Alastair Reynolds – Blue Remembered Earth

Gollancz, 560 pages.

Alastair Reynolds - Blue Remembered EarthEncore un roman de grande qualité de Reynolds, même si cette fois-ci il n’est ni question de grandes épopées spatiales ni d’ambiance cyberpunk sombre et froide. Plutôt une grande aventure familiale très humaine, avec comme toujours des idées très renversantes. La saga s’annonce sous les meilleures auspices.

Il était une fois…

Terre, 2160 environ. L’humanité a glorieusement colonisé quelques endroits proches (la lune, Mars, une partie de Mercure) et a envoyé quelques usines jusqu’aux confins de Neptune. Le réchauffement climatique a fait son œuvre et de profonds bouleversements géopolitiques ont eu lieu. Geoffrey Akinya fait partie d’une richissime famille africaine. A la mort de sa grand-mère Eunice, il est chargé de récupérer sur la lune un artefact qu’elle y aurait laissé. Cette banale mission semble être le point de départ d’un jeu de piste menant à des informations qui pourraient changer le cours du monde.

Critique de Blue Remembered Earth

Voici le premier opus du cycle des Enfants de Poséidon. Pourquoi ce dieu ? Parce que la montée des eaux dans le futur est telle qu’une faction, les nations aquatiques unies, a fait son apparition. En outre, le changement climatique a fait que l’Afrique est devenue une superpuissance de premier ordre (l’Antarctique se défend pas mal au demeurant), et ce sont deux personnages d’une lignée d’industriels en produits spatiaux que nous suivrons.

Geoffrey, aidé de sa sœur qui vit sur la lune (on suivra l’un ou l’autre), va quitter son pays et ses éléphants, avec lesquels il menait des expériences pour entrer dans leurs esprits, afin de savoir ce qu’a bien pu planquer sa grand-mère décédée. A la limite du roman d’apprentissage, le scénario a définitivement des airs de grand périple avec des intérêts qui se télescopent : le monde aquatique, la famille des héros, une sorte de secte voulant disperser dans l’espace des espèces vivantes. Et des révélations au compte goutte. Jusqu’aux trente dernières pages qui rattrapent le relatif peu d’envergure de l’histoire.

550 pages, j’ai mis un certain temps à boucler cette œuvre, c’est le prix à payer pour ne pas attendre la traduction FR. Mais cela vaut définitivement le coup, considérant que le monde décrit par l’auteur est résolument optimiste et change des très inquiétantes intrigues du cycle des inhibiteurs. Le titre est bien trouvé, faisant référence à ceux qui décident de partir très loin, jusqu’à ce que la planète bleue ne soit qu’un infime souvenir.

Petite gueulante finale contre le quatrième de couverture, qui parle d’un fameux Mécanisme omniscient alors qu’on en entend parler qu’au milieu du roman (et ce très brièvement, cf. infra). Mais bon, il y a tellement de choses à dire sur ce titre (en ai oublié beaucoup) qu’il faut bien choisir un point d’ancrage.

Thèmes abordés (du moins selon Le Tigre)

L’interface homme / machine. Les communications sont finement pensées, avec le ching qui permet de parler avec quelqu’un comme s’il était réellement devant soi.  Tous sont bourrés d’implants, même Goeffrey parvient à établir une intime connexion avec ses éléphants, animaux qui occupent une place importante dans l’histoire. Le meilleur, c’est Sunday qui réussit à créer une version numérique très crédible de feu sa grand-mère à partir de souvenirs de ses proches.

Du coup, il est possible de contrôler en partie les individus en les « avertissant » avant qu’ils ne commettent l’irréparable. C’est le Mécanisme, qui par exemple lorsque le héros tente de frapper quelqu’un lui colle une migraine pas possible. Ensuite, rapport de l’incident envoyé, prêt à être traité par les autorités qui vont décider des mesures à prendre (court confinement, impossibilité d’utiliser le réseau mondial, etc.). Cette technologie n’a cependant pas court sur la lune (une zone « déscrutinisée ») ou dans le monde d’en bas, magnifique royaume dans l’eau où les habitants modifient leurs corps (un des protagonistes est une baleine, hé hé).

La famille. Avantage de se projeter « seulement » plus d’un siècle en avance, les structures sociales sont peu ou prou les mêmes. L’empire des Akinya, c’est un bijou que veulent absolument protéger les cousins de Geoffrey (Lucas et Hector). Ces deux derniers, en se servant de notre héros au début, vont vite voir leur « chose » sortir de leur contrôle. Les choix délicats (pour ne pas dire cornéliens) entre intérêts familiaux et intérêt personnel (voire de l’Humanité) sont omniprésents. Heureusement, le dernier chapitre offre un dénouement encore une fois optimiste.

…à rapprocher de :

– La suite, On the Steele Breeze, vaut son pesant de cacahouettes. Retour dans du space opera de grande ampleur.

– Les versions numériques, ou simulations d’une personne humaine se retrouvent dans Le cycle des inhibiteurs : L’espace de la révélation, La Cité du Gouffre, L’Arche de la rédemption et enfin Le Gouffre de l’Absolution. Faut reconnaître qu’il sait choisir des titres qui en envoient. Essayez The Prefect, qui est un stand-alone de belle facture. Voire les nouvelles du cycle, comme Galactic North ou Diamond dogs, Turquoise Days.

– Si vous ne préférez pas taper dans les grandes sagas, il reste les House of Suns, ou Pushing Ice.

Century Rain est différent, et un peu en-deçà de mes attentes. La pluie du siècle, en VF.

Pour finir, si votre librairie est fermée, vous pouvez trouver ce roman en ligne ici.

8 réflexions au sujet de « Alastair Reynolds – Blue Remembered Earth »

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