VO : Breath. Claque littéraire et visuelle pour le lecteur qui veut bien faire travailler son imagination, voici l’histoire d’un jeune homme avec des évènements qui ont forgé son identité. L’Australie est une terre riche et généreuse pour les surfeurs, et ces derniers constituent une race définitivement à part. Un pur plaisir de littérature.
Il était une fois…
Bruce Pike, qui sera très rapidement surnommé « Pikelet », habite une petite bourgade sur la côté australienne. Tout à côté de chez lui, des vagues qui peuvent atteindre six mètres font trembler le littoral. Il fuit rapidement la compagnie de ses parents (qu’il juge ternes) en traînant avec Loonie, le bad boy dont le père tient le rade du coin. Les deux amis, qui repoussent chaque jour les limites de leurs corps, se lient rapidement avec Sando, surfeur émérite qui les emmène dans des spots qui n’ont rien à envier à l’enfer.
Critique de Respire
Même si j’ai l’impression de l’écrire trop souvent, ce roman est une petite tuerie. Pourtant, c’était mal parti : le premier chapitre est plus que déroutant puisque le héros, vieux, est témoin (en tant qu’urgentiste) d’un décès particulier. C’est l’occasion, pour lui, de revenir sur sa jeunesse. Jusqu’aux dernières pages qui font le point sur ce qu’il est devenu, de son divorce aux rapports avec ses filles.
Le scénario, en effet, se concentre sur la vie de Pikelet pendant une demie douzaine d’années de son adolescence. Si les débuts ne m’ont pas transporté, à part lorsque le protagoniste décrit la médiocrité ambiante de ses proches (ses parents en prennent pour leurs grades), l’histoire s’intensifie dès que le fameux « Sando » Sanderson débarque et les prend sous son aile. Ce personnage, mystérieux, est flanqué d’une certaine Eva dont le rôle sera grandissant au fil du roman.
Le style est sec, nerveux, si l’écrivain australien va droit au but et ne s’embarrasse pas de descriptions inutiles, il prend quand même le temps de dresser de magnifiques tableaux dans lesquels on hésiterait à faire trempette (requins, mer déchaînée, etc.). Le Tigre signale les dialogues qui ne sont pas annoncés par les traditionnels tirets. Saut de ligne, tabulation simple, voilà comment commence une discussion. C’est assez délicat à suivre au début, et au fil de la lecture ça colle bien avec le style « ramassé », voire halluciné.
Au final, un titre immersif qui fait honneur au surf et à l’état d’esprit de certains individus doux-rêveurs qui ne vivent qu’au rythme de la météo et des bons plans à surfer. J’ai cru sentir la wax en reniflant le livre, faut dire que le vocabulaire de la glisse (les points, le nom des vagues comme la Nautilus, et autres « Swell ») est omniprésent. Ca ne serait pas autobiographique sur les bords ?
Thèmes abordés (du moins selon Le Tigre)
Liberté chérie, je t’aime – moi non plus. « Respire ». Un ordre, un impératif qui prend, au fil des pages, de nombreuses significations. S’il est question du second souffle à prendre après une apnée, voire hyperventiler avant de se prendre une vague dans la gueule, ça bascule assez rapidement dans le glauque. Notamment à cause de certaines pratiques sexuelles qui veulent qu’on s’étouffe en vue d’avoir un orgasme monumental.
Respirer, c’est aussi s’affranchir du carcan de ses contemporains, même si pour cela Pikelet et Loonie s’attacheront à un mentor. Le paradoxe total, ainsi, veut que nos amis idolâtrent Sando et tentent chacun d’attirer ses bonnes grâces. Bruce Pike saura s’arrêter lorsqu’on lui demande de franchir des limites passablement dangereuses, quitte à être une sorte de paria. Quant à Loonie, c’est la tête brûlée par excellence, le mec qui finira forcément mal.
Le dernier thème est plus « médical », puisqu’il s’agit de la recherche des sensations fortes en tant que maladie. La recherche de la peur apparaît comme un besoin pour se sentir vivant, peu importe si la mort se tient, comme une vraie salope, en embuscade. Je pense notamment à Eva, personnage au destin d’une infinie tristesse, loin de son élément qui est la neige. Quant au héros, finir urgentiste est le moyen le plus sûr d’être dans l’œil du cyclone.
…à rapprocher de :
Pour Le Tigre, la référence en matière de surf reste (pour l’instant) Kem Nunn et ses différents romans :
– Surf City, qui a un aspect initiatique aussi prononcé que Respire.
– Le sabot du diable, plus « sociétal » avec une incursion dans le monde amérindien.
– Tijuana Straits, même si le surf y est moins prégnant.
Je suis sincèrement désolé, mais j’ai écouté Respire de Mickey 3D en écrivant cet article. Sinon, en matière de films, Break Point reprend assez fidèlement l’image du casse-cou contraint à voler (ou dealer) pour maintenir son train de vie (c’est le cas de Loonie).
Enfin, si votre librairie est fermée, vous pouvez trouver ce roman d’exception via Amazon ici.
Sous-titre : petit traité de dégustation. Le vin serait une affaire de pros, et les dégustations l’équivalent d’un jury avant de décerner un Nobel de littérature. Sous l’angle de l’humour, Michel Tomer a tenté de gentiment se moquer de cet univers (qu’il connaît bien) en mettant en scène trois inséparables amis. L’exercice, difficile, me paraît bien réussi, notamment grâce à la qualité du trait.
Répondant à un sujet plus qu’épineux, ce billet ne s’adresse qu’aux vrais amoureux des félins. Etre capable de faire fi des conventions et donner de sa personne pour satisfaire certains besoins primaires de son animal préféré n’est pas donné à tout le monde. Votre chatte, chaude comme une échoppe à kébabs, vous mène la vie dure ? Lui retirer ses attributs féminins n’est pas votre genre ? Le Tigre est là pour vous.
VO : Don’t close your eyes (enfin un éditeur qui traduit mot à mot). Le Tigre ne recule devant rien, ni même les « écrivaines à môman ». Ambiance oppressante, tueur mystérieux qui peut être n’importe qui, bah figurez-vous que ça passe ! Personnages certes creux et roman un peu long, mais à ma décharge je n’ai pas vu le temps passer. J’ai même été surpris par le dénouement.
VO : Wild Ride. Catwoman Secret Files #1 et Catwoman #20-24. Comics un peu plus « classique » et revenant à des basiques du monde fantastique de DC Comics (notamment quelques héros en guest stars), voilà Catwoman et sa pote sur la route pour de nouvelles aventures. Passable. Juste à l’attention de ceux (dont moi) qui ont tous les précédents tomes.
J’ai un excellent a priori de Jean-Mi’, celui-ci me l’a très bien rendu ici. Un parcours presque épique d’un homme, souvent seul, contre les tempêtes de grands évènements du monde. Des années 30 aux années 80, suivre un citoyen européen qui n’a pas froid aux yeux est sans doute la meilleure manière de faire aimer l’Histoire.
Zep n’est pas que l’auteur très connu du quotidien d’un pré-ado doté d’une houppette exagérée, Le Tigre aurait presque voulu en rester à ce niveau de connaissance. Car les réminiscences (et conséquences sur le présent) de quelques quarantenaires qui auraient pu former un grand groupe ne m’ont pas emballé du tout.
« Bonjour, noble félin. Beaucoup estiment que j’ai grandement pourri le souvenir que je suis censée laisser sur Terre à cause d’une fin un peu hasardeuse. Mais je ne suis pas la seule merde ! Tu n’as quelques exemples littéraires ? Brigitte B. PS : ça te dirait de jouir dans mon éprouvette ? C’est pour sauvegarder ta race bien sûr. »
Acheté au pifomètre le plus complet, cela aurait pu être bien pire (sachant que ce n’est pas vraiment mon type de bouquins). A mi-chemin entre autobiographie totale et délires de deux tourtereaux, c’est frais, coquin, simple, touchant, bref mignon tout plein. Le dessin ne gâche rien, presque un sans faute sur toute la ligne.