VO : idem. [contient trop de chapitres pour que je les indique ici]. Premier opus d’un arc de grande ampleur mettant en scène une ville de Gotham dévastée, il y a de quoi passablement repenser tous les protagonistes gravitant autour du Chevalier noir. Le Chapelier, Pingouin, Oracle, Huntress, que du beau linge en perspective. Scénario et illustrations inégaux, le début fut hélas loin d’être satisfaisant.
Il était une fois…
Gotham est au plus bas. La ville a été presque entièrement détruite par un tremblement de terre, et le bordel est tellement immense que les États-Unis ont tout simplement décidé de la laisser livrée à elle-même. En considérant que Batman, écœuré, a préférer se retirer, je vous laisse imaginer ce qu’il bien pu advenir. Une vraie chiennerie moyenâgeuse d’une rare violence. Et lorsque notre héros se décide à revenir, il a du pain sur la planche. Non : une industrie boulangère entière.
Critique du premier tome de Batman : No Man’s Land
Un gros pavé avec les aventures de Batounet, ça ne se refuse pas. Surtout lorsque la configuration de l’univers des protagonistes est changée à jamais : Gotham a beau avoir été défendue devant le Congrès par le héros, celui-ci a pris la décision de laisser tomber la ville alors considérée comme irrattrapable – catastrophe naturelle, maladie, criminalité, etc. La criminalité, en particulier, a fait son lot de chemin puisque personne (même pas les flics) n’a été en mesure d’assurer un semblant d’ordre.
Cet album propose une demie-douzaine histoires plus ou moins indépendantes (différents scénaristes), et illustrées par autant de dessinateurs. La première tend à planter un sombre décor, à savoir la ville sous l’emprise de groupes criminels – rien à dire, c’est l’excitation du début. Ensuite, il est question de l’Épouvantail, qui prend progressivement possession d’une paisible communauté chrétienne, que seule Huntress semble pouvoir arrêter. S’ensuit Du pain et des jeux, qui signe le réel retour de Batman au sein de la populace gothamite en perdition : celui-ci se prépare à foutre une retentissante branlée au pingouin.
Puis le très Mosaïque, très sombre puisqu’une sorte de secte terroriste la ville, et leur allure générale n’est point engageante – sans compter quelques révélations sur le nouvel ordre mis en place par le chevalier noir. Enfin, une brève saynète avec l’agent Montoya, qui n’arrive pas, en ces temps troubles, à parfaitement se reposer. J’ai dû oublier un ou deux chapitres, mais en zapper un ne vous fera point perdre le fil : en effet, bien que certaines idées sont bien trouvées, j’ai trouvé ces péripéties trop foutoir dans l’ensemble, en tant que touriste fini j’ai cherché à lier tout ça – alors que c’est sans doute peine perdue.
Quant aux illustrations, à part la troisième histoire, c’est trop sombre (pourtant Buddha sait si j’aime ça) et brouillon, le manque d’espace dans les cases ne m’a pas aidé à apprécier ni les personnages, encore moins les textes – souvent imparfaits. Et oui, Le Tigre s’est presque emmerdé (à quelques exceptions près) à finir ce tome. Gageons que les suites se passeront mieux.
Thèmes abordés (du moins selon Le Tigre)
La première chose qui surprend dans la cité américaine est ce que Barbara Gordon nomme le « low-tech ». Plus d’électricité, les grands bâtiments détruits, la topologie de la cité est complètement modifiée, obligeant nos protagonistes à agir différemment. Celle qui en chie le plus est la petite Gordon (vexée en plus qu’une nouvelle Batgirl fasse son apparition), qui a terriblement besoin de ses artefacts technologiques. Quant à Batman, celui-ci est presque cloué au sol car comment voler de toits en toits si ceux-ci sont branlants ? Bref, la situation contraint à mettre les mains dans le cambouis. Pas étonnant que le Pingouin, méchant plutôt souterrain, s’en tire particulièrement bien.
Ainsi, et presque naturellement, le lecteur assiste à la déchéance d’une « civilisation » à l’échelle d’une ville. Le système clanique reprend ses droits, et c’est pire qu’au Moyen-Âge – croyez-moi, j’ai lu du Umberto Eco. Les différentes factions se déploient dans les blocs de rues, et dès le début du comics est dessinée une carte de Gotham avec, en couleurs, les possessions de chacun. C’est comme voir la répartition des cartels à la frontière américano-mexicaine. Le plus inquiétant est que la perte de repères touche les flics. Plus tard, même le Batman tague les bâtiments pour asseoir sa puissance – et il aime ça le salaud.
Les individus ne sont pas en reste, l’homme primitif ressort parmi chaque habitant. Se rendre compte que trois litres d’eau (ou une pomme) valent plus que trois kilos d’or, ou que vous pouvez échanger vos quatre piles contre une montre de luxe, ça donne une idée de la pertinence de la pyramide des besoins chère à Maslow. Le retour aux sources, c’est aussi la peur : peur primaire de la nuit (sans lampes torches, imaginez), puis la peur en général, sur laquelle certains s’appuient. Le Chapelier, en particulier, jongle avec les craintes d’une petite communauté (normalement paisible) qui tragiquement s’engage vers le chemin de la violence la plus pure.
Bref Gotham traverse une crise : car, comme le disait je ne sais plus qui, une crise est un état entre la disparition d’un ordre ancien, et l’ordre nouveau qui n’est pas encore apparu. Mais ça ne saurait tarder.
…à rapprocher de :
– Le deuxième tome est bien meilleur (en lien).
– Au lieu de foutre des liens un peu partout vers d’autres Batman (déjà bien présents sur le présent blog), je préfère vous rediriger vers Gotham Central (premier tome ici, second tome par là et troisième tome là) qui se situe après la présente saga.
– Il faut juste savoir que le tremblement de terre et le joli charivari qui a suivi sont contés dans Batman : Cataclysme.
Enfin, si votre librairie à comics est fermée, vous pouvez trouver ce comics en ligne ici.
Sur-titre : une aventure des Petits Hommes. Je n’y connais que goutte aux p’tits hommes, et pourtant cet album fut une délicieuse lecture. Plus haut, plus loin, plus fort, Pierre Seron sort des sentiers de la BD strictement franco-belge pour nous livrer une délicieuse dystopie mâtinée de science-fiction apocalyptique. Bienvenue dans un monde en noir et blanc.
Sous-titre : un militant de la liberté. VO : Jefferson : A Great American’s Life and Ideas. Cet essai sur la vie et l’œuvre de Thomas Jefferson, troisième Président des Etats-Unis, ne manque pas d’attrait, et le lecteur en sortira grandi. Malgré un début poussif et un parti pris manifeste de la part de l’essayiste (qui le blâmerait ?), la lecture reste globalement agréable.
VO : L’Ultima Legione. Encore un roman entraînant et ambitieux, où distinguer la fiction des faits historiques est plus que difficile. Entre la chute de Rome et l’essor de la culture britannique, qu’a-t-il bien pu arriver ? Aventure, combat, road-trip antique, un peu de bons sentiments tout y est – malgré quelques longueurs que le lecteur aguerri parviendra à rapidement passer.
VO : idem. Deux histoires qui se passent sur une planète indéfinissable, deux scénarios prenant qui prennent la couleur d’une fable politique sur l’autoritarisme et la folie des hommes – plus généralement, la bêtise induite par l’excès de pouvoir. La Culture n’a jamais été aussi loin de ce monde qu’on pourrait trop vite qualifier d’arriéré, et pourtant son influence est prégnante.
Parfois l’envie d’écrire une petite fable politique me prend. Tigre va tenter de faire court, et Vishnou en personne sait si cela n’est pas aisé. Enfin, pour faire dans la dentelle, la présente nouvelle est couplée à une autre, que j’ai tout simplement nommé
Marc Dugain s’attaque à un monument américain de la vie politique et policière du 20ème siècle, et tel un bon élève nous rappelle les grandes lignes de celui qui a gouverné le FBI pendant une cinquantaine d’années. Intéressant pour qui ne connaît guère Hoover, décevant pour le lecteur averti qui aurait voulu avoir une biographie romancée.
Sur-titre : Lucky Luke. Remake dessiné d’un célèbre film, le rôle du cow-boy solitaire serait presque secondaire malgré la couverture qui tend à montrer le contraire. Les Dalton, qui s’évadent (oui, encore) de leur pénitencier, ont une affaire à régler avec le dernier shérif qui les a capturés. Si, au passage, ils peuvent descendre Luke, pourquoi alors se priver ?
VO : Marked Man. On prend les mêmes et on recommence ! Après un léger passage à vide, William Lashner nous régale à nouveau avec un héros avocat encore plus mal que jamais. Lorsque plusieurs intrigues se mêlent et que le lecteur pressent, à juste titre, que le final enverra du lourd, ce serait dommage de s’arrêter en si bon chemin.
VO : Sid Vicious, Rock’n’roll Star. Sous-titre : chronique d’une rock star suicidée. Court essai sur une carrière aussi fulgurante que bruyante de l’Anglais qui a incarné un certain esprit du punk, c’est fort instructif. On rit au début, puis l’effroi nous saisit face à un tel gâchis – voire par rapport à l’importance exagérée attribuée à un chieur fini incapable d’atteindre le légendaire cap des 27 ans.
VO : The Cleaner. Dans une communauté en Nouvelle-Zélande, un homme bossant au commissariat commet tranquillement ses meurtres, sans être inquiété. Si l’idée est, au premier abord, originale, l’auteur s’enfonce vite dans un n’importe quoi certes réjouissant – mais dont la crédibilité est mise à rude épreuve. Il y a mieux dans ce genre de thriller.