Les textes du TigreAlors on reste bloqué en pleine nuit, mi-réveillé mi-rêveur ? Des sons bizarres vous entourent et des formes plus ou moins menaçantes sont à votre chevet ? C’est même terrifiant ? Aucune crainte, c’est une paralysie du sommeil tout ce qu’il y a de plus bénin. Cela m’arrive souvent. Et cet état explique bien des choses en ce bas monde…

Paralysé et flippé

Nous nous souvenons tous de notre première fois. Pour ma part, c’est arrivé dès le début des vacances. Je ne parle pas de mon dépucelage, mais quelque chose de (presque) aussi fort.

Après une année à parcourir et devoir retenir des milliers d’informations tel un bœuf sillonnant laborieusement des hectares de cultures (ça s’appelle des classes prépa), mon cerveau avait besoin de ne rien faire pendant au moins trois semaines. Hélas, même dans la maisonnée familiale où tout n’est que bien-être, calme et copieux diners agrémentés d’un savoureux rosé des dunes, il est difficile de décréter une pause à la machine intellectuelle du félin – cette dernière adorant lancer à son hôte de nouveaux défis.

Et je me serais bien passé de ce que mon esprit fécond m’a concocté.

Première nuit d’un mois d’août de détente, donc. Le fauve se coucha après un tarot à cinq endiablé aux termes duquel il affichait un score négatif de (1 200). Faut dire que j’ai fait péter une garde contre avec un atout dans le chien en appelant le seul roi qu’on possède – pas vraiment une stratégie communément enseignée dans les cercles autorisés. Seul dans son lit, votre serviteur plongeait alors dans un sommeil aussi profond que mérité. Malgré la fessée prise au jeu de cartes.

Au milieu de cette nuitée de pleine lune (ce putain de détail aurait dû m’avertir), je me réveillai et regardai autour de moi. In petto, voici ce que je me disais :
– Rien à signaler en apparence, c’est bien ma chambre.
– Tiens, la lune est pleinement ronde ? Pourquoi pas. Mais alors comment se peut-ce que je la vois de mon pieu ?
– Volets et porte ouverte, mouais j’ai pourtant souvenir d’avoir tout fermé. C’est bizarre, le jardin est étonnamment net, l’herbe est trop nette et aucune touffe ne dépasse. Comme dans un jeu vidéo. C’est lugubre même. Manquerait plus qu’une nuée de chauve-souris passe dans le ciel.
[à cet instant précis, formidable souffle suivi d’un bon millier de ces bestioles volant dans le jardin]
– Oh merde, keskecèke cette chierie ? Y’a pas de chauve-souris dans cette région ! C’est un cauchemar. Pas de panique. Je n’ai qu’à me réveiller.
– Bordel à queue, je suis déjà réveillé mais ne peux bouger.
– Oh…c’est quoi ce truc qui a grondé dans mon cerveau ? Et qui est venu par vague ?
– Calme-toi, ça va passer. Un cauchemar qui se situe dans ma chambre. Sauf que je SUIS dans ma chambre, celle-ci est trop réelle pour que ce ne soit qu’un rêve. Je vois même mon tee-shirt posé sur la table de chevet. Une telle précision est louche.
– Heureusement qu’il n’y a pas des souris squelettiques qui se baladent sous mon lit, ça m’aurait bien fait flipper ça.
[là, vous savez ce qu’il est advenu. Un froufroutement organique s’est fait entendre, et une marée de choses noirâtres a filé de dessous mon lit jusqu’au jardin]
– Okaaaaayyyy…on va arrêter de penser à des trucs louches. Ne penser à rien. Laisser filer. Ne rien imaginer d’original ou d’inquiétant. Éviter, par exemple, de se représenter le Baron Samedi coiffé d’antennes en aluminium, faisant des cercles un segway et qui ricane des versets de la Bible tout en me fixant d’un œil borgne bioluminescent.
[là, je ne peux pas vous décrire ce que j’ai vu. Enfin si, je viens de vous en parler ci-dessus. Et, franchement, la vision était formidable. J’ai cru qu’il allait me bouffer]

Après dix bonnes minutes de ce régime, le vide total suivi d’un réveil, un peu groggy, vers dix heures du matin. Quelque chose m’était arrivé, mais je n’arrivais pas à mettre le doigt dessus. Ce n’est qu’après le déjeuner que tout m’est revenu, et sur le coup cela m’avait paru bien anodin. Au fil de la journée, j’avais du mal à croire ce dont je me souvenais. Tout à fait l’inverse d’un rêve.

En revanche, je n’avais aucune idée du pourquoi du comment du déclenchement de cet évènement si particulier. Je ne m’étais ni drogué, ni converti, et aucune pathologie connue aurait pu justifier tel désordre neurologique. Qu’est-ce qui avait changé en moi ? Rien. Rien de neuf dans ma chambre ? Non…à moins que…le responsable naturel de tout ce bordel ne pouvait être que l’attrape-rêve que sœur-panthère venait de m’offrir.

J’imaginais que cet artefact maudit avait été mal assemblé par des petites mains amérindiennes qui ont inversé l’ordre des mailles ou interverti les plumes entourant la toile, voire (pire) remplacé lesdites plumes par les poils de cul d’un chaman notablement colérique. Il en aurait alors résulté le contraire de ce pourquoi l’attrape-rêve avait été conçu : emmagasiner tous les cauchemars à dix kilomètres à la ronde, faire mijoter le tout en un rêve éminemment puissant puis l’inoculer au couillon le plus proche.

Je savais que cette explication était foireuse – notamment parce qu’il s’agissait de MES cauchemars. Malgré l’effroi naissant, je venais de vivre l’expérience la plus intense de ma vie – et ne venez pas me rappeler pas que c’était parce que j’étais puceau à l’époque.

Dès la rentrée, j’ai cherché à en savoir davantage sur cette chierie nocturne. Je n’ai pas mis longtemps à mettre un mot (merci les moteurs de recherche) sur cette affection, et ai pu profiter du check-up médical annuel pour solliciter l’avis du bon docteur. Lequel, en apparence ravi d’apprendre que je faisais parti des heureux élus, m’a tout de suite proposé de passer quelques nuits dans un hôpital pour mener quelques études – non rémunérées, cela va de soi. Toutefois, j’ai pu glaner quelques renseignements sur la paralysie du sommeil. C’est fascinant.

Parce que Le Tigre est aussi bien organisé que l’armée soviétique au lendemain de l’opération Barbarossa, je vous propose d’étudier les causes puis les manifestations de ce type de paralysie (appelons-là P.S.). Avec une rigueur scientifique aussi prégnante qu’un roman SF de scientologue.

Pourquoi le cerveau produit des hallucinations la nuit

Laissez moi vous conter ce qu’il se passe quand vous dormez. Pour grossir le trait, votre sommeil est constitué de plusieurs cycles, tous pareillement ordonnés. A l’acmé de ces cycles, il y a ce qu’on nomme le sommeil paradoxal, équivalent de la défragmentation de l’inénarrable disque dur qu’est votre esprit.

D’une durée d’une vingtaine de minutes, cette étape présente des signes d’activité particulièrement prononcés : mouvement désordonné des paupières, ondes têta au maximum, atonie musculaire, etc. D’ailleurs, quand on se souvient de ses rêves, c’est parce que nous nous réveillons en plein milieu d’une telle phase de sommeil – pas étonnant puisque le sommeil paradoxal a tendance à prendre de plus en plus de place à chaque cycle.

Maintenant, représentez-vous la situation suivante : votre cerveau vient de lancer la phase paradoxale et s’apprête à ouvrir les vannes de votre esprit torturé. Tout est paré pour le feu d’artifice neuronal qui, chaque nuit, a lieu de façon automatique. Aucune inquiétude, le process est bien rôdé. Sauf que…léger contretemps…vous vous réveillez. Le truc con. Le félin ne sait pas pourquoi votre corps décide de se mettre en branle, mais le résultat est là : yeux ouverts, sens en éveil.

Qu’à cela ne tienne : la procédure du sommeil paradoxal est initiée et ne saurait s’interrompre pour un si petit détail. Malgré votre état de conscience totale, les vannes de l’inconscient sont lâchées. La fête peut donc commencer.

Voilà donc la situation : le ciboulot se permet de se mettre dans un état associé à votre sommeil, sans avoir pris en compte de l’état d’éveil qui est le vôtre. Mais pourquoi ne pas se réveiller franchement ? Sans doute que vous êtes trop crevé, et votre inconscient n’a certainement pas envie de reporter à plus tard la phase paradoxale tant attendue – à l’instar du chiard qui préfère se pisser dessus qu’attendre d’être aux WC.

Néanmoins, il est quelques contingences qui font que cela vous arrivera plus souvent qu’à votre tour. Principalement si vous êtes stressé ou en position de faiblesse. Cela peut être le fait de dormir dans un nouvel environnement, de subir les affres du décalage horaire ou d’avoir un sommeil peu régulier. Ainsi, les périodes délicates à l’école/boulot et les changements conséquents de votre petite existence (déménagement, se faire larguer et dormir seul, un enfant qui vient de naître) sont susceptibles de contribuer à l’apparition d’une paralysie du sommeil.

Cela étant dit, comment déterminer si vous êtes victime d’une P.S. et non d’un cauchemar comme on en fait des milliers ? La réponse tigresque tient en trois mots : vous le saurez. Sérieusement, l’expérience est tellement forte que celle-ci est difficilement comparable à n’importe quel (piètre) délires de rêveur.

Les E.T. n’existent pas, c’est la paralysie du sommeil

Dis moi ce que tu ressens pendant une paralysie du sommeil, je te dirai qui tu es.

Mes félines excuses pour cette phrase putassière, mais ce n’est pas loin d’être le cas.

A la différence d’un rêve conscient qui se déroule au beau matin avant le réveil (et est facilement contrôlable), la P.S. consiste avant tout à un rêve éveillé. C’est-à-dire que votre inconscient, qui a les rênes sur vos sensations, risque de faire apparaître ce qui a une certaine importance à vos yeux. Hélas, étant donné que vous flippez à cause de ce qui arrive, ce sont plutôt vos peurs les plus primaires qui se pointent pour vous faire un petit coucou.

Pour ma part, mes premières hallucinations sont restées assez basiques. Cela consistait en la porte de ma chambre qui claque, suivi d’un souffle de vent très perceptible. Puis, la voix rocailleuse de ma prof de mathématiques qui disait quelque chose dans le genre « rangez votre cours, prenez une feuille ». Le stress ultime de l’interrogation surprise qui précède l’humiliation de la feuille restant désespérément blanche. Parfois, c’était la silhouette de cette même professeure qui se rapprochait de mon lit, tout en déclamant « Tigre, au lieu de regarder votre montre, allez donc au tableau, j’ai quelques questions à vous poser ».

Voilà pour l’auguste Tigre.

Maintenant, mettez-vous deux secondes à la place d’un paysan vivant au milieu du 15ème siècle dans un patelin paumé dans le Nord du Royaume de France. Le brave type. Appelons-le Jacques (si vous vous demandez d’où le mot jacqueries provient…). Jacques passe ses journées, dos baissé, à alternativement ramasser de l’orge et à nettoyer les godilles du seigneur local. Le mec qui écoute, chaque dimanche, les sermons du curé de la paroisse. Qui prie avec une régularité d’horloger, en particulier lorsqu’il se sent patraque. Le barbu dont l’univers personnel ne va guère au-delà de la trentaine de kilomètres à la ronde.

Lorsqu’une paralysie du sommeil tombe sur notre bon Jacques, il est légitime que celui-ci panique. D’où peut venir une chose aussi inconnue et délirante ? Comment l’expliquer ? Une pression terrible, l’ombre mouvante,… Dans l’esprit de Jacquot…mais oui…cela ne peut être qu’un fantôme…ou la vieille du coin qui se révèle être une sorcière…ou…pire…le diable en personne venu prélever son âme. Quoiqu’il en soit, l’intervention ne peut être que surnaturelle.

Dans le cas où Jacques est une figure d’autorité dans le patelin, il n’est pas impossible que, dès le lendemain de cette traumatisante expérience, il ne se sente plus pisser, décroche son biniou de la cheminée, sonne l’olifant et déclare à ses contemporains que des forces maléfiques œuvrent dans la zone. Et qu’il faut brûler quelques sorcières pour faire bonne figure – hypothèse la plus sage. Étant donné que les paralysies n’arrivent rarement deux soirs d’affilée, Jacquot y verra la confirmation du bien-fondé de ce qu’il a entrepris.

Si la personne est dans de très bonnes dispositions psychologiques, elle va plutôt y voir une œuvre bienveillante. Voilà pour les apparitions divines.

Tigre va terminer avec une dernière petite histoire. Avançons de cinq siècles, de l’autre côté de l’Atlantique. Le Nouveau Monde. Représentez-vous un Américain moyen (nommons-le Jack) dans un État central des States. Le genre qui a appris à craindre le péril rouge. Mais les cocos sont loin. De toute façon, Jack ne risque rien dans son paisible bourg qui n’a même pas de drive-in theater. En revanche, les phénomènes surnaturels sont légion dans son pays. Mais Jack ignore que son gouvernement teste toute sorte d’aéronefs et lance des ballons-sonde tel un gosse des pétards un 4 juillet. Aussi, Jack tend à croire les théories de visites extra-terrestres, plutôt en vogue à la fin des années 40. Faut dire que c’est nettement plus bandant qu’un banal avion ou d’assommantes explications scientifiques sur des phénomènes atmosphériques.

Lorsque Jack est en proie à une P.S., sa première interprétation a de grande chance d’être la moins adéquate. L’ombre ne met pas longtemps à se transformer en chose vaguement verdâtre avec des gros yeux et un visage en V. Dès la deuxième vague qui inonde son cerveau, un deuxième être venu des étoiles peut se montrer. Troisième vague, pourquoi pas un autre ? Et tout ce petit monde s’approche, inéluctablement, pour l’étudier. Quatrième vague paralysante, l’Américain se demande ce qu’il pourrait lui tomber sur la gueule. D’après ses références culturelles, c’est plus ou moins le moment pour être transporter dans un vaisseau spatial. Par téléportation. A que cela ne tienne ! Le cerveau de Jacky est capable de tout. Aussi sa chambre se mue en une immaculée salle d’opération d’une foudroyante blancheur.

Voilà comment subir un enlèvement par des extra-terrestres. Le plus beau, à mon sens, reste que ces personnes y croient dur comme ma gaule. Ainsi, les détails sont suffisants et relativement permanents pour que Jack soit, par exemple, interrogé sur une chaîne de TV grand public et asséner, avec un aplomb digne d’un politique, qu’une bande de petits bonshommes à la peau verte ont fait mumuse avec votre corps.

Fin du fin : si ce cher Jack est plus ou moins constipé (voire refoulé d’un point de vue de son orientation sexuelle), je vous parie que son abduction a notamment consisté en quelques expérimentations où il a été question d’une sonde anale ou tout autre délicieux instrument d’inspection. Un truc forcément malsain qui triture le fondement sous le regard désabusé de scientifiques non-humains aussi passibles qu’un chirurgien pratiquant sa cinquième vasectomie de la journée – tout en appréciant, l’air de rien, le spectacle.

C’est bien connu : les E.T. adorent faire aux humains ce que ces derniers justement craignent qu’on leur fasse.

Conclusion pétrifiée

Ombre menaçante se dirigeant vers vous, souffles rauques à quelques centimètres de votre visage, environnement immédiat qui se met en branle, ne cherchez plus : vous faites partie des happy fews qui se payent une paralysie du sommeil. Fierté.

En ce qui concerne le félin, au bout de la cinquième il n’était plus aussi fier. Il commençait même à en avoir sa claque. Et supputait que quelque chose pouvait être entrepris par rapport à ces « terreurs nocturnes » – attention, cette dernière expression renvoie à quelque chose d’autre et dont le sujet ne se souvient pas.

Dans un billet à venir, Tigre s’adressera aux pauvres hères victimes de P.S. Pour leur « enseigner » comment les gérer et en faire de fabuleuses expériences que vous attendrez avec gourmandise.

Guibert & B. David - Le Capitaine écarlateDans un Paris gouailleur et pittoresque, un homme va suivre la femme qu’il aime, jusqu’à changer de paradigme. D’amoureux des livres, il se métamorphosera en pirate écumant le ciel d’un Paris sur les dents. Scénario d’une rare originalité serti par des illustrations sobres mais envoutantes, voici une gentille claque venue de nulle part.

Il était une fois…

Capitale de la France, début du XXème siècle. Des artisans disparaissent de Paname et les flics ont affaire à de mystérieuses têtes parlant un argot difficilement traduisible. Quant à Marcel, il passe son temps à lire ses bouquins en attendant les visites nocturnes de Monelle, sa chérie qui ne revient que lorsqu’il ne pense pas à elle. Un soir, Monelle est enlevée par un étrange individu portant un masque d’or. Après une rapide enquête, Marcel part la sauver.

Critique du Capitaine écarlate

Pas facile de porter un jugement neutre sur cette bande dessinée qui tient du roman graphique. La première chose qui m’est venue à l’esprit est « mazette, ce dessin ! Guibert ne s’est point foutu de ma gueule ! ». En effet, la lecture est aisée grâce à un trait lourd et sobre où les couleurs, basiques, sont sublimées par des jeux de lumière qui ne sont pas sans rappeler un Georges de La Tour – cette phrase un poil trop chiadée annonce tout.

Guibert & David B. - Le Capitaine écarlate extrait 1Le prénom du protagoniste, Marcel, fait référence à un certain Marcel Schwob, écrivain du début du 20ème à l’origine d’un poème en prose sur un roi au masque d’or – quelques pages de ce texte sont livrées en fin d’ouvrage. C’est ce fameux capitaine écarlate qui est le héros d’une histoire dont pas mal d’ingrédients ont été savamment mélangés : des éléments assez tragiques, une bonne dose d’humour, une solide propension à du fantastique teinté d’onirisme. Le résultat est plus qu’étonnant, et pour peu que le lecteur accepte de laisser son cerveau rationnel de côté, l’enchantement et la magie opèrent avec brio.

Cet enchantement commence dès l’interrogatoire musclé d’un curieux personnage au parler franc. Plus tard, des filles de joie se précipitent dans un troquet où sévit une bande de joyeux drilles. Qui se révèlent être des pirates dans un bateau flottant au-dessus de Paris. Et qui avance grâce à l’invocation, par le capitaine écarlate, de vents et marées qui n’ont rien de naturel. Marcel, qui ne peut abandonner sa gouze (dont le capitaine, pour ne rien aider, est tombé amoureux), réussit par ses talents oratoires à s’intégrer au sein des pirates. Lesquels révèlent leurs vrais visages avant que surgit une féroce bataille, près de la Tour Eiffel, contre d’audacieuses forces de l’ordre (j’essaie de rendre ça logique, mais il faut convenir que ça part dans tous les sens.

Bref, il serait dommage de ne serait-ce essayer de commencer cette BD-ovni. Le félin finit en laissant la parole aux deux Marcel :

Le roi masqué d’or se dressa du trône noir où il était assis…cette lune, qui tourne toujours vers nous le même visage d’or, a peut-être une autre face…Il a déposé tous les masques, d’or, de lèpre et de chair…

Thèmes abordés (du moins selon Le Tigre)

Guibert & David B. - Le Capitaine écarlate extrait 2Les hobbies de Marcel, la petite librairie de quartier qui pointe la localisation des pirates, tout participe à mettre à l’honneur une littérature enlevée qui présente les caractéristiques du roman (de gare) policier, du roman d’aventure et de l’histoire d’amour. En l’espèce, le style tout en poésie de Schwob a été superbement rendu par David B., ce qui donne à cette BD son aspect unique, où la richesse du vocabulaire tranche avec sa rareté relative. L’utilisation intelligente de l’argot est, en outre, un émerveillement et contribue à créer une atmosphère magique dans laquelle tout semble possible.

De même, le Capitaine écarlate traite de la volonté de s’échapper de son monde douillet pour se frotter aux dangers de l’extérieur. De partir à l’aventure, élargir ses horizons et vivre au jour le jour tels les héros des livres. Marcel, rat de bibliothèque, recouvre sa nature sauvage et se découvre de surprenantes capacités à se battre tout en déclamant des vers. La partie animale de chacun est alors sublimée (littéralement même, puisque le lecteur croisera un homme-tigre), servie là encore par un langage qui lui est propre – l’argot, encore.

…à rapprocher de :

Le félin connaît surtout Emmanuel Guibert pour son fantastique boulot dessinatoire. Jugez plutôt :

L’enfance d’Alan, suivi de La Guerre d’Alan. Touchant. Sans oublier Le photographe, avec Lefèvre et Lemercier. Géniallissime.

Enfin, si votre librairie est fermée, vous pouvez trouver ce roman en ligne ici.

Deepak Chopra - Le livre des coïncidencesVO :The spontaneous fulfillment of desire – Harnessing the infinite power of coincidence (on dirait le couplet d’un morceau de dance des années 90). Les coïncidences ne viennent pas par hasard et seraient des gros clins d’œil adressés par l’Univers à notre attention. Totalement hermétique au boniment de Deepak, le félin a très vite refermé le bouquin.

De quoi parle Le livre des coïncidences, et comment ?

Dès le premier chapitre, Le Tigre a su qu’il ne finirait pas cet essai. L’esprit localisé/non localisé, les éléments en apparence anodine qui ont une auguste signification pour peu que vous y prêtiez attention, la synchronicité à l’œuvre autour de notre vie, l’univers doté d’une intention propre, le fauve a cru flairer un ramassis de considérations new age. Et faut pas trop souffler ce genre de trucs dans mes écoutilles – à part quand il s’agit de bouddhisme ou d’expériences personnelles à la limite du paranormal. Bref, je n’ai pu accrocher.

Pourtant, le responsable de cet ouvrage recueilli sur un siège de métro (il doit voguer, en ce moment, entre la porte de Clichy et Duroc) a un joli pedigree – être fils du médecin personnel de Louis Mountbatten en personne aide. Inutile donc de présenter le docteur indien au parcours bien rempli et qui jouit d’une influence certaine auprès de ses contemporains. Jusqu’à avoir l’oreille des grands de ce monde (d’anciens grands, du moins). Hélas, j’attendais plus concis et percutant de sa part. Sans compter cette impression diffuse d’un fourre-tout mystico-philosophique qui emprunte sûrement des idées d’illustres auteurs – mais sans les citer plus précisément.

Du coup, il m’est impossible de vous exposer les idées principales du Livre des coïncidences dans la mesure où le style de Mister Chopra est, pour la plupart du temps, badigeonné de lubrifiant. Ses mots ont coulé dans mon cerveau telle une guimauve vide de sens. En effet, l’auteur parvient à associer des termes savants et expressions solennelles (qui ont tout du discours d’un Raëlien) avec des répétitions qui confinent aux lieux communs. On sent que Deepak a voulu verser dans la pédagogie, hélas je n’ai pas fait l’effort de lire ses triviales démonstrations, même en diagonale.

De toute façon, mon avis compte bien peu. Il n’est pas impossible que votre serviteur n’était pas disposé à contempler son soi intérieur et réfléchir au sens de la vie. Quant à Deepak, il a vendu des quintaux de ses livres et n’a plus rien à prouver. Cet indéniable succès me semble autant mérité qu’il prend le parti (avec succès selon certains) de mélanger philosophie orientale et problématiques qui parlent à tout Occidental normalement constitué qui pressent que le paradigme matériel dans lequel il vit est foireux.

Ce que Le Tigre a retenu

En l’occurrence, pas grand chose. Mais comme je sais faire montre de mauvaises foi, voici quelques éléments sélectionnés (au hasard dans cet essai) aux fins de vous aider à atteindre une plénitude cosmique aussi satisfactoire qu’élévatrice :

Ultimement, la liberté émotionnelle mène à la liberté psychologique et spirituelle. Il n’y a vraiment que deux émotions : le plaisir et la douleur – soit ça fait du bien, soit ça fait mal. La plupart des gens croient que les deux émotions fondamentales sont l’amour et la peur, mais ces dernières ne sont que la façon dont nous réagissons au potentiel de plaisir et de peur des situations que nous rencontrons.

[style bavard, imaginez 240 pages de cet acabit]

C’est par cette interconnexion, cette inséparabilité, qui fait que la vie est non seulement possible, mais miraculeuse. Le monde, océan intriqué de relations réciproques, se différencie en vagues individuelles qui se séparent en gouttes écumantes étincelant comme des diamants, se reflétant mutuellement l’espace d’un instant avant de plonger à nouveau dans les profondeurs de l’océan.

[L’auteur maîtrise la langue, y’a pas à chier]

Le pouvoir contenu dans cette pensée émerge lorsque nous réalisons que le soi fonctionne de manière synchronique. Parce que je suis une extension de l’intelligence consciente, et parce que l’intelligence consciente est la source de toute réalité, je suis la source de toute réalité. Je crée ma propre expérience.

[ah oui, la synchronicité est la marotte de Deedee]

Malgré ce que conseille le docteur, ça vaut le coup de lire ses bons mots au petit bonheur la chance. Blague à part, en donnant une foultitude de conseils simples sur la méditation et la nécessité de s’astreindre à une certaine discipline quotidienne dans ce domaine, l’essayiste a rendu un paquet de gens apaisés. Mais vous n’avez pas besoin de Chopra pour savoir à quel point c’est bénéfique.

Il ne reste plus à notre ami qu’à transformer sa petite entreprise en une secte florissante, hélas il ne semble pas s’orienter vers cette glorieuse voix – quoique…

…à rapprocher de :

– Le bon docteur a une pétée d’autres essais à son actif, le fauve ne compte pas se faire chier.

– Dans la même collection, autant découvrir Dan Millman, notamment Le guerrier pacifique (et sa suite en lien).

Enfin, si votre librairie est fermée, vous pouvez trouver cet essai en ligne ici.

Snyder & Jock & Hollingsworth - Wytches, Tome 1VF : Sorcyaires (traduction respectant l’orthographe foireuse). Un mal aussi vieux que terrifiant ronge une petite contrée où s’installe une famille qui cache quelques secrets peu reluisants. Les sorcières existent bel et bien et n’ont rien des petites vieilles s’excitant autour d’une marmite avec le sempiternel chat noir à leur côté. Premier opus aussi choquant que diabolique, il y a de quoi avoir de solides sueurs froides.

Il était une fois…

La famille Rook change de vie. La fille, Sailor, aurait tué une de ses camarades qui la harcelait. Pour fuir cette ambiance délétère, la smala s’installe dans une petite bourgade à l’orée d’une forêt. Hélas, un mal ancien peuple ces contrées et semble en vouloir à la petite Sailor à qui un chancre pousse dans le cou.

Critique du premier tome de Wytches

Bordel à queue. Il est rare que je lise deux fois d’affilée une bande dessinée, c’est dire la qualité de celle-ci. Scott Snyder est parvenu à s’approprier le mythe de la sorcière pour en faire une créature d’une dangerosité toute flippante. Monstres sans âges aux pouvoirs terrifiants, vivant dans des repères souterrains auxquels on accède en traversant des arbres, sortant récupérer quelques chérubins pour les bouffer, brrrr. Sérieusement, c’est même dérangeant sur les bords à mesure que les six chapitres se déroulent et développent, entre deux souvenirs, des problématiques d’envergure sur la notion du mal à l’état pur.

Snyder & Jock & Hollingsworth - Wytches, Tome 1 extrait1Sauf que l’auteur ne nous plonge pas directement dans le bain des sorcyaires. D’abord, la présentation d’une fragile famille. Lucy, mère paraplégique clouée sur un fauteuil ; Sailor, jeune fille au caractère bien trempé mais qui a la sensation de perdre la tête (et d’entendre des voix) en raison de l’apparition d’un gros bouton dont elle ne peut se défaire. Et Lucy se fait enlever. Ça sent le sapin. Heureusement, le père Charlie sera aidé (coaché) par une femme chauve qui a déjà eu affaire aux Wytches. Crème d’invisibilité, indications quant aux actions à mener, indices sur la psyché de l’ennemi, le protagoniste aura bien besoin de ces conseils dans la mesure où ces êtres tiennent sous leur coupe une belle partie de la population – quelques belles surprises dans les deux derniers chapitres.

Parlons maintenant des illustrations. Parce que le père Jock, parfois aidé de Matt Hollingsworth à la couleur (si je ne me trompe pas), a eu la main particulièrement heureuse : aquarelle, acrylique, crayon négligé, tâches baveuses aux couleurs ocres et jaunâtres ? Un peu de tout mon général ! La lisibilité en prend cependant un petit coup, aussi ne cherchez pas une logique dessinatoire dans certaines scènes qui peuvent paraître excessivement ternes – Le Tigre pense au passage dans la grande roue qui m’a correctement fait bailler. Paradoxalement, le trait sait se faire plus limpide, à la limite de la ligne claire lorsque l’horreur pure (celle qui ne met pas forcément en scène les monstres) se dévoile et laisse le lecteur hagard. Bref, c’est varié et reconnaissable entre mille.

Ajoutez à cela un texte simple et parfois emberlificoté dans différentes narrations (flashbacks ou instant présent, les dialogues s’appliquent en même temps), le malaise est complet. Une totale réussite qui est sans doute due à votre serviteur : ce premier tome a su titiller une peur primale du félin. Gosse, j’avais une trouille bleue des sorcières, et ai mis un temps anormalement long à ranger ces bestioles dans la catégorie des gentilles histoires. Toutefois, Snyder et ses compères ont réussi à réveiller quelques phobies tigresques avec cette histoire réaliste – malgré des scènes too much comme la descente dans le chaudron ou l’aspect cauchemardesque, ou arachanocentré, des créatures.

Thèmes abordés (du moins selon Le Tigre)

Snyder & Jock & Hollingsworth - Wytches, Tome 1 extrait1L’impressionnant pouvoir des sorcières repose notamment sur le péché d’envie qui habite tous les humains. Comme une idée tenace, pire que le suicide, qui colle à l’esprit de toute personne en plein désespoir. Et cela se sent chez les Wytches qui rappliquent pour vous proposer leur aide moyennant une « promesse » que vous regretterez bien vite. Cette capacité à exaucer n’importe quel vœu est mise en parallèle, par Snyder, grâce au jeune héros imaginé par Charly à qui rien n’est refusé : le garçon ne met pas longtemps à se rendre compte que la vie perd de sa saveur et devient sans objet dès lors que rien nous ne résiste – savoureuse mise en abîme sur laquelle aurait pu davantage jouer l’auteur.

La violence égoïste (voire l’inhumanité) ne se situe pas que du côté que des sorcyaires, les personnages humains croisés restant le vecteur naturel des bassesses de ce monde. En effet, nourrir les monstres n’est possible que grâce à la trahison de certains qui ont préféré pactiser avec le démon par facilité. Et il est vrai que la tentation est grande. Le deal proposé à Charly en fin d’ouvrage est séduisant en diable, plus d’une personne pensera que se soumettre est la solution naturelle. Le douloureux rappel des précédents comportements du père vis-à-vis de sa fille entretient la faillibilité des personnages qui ont tous quelque chose à se reprocher. Tous ? Sailor semble bien être la seule exempte de reproche et mérite sûrement de monter sur le podium des héros d’une aventure qui ne laissera personne indemne – physiquement, je ne sais pas, mais moralement, les tâches sont indélébiles malgré ce que promettent les sorcières.

…à rapprocher de :

– Heureusement que des BD parlent de sorcières victimes qui ne demandent qu’à vivre en paix : Silence, de Comès, se doit d’être lu.

– Il faut convenir qu’avec Snyder et Jock, on est en droit de s’attendre à du glauque et des frissons. Même avec un héros comme Batman dans le comics Sombre reflet (âmes sensibles s’abstenir).

– Un autre scénario moite et sale, pour un héros qui ne met pas vraiment à l’aise, c’est la saga Swamp Thing de Snyder encore (tome 1 et tome 2 sur le blog).

Enfin, si votre librairie est fermée, vous pouvez trouver ce comics en ligne ici.

Michèle Astrud - Nous entrerons dans la lumièreDans un futur plus ou moins apocalyptique, un homme tâche de reconquérir sa fille en plus de sauver ce qui peut encore l’être. Entre déprimant road trip et douloureux souvenirs à solder, les protagonistes ne sont guère à la fête malgré, ici et là, l’espoir d’une rédemption. Roman contemplatif et peu nerveux, la lecture fut mitigée.

Il était une fois…

[j’étais à deux chiures de doigts de copier-coller la présentation de l’éditeur, parfaite, mais suis parvenu à me retenir. Voilà ma version :]

Antoine, ex-prof qui a démissionné (première fois que ce cas de figure se présente sous mes yeux ébahis) et s’occupe chaque jour de sa fille Chloé qui croupit dans un asile, va voir son existence bousculée. Son jeune amour de jeunesse, Sonia, prend contact avec lui pour terminer un film qu’ils projetaient il y a bien longtemps. Sauf que la miss clamse trop vite, et Antoine accepte de récupérer ses archives afin de les garder en lieu sûr. Il s’ensuit une balade d’agrément avec Chloé avec plein de belles rencontres – hum.

[ah, j’allais oublier : l’histoire se passe dans un futur proche où le climat a, plus que d’habitude, sérieusement déconné. Les Français sont ainsi devenus des réfugiés climatiques fuyant la chaleur, et les institutions semblent se faire tranquillement la malle]

Critique de Nous entrerons dans la lumière

Voici un ouvrage lourd et complet. Pas par le nombre de pages ou l’écriture somme toute fluide, mais par l’abondance des sujets développés sur une toile bien connue (la France, un protagoniste « normal ») mais peinte avec une couleur sable, tirant sur le rouge, représentant une canicule ayant frappé le pays et où tout n’est que violence sourde – sortir de chez soi est comme entrer dans un zoo où la bienséance sociale a laissé place à l’instinct, animal, de la survie.

Revenons à notre héros, Antoine, dont la femme l’a quitté vers un endroit plus sûr. Mais Antoine reste dans leur maison et parcourt, armé d’une caméra, les environs de son pavillon à la rencontre d’anciens élèves qui ont plus ou moins mal tournés. De même, il rend régulièrement visite à sa fille, la vingtaine à bout de nez, soignée dans un hôpital à la suite d’un accident qui sera progressivement révélé – on s’en doute un peu. L’élément déclencheur sera le coup de fil de Sonia, lequel apporte des flashbacks de la jeunesse du protagoniste – instants insouciants et plein de promesses.

Néanmoins, son but change du tout au tout et se transforme en voyage (contrainte ?) vers la maison de Sonia aux fins de prélever ce qui peut être sauvegardé. Et Antoine mènera cette quête avec sa fille qu’il sort de l’institut et dont l’instabilité est encore prégnante. Aussi un triple combat se présente à lui : un devoir de mémoire alors que les supports de cette dernière (archives papier, films, espace de sauvegarde dans sa caméra) sont extrêmement fragiles ; reconstruire un rapport père/fille alors que cette dernière est loin d’être saine ; rester en vie et traverser une partie de la France alors que cette dernière est en déliquescence, en proie à la maladie et à un solide début d’anarchie – la fin est, à ce titre, inquiétante.

Ce n’est pas que Nous entrerons dans la lumière m’a laissé indifférent, toutefois l’ambiance générale ne m’a pas semblé assez originale et vive pour entrer pleinement dans l’histoire – au surplus, il n’est pas aisé de ressentir de l’empathie pour les personnages. Au moins le style de Dame Astrud est puissant, et parvient avec des tournures de phrases simples et évidentes à rendre la lecture des chapitres aisée et plaisante. Hélas, une certaine torpeur envahit un récit qui, parfois, m’a paru bien terne. En fait, Le Tigre, porté sur la SF et l’anticipation sociale, aurait voulu que ça pète à un moment. Qu’il y ait un peu de géopolitique de grande ampleur. Mais ce n’est pas l’objectif d’un ouvrage qui est plus noble que mes attentes.

Thèmes abordés (du moins selon Le Tigre)

D’une part, il est question de l’importance de la mémoire. Mémoire individuelle avec la manie d’Antoine de tout photographier et filmer son quotidien tandis qu’il ressasse les anciens temps. Jusqu’à ce que son approche prenne une tournure plus « universelle » dès lors qu’il s’agit de mettre en lieu sûr un fragment de l’histoire humaine, à savoir des documentaires d’une femme talentueuse qui n’est plus là pour en parler. Le roman passe ainsi de l’histoire d’Antoine et de son rejeton de Chloé à l’Histoire (oui, le grand H.). L’entrée dans la lumière est ainsi la manière dont les protagonistes vont laisser, à leur modeste niveau, une empreinte dans la grande aventure d’un pays dont les gouvernants sont étrangement absents – à peine un ancien ministre, seule l’armée paraît être encore dans le coup.

D’autre part, et c’est peut-être ce qui a plus interpellé le félin, le lecteur pourra, en refermant la dernière page, se rendre compte qu’il a lu l’histoire d’un migrant. Remplacez n’importe quel pays lointain en guerre par l’Hexagone exsangue où l’ordre (moral notamment) s’est carapaté on ne sait où. Il en résulte un danger de tous les jours, la perte de confiance en ses contemporains et le quotidien de tout réfugié : les check point incompréhensibles, l’absence d’information fiable sur l’état du pays (entretenue par l’auteur il est vrai), et les fameux camps gérés par l’armée où passer la nuit – et où un certain ordre demeure encore.

Tout ça pour arriver à quoi ? Sauvegarder quelques éléments culturels ? Entrer dans la lumière, à savoir se faire une place au soleil et quitter ce pays dévasté ? Cela est cependant réservé aux nantis qui ont l’argent/les contacts pour quitter cet endroit maudit – sans spoiler, ça ne leur réussit pas vraiment. La lumière ne serait-elle plutôt pas la paix familiale, avec une fille bien portante et un père capable de la protéger en toutes circonstances ?

…à rapprocher de :

– Le choix ne manque pas en matière de livres d’anticipation sociale dans un monde en perdition, avec un soupçon de quête initiatique. Au débotté, Tigre pense au Monde englouti, de Ballard (attention, livre exceptionnel).

– C’est scandaleux, mais je n’ai aucune autre idée. Pour info, Michèle Astrud a publié d’autres romans. Et il est sûr que parmi ses œuvres, il y a de quoi satisfaire le fauve.

Enfin, si votre librairie est fermée, vous pouvez trouver ce roman en ligne ici. Ou, mieux, via le site de l’éditeur.