours présente sur les doigts des protagonistes. [Vrai SPOIL] Dans les dernières pages, le bateau de nos héros est sévèrement endommagé. Ils décident (non sans pleurs) de larguer le météorite dans l’océan pour survivre. Et là énorme bruit quand la chose atteint l’eau : Glinn dit que celle-ci va éclore. Et oui, ce serait une entité vivante ! Imaginez la suite digne d’un très joli film catastrophe ! [Fin SPOIL]

…à rapprocher de :

– Commencez donc par La Chambre des curiosités, de ces auteurs, ça vaut le coup d’œil. Sinon, la fin de l’ouvrage objet du présent billet me rappelle celle de T-Rex, écrit par Douglas Preston seul – pas mal du tout.

– Autre one shot des deux auteurs : Cauchemar génétique, qui a très mal vieilli.

– Ce Child n’est pas à confondre avec Lee Child, Anglais de son état (personne n’est parfait), et qui fait du boulot correct, par exemple Elle savait.

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Guy Delisle - PyongyangLa Corée du Nord comme Le Tigre ne l’a jamais vue, grand merci à Guy Delisle. BD courte mais dense, paraissant complète, alliant humour et réflexions socio-politiques point du tout pataudes. De la visite d’une école parfaite à la délicate supervision des collègues de travail, en passant par les diners dans le même restaurant, 150 pages qui se dévorent.

Il était une fois…

Guy Delisle, dessinateur canadien francophone, est envoyé deux mois dans la capitale de la Corée du Nord afin de superviser une équipe locale (qui fait le gros des animations). Muni d’un baladeur et de 1984 d’Orwell dans ses bagages, Guy va s’installer à l’hôtel pour touristes et commencer son boulot, entrecoupé de visites « volontaires » de certains monuments de la glorieuse histoire du pays. Fossé culturel, découverte d’une dictature, visites imposées, relation avec les employés ou ses guides, tout sera traité.

Critique de Pyongyang

Allez, c’est parti pour les disclaimers : essai ou roman graphique ? Ça aurait pu être une biographie, sauf que le père Delisle en a pondu plus d’une (Shenzhen, Jérusalem,…) et alors autant écrire dans la Revue des Deux Mondes. Et puis le métier du personnage, c’est quand même illustrateur, alors rendons hommage à ses titres en les catégorisant correctement.

Ensuite, Le Tigre n’est jamais allé (hélas) en République Populaire de Corée, et à vis-à-vis de cet État de très mauvais a-priori : dernier régime stalinien en place, plus occupé par sa propre survie qu’à celle de son peuple, 1 personne sur 10.000 (les cadres du parti) qui vit extrêmement bien, une armée démesurée,…

Bref, j’ai lu cette BD plus de cinq fois, et à chaque fois ce fut le même plaisir. Delisle a du talent, l’immersion du lecteur est quasiment parfaite. Même si pour 150 pages, Le Tigre a été habitué à un peu plus de matière dans d’autres opus de GD. En tout cas, la CdN, c’est un pays hallucinant, et grâce à Pyongyang on apprend énormément (au moins j’ai eu cette impression) en plus de se surprendre à vouloir le visiter.

L’auteur a de surcroît réussi a décrire son quotidien avec un détachement et un humour qui touchent très souvent au but. Mais pas de l’humour de beauf qui ne comprend rien à l’Asie, plutôt des remarques pertinentes et qui dénotent un respect certain pour le peuple nord-coréen. A la fin des deux mois, on sent quand même que l’auteur est bien content de rentrer chez lui.

Sur le dessin, le lecteur habitué à Guy D. ne sera point déçu : noir et blanc, ligne pas trop brouillonne agréable à regarder, mais avant tout justesse et beauté des paysages et bâtiments monumentaux à la gloire des Kim. L’architecture, un domaine où l’auteur a fait de sacrés progrès ! Indispensable comme livre.

Thèmes abordés (du moins selon Le Tigre)

Un pays qui marche sur la tête, c’en est terrifiant. Les exemples sont légion, en vrac : la construction d’une autoroute qui mène à un musée (rien d’autre) ; le palais de l’amitié, avec tous les cadeaux donnés au Juche ; les hôtels en grand nombre mais vides, avec trois restaurants ouverts proposant les mêmes plats (et vides),… Il y a sûrement une logique quelconque sous-jacente, et quelle qu’elle soit ceux au sommet sont soit de grands malades, soit d’un cynisme à toute épreuve.

La relation avec les locaux. Delisle a pu discuter avec les employés de l’entreprise d’illustration, et ses guides. C’est tout, en aucun cas on ne laissera au Québecois converser avec d’autres personnes : déjà il en croise rarement, et puis si même ses collègues ne parlent guère Anglais… Les meilleurs passages sont avec les guides (chargés de sa surveillance), entre situations absurdes et menues frustrations. Car la curiosité occidentale (pas toujours fine) se heurte parfois au prudent silence asiatique qui est en soi une réponse. Hélas Guy semble oublier que leur poser trop de questions (auxquelles ils n’ont pas le droit de répondre) peut leur faire perdre la face, ce qui est extrêmement grave.

…à rapprocher de :

– Delisle a sorti une BD pour chaque grand voyage effectué : Chroniques Birmanes, Chroniques de Jérusalem, Shenzhen. Attention, pas dans l’ordre la liste.

– Il existe un polar, qui se passe dans ce petit pays, et qui rend compte d’une réalité encore plus morose. C’est Un mort à l’hôtel Koryo (ce nom ne vous rappelle rien ?), de Church.

– Comme le dit Orwell, « Les animaux sont égaux entre eux. Certain sont plus égaux que d’autres », in La ferme des animaux.

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Oliver Sacks - L'Homme qui prenait sa femme pour un chapeauVO : The Man Who Mistook His Wife for a Hat. Conseillé par un ami psy, Le Tigre a adoré découvrir ces anecdotes médicales sur le territoire, encore méconnu, du cerveau humain. Anecdotes terrifiantes car réelles. Le profane comme le neuropsychologue (et psychiatre) trouvera son compte.

De quoi parle L’Homme qui prenait sa femme pour un chapeau, et comment ?

Olivier Sacks, célèbre neurologue anglais, est un auteur assez conséquent dont vous faire la biographie intégrale serait inutile. Il convient juste de signaler que le monsieur (né dans les années 30, donc il en a vu) est connu pour mettre à portée du profane certains dérèglements observés dans son métier tout en restant scientifiquement rigoureux.

Ici, 24 chapitres, autant de « cas » psychologiques que le bon docteur nous narre avec une simplicité accessible. Accessibilité certes, mais derrière chaque histoire il y a les explications, du moins les hypothèses, neurologiques (que ce soit psycho /bio/…) qui  sont souvent incompréhensibles. Sans que cela gâche la lecture.

Le Tigre a parfois ri (c’est grave docteur ?) ; mais a surtout compati pour le patient, qui n’a souvent pas totalement conscience de son état, et ses proches qui font face à une épreuve à laquelle personne n’aurait pu être préparé. Configurations du cerveau extraordinaires qui entraînent des effets qui ne le sont pas moins: croire qu’une de ses jambes n’est pas la sienne ; impression d’être constamment « hors » de son corps,…

En fait, n’importe qui devrait aimer (globalement) lire cet ouvrage, surtout que lire les chapitres dans le mauvais ordre ou en zapper ne portera aucun préjudice (pas de suites réellement logiques pour le profane).

Ce que Le Tigre a retenu

Je vais vous faire grâce de résumer les 24 patients, j’en retiendrai quelques uns (avec mes mots à moi, attention) :

Je ne peux passer du patient à l’origine du titre. Le pauvre homme reconnaît les formes, mais impossible de déceler les visages et mettre un nom dessus (même le sien). Alors une fois, voyant la chevelure de sa femme (forme arrondie au dessus d’une tête), hop il croit que c’est son chapeau. A part ça, pour reconnaître les objets du quotidien, il y associe une odeur, leur place habituelle,…

Le très original cas de Jimmy, dont la mémoire s’est bizarrement stoppée à la fin de la seconde guerre mondiale, lors de sa démobilisation. Depuis (on est dans les années 70 dans le cadre de ce récit il me semble), Jimmy pense qu’il a à peine la vingtaine et ses souvenirs d’avant ce « trauma » datent selon lui d’hier. Il ne retient rien depuis la fin de la guerre, sauf ce qui date de moins de quinze minutes.

Un dernier pour la route : le cas des jumeaux autistes. Je me souviens spécialement de ce chapitre où l’auteur tente de nouer un dialogue avec ces deux personnes jugées attardées. Les frangins ont des capacités de calcul (notamment en rapport avec les nombres premiers) phénoménales. Alors Sacks s’assied à côté d’eux (avec une table des grands nombres premiers en guise d’antisèches) et tente de participer à leur « discussion ». Chacun lâche un nombre premier, toujours plus grand, les jumeaux savourent les choix du neurologue, jusqu’à ce que ce dernier n’aie plus de nombres assez élevés.

…à rapprocher de :

– Si Le Tigre a fini par les jeunes autistes, c’est pour bien sûr faire le lien avec Le bizarre incident du chien pendant la nuit, de Haddon. Avec quelques maths.

– Le cerveau qui déconne dans les grandes largeurs, on pense à Improbable, d’Adam Fawer.

– L’histoire de Jimmy, poussée à son comble : imaginez une personne qui chaque jour se réveille 24h plus jeune, avec les souvenirs cohérents avec ce nouvel âge. C’est ce qui arrive à une des protagonistes de la saga de Simmons, Les Cantos d’Hypérion.

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Grant Morrison - Batman T3 : Nouveaux masquesVO : Batman & Robin puis Final Crisis. Premier tome de Morrison décevant, deuxième superbe, hélas celui-ci est une jolie catastrophe. Histoire incompréhensible avec une foultitude de super vilains et héros, dessin correct mais sans plus, Le Tigre n’est pas content du tout. Vivement que Bruce Wayne daigne revenir.

Il était une fois…

On quittait le deuxième tome de Morrison avec un Bruce Wayne correctement décédé. Du coup, son coéquipier Dick Grayson a enfilé le costume et a laissé Damian Wayne (vous vous souvenez, l’enfant prodigue ?) prendre celui de Robin. Leurs débuts se feront tambours battants, entre le Professeur Pyg, Red Hood (un ancien Robin) ou un ersatz de Batman qui ressemble plus à un zombie qu’à un chevalier.

Critique de Batman T3 : Nouveaux masques

Me suis fait blouser. Pourtant la couleur de la couverture aurait du m’avertir (cf. second thème abordé). C’est si dommage. Et dire qu’il faille dépasser 500 mots sur une telle critique. L’histoire retiendra que Le Tigre l’a terminé afin de comprendre ce qui se passera dans les opus qui suivent. Infiniment dommage dans la mesure où Final Crisis est un passage presque obligatoire pour comprendre l’univers DC Comics.

Le scénario, d’abord : Bruce décédé, Robin qui devient Bat, Damian en Robin, ça passe. Un nouveau méchant avec ses sordides assistantes (les poupéetrons) ressemblant à des cochons aux visages greffés, c’est sympathique comme tout. Robin Hood qui défouraille à tout va les méchants comme les gentils, je comprends.

Mais les auxiliaires de nos super héros, pâles répliques européennes de nos Gothamais (ce terme existe ?) qui se pointent, ça passe moins bien. Catwoman, à la rigueur, fidèle à l’image des récents comics, constitue une apparition bienvenue et rafraîchissante. Quant à l’ennemi (la Majesté) peu crédible avec ses dominos et auquel je ne vois guère l’utilité, bah tout est dit.

Le dessin, ensuite : après un tracé sobre et des couleurs sombres (rouge et noir dans le précédent opus notamment), retour à l’exubérance des comic strips d’après guerre en quelque sorte. Couleurs pas forcément flashies (le dark reste de rigueur), mais sans réelles saveurs. Quitely, Tan, Steward, un de ces dessinateurs (je me fous de savoir lequel en particulier) a eu la main particulièrement lourde sur le tracé, et les autres ne parviennent pas à ce que le lecteur s’arrête sur une page et se dise « waow, ça en jette. A part quelques couvertures de chapitres (et les planches finales, cf. Tome 4).

Pour conclure, Le Tigre, qui est (aussi) docteur en mathématiques, va se livrer à une conjecture : les appréciations des Batman de Grant Morrison constituent une suite (de terme -1) d’ordre -1. Comprenne qui voudra.

Thèmes abordés (du moins selon Le Tigre)

Les bonus en fin d’ouvrage. Comme si Morrison se doutait qu’il allait rendre les gens furieux, celui-ci nous offre plus de trente pages de de couvertures avec explications, croquis des différents personnages, etc. Mais surtout, pour qui a envie d’en savoir plus, comment certaines idées (de scénario et de dessins) sont venus à l’idée des auteurs. Le fan inconditionnel de l’univers DC Comics sera aux anges, puisqu’il saura que tel ennemi est tiré de tel numéro d’un Batman, que son apparence ne sera pas sans rappeler tel film des années 60, et tutti quanti. Comprenez donc que je ne me sois pas attardé.

Pas vraiment un thème, plutôt trente secondes culturelles : le jaune dans les comics. Cette couleur porte déjà malheur dans le milieu de l’édition, et en sales management l’acheteur potentiel rejette cette couleur (au profit du rouge par exemple). Trop fade, pas assez percutant, je ne suis pas là pour un cours de neuromarketing. Mais après avoir lu ce truc, et observé que certaines pages sont « électro statiquement collées » (il semble bien que je ne suis pas seul dans ce cas), la théorie du jaune malchanceux prend de plus en plus de galons.

…à rapprocher de :

– Le premier tome Batman : L’héritage maudit doit être également évité, seul pour l’instant compte Batman R.I.P. de cet auteur. Quant au quatrième opus, Le dossier noir, c’est excellent pour comprendre le délire de ce tome. Morrison met les choses au point, et c’est plutôt réussi. Hélas, il fout tout en l’air avec Le retour de Bruce Wayne. Batman contre Robin (sixième tome) est bien meilleur. Hélas, Batman Incorporated n’est pas aussi carré. Quant à Batman : Requiem, rien n’a été rattrapé. Dommage.

– Le Tigre frémit : quelques romans de Maurice G. Dantec ont une couverture jaune citron. Calamitas. Dont Satellite Sisters. Hé hé, la théorie se vérifie.

Enfin, si vous n’avez pas de « librairie à BD » à proximité, vous pouvez trouver ce comics en ligne.

Joe R. Lansdale - Vanilla RideJoe R. Lansdale se bonifie avec le temps. Cet énième épisode avec nos deux héros Hap et Leonard le prouve : humour, poursuites haletantes, fusillades et bagarres en tout genre, histoire qui se complexifie au fil des lignes, un vrai roman noir contemporain qui se lit vite et bien.

Il était une fois…

Marvin, vieil ami de nos héros, leur demande une faveur : récupérer sa petite-fille qui s’est acoquinée d’un dealer et, accessoirement, botter le cul de ce dernier. Hélas sur place il y a plus de grabuge que prévu ; en outre les deux compères en profitent pour balancer la drogue trouvée aux chiottes. Dès ce moment Hap et Leonard sont embrigadés dans une histoire pas possible mêlant flics corrompus, agents du FBI, puissantes mafias et tueurs à gages.

Critique de Vanilla Ride

C’est la cinquième aventure des deux compères, pourquoi commencer par résumer celle-ci ? Parce que d’une part Le Tigre vient de la lire, d’autre part les renvois vers les opus précédents sont rares et n’entachent aucunement le plaisir de les lire dans le désordre.

L’intrigue peut sembler classique au début, en fait après quelques chapitres le lecteur s’aperçoit que c’est bien plus retord que prévu. Nos deux compères sont pris au piège, entre plusieurs feux même, et devront attendre les derniers chapitres pour pouvoir sortir leur propre épingle du jeu.

Certaines scènes d’action sont à la limite du compréhensible et improbables (les méchants tirent sacrément mal) ; et quelques réflexions du narrateur principal, Hap (le blanc hétéro et démocrate, Leonard étant à « l’opposé ») ne semblent pas vraiment nécessaires à la trame du roman. Spécialement son amour débordant pour sa nana.

Heureusement, le style est sec, on lit l’œuvre d’autant plus vite qu’il y a presque 60 chapitres pour moins de 400 pages (parfait pour les transports). Et l’humour de l’écrivain se fait plus corrosif, bref à ne pas louper.

Thèmes abordés (du moins selon Le Tigre)

Mafia et évolution. Dans ce roman, il s’agit de la Dixie Mafia : organisation (depuis 60’s) du Sud des EUA (Mississippi), c’était avant tout une bande de racistes proches du KKK ayant quelques principes. Au 21ème siècle, cette mafia traite avec tous les groupes ethniques, du moment qu’il y ait de l’argent à la clef. Quant à la gestion de résolution de conflits, on préfère flinguer (pour montrer l’exemple aux sous-fifres) que s’assoir et discuter. Bref, c’était mieux avant, où le respect et sauvegarder la vie du non initié étaient de mise (un peu comme certains clans Yakuza).

L’honneur et la vengeance. Le second terme correspond plus à la mafia que le premier. Mais pour nos héros, se pose un moment la question de savoir où aller dans la vengeance. C’est là que Vanilla Ride entre en jeu (je ne vous en dirai pas plus), et amènera Hap et Leonard à faire des choix difficiles. Vendetta justifiée contre survie à court terme, que peut-il se passer une fois la survie assurée ?

Au final, ce roman peut déplaire dans la mesure où l’humour dans lequel verse Lansdale en assez masculin. Le Tigre est satisfait, mais jugez par vous même avec ces trois exemples :

Oh, rien de grave. On a commencé par se traiter mutuellement de salopes, et puis j’ai eu tellement les boules que j’aurais pu couler un bronze au beau milieu du lit…c’est d’ailleurs ce que j’ai fait.

Le connard s’évanouit encore plus vite qu’un octogénaire asthmatique en train de baiser un mouton dans une grange poussiéreuse en plein cagnard.

Toi, mon gars, t’es une sorte d’oracle. […] Un Nostradamus en rose. Un bouton de fleur sur le point d’éclore au milieu d’une broussaille de simplets.

…à rapprocher de :

– Si vous aimez ce genre de littérature, vous pouvez commencer les yeux fermés avec les quatre opus précédents (chez Folio Policier) : L’arbre à bouteille, Le Mambo des deux ours, Bad Chili, Tape-cul, Tsunami mexicain.

– Sinon, Vierge de cuir, one-shot de l’auteur, est particulièrement bon. Humour percutant.

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QLTL - 200ème articleCe site a environ quatre mois, et déjà 200 articles. Le Tigre s’est bien régalé, et va tenter de retranscrire les petits plaisirs rencontrés au cours de ces derniers mois. D’abord une rapide introduction avec quelques chiffres clés, ensuite le meilleur : quels peuvent être les termes de recherches qui amènent au glorieux site ? Y’a du lourd.

Synthèse des 200 premiers articles

Pour paraphraser le Joker (Heath Ledger) dans The Dark Knight, on peut dire que ce blog est modeste, mais a un fort potentiel d’expansion agressive. Si j’ai commencé à rédiger avant tout pour moi, savoir que quelques personnes tombaient sur le site m’a incité à m’appliquer un peu plus que prévu. Et dès la rentrée 2012, je n’ai plus hésité à promouvoir la chose. Et accélérer le rythme. Allez, c’est parti pour quelques chiffres :

– Débuté en juillet, on est à 200 articles mi novembre. C’est beaucoup trop, mais Le Tigre se devait d’atteindre une taille critique afin de ne pas passer pour un vacancier littéraire un peu cheap. En outre, le temps ne lui manquait pas. Vais y aller mollo maintenant.

– Dès le 1er septembre j’ai installé un compteur de clics. Plus de 10.000 pages vues en 75 jours, près de 150 par jour donc. Je n’ai aucun moyen de comparaison, tout ce que je remarque c’est que les recherches google prennent le pas sur mes promotions éhontées du blog. Pourvu que ça dure.

– Quel travail ça représente ? Au pifomètre, Le Tigre estime : deux semaines pour contribuer à mettre le site au point. Une semaine pour m’habituer. Une autre pour faire de menues modifications. Vingt heures à comprendre le codex de WordPress. 1h en moyenne par article. 30 minutes en mode « concentration totale » ; le temps de regarder un film en même temps ; voire deux articles pendant un match de l’équipe de France.

Les termes de recherche

Avant de vous entretenir des mots clés tapés (sur google la plupart du temps), deux remarques. 1/ Les gens ne semblent chercher que du porno. 2/ Certaines lignes des algorithmes des moteurs de recherche semblent avoir été tapées par des chimpanzés sous-alimentés. Le Tigre aime classer (par dessus tout en trois parties) ce qu’il observe, et voici les trois types de personnes qui tombent sur le site. En italique souligné, les termes exacts de recherche  :

Ceux qui savent et trouvent ce qu’ils veulent (33 %)

L’entrée, en quelque sorte. Mes trois petits œufs mayonnaise :

Les vrais, les purs, les bons, ceux qui veulent directement avoir accès au Tigre. Donc du quand le tigre lit ; tigre qui lit ; lit tigre (ha ha, repasse ton chemin internaute qui veut une couette léopard) ; blog tigre,…

Les lecteurs en puissance qui recherchent un titre précis et qui par bonheur tombent ici. A ce titre je ne sais pas si inscrire le nom de l’auteur puis le titre semble judicieux, il appert en effet que l’internaute recherche dans l’ordre inverse. Mais c’est plus facile pour la bibliothèque de QLTL.

Catégorie bien plus restreinte, certains surfeurs ne savent pas vraiment quel titre chercher et veulent des conseils sur un type de littérature susceptible de leur plaire. Par exemple, scénario bande dessinée sur le thème de la discrimination ; biographie de john holmes ; roman 700pages (sans doute pour offrir à sa belle mère pour être tranquille un mois) ; histoire courte suspense ; ethique entreprise japon,… Comme vous le voyez, la légendaire polyvalence du Tigre permet de satisfaire tous les goûts. Alleluia.

Ceux qui savent ce qu’ils veulent, et tombent sur QLTL par accident (66 %)

Le plus gros, le plat principal. Les trois petits cochons je les appelle :

Déjà, grâce aux biographies des acteurs pornos Monica Mayhem et John C. Holmes, Le Tigre a eu un nombre d’entrées illégitimes en très grand nombre. Confessions porn star ; comment devenir actrice X ; plus grosse bite du monde ; comment tenir comme une pornstar ; actrice de cul, etc. des dizaines de recherches ont superbement abouties à ces deux articles. Je vous avoue que je suis pas loin de résumer toute la littérature pornographique de ma bibliothèque.

Hélas, certaines personnes veulent quelque chose de manifestement pas littéraire et le site du Tigre ne leur sera d’aucun secours. Voici une recherche qui nous vient en provenance d’Allemagne (après vérification de l’adresse IP) : où avoir des prostituées dans les espaces verts à berlin. Classe. En 1970, Christiane F. aurait pu t’aider. Mais là c’est un peu tard. où se rendre pour faire des séances photo érotiques : si tu te reconnais dans cette recherche, contacte moi rapidement, ma tanière fera l’affaire. berlin ouest drogue ; le porno instructif ; et tant d’autres…

Enfin, les accidents de parcours. Ni sexuel, ni littéraire, l’individu qui clique sur tout ce qui bouge et trie après. Page affichée, mais loin d’être lue ! Petit internaute, choisis soigneusement les mots clés que tu t’apprêtes à taper sur ton moteur de recherche.  chanson qui parle d’un tigremoi et le tigre (je ne veux pas savoir en fait…) ; propos de michel tournier avortement usa (alors là j’ai buggé) designer travaille sur tigre ; sabot tigré (what ??) ; description comique d’un tigre (Clémenceau sans doute), … Comme vous le voyez, l’animal tigresque est source d’intenses confusions.

Ceux dont on ne comprend pas ce qu’ils veulent (1 %)

Le café gourmand pour les courageux qui n’ont pas encore les prémolaires qui baignent. Mini exemples, drôlissimes pour la plupart, certains lourds à digérer. Florilèges :

viol en apesanteur. Celle-ci m’a fait réfléchir. Soit c’est une faute de frappe (à l’époque, un Autrichien s’amusait à sauter à 35 km d’altitude), soit la personne cherchait quelque chose qui n’existe qu’en littérature (science-fiction de préférence). Car commettre un tel acte en apesanteur, à part les Russes je ne vois pas. Gratuit je sais.

superman dans son lit : no comment.

enculée en jean’s par un tigre. On tombe rapidement sur l’œuvre de Pouy au titre aguicheur. Le titre, le prénom de l’auteur, hop faites le lien ! Pas vraiment ce qu’espérait trouver notre zoophile.

Porno avec le tigre : même problème qu’avant. Comme le disait un ami proche, Deceptacon

tigre gaston lagaffe : ai relu vite fait une dizaine d’albums du héros fainéant, je cherche encore le rapport.

Couille de tigre : la faculté de véto de Paris visite mon blog, et je m’en réjouis. Renvoi vers cet essai de Palahniuk.

Tout cela est vrai. Mes commentaires, que des supputations (j’aime bien ce terme, et le verbe qui va avec) sur lesquelles on peut discourir des heures. Mais il y a tellement mieux à faire.

Conclusion

Deux essais (tournant autour du porno) résumés, des centaines d’internautes en quête de stupre se retrouvant à lire un résumé. En français de surcroît. Voilà les premiers faits d’armes de QLTL. J’avais entendu dire que le sexe et la religion sont les thèmes les plus présents sur la toile mondiale. Fifty shades of grèce orthordoxe, Da Vinci Gode,…je sens que je vais placer des mots clés idiots rien que pour les stats.

Pour (vraiment conclure), grand merci et continuez à aller (même sans rien lire) sur ce blog. Chaque page lue excite un peu plus l’ego du Tigre qui pianote de plus belle sur son ordinateur. J’ai encore un paquet de résumés dans les cartons, ne vous inquiétez pas. En parallèle, des idées de sutras se bousculent dans mon esprit, et j’essaie de m’en tenir à une ration de 1 article de cette catégorie pour douze résumés. Pourquoi douze ? J’en parlerai bien un jour.

Rendez-vous pour célébrer le 500ème article. Mi 2013 en principe.

Les Sutras du TigreQuestion cruciale, à la base même de la gestion des loisirs de l’Homme du 21ème siècle. Un livre, aussi bon soit-il, mérite-t-il d’être impunément twicé ? Et ce au mépris de ses petits congénères ? Le sujet est sensible, et ne saurait être traité à la légère. Justement, Le Tigre s’apprête à le faire.

Quoi ?

Au cours d’un dîner chez des amis léopards, je parcourais leur bibliothèque lorsqu’un ouvrage a attiré mon attention. Le prenant entre mes doigts, celui-ci me dit alors, d’un ton aguicheur mêlé d’un certain reproche et en anglais (puisqu’il était écrit dans cette langue) : your friend read me. Twice. Comme si c’était un crime de relire un bouquin. Et ce verbe d’un barbarisme néo-saxon, twicer, c’est d’un chic écrasant !

S’est alors posée l’évidente question : que penser du fait de relire (une fois, dix fois, mille fois comme un gamin dans une école coranique) un bouquin ? Est-ce acceptable ou complètement inutile ? Mince, y’a de quoi écrire un article ! Dont acte.

Pour rendre la discussion un peu moins chiante, imaginez deux piliers de bar à une heure avancée qui discourent sur les bienfaits et méfaits de la relecture d’une œuvre littéraire. Pour être manichéen, l’un sera pour, l’autre contre. Et comme ils ne sont pas totalement beurrés, ces individus ont la courtoisie de laisser l’autre développer son argumentation sans intervenir tel le roquet (merci encore Jacques). Sans compter qu’ils ont eu la même idée de plaider en trois parties.

Certes l’avantage sera au second, qui pourra rebondir sur les idées de son acolyte. Mais c’est sans compter le serveur (Le Tigre bien sûr), qui, fermement décidé à fermer l’établissement (le post) proposera une délicieuse synthèse qui représentera ma position finale.

La parole est au pilier au pastis : pourquoi relire un livre

Un célèbre philosophe (ai encore oublié qui, tsss) disait quelque chose dans le genre : au lieu de me bassiner avec les livres que tu as aimés, crache plutôt le titre de celui que tu as le plus relu. J’aime bien commencer par une citation bien sentie. Et cette phrase veut tout dire : le livre qu’on adore, et bien on le relit naturellement. La nature humaine, rien que ça !

D’abord, à l’instar d’un excellent film ou d’un succulent plat dans le même restaurant, je ne vois pas pourquoi je me priverai du petit plaisir de relire un bon texte. Ça ne mange pas de pain de se concentrer sur ses propres petits classiques. En jetant un œil à la production littéraire qui inonde le marché actuel, y’a pas grand chose à se mettre sous la dent. Et puis j’fais c’que j’veux.

Ensuite, la mémoire de l’Homme est traitre, et il est triste à noter que l’intrigue, les bons passages, etc. d’un roman sont vite oubliés. Le temps efface les souvenirs qui nous ont tant marqués, et seule demeure l’exquise impression d’une lecture réussie. Réitérer la lecture est bienvenue, et ce sera d’autant meilleur si le lecteur attend quelques années avant de twicer un livre. Si tout le monde s’est un jour retapé la (première) trilogie de Star Wars (ou SdA, ou autres), ce n’est pas pour rien.

Enfin, lire une fois une œuvre d’exception n’est jamais suffisant. Dostoïevski, Gide, Faulkner, La Sainte Bible, Musso, Camus, Grass,…que des écrivains dont le génie se savoure même après avoir bouffé vingt fois un de leurs romans. Car les thèmes qu’ils abordent sont universels et trop peu d’auteurs peuvent les traiter aussi magistralement. Valeurs sûres, inégalées et indétrônables, chaque lecture apporte une nouvelle grille d’analyse. Comme regarder quelques James Bond après ses 18 ans et halluciner devant les sous entendus grivois du double zéro.

Bref, lire et relire, c’est toujours découvrir. Avec un redoublé plaisir.

La parole est au pilier au whisky : il ne sert à rien de relire un livre

Faisons péter les citations crétines, puisque ça semble la mode : changement d’herbage réjouit le troupeau. Même si l’herbe n’est moins verte ailleurs. Je pourrai m’arrêter là. Mais ce n’est pas mon genre.

Premièrement, l’amour de la littérature. Se cantonner à relire quelques romans (ou autres) sans prendre le temps de poser son œillère pour voir ce qu’il y a de nouveau, c’est tout bonnement criminel. Déjà les nouveaux titres seront sûrement plus en phase avec ton époque que les vieilleries ressassées. Si les reboots marchent, c’est un signe. En outre, économiquement parlant, autant acheter des ouvrages de gens vivants (la plupart va certes toucher des clopinettes) au lieu de thésauriser connement comme une petite vieille craintive.

Deuxièmement, on se représente rarement les inconnues merveilles qui parsèment les bibliothèques. A quoi bon être comme un archéologue qui s’est arrêté au premier temple découvert à l’orée d’une jungle immense où d’autres l’attendent ? Relire un livre, c’est louper un nouveau. Car le temps nous manque terriblement, or lire en mobilise pas mal.  Manger, regarder un film, aucune de ces activités ne nécessite 100% de notre attention, d’ailleurs faire les deux à la fois est courant. Mais lire, c’est bien plus « actif » et à part être veilleur de nuit peu d’individus ont le luxe de se permettre de twicer.

Troisièmement, l’oubli. J’aime croire que tout ce qu’on lit reste gravé dans les méandres du cerveau, et est potentiellement mobilisable, du moins dans l’inconscient. Plus de livres = rêves plus fous. Le must serait de tout se souvenir par cœur, comme le héros de Champs de ténèbres qui grâce à une pilule miracle voit ses capacités intellectuelles décuplées. Si apprendre c’est se souvenir pour un obscure philosophe, alors relire serait d’autant plus inutile. Et puis si la moitié d’entre nous finira avec un Alzheimer, alors franchement autant tout oublier dans les grandes largeurs.

Whatever, lire et relire, c’est comme créer un objet et puis le lustrer : n’est-il pas pourtant plus beau égratigné par la mémoire humaine ?

Conclusion du bartiger

Bon les mecs, je vais vous mettre d’accord. Asimov a ses trois lois de la robotique, Le Tigre ses trois lois de la relecture.

Loi n°1 : tu ne liras pas deux fois le même livre. Ton précieux temps doit servir à découvrir de nouveaux auteurs. A la rigueur, tu peux relire le même titre dans une autre langue ou par ce que tu l’as lu en diagonale.

Loi n°2 : par exception à la loi n°1, tu ne reliras jamais un livre sans avoir attendu douze années. La différence d’âge sera alors suffisante pour que la maturité acquise permette une relecture sous un angle différent (sans compter que  le gros du bouquin aura été oublié).

Loi n°3 : par exception aux lois n°1 et n°2, tu pourras relire autant de fois que tu veux une BD, un comics ou un manga. C’est bien moins chronophage. Bon d’accord, ça peut aussi se lire aux chiottes.

Allez zou, on ferme ! Et pour info, « twicer » c’est de l’argot anglais qu’on pourrait traduire par « loser deux fois ». Le terme annonçait donc déjà la réponse.

Maurice G. Dantec - La sirène rougePremier polar de G. Dantec, une grande découverte qui m’a permis de lire d’autre œuvres plus polémiques de cet auteur si original. Road movie européen avec un jeune roublard et une petite fille traquée par des tueurs, violence et poursuites au menu. Long mais sans réels temps morts.

Il était une fois…

La sirène rouge, c’est Alice, 12 ans, dont la maman produit de temps à autre des snuff movies. La jeune fille, n’écoutant que son courage, va balancer sa mère aux flics (à Amsterdam). Mise sous protection des policiers, elle va quand même se carapater et se cacher dans la voiture d’Hugo Toorop, personnage qui a tout d’un mercenaire. Ce dernier acceptera d’aider la petite en l’amenant au Portugal où vivrait le père d’Alice, supposé mort et néanmoins qui lui envoie des lettres. La traque commence pour nos deux protagonistes.

Critique de La sirène rouge

Ce titre, Le Tigre l’a lu étant jeune et n’a point été déçu. Je ne sais s’il en serait différemment aujourd’hui, en tout cas pour celui qui veut se faire une cure de Maurice G.D., commencer par La sirène rouge semble nécessaire : on peut mesurer l’évolution de l’auteur (du policier au cyberpunk) et se familiariser avec Toorop (érateur ?), le héros qui reviendra par la suite.

Hugo Toorop, parlons-en. Jeune homme vigoureux qui s’est battu dans les Balkans et fait partie d’un club d’individus luttant contre les totalitarismes, n’hésitant pas à utiliser des drogues pour rester des jours éveillés, excessivement prudent (ça confine à la paranoïa),… Vous l’aurez reconnu, c’est un peu l’image que le père Dantec aime à présenter de lui-même.

Sur le style, on se surprend à lire assez vite les 600 pages. Chapitrage court, police d’écriture loin d’être petite, scènes d’action (et de réflexion) qui passent bien, on oublierait presque que c’est un auteur francophone qui a écrit ce polar. Le phrasé reste sec et compréhensible, très différent de ce qu’écrit Momo dans les romans qui suivent.

Quant au final, celui-ci vaut à lui seul la lecture du roman. Thriller bien sympathique, premier excellent contact avec cet auteur. Même si je préfère ses envolées plus lyrico-philosophiques qu’on découvre dans Grande Jonction ou Artefact (histoire de justifier la note). A ce titre Le Tigre prévient : Dantec, c’est comme le schweeps : on adore ou on déteste. Et il ne faut pas rester sur la première impression…

Thèmes abordés (du moins selon Le Tigre)

Le road movie à l’européenne. Point commun avec Kerouac, ce sont les drogues prises par le héros pour tenir des jours sans sommeil et trimbaler Alice de Paris au Portugal. Et ce dans l’espoir de trouver un père dont on ne sait ce qu’il est devenu. Qui dit road movie dit motels d’autoroutes (où ont lieu de terribles fusillades), stations services pour grailler quelques calories, tout cela sous le sceau de la crainte d’être découvert. Téléphones, cartes de crédit, « urban war », Toorop reprend vite ses réflexes de mercenaire invisible.

La « malédiction Dantec ». Pas vraiment un thème abordé dans l’œuvre, mais c’est plus fort que moi. Je m’explique. Ce titre a fait l’objet d’une adaptation cinématographique au titre éponyme. Et ce film est un désastre. Pensez-vous que ça refroidirait Dantec ? Pensez-vous ! Il récidive avec Babylon A.D. Belle affiche, bons acteurs (et encore…), mais encore quelque chose de honteux. Alors soit ses romans ne sont pas adaptables au grand écran, soit Kasowitz s’est (comme souvent hélas) copieusement foiré sur Babylon.

…à rapprocher de :

– La suite (pas vraiment les mêmes protagonistes, et on est dans un futur proche), Les Racines du mal, fait de plus en plus la part belle à l’anticipation sociale et la philosophie.

– Même auteur, même plaisir, hélas même merde au cinéma : Babylon Babies.

– Dantec a produit une autre saga qui a plus d’envergure : Liber Mundi : Villa Vortex, Metacotex, et un dernier dont j’ai oublié le nom.

Snuff, de Palahniuk. Titre certes à la base de l’intrigue de la Sirène rouge, mais rien à voir. Du tout.

Enfin, si votre librairie est fermée, vous pouvez trouver ce roman en ligne ici.

Peter F. Hamilton - L'aube de la nuitVO : The Night’s Dawn Trilogy. Attention, énorme saga (près de 6.000 pages, un record il me semble) qui envoie du très lourd. Monde futuriste crédible, menace progressive qui s’annonce quasiment incontrôlable, nombreux protagonistes assez bien léchés, Peter F.H. ne se fout pas de notre gueule.

Il était une fois…

Bien qu’il y ait sept romans,  c’est bien une trilogie qui est sortie dans les pays anglo-saxons.

Partie 1 : Rupture dans le réel

La Confédération regroupe l’espèce humaine, des milliards d’habitants disséminés très loin dans l’espace. L’Humanité ? Deux factions que tout oppose : les édénistes, sorte de société utopique technologiquement très avancée et à l’ADN modifié leur permettant d’avoir une « affinité » avec vaisseaux et habitats. Les adamistes, majoritaires, se sont un peu moins lâchés question biotechnologie. Joshua Calvert, adamiste, est un baroudeur talentueux qui va se retrouver au milieu d’un insondable bordel lorsqu’une personne deviendra un « possédé ».

Partie 2 : L’alchimiste du neutronium

Les possédés croissent exponentiellement, d’ailleurs leur chef sur une planète (Lalonde) n’est que l’esprit d’Al Capone. Si si. Notre héros Joshua, qui a survécu, tente de rentrer voir sa petite amie (Ione, sur une jolie planète utopique). Mais une autre mission se dessine pour lui : récuperer le fameux alchimiste du neutronium, arme (crée par un peuple qui voulait, à juste titre, se venger) à côté de laquelle une bombe nucléaire n’est qu’un pétard mouillé. Parallèlement, l’autre nana (Louise, sur une planète un peu arriérée) que Joshua a levée (et mis enceinte de surcroît) tente avec sa sœur de survivre dans sa ville qui tombe aux mains des vilains morts-vivants.

Partie 3 : Le dieu nu

L’Humanité est dans une mouise grave. Tout part à vau-l’au, si bien que Joshua part à la recherche d’un mythique dieu capable de sauver les Hommes de la prolifération des ennemis. Edénistes et adamistes se foirent sur presque chaque bataille menée contre les possédés. A côté, la belle Louise parvient à aller sur Terre, une des dernières places pas encore tombée.

Critique de L’aube de la nuit

Le Tigre a fait de son mieux pour résumer (sans spoiler) de manière compréhensible la saga. C’est le genre d’œuvre monumentale où tout revient à mon esprit, ai envie de tout raconter mais il n’y a pas de place pour une thèse sur ce site. Hamilton s’est donné, on ne peut pas le nier, et l’univers développé permet une rapide immersion pour le lecteur. J’ai tout de suite accroché, et même si le suspense n’est pas toujours au rendez-vous l’auteur m’a fait voyager…et rêver.

Voilà du vrai space opera (combats galactiques, stratégie à l’échelle de systèmes planétaires) de qualité, mais sans les E.T. au centre de l’histoire. Je n’en vois d’ailleurs que deux types : le boulet hyper curieux à l’origine de la « rupture dans le réel » où les morts reviennent ; et les Klints, race fort avancée qui se contente d’être spectateur tout en répondant de manière énigmatique. On vous laisse vous démerder, on est aussi passé par là les amis est un peu leur credo. Frustrant, mais interpellant.

Que l’Humanité donc, seule face à tous ses morts qui prennent la place des vivants et semblent bien décider à rester dans les corps qu’ils possèdent. Contre eux, quelques héros, notamment le jeune Calvert, gendre quasiment parfait. Le mec est un peu celui qu’on suivra le plus, et faut dire qu’en plus d’avoir une chance de cocu (la Louise qu’il a mis enceinte n’y est pas pour rien) il finira en beauté.

Voilà un peu le défaut de cette saga : en plus d’être très longue, la fin est légèrement décevante. Les derniers romans (Le dieu nu) deviennent très bizarres et compliqués (des espèces qui ressemblent à des anges, Joshua qui se divinise), annonçant un dénouement que Le Tigre a trouvé un peu facile. Heureusement qu’on a eu sa dose de sexe, de bagarres, de gigantisme, de politique même lors des milliers de pages précédentes

Pour conclure, c’est quelque chose qu’il vaut lire le tout en un mois. Deux grand max. Commencez par les deux premiers, si ça passe achetez tous les autres et dévorez-les sans vous retourner. Car faire traîner la lecture vous découragera peut-être de terminer la saga. Le Tigre en a eu pour deux semaines. Douches comprises.

Thèmes abordés (du moins selon Le Tigre)

Les morts qui reviennent à la vie. Hamilton a, quelque part, été en avance sur la mode des zombies. Dans notre cas, l’origine du mal semble tout aussi fantaisiste (je n’avais pas vraiment bien saisi sur la fameuse rupture dans le réel) mais son développement est plus inquiétant : en effet, les possédés ont des pouvoirs surhumains leur permettant de créer, en apparence, un environnement séduisant. Aussi à la guerre militaire s’ajoute la lutte des propagandes, spécialement un mouvement de possédés cherchant à attirer la jeunesse vers son antre.

La Confédération, système politique lâche mais intéressant. Si certaines planètes sont associées à un type de gouvernement (Mars, le communisme notamment), la Confédération a jugé préférable de coloniser des espaces (pour humains normaux) selon leur groupe ethnique. Et hop, Garissa, monde de blacks. Ou Kursk, avec que des russes dessus. Quant à la France, le seul spécimen francophone rencontré est un aigri de première à la trahison facile et au destin funeste. Merci Peter pour ce très courtois french bashing.

A la différence d’un Reynolds qui ne résout pas la possibilité d’aller plus vite que la lumière (et encore…), Peter F. Hamilton pose le principe des voyages par des trous de ver, avec les technologies et dangers (ne pas se trouver trop près d’une planète par exemple) adéquats. Du coup, l’unification de la race humaine sous une même bannière est possible, comme dans Les Cantos d’Hypérion de Dan Simmons.

A ce propos, c’est un certain message que Le Tigre a cru entendre de la part de l’Anglais. Déjà, il semble faire la nique à ce que j’appelle « SF supraluminique ». En montrant comment on peut devenir dépendant d’une telle technologie type trous de ver, Hamilton place celle-ci à l’origine du plus grand bordel que connaît l’Humanité. Le happy end, quoiqu’un peu léger, est révélateur des limites du voyage supraluminique, où l’Homme s’étend trop loin très vite : ainsi toute l’Humanité est parquée dans un coin restreint de la galaxie. En attendant que celle-ci évolue. Comme si on avait laissé un chiard pourri-gâté seul dans un château. Après y avoir foutu le feu, on lui alloue une petite chambre proprette.

Le transhumanisme. Forcément, dans de la SF, les humains s’amusent légèrement avec leurs corps. Edénistes, adamistes, Le Tigre vous a déjà dressé le tableau. Le petit plus dans la saga, c’est cette capacité pour les édénistes de créer des vaisseaux et des habitats qui leur sont intimement liés. Chaque vaisseau (oublié le nom) est attaché pendant sa « vie » à son capitaine par un lien très fort. Les engins spatiaux vivants, ça me rappelle la série télévisuelle Farscape, créée par O’Bannon.

…à rapprocher de :

A Second Chance at Eden est un recueil de nouvelles qui se passent dans cet univers. Bon roman d’appoint pour en savoir un peu plus.

La Saga du Commonwealth, du même auteur, est dans la même veine. A la différence prêt qu’il y a des méchants E.T., enfin.

La Grande Route du Nord (tome 1 et tome 2 sur le blog) est également une réussite, même si les ingrédients de l’auteur n’ont pas changé – l’efficacité reste au rendez-vous.

– La notion de transhumanisme se retrouve chez Reynolds (L’espace de la Révélation ou La Cité du Gouffre pour commencer). Cet auteur livre une analyse plus cyberpunk et crédible.

Enfin, si votre librairie est fermée, vous pouvez trouver cette saga en ligne en commençant ici.

Romain Slocombe - Un été japonaisRomain Slocombe parle du Japon, certes sous un angle inattendu (la photographie bondage fétichiste), mais le lecteur porté sur la culture asiatique trouvera son compte. Sur cette tétralogie longue et exigeante, le sexe se mêle à la mort comme l’humour à l’horreur. Quelques longueurs et digressions difficiles, néanmoins globalement positif.

Il était une fois…

Tétralogie, donc quatre tomes de qualité inégale, hélas le tout constitue un ensemble cohérent qu’il vaut mieux lire dans l’ordre.

Tome 1 : Un été japonais

Gilbert Woodbrooke aime le Japon. Et la photographie bondage. Alors quand il part à Tokyo faire quelques prises « artistiques » (à savoir des jeunes Japonaises en sang avec des costumes de l’armée impériale), forcément ça déplaît à des personnes qui voient dans cet art le dévoiement de l’esprit de l’Empire du soleil : les mafias d’extrême droite sont sur le pied de guerre. Comment va-t-il pouvoir s’en sortir ?

Tome 2 : Brumes de printemps

Romain Slocombe - Brume de printempsIncorrigible Woodbrooke. Printemps 1995, il réitère un voyage au Japon (pour un reportage sur une clinique d’animaux), accompagné d’un journaliste érotomane. Séances de sexe effrénées, mais surtout retour des Yakuza avec en plus la secte Aum, responsable d’un terrible attentat dans le métro de Tokyo.

Tome 3 : Averses d’automne

Romain Slocombe - Averses d'automneC’est plus fort que lui : notre photographe fétichiste débarque (encore) à Tokyo fin octobre pour rencontrer un réalisateur de vidéos pornos mettant en scène des lycéennes. Parallèlement, à Shinjuku, de mystérieux crânes révolvérisés sont exhumés, ce qui ne semble pas être au goût de certains individus d’extrême-droite. Quel tragique passé se cache derrière cette macabre découverte ?

Tome 4 : Regrets d’hiver

Romain Slocombe - Regrets d'hiverNullement échaudé par ses précédentes aventures, Gilbert revient (une dernière fois on l’espère) au Japon pour essayer de vendre une peinture à un riche industriel local. Bien sûr tout va partir en quenouille, avec en toile de fond le comportement de l’occupant en Chine lors des hostilités qui ont démarré en 1937.

Critique de La Crucifixion en jaune

Le Tigre, toujours porté sur l’extrême-orient, ne pouvait laisser ces ouvrages de côté. Tora, Tora, Tora, je m’y suis attaqué. Première constatation : si le premier opus est sorti chez Folio Policier, il est étonnant que le reste ne soit pas en poche, seulement dans la collection noire de Gallimard. Pas assez de ventes, flemme ? Il aurait été bienvenu d’avoir un coffret de cette tétralogie en poche, voire un seul gros pavé qui reprend tout.

Le protagoniste, Woodbrooke, est un photographe un peu loser qui a deux dons : la photographie, mais surtout se placer dans des situations improbables et au premier abord inextricables. Un poil lâche, porté sur la chose, un peu maladroit, c’est un antihéros attachant quoique consternant par la façon dont les péripéties lui tombent droit dans le bec. Un peu comme Taylor, le flic bien connu de l’auteur Ken Bruen.

Sur ces quatre romans, Le Tigre tend à les classer en deux parties : les deux premiers opus, hilarants, avec Gilbert en photographe déconneur qui se met à dos les criminels du coin. Les deux derniers, plus « encyclopédiques » sur l’histoire du Japon, sont nettement plus sombres et glauques. Mais ce qui caractérise la tétralogie, c’est l’humour : noir, incisif, voire cynique. La perversion du protagoniste aide beaucoup il est vrai.

Les autres « plus » de cette saga sont d’une part la description (que je crois fidèle) de la mentalité des habitants de ce pays, avec en prime quelques cours de langue ; d’autre part certaines périodes sombres de l’histoire nippone (ici souvent romancées) qui sont plus qu’instructives. Hélas Averses d’automne et Regrets d’hiver, bien plus longs en terme de pages, sont parfois ennuyeux et on a l’impression que le terne encyclopédiste dame le pion à l’auteur d’habitude en verve.

Les deux derniers tomes de l’épopée sont en effet longs (près de 500 pages chacun) et semblent poussifs. Si l’humour est toujours présent, c’est hélas dans ces deux pavés que se situent les chapitres les plus intéressants d’un point de vue historique. A vous de voir quels titres vous préférez lire, le lecteur qui veut un polar marrant (Japon ou pas) se cantonnera à Un été japonais.

Thèmes abordés (du moins selon Le Tigre)

Le Japon, pays qui a apparemment les faveurs de l’auteur. Le lecteur apprendra énormément sur le pays : ses coutumes, sa langue, un peu le mode de pensée des habitants, le rapport à la sexualité,… Ce n’est pas vraiment le guide du routard du Japon, plutôt un voyage réaliste dans ce que l’archipel peut faire de plus underground avec un héros aux goûts qui peuvent paraître malsains.

Les quatre romans font la part belle à l’érotisme, voire la pornographie. Et ce grâce aux fantasmes très particuliers de Woodbrooke. Ce dernier a femme et enfant, mais ça ne l’empêche pas de succomber aux charmes de ses modèles, et d’imaginer envers elles des actes d’une sexualité débridée et même dérangeante. Le tout raconté avec légèreté, on se surprendra plus d’une fois à rire.

L’Histoire. Notamment celle de l’Empire nippon et ses reliquats. Dans le premier roman, l’activité du héros déplaît aux Yakuza locaux qui le contraignent à traduire un essai sur Mishima, grande figure du nationalisme d’après-guerre. Ensuite, rencontre avec la terrible secte Aum qui a lâché en 95 un gaz mortel dans le métro de la capitale nippone. En outre, ce sera les sombres (et terribles) activités de l’Unité 731 en Mandchourie pendant la seconde guerre mondiale. Certains des résultats de ces expériences horribles ont pu être utilisés par les Américains contre leur clémence vis-à-vis de quelques criminels de guerre. Enfin, nous saurons tout (ou presque) sur le massacre de Nankin de 1937. Dur à lire, mais instructif.

…à rapprocher de :

– Pour en savoir plus sur la mafia japonaise, vous pourrez lire (en Anglais) l’essai de Junichi Saga, Confessions of a Yakuza. Ou l’excellent Tokyo Vice, écrit par un journaliste américain (Jake Adelstein) évoluant dans le plus grand journal japonais.

Pour vous donner quelques idées sur les photographies du héros, Romain Slocombe a une page Myspace.

Enfin, si votre librairie est fermée, vous pouvez trouver la tétralogie sur Amazon via les liens suivants : premier, deuxième, troisième et quatrième opus. Seul Un été japonais nous a fait l’honneur de sortir en poche.

Ben Bova - MarsBen Bova est un scientifique, et ça se voit. Mars, roman de hard SF (entendez : réaliste et prenant en compte tous les paramètres) est certes une passionnante aventure humaine sur une planète qui fait l’objet de fantasmes, mais un peu lisse. Suspense bien dosé, mais rien de révolutionnaire.

Il était une fois…

États-Unis, 2020. Grâce au travail de lobbying de fou mené par un scientifique brésilien (Alberto Brumado de son petit nom), une mission d’exploration vers Mars se prépare. Moins d’une trentaine d’astronautes sont sélectionnés (ou est sélectionnée) pour le voyage qui dure neuf mois. L’arrivée sur la planète rouge est plus banale que prévue, et l’équipage aura à gérer un quotidien où les émotions humaines sont inévitables. Reviendront-ils sur Terre entiers ? Bien sûr, c’est un roman U.S.

Critique de Mars

Très bon roman dans son genre, il faut en convenir. Depuis le temps qu’on en parle, il fallait que je le lise. Ni déception, ni transport(ation). Juste le constat que malgré ses qualités ce type d’ouvrage n’est pas vraiment pas fait pour moi.

Mars, c’est avant tout la longue odyssée qui va permettre de poser un être humain sur cette planète. Préparation politique, pressions des (et sur les) gouvernements qui veulent imposer leurs candidats, fund raising, préparation des astronautes (ou spationautes, cosmonautes, taïkonautes), Ben Bova a pensé à tout.

A partir d’un exploit qui semble bien modeste dans la littérature SF, l’auteur nous invite dans les coulisses tant de sa préparation que son exécution. Bref, de la hard science à l’échelle des deux décennies à venir, avec des descriptions scientifiquement crédibles. Très « terre à terre » en fait. Hélas pas vraiment la came du Tigre.

Le style est simple, le premier néophyte comprendra tout ce qui se passe et sera agréablement entraîné dans un récit (chapitres assez courts, grosse police d’écriture) que je qualifierai de « plan plan ». Le suspense, bien que présent, n’annonce ni découvertes massives ni conflits réellement insolvables. Or je commence à être pointilleux dans ce domaine.

Thèmes abordés (du moins selon Le Tigre)

L’épopée spatiale. Outre les prémisses au voyage, une grosse partie de l’œuvre porte sur le voyage (9 mois, une gestation ?) et surtout la visite de la planète rouge. Ben Bova en profite pour égrener, de manière bien dosée, tous les petites péripéties qu’un astronaute pourrait rencontrer : problématiques logistiques, délicate gestion des RH, mystérieux mal qui mine l’efficacité de nos héros, terrifiante dépressurisation d’un dôme… Rien d’invraisemblable, et quelques passages qui font qu’on doit (au moins) terminer le chapitre.

L’auteur américain et les confortables préjugés. Ce que je reproche à ce roman, en plus d’être lisse et n’être pas parvenu à me faire rêver, est la présentation des protagonistes. Le Français gouailleur qui ne veut parler Anglais, le Japonais un peu terne, les Russes aux réflexes soviétiques, le Brésilien de modeste extraction… Merde, ils en sont presque à Bac +20, ce ne sont pas les piliers de bars de leurs pays respectifs ! Peut-être ce sont des clins d’oeil, mais faut pas prendre le lecteur pour un c… non plus. En tout cas je l’ai vécu de la sorte.

Quant au héros principal (l’américano-navajo), c’est un peu la cerise sur le gâteau du politiquement correct : Indien sur les bords, volontaire, talentueux, comparant Mars à ses chers canyons, forcément amoureux de la riche fille du scientifique brésilien, vous l’aurez compris, ce n’est pas un B3 (bad boy borderline). Compréhensible pour une telle épopée, on préfère des gendres parfaits.

…à rapprocher de :

– Il paraîtrait que Ben, auréolé de son succès, a continué de sévir : Retour sur Mars, Vénus,…il n’y aura plus assez de planètes pour son imagination si ça continue.

– Pour conclure, Le Tigre préfère les grandes sagas qui ont plus d’envergure, comme celle des Inhibiteurs de Reynolds ou du Peter F. Hamilton.

Enfin, si votre librairie est fermée, vous pouvez trouver ce roman via Amazon ici.

Grant Morrison - Batman T2 : Batman R.I.P.VO : idem. Après un premier opus fort décevant, Le Tigre s’accroche et voit enfin ses efforts récompensés. En effet, je me suis régalé de cet ouvrage, autant pour le dessin (sombre) que le scénario hallucinant (la santé de Batman étant en péril). Grant a bien réinventé le héros, du moins une partie de son passé.

Il était une fois…

Batman vient à peine de se remettre de ses émotions précédentes que le boxon reprend. Notamment Le Gant Noir, un groupe de criminels mené par un étrange docteur qui semble bien décidé à détruire la psyché du Bat. Si on rajoute le Joker, prisonnier à Arkham mais ayant des liens avec cette mystérieuse organisation, et pareil à lui même (en pire peut-être ?), le Chevalier noir est plus mal parti que jamais.

Critique de Batman T2 : Batman R.I.P.

Enfin Grant Morrison m’a énormément satisfait dans la manière de repenser mon héros préféré, voire éveillé chez moi de l’admiration. Dommage que le premier tome soit en-deçà de ce à quoi je m’attendais et qu’il vaille mieux le lire pour suivre pleinement l’histoire. Mais le néophyte peut lire Batman R.I.P. seul.

En effet les personnages, réminiscences de protagonistes de l’histoire de l’homme chauve-souris, sont nombreux et je n’ai pas le savoir pour apprécier les clins d’œil faits au passé du super-héros. Bat-mite (une sorte de lutin qui aide le personnage), Doctor Hurt, Charlie Caligula, King Kraken, Pierre Lumière (vive la France), El Sombrero, Scorpiana,…autant d’individus gravitant autour de ceux un peu plus connus comme le Joker, Nightwing, Damian (le gosse du Bat) ou Jezabel, sa nouvelle copine.

Whatever, le scénario, certes parfois décousu, est tout bonnement superbe : à la suite d’une pseudo expérience sur le vide spatial, quelques ennemis de Bruce Wayne ont foutu dans son esprit une bombe à retardement : de déceptions en déceptions savamment calculées, on attend du chevalier noir qui pète les plombs. Bien sûr ce dernier a plus ou moins la parade.

Sur le dessin, Tony Daniels est un excellent illustrateur. Spécialement les très épiques scènes d’action ou les visages des protagonistes (certain étant terrifiants). Le Tigre a bien aimé les dominantes parfois rouge et noir des planches, qui en plus d’avoir une signification précise pour le Joker représentent l’amour et la mort, forcément indissociables. Bref, contrairement au premier opus, un petit plaisir qui permet de découvrir le héros sous un nouveau jour.

Thèmes abordés (du moins selon Le Tigre)

Le mal ultime. On pourrait croire que l’organisation Le Gant Noir est l’ennemi final et déterminant du Bat, eu égard le machiavélique (et fascinant) plan mitonné pour l’abattre. Et en plus ceux-ci se permettent de faire des paris sur lequel (bien ou mal) va le remporter. L’erreur de ce club de riches est de se plaire à croire qu’ils utilisent le Joker, hélas ce dernier (à la suite d’une balle dans la tête) est encore plus timbré que d’habitude et mène la danse. Agréable retour aux sources en fait.

Le voyage intérieur. Pourquoi l’ésotérisme ? Parce que le lecteur sera entretenu au sujet de la préparation de Bruce Wayne au cas (exceptionnel il est vrai) où toutes ses barrières psychologiques pourraient sauter. Ce que le méchant a bien préparé. Heureusement, grâce à des exercices d’une violence psychique inouïe (pas très bien expliqués dans le comics néanmoins), le Batman a pu se construire un reliquat de personnalité, brute mais efficace. C’est le fameux Zu-En-Arrh, dont le nom renvoie à un épisode que Le Tigre ne connaît ni d’Eve ni d’Adam.

[Thème SPOIL Attention !] Le déclic final censé faire perdre la boule au héros est, et là je ne l’ai pas vu arriver, la petite amie de Wayne. L’amour contrarié dans sa splendeur, la cerise sur le gâteau de la manipulation mentale. Morrison est d’accord pour considérer que la perte de l’être cher, sa trahison (pire version comme ici) peut être ce qu’il y a de plus déstabilisant. Comme le dit Jezabel, « ne plus faire confiance à aucune femme », quoi de pire ? L’amour, base de l’intellect, voilà qui est séduisant. [Fin SPOIL].

…à rapprocher de :

– L’organisation secrète, celle à même (il paraît du moins) à faire s’écrouler le Batman, il y a aussi La cour des hiboux (tome 1 et tome 2), pas mal du tout au demeurant comme comics.

– Le premier tome Batman : L’héritage maudit ne semble pas si nécessaire pour apprécier ce second opus. Surtout lorsque celui-ci n’est pas génial.

– La suite est catastrophique : Batman : Nouveaux masques. Car il faut mieux la lire avec le quatrième tome (Le dossier noir) qui apporte de bienvenues explications. Ensuite, c’est Le retour de Bruce Wayne, très moyen. Puis vient Batman contre Robin, qui est superbe. Batman Incorporated est moins bon. Quant à Batman : Requiem, rien n’a été rattrapé. Dommage.

Enfin, si vous n’avez pas de « librairie à BD » à proximité, vous pouvez trouver ce comics en ligne ici.