Shungiku Nakamura - Junjo Romantica, Tome 1VO : 純情ロマンチカ. Un jeune élève découvre l’amour (et le sexe) pour un homme plus expérimenté. Du moins c’est le début du manga, je n’ai pas pu dépasser 25% de ce truc. Narration aléatoire extrêmement difficile à suivre, illustrations excessives et désordonnées, il est des ouvrages qui ne produisent aucun écho dans mon esprit – si ce n’est du désespoir.

Il était une fois…

Misaki est un élève très moyen (médiocre même) qui rêve d’intégrer la prestigieuse Université M. Pour faire péter de meilleures notes, le jeune homme parvient à squatter chez un ami de son frère afin de se faire aider. Cet ami, en plus de ne pas être n’importe qui, semble fortement attiré par Misaki. [sinon, y’a une autre histoire intitulée Junjo Egoist. Ne comptez pas sur moi pour vous en parler.]

Critique du premier tome de Junjo Romantica

L’ignoble mais néanmoins curieux lecteur que je suis s’apprête à gazouiller une attestation mille fois déjà dite : c’est la dernière fois que je lis une saloperie finie de ce genre. [je sais que je n’en ferai rien, trop avide de sensations que je suis]. Je n’ai aucune idée de qui est ce fameux Nakamura, et franchement je compte bien vivre dans cette douce ignorance.

Shungiku Nakamura - Junjo Romantica, Tome 1 extrait1Dire que ça commence sur les chapeaux de roue…en ai eu le tournis. Misaki débarque chez Akihiko Usami en vue de recevoir quelques cours de soutien. Usami est un célèbre écrivain de 28 ans (si je me souviens bien) vivant dans un luxueux F7 dans un quartier chicos. Toujours bien fringué, excentrique et sexy en diable, Usami va très vite faire montre de doigté (littéralement) et faire de son élève, lequel visiblement inspire l’écrivain, un partenaire sexuel. Le quatrième de couverture évoque un homme « romantique et passionné », néanmoins je ne suis pas allé jusqu’à ces chapitres.

En effet, en vingt pages, l’opinion tigresque a été définitive : le cerveau de Nakamura ne fonctionne pas comme le mien. La ligne narrative, instable au possible, alterne entre altercations de gamins et dialogues sans queue ni tête à peine entrecoupés de scènes vaguement « hot ». Le tout avec des transitions réduites à la plus simple portion. Je me suis arrêté au moment où le héros gueulait, pour une énième fois, contre ce que lui fait son professeur particulier – du harcèlement sexuel selon lui, alors que techniquement on est plus proche du viol.

Shungiku Nakamura - Junjo Romantica, Tome 1 extrait2Sur les illustrations, au moins le décor et l’environnement sont à peu près travaillés. C’est tout. Parce que les protagonistes, avec leurs visages taillés à la serpe et leurs airs néo-chafouins lorsque pas contents, paraissent aussi vivants et animés qu’un gang de vieillards sous mescaline. Ça part tellement dans tous les sens que, pendant cinq minutes, le félin s’est demandé si ce manga ne devait pas se lire à l’occidentale (de gauche à droite). Bref, impossible de dépasser le tiers de l’œuvre. Pour faire bonne mesure quelques passages furent lus un peu au pif. Aucune amélioration notable.

Attention : le félin n’est aucunement japanophobe, encore moins homophobe. J’aurais balancé les mêmes conneries s’il s’agissait d’une bande dessinée franco-belge de même qualité et mettant en scène un vieil écrivain avec un jeune étudiant prêt à se faire élargir la boite à merde. Le pire dans cette histoire ? C’est qu’on m’a susurré qu’il y a au moins une vingtaine de tomes qui attendent derrière – sans jeu de mots grivois. Nom de Zeus…

Thèmes abordés (du moins selon Le Tigre)

Zut, je dois être attendu au tournant pour trouver des sujets valables dont discourir. Je n’en ai qu’un, désolé :

Comme la plupart des Yaoi que, du haut de mon inénarrable expérience, j’ai eu la chance de lire, nous retrouvons le rapport maître/disciple propre à certaines expériences homosexuelles. Le seme (dominant) l’est à plusieurs points de vue : Usami est intelligent, talentueux, plus âgé, expérimenté. Il est suffisamment en position d’autorité pour que le Code pénal interdise le genre de relations qu’il cherche à avoir avec Misaki. Ce dernier est parfait dans son rôle d’uke, avec le chamboulement émotionnel qui tempête dans son esprit innocent : la surprise, l’incompréhension, la révolte, la colère, etc. J’imagine que ça va tranquillement basculer vers un amour aussi pur et net que l’intérieur de l’appartement du professeur.

…à rapprocher de :

Le félin a d’autres ouvrages de cet acabit, et la qualité est un peu plus au rendez-vous (ça reste globalement pas mon genre) :

Close to me de Piyoko Chitose, nettement plus axé cul avec des détails en veux-tu en voilà.

Café gourmand de Noboru Takatsuki, plus fouillé d’un point de vue narratif.

J’arrête temporairement les frais dans ce domaine.

Collectif - Batman : No Man's Land Tome 2VO : idem. Second opus d’un arc de grande ampleur dans un Gotham détruit et abandonné de tous, il y a de quoi profondément se réjouir. Ouvrage plus orienté sur la description de moments de vie que les grandes manœuvres entre clans, il y a du n’importe quoi, du drôle et de l’épatant. Illustrations vieillottes mais rien de bien méchant, le lecteur aura de quoi se laisser entraîner.

Il était une fois…

La présentation de l’éditeur est suffisamment sobre pour que votre serviteur la pompe allègrement :

« Toujours aux prises avec les gangs qui règnent sur une Gotham dévastée, Batman doit apprendre à faire équipe avec la nouvelle et mystérieuse Batgirl. Pendant ce temps, le Joker et Double-Face avancent leurs pions pour la conquête du No Man’s Land. »

Critique du premier tome de Batman : No Man’s Land

Le Tigre avait été passablement déçu par le premier tome dépeignant une ville de Gotham totalement à la ramasse (catastrophe naturelle, abandon, décadence, etc.) et dont le Batman ne semblait rien avoir à foutre. Et là, miracle, ces presque 400 pages ont redonné le sourire à un félin échaudé qui hésitait à abandonner la série.

Qu’est-ce qui a donc motivé mon plaisir ? Certainement pas les illustrations qui sont à l’image du premier tome. Sérieusement, en tournant les pages on peut se demander de quand date le comics. Années 80, 21ème siècle ? Dix différents dessinateurs (putain, autant de scénaristes d’ailleurs) qui se sont fait plaisir, le résultat est étonnement cohérent : personnages soignés et expressifs, décor correct (pas de grands tableaux sur lesquels bander), et couleurs relativement fadasses.

Non, ce qui m’a fait bicher est le ton général employé dans un titre à la fois contemplatif et malin. Gotham City est cloisonnée depuis longtemps et les habitudes se sont solidement installées dans une cité où la tension est à son comble. Malgré cet état de fait qui pourrait pousser au pathos, la douce rigolade est solidement ancrée. Que ce soit l’humour noir de Attentat au bonbon piégé (un couple visite sans le savoir l’antre du Joker) ou les facéties bon enfant avec les jeunes Titans, l’atmosphère est légère. Certes d’autres chapitres sont plus graves et introspectifs, notamment lorsqu’il s’agit de se mettre à la place de la flicaille ou du commun des mortels, mais rien qui ne gâche l’ambiance générale.

Bon, il me faut quand même signaler des passages qui ont éveillé autant d’intérêt chez votre serviteur que lorsqu’il discute avec son concierge. Y’a des personnages bizarres qui interviennent. Des trucs verts (Road Trip, la plus « what the fuck? » des histoires) ; des organisations sous-marines qui veulent pourrir Gotham ; des superhéros dont je n’ai que rarement entendu parler, etc. Heureusement que Gordon, sa fille Barbara, Batman, Le Pingouin, Double-face, Azrael sont toujours de la partie et tiennent fièrement le flambeau !

Pour finir, j’ai cru lire un tome de transition. Après les grands mouvements qui suivent l’absence d’ordre, nous sommes ici en présence d’une forme de consolidation du pouvoir de chacun et de la vie quotidienne des Gothamites n’ayant pas fui la ville moribonde. Chacun fourbit tranquillement ses armes en vue d’une attaque de grande ampleur initiée à la fin du bouquin. Après avoir présenté une carte de la ville coloriée selon l’influence des clans, les auteurs mettent en effet en branle quelques super-vilains fermement décidés à bouffer leur part du gâteau. Le prochain tome risque de faire des dégâts.

Thèmes abordés (du moins selon Le Tigre)

Je profite humblement du présent comics pour souligner une phrase qui revient en début de chaque chapitre : « seuls survivront les braves, les calculateurs et les fous dans cet enfer sur terre nommé no man’s land ». Ha ha.

Les braves d’abord. Tout commence par ce brave Alfred qui fait montre, à plusieurs reprises, de ses talents de comédien – et de conteur. Batman, Batgirl devenue handicapée et continuant la lutte, Gordon, Huntress, un gosse qui résiste malgré la dégueulasserie qu’est devenue sa vie, voilà le visage d’une cité optimiste qui tente d’arranger les choses. Mais ce n’est pas chose évidente, les bonnes intentions pouvant rapidement se retourner contre leur instigateur. Superman, ce couillon, s’aperçoit vite que l’heure n’est pas à aider aveuglément les habitants (cet échec n’est pas sans déplaire au Chevalier noir). Un simple ingénieur électrique, qui est parvenu à apporter un peu d’électricité, mesure également le revers de sa médaille. Pas évident de faire montre de bonté.

Les calculateurs, ensuite, font souvent profil bas avant de révéler leur puissance. Si le maître mot de cet opus est le statu quo, on sent bien que passer aux choses sérieuses en démange certains. Double-face et le Pingouin sont de cette race et préparent une grande offensive – le dernier avait promis à Batman de se tenir coi… D’autres individus, extérieurs à Gotham, attendent également leur heure pour mettre définitivement à genoux une ville déjà éprouvée.

Quant aux fous, ils ne se distinguent que difficilement des calculateurs. A part, bien sûr, le Joker dont l’humour et la folie font plus ricaner que trembler. Sinon, ce sont des pauvres types (le gus qui exécute une danse pitoyable avant d’occire quelqu’un qui souffre) qui n’opèrent qu’à un niveau relativement modeste, et dont le sort est fixé en une quinzaine de pages.

…à rapprocher de :

– C’est marrant, mais nul besoin de lire le premier tome afin d’apprécier le présent ouvrage (que vous trouverez pourtant en lien sur le blog).

– A tout hasard, Gotham Central (premier tome ici, second tome par là et troisième tome là) qui se situe après la présente saga.

– Le tremblement de terre et le joli charivari qui a suivi sont contés dans Batman : Cataclysme.

Enfin, si votre librairie est fermée, vous pouvez trouver ce comics en ligne ici.

Robert Crais - L'homme sans passéVO : The Forgotten Man. Le célèbre détective va mener une enquête éminemment personnelle susceptible de raviver des souvenirs. Who’s your daddy ? Écriture efficace pour une enquête au rythme satisfaisant (mais dont le dénouement tombe à plat), il y a hélas quelque chose de faux et gavant dans cette narration sans faux pas. Loin d’être le meilleur titre de l’auteur.

Il était une fois…

Elvis Cole se remet à peine de ses précédentes aventures qu’il reçoit un coup de fil assez particulier : un mec vient d’avaler son bulletin de naissance en plein milieu de L.A. Rien d’extraordinaire si ce n’est que le type a demandé à parler à Cole qui serait son fils. Ça remue un peu notre détective qui n’a jamais connu son daron même s’il suppute que le mort a mythonné dans les grandes largeurs. Qu’à cela ne tienne, Elvis va remonter la pelote de laine de ce mystère – avec l’aide plus ou moins bienveillante de la police.

Critique de L’homme sans passé

Ce roman est la suite directe du Dernier détective, lorsque le fils de l’ex petite amie du héros (Lucy) s’était fait kidnappé par des fous furieux mandatés par…le nouveau mec de la belle. Après avoir héroïquement libéré le chiard, Cole a pris une double claque : c’est devenu une star très demandée mais Lucy Chenier s’est barré loin de ce bordel en mode « tu apportes le malheur autour de toi ».

C’est donc dans cette situation pour le moins inconfortable qu’Elvis Cole va suivre une affaire assez originale : savoir qui est le mec ayant prétendu être son paternel, d’où il vient, où il va, pourquoi il a été tué, et tutti quanti. Le privé mène alors ses investigations plus ou moins main dans la main avec la police tout en pensant à cette pauvre Lucy Chenier tandis que la flic Starkey, fou d’amour de Cole, se tâte à lui déballer ses quatre vérités. On retrouve également, de manière plus discrète, quelques personnages bien connus tels que Joe Pike (un vrai fantôme) ou Chen, de la police scientifique, toujours aussi obsédé du cul.

L’écriture de l’auteur américain demeure inchangée, un vrai métronome le gus : chapitres courts, cliffhangers putassiers toujours soigneusement placés, fluidité dans la lecture, bref aucune raison de changer ce qui faisait le succès de l’écrivain. La narration opère tour à tour du point de vue de Cole (notamment quelques flashbacks de sa peu tendre jeunesse), un mystérieux Frederick (un fou dangereux parano sur les bords) ou l’agent Starkey, avec des styles sensiblement différents.

Alors, pourquoi cette déception ? Déjà, certains passages m’ont semblé très peu clairs, disons que quelques chapitres ont un intérêt limité (bref : on s’emmerde). Ensuite, le fin mot de l’histoire est un quasi scandale aussi inattendu (dans le mauvais sens du terme) que frustrant. Rien n’est réglé, et à bien y réfléchir c’est salement tiré par les cheveux. Enfin, après avoir lu la plupart des œuvres de Crais, force est de reconnaître qu’il était moins en forme sur celle-ci. Attention : dire qu’un Robert C. est décevant ne signifie pas que c’est un torchon pour allumer le feu. Loin de là.

Thèmes abordés (du moins selon Le Tigre)

Un petit mot sur le titre voulez-vous ? L’homme sans passé, au premier abord c’est cet inconnu qui aurait susurré le nom de Cole en disant que c’est son fils et dont retrouver la « vraie » identité donne des maux de tête à la police. Usage de différends noms, paiement en liquide, le macchabée n’est pas vraiment coopératif. De même, les quelques souvenirs (sans grand intérêt d’ailleurs) du détective privé montrent un gosse cherchant désespérément son père, quitte à passer des jours dans des foires – sa mère lui a dit que son géniteur est un « homme canon » je vous laisse imaginer le trouble dans la tête du petit Cole. La fin du roman n’apportant aucune réponse satisfaisante (malin le Crais, il en laisse pour d’autres romans), c’est à se demander si L’homme sans passé ne fait pas référence à Elvis Cole.

Cependant, si vous vous attachez au titre en VO, dont la traduction aurait dû être « L’homme oublié », alors il est à la fois question du père du héros dont il ne peut se souvenir que du héros lui-même dans le sens « abandonné ».

Plus prosaïquement, Bobby Crais a mis en place une enquête classique où le héros s’attache à n’importe quel petit détail. Ça commence forcément par quelques indices (l’étude du corps du défunt par ci, une clé magnétique par là) menant à d’infimes pistes. L’une d’elle (l’intervention d’une boîte de call-girls) apporte de nouvelles questions et met en scène d’autres personnages pas forcément recommandables, lesquels prennent un certain temps avant de lâcher le morcif – n’ayant pas conscience des enjeux de l’affaire. Parallèlement, un méchant déroule le fil depuis son autre extrémité, jusqu’à un télescopage forcément explosif. Curiosité, pugnacité, voilà les maîtres mots de la découverte de la vérité [Attention SPOIL : tous ces beaux indices, c’était du vent pour faire en sorte qu’il trouve un autre tueur. Bof]

…à rapprocher de :

– Il fut un moment où le félin mangeait du Robert Crais au petit déj’, et s’en contentait largement. Dans l’ordre de parution : Indigo Blues ; L.A. Requiem ; Le Dernier Détective ; le présent roman ; Mortelle Protection (pas mal du tout !) ; A l’ombre du mal ; Règle numéro un ; etc.

– Sans les héros habituels, vous avez Otages de la peur ( plutôt marrant) et Deux minutes chrono (à éviter).

Enfin, si votre librairie est fermée, vous pouvez trouver ce roman en ligne ici.

Quinn - Ombre et lumière, Tome 6Dans l’Amérique (vers l’ouest du pays même) libertaire et enjouée sévissent quelques couples à la libido exacerbée et où la femme occupe une place de premier rang. Roman graphique avec de beaux tableaux sensuels (niveau de hard : moyen) et un texte fourni, voilà de quoi avoir quelques picotements légitimes dans le bas ventre.

Il était une fois…

Dans Films amateurs, Jackie est une femme aimante qui aime sucer des grosses bites sous la caméra attentive dirigée par son époux. Quant à La Plage (3e partie), Claire la soumise se fait prendre par une nouvelle connaissance sous l’œil attendri de son photographe de mari. Enfin, La Voisine (3ème partie) parle de Cynthia qui  se réveille avec un zizi de taille plus que correcte…

Critique du sixième tome d’Ombre et lumière

[Si vous avez moins de 18 ans, prière de fermer cette page et de lire du Musso. Vous voilà prévenus]

Parris Quinn est un auteur américain dont le sixième opus de la saga Ombre et lumière constitue le premier contact avec votre serviteur. L’ombre et la lumière, donc, comme pour souligner la dichotomie entre la vie bien rangée d’Américains moyens (qui tendent vers le CSP++) bien intégrés professionnellement et leurs lubriques lubies consistant, pour les deux premières histoires, à filmer son épouse en plein acte sexuel avec des inconnus triés sur le volet.

La particularité de cette « bande dessinée » est la place laissée au texte et le rapport que ce dernier entretient avec le dessin. La narration est complète et fait appel à une richesse de vocabulaire où les mots crus ont néanmoins leur place – rien ne vous sera épargné. Ainsi, l’album peut se lire comme une suite de nouvelles (des confessions plutôt) agrémentées de dessins illustrant les expériences sensuelles des protagonistes. Ces expériences, résolument libertines, font la part belle à la femme qui fait preuve d’initiative et en redemande plus d’une fois.

Quinn - Ombre et lumière, Tome 6 extrait 1Le titre renvoie également au dessin en noir et blanc qui est d’une précision étonnante. On jurerait que Parris a utilisé des photos ensuite filtrées sur un logiciel tellement les traits des personnages sont réalistes. Les corps rebondis et sexy sont d’un niveau exceptionnel malgré deux petits aspects qui ont chiffonné le félin : d’une part les liquides et les poils sont abondants (ça dépend des goûts certes) ; d’autres part les visages de ces mesdames ont quelque chose de vulgaire (presque triste), si bien que ça gâche parfois le plaisir des yeux.

Il n’en reste pas moins que ces courts textes illustrés sont loin d’être une perte de temps en explorant une certaine sexualité – j’ai eu un peu plus de mal avec la deuxième aventure. Nul besoin d’avoir lu les tomes précédents pour se laisser entraîner dans ces saynètes d’une sensualité torride où les mots (bien traduits par Jean-Paul Jennequin) et illustrations œuvrent en harmonie.

Thèmes abordés (du moins selon Le Tigre)

Quinn - Ombre et lumière, Tome 6 extrait 2Ces confessions décrivent surtout une montée en puissance dans les fantasmes des protagonistes. Quand Jacquie demande à son époux de pimenter davantage leurs scénarios (un intervenant supplémentaire, pouvoir se toucher pendant, se faire faire un cuni par son homme à mesure qu’elle engloutit les gourdins), Claire joue toujours plus son rôle de femme-objet au sérieux et les dernières images la montrent face à deux grands blacks bien montés. En partant de personnes « normales » qui évoquent à voix haute leurs désirs cachés jusqu’à aller bien au-delà (toujours avec le consentement de son partenaire), Quinn semble montrer qu’en matière de plaisir sexuel, la notion de limite est largement extensible.

Il convient enfin de rappeler l’existence d’un personnage important qu’est la caméra. Cet artefact, quasiment omniprésent, est un partenaire qui sert à décupler la volupté dans laquelle se vautre les héros. Son utilisation tend autant à renforcer les liens du couple (lequel, de façon délibérément égoïste, se repaît des images seul) qu’à exciter le tiers (voire l’appâter) qui pourrait bien être le prochain sur la bande vidéo. Les couples mis en scène ressemblent alors à de petits collectionneurs du dimanche à l’affût de nouvelles prises de vue. Pas une seule fois la problématique liée à la possession de telles « preuves » n’est abordée (la paranoïa serait compréhensible), la confiance règnant en maître chez les tourtereaux.

…à rapprocher de :

– Le félin tâchera de traiter les autres tomes de l’Américain, promis.

– Les confessions érotiques sont légion sur le blog, je vous laisse les trouver. En vrac : L’institutrice de Bruce Morgan, ou Le Jouet d’Ardem – indice : c’est plus porno qu’érotique.

Enfin, si votre librairie est fermée, vous pouvez trouver cette BD érotique en ligne ici.

Robert J. Sawyer - StarplexVO : idem. Dans un futur idéalisé et plutôt joyeux, un vaisseau d’exploration est sur le point de découvrir le sens de la vie (pas moins). Écriture soignée et histoire extrêmement ambitieuse, hélas il subsiste un sentiment d’incomplétude dans ce roman de (presque) science-fiction qui ne donne pas assez de coups de pied dans la fourmilière de l’espace.

était une fois…

Fin du XXIème siècle. Le Starplex est un zoli vaisseau (regardez la couverture les amis) construit par le Commonwealth des planètes afin d’explorer l’espace. Non, rien à voir avec Star Trek puisque l’équipage utilise des transchangeurs, sorte de mini trous noirs artificiels leur permettant d’aller aux quatre coins de la galaxie. Et la vie n’est pas facile à bord de l’engin où cohabitent plusieurs races E.T. et terriennes (humains et dauphins). L’équilibre est précaire…[oui c’est trivial comme dernière phrase d’accroche]

Critique de Starplex

Tout d’abord, petit mot sur le quatrième de couverture. Non, il ne s’agit pas de préserver la paix intergalactique et/ou de transformer le Starplex en navire de guerre prêt à botter le cul des méchants. Car la phase de combat a beau prendre quelques chapitres, le félin n’a accordé que peu de crédit aux salamecs militaro-scientifiques qui donnent l’impression de combats réalisés le doigt mouillé haut levé.

Ce qui est intéressant, en revanche, est la double problématique qui anime Keith Lansing, commandant du vaisseau-monde qui saute d’un endroit à l’autre grâce à une technologie activée par hasard – laquelle est fort utile. D’une part, le mec doit gérer pas moins de quatre races du Commonwealth, notamment le fier Jag, un Waldahud ronchon qui aboie quand il parle dont la civilisation est naturellement portée sur les rapports de force (les Ebi ou autres E.T. sont plus cools aux entournures). Sans oublier une jolie pépée de vingt ans de moins que lui et qui est susceptible de mettre à mal son couple – cet aspect est d’un réalisme suspect…

D’autre part, le groupe fait la rencontre d’un énième type d’espèce, à savoir des êtres faits de matière noire et ressemblant à des planètes. Or, ces entités (les Génoirs, paye la traduction FR qui fait moins sexy) sont bien plus vénérables que prévu et sont à même de faire comprendre certains mystères fondamentaux. Comme souvent chez l’auteur canadien, les derniers chapitres essaient d’envoyer du gros pâté, du genre voyage dans l’espace / survie de l’univers / notion de déité / immortalité. Et ça a failli perdre votre serviteur qui n’en demandait pas tant.

J. Sawyer ne manque certes pas de talent, mais son style limpide est parfois écrasé par des descriptions scientifico-pipo-ésotériques cachant la merde de l’approximation sous le tapis d’une narration fluide. Il en résulte un roman plus « fantastique » que de hard science, égratignant au passage la crédibilité des péripéties… mais c’est oublier que l’écrivain est avant tout un conteur dont l’humanisme et la gentillesse ressort de tous les protagonistes. Une œuvre feel-good, en quelque sorte – sauf que Le Tigre n’est guère porté sur les happy ends.

Thèmes abordés (du moins selon Le Tigre)

Le dialogue inter espèces est en première ligne et représente une bonne partie des difficultés de nos héros. Déjà, l’Humanité a mis un certain temps à se rendre compte de l’intelligence des dauphins. Alors imaginez le bordel quand il s’agit de communiquer et s’adapter aux susceptibilités d’espèces extra-terrestres. Rien que la conception du vaisseau pour coller à la morphologie/biologie de ses habitants est suffisamment cauchemardesque pour se demander s’il n’y avait pas une solution plus simple – en matière de diplomatie, la réponse est souvent « non ». Dès la rencontre avec de nouvelles créatures, la mise en place d’échanges compréhensibles est assez bien abordée : repérer une fréquence de communication, commencer par des mathématiques basiques (booléens pour être précis), puis introduire de nouveaux mots jusqu’à verser dans les concepts.

La constante de Sawyer est la gradation dans le « sense of wonder » – même si les chapitres en rédigés en italique donnent une indication sur l’étendue du bazard. D’une balade d’agrément dans l’espace avec un staff qui gère tranquillou la pression, le lecteur finira la lecture avec des révélations à couper le souffle qui débarquent telle une nuée de moineaux (entendez : c’est trop pour avoir une vision d’ensemble satisfaisante). En effet, l’auteur fait montre de peu de finesse et livre en vrac des dialogues fleuve (à l’américaine oserais-je dire) impliquant tour à tour la raison de la forme ellipsoïde des galaxies, les conséquences d’une existence vieille de milliards d’années, voire un peu d’exo-psychologie afin de préserver la paix.

[Le félin n’avoue pas n’avoir rien capté, mais tant qu’à se faire plaisir Robert J.S. aurait pu pondre plus de 300 pages. Ou pondre plus d’un roman]

…à rapprocher de :

– De cet auteur, le fauve a nettement préféré Calculating God (tiens, encore une référence à un dieu architecte) ou Flashforward (références encore à l’immortalité).

– Les énormes entités et la manière de gérer l’immortalité se retrouvent notamment dans House of Suns, de l’immense Alastair Reynolds.

Enfin, si votre librairie est fermée, vous pouvez trouver ce roman en ligne ici.

Michel Rabagliati - Paul dans le NordPaul est de retour, voici quelques mois de sa presque tendre adolescence dans une ville qu’il apprend à connaître. Avec son personnage toujours aussi attachant, des saynètes dans l’ensemble très sympathiques et un trait varié qui emplit autant les yeux que l’âme, l’auteur canadien a visiblement gardé les clés de ce qui faisait son succès. Sans plus.

Il était une fois…

Années 70, Canada (le pays accueille les JO d’été, si ça peut vous donner une idée de la chronologie). La famille de Paul quitte Rosemont pour s’installer à Saint-Léonard. Cela n’est pas du goût de Paul qui ne connaît personne dans le quartier et craint passer une belle année de merde. Toutefois, cette année sera celle de l’émancipation : l’indépendance, les cuites, l’amour, les joints, le rock, etc.

Critique de Paul dans le Nord

Michel Rabagliati - Paul dans le Nord extrait 1Voici un roman graphique dense qui respecte presque les trois règles du théâtre : un temps limité, à savoir une année de l’existence de Paul, personnage autobiographique au centre de la narration, dans un Canada que le lecteur visitera avec intérêt à force de pérégrinations du héros.

Paul arrive donc dans un quartier inconnu doté d’une nouvelle école dont il ignore tout. En ajoutant un début de crise d’adolescence (il doit avoir moins de quinze piges), on obtient un ado boutonneux et passablement bougon sujet à quelques colères loin d’être homériques. Grâce à l’intéressant Ti-Marc, jeune plein de vie et fana de musique, Paul vivra quelques moments d’anthologie : voyage en auto-stop pour aller dans un endroit qui ne semble exister (les personnages croisés, sans doute exagérés, sont dépeints avec humour) ; longues veillées autour d’un feu avec quelques amis ; sans oublier le premier amour…

Michel Rabagliati - Paul dans le Nord extrait 2Pour ceux qui connaissent l’auteur, rien à dire de nouveau sur les illustrations si ce n’est une planche haute en couleur (exceptionnel pour cet auteur qui n’en utilise jamais) qui dresse, de façon très juste, ce qui peut vous passer par la tête une nuit de forte fièvre – éléments qui se mélangent de façon déjantée, impression de faire du surplace, traits grossis, etc. Les personnages ont ce quelque chose d’enfantin qui ravit, quelques cases sont de petits joyaux d’architecture et Michel Rabagliati confirme son sens du détail qui confine à la mémoire eidétique – intérieur des maisons et vision d’ensemble.

Néanmoins…ni grands éclats de rire ni larmichette en tournant les pages. Pour avoir lu la plupart des aventures de ce personnage, je dois vous avouer que cet opus n’a répondu que de justesse à ce que j’attendais légitimement de l’auteur québécois. La découverte de la culture franco-canadienne est certes abondante (notamment le vocabulaire), mais le félin n’a pas retrouvé ce « petit truc » qui fait une œuvre d’exception.

Thèmes abordés (du moins selon Le Tigre)

Michel Rabagliati - Paul dans le Nord extrait 3Paul dans le Nord, c’est l’autonomie, voire l’indépendance. Le protagoniste, désormais assez âgé pour acheter une moto (il se rabattra sur une mobylette, mais l’idée y est) et passer la nuit avec des amis, peut enfin découvrir le vaste monde. Cela commence par se lier avec de nouvelles connaissances, faire de nouvelles activités sans les parents (parfois ça se termine en gerbant derrière un talus) et foncer tête baissée dans l’inconnu. La jeunesse est alors l’occasion de tâter ses limites et créer d’intenses souvenirs. Suffisamment en tout cas pour en rendre compte avec précision quelques décennies après.

Découverte de l’autre sexe, enfin, avec la pétillante Nadia – c’est plus sexy Roger, le vieil homo adorable croisé sur la route. Le dernier quart de l’ouvrage est centré sur la rencontre et l’intense flirt entre Paul et la gentille blonde. De façon naturelle et appropriée, l’auteur conte l’émoi de sortir avec quelqu’un, du bécotage en règle à la tentative de rejoindre le lit de sa dulcinée (mauvaise idée au passage). Avec honnêteté, Michel R. développe également la transformation, attendue, en premier chagrin d’amour. Le genre à se ridiculiser pour garder à tout prix sa copine, découvrir qu’elle est avec un autre, penser ne jamais pouvoir s’en remettre, pour ensuite se redresser. Tout ceci est raconté sans pathos ni pudeur excessive, l’auteur reste sobre et efficace et se permet de terminer par une scène symbolique confirmant que la tristesse du héros est derrière lui.

…à rapprocher de :

– Rabagliati a une jolie collection avec le fort sympathique Paul : Paul à la campagne, Paul a un travail d’été, Paul en appartement, Paul dans le métro, Paul à la pêche, Paul à Québec, Paul au parc. Pour l’instant j’espère.

– Tigre se répète, mais visuellement on n’est pas loin de Guy Delisle (Pyongyang, Shenzhen, etc).

Enfin, si votre librairie est fermée, vous pouvez trouver ce roman graphique en ligne ici.

Jean-Philippe Jaworski - Janua veraSous-titre : Récits du Vieux Royaume. Huit histoires se passant dans un univers riche et immersif mâtiné de fantastique, quelques purs joyaux de littérature faisant rêver, sourire ou grincer des dents, voilà un bouquin comme je les aime. A lire et relire sans modération grâce à la belle plume de l’écrivain français dont les mots ont la puissance des coups d’une épée soigneusement affûtée.

Il était une fois…

Dans le Vieux Royaume qui n’est que l’ombre de ce qu’il a été, quelques personnages vivent d’exceptionnelles aventures : un chef de guerre voit son pouvoir s’effilocher ;  l’assassin Benvenuto est au beau milieu d’un conflit qui le dépasse ; un chevalier servant relève un défi pour les beaux yeux d’une dame ; un scribouillard est affublé d’un virus portant la poisse, etc.

Critique de Janua vera

Cet ouvrage, publié préalablement à un roman d’une rare densité qu’il faut absolument lire, constitue une délicieuse mise en bouche de ce dont est capable Jipé (tu permets?) – relativement inconnu à l’époque de la publication. Et le félin comprend sans peine l’excitation de l’époque face à un ouvrage ambitieux et polyvalent.

La polyvalence résulte de ces huit histoires mettant en scène différents personnages (des puissants, des quidams) dans autant de lieux oniriques – grande cité, petits villages, forêts inhospitalières. L’unité du temps peut varier de la journée guerrière (Une offrande très précieuse) à l’étendue d’une vie (Le conte de Suzelle ou Le confident), et souvent un dénouement final qui, s’il fait souvent sourire, surprendra toujours.

Polyvalence ensuite du côté de l’écriture de Jaworski qui, déjà à la fin des années 2000, faisait montre d’une plume chatoyante et raffinée qui glisse avec délice dans le cerveau du lecteur. Le mec utilise des mots…oh putain…des adjectifs…nom de Zeus…des expressions, on dirait le style d’un lettré de la Renaissance avec la gouaille d’un roublard d’expérience qui sait de quoi il cause. Avec de l’humour par dessus le marché, notamment Jour de guigne qui est à se taper sur les cuisses. En moins de temps qu’il n’en faut pour décocher un carreau, nous voilà les deux pieds dans un monde de fantasy médiévale.

Vous devez savoir que Le Tigre aime moyennement ce genre littéraire, sauf qu’avec Jean-Philippe J. la féérie et la magie se font discrètes et n’interfèrent peu par rapport aux forces, ô combien plus puissantes, de la volonté humaine. Et malgré une poignée de textes que votre serviteur a trouvé relativement décevant (ayant d’abord lu son chef d’œuvre, c’est compréhensible) à l’instar de Une offrande très précieuse, il faut convenir que dans l’ensemble il se dessine un univers cohérent et impitoyable qu’on quitte à grand regret.

Thèmes abordés (du moins selon Le Tigre)

La première chose qui vient à l’esprit ressemble à peu-près à un « mais où va-t-il chercher tout ça? » S’inspirant de contes et légendes ancestrales, Jaworski réussit à titiller nos souvenirs d’enfance avec des destins surprenants et une galerie d’individus surprenants (voire inquiétants pour une partie d’entre eux). Certains personnages sont hauts en couleur (avec des métiers régalants dans Le Confident ou le gyrovague d’Un amour dévorant) lorsqu’il ne s’agit pas simplement de braves types face à quelque chose de fantastique. Que l’on soit du côté des grands de ce monde ou, plus prosaïquement, dans la tête d’un paysan un peu bourrin, l’empathie vis-à-vis d’eux est complète.

Comme je le disais, le fantastique est peu de chose face à l’ambition, la fureur ou le désir de survie des protagonistes. L’exemple parfait est ce brave Benvenuto Gesufal dans Mauvaise donne, nouvelle centrale de l’ouvrage. Lorsque les luttes de pouvoir font la bourre à des menus arrangements et autres manipulations machiavéliques (Le service des dames), les dialogues et actions des personnages gagnent énormément en profondeur et révèlent de subtiles équilibres. Plus généralement, la plupart des huit héros de ces nouvelles sont ballotés entre des forces qui les dépassent, des impératifs qui s’imposent à eux et confirment que la vie est une injustice qui s’abat régulièrement sur eux.

…à rapprocher de :

– Il convient, à l’évidence, de lire la géniale pièce maîtresse de cet univers qu’est Gagner la guerre. Une somptuosité comme on fait rarement.

Enfin, si votre librairie est fermée, vous pouvez trouver ce roman en ligne ici.

Rebecca - Degenerate Housewives, l'intégraleDans une banlieue américaine, une paisible mère au foyer se transforme en un aspirateur à clitoris (et plus). Et ça va très (trop ?) loin. Avec un dessin relativement soigné (hélas sans couleurs) et un texte sans ambages et roublard, Rebecca invite le lecteur à contempler la face cachée de l’Amérique, là où la respectabilité n’est qu’un vague souvenir.

était une fois…

Hillvale, bled paumé au fin fond du Connecticut. Meet Miss Catherine Michell, petite quarantaine bien foutue, un mari benêt (Donald) et une adorable fille. Sa voisine, Patricia, profite d’une visite de courtoisie pour droguer Cathy, laquelle se fait prendre par tous les trous avant de devoir s’occuper de son « amie ». Devenue maîtresse de Pat’ (qui la fait chanter par des photos prises), Catherine va se découvrir de nouvelles façons de (se) faire plaisir, toutefois son initiation ne sera pas sans problèmes.

Critique de Degenerate Housewives

Rebecca - Degenerate Housewives extrait 3Rebecca, auteure américaine dont Le Tigre ignorait l’existence, a de la suite dans les idées. L’intégralité des cinq chapitres (le résultat est très dense) composant des aventures de Cathy M. le prouve, sans compter les quelques chapitres qui suivent et tournent autour des mêmes thèmes – notamment Incredible stories of hot moms, court et bon, voire les dernières pages qui offrent un satisfaisant happy end après de lourdes épreuves subies par l’héroïne.

Parlons de ces expériences, qui vont du bizutage plutôt hard à la dégueulasserie la plus abjecte. Car les individus gravitant autour de la protagoniste ont plus d’un projet pour la belle brune : cela commence par l’utilisation extensive de godes à tout-va et un peu de broute-minou tout ce qu’il y a de plus bénin et termine par de l’esclavage sexuel assez choquant entre les mains d’une starlette, Bratty Sneers (oui, ça tinte bon le Britney Spears à l’oreille), laquelle a décidé de donner de la chair fraîche en offrandes à ses proches. Entre temps, Cathy vendra ses talents dans un bordel, subissant les assauts d’une dizaine de rednecks (et sous l’œil de son mari qui ne la reconnaît pas). Et tant d’autres péripéties dont quelques rémissions.

Quant aux illustrations, c’est dans l’ensemble régalant. Les corps, rebondis et réalistes, sont régulièrement mis en valeur sous toutes les coutures tandis que les minois des personnages (toutes sont jolies, pour les mecs c’est le contraire…) s’animent correctement de plaisir – en revanche, leurs airs impassibles en dehors des scènes chaudes confinent au marbre. Parfois l’ensemble des planches est confus, la gestion de la taille des cases est à mon sens perfectible, mais le rythme soutenu permet de faire fi de ces menus défauts. Enfin, les poils et liquides (cyprine, sperme, sueur) sont en abondance, on jurerait déceler des odeurs de rut émaner de la BD.

Rebecca - Degenerate Housewives extrait 1La dernière remarque concerne l’aspect définitivement « too much » de l’histoire. Si les dialogues sont triviaux et les bruitages ressemblent à ceux d’une mauvais série Z, il en est différemment des descriptions de Rebecca en marge des cases : avec un langage aussi précieux qu’ordurier (orgasmes hurlants, baisée comme une vache, etc.), le félin a eu la conviction d’être en présence d’un second degré prononcé qui tend à dire « et, mec, ce n’est que mon imagination, crois pas que ce que je fais faire à mon personnage m’enchante ». Tant mieux d’ailleurs, parce que plus d’une péripétie mettra n’importe qui mal à l’aise – tellement que cela fait l’objet du dernier chapitre de ce billet.

Thèmes abordés (du moins selon Le Tigre)

A lire le quatrième de couverture et quelques pages à la sauvette, il ne serait question que d’ébats entre femmes – avec une nette propension à la domination sous toutes ses coutures. L’homosexualité (féminine) est en effet de rigueur, jusqu’à l’éclosion de sentiments purs entre femmes. Ainsi, Cathy et « Pic-et-pic » vivront un amour hélas contrarié par les plans de certaines. L’héroïne ne peut prendre son pied qu’avec une donzelle, que celle-ci porte un godemichet ou actionne seulement sa langue. Attention, il y a bien du mâle rutilant dans la BD, néanmoins les hommes ne sont dans Degenerate Housewives qu’un outil de domination (d’avilissement plutôt) supplémentaire, leur rôle étant strictement limité à actionner le piston du bas ventre – et cracher quelques bordées d’injures.

Rebecca - Degenerate Housewives extrait 2Enfin, l’ambiance de cette BD pornographique aurait pu être bon enfant s’il n’y avait pas quelques scènes qui m’ont interpellé. Non pas parce que les scènes sont dégoutantes (rien ne pourrait écœurer votre serviteur), mais inattendues. Déjà, il y a la fille de Cathy, rapidement intégrée à la narration qui virevolte gentiment autour de l’inceste. A la rigueur… Mais la Bratty Sneers qui maintient Pic-et-pic sous sa coupe, c’est une autre histoire. Disons que la boîte à cadeaux…euh de Pandore est irrémédiablement ouverte : la pauvre fille est violée de toute part, traitée comme une truie dont on trait (littéralement) le lait. Le sexe y est gravement bestial, reflet d’une société du paraître (avec son star système) qui considère les humains comme autant de produits à rentabiliser.

…à rapprocher de :

– Ce tome, historiographie d’une descente aux enfers (du moins le fauve l’a vu ainsi), me rappelle quelques bandes dessinées de Bruce Morgan dont le dessin est similaire quoique moins léché (exemple de L’institutrice).

– La transformation d’une mère bcbg en une chouette salope renvoie également à Chantages (tome 1 sur le blog) d’Ardem.

Enfin, si votre librairie est fermée, vous pouvez trouver cette intégrale en ligne ici.