Peter F. Hamilton – Dragon déchu

Le Livre de Poche SF, 952 pages.

Peter F. Hamilton - Dragon déchuVO : Fallen Dragon. Une magnifique claque, rien de moins ! One-shot d’Hamilton, ce roman pourrait plaire même à quelqu’un qui a du mal avec ce genre littéraire. Car c’est un magnifique conte du futur qui laisse franchement rêveur : intelligent et prenant, la longueur ne doit surtout pas effrayer. Indispensable, de la SF de qualité à mettre entre toutes les mains.

Il était une fois…

Humanité, 24ème siècle (ben voyons). Grâce à la technologie des trous de verre, des dizaines de planètes ont été colonisées. Lawrence Newton, jeune qui n’est pas à plaindre sur la planète d’Améthie, souhaite plus que tout devenir pilote afin d’explorer la galaxie. Hélas le contexte économique ne s’y prête guerre, et à la suite d’un échec amoureux notre jeune de vingt ans se fait la malle. Il devient sergent au sein d’une entreprise (Z-B) qui mène quelques campagnes sur des mondes qu’elle a colonisés et ce afin d’effectuer un « retour sur investissement » (piller la planète en fait). Thallspring est la prochaine cible, et bien sûr rien ne se passera comme prévu.

Critique de Dragon déchu

Superbe ouvrage, réellement. Bon, près de 1.000 pages, c’est sûr ça peut effrayer. Surtout que dans le premier tiers, pas vraiment de la SF type « space opera ». Mais Peter F. Hamilton plante un joli décor, et en moins de temps que prévu le lecteur sera vite entrainé dans la fabuleuse odyssée.

Le scénario est simple mais efficace : notre héros fait une fugue et devient un mercenaire à la solde d’une entreprise. Derrière ce départ, il y a forcément une histoire d’amour contrariée, c’est avec la rage au ventre (trahison, quand tu nous tiens) que Lawrence, le naïf héros (du moins au début) part à l’aventure. Son point fort, c’est Apogée, logiciel du feu de dieu qui est capable de mettre en échec tous les systèmes informatiques rencontrés.

Rendez-vous donc sur un monde bien particulier : les autochtones voient évidemment d’un mauvais œil tous ces militaires, et vont déployer des trésors d’imagination pour les discréditer (le passage de la fausse prostituée qui est en fait la fille d’un notable se disant violée est très bien pensé). Parallèlement, une professeur raconte à ses jeunes élèves l’histoire d’un prince, Mozark, qui a effectué d’innombrables voyages (pour le compte de sa dulcinée) afin de découvrir la manière optimale de mener son existence.

L’imbrication des différentes histoires est génialement orchestrée, pour une fin surprenante qui boucle le scénario. Le gros plus, c’est la façon dont a  le British a aussi bien saisi l’aspect économique (et donc politique, sociétal) du genre de la SF pour un réalisme éprouvé. Le moins, c’est peut-être la taille de l’œuvre, à cinquante pages près le final aurait mérité d’être sans doute plus étoffé. Mais ça reste excellentissime.

Thèmes abordés (du moins selon Le Tigre)

Le financement de la colonisation de l’espace. Z-B, pour assurer ses finances, pille consciencieusement les planètes qu’elle a contribué à coloniser. Car l’activité est peu rentable, faire passer des hommes et du matos par les trous de ver est très cher et vient vite le temps de récupérer quelques pépètes (la production desdites planètes). L’âge d’or de la colonisation passé, Hamilton dresse le portrait de multinationales toutes puissantes plus préoccupées par leur santé financière qu’à l’entrepreneuriat spatial. Glaçant.

Le paradoxe du voyage dans le temps. [Attention SPOIL] Ou comment boucler la boucle. Lorsque Lawrence prend la poudre d’escampette, un de ses amis lui donne un logiciel surpuissant. Quant au prince de la prof, on sent qu’il n’est pas bien loin. En effet, le Dragon déchu n’est rien d’autre qu’un E.T. (sous la forme d’un bloc de pierre qui se balade dans l’espace) que notre héros va tirer d’un mauvais pas. En cadeau (ou remerciement), il recevra une partie dudit dragon, rendant possible le retour 20 ans dans le passé. Lawrence prend l’apparence du mystérieux ami, doté du programme Apogée qui aidera dans toutes l’aventure. Le vieux laisse le jeune Lawrence partir (comme au début de Dragon déchu), et finira ses jours avec la femme de sa vie. Cute, isn’t it ? [Fin SPOIL].

…à rapprocher de :

– Le réalisme dans la colonisation, Le Tigre pense notamment à A Second Chance at Eden du même auteur.

– Hamilton, c’est surtout sa saga L’Aube de la nuit, La Saga du Commowealth (qui commence par L’étoile de Pandore ou La Trilogie du Vide. Voire La Grande Route du Nord (tome 1 et tome 2 sur le blog), un poil décevante dans l’ensemble.

Enfin, si votre librairie est fermée, vous pouvez trouver ce roman en ligne ici.

12 réflexions au sujet de « Peter F. Hamilton – Dragon déchu »

  1. Ping : Peter F. Hamilton – La Grande Route du Nord, tome 2 | Quand Le Tigre Lit

  2. Ping : Peter F. Hamilton – La Grande Route du Nord, tome 1 | Quand Le Tigre Lit

  3. Ping : Richard Morgan – Anges déchus | Quand Le Tigre Lit

  4. Ping : Peter F. Hamilton – Mindstar Rising | Quand Le Tigre Lit

  5. Bonjour,

    @Julien : J’ai été confronté au même soucis hier, mon ebook acheté sur […] s’arrêtait brutalement au chapitre 18. En retournant sur […], j’ai vu que l’epub avait été mis à jour, et comprenant enfin le dernier chapitre 19.
    Un problème bien réel pour ceux qui ont acheté l’épub il y a quelques mois…

  6. Ping : Peter F. Hamilton – A Second Chance at Eden | Quand Le Tigre Lit

  7. Ping : Peter F. Hamilton – The Nano Flower | Quand Le Tigre Lit

  8. Je suis surpris de la fin décrite ici: en effet, dans la version numérique que j’ai acheté sur la F***.COM, le livre se termine sur le tir de l’oeuf de dragon dans le réacteur du vaisseau du clone agressif. Effectivement je suis resté un peu sur ma faim, avec l’absence apparente d’explication de la présence du programme Apogée sur Amethi, et j’ai d’abord cru qu’il y avait une suite.
    Je suis tout simplement *vert* de ne pas avoir eu la fin !!

    • Cher Julien,
      il y a de quoi être colère en lisant les dernières pages comme cela vous est arrivé. Encore de l’eau à mon moulin de propagande pour le format papier… Après la destruction du clone, c’est toute la cohérence du récit qui est construite au fil des pages. L’histoire y est finement bouclée, justifiant la note attribuée à ce titre. Pour votre information, la page wikipedia (en anglais) du roman spoile également la fin.
      Feulement votre

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  10. Ping : Alastair Reynolds – L’espace de la révélation | Quand le tigre lit

  11. Ping : Isaac Asimov – La fin de l’éternité | Quand le tigre lit

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