joe-r-lansdale-tsunami-mexicainVO : Captains Outrageous. Petite déception par rapport à ce que cette série a pu m’offrir. Nouvelles aventures certes, mais sans les réjouissances habituelles qui égayent, d’habitude, les pérégrinations de nos amis. Lorsqu’ils posent leurs pêches au Mexique, Hap et Leonard sont au centre d’une vendetta pas très proprette qui se règle façon Scarface.

Il était une fois…

Hap Collins et Leonard Pine ont de la veine : agents de sécu dans une usine qui décapite des poulets (entre autres), ils ont sauvé une demoiselle sauvagement agressée (pas beau à voir d’ailleurs). Leur père leur offre une coquette somme. Aussi ils décident de se taper une petite croisière sur les côtes mexicaines (première mauvaise idée). Le séjour s’annonce décevant, et Leonard chie dans les bottes du groom du bateau (seconde idée merdique). Du coup, le navire les oublie à une escale. Au Mexique, nos héros attirent les emmerdes un peu trop facilement. [excusez le vocabulaire scato, l’auteur fait pire]

Critique de Tsunami mexicain

Après Tape-cul (où on avait atteint des sommets de grand n’importe quoi), on reprend les mêmes et on continue : Hap Collins (le narrateur) est plus ou moins en froid avec Brett, la belle rousse au caractère bien trempé. Et Leonard (la black gay républicain, Tigre le rappelle) qui s’est trouvé un nouveau petit ami. Les deux vivotent dans un boulot tout ce qu’il y a de plus pépère, ce n’est pas vraiment la gloire pour eux.

Sans reprendre le synopsis, faut juste savoir que ça commence sérieusement à se gâter (pour les deux compères) dès qu’ils sont attaqués sur une plage au Mexique et qu’un vieil homme, Ferdinand, vient les secourir (avec sa machette). Sauf que le vieux et sa fille Beatrice doivent de l’argent à un certain Juan, chef de la mafia locale. A partir de là, les péripéties s’enchainent sans grande logique, notamment les allers-retours entre les deux pays.

Le style est tout aussi bonnard, entre humour corrosif (les vannes sont toujours aussi bien balancées) et descriptions réalistes souvent peu ragoûtantes (les décès ou autres bastonnades d’une violence de bon aloi). Cependant Le Tigre ne s’est pas autant marré qu’avec les aventures précédentes (les premiers chapitres sont censés être funs), sans compter l’enquête et les révélations tirées par les cheveux (ça m’a gavé, même). Quant au dénouement, ça sentait presque le travail bâclé d’un écrivain souhaitant vite passer à son prochain titre.

En conclusion, un roman qui se laisse lire mais n’arrive guère au même niveau que la moyenne de la série. Paradoxalement, Joe Lansdale se rattrape sur le nombre de protagonistes qui disparaissent, une vraie hécatombe. Les titres peuvent se lire dans le désordre. S’il est fait allusion en notes de bas de page aux titres précédents (que j’ai lus), je ne voyais pas de quoi il était question, or ça ne gâchait pas la lecture.

Thèmes abordés (du moins Le Tigre)

Le Mexique underground (puisque c’est le titre du roman). L’écrivain américain plante un décor mille fois usé, à savoir un pays correctement corrompu où se faire justice soi-même tend à être la meilleure option. Car dans les petites bourgades, les flics sont à la solde du plus gros payeur, qui en principe est riche grâce à la drogue. Des hommes de main qui ressemblent à des lutteurs sous stéroïdes, des pépées sublimes intéressées par les tunes, des détectives privés très couillus, bienvenu dans un pays qui ne respecte plus grand chose.

La vengeance. C’est un thème redondant avec les deux gus, toutefois dans la présente œuvre ça tire dans tous les sens, et sur des innocents (enfin, c’est relatif vu les révélations tardives au sujet de certains). Eu égard le nombre de morts et les exactions commises sur les survivants, Hap et Leonard (ainsi que leurs proches) ont de solides raisons pour retourner au Mexique et finir leur boulot. Sauf qu’ils semblent pécher par orgueil en voulant faire les fines bouches alors qu’une exécution sommaire aurait pu suffire. Mais non, il convenait de montrer au méchant pourquoi il devait mourir.

…à rapprocher de :

– Dans la ligné des aventures des deux personnages, on retrouve L’Arbre à bouteille, Le Mambo des deux ours, Bad Chili, Tape-cul, puis le présent roman, suivi de Vanilla Ride(que j’ai particulièrement aimé).

– Personnellement, en one shot de cet auteur, il ne faut en aucun cas passer à côté de Vierge de cuir. Toutefois, Les Enfants du rasoir est plus que dispensable.

– Sur ce que l’Humanité peut faire de pire dans ce pays au sud des States, je vous conseille Satan dans le désert, de Boston Teran. Attention, c’est très violent.

Enfin, si votre librairie est fermée, vous pouvez trouver ce roman via Amazon ici.

Gary Shteyngart - AbsurdistanVF : idem. Une erreur de casting comme il en arrive parfois. A la décharge de l’auteur américain, à partir de la centième page je me suis mis en mode « à quoi bon putain ? ».  Personnage principal un peu concon qui ne voit pas son membre quand il pisse ; histoire qui traîne en longueur, et ce au-delà des limites de l’acceptable (à mon humble niveau) ; nombreux passages que je n’ai pas saisis à leur juste valeur, arf.

Il était une fois…

Tiens, je vais recopier le quatrième de couv’ de l’édition française. Cela me fera une bonne base pour ma critique :

« Citoyen russe héritier d’un baron de la Mafia, Micha Vainberg végète à Saint-Pétersbourg, entre soirées arrosées avec son complice Aliocha-Bob et repas gargantuesques. En quittant New York (où il avait émigré dix ans plus tôt), il s’est éloigné de sa fiancée, la belle Rouenna, une prostituée qu’il continue d’entretenir. Malheureusement, elle s’est laissé séduire par Jerry Shteynfarb, auteur suffisant du Traité de branlette à l’usage des jeunes arrivistes… Micha décide de partir pour l’Absurdistan, un petit pays colonisé par les compagnies pétrolières américaines. Enrôlé dans une guerre civile montée de toutes pièces par les dirigeants sans scrupule de l’Absurdistan, Micha découvre le cynisme économique et ses conséquences catastrophiques pour l’avenir de l’humanité. Cette fable politique, dont le héros est un avatar moderne du Candide de Voltaire, règle, sur le mode loufoque, leur compte au capitalisme et à la mondialisation. »

Critique de Absurdistan

Si je ne me souviens plus comment je me suis procuré ce titre, les difficultés à le terminer sont bien gravées dans ma mémoire (pourtant digne d’un piaf alzheimerisé). Je me perds encore en conjecture pour désigner le responsable : l’auteur, son style, son histoire, ou mon déplorable niveau d’anglais qui fait que souvent la compréhension de la prose du bon Gary m’a posé un gros lapin ?

L’histoire, parlons-en : globalement, c’est celle d’un immigré juif new-yorkais (à l’instar de l’auteur dont je n’ose écrire le nom) dans un pays fictif du Caucase. Sauf que le quatrième de couv’, cet idiot, veut en raconter trop et semble oublier l’essentiel : si le gros Misha ne peut pas retourner aux States, c’est que son daron y a fait de la merde (genre, tuer quelqu’un). L’Absurdistan, c’est juste la destination idoine pour récupérer un passeport belge et pouvoir taper à nouveau la bise à l’Oncle Sam.

A partir de là, l’intérêt du roman se réveille un tantinet grâce au fameux pays imaginaire du Caucase qui tient une sévère couche. Je ne compte pas totalement cracher sur cette œuvre dans la mesure où j’ai pu la finir et que ce ne fut pas excessivement douloureux : les péripéties, souvent kafkaïennes, sont marrantes comme tout (je ne tiens pas compte des longueurs) et on sent que l’auteur est rompu aux délires administratifs de ces contrées. Je l’annonce tout de suite, un gros spoil sera fait (dans la partie suivante) sur le fin mot du scénario.

En guise de conclusion, après avoir tourné la dernière page de ce roman, Le Tigre s’est dit, benoitement, « je vais attendre la traduction et le relire, pour voir si c’est si mauvais ». Sauf qu’il appert que maintenant, je n’en ai aucune envie. N’hésitez pas à me dire si j’ai commis une erreur.

Thèmes abordés (du moins selon Le Tigre)

Le libéralisme triomphant. L’Absurdistan ressemble à toutes ses républiques libérées d’un certain joug soviétique, et la transition vers la liberté économique et politique est exacerbée dans ce que ça peut donner de pire : capitalisme sauvage où une poignée de richards enfilent soigneusement le reste de la populace ; corruption savamment entretenue par une administration incompétente ; et surtout l’exaltation des luttes entre groupes ethniques dans un esprit tout ce qu’il y a de plus yougoslave (dans notre cas, « seulement » deux ethnies).

On se rend vite compte que cette soudaine fête du slip ne s’accommode guère des mœurs locales…disons orientales. La guerre civile fait rage, et pour financer les combats certains ont rien trouvé de mieux à foutre que dire qu’il y a beaucoup de pétrole sous leur pays. Sauf que c’est faux. Peut-être le seul moment sympa du roman : voir l’intérêt des puissances extérieures intervenant en Absurdistan s’évanouir comme une miss France dès qu’on fait appel à ses connaissances géographiques. L’hypocrisie des deux côtés est relativement savoureuse.

Qui peut sincèrement aider ce presque pays, à part lui-même ? Les États-Unis sont un peu loin et ne s’intéressent qu’aux tunes. C’est l’eldorado par défaut. Quant à l’Europe, merde la quasi-fédération ne semble servir à rien. A peine si ce boulet de narrateur la cite. Et encore, il fait référence à la « Yi-You » (EU, voui), un truc vaguement identifié qui s’apparente plus à une passoire qu’à un espoir (oh, c’est joli cette expression, je dépose la paternité). L’ONU ? C’est quoi ?

…à rapprocher de :

– Sur la mentalité orientale, je vous renvoie gentiment vers Limonov, de Carrère. Superbe.

Franchement, je n’ai aucune autre idée. Échec.

Enfin, si votre librairie est fermée, vous pouvez trouver ce roman via Amazon ici (en VF, car je suis bon).

Haruki Murakami - Au sud de la frontière, à l'ouest du soleilVO : CKokkyō no minami, taiyō no nishi. Bouleversant par sa puissance, dérangeant parfois, intense et simple, le roman est sûrement le meilleur moyen de découvrir Murakami. En effet, ça se lira à vitesse grand V, et quelques scènes (oui oui, il y a un peu de cul) sauront titiller l’échine de tout lecteur normalement constitué qui n’a pas envie d’un univers trop fantasmagorique.

Il était une fois…

J’aime bien la présentation de l’éditeur, il y a un peu de la poésie de l’auteur nippon :

« À douze ans, Hajime rencontre Shimamoto-san, sa petite voisine. Avec elle, il découvre la musique, les sourires complices, les premiers frissons sensuels… Et puis celle-ci déménage, laissant à son ami le goût amer de l’abandon. Lorsque, trente ans plus tard, elle réapparaît, Hajime, rongé par le désir et la nostalgie, est envoûté par cette femme énigmatique, reflet de ses rêves perdus. »

Critique de Au sud de la frontière, à l’ouest du soleil

Lorsque j’ai lu ce relativement court titre, j’étais déjà rompu au style de l’écrivain japonais. Aussi Le Tigre, en moins de 48 heures, a dévoré ce petit roman et lui décerne un énorme satisfecit de première bourre. Presque le genre de truc que je serais capable de relire malgré la piètre estime que j’ai de la relecture, c’est dire.

C’est la superbe histoire d’un Japonais qui n’a connu aucune insatisfaction dans sa vie et est bien intégré. Propriétaire de clubs de jazz (comme l’auteur, tiens !), sa vie va basculer lorsqu’il fera la rencontre fortuite d’une amie intime dont le destin l’a séparé il y a une trentaine d’années (il avait 12 ans). La suite ne sera que questionnements et actes adultérins, avec la volonté (souvent réprimée) de tout lâcher pour se mettre avec la mystérieuse Shimamoto.

Contrairement à beaucoup de titres d’Haruki, le fantastique est presque absent de la quinzaine de chapitres. Pour le lecteur habitué à La course au mouton sauvage ou autres 1Q84, l’attente légitime de quelque chose d’un peu plus décalé ne sera point satisfaite. De même, le style sobre (phrases courtes et aisées à parcourir) et peu descriptif s’efface progressivement face à l’énigme relative de l’amie d’enfance du protagoniste principal, mystère qui sera (hélas ?) largement laissé en suspense.

Heureusement que Au sud de la frontière… permet au lecteur de remplir les trous narratifs à loisir, et pour plus de 200 pages il y a vraiment peu de choses à reprocher au roman. Pour ne rien gâcher, la traduction est agréable à lire et les scènes « pimentées » très convaincantes. Un petit merci au passage à la traductrice Corinne Atlan qui, à mon humble sens, a fidèlement retranscrit l’univers de l’auteur.

Thèmes abordés (du moins selon Le Tigre)

Le héros est en pleine crise de la quarantaine, ici initiée par une rencontre d’une personne que son esprit avait oblitérée. Il s’ensuivra l’irrésistible besoin de jouer au jeu du « et si ». Et si je quittais ce carcan douillet pour me lancer à l’aventure ? Et si je ne m’étais pas éloigné de Shimamoto-san, que serais-je devenu ? Hajime est souvent perdu, par exemple sa morale changeante et choquante, du genre « tu peux tromper ta femme pendant sa grossesse tant que c’est pas plus de trois fois avec la même personne ». Amère plaisanterie de Murakami ou exposé des justifications honteuses imaginées par un homme d’apparence banale ?

Malgré la taille de l’œuvre, Le Tigre a pu être immergé dans le Japon des années 80. Les descriptions du pays du Soleil levant (cliché, check) sont bien rendues et font écho aux qualités et défauts du protagoniste : d’une part, la vie bien menée qui renvoie à l’essor économique et la richesse du pays. D’autre part, et revers de la médaille, l’occidentalisation à outrance de l’archipel (ce n’est pas l’unique raison) semble apporter son lot de schizophrénie, avec entre autres une corruption endémique : corruption des institutions autant que des esprits (l’adultère notamment).

…à rapprocher de :

De Murakami, Tigre a beaucoup lu :

– Les nouvelles, comme L’éléphant s’évapore ou Après le tremblement de terre (moins bon). Ou l’essai Autoportrait de l’auteur en coureur de fond, qui parle de jazz (au début).

– Les romans tels que Les amants du Spoutnik (bizarre), La course au mouton sauvage (une pépite, vraie de vraie), Le Passage de la nuit (parfait pour démarrer avec cet auteur). Et la grosse trilogie, l’incontournable 1Q84 (le dernier tome étant en-deçà de mes attentes).

Enfin, si votre librairie est fermée, vous pouvez trouver ce roman en ligne ici.

Stephen King - ÇaVO : It [au moins c’est clair]. Si toute une génération flippe devant les clowns, ou trouve le surnom « Grippe-sou » pas si mignon, voilà le responsable. Trois romans où se mêlent, avec brio, les éléments préférés du bon Stephen King : l’amitié et l’enfance, la peur et la mort, le fantastique et l’horreur. Tigre l’a lu alors qu’il n’était qu’un adolescent boutonneux, et pourtant bien des détails sont encore imprimés dans le cerveau.

Il était une fois…

Tout commence (enfin dans le bouquin) par une vilaine soirée de l’automne 1957 à Derry, Etats-Unis, lorsque George Denbrough se décide à faire voguer son bateau en papier dans la rigole du trottoir. Une mystérieuse créature lui arrache le bras. Ce monstre semble s’attaquer aux gamins, et Bill (le frangin de Georges), Ben Hanscom (le quota gros tas du groupe), Richard (l’amuseur public), Eddie Kaspbrak (le fragile de la bande), Beverly Marsh (la bonasse de la clique) Mike et Stan (cautions minorités ethniques) ont été, de près ou de loin, confrontés à Ça.

20 ans après, Ça est de retour. Nos amis (que je vous ai gentiment présentés) ont, dans leur jeunesse, prêté serment pour en finir avec lui s’il se mettait à revenir. Il est temps de retourner à Derry.

Critique de Ça

Voici le genre de pavé dont Le Tigre repousse sans cesse le résumé : se sentant dépassé par une telle œuvre, le félin n’ose pas attaquer la critique d’un tel monument responsable de quelques nuits blanches de ma tendre enfance. Je n’étais pas plus impressionnable que cela, toutefois il faut reconnaître que l’auteur américain sait parler au réceptacle de la peur de tout cerveau reptilien.

Cette lourde trilogie n’est pas livrée par ordre chronologique, l’auteur américain se faisant un plaisir d’effectuer quelques flashbacks dans les péripéties de nos héros, qu’ils soient tous ensemble ou pris séparément. La cohérence globale du récit n’est guère atteinte, même si sur 1.500 pages il m’est arrivé de trouver que l’écrivain commet de belles longueurs.

Cela dépend certes de l’âge auquel Ça est lu, toutefois les exactions du super-vilain font froid dans le dos, que ce soit du dépeçage d’homosexuels ou de nombreuses transformations au moment opportun. Pour ma part, le summum est atteint lorsqu’on apprend, certes tardivement, ce qu’est cette chose et comment celle-ci nous considère. Quant à l’affrontement final, à part le délire ésotérique dans une autre dimension, j’ai été relativement déçu.

Le style, du pur King : descriptions parfois interminables (avant 15 ans, je ne crois pas que ça passerait), immersion totale, l’Amérique des années 50 et 80 est au bout des doigts, une vraie magie. Au final, il faut au moins commencer ce titre, sachant que le dernier tome est très certainement le meilleur.

Thèmes abordés (du moins selon Le Tigre)

J’ai la sensation de gravement me répéter avec les romans du bon King, cependant les thèmes autour de la jeunesse sont plus que présents. Le lecteur assiste à la constitution du « club des ratés », membre par membre, avec bien évidemment les étapes qui font que de tels branquignoles peuvent, réunis, faire face à la menace extra-terrestre qui ronge leur ville. L’amitié entre les protagonistes est aussi indéfectible que terrible, ce serait presque une malédiction.

King, à sa façon, imagine un (très tordu) éloge du stade pré-pubère : le méchant ne s’attaque qu’aux enfants dans la mesure où leurs peurs sont plus aisément identifiables et peuvent être mises en forme. Comme le truc dans Harry Potter, mais en plus puissant, plus malin et impitoyable. C’est également, par la magie des croyances de ses gamins, qu’ils réussiront à latter la gueule de la grosse araignée (ultime avatar présenté pour se défendre). Si l’araignée semble d’un commun, c’est également le dénominateur commun de la forme horrible que peut prendre un monstre qui préfère s’attaquer aux individus plutôt qu’aux groupes.

Les souvenirs et la mémoire, en outre, restent en filigrane de ce roman. La population de Derry, déjà, est intimement liée au monstre qui semble être son réel « centre ville ». Parce que la chose laisse passer quelques décennies entre deux attaques, l’intelligence collective de la ville ne fait pas le rapprochement. Il en sera différemment grâce à Mike, le bibliothécaire, qui reste dans la cité et se tient prêt prêt à convoquer ses amis (une sorte de gardien, en fait). Tous oublieront Ça après l’avoir tué, comme un histoire d’enfance coincée dans le subconscient.

…à rapprocher de :

– Il faut savoir qu’un téléfilm (deux épisodes si j’ai bonne mémoire) est paru sur cette histoire. Le clown est moins flippant que prévu, mais surtout quelques passages ont été zappés. Notamment la jeune Beverly (pas aussi belle que je me l’imaginais) qui, dans le film, ne se fait pas sauter par ses potes dans les égouts afin de leur redonner du courage. Si si.

– Je ne vais pas vous faire la liste des romans de Stephen que Le Tigre s’est calé dans l’estomac. Au hasard donc : Les Tommyknockers (un peu trop long), Carry, Dreamcatcher (le thème de la jeunesse est aussi prégnant), La tempête du siècle (en fait un scénario destiné à la télévision), Shining (long mais suffisamment horrible), Cujo (pas mal, mais peu flippant), etc.

– Dans le même style de pavé fondateur que je n’ose pas résumer, il y a le cycle de La Tour sombre. Génial.

Enfin, si votre librairie est fermée, vous pouvez trouver ce cycle (premier tome) en ligne ici.

QLTL - 12J’ai bien peur que vous vous apprêtiez à lire le billet le plus personnel, hum, intime même, de votre félin préféré. Tigre se livre comme jamais il n’a osé, et compte bien vous entretenir d’une grave maladie dont il est atteint : le fétichisme du nombre 12. Le fameux dodéca, le précieux nombre dont je suis amoureux. Pour info, ce billet comporte 1 212 mots. Si.

Éloge du Douze

Certains roucoulent de plaisir en visionnant des choses peu catholiques sur la vaste toile numérique ; d’autres n’en peuvent plus de voir leur équipe préférée aligner l’adversaire sur un terrain quelconque ; pour ma part, mon membre turgescent atteint son apogée dès que je suis en présence d’un douze. C’est comme ça, et je m’en accommode plutôt bien.

Autant que je m’en souvienne, cette révélation a pris corps lorsque grand-mère puma m’avait amené à la foire du trône. Je ne parle pas de l’état de ma litière un lendemain de cuite. J’avais sept ans. Je refusais de prendre la voiturette du circuit en forme de huit tant que celle portant le numéro 12 n’était pas libre. Je l’avais attendue un bon quart d’heure. Autant vous dire que je n’avais pas eu le droit, par la suite, à la barbe à papa.

Le reste de mon existence ne fut qu’une liste d’exquises confirmations de la portée magique qu’il fallait que j’attribuasse à ce nombre. En vrac, ça donnait à peu près ça :

Je suis né en 84 ; l’addition de mon numéro d’étudiant était un multiple de 12, tout comme celle de mes numéros de sécu ; mes deux prénoms forment douze lettres ; Mylène Farmer est née un 12 (ma copine a beau dire, je ne suis toujours pas gay) ; c’est le nombre d’étoiles au drapeau européen (Tigre est fédéraliste intégriste, ne l’oublions pas) ; y’aurait soixante-douze vierges qui m’attendent si je me fais sauter devant le stand Dargaud/Bragelonne/Gallimard à la prochaine édition du salon du livre [faites votre choix, sachant que je continuerai à les afficher tant que ceux-ci ne répondront pas à mes exorbitantes demandes de partenariat].

C’est simple, je trouve toujours le calcul idoine pour retomber sur mes pattounes.

Les risques de la dodécaphilie

Etre amoureux d’un nombre est loin d’être une sinécure, j’en souffre intensément. Surtout les autres.

Déjà, mon rythme de vie est calé sur cette unité. Au ciné, place n°12. Pas d’exception. Pareil dans le train, je me fous par défaut sur ce siège et propose l’échange dès que le propriétaire du billet se pointe. Cela marche une fois sur deux. Pire, je règle mon réveil en fonction d’un multiple de douze. Aussi, si je ne me lève pas à 7h48, il faut que j’attende 8h12. Allez expliquer ça à votre patron. C’est comme les cannelés, macarons ou autres saloperies chèrement vendues. Soit j’en dévore douze, soit aucune. Six, à la rigueur, et souvent l’envie de bisser est très forte.

Ensuite, cela me fait parfois passer pour un débile. Ou un être profondément dérangé. Je m’explique : j’ai pour habitude de compter en base douze. Je ne parle que par douzaines, grosses, etc. Mon petit plaisir est de rendre folle toute boulangère en lui commandant une demi-douzaine de demies baguettes bien cuites. Ou une grosse de chocolat (144 grammes). Si la vendeuse du stand 34B marché de Noël de la Défense me lit, je n’insinuais pas que t’avais un derche aussi large que la Grande Arche, seulement que je voulais 144 grammes de guimauve. Et que ça ne sert à rien de prévenir la sécurité, car je suis connu dans le quartier.

Blague à part, si l’Humanité était un peu moins conne, ça ferait longtemps qu’on compterait en base duodécimale. Division par 2, 3, 4, 6, check ! Alors qu’en base 10, merde le 5 sert à rien. C’est comme le 7, des chiffres soi-disant magiques qui font juste chier quand on souhaite correctement s’en servir. Faut mieux additionner ces petits cons, le résultat est parfait. Je ne vais pas vous meubler les vertus mathématiques du 12, sachez juste que dès que je serai Président de l’UE, ma première décision sera de modifier l’ADN humain pour qu’on ait, à terme, six doigts. La base 12 viendra d’elle-même. Votez Tigre.

Enfin, cette passion me contraint à commettre certains actes qui seraient inscrits dans le Code pénal. Genre. Bon, il est vrai que pas mal d’habitants des villes dans lesquelles je sévis se plaignent de ne plus recevoir leurs courriers. Je n’ai aucune idée des qualités intuitives de la police de notre pays, j’espère seulement que les flics ont remarqué que ces personnes habitent toutes au numéro 12. Si vous êtes restaurateur et que vous avez « perdu » l’encart affichant le numéro de la table douze, envoyez la note à mon adresse de contact du blog. Idem pour les collectivités territoriales à qui il manque des plaques de noms de rues où apparaît ce numéro.

Et ce ne sont que des exemples. Plus j’écris ce billet, plus j’hésite à le publier tellement mes rites semblent être les motifs que sœur-panthère attend pour m’envoyer en HP, ou me mettre sous curatelle, juste le temps de faire main basse sur ma bibliothèque.

Le blog et le douze, l’alliance des puissants

Pourquoi se mettre à poil devant vous sans la moindre vergogne ? Simplement afin que vous compreniez comment mon esprit, donc QLTL, fonctionne. Je suis le premier blogueur en ce bas monde qui a connement articulé son site autour d’un numéro. Un exploit, vous n’imaginez pas combien de fois 12 revient. Je vous donne quelques illustrations, sachant que jamais vous ne pourrez toutes les trouver :

Les « bons plans » littéraires que je donne sur un thème précis sont au nombre de douze : les glorieux Dodécatoras, communément appelé le Top 12.

Les images illustrant les billets (dont le format est petit, j’en conviens) ont un nombre de pixels multiple de douze. Pour les couvertures de livre, c’est du format 132×216 par exemple.

La page d’accueil ne comporte que les douze derniers billets. Pas un de plus.

De même, l’extrait des billets sur cette même page comporte 72 (ou 60) mots.

Les clairvoyantes explications sur certains sujets sont livrées en trois ou quatre parties.

Lorsque je planifie la publication d’un billet, celle-ci aura lieu à 12h12 par défaut. Vous êtes au courant pour la mise à jour quotidienne.

Lorsque ce blog aura douze ans, il disparaîtra sans prévenir. Tel un Jésus numérique, QLTL renaîtra de ses cendres, trois jours après, sous la forme d’un site irradiant de puissance et contaminant les esprits de chacun pour les amener à honorer la nouvelle Religion du Douze. Plus prosaïquement, je pensais à un virus informatique qui transformerait chaque mot en « 12 », et les « 12 » en smileys. Juin 2024, vous voilà prévenus.

Conclusion12

Le premier qui parle de superstition, je le bouffe. Cela n’a RIEN à voir : cette ignorance crade et moyenâgeuse concerne essentiellement des manies dites négatives. Faut pas passer sous une échelle, croiser un chat noir, tourner le dos à Sarkozy, répondre DTC à ton prof de géo qui te demande où est le Surinam, etc…

Ce n’est pas non plus une fixation morbide à la Jim Carrey. Dans l’esprit du Tigre, la dodécaphilie n’est qu’amour et recherche du somptueux nombre avant d’entreprendre quoi que ce soit. Un peu comme les Chinois avec le 8, mais en pire.

Le Douze, c’est la vie.

André Fortin - Restez dans l'ombreJ’étais parti pour descendre en règle ce roman. Celui-ci l’a sûrement senti, car l’intérêt du Tigre s’est réveillé dans le dernier tiers. Voici une histoire presque basique de vengeance, de destins brisés et de lamentables comportements pendant la glorieuse période de la collaboration. A sa décharge, André Fortin est un magistrat avant d’être un écrivain. Au moins son œuvre est concise et précise quant à l’exercice du métier.

Il était une fois…

Vers la fin du stage de ses deux auditrices de justice (des magistrats en devenir), le juge marseillais Galtier leur offre l’histoire la plus marquante de sa carrière. Tout commence par le meurtre (quelques coups de poignard) d’un vieillard. Comme ça n’a pas l’air d’être un crime crapuleux (le morlingue du vieux étant intact), Galtier se penche sur le passé de cet individu. Aidé de Juston, un flic, ils partent à la recherche du coupable. En parallèle, l’histoire d’un certain Théodore Fonseca pendant la guerre, et celle de Charlotte, ado perturbée dans une pension en Suisse. Quel est donc le lien entre tout ce joli monde ?

Critique de Restez dans l’ombre

Le juge Galtier, bon vivant, aimant les femmes (la sienne, Billy, est pédopsy, ce qui va avoir son importance), tient particulièrement à découvrir qui se cache sous le personnage de Théo. Un poil désabusé sur ses contemporains, Galtier fait montre d’un certain talent pour mettre mal à l’aise ou tirer les vers du nez des autres.

Les chapitres alternent entre cette enquête et deux autres trames narratives. D’une part, les péripéties de Théo, petite frappe qui va s’intégrer aux milieux (le Milieu, et celui de la collab’ avec tonton Hitler et tata Pétain). J’ai eu du mal à apprécier ces passages, c’est peu immersif. En fait, Tigre a commencé à apprécier dès que (attention mini spoil) le jeune homme séquestre une ado juive. Je dois être malsain.

D’autre part, Charlotte et la directrice de l’établissement, Marie-Hortense. Mazette, leurs récits sont chiants à mourir, je n’ai jamais autant souhaité qu’un chapitre se termine. Même si on s’en doutait, faut bien attendre 120 pages pour savoir d’où cette petite conne sort, et que c’est forcément par elle que la vérité jaillira. Si on ajoute un style peu transcendant, sinon lancinant, comprenez que je ne suis pas prêt de récidiver en présence du juge Galtier. Heureusement que le lecteur pourra trouver ici et là quelques savoureuses expressions fleurant bon le sud.

Au final, encore un roman-diesel dont l’intérêt se fait salement attendre dans les premiers chapitres. Cependant l’auteur marseillais se rattrape correctement, jusqu’à un épilogue tout ce qu’il y a de satisfaisant.

Thèmes abordés (du moins selon Le Tigre)

L’Histoire, cette insaisissable salope. Pas compliqué de deviner que les protagonistes vont se rejoindre, et les exactions de quelques-uns mises à nu. De manière très classique (Dédé, tu me permets l’expression ?), l’écrivain aborde la question de la création d’une légende personnelle alors qu’on a fait de la merde, que l’Histoire est adaptable pour peu qu’on s’y prenne autant rapidement qu’ingénieusement.

Le Théodule, à ce titre, fait preuve d’inventivité. La morale, semble-t-il, est que dans une petite communauté, tout finit par se savoir. Et ça retombe sur la gueule des descendants.

Le quatrième de couverture parle d’une « manière de s’interroger une fois encore sur la place de la justice dans notre société et sur le rôle du magistrat en la matière ». Soit, mais faut pas que le stagiaire qui a rédigé cette couverture tente désespérément d’entuber Le Tigre ici, l’auteur ayant fait le minimum syndical en la matière (sic). Il sera juste question de savoir si le bon juge, qui supputait le fin mot de l’histoire (qui est le meurtrier), aurait dû faire actionner la machine judiciaire. Le débat final avec les deux auditrices est d’une platitude sans nom, un alignement à peine éhonté de lieux communs et fort décevant.

…à rapprocher de :

– Sur l’histoire de Théodule (pardon, c’était plus fort que moi), j’ai préféré les infâmes du roman Le corps noir, de Dominique Manotti. Plus compréhensible, immersif.

– Avant vilain Fortin, Tigre s’imaginait que, concernant les polars marseillais, seul Jean-Claude Izzo existait. Cela me chagrinait d’autant plus que je n’ai jamais eu le courage d’en lire un.

– Autre auteur du même cru, on peut se faire plaisir avec Lettre à mes tueurs, de Frégni.

Enfin, si votre librairie est fermée, vous pouvez trouver ce roman en ligne ici.

Collectif - Judge Dredd, Tome 3 : IntégralePublié sous 2000 AD PROGS 116-154. « Tiens tigrou, c’est super comme comics ». Si je tiens l’inélégant qui m’a envoyé ça par courrier, j’expédie son cas comme le ferait le rieur Judge Dredd. Car ce n’est pas du tout le genre de BD que j’arrive à lire. Si les différentes intrigues sont de qualité inégale, on ne peut pas en dire autant du dessin, constamment insupportable.

Il était une fois…

Nous sommes en l’an de grâce 2101, et même en 2102. A la suite d’un cataclysme nucléaire, l’Amérique (enfin ce qu’il en reste) est cloîtrée dans des mégapoles joliment bétonnées. Aux alentours, la nature menaçante, avec quelques mutants roulant leurs culs irradiés. Dans les villes, la presque anarchie. Mais il est une race d’individus surentraînés, derniers remparts de la cité, les Juges : policiers, jurés et bourreaux. Dont le pétillant Joseph Dredd. Krokk (dixit l’intéressé).

Critique du tome 3 de Judge Dredd

J’ai lu ce truc sur un coup de tête, profondément ému par la prestation de la blondasse (qui joue Anderson) du film Dredd de 2012. Blague à part, le film est sympa. Hélas, le comics d’origine est trop vieux et quelque chose n’a pas été digéré par le félin estomac. A moins que ce ne soit en raison du format magazine

Cette intégrale recouvre quelques dizaines d’épisodes qui, à de rares exceptions, peuvent être lus dans le désordre le plus complet. A partir de la moitié du titre, Tigre en a survolé pas mal il est vrai, cependant s’accrocher fut bénéfique, car c’est dans les dernières péripéties qu’on voit apparaître cette tarlouze de Judge Death avec sa dentition à la Jean Rochefort et sa notion fort nihiliste du crime (être vivant, tout simplement), ou alors la peste noire (arachnophobes, abstenez-vous).

Ultime raison de la « note » négative de ce comics, les illustrations. Les décors sont léchés, voui. Les personnages sont finement ciselés, presque des gravures, voui voui. A part ça, aucune discipline dans les cases et le rythme, ça part aux quatre coins de la rose des vents. Ajoutez à cela le texte mal foutu et/ou placé dans l’ensemble graphique (écrit trop petit), j’avoue avoir zappé quelques planches que je n’avais pas le courage d’entamer. Tigre n’aurais pas craché sur un peu de couleurs enfin (faut pas rêver).

Pour conclure, un gavage en règle. Faut pas lire d’une traite ces excès de testostérone, sauf à le prendre pour ce que c’est vraiment : un grand n’importe quoi des auteurs anglais pour démonter, consciencieusement, tout ce que le libéralisme le plus sordide peut faire d’absurde. Dès 1979, Thatcher en prenait pour son grade. Splendide. Faut pas se fier sur les rares chapitres où Dredd fait montre de bon sens, voire d’une profonde humanité, ce n’est pas son rôle.

Thèmes abordés (du moins selon Le Tigre)

Le point principal de ce comics, à mon humble avis, est que le no future généralisé du monde dans lequel les auteurs (y’en a une pétée, Tigre n’a pas le courage de les citer) nous introduisent. Dévastée à cause de l’Homme, la terre ne ressemble à rien et la civilisation, bien que plus avancée technologiquement, a terriblement régressé. J’aurais bien proposé de réduire le globe en cendres, sauf qu’il n’y a même pas de colonisation d’autres planètes en cours. Epic fail.

A première pensée, Dredd gère son métier comme un sagouin, de manière mécanique. Son cerveau limité et résigné ne s’attaque qu’aux conséquences directes, sans penser aux implications à venir (Dredd se fait souvent mener en bateau). Sauf que ça colle exactement avec son monde, qui à la prévention préfère la pure réaction. A un univers infâme, il faut son justicier foireux, à savoir quelqu’un qui a le monopole de la violence, est seul juge, et applique la peine (toujours de la prison, quand ce n’est pas la mort).

En effet, on remarque aisément que la justice dispensée par Dreddissime est profondément merdique. L’individu lambda n’a aucune confiance en les Juges, cela va au-delà de la crainte, ce qui est justifié par leur intransigeance (une monomanie plutôt). En Europe, quand un policier nous interpelle, on se demande tout de suite « qu’ai-je fait de mal ? ». A Mega-City One le citoyen normal préfère fuir et tout faire pour ne pas tomber entre ses doigts. Sur un des épisodes, un gus va même jusqu’à enfreindre dix lois pour échapper à Mister D.,…alors qu’il n’avait rien à se reprocher (à part avoir jeté un papier sur la voie). On rit jaune.

Dredd est un anti-héros, mais il ne le sait pas encore.

…à rapprocher de :

– Il y a d’énormes ressemblances avec Transmetropolitan, de Warren Ellis : le cynisme des puissants ; l’avenir qui, à part quelques gadgets technologiques, fait état d’une inquiétante régression ; la corruption assumée et cynique, etc.

– Le dessin et les histoires qui patent dans tous les coins me font penser au bon Will Eisner et son Appel de l’espace. N’ai pas du tout accroché non plus.

Megalex, chez les éditeurs Les Humanoïdes Associés, joue le même délire où le gros de l’Humanité est parquée dans une grande cité autant bétonnante que déconnante, avec la nature qui tient à reprendre ses droits. Sauf que les gentils et méchants ne sont pas, au final, clairement identifiés.

– Cela peut sembler idiot, mais le mec savamment burné qui vient établir sa justice et émasculer les vilains, sur sa belle moto, dans un futur dont il est rappelé quelques aspects loufoques (introduction souvent nécessaire),…mais oui bien sûr ! C’est Pascal Brutal, de Riad Sattouf. Des barres de rire au passage.

Enfin, si votre librairie est fermée et que vous avez plus de patience, vous pouvez trouver ce comics en ligne ici (je ne mets pas les liens vers les autres tomes, Dredderden Sie sich).

Haruki Murakami - L'éléphant s'évaporeVO : Zō no shōmetsu. Murakami est un auteur prolixe, et pendant les années 80 il s’était notamment fait plaisir à écrire quelques nouvelles. Chacun sa manière de se détendre. Ce recueil comporte une vingtaine de textes doux-dingues assez inégaux, mais le lecteur repèrera vite si c’est susceptible de le transporter.

Il était une fois…

Allez zou, voici ce qu’en dit l’éditeur :

« Une curieuse digression sur les kangourous. Un éléphant qui se volatilise. Un nain diabolique qui danse. Ou une jeune fille « cent pour cent parfaite ». A travers ces dix-sept nouvelles, petits contes anodins de notre quotidien, Haruki Murakami entraîne son lecteur dans une dimension parallèle à l’imaginaire délicieusement drôle et bizarre, au fil d’un Japon nostalgique et moderne à la fois. Farouchement zen et férocement fantastique, l’auteur déploie encore une fois son art magistral, et nous montre qu’il sait comme personne comment transfigurer la banalité de nos existences ».

Critique de L’éléphant

Tigre a lu ce recueil il y a quelque temps déjà, et même si le félin sait à quoi s’en tenir, heureusement qu’une bonne âme a bien voulu me rappeler ce dont il est question dans certaines nouvelles. Car il est des textes que mon esprit avait fermement décidé d’oublier, et ce malgré la bonne impression générale tirée de l’œuvre.

Ce qui est particulièrement bienvenu est l’indépendance totale entre tous les textes. Aussi je n’ai pas hésité à lâcher dès que cela ne m’inspirait pas, ce qui fut le triste sort réservé au premier texte. Ce n’est pas bien, je sais, mais cette histoire de coups de fils et d’un chaton perdu, tsss. Les huitième et dixième (vague histoire de mecton partageant son appart’ avec sa jeune sœur) nouvelles, même funeste destin.

Maintenant, les bons points : l’imagination féconde (et parfois déroutante) d’Haruki M., qui parvient à pondre des saynètes fantastico-poétiques ; et le style aussi fluide qu’une autoroute française après la crise du pétrole de 73. Quant au « farouchement zen » vanté par l’éditeur, Tigre se demande comment la zénitude peut faire preuve de faroucheté, faut pas déconner : ça ne sied ni à la complexité ambiante (exemple de l’antépénultième titre, sur l’étudiant fauché), ni au fantastique parfois violent. J’aurais plutôt comparé le tout à un jardin japonais : ça part dans tous les sens, mais avec harmonie.

Pour conclure, je m’aperçois que les textes dans L’éléphant s’évapore sont comme les souvenirs de vacances : on ne garde en mémoire que ceux ensoleillés, où le rire se mélange à une douce folie si propre à l’auteur. Il y a certes des passages totalement pluvieux (traduction en littérature : hermétiques), mais au moins on peut décider de passer à la journée suivante.

Thèmes abordés (du moins selon Le Tigre)

Le fantastique en embuscade. Tigre a l’Impression de se répéter par rapport à Murakami, mais ce dernier a une délicieuse manie de nous en mettre plein la vue lorsqu’on s’y attend le moins. Surtout dans ses plus plus courts romans. Narration normale (enfin, façon de parler), intrigue triviale, quotidien morose…et là, soudain, au coin d’un paragraphe, le monde réel dégage comme un pet sur une toile cirée coulissante (nipponne forcément).

L’ultime reproche de cet ouvrage, enfin, est sa densité. A titre personnel, je préfère quand l’auteur japonais opère un glissement sémantique progressif, ce qui est plutôt l’apanage d’un roman. Dans notre cas, une vingtaine de pages par intrigue n’est pas la taille idéale : soit ça mérite d’être allongé, prolongé pour aller au format supérieur (l’avant dernier texte, éprouvant et beau), soit le délire est trop vite complet, et si le lecteur ne s’accroche pas aux branches dès le début, il passera à autre chose (ce qui m’est partiellement arrivé).

…à rapprocher de :

– Murakami…aaah, mon petit Haruki, qu’est-ce que j’ai pu prendre comme plaisir à t’avoir au bout de mes doigts : 1Q84 bien sûr (fin décevante), La course au mouton sauvage (sublime), Les amants du Spoutnik (mouais), Le Passage de la nuit (parfait pour démarrer avec Haruki). Et plein d’autres. Pas le temps de tous les mettre. Allez, un dernier excellent : Au sud de la frontière, à l’ouest du soleil.

A signaler le court recueil Après le tremblement de terre, plus abordable à mon sens.

– Peut-être rien à voir, mais un auteur capable de créer de tels mini-mondes autour d’oeuvres plus imposantes, ça me rappelle Philip K. Dick. Entre ses fabuleuses productions du recueil Le dernier des maîtres ou le gross pavé qu’est SIVA, il y a un monde.

Enfin, si votre librairie est fermée, vous pouvez trouver ce roman en ligne ici.

Les Sutras du TigreCe blog n’est pas celui d’un écrivain. Je n’ai aucune prétention de ce genre. En revanche, en tant que pseudo critique littéraire à la crédibilité aussi éprouvée qu’une chemise hawaïenne à un enterrement, Le Tigre peut éparpiller ses conseils à l’attention des écrivains en herbe. Après avoir lu plus de 4.000 titres, je commence en effet à me rendre compte où ça peut clocher.

Comment bien écrire ?

Avant de démarrer les douze (encore ce chiffre !?) conseils à l’attention des wannabe writers, Tigre vous signale que cette idée m’a été plus que soufflée par un pote qui sévit dans une maison d’édition d’amateurs (traduction : pas intéressés par les tunes) qui font parfois mieux que certains pros.

1) Soigner l’orthographe

La base. Rien à dire de plus sur ce point. Une petite faute d’inattention, à la rigueur (et encore, seulement chez ceux qui n’ont pas d’éditeur pour les relire), mais dès que y’en a trop, les problèmes commencent. Difficile d’être pris au sérieux alors. Je délivre ce premier conseil avec d’autant plus de franchise que ce blog est truffé de fautes.

J’en profite pour vous enjoindre, dès que vous en voyez une, à me la signaler en commentaire. Celui-ci ne sera pas publié, à la place je vous lécherai le derrière par courriel.

2) Rendre ses phrases compréhensibles

La langue française est suffisamment riche pour faire d’une innocente phrase un bordel sans nom.

Notamment, attention aux pronoms relatifs et personnels, d’expérience on pèche souvent de ce côté. Non seulement il est redondant de s’emmêler les pinceaux sur le sens (du genre « cette petite conne était sur la piste de danse qui détonnait »), en plus l’emploi de trop de pronoms a tendance à gravement allonger les phrases. Enchaîner des phrases courtes ralentira certes le rythme, c’est pourquoi il faut savoir ce que vous voulez produire : accélération et nombreuses données fournies ou l’inverse ?

Achtung : les sentences fort courtes, voire nominales (n’en abusez pas), en plus de casser le rythme, tendent à annoncer que quelque chose va survenir. Si rien ne débarque dans la narration, le lecteur qui aura attendu un petit quelque chose va se sentir floué.

3) Bien adapter la ponctuation

Ne jamais sous-estimer la puissance de la ponctuation. Certains items restent (relativement) peu utilisés, notamment le point-virgule ou les tirets remplaçant une parenthèse. Plus généralement, il convient de faire gaffe à l’équilibre visuel du texte : votre prose aura beau être majestueuse à découvrir, si de loin le tout pique les yeux, ça ne servira à rien.

Très peu d’auteurs peuvent se permettre de ne pas aérer leurs textes (Milward y est parvenu, ce boulet de Littell a cru que ça faisait plus sérieux), ainsi veillez à ce que « de loin » votre ouvrage donne envie de l’aborder. Pas de gros paquets qui dépassent deux pages, à l’inverse pas de chapitres entrecoupés d’une grosse page blanche. En outre, et si vous n’avez pas d’éditeur diligent pour le faire à votre place, on attend d’un texte qu’il n’y ait qu’une police, et avec une seule taille (sauf exceptions justifiées). La continuité, ce n’est pas compliqué. Si ?

4) Surveiller son niveau de langage

« C’était pendant l’horreur d’une profonde nuit. Ma bite me grattait affreusement. La sueur ourlait mon épiderme de gouttelettes de rosée. J’avais des putains de morpions sur la queue. »

Ça fait sourire, mais quand c’est involontaire (et la plupart du temps, ça l’est), on n’est jamais loin du désastre. Une expression trop familière glissée dans une narration au style soutenu casse assez net l’illusion romanesque. Cela ne veut pas dire qu’on ne peut pas en jouer ; mais souvent on ne sait pas en jouer, c’est bien là le problème. Cela est valable dans l’autre sens.

J’en profite pour dire que sur QLTL, cette règle de l’unité du langage est parfois allègrement violée dans tous les sens, c’est mon aspect schizo qui s’impose alors.

5) Éviter les dialogues orduriers

Je préfère ne pas donner d’exemple, écoutez-vous juste parler avec vos amis et couchez-le sur papier. Atroce. Quand on entend faire de la littérature, les dialogues ne sont pas de la langue parlée. Faut adapter et ne pas la jouer en mode « retranscription de greffière coinços ».

6) Bien gérer les répétitions

Il faut mettre en place le subtil équilibre entre la nécessité de savoir de qui on parle (par exemple, « la fine actrice », ne peut pas être, trois pages plus loin, « Mélanie Laurent », à moins que la première n’ait subi une lobotomie) et l’obligation de ne pas attacher à un personnage la même image qui va lui coller aux basques – sauf exception, par exemple L’Enquête de Claudel. Ce n’est pas parce qu’un protagoniste est roux que vous alignerez tous ses synonymes. Y’a que San-Antonio qui y parvient avec Mathias.

Plein de solutions existent, piochez où vous voulez : faire un rapprochement avec l’action précédente, sortir un dico des synonymes, attribuer une fonction qui distingue un des intervenants pendant un certain moment, bref tout est dans ce que Le Tigre nomme, en bon politicien, la « cohérente variation ». Aussi faut pas déconner dans la notion de progression : si un(e) individu(e) est affublé(e) d’une expression particulière, faites-la évoluer, lentement mais sûrement (sauf twist scénaristique).

7) Être prudent sur les références

« La fille ressemblait à la miss météo de la petite chaîne qui monte, et parlait avec la voix de Johnny Halliday après trois concerts arrosés de Jack Daniel’s (secoué, non agité comme il se doit). Ses Louboutin résonnaient sur le lino Casto, et avec son cuir on se serait cru dans une party sortie de Matrix Revolution. »

Vous voyez le souci. Un bon texte doit avoir son propre univers cohérent, sans avoir besoin de convoquer abusivement des références externes. On croit être renforcé par ces références, en fait celle-ci nous affaiblit en appauvrissant l’imaginaire puisqu’elle convoque des images toutes faites. A mon sens, ce procédé relève de la paresse, et du clin d’œil malvenu au lecteur. 

8) Zapper les clichés

On est dans le prolongement du conseil précédent, cependant Le Tigre va un peu plus loin : non seulement utiliser les expressions toutes faites est proscrit, mais créer son propre langage imagé peut faire la différence. De la même manière, les personnages « prêts à être utilisés » tels qu’on en rencontre partout sont à éviter.

Par exemple, le cliché de la femme fatale/éternelle (brune souvent) est un poncif qui fera bailler plus d’un lecteur. Ou, pire, le serial killer esthète sur les bords. Vous pouvez partir de cette base, toutefois ce serait idiot de ne pas tenter de sortir des clous et offrir quelques surprises au lectorat.

9) Ne pas trop franchir le quatrième mur

« Alors moi mon nom c’est Tigre. Tigre, putain ! Pas commun, hein ! Ça t’étonne !! Alors laisse-moi te dire que ma vie de blogueur, c’est pire que la jungle »

Moche. Un peu comme si Coluche faisait des clins d’œil au public à chaque bon mot. Si ç’avait été le cas, le comique ne serait pas allé bien loin. Ce genre d’appel du pied, cette fausse complicité de poivrot dans un bar qui te chope par l’épaule en disant « t’es mon meeeeilleuuur amiiii toi », c’est tout simplement non avenu.

Quand ça marche, cela donne un San-Antonio ou du Arnaud Le Guilcher (dans une moindre mesure). Nadine Monfils, à l’inverse, ça ne passe plus.

10) Entretenir l’atmosphère

Encore une question d’équilibre. S’il n’y a que des dialogues, c’est chiant. Paroles contre paroles, faut que la personne qui vous lit s’accroche intensément pour façonner un décor, la psyché des personnages, leurs attitudes. C’est bien joli de faire appel à l’imagination du lecteur pour combler les vides, seulement sans la moindre aide ce dernier risque de faire n’importe quoi. Au risque d’être dérouté plus tard.

Toutefois, ne versez pas dans ce que je me plais à nommer le terrible « Zola Syndrom ». Ou Balzac. Ou Tolstoï. Ou n’importe quel romancier (de talent certes) qu’on vous a obligé à lire étant jeune et dont les descriptions vous ont donné envie de sauter par la fenêtre. Si, en plein milieu d’une baston, le héros commence à discourir sur l’état du macadam qu’il est en train de se manger, vous risquez de perdre plus d’un fan.

11) Se relire, et surtout se faire relire

Ce commandement, c’est une sorte de reminder général de ce qui a été précédemment dit. C’est bien joli de turbiner tout seul dans son coin (c’est même salutaire quand faut se concentrer), mais un moment faut bien sortir son cul de la tour d’ivoire littéraire dans laquelle on est, et prendre le temps de juger ce qui a été fait.

La relecture à titre personnel est certes importante, toutefois par d’autres c’est préférable. En particulier par des personnes au taquet et qui ne sont pas du genre à prendre des gants pour briser votre boulot littéraire. Au moins vous saurez ce qu’il y a à améliorer. Exeunt donc votre sous-fifre ou grand-maman, trop contents de vous faire plaisir.

12) Lire, écrire, lire, écrire, etc.

Plus on lit, mieux on écrit. Plus on écrit, mieux on se porte. Vérité vraie. Le bon Stephen King en personne le dit, alors que rajouter ?

Sérieusement, plus vous lirez, plus votre boîte à outils gagnera en taille et plus quelques fautes de style/orthographe vous piqueront les mirettes dès la première seconde. Quant à l’écriture, vous verrez comment enrichir votre vocabulaire et votre style ne s’acquiert pas après une semaine à plancher face à votre ordinateur.

13) [un dernier pour la route] Se torcher la gueule à bon escient

Hemingway, Baudelaire, Bukowski, Self,…franchement les écrivains publiant leurs chefs d’œuvre en affichant fièrement 2 grammes d’alcool au compteur ne sont pas légion. Une exception. Se la coller comme un sagouin avant de prendre sa plume n’est pas recommandé, à chaque fois que Le Tigre l’a fait, le réveil fut très décevant (je ne parle pas de la gueule de bois) : plutôt content de ma production de la veille, hélas en la lisant je me suis aperçu que ce n’était ni drôle, ni fin, encore moins bien écrit.

A la rigueur, un bon shot ou un début de cuite peut constituer un kick de départ. Il ne faut toutefois pas aller plus loin, et laisser l’ivresse de l’écriture prendre le relais sur l’alcool.

Conclusion d’écrivain en (mauvaise) herbe

En vérité, fais ce que tu veux, petit écrivain. Surtout que, sur ce blog, je ne m’affranchis que trop souvent de ce qui a été dit.

Mais ne viens pas chialer sur mon blog une fois que j’aurai démoli ton ignoble torchon à cause d’un conseil non respecté.

Lee Child - Elle savaitVO : Nothing to lose [le titre français est bien palichon à côté]. Énième histoire d’un ancien flic qui semble avoir une déveine de dingue, voilà un thriller qui se laisse dévorer (près de 600 pages pourtant). Nombreux retournements de situation, urban war, intrigues géopolitiques, ce n’est ni polar du siècle, ni un navet.

Il était une fois…

Jack Reacher, on ne sait par quel hasard, se retrouve dans un métro vers 6h du mat’ à NYC. Face à lui, une femme qui correspond parfaitement à un individu candidat à un attentat suicide. En effet, douze points (qu’il a appris en Israël) sont tous validés : transpiration, mains dans un sac, marmonnements, habits larges, etc. Jack, comme un boulet, met les pieds dans le plat. La nana se suicide. Bravo mec. Sauf qu’apparemment elle avait quelque chose sur elle, et pas mal d’organisations plus ou moins puissantes sont déterminées à récupérer cet objet.

Critique de Elle savait

Deux remarques. Déjà, pas besoin de lire les premières pérégrinations de ce héros. L’auteur britannique fait en sorte qu’on puisse débarquer dans ses romans comme de parfaits touristes prêts à être trimballés dans le scénar. Ensuite, gros coup de gueule contre l’éditeur qui a quasiment spoilé le sujet. Merde, on suppute que le héros est poursuivi par une jolie pétée de personnes, était-ce nécessaire de préciser qu’Al-Qaïda est de la partie ?

Ce titre démarre comme en 14, l’immersion est presque parfaite : notre héros fait superbement étalage de ses connaissances en matière d’anti-terrorisme et se retrouve aux premières loges, le cul coincé entre quatre chaises au moins. Un vrai détective à l’instar de Batman, Jack fait montre d’un sens de l’analyse assez poussé (hypothèses émises, démontées, nouvelles idées, etc.), quitte à avancer dans son enquête avec un cul excessivement bordé de nouilles.

Si Jack R. n’est pas vraiment seul (aidé du frère de la victime, Jacob Mark, ou de l’agent Lee), force est de reconnaître qu’il donne l’impression d’être un vieux dinosaure qui ne sait rien des nouvelles technologies et de ce que celles-ci peuvent offrir. Un gus qui laisse filer cet aspect-là ne m’a pas semblé logique, toutefois au fil des pages le héros parvient à s’en sortir avec sa bite et son couteau (ce n’est pas une image, il utilisera bien les deux).

Le style est plutôt simple et prenant, servi avec un chapitrage court et rythmé. Toutefois le lecteur attentif pourra être passablement gavé par certaines péripéties de cache-cache qui consistent à se faire choper (ou alpaguer) et à s’en sortir avec plus ou moins de succès. Au final, un auteur qui fait bien ses devoirs littéraires et donne envie de poursuivre avec son personnage principal, bien construit sur toute la ligne.

Thèmes abordés (du moins selon Le Tigre)

Ce roman est un correct exemple de l’antagonisme entre l’intérêt politique et les libertés publiques. Le NYPD, le FBI, les militaires, un homme politique souhaitant devenir sénateur (Samson), beaucoup de flics, en fait tout ce petit monde pète de trouille car une information compromettante se balade dans la ville. Quelqu’un sait quelque chose, et cela pourrait foutre le feu (pas littéralement hein) dans la tanière de certains. Cette fameuse info se révèle progressivement, et d’un machin anodin au premier abord le lecteur finira par découvrir une vérité dérangeante (des deux côtés).

Le dernier thème m’a semblé être le « Grand Jeu », ou les évolutions géopolitiques de ce bas monde. L’Histoire s’invite, notamment la présence soviétique en Afghanistan dans les années 80. Par l’intermédiaire de Lila Hoth, un très crédible entraperçu de ce conflit (côté russe) est donné. S’il faut retenir quelque chose de ce monde interlope, c’est que vos amis peuvent devenir vos ennemis (exemple de la photo de Saddam H. avec le souriant Donald Rumsfeld), et inversement (quelques protagonistes dont on se méfie et qui, finalement, se révèlent utiles). Le citoyen lambda, à la mémoire de poisson rouge, n’est pas jugé digne de comprendre cela.

…à rapprocher de :

– Donc, faut pas confondre cet auteur avec Lincoln Child, qui avec son poto Douglas Preston fait aussi dans le thriller (certes moins polar). Par exemple Ice Limit ou La chambre des curiosités.

– Le héros vieillissant mais à qui il reste de beaux réflexes, c’est aussi L’hiver de Frankie Machine, de Don Winslow. Excellent, as usual.

Enfin, si votre librairie est fermée, vous pouvez trouver ce thriller via Amazon ici.