Acnéique & Kadabra - Paf et Hencule : Deux hommes en colèreNos deux horribles zigotos sont de retour, et ils ont décidé de foutre un bordel monstre dans les chaumières. Humour noir d’une rare violence (certains pourraient ne pas apprécier), c’est à se demander ce qu’il peut bien se passer dans la tête des auteurs. De très bons moments, toutefois l’effet de surprise du premier tome est désespérément absent.

Il était une fois…

Après un premier tome avec nos deux amis déguisés en docteurs, les voici de retour dans le même format habituel : courtes histoires (trois cases), chute finale désopilante, et humour aussi noir que le trou du cul du diable. Mais il subsiste une légère différence : Paf et Hencule ont revêtu les habits de Dame Justice et s’apprêtent à la sodomiser comme il se doit.

Critique de Paf et Hencule : 2 hommes en colère

Cassdédi de Goupil

Cassdédi de Goupil

C’est plutôt rare pour que je le dise : Le Tigre a guetté la sortie de ce second opus telle la proie dans la jungle. Et je n’ai sacrément pas été déçu – à deux trois choses près. Encore une fois, en quinze minutes c’est plié. Encore une fois, ça fait un euro la minute. Encore une fois, je ne l’ai pas regretté. J’ai même eu droit à une dédicace de très mauvais goût, remarquez ça aurait pu être pire…

Laissez-moi donc vous rappeler qui sont nos deux héros : imaginez Pif et Hercule qui font une énorme crise d’adolescence. Drogue, délinquance, études de médecine, l’avenir s’annonce assez dégueulasse (et hilarant) pour eux…..et leurs victim. Cette fois-ci, les personnages sont grimés en flics, juges, criminels, bref tout ce qui se rapproche de près ou de loin à la loi.

Ensuite, le félin a cru dénoter une sensible amélioration concernant les illustrations. Je n’oserai pas parler de maturité, car ça reste dans l’ensemble brouillon et salement colorié (tons jaunâtres qui participent à un certain écœurement). Quant au texte, c’est toujours aussi surprenant, même si quelques thèmes (le nazisme, l’inceste) me paraissent revenir plus souvent qu’à leur tour. Alors les gars, on n’a pas l’impression de légèrement tourner en rond ?

Enfin, j’ai été relativement déçu de ne pas trouver, dans l’ouvrage, une BD à l’image de celle de Satin au Congo – à cause de laquelle j’avais dû changer de caleçon en plein milieu de la journée. A peine le lecteur aura droit à une présentation de la part de l’un de leur professeur de médecine, assez falote par rapport à ce qu’on était en droit d’espérer de Goupil Acnéide et Abraham Kadabra.

Thèmes abordés (du moins selon Le Tigre)

Le décalage. Ce qui fait la puissance de ce genre d’humour est l’inattendu dans le morbide, à chaque fois c’est la dernière case qui produit une déflagration de mauvais goût – des trucs que Dieu Coluche n’aurait pas osé dire à la radio. Si vous rajoutez, comme tout humoriste qui se respecte, des références à des faits divers assez connus, alors c’est le banco. Mon petit préféré reste les flics épouvantés face au congélateur dans lequel gisent des bébés congelés : la mère a osé mettre des bouteilles de Saint-Émilion.

Encore une fois, la question suivante est toujours pendante : peut-on rire de tout ? Ce second tome tend à démontrer que oui, d’ailleurs c’est sur les sujets particulièrement sensibles que nos amis tapent en particulier : l’antisémitisme (c’est parfois faible hélas), les violences sexuelles ou encore la peine de mort. En vérité, leur humour réussit à court-circuiter la réaction de dégoût (qui est légitime, presque un réflexe) pour faire place à la méchanceté qui nous fait rire lorsqu’on voit quelqu’un se casser la gueule, avec brio, sur une plaque de verglas.

…à rapprocher de :

– Le premier tome, délicieux à souhait, s’intitule French Doctors (en lien). Rien à voir avec Médecins Sans Frontières. Loin de là.

– L’humour noir francophone, ce sont les Idées noires de Franquin. Indispensable. Version nordique, ça donne Et ça vous fait rire ?, d’Hugleikur Dagsson (presque plus vilain). Voire DJ set, du même gars.

Enfin, si votre librairie est fermée ou ne vend pas ce genre d’horreurs, vous pouvez trouver cet illustré en ligne ici.

Thierry De Greef - Le chemin d'Heming

Dans un phare croulant vit un homme bourru qui n’en peut plus des embruns et grosses vagues qui tombent sur son bâtiment chéri. Assisté de personnages célèbres, notre homme ne semble pourtant pas décider à quitter le phare. Assez mystérieux et sujet à différentes interprétations, heureusement que ça se lit en moins de trente minutes – douche salée comprise.

Il était une fois…

Au beau milieu de la mer il y a un phare. Dans ce phare vit Émile qui lutte seul contre les embruns et éléments déchaînés. Seul Bravo, le pilote d’hélicoptère, lui livre quelques portions de temps à autre. Émile n’est pas seul, ses mythiques amis lui rendent régulièrement visite – et de nouveaux se pointent.

Critique du Chemin d’Heming

A la base, Le Tigre n’a que peu l’habitude de lire du théâtre, même si c’est contemporain et que l’éditeur a pris le soin d’indiquer la mention « roman » sur l’ouvrage. Ensuite, en dépit des premières pages assez classiques, vous pouvez rapidement laisser votre cerveau rationnel de côté pour se laisser entraîner dans une histoire onirique mêlant mythologie et considérations pseudo-philosophiques parfois obscures – ou quelque chose dans ce goût là. A ce moment, le félin n’a guère accroché, n’ayant sans doute pas saisi les intentions de l’écrivain.

Si l’ouvrage démarre par un monologue assez aride à mon humble sens du vieil Émile (qui franchit le quatrième mur au passage), la suite a tout de la pièce de théâtre en deux actes. Avec des protagonistes, outre le personnage principal, assez surprenants : Ulysse d’abord, qui a l’habitude de passer pour prendre un verre et tailler le bout de gras ; Amandine ensuite, une des sirènes du père Homère ; et enfin Charles Sussenberg, qui vient de s’abîmer en mer à cause de la Trirème du roi d’Itaque. Toute ceci agrémenté d’une poignée d’images de belle qualité venant illustrer à-propos l’œuvre.

Plus ces individus pointaient leur bout de nez, plus je me suis dit que la solitude pesait tellement sur Mimile qu’il commençait à souffrir d’un désordre de personnalité multiple – déjà qu’il se parle beaucoup à lui même. Honnêtement, j’ai cru reconnaître les premiers signes du delirium tremens d’un pauvre bougre en plein burn out. En fait non, l’auteur canadien a bien invoqué ces illustres personnages qui, revenus d’entre les morts, accompagneront Émile à faire des choix extrêmement délicats – de l’avenir de son phare à la vie après ce métier, en passant par des conseils d’ordre matrimoniaux. Un joli sharivari vis-à-vis duquel j’espérais, en vain, un dénouement salutaire.

Il faut reconnaître au père De Greef une belle écriture avec une maîtrise appréciable du vocable maritime, je suis allé jusqu’à lécher une page pour y déceler un goût de sel… Au surplus, les dialogues sont globalement efficaces (quelques passages bizarres dans le lot) qui rendent ces personnages mythiques bien vivants – variation de langage aidant. Quant au style, celui-ci est parcouru d’une poésie insoupçonnée par l’utilisation de termes complexes mais visuellement agréables. Et ça claque plutôt bien à voix haute, on sent l’auteur habitué à la rythmique des mots.

Thèmes abordés (du moins selon Le Tigre)

Le titre renvoie, astucieusement, à l’écrivain britannique Heming-way, la dernière syllabe étant littéralement interprétée par le pilote. Ainsi, les références au Vieil homme et la mer sont omniprésentes avec le pauvre Émile qui se bat, seul, contre les éléments maritimes qui ont forgé sa personnalité. Néanmoins, le héros n’est pas un marin et sa compréhension de l’océan est plus que limitée : si le vieil homme d’Hemingway n’appréhende que la surface de l’océan (contrairement au poisson tant recherché), Émile ne fait que subir vagues et embruns depuis son fort de pierre. C’est sans doute pourquoi il est plus proche de l’aérien Sussenberg qui voit tout de haut (étant noble, ça se comprend) que d’Ulysse le voyageur.

L’air de rien, Thierry De Greef pose une intéressante question sur l’existence des personnages de romans. Émile, qui apparaît comme être le seul être « non connu » de l’œuvre, est le seul qui se pense vivant. Si Ulysse est un héros antique, force est de constater qu’il n’appartient plus vraiment à Homère – comme Amandine, qui est plutôt mécontente de l’image des sirènes données au poète grec. Quant au pilote de l’hélicoptère, il m’a paru personnifier l’écrivain qui décide de faire vivre ou non ses personnages. Une sorte de divinité lointaine qui peut décider de lâcher ses personnages dans la nature, à l’instar du fameux « Lui » (cité par certains protagonistes) qui a abandonné l’Homme et semble s’en contrefiche…jusqu’à ce qu’un Autre refasse vivre le mythe.

…à rapprocher de :

– Évitez de lire le diptyque Anonyme est la mort et La mort est anonyme, je n’ai rien bité à ce thriller qui n’en est pas un.

– Tiens, ça m’a donné envie de relire Hemingway, peut-être que ça aide à mieux saisir la portée du présent roman.

Enfin, si votre librairie est fermée, vous pouvez trouver ce roman en ligne ici.

Morrison & Quitely - Justice League : L'autre TerreVO : JLA Earth 2. Dans un monde parallèle sévissent des superhéros qui sont de parfaits salauds. Un seul homme lutte contre ce syndicat du crime, et il n’en peut plus. En faisant appel à la Ligue de Justice, ce sont deux univers qui vont entrer dans une brutale collision. Dessin fort à-propos mais dénouement vaseux, ça ne figure pas parmi les favoris du Tigre. 

Il était une fois…

L’éditeur a fait sobre et juste, Le Tigre aime : « Aux confins de l’univers existe une Terre en apparence semblable à la nôtre… En apparence, car en lieu et place de la Ligue de Justice y existent leurs doubles maléfiques, réunis en un Syndicat du Crime invincible. Seul héros de cette planète, Lex Luthor échappe à la vigilance du Syndicat et vient demander secours à la Ligue »

Critique de Justice League : L’autre Terre

Le félin n’est pas très porté sur la Ligue de Justice Américaine, j’en mate de temps à autre seulement parce qu’on est susceptible de retrouver le chevalier noir – le héros avec qui je reste le moins largué. En outre, des one shots comme ceux-ci sont parfaits pour s’aérer l’esprit avec des concepts plutôt novateurs.

La nouveauté de L’autre terre (façon de parler, il en était déjà question avec le multivers d’avant Infinite Crisis) est la lutte de nos héros habituels contre leurs homologues démoniaques : Owlman avec ses yeux de hiboux fait face à Batman ; le très puissant Ultraman vs. Superman ; Johnny Quick contre Flash ; la belle salope Superwoman (penchant de Wonderwoman) ; Power Ring, et d’autres menus ajustements (le commissaire Bruce Wayne est un pourri, tout comme le maire Gordon).

Dans cet univers dystopique se démène le brave Lex Luthor (seul gentil) qui va passer un de l’autre côté (après un test grandeur nature à l’aide d’un avion de ligne) pour quérir un peu d’aide. Le plan de nos amis est simple : enfermer leurs sombres alter-égos sur la lune pendant qu’on fait le ménage sur leur planète. Il s’ensuit de nombreuses péripéties permettant d’exploiter le potentiel de chacun. De la destruction totale de monuments en pleine guerre civile aux difficultés à « décorrompre » une ville, en passant par quelques cas de conscience (notamment Owlman qui retrouve la tombe de ses proches), il y en a de toutes les couleurs.

Les traits dessinatoires du bon Frank Quitely sont nets et réalistes malgré des ordonnancements de cases en apparence aléatoires – cela participe à l’impression d’être dans un monde différent où le cœur se situe à droite par exemple. De superbes tableaux raviront l’amateur, notamment la première page, fantastique vue depuis la lune qui a ce petit quelque chose de sombre et d’imposant comme un roman d’Alastair Reynolds.

Deux choses m’ont finalement fait chier dans ce roman. Déjà, l’éditeur annonce près de 150 pages alors que l’histoire ne fait qu’à peine 100 pages. Le reste n’est que croquis et blablas certes intéressants, mais ça donne l’impression de remplir les vides. En outre, je n’ai guère vu arriver (et peu compris) le fin mot de l’histoire. Sous la maxime Cui Bono (à qui cela profite), il apparaît que les allers-retours dans les univers peuvent être potentiellement catastrophiques, et le verdâtre Brainiac compte bien s’en servir. Dès que Brainiac débarque, ma compréhension du comics est toujours en danger.

Thèmes abordés (du moins selon Le Tigre)

L’inversion des valeurs chez les superhéros a un ressort comique évident, on sent que Grant Morrison s’est largement fait plaisir. Au débotté, je pense à la bandante et malsaine Superwoman qui a dépassé le stade de femme fatale. La relation ambiguë avec Ultraman (avec qui elle refuse de coucher) et Owlman créent une sorte de relation à trois tout ce qu’il y a de plus naughty. Et que dire alors de l’équivalent de Flash qui s’injecte d’hallucinantes doses de drogue ? Comme si son cerveau avait besoin de suivre le corps, du coup le mecton n’arrête pas de jacter et de s’exciter (s’énerver plutôt) comme une vieille conne.

Les lois de l’autre terre font que quoiqu’il arrive, le mal doit toujours triompher. Nos héros s’en rendent douloureusement compte en tentant d’apporter un semblant d’ordre (les réflexes ne changent pas du jour au lendemain), de là à faire le rapprochement avec l’Oncle Sam imposant la démocratie ici et ailleurs il n’y a qu’un pas. C’est également pourquoi le combat de Luthor est aussi vain que solitaire, son personnage est fait pour perdre. Par extension, le lecteur serait en droit de penser que les supervilains mènent dans l’univers « normal » des comics une guerre perdue d’avance. L’équilibre veut que nos gentils l’emportent aussi sûrement qu’une version alternative de Lex Luthor se mange gamelles sur gamelles.

…à rapprocher de :

– Les deux compères ont publié un bijou resplendissant avec Superman-All-Star. L’alpha et l’oméga de Clark Kent en quelque somme.

– L’autre comics (pour l’instant) sur la LJA sur ce blog est Crise d’identité. Pas mal du tout, cette fois-ci nos héros font de la merde.

– De Morrison, en plus « confidentiel », le félin peut aisément vous parler de Joe, l’aventure intérieure (pas trop aimé) ou Happy ! (bizarre comme il faut).

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Stark & Cooke - Parker : Fun IslandVO : Slayground. Dans ce quatrième tome des aventures dessinées du personnage de Donald Westlake, notre bon Parker se terre dans une île d’attraction avec un joli butin. Il est temps de se préparer contre la mafia qui veut récupérer, au nez et à la barbe des flics, la tune. Plus court que les tomes précédents, plus nerveux et violent, la profondeur (inexistante ici) du héros s’en ressent. 

Il était une fois…

A la base, l’affaire consistait à dévaliser un transporteur de fonds. Près de 80 000 dollars à la clé, c’est bonard. Pas tellement en fait, le chauffeur a planté la bagnole qui devait emporter Parker et son comparse. Tout ceci se complique lorsque notre ami n’a d’autre endroit pour se cacher que dans un parc d’attraction…vide – et oui, c’est l’hiver. Parker est d’autant plus mal barré que la pègre a décidé de récupérer l’argent, court-circuitant les flics au passage.

Critique de Fun Island

Le quatrième tome de Parker illustré par Darwyn Cooke, putain que je ne m’en lasse pas. A chaque fois, l’illustrateur propose un dessin différent, et là les couleurs rejoignent parfaitement le froid et la grisaille du piège à rats dans lequel s’est foutu le protagoniste principal. Mieux : le lecteur aura l’occasion de déplier, au début de la BD, le plan de Fun Island, à savoir le parc divisé en huit zones thématiques – même si n’aide guère par la suite.

Cet ouvrage est bien court mes amis, sans compter les chapitres (qui font perdre une page au bas mot à chaque fois) annonçant des parties bien carrées. En premier lieu, le casse qui tourne mal. Ensuite, Parker se pointe malgré lui dans Fun Island et évalue la situation (flics et malfrats qui se mettent d’accord pour lui tomber sur la gueule). Puis il prépare ses petits pièges à l’encontre des ennemis (quatre, vingt, une armée) désireux de récupérer la coquette somme. Enfin, la fuite (seule solution) vers de nouveaux horizons, et ce en évitant la pègre qui est colère.

En effet, une famille mafieuse possède une partie du parc, et celle-ci est fermement déterminée à capter les sousous qui trainent autour du héros. Parker, en tuant les assaillants, a la mauvaise idée d’occire le jeune Benito, fils du gros ponte des lieux. Ce dernier est passablement furax et lancera toutes ces forces dans le combat, hélas ça ne suffira guère – et ce en dépit de l’état du héros qui a passé une nuit terrible, frigorifié après un bain agréablement glacial.

Pour finir, Le Tigre consent avoir été déçu par un opus bien plus bref que les premiers faits d’armes du cambrioleur qui, chose rare, apparaît plus comme un vilain bourrin (avec quelques astuces scénaristiques sympathiques ici et là). A peine je signalerai Le 7ème, une dizaine de pages « one shot » en fin d’ouvrage assez marrante (le dessin est nettement plus brouillon) sur un copain jaloux qui fout en l’air un braquage – jusqu’à en crever.

Thèmes abordés (du moins selon Le Tigre)

Comme vous l’aurez saisi, ce tome est une jolie allégorie du principe « un homme contre tous ». Le père Parker se retrouve seul face à une pétée de méchants (certains sont de braves gars) qui ont pour ordre de le ramener mort plutôt que vif – on avisera après. D’habitude, le héros est assisté de quelques individus plus ou moins recommandables et seulement dans les dernières pages il appert qu’il doit ne compter que sur lui-même…sauf ici, la donne est plutôt claire : Parker est coincé tel un animal dans sa cage, une unique sortie est possible, et s’en tirer vivant (même sans fric) serait une victoire. Cependant, il réussit à faire mieux que ça.

Bien que les ennemis se comportent tels beaux abrutis (opérant souvent seuls) face au surburné cambrioleur de talent, force est d’admettre que ce dernier a su développer une tactique digne des plus grands survivalistes. Il profite en effet de l’attaque tardive des antagonistes pour étudier l’endroit dans ses moindres recoins, et en profite pour poser des pièges tel l’autre chiard de Maman j’ai raté l’avion. Se transformant en « deus ex machina », Parker élabore sa stratégie pour mettre à genoux les vilains, que ce soient des jeux de lumière ou la manière de confondre les ennemis dans un labyrinthe de verre.

…à rapprocher de :

– Tant qu’à faire bonne mesure, je vous propose de commercer avec Le Chasseur, L’Organisation puis Le Casse.

– Le délire mi-glauque (la couleur bleu sombre aidant) mi-violent m’a rappelé l’indispensable Killing Joke de Moore & Bolland.

– Tout ce délire dans un parc d’animation me fait penser au final du film de 007 L’homme au pistolet d’or, avec le bon Roger Moore.

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Jean-Bernard Pouy - Suzanne et les RingardsLe rock, les concerts, la drogue, le meurtre, les ringards. Lors d’une tournée, Suzanne, groupie d’une nuit, est retrouvée clamsée. Pour Dumbo aux airs d’Elephant Man, la vengeance a sonné. Et quand son chemin rencontrera celui d’une actrice en pleine pause, ça peut faire des étincelles. Chouette road movie aussi nerveux que court, ça se laisse lire – sans plus pour ma part.  

Il était une fois…

Dumbo est un brave type qui bosse pour un groupe de rock. Grâce à sa gueule fracassée (il fait sacrément peur aux gens), Dumbo le manutentionnaire de ces messieurs fait également office de « videur préventif » même si tout ce petit monde le débecte. Surtout lorsqu’une groupie, voulant absolument rencontrer les rockeurs, est trouvée morte le lendemain dans sa chambre d’hôtel. En parallèle, une star de ciné décide, après la perte de son mari dans un accident de bagnole, de s’éloigner des paillettes pour se retrouver et analyser ses contemporains.

Critique de Suzanne et les Ringards

Les titres de Pouy m’interpellent très souvent, rien que rencontrer les fameux « Ringards » justifient la lecture du roman : il s’agit des membres (tous pareils et fongibles) d’un pseudo groupe de rock qui connaît un moment de grâce – dont on sait que ça ne durera pas. Qui dit ringard, dit idiot à la marge qui ne comprend pas grand chose à la vie. Ici, nos jeunes « artistes » sont des alcoolos drogués jusqu’à la moelle qui de Rabelais n’ont retenu que le « fait ce que voudra ». Des petits cons en somme.

Ce sont ces individus que suit  le héros, Charles-Émile Gadde, dit Dumbo. Gadde, à l’aide d’une narration à la première personne, livre sa vision des évènements qui vont bouleverser sa vie : les concerts au cours desquels de nombreux conflits sont évités grâce à sa gueule imposante (une ingénieure du son, Lucie, étant de la partie) ; la Suzanne qui lui supplie d’aller à l’hôtel où crèchent les musicos ; la police le lendemain qui siphonne sa chambre où Suzie est morte ; l’alibi qui le sauve des foudres de la justice, et enfin la recherche de la vérité à coup de tatanes – pas très crédible mais réjouissant.

Avec Dumbo, tout n’est que faits bruts et, sous un air désabusé face à la connerie humaine, il suinte de ce protagoniste une sorte de sourde violence un brin poétique, ce qui le rend plutôt sympathique alors qu’il est aussi impulsif que ses comparses – le dénouement, d’ailleurs, n’a rien d’un happy end moral. Rien à voir avec l’histoire de l’actrice Valérie que j’ai trouvée plutôt chiante, entre parlottes souvent vides de sens et rencontre finale avec Dumbo un peu poussive.

En guise de conclusion, si cet ouvrage parvient à éviter le désastre et à remplir son office de divertissement, force est de constater que c’est loin d’être le meilleur de l’auteur français. Certes une certaine poésie désabusée et glauque émerge de ce road movie breton rythmé par les riffs des guitares, toutefois l’envergure dramatique ne paraît pas à la hauteur des thèmes – dont le potentiel était pourtant élevé.

Thèmes abordés (du moins selon Le Tigre)

Puisque les ficelles sont aussi grosses que des troncs de séquoias multicentenaires, autant se vautrer dedans :

D’une part, Suzanne et les Ringards empreinte beaucoup au conte de La Belle et la Bête. Pouy, en se concentrant sur la Bête dont on sait dès le début qu’elle a un bon fond, offre un contraste saisissant avec les belles gueules du groupe de musique : ces derniers ne méritent pas l’adoration de leurs fans qui ne voient que le succès tandis que Dumbo a loisir d’admirer le « backstage », à savoir des junkies égocentriques prêts à tout pour s’amuser. Quant à la Belle, en fait ce personnage est dilué dans deux protagonistes : la mignonne Suzanne qui, parce qu’elle s’est frottée aux vraies bêtes, ne s’en tirera pas ; et l’actrice qui, en vomissant le monde de stars dont elle est issue, régénéra sa beauté intérieure.

D’autre part, le titre est une discrète référence à l’épisode de la Bible intitulé Suzanne et les Vieillards. Pour faire simple, ce passage parle de deux vieux chieurs qui veulent se taper une certaine Suzanne. Celle-ci, refusant leurs avances, se voit alors accusée d’adultère – Tigre a l’impression que rien n’a changé de nos jours. La différence, dans le présent roman, est que Suzie en personne vient chercher l’aventure auprès des Ringards qui, blasés par tant de succès, vont tenter de savoir jusqu’où ils peuvent aller dans l’ignominie. Ce rapprochement biblique signifierait que, même si Suzanne n’est plus de ce monde, Dumbo serait l’équivalent moderne du prophète Daniel – vous savez, celui qui est finalement jeté aux lions ? Ainsi, il est intéressant de remarquer que « Daniel » signifie « jugement divin », ce qui est peu ou prou la mission que s’est attribuée le (anti)héros.

…à rapprocher de :

– Le félin a lu énormément de Pouy, en général ça s’est très bien passé : les réjouissants Spinoza encule Hegel, suivi de A sec !. Nous avons brûlé une sainte est une petit bijou, tout comme La chasse au tatou dans la pampa argentine. A l’inverse, Larchmütz 5632 ne m’a pas emballé et La clé des mensonges peut être évitée.

– Le groupe de rock qui s’enfile des kilomètres de coke dans le nez et boit du sky comme si c’était de l’eau, la femme retrouvée morte dans une chambre d’hôtel…mais oui…c’est l’histoire de Sid Vicious, trublion des Sex Pistols.

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Robert Crumb - La GenèseVO : The Book of Genesis. Prenez les cinquante premiers chapitres de la Bible, et foutez-y un des plus grands auteurs de comics underground de tous les temps. Le résultat, surprenant, se laisse plutôt regarder…le dessin, excellent quoique grossier, ne parvient toutefois pas à rattraper un texte qui est décidément bien chiant. 

Il était une fois…

Au commencement Dieu créa le ciel et la terre. La terre était informe et vide ; les ténèbres couvraient l’abîme, et l’Esprit de Dieu se mouvait au-dessus des eaux. Dieu dit : « Que la lumière soit ! » et la lumière fut. Et Dieu vit que la lumière était bonne ; et Dieu sépara la lumière et les ténèbres. Dieu appela la lumière jour, et les ténèbres Nuit. Et il y eut un soir, et il y eut un matin ; ce fut le premier jour. [cinquante chapitres après…] Joseph mourut, âgé de cent dix ans. On l’embauma et on le mit dans un cercueil en Égypte.

Critique de La Genèse

Qu’est-ce qui a pris à une telle sommité du comics américain oldschool d’illustrer la Genèse ? De là à croire une idée qui a violemment émergé à la suite d’un trip sous acide, il n’y a qu’un pas…jusqu’à visionner le résultat.

Même si le texte n’est point de Crumb, la façon dont il a essayé de le rendre vivant indique un haut degré d’analyse et d’interprétation d’un document considéré par beaucoup (je n’entrerai pas dans ce débat) comme sacré. Premiers chapitres d’un bouquin sur lequel s’appuie la plupart des religions monothéistes, il est amusant de remarquer les nombreuses répétitions, notamment les alliances entre Dieu et untel pour qui le Puissant « fera de lui une grande nation » et autres « je multiplierai ta postérité autant qu’il y a d’étoiles ». Le pire, à mon sens, est l’abondante généalogie fournie qui perdra plus d’un lecteur (et vis-à-vis de laquelle Robert C. a multiplié différents portraits). Par exemple :

Abraham prit encore une femme, nommée Cétura. Et elle lui enfanta Zamran, Jecsan, Madan, Madian, Jesboc et Sué. Jecsan engendra Saba et Dadan ; les fils de Dadan furent les Assurim, les Latusim et les Laomim. Les fils de Madian furent Epha, Opher, Hénoch, Abida et Eldaa. – Ce sont là tous les fils de Cétura.

Le félin s’est donc arrêté à la 130ème page, se disant que le dernier tiers ne serait pas bien différent du reste. Le problème, en fait, ne vient pas de l’auteur américain. Le pauvre a voulu s’attaquer à un monument de littérature en ne changeant pas un seul mot. C’est tout à son honneur. Néanmoins, il subsiste de verbeuses longueurs qui rendent ces pages globalement ennuyeuses (dès la cinquantième), et ce malgré les impressionnants efforts de Bob pour rendre le tout attractif.

Le Tigre finira par énoncer qu’il lui vient rarement l’idée de sortir sa poussiéreuse Bible pour en lire le début. Cependant, grâce à Crumb, j’ai pu parcourir avec une peine minimum la prose antique à l’origine du Monde – dans la limite des deux tiers certes. Et figurez-vous que, par acquit de conscience, j’ai quand même vérifié avec l’original : les termes sont bien les mêmes. La Bible est BD-compatible, hosanna. Quant au dessin, je vous donne rendez-vous au paragraphe suivant pour en savoir plus.

Thèmes abordés (du moins selon Le Tigre)

L’illustration de la Genèse mérite un paragraphe dédié, Crumb étant un auteur avec un style plutôt particulier – personnages soignés avec des traits grossiers et aux regards concupiscents, noir et blanc hachuré qui fait tâche sur les bords. Et bah ce même style a été appliqué à ce texte aride, c’est-à-dire que Robert C. ne s’est aucunement censuré avec le genre naïf (certains diront peu respectueux) fait de protagonistes loin d’être visuellement parfaits. Ça en devient presque marrant tellement l’auteur n »est pas tendre avec ses personnages légendaires. Les femmes, par exemple, ressemblent plus à des concierges aigries de soixante balais qu’aux Reines de l’antiquité. Rien que la tronche de Saraï (Sarah) vaut le détour, putain elle fait peur.

L’air de rien, ce travail d’orfèvre (certains planches ont dû lui prendre des plombes) participe à une forme de désacralisation. Déjà, apposer des visages bien précis à Noé, Mathusalem et consorts les rend forcément plus sympathique, même si leur vénérable âge se lit sur leurs traits (plus de 500 ans pour les premiers). Ensuite, la perception des choses divines reste très humaine, que ce soit Dieu en barbu colérique (celui de l’Ancien Testament) ou les manifestations naturelles. Enfin, l’interprétation est de surcroît contemporaine, à savoir que les postures (la guerre, le sexe) et tableaux représentés n’ont rien à voir avec l’iconographie « traditionnelle » de la Genèse.

Bref, cette Genèse constitue un travail tout personnel d’un homme qui, malgré ses propres visions de l’espèce humaine (les femmes avec des cuisses plus larges qu’un baobab issu des jardins de Babylone ou des culs qui pourraient rivaliser avec le mont Sinaï), parvient à éveiller une ébauche de sentiment d’immersion vis-à-vis d’un ouvrage avant tout symbolique.

…à rapprocher de :

– De Crumb, Fritz le Chat est un monument inoubliable. Faudrait que je m’en charge un de ces quatre.

Enfin, si votre librairie est fermée, vous pouvez trouver ce roman graphique en ligne ici.

Philip k. Dick - Le Maître du Haut ChâteauVO : The Man in the High Castle. LE classique de Philip K. Dick, sans doute parce qu’il s’agit d’un titre plutôt aisé à lire. Peu de SF ou d’action, beaucoup d’uchronie post WWII et d’introspection, ce roman possède différents niveaux de lecture (que Le Tigre n’a pas forcément repérés). Pour ma part, ce n’est pas le titre le plus renversant de ma bibliothèque.

Il était une fois…

Les Teutons qui remportent la bataille de Stalingrad et poussent l’avantage à l’Est ; les débarquements qui foirent dans les grandes largeurs ; le Japon qui envahit l’Australie tandis que l’Angleterre est accostée ; bref la victoire de l’Axe en 1947. Le destin des nations est alors inversé, le Japon imposant son mode de vie à l’Oncle Sam. Si Le Tigre insiste sur ce nouveau monde, c’est que les protagonistes du roman sont tous en émoi : il y aurait, dans les Rocheuses, un écrivain de SF qui a écrit un bouquin qui raconte la victoire des Alliés lors de la Seconde Guerre Mondiale.

Critique du Maître du Haut Chateau

A chaque fois qu’on me parle de ce roman, c’est surtout pour insister sur son aspect « uchronique », or limiter le grand et malade Dick à ce genre littéraire reviendrait à commettre une légère bourde. Déjà, les informations sur le (ou les) élément(s) divergent(s) de l’Histoire sont tellement délivrées au compte-goutte que j’ai eu l’impression que Fifi s’en foutait.

Ensuite, le nombre appréciable de personnages fait que cet ouvrage se concentre plus sur des histoires de personnes que sur des considérations strictement politiques – à l’instar d’un Stephen King. Entre un artisan juif cherchant à vendre sa came à des Japonais circonspects, un officier de l’Abwehr en mission secrète ou un officiel japonais plus ou moins serein, le tableau de ce que pourraient être des États-Unis morcelés comme l’était l’Allemagne post-nazie est plus vivant que jamais.

Enfin, même si les protagonistes ne se croisent pas, il appert qu’ils ont en commun le mystérieux Hawthorne Abendsen et son non moins intriguant roman qui raconte la victoire des Alliés. C’est là que le bizarre s’invite puisque les derniers chapitres et qu’on retrouve les thèmes chers à K. Dick (cf. dernière partie). Après quelques péripéties relativement ronflantes (pas de science-fiction, pas de thriller, juste un petit meurtre ici et là), nous arrivons enfin dans le « haut château » où le père Abendsen était censé se faire assassiner.

Quant au style de l’œuvre, le moins que l’on puisse dire est que c’est compréhensible pour n’importe quel lecteur (un exploit considérant l’écrivain américain). Bien sûr, le final est suffisamment déroutant et sujet à interprétations. Toutefois, l’écriture est assez contemplative dans l’ensemble, il y a même des longueurs descriptives étonnantes pour un roman qui se lira plutôt vite. Il serait donc dommage de s’en priver.

Thèmes abordés (du moins selon Le Tigre)

L’importance des livres dans cet ouvrage est remarquable, les mots écrits y prennent toute leur puissance. Bien sûr il y a Le poids de la Sauterelle, autre uchronie (pour l’univers du livre) qui fait gravement flipper les Nazis. Il s’agit d’un épouvantail remettant en cause l’ordre établi et à cause duquel des rumeurs (d’existence seulement) peuvent se transformer, à termes, en résistance contre l’envahisseur. D’autre part, il y a l’incontournable Livre des Changements sur lequel s’appuie la plupart des personnages : le Yi-King consiste à lancer trois pièces de monnaie puis à lire le résultat à l’aune d’un canon littéraire qui donne conseils et maximes à coup sûr interprétables. Un horoscope puissance mille, si vous voulez savoir ce que j’en pense – Tigre préfère tirer les baguettes numérotées de 1 à 100.

Pour terminer, je vous demande ce que serait un roman de K. Dick sans le potentiel pour violer le cerveau du lecteur en instituant le doute. Ici, l’écrivain multiprimé s’amuse à rendre plus floue la frontière entre fiction et réalité au travers un Hawtthorne Abendsen qui prend à partie un des personnages (c’est comme s’il s’adressait au lecteur) en lui expliquant que son livre est la réalité. Déjà que le lecteur doit composer avec un roman déviant au sein d’une uchronie, que penser alors d’un caractère de fiction qui sous-entend savoir qu’il est dans un monde imaginaire et écrit « sa » réalité ? Pour ne rien arranger à la mise en abyme, quelques éléments de La Sauterelle sont sensiblement différents de notre propre monde, notamment le Royaume-Uni qui joue un rôle bien plus actif.

…à rapprocher de :

– Le meilleur de cet auteur reste, pour l’instant, Substance Mort. Pas pu terminer la trilogie divine (SIVA & Co), et A rebrousse-temps est trop zarbi (mais idée géniale).

– Dans les nouvelles de cet écrivain torturé, signalons Souvenir ou Le dernier des maître (la nouvelle éponyme est une petite perle).

– Sur le Troisième Reich qui déménage la cloche de bois, Tigre pense au débotté à Fatherland de Harris (pas mal) ; Block 109 (chouette BD) ; Rêve de fer de Spinrad (un régal).

Enfin, si votre librairie est fermée, vous pouvez trouver ce roman en ligne ici.

Sente & Juillard - Le Sanctuaire du GondwanaSous-titre : Blake & Mortimer, tome 19 (et oui déjà). Le célèbre paléontologue à la recherche de l’origine de notre espèce, ça annonce du lourd non ? Hélas le dénouement, sans grande saveur, est éclipsé par une autre intrigue plus « fantastique ». Dessins gentillets et textes aussi fournis, ce tome semble être né déjà vieux.

Il était une fois…

Tout commence par un explorateur, qui, trois mois auparavant, découvre une mystérieuse civilisation qui a un rapport avec une roche ramenée par Mortimer lors d’une souriante expédition au Pôle Sud. Ce dernier, après quelques recherches (et, étonnamment, la lecture de ses mémoires en préparation), prépare un petit voyage vers l’Afrique. En particulier au sein du cratère du Ngorongoro, non loin du lac Victoria. L’aventure peut démarrer – youpi.

Critique du Sanctuaire du Gondwana

Au risque de me répéter, peu d’aventures de Blakounet & Mortifère m’ont réellement transporté (le truc avec l’espadon, les E.T. qui ne sont que des Terriens du futur, etc.), généralement ces BD sont bien trop verbeuses et vieillottes.

Or, ici, à part un démarrage plutôt lent (ça parlote, ça raconte ses souvenirs à n’en plus finir), les escapades en Afrique (milieu de l’œuvre) sont bien rythmées, entre recherche active du fameux sanctuaire avec quelques pépées et arrivée parallèle du vilain Olrik (secondé par Benzendias qu’on retrouve dans d’autres tomes), avec à la clef des courses poursuites au milieu des animaux de la savane.

Enfin, comme si c’était plus fort de la part des auteurs, les textes se font alors plus fournis. Toutefois, c’est pour la bonne cause dans la mesure où la double énigme (chacune en spoil dans un thème de la partie suivante) se résolve pour le plus grand plaisir du Tigre. Ou presque : si la problématique du Sanctuaire du Gondwana est correctement soldée, le quiproquo final Mortimer/Olrik m’a fait l’impression de débarquer de nulle part – même si ça explique pas mal de choses que j’avais trouvées bizarres.

Bref, pour une BD sortie dans les années 2000, Le Tigre était en droit d’attendre quelque chose de plus péchu. Il appert qu’entre respecter le style de Jacobs, doigt sur la couture du pantalon, et sortir quelque chose de volontaire et contemporain, Yves Sente et André Juillard ont choisi leur voie – les illustrations sont un exemple parfait. Sans doute est-ce la bonne solution, mais pour ma part en 2008 il y avait plus renversant dans mes étagères.

Thèmes abordés (du moins selon Le Tigre)

Comme je le disais, le félin va doublespoiler dans les grandes largeurs :

Premièrement, le lecteur découvrira, dans les dernières pages, qu’Olrik était en fait Mortimer et inversement. Gneuuuu ?? Et oui, après les aventures du Sarcophage du sixième continent, la machine utilisée par certains protagonistes a opéré une inversion de personnalité : du coup, Mortimer s’est réveillé tel un gland dans le corps du Colonel, il a du se déguiser en un vulgaire voleur pour reprendre le contrôle de son corps. Curieusement, ce bordel métaphysique a permis d’en savoir plus sur Mortimer, notamment pourquoi il a laissé poussé sa barbe lors de la rencontre avec Sarah Summertown, belle MILF que le chercheur, jeune, s’était tapé.

Deuxièmement, le Gondwana renvoie à un supercontinent où la première civilisation humaine aurait éclos. Dans l’histoire, une glorieuse civilisation a mis au point une sorte de grosse machine génétique pour, le moment venu (c’est-à-dire la fin du monde), relancer une fournée de petits humains. Comme un Dieu, mécontent d’ailleurs en découvrant que l’Homme n’a pas mieux évolué que la première fois. Très souvent dans Blake & Mortimer, une puissance « supérieure » délivre un message humaniste et rappelle à nos héros que l’Humanité prend le chemin le plus court menant à son extinction.

…à rapprocher de :

– Sur ce blog, il y a également L’affaire Francis Blake. Ni SF ni fantastique, petite déception.

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Maurice G. Dantec - Villa VortexSous-titre : Liber Mundi, tome 1. Une affaire policière assez particulière qui se transforme, l’air de rien, en une brûlot littéraire d’une rare violence de la part d’un écrivain unique, il y a de quoi être scotché au roman – ou le lâcher sans regrets. Soit le lecteur accroche et adore, soit il déteste cordialement la prose résolument excessive (et quelque part révolutionnaire) de Dantec. 

Il était une fois…

Ce lourd pavé démarre avec la triste découverte du macchabée d’une adolescente. Ça aurait pu s’arrêter là, hélas le corps a été « transformé » par le tueur qui a ajouté tout un tas de gadgets technologiques dans la défunte – quelque chose d’assez dégueulasse il faut convenir. Kernal, flic en charge de l’enquête, sait qu’on a affaire à un serial killer en puissance qui n’est pas prêt de s’arrêter.

Critique de Villa Vortex

Tigre va être clair : je sais que j’attaque un énorme morcif de littérature, et accepte être passé à côté de pas mal de choses, notamment en ce qui concerne la partie philosophico-théologique d’un roman qui a plus de l’essai que du polar – même si ce dernier aspect, que je croyais définitivement abandonné en cours de narration, revient en force vers la fin sous la forme d’un techno-thriller futuriste de grand malade.

Tout d’abord, le héros. En déroulant plus de dix années de la vie du flic, il appert que Kernal est le témoin privilégié de l’Histoire du monde (Occident, du moins) de la chute du mur jusqu’aux attentats du 11 septembre, en passant par le conflit des Balkans – cher à l’écrivain français. Mais cette histoire, qui termine en apothéose par la « renaissance » du protagoniste (qui annonce dès le début sa mort prochaine), baisse très vite le rideau face à un lourd essai sur lequel beaucoup de choses peuvent être dites. Dès cet instant, Kernal devient Dantec (ou est-ce l’inverse), un homme qui, outre sa conversion, présente sa vision de notre monde.

Ensuite, le style de Maurice G.D. représente, à mon sens, une écriture unique qui donne l’impression d’aller dans un endroit froid, inconnu et terriblement stimulant. Riche, abondante et généreuse, l’écriture dantecque se dévore – avec quelques risques de crise de foie (hu hu) ici et là. L’essayiste a ses thèmes de prédilection, et bien que ses idées soient parfois discutables la manière dont son message est délivré ne laisse pas indifférent. Bon, il faut dire que Momo n’hésite pas à enfoncer le clou de sa vision du monde. Aussi ne vous inquiétez pas si vous vous sentez largué au début, ça finit par entrer.

En guise de conclusion (incomplète, je le crains), Villa Vortex est un joli ovni comme Le Tigre aime les lire. Il y a du génie mais aussi des passages plus ou moins horripilants que je n’ai guerre hésité à lire en diagonale. Parce qu’il ose poser ses couilles sur le clavier (façon de parler hein), l’écrivain/essayiste le plus insaisissable d’Europe mérite d’être lu au moins une fois dans sa vie.

Thèmes abordés (du moins selon Le Tigre)

J’ai conscience que la pauvreté de cette partie vous autorise à me tomber lourdement sur le râble, aussi soyez un tantinet indulgent. Les félines connaissances en philosophie politique étant ce qu’elles sont, le cerveau limité du fauve ne retient pas forcément ce qu’il faut.

Outre les références à des philosophes et concepts qui m’échappent (même si je comprends de quoi cause l’auteur), la religion occupe une place prépondérante. Car Dantec y explique une partie de sa conversion au catholicisme. Disons une forme de catholicisme que certains trouveront aussi intransigeant que régressif (il en était déjà question avec l’héroïne de Babylon Babies), tandis que d’autres parleront de néo-christianisme où la science (merde, plutôt l’anticipation sociale mâtinée de SF) se marie avec la religion dans un somptueux bordel littéraire qui oscille entre charlatanisme le plus criard et scénarios révolutionnaires. La révolution. Le mot est lâché.

Plus généralement, Dantec est à la pointe de ce que j’appelle, en toute simplicité, la guerre littéraire. Car ce roman est le premier d’une trilogie intitulée Liber Mundi, sorte de manuel capable de renfermer tout ce qui a été et sera écrit. Jamais un auteur ne m’a aussi régulièrement fait l’effet d’un moine libre et guerroyant, seul comme un con (ce dernier terme étant affectueux) devant sa machine, pour des idées qu’il tente de nous faire partager. Que ce soit la mort de l’Europe en tant que réunion de démocraties déclinantes (islamisation, esprit de Munich, guerres civiles incessantes) ou les potentialités offertes par la science, Dantec est à même de bouleverser (en bien ou en mal) n’importe quel lecteur qui a la patience de venir à bout de ces 800 pages.

…à rapprocher de :

– La suite, Metacortex, approche l’imbitabilité.

– D’autres titres sont bien pires (ou meilleur, c’est selon) : Grande Jonction, Cosmos Incorporated,…

– Du père Dantec, les pures fictions sont La sirène rouge (polar), Les racines du mal, (l’anticipation sociale débarque), Babylon Babies (la SF s’invite) suivi de Satellite Sisters (grosse déception). Tout ça dans l’ordre, chouette. Quant au one-shot Comme le fantôme d’un jazzman dans la station Mir en déroute, c’est pas mal du tout.

– Pour saisir mieux le personnage, lire ses Théâtre des Opérations peut s’avérer très utile les amis – en comptant American Black Box, ça fait trois.

Enfin, si votre librairie est fermée, vous pouvez trouver ce roman en ligne ici.

Les textes du TigreLe félin a encore perdu un pari. J’avais assuré être en mesure de lire un roman de lady Katherine Pancol sans vomir mon quatre heures. Hélas, dès le deuxième chapitre, j’ai eu comme des sueurs. Au quatrième, je régurgitais malgré moi un peu de bile. J’ai retapissé le sixième. Mon gage ? Raconter une mignonne féline blague vaguement urophile.

Un Crime au Paradis

Le roi de la jungle, le parrain des contrées, l’empereur du Sud-Est asiatique, bref le tigre d’Indochine se promène fièrement sur son territoire – entre la Thaïlande et le Cambodge. Sa balade de contrôle se passe sans anicroches jusqu’à ce qu’il débarque à l’orée du temple de Preah Vihear. Car sur la devanture du monument, juste à côté de l’immense entrée, est écrit en très grand « tigre è 1 con !« .

En se rapprochant du méfait, le félin fulminant avise une forte odeur d’urine : et oui, ça a été rédigé en pissant sur le temple. A ce moment, le tigre n’en peut plus tellement il est furax et se pose une douzaine de secondes pour réfléchir à une riposte. Mais contre qui ?

Il appelle donc son fidèle serviteur, un macaque obséquieux mais efficace. Et lui ordonne de faire toute la lumière sur ce crime contre sa personne. Le singe, plus futé qu’il n’y paraît, revient quelques heures après, visiblement emmerdé aux entournures. Le fauve, impatient, lui sort alors :

– Donne moi le nom du fis de catin qui a fait ça, que je viole ses enfants, mange sa femme et chie dans la boîte crânienne de ses aïeux.

– Mon bon Messire, je crois être parvenu, grâce à de savants tests ADN, à retrouver l’individu qui a uriné de la sorte. Mais quelque chose ne colle pas…

– Épargne-moi tes galimatias de charlatans ! Tu me le files ce nom oui ou merde ?

– Brillant Empereur Félin, c’est-à-dire que j’ai une bonne et une mauvaise nouvelle. La bonne, c’est que c’est l’urine de Malraux, l’unique léopard de la région.

– Je m’en vais le chercher. Va pas comprendre ce qui va lui tomber sur la gueule, le gros Malraux. Et la mauvaise ?

– Hem…c’est l’écriture de la tigresse, votre épouse.

[je reviendrai]

Martin & Chaillet - Opération ThorSous-titre : Lefranc, tome 6. En visite dans le nord de l’Europe, le protagoniste principal et son compagnon se font pécho par une bande de mécréants sur le point de porter un coup fatal à une superpuissance. Mais sur ordre de qui ? – on ne le saura jamais. Illustrations correctes, dialogues passables, tout ceci est pas mal du tout, excellent même ! Dire que j’ai osé douter. 

Il était une fois…

Lefranc et son gigolo JeanJean (du moins l’ai-je compris ainsi) visitent tranquillou la Norvège. De passage forcé dans une auberge de jeunesse, les deux compères sont capturés par leur ennemi de toujours. Celui-ci souhaite, tel un vilain de James Bond, que le journaliste soit témoin (grâce à son impartialité – sic) d’une opération savamment préparée et destinée à mettre les États-Unis à genoux.

Critique de Opération Thor

Pour les oublieux, deux choses à savoir. 1/ Lefranc, c’est un journaliste blondinet pris dans des histoires pas possibles et qui pourrait être le successeur de Tintin, en remplaçant le chien Milou par JeanJean – qui occupe le même rôle en passant. 2/ Lefranc, c’est aussi le bon Alix au 20ème siècle. Même gueule, mêmes postures, même copain plus ou moins asexué avec lequel des pensées inverties peuvent survenir.

Revenons à l’histoire qui a ceci de formidable que le touriste total pourra s’y retrouver sans problème. Déjà, nul besoin de savoir d’où viennent nos deux petits amis, ils sont en Norvège point barre. Ensuite, le fameux Axel Borg. Même si le lecteur ne sait rien du passif entre ce méchant et Lefranc, on peut se douter qu’ils ont déjà fait les quatre cents coups ensemble – l’équivalent de Jacques Martin de ce bon vieux Rastapopoulos. Enfin, la date de publication (fin des années 70) ne représente qu’un infime handicap au plaisir produit par le scénario. Car ce dernier est simple : Borg cherche à foutre la merde sur le territoire américain, et utilise pour cela un navire doublé d’un sous-marin.

Lefranc, par son ingéniosité, parvient à filer à l’anglaise pour prévenir les flics U.S. qui prendront alors le relai. Puis le méchant fuit, l’esprit rempli d’autres vengeance. Sur le dessin, Gilles Chaillet a façonné un album plaisant à l’œil, rien à dire sur ce point. Mis à part les personnages peu expressifs, les décors (notamment toute la partie maritime) sont savoureux à souhait, ce qui tend à rendre le texte supportable. Pourtant, il y avait de quoi avoir franchement les jetons avec les premiers mots de la BD du genre « Perçant le déchirement des nuages, un éclatant soleil bascule au loin dans l’océan qui moutonne des vagues étincelantes à l’infini » – véridique, et ce n’est même pas du second degré.

En conclusion, Le Tigre a particulièrement apprécié cet ouvrage, surtout qu’il s’agit du dernier où le jeune Jean-Jean est bel et bien présent. Si, pendant la période antique où Alix pouvait allègrement enfourner le docile Enak, il semblait bien qu’à la seconde moitié du XXème siècle ça passe moyennement auprès des lecteurs. Du coup, il appert que John-John, qui fait un peu trop le « mignon » du héros, a tout simplement disparu des écrans radar à la suite. Dommage.

Thèmes abordés (du moins selon Le Tigre)

La majeure partie de la BD se passe sur les mers, avec un méchant qui a tout d’un Blofeld (007 style) : Alex B. a une belle gueule et est relativement intelligent grâce à son plan plutôt ingénieux, agit en sous-main et ce l’aide d’un sous-marin accroché pendant un temps à la quille d’un gros chalutier. Oui, vous avez bien lu : le vilain parvient à passer du bateau au submersible (et vice-versa) comme une fleur, les mains dans les poches. Cette prouesse technique devient encore plus insolente vers les pages 16 à 18, pendant une grosse tempête. A peine si le sous-marin, toujours accroché, remue un peu (JeanJean est assommé à force de dégueuler) alors que dans la réalité, une telle masse sous l’eau devrait soit se décrocher dans un fatras de tôles, soit maintenir le navire sur le même plan, ce qui vu les monstrueuses vagues le coulerait en moins de deux.

Et l’opération Thor dans tout ça ? Préparez votre filtre à spoiler, parce que là je vais tout vous dévoiler. Cette mission de destruction initiée par Borg(ia) consiste simplement à inonder l’Oncle Sam de parfaits faux billets en dollars. Et oui, c’est en quelque sorte le renouveau de l’opération Bernhard imaginée par les Nazis. En apportant, via des torpilles, des milliards de dollars, il y a de quoi saloper l’économie de toute une nation. D’ailleurs, le final montre ce qui se passe à l’échelle d’une ville, ce n’est pas vraiment beau à voir – les citoyens sont des cons finis et ne pensent qu’à acheter le dernier smartph…euh TV en couleur, ça se termine à coup de matraques.

…à rapprocher de :

– Puisque je parlais d’Alix, voici quelques BDs du noble blond que vous pourrez trouver sur QLTL : Le Spectre de Carthage, et..ah bah non c’est tout.

– Puisque je parlais de Tintin, la fausse monnaie pour faire chier une nation, c’est exactement L’ile Noire. Avec rastap’ d’ailleurs.

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Amélie Nothomb - Les CombustiblesDans le froid des murs d’une bibliothèque bien fournie, trois individus vont devoir décider quels bouquins préserver ou brûler. Ceci n’est pas vraiment un roman, plutôt une pièce de théâtre menée tambour battant. Cynisme, humour souvent noir, c’est loin d’être mon préféré à cause de dialogues extrêmement fatigants à la longue.

Il était une fois…

En plein guerre, le général hiver commence à faire des victimes. Réfugiés dans l’appartement d’un vieux professeur, Daniel (assistant à l’université) et Marina (étudiante qui couche avec Daniel) sont transits de froid. Il est temps de choisir les romans qui sauront les réchauffer…littéralement (tadaaa…).

Critique de Les Combustibles

Amélie Nothomb, toujours pas entrée dans la sienne (comprenne qui voudra), a du avoir un beau jour une petite idée comme cela arrive au citoyen lambda. Sauf que, contrairement à ce dernier, elle a décidé d’en pondre une sorte de huis clos assez stressant – pas forcément pour la raison que vous pourriez imaginer.

La saynète est donc la suivante : trois pèlerins se gèlent gravement les miches dans un appart’ humide et glacial. Ils pourraient décider d’utiliser la chaleur naturelle ou s’engager dans une partouze de bon aloi, toutefois ils ne sont pas aussi intelligents que votre serviteur. C’est pourquoi ils préfèrent cramer des livres. Mais par lesquels commencer ? C’est un déchirement permanent que d’échanger de la littérature contre un peu de chaleur (qui ne dure pas longtemps en plus).

Il s’ensuit des dialogues vifs et nerveux, entre un prof’ bourru et sûr de lui, un assistant plus ou moins propre sur lui et une nana un peu candide sur les bords. En ce qui me concerne, les échanges m’ont paru aussi horripilants qu’improbables : les réparties (qui font certes mouche) fusent à une vitesse inouïe, on dirait trois singes savants cherchant à épater la galerie. Toutefois, pour moins de 100 pages, voici de quoi passer sans prise de chou une petite demie-heure (moins, même), pour peu que le style ne vous gave pas trop vite – c’est ce qui m’est hélas arrivé.

Thèmes abordés (du moins selon Le Tigre)

La question posée par le roman/pièce de théâtre est on ne peut plus clair : qu’emporteriez-vous sur une île déserte ? Quand la survie de l’être humain entre en conflit avec l’amour de la littérature, il y a matière à s’arracher les cheveux. Le pendant négatif de cette question, précisément traitée dans l’œuvre, est plutôt de savoir quels ouvrages foutre les premiers dans le poêle. Le choix, difficile comme tout, entraîne des argumentations (exemples, contre-exemples, etc.) qui permettent de cerner un peu plus les personnages et ce qui les fait vibrer. Plus basiquement, une pièce de théâtre plus « légère » aurait été, lors d’un déménagement d’une famille vers le bout du monde, de savoir quels titres auraient eu l’honneur d’entrer dans le seul carton dédié à la littérature.

Si on veut un peu plus enculer les mouches, discourir sur ce qui mérite d’être mis au feu revient à exercer le noble art de critique littéraire. Cependant, choisir entre tel ou tel objet littéraire peut faire intervenir autre chose que des considérations strictement littéraires. Entre un Guerre et paix que vous ne finirez jamais (et capable de suffisamment chauffer la pièce) et une énième bouse d’Amélie Nothomb facile à lire mais qui n’apportera que peu de calories (ou de matière, même pour le cerveau), pensez-vous que le choix est si simple ? Qu’est-ce que trois heures de bonne lecture face à l’assurance de ne pas mourir de froid ? En poussant le raisonnement, la critique littéraire permet de faire des choix vitaux : en effet, sans cela, un lecteur accepte de prendre encore plus le risque de perdre, littéralement, quelques heures de sa vie en démarrant un ouvrage.

…à rapprocher de :

Le félin ne va pas vous dérouler l’intégralité de l’auteur, toutefois sachez que Tigre a lu pas mal de titres, dont (par ordre de publication) : Hygiène de l’assassin (bof), Attentat (pfffiouuu), Stupeur et tremblements (à caractère bibliographique et pas mal au demeurant) ; Cosmétique de l’ennemi (relativement insupportable) ; Biographie de la faim (à lire) ; Acide sulfurique (mouais) ; Le Fait du prince (le pire, je crois bien) ; Une forme de vie (dialogue épistolaire) ; Tuer le père (sans plus).

– Pour ma part, j’ai ma très personnelle réponse aux livres à emporter sur une île déserte ici. Les paramètres sont différents des protagonistes de la présente pièce.

Enfin, si votre librairie est fermée, vous pouvez trouver ce roman en ligne ici.