EncycatpediaMa femme me reproche d’être trop pipi-caca sur ce blog. Hé hé, rien n’a été dit au sujet du vomi de mon chat. Dans ce volume, vous apprendrez deux choses fondamentales sur votre animal de compagnie : comment le faire dégobiller, et surtout quoi faire une fois que cela arrive. Un travail d’artiste, une abnégation digne des plus grands félinophiles, vous n’imaginez pas ce que ce billet m’a coûté (un tapis persan, entre autre).

Pourquoi gros Jeff va démanger ?

Jeff, c’est le nom de mon chat dans ce billet, en rapport avec l’insupportable glouton criard du film Les Goonies. Il m’est arrivé, dernièrement, quelque chose que je qualifierais de merveilleux : Jeff’ a, devant moi et en prenant son temps, copieusement vomi une partie de son dîner. Ce fut l’occasion pour Le Tigre, grand curieux des choses du corps devant l’éternel, de se pencher sur ce sujet.

Franchement, un chat ne vomit que trop rarement. Cela arrive, naturellement, qu’en cas de nettoyage. Soit le minet se prend pour un clébard et avale comme un morfalou un maximum d’herbe pour se purger l’estomac, et il fait cela en cachette au fond du jardin. Soit l’animal, à force de se lécher le corps, a trop de poils dans l’estomac et recrache quelques boules (et d’autres choses avec). J’avoue donc avoir légèrement poussé le hasard pour le présent billet. Ne m’en voulez pas, c’est partiellement de votre faute (je ferais tout pour mes lecteurs).

Comment lui faire rendre son petit quatre heures alors ? Le Tigre ne voit, pour l’instant, que deux options. Car faire boire votre chat ne fonctionnera jamais, ces bêtes là n’aimant pas l’alcool. Ce point très précis fait l’objet d’un autre volume, ne vous inquiétez pas.

La première façon veut que vous lui retourniez l’estomac. C’est assez simple, perso je mets un Jerry Lee Lewis en boucle et l’invite à danser. Il a été prouvé qu’un chat sait tenir sur deux pattes, pour peu que vous le teniez et le faites tourner suffisamment vite pour faire agir la force centripète (ou centrifuge, je ne sais jamais). Le problème est que Jeff, pas si con que ça au final, déguerpit dès qu’un rock se fait entendre. Aussi j’utilise en ce moment de la makina ou de la happy hardcore, ce qui fait gueuler mes voisins.

La seconde, plus élégante (et certes chère), est de le laisser bouffer des aliments indigestes. Je parle, dans un autre billet, de ce qu’aiment les chats en particulier, toutefois pour le présent article du fromage blanc (sans sucre) fait largement l’affaire. Mélangé à quelques têtes de crevettes de préférence. A l’instar de tout animal (l’homme, particulièrement), se rendre compte que son ventre ne peut plus accueillir aucune nourriture supplémentaire arrive tardivement. Cela marche d’autant mieux si vous avez préalablement affamé votre Jeff pendant une ou deux journées.

Dans la partie suivante est publiée une des photos prises lors de cette dégueulante occasion. Le Tigre vous prévient, ce n’est pas joli joli à voir, aussi ne venez pas me dire des choses du genre « ah mais c’est ignoble » ou « comment un chat peu vomir autant de bouffe ? C’est de la maltraitance !« . Et oui, c’est bien mon chat sur la photo. Estimez-vous d’ailleurs heureux que je n’ai pas choisi l’image où on le voit rendre une souris à demi digérée (je la garde pour plus tard).

En outre, il se porte à merveille et ne voudrait en aucune cas être avec quelqu’un d’autre que Le Tigre. Le syndrome de Stockholm dans toute sa splendeur.

Que faire quand votre chat dégueule ?

Le voilà le problème : dès que votre minou a des convulsions, c’est définitivement trop tard. A peine vous aurez le temps de le prendre dans vos bras et le déplacer sur plus de deux mètres dans un endroit sans risque. Autant déambuler dans une pièce une grenade dégoupillée à la main. Le mieux, à mon humble avis, est de préparer les flashs, la caméra et vos comptes twitter/FB pour faire marrer vos potes.

Aussi la première réaction salutaire et d’urgence est de prendre son appareil photo en vue d’immortaliser ce trop rare instant. Me concernant, je touche presque à la sainte notion de service public, car c’est autant pour vous distraire que vous instruire (étudier le vomi félin) que j’ai activé la fonction « photo » de mon smartphone. C’est donc parti pour l’analyse scientifique :

Le vomi d'un chatComme vous pouvez le remarquer; on est ici en présence de ce que nomme un fort correct « fox ». Grâce à ces couleurs chatoyantes, vous saisirez aisément l’expression « faire une queue de renard » qu’on utilise de temps à autre. En effet, pour les besoins de l’expérience, j’ai mélangé le fromage blanc avec un peu de moutarde : ça entraîne un mal de bide insupportable pour Jeff’ (démanger n’est plus une option) et la coloration rend mieux sur pellicule.

De surcroît, il est intéressant de remarquer que le chat a pour habitude de vomir de haut en bas, c’est-à-dire qu’il reculera à mesure qu’il délivrera son odorant colis. Dans mon cas, j’ai été extrêmement déçu de découvrir une teinte carrément blanchâtre en fin de parcours : après avoir rapidement gouté cette chose, il est apparu que ce cachotier de Jeff a, en loucedé, bouffé une partie du houmous que je gardais pour l’entrée. Sans même me demander mon avis. Bien fait pour lui. Ceci dit, le houmous dégurgité par un félin n’est pas si mauvais. Je devrais déposer l’idée de la recette, on ne sait jamais.

Le meilleur, dans cette histoire, est le savoureux double effet kiss cool : on me bassinait depuis si longtemps dessus que je pensais que cela ne survenait qu’aux autres. Or cela m’est bien arrivé. Mon dégobilleur sur pattes m’a régalé, je le remercie encore.

Premièrement, ce gros porc de Jeff, une fois finie sa petite affaire, a reluqué son travail pendant un temps plus que suspect. J’avais une petite idée de sa réaction mais c’est toujours surprenant quand son chaton commet ce qu’on craint : Jeffie a mangé une partie de son vomi. Sur la photo, on le voit clairement lécher quelques morceaux, cependant il est allé bien plus loin. Sérieusement, je ne vois que deux explications : les chats n’ont aucune pudeur, ou alors nous ne pouvons comprendre leur notion de la dignité.

Deuxièmement, une fois la barre de rire passée et mes esprits revenus, je me suis aperçu que Jeffie avait commis ce que je n’osais faire depuis des mois. Un vomi d’ange tombé du ciel. En effet, il y a déjà trop longtemps que ma belle-mère (que j’adore au passage, oui oui) nous avait offert un petit cadeau, en l’espèce un tapis qui est au bon goût ce que Muriel Robin est à l’humour (jugez la photo, pas celle de Muriel hein, même si les différences sont tenues). Avec ma tigresse, on était d’accord pour sortir cette horreur que lorsque sa famille venait. Sauf que belle-maman jolie irruptionne dans notre appart’ sans trop prévenir, aussi on a décidé de laisser la carpette toujours en évidence.

Jeff a du sentir la détestation que je portais à ce truc qui cache mon sol en noble granit, aussi je sais pertinemment qu’il a attendu de dégueuler un truc particulièrement acide pour saloper l’immonde cadeau. C’est également pourquoi je ne me suis pas empressé de nettoyer, préférant admirer les qualités de papier buvard de ce tapis. Inutile de vous dire qu’on a dû jeter cette chose. Seulement on avait une excuse plus qu’acceptable.

Conclu…raaaooooouuuult

Le Tigre vous a montré, une fois de plus, comment faire de votre mini fauve votre plus illustre partenaire dans vos petits soucis quotidiens. Mais ne le faites pas à ses dépens, il ne faudrait pas tomber dans la maltraitance la plus gratuite hein ?

Votre chat qui démange, ce sont en effet de nombreuses occasions de faire quelque chose d’utile :
L’aider à mincir
Nettoyer son bide
Savoir ce qu’il a mangé
Diminuer ses crottes
Amuser vos proches
Vous débarrasser d’une déco gênante
Garder la photo en stock pour justifier, un jour, d’un retard à une soirée
Découvrir de nouvelles recettes

[réalisé sans trucage ni photoshopage. l’animal utilisé pour l’expérience a touché des royalties : quatre langoustines et un yaourt au citron]

Morrison & Robertson - Happy !VO : idem. Un ex flic reconverti en tueur à gages, des disparitions de jeunes marmots, un noël qui s’annonce pourri pour tout le monde, ce n’est pas le genre de BD à lire entre deux prozacs. Scénar’ qui tient presque la route (connaissant Morrison, c’est un exploit), pas mal certes, mais sans la petite étincelle que deux auteurs d’exception auraient légitimement dû apporter.

Il était une fois…

Nick Sax n’est pas à la fête. Mais pas du tout : ancien flic ripou reconverti dans les exécutions sommaires, alcoolo de première, solitaire comme pas permis, il est presque normal qu’un de ses contrats parte en sucette. Sauf qu’il serait en possession d’informations sensibles, et en se réveillant à l’hosto avec une balle dans le bras on sent que rien ne sera plus comme avant. Tous le recherchent, et il ne se découvre que comme unique compagnon…un mignon dragon à la couleur bleue.

Critique de Happy !

Comme je l’ai dit, c’est correct. Néanmoins pas une claque, et corollairement j’ai immensément hésité entre qualifier cette chose de comics (c’est court et ça fait la part belle au n’importe quoi) ou roman graphique (car intimiste comme sait le faire Grant Morrison).

Rien que le début, waow c’était relativement bizarre, voire dérangeant : un mec dont on sait qu’il manque une case est en train de se faire pomper par une pute, le tout déguisé en blatte (sauf que je ne savais pas que c’était un déguisement en premier lieu). Ensuite, une putain de licorne (ou un dragon, Le Tigre n’est plus à un animal fantaisiste près), fait son apparition et aide notre héros à se tirer, sans heurts (ou presque), de l’hôpital après une mission qui a correctement dérapé.

Plus ou moins aidé d’une flic (McCarthy si j’ai bonne mémoire), Nick va devoir se pencher sur une très glauque affaire et notamment retrouver la petite Hailey (avec qui il a un lien assez fort). L’ambiance est sombre, les protagonistes donnent envie de se tirer une balle (avant que certains ne s’en chargent pour vous) et le fin mot de l’histoire à la fois classique et infiniment triste.

Le dessin, paradoxalement, n’est pas ce que j’ai préféré alors que la patte de Robertson sied parfaitement à cette BD : teintes de gris, aspect un peu brouillon, le tout serait déprimant dans l’ensemble s’il n’y avait pas un saisissant décalage entre cette morne réalité et le petit dragon bleu aux dents de lapin qui pétille par sa présence. Au final, intéressant à lire, toutefois nullement indispensable.

Thèmes abordés (du moins selon Le Tigre)

La mince frontière entre réalité et le fantastique est quasiment une constante de l’auteur, et c’est plutôt déroutant d’un certain point de vue. D’une part, ce foutu canasson bleu qui lui fait la morale et n’est visible que de lui, Nick se dit immédiatement que la perf’ de morphine et les autres médicaments le font planer sévère. Mais alors, comment cette chose peut être si omnisciente (jusqu’à l’aider à gagner au poker) ? Autre trait d’importance chez Grant M., le pouvoir insoupçonné de l’esprit humain.

La pureté, souillée dans tous ses recoins. Sans spoiler, il est question, au fil des pages de ce roman graphique, d’atteinte à l’innocence même pour contenter quelques pervers au pedigree plutôt flippant. De surcroît, il y a aussi le héros, flic qui a progressivement déchu à cause de son métier (alcool, cynisme, femme délaissée, infidélités,…) pour passer du côté sombre. Les auteurs vont même jusqu’à montrer le passé d’un homme autrefois charmant qui jouissait d’une belle gueule, en présentant sa lente glissade vers ce pitoyable résultat. A croire que seule la peluche a l’air d’être dans les clous de la moralité.

En guise de conclusion, tous ces thèmes pourraient faire dire à plus d’un lecteur : « la vie est une belle salope, heureusement qu’on peut rêver de temps à autre ».

…à rapprocher de :

– En fait, si j’ai acheté ce truc les yeux fermés, c’est bien à cause de Darick Robertson qui avait magnifiquement illustré la série Transmetropolitan. Une tuerie, cette saga.

– Robertson semble être dans tous les bons coups, s’étant occupé des illustrations de The Punisher : Au Commencement, juste parfait.

– De Morrison, Le Tigre a pas mal de titres en réserve. Je ne parlerai pas de ses interprétations du Batman (toutes sur QLTL), mais plutôt de Joe, l’aventure intérieure, où la frontière est rapidement violée. Dommage que je n’ai nullement accroché.

Enfin, si votre librairie est fermée, vous pouvez trouver ce comics en ligne ici.

Preston & Child - La chambre des curiositésVO : The Cabinet of Curiosities. Cela a dû être le premier contact avec Douglas Preston et Lincoln Child que j’ai eu, et faut dire que ces deux zigotos m’ont envoyé du lourd. Un personnage principal de qualité, une intrigue à la fois désuète mais terrifiante, on sent les auteurs rompus à ce genre d’exercice. Et on en redemande, malgré le tempo parfois longuet.

Il était une fois…

Depuis le temps que j’ai lu ce roman, je m’autorise un très consciencieux copier-coller du quatrième de couv’ :

« Manhattan. Les ouvriers d’un chantier de démolition s’affairent parmi les gravats, lorsque le bulldozer se fige soudainement devant l’horreur du spectacle qui apparaît ; des ossements humains. L’enquête menée par Pendergast, du FBI, l’archéologue Nora Kelly et le journaliste William Smithback établit qu’il s’agit des restes de trente-six adolescents, victimes d’un tueur en série, le Dr. Leng, ayant sévi à New York vers 1880. Les jours suivants, plusieurs meurtres sont commis selon le mode opératoire de Leng. Se peut-il que ce dingue soit toujours vivant ? Ou aurait-il fait des émules ? »

Critique de La chambre des curiosités

Comment ? Vous n’avez pas lu un seul Preston & Child ? Pas bien ça… Prenez en un au pif certes, mais commencer par le début peut être utile, même si nos auteurs font tout pour qu’on soit vite dans le bain, sans prérequis nécessaire.

Tout commence par quelques découvertes bien sordides, savoir de jeunes victimes fort bien mutilées (assez crades ces passages, Le Tigre a adoré). Très classiquement, les flics « normaux » sont dans le brouillard le plus complet, aussi nos gentils protagonistes débarquent avec leurs gros sabots, que dans ce titre on peut appeler « intuition » et « culture ». L’intuitif, c’est cet agent du FBI, Aloysius (prénom de merde ? vous ne connaissez pas ses middle name…) Pendergast, au flair et à la méticulosité qui font froid dans le dos (et un autre flic un poil indépendant). La culture, c’est Dora, archéologue au musée et rebelle sur les bords.

Tout ce petit monde est à la recherche d’un mystérieux personnage déterminé à se confectionner un élixir de jouvence. Si les retournements et fausses pistes sont nombreux, la question essentielle demeure : ce gros vilain (le Chirurgien), est-ce bien ce tueur en série qui a fait de la merde pendant le 19ème siècle ou juste un gus qui fait mumuse à le singer ?

Rien à dire sur le style sec et efficace. L’alternance entre les dialogues à bâtons rompus et descriptions est bien gérée, même si sur 700 pages il y a quelques longueurs. En particulier au début, c’est presque un diesel littéraire. Au final, ne soyez pas surpris par la note négative : de la part de cette paire d’écrivains, Tigre fait le délicat. Et quelques titres qui suivent m’ont paru bien plus prenants.

Thèmes abordés (du moins selon Le Tigre)

Ce qui m’a fasciné dans ce roman est la réussite totale dans le mélange entre le fantastique un peu oldschool (la vie éternelle, les potions de charlatan, les vieux artéfacts qui fleurent bon la poussière et la jupe de mémé) et le thriller contemporain à la violence inouïe. Pendergast, à ce titre, est le protagoniste parfait pour joindre les deux mondes : le mec est parfaitement manucuré, polyglotte, suave, intello, riche on ne sait comment, un dandy de première. Parallèlement, il est du FBI, sait se bastonner et semble être à la pointe de la technologie, sinon des méthodes de police scientifique. Un être unique, en fait.

Tigre va faire le prof et vous raconter rapidement ce que fout une « chambre des curiosités » dans cette intrigue. En vérité, Enoch (ancêtre de Pendergast, mais chuuuttt, je n’en dirai pas plus) était un collectionneur d’exception. Et son cabinet de curiosité, en principe une collection d’objets tournant autour d’un même thème, avait un sujet particulier [Mini SPOIL] Le gars amassait tranquillement tous les engins destinés à tuer. Les armes de toutes les époques, les poisons les plus délirants, hop ! Dans l’étagère du sous-sol ! On le pressentait, mais du côté de la famille de Pendergast, y’en a quelques uns dingues à bouffer l’herbe de leur jardin [Fin du Mini SPOIL].

…à rapprocher de :

– De Preston & Child, je crois avoir lu beaucoup de choses, notamment la fameuse « trilogie Diogène », savoir Le violon du diable, Danse de mort et Le Livre des trépassés. Faut que je fasse le tri de ce que j’ai lu pour le résumer au plus vite sur QLTL.

– A part, il faut signalier Ice Limit, qui est plus que correct. Rien à voir avec Cauchemar génétique, qui a très mal vieilli.

– Des bons psychopathes assez stylés qui savent vivre, c’est aussi quelques romans de Keith Ablow (plus porté sur l’aspect purement médical), notamment L’architecte ou Psychopathe (s’est pas cassé le derrière pour ce titre).

Enfin, si votre librairie est fermée, vous pouvez trouver ce roman en ligne ici.

Grant Morrison - Batman T6 : Batman contre RobinPublié sous Batman and Robin #10-16 et Batman: The Return #1. Si l’image de couverture peut interpeller et séduire, c’est néanmoins qu’une infime intrigue de ce qu’offre le sixième tome des aventures de Batou imaginées par l’esprit fécond de Morrison. Dessins réjouissants, intrigues bien foutues, voilà un ouvrage qui m’a réconcilié avec le travail de cet auteur.

Il était une fois…

Bon, le dernier tome nous avait laissé avec un Bruce Wayne traînant ses guêtres dans différentes époques. Mais aujourd’hui, c’est Thomas Wayne (son père) qui réapparaît dans un incommensurable maelstrom où se mêlent Mister Pyg, le docteur Hurt, 99 démons et même le Joker. Batman (qui n’est pas Bruce Wayne) recherche en parallèle, dans les sous-sols du manoir, des indices sur la disparition de Brucie. Quant à Robin (Damian Wayne), sa méchante môman lui a concocté une petite surprise, savoir prendre son contrôle quand elle le souhaite afin d’occire notre Batounet (qui n’est pas encore Bruce W., je le rappelle).

Critique de Batman T6 : Batman contre Robin

Premier tome de Morrison décevant, deuxième superbe, troisième presque catastrophique, quatrième tome passable, cinquième plus que mitigé, et sixième superbe ! La loi des séries, je vous dit. J’ai lu cet opus comme on boit du petit lait, avec le sourire aux lèvres. Cependant, c’était fort mal parti : Le Tigre s’enorgueillit d’être connoisseur du monde de Gotham, néanmoins le précédent titre de Morrison, Le retour de Bruce Wayne, a été inaccessible, je n’avais presque rien bité.

Or, dans cet opus, j’ai cru trouver un sain retour aux basiques, avec des super-vilains familiers et des intrigues « classiques », même si l’arrivée de Bruce Wayne (on ne sait comment) m’a semblé bizarre. Ce qu’il faut ici saluer sont les liens prégnants avec la mythologie du Bat. Par exemple, Damian Wayne prêt à tabasser le Joker avec un barre à mine, comme ce dernier avait tué le premier Robin au Moyen-Orient (Cf. Knightfall, sur ce blog aussi). Ou les quelques retournements de situation dont pour une fois j’ai pu mesurer les conséquences.

Outre le retour de l’aspect purement « détective » des héros, les illustrations m’ont enchanté : les planches sont magnifiques, et ce quelque soient les dessinateurs qui se suivent (ce sont, sauf erreur de ma part, Andy Clarke, Frazer Irving et David Finch, ce dernier étant particulièrement bon). Personnages expressifs et inquiétants, il n’est pas dur de distinguer les différents Batman, Bruce Wayne étant plus baraqué. Quant aux couleurs, c’est résolument moderne, notamment l’omniprésence d’un bleu nuit presque ésotérique.

Au final, un salutaire opus qui m’a confirmé le bien fondé de la série de l’auteur qui a su retomber sur ses pattes. Quant au dernier chapitre (Batman : le retour), il est annoncé la suite où interviendra la fameuse « Batman Incorporated », en plus de la sourde menace du Léviathan qui se précise. Ce chapitre devra être relu avant d’attaquer la suite. Je signale enfin quelques bonus finaux, avec des remarques éclairantes de Morrison et ses réflexions (étapes dessinatoires à l’appui) sur le nouveau costume du héros.

Thèmes abordés (du moins selon Le Tigre)

Les menaces bactériologiques font un retour en force, un vrai petit plaisir. Déjà, y’a le Joker qui fait le même coup que dans Sombre reflet (en lien), mais à ce pauvre Robin qui n’était pas au courant que mieux ne vaut pas toucher Jo. Sinon, les délires de Pyg ) sont finement imaginés, à savoir la conception un produit toxique provoquant chez les habitants un insupportable état de manque (les effets sur Gordon sont terrifiants). Si ce n’est pas l’apocalypse, ça y ressemble fortement.

Ce doit être une des rares fois où le petit Damian Wayne, fils du Chevalier noir et de Talya (la fille de Ras Al Ghul), émet un choix net quant à sa destinée. Entre le bien et le mal, le jeune Robin préfère rester dans la famille Wayne et envoie chier sa daronne. Cette dernière, qui avait plus ou moins prévu le coup, a eu la malsaine intelligence de placer une sorte de télécommande dans son système nerveux. Ainsi, le titre « Batman contre Robin » m’a semblé trompeur puisque le Rob’ en question n’agit pas de son propre chef.

…à rapprocher de :

– Curieusement, ce comics peut se lire indépendamment. Je vous rappelle quand même les précédents titres Batman : L’héritage maudit, ensuite Batman R.I.P., puis Batman : nouveaux masques, et Batman : le Dossier noir, suivi de Batman : Le retour de Bruce Wayne (celui-ci étant à part).

– Le tome 7, c’est Batman Incorporated, hélas moins bon. Quant à Batman : Requiem, rien n’a été rattrapé. Dommage.

– Grant Morrison qui bascule dans le n’importe quoi, c’est aussi Joe, l’aventure intérieure. Original, toutefois n’ai pas accroché.

Enfin, si vous n’avez pas de « librairie à BD » à proximité, vous pouvez trouver ce comics en ligne ici.

Leandro Ávalos Blacha - BerazachussettsVO : idem. Une Argentine onirique en proie à une incompréhensible démesure, des héroïnes auxquelles s’identifier est difficile, Le Tigre s’est un peu trop vite ennuyé. Les ficelles sont grosses, et la multiplication des protagonistes sur le dernier tiers est très malvenue. En fait, ça ne m’a pas parlé. Du tout.

Il était une fois…

Dora, Susan, Milka (je ne plaisante pas), Beatriz sont quatre potes à la retraite habitant à Berazachussetts et dont les maris sont décédés depuis quelque temps (dont un qui apparaît en spectre). Un beau jour, elles tombent sur une femme obèse, nue et dans le coaltar. Avec ses allures de dead punk, Trash (son nom, oui oui) ne ressemble à pas grand chose. En plus, c’est une zombie qui bouffe les gens. Nos amies, qui l’ignorent, vont passer de chouettes moments.

Critique de Berazachussetts

Ce n’est pas que c’est nul, loin de là sinon Blacha n’aurait sûrement pas gagné ses petits prix en Amérique du Sud. Comme vous connaissez mon attachement aux prix littéraires en général, c’est surtout en ayant découvert un autre titre de ce romancier que je me suis cru permis d’attaquer son œuvre.

C’est à la 100ème page que je me suis dit que ce n’est pas terrible en fin de compte, et vers 150ème que j’ai irrémédiablement perdu pied. Si au début les pérégrinations des cinq nanas tiennent la route et offrent quelques sourires, à partir du moment où Dora sort avec Saavedra (c’est un nom de mec, faut s’y faire) ça part trop vite en sucette. Notamment à cause de trop de protagonistes qui débarquent ici et là (en remplacement du groupe de 4 copines qui implose) dans un maelstrom de grand n’importe quoi presque assumé.

Le style ne m’a pas vraiment impressionné, disons que les mots-valises de l’auteur, ça va bien deux secondes : les lieux, évènements historiques, tout fait référence à la culture américaine (du Sud et du Nord), comme l’explique la traductrice, Hélène Serrano en préface. Je ne reproche d’ailleurs pas à cette dernière d’avoir « pourri » le roman, celui-ci étant déjà bien atteint en VO à mon avis.

Au final, un roman laborieux pour Le Tigre. L’absence de chapitres fut une désagréable surprise tout au long de la lecture. C’est terrible comme impression, de ne pas avancer. Je ne vous conseille donc pas ce titre, sauf…si vous souhaitez le dévorer en espagouin. Faites moi part alors de votre impression.

Thèmes abordés (du moins selon Le Tigre)

Cette grosse zombie, ça fait un peu bonne série Z qui envoie du très lourd. Elle se jette sur les gens, leur arrache la tête en moins de deux, bref c’est la fête du village. Cela ressemble même à une sorte de vengeance vis-à-vis des riches de la ville qui font ce qu’ils veulent. Eux aussi, à leurs façons, sont des monstres. Il n’y a qu’à voir les ignobles sessions de viols/chasses que s’offrent certains tout en filmant leurs exploits, ou même l’insolente opulence dont ils font montre devant la plèbe.

L’anarchie qui ne profite qu’aux plus riches, la critique de l’ultralibéralisme qui tend à cannibalisation (au sens figuré), des constantes chez Leandro Blacha ?

Au final, j’ai bien fait d’aller jusqu’à la fin du titre : ça devient certes plus délirant (Perequita, la petite infirme en particulier), mais l’auteur paraît, paradoxalement, apporter une fin qui reste à peu près logique. Enfin c’est selon : [SPOIL] les zombies proviennent d’un cimetière et, à la suite d’un accident nucléaire, certains se sont réveillés et vont taper l’incruste chez les vivants. Mais des problèmes (si j’ai bien compris) de nappes phréatiques, plus une inondation de la catégorie « Déluge » (d’où un certain Noé), transforment le tout en apocalypse de bon aloi. [FIN SPOIL]

…à rapprocher de :

– Du même auteur, Côté cour est infiniment meilleur. Vraiment.

– Avec des zombies, et made in France, il y a le très nerveux Le temps du twist. Pas mal, seulement j’imagine qu’un Argentin aura autant de mal à le lire que moi Berazachussetts.

– Le rapprochement zombie-qui-bouffe-la-chair et élite-qui-exploite-ses-semblables me rappelle certains passages du Livre des vampires (de Sirgent), où il explique les mythes moyenâgeux des seigneurs buveurs de sang.

Enfin, si votre librairie est fermée, vous pouvez trouver ce roman via Amazon ici.

Irvine Welsh - PornoVO : idem. Suite d’un roman qui avait fait grand bruit, hélas ce n’est pas le même plaisir. Agréable, oui, seulement en près de 670 pages il semble y avoir du rebut, immanquablement. Mêmes personnages qu’avant plus une jeune femme, des tournures de phrases savoureuses servies par un vocabulaire cynique, les années 90 tiennent une petite égérie littéraire.

Il était une fois…

Un peu moins de dix piges se sont passées depuis la fin de Trainspotting où, s’il faut le rappeler, Renton s’est fait la belle avec le fric de tous fait au cours d’un ultime deal d’héroïne (il a certes plus tard reversé sa part à Spud). Depuis ce même Spud est toujours salement toxico Begbie croupit en zonzon. Mais c’est sans compter Sick Boy qui se met en tête de produire un film porno. Aidé de nouveaux personnages, la bande agrandie est prête à du fait n’importe quoi.

Critique de Porno

Il y a une règle à suivre impérativement avant d’attaquer ce fort joli pavé : lire Trainspotting d’abord (voir le film éponyme, à la rigueur), parce que sinon vous serez tant largué par rapport aux personnages, et aussi la manière dont Welsh livre son art.

Nous revoilà donc avec nos amis qui fleuraient bon la fin des années 90, plus une cinquième protagoniste récurrente : Nikki, la vingtaine, est une jolie brune qui, pour payer ses études, bosse dans un salon de massage avec « finition ». Apparemment elle s’en sort bien, disons qu’elle parvient à faire venir les hommes avec ses mains et son regard, et rien de plus. Bonne idée de la part de Welsh d’introduire une femme, son point de vue lors des péripéties du tournage du film X est souvent précieux.

Bien évidemment ce titre ne traite pas que de la création d’un porno, toute une pété de sous intrigues se téléscopent dans un réjouissant bordel certes parfois tiré par les cheveux. Mais ça donne lieu à de solides barres de rire, particulièrement Begbie en prison qui reçoit des revues de pornos gays (envoyées par Sick Boy) et qui rumine sa vengeance à l’encontre de Renton. Mais le véritable héros de cet ouvrage n’est pas Rents, ni Spud (au bord du suicide, un peu chiant à suivre), mais bien Sick Boy qui voit grand et porte l’intrigue vers le pur spectacle.

Le chapitrage est toujours aussi original, on démarre chaque partie par un personnage et rien (en presque, faut être attentif) ne signale qui est le narrateur. Sur plus de 600 pages, on pourra regretter quelques longueurs et autre temps morts excessivement contemplatifs. Et encore, j’imagine qu’en VO ce serait pire avec le vocabulaire populo-écossais du bon Spud. Au final, une suite qui tient ses promesses, toutefois rien à voir avec le premier opus.

Thèmes abordés (du moins selon Le Tigre)

Si dans Trainspotting, notre ami Welsh s’est intéressé à l’univers de la drogue et comment ça peut détruire toute une génération, il a ici haussé d’un cran en montrant ce même groupe presque dix ans après. De l’eau a coulé sous les ponts, et après l’insouciance des débuts on sent bien que nos amis veulent avoir leur part du gâteau. Plus ou moins mis à l’écart du boom économique des années Blair, Simon, Rents ou Begbie (ok, lui était en prison) comptent bien se rattraper. Seulement, ils ont vieilli (Sick B. par exemple, bien moins sexy qu’avant).

Pour cela, ils vont rejoindre le consumérisme ambiant dans son expression la plus triviale, savoir la pornographie. Sauf qu’ils s’y prennent comme de beaux touristes, sans compter le passif de nos protagonistes (Renton doit pas mal de tunes à quelques uns) qui interagit violemment lors de leurs aventures. Bref, le porn, c’est le moyen d’être dans son monde, se faire connaître (le viron à Cannes à se taper sur les cuisses), tout semble permis.

Vous voulez savoir comment se termine ce porno ? C’est relativement important dans la mesure où la réalité se rappelle à l’intention de nos héros. [SPOIL] Le Tigre se souvient notamment de Sick Boy qui tire gravement la couverture à lui tout seul : les crédits du film ne mentionnent que son auguste nom (scénar, montage, etc.), ce que les autres n’acceptent pas…jusqu’à ce que les autorités interviennent et évoquent des mots fâcheux comme « proxénétisme » ou « outrage à la pudeur ». Si vous rajoutez quelques arnaques financières, on comprend vite que Simon est dans la merde. Et seul [FIN SPOIL].

…à rapprocher de :

Trainspotting, forcément. Bien meilleur à mon sens.

– Le consumérisme version porno, c’est surtout Chien Jaune, du britannique Martin Amis (expert de l’anticipation sociale). Aussi long comme roman, mais ardu à terminer (n’y suis pas parvenu).

– Le monde du porno, à part les essais, c’est aussi Rencontre sous X, de Van Cauwelaert. Pas mal du tout.

Enfin, si votre librairie est fermée, vous pouvez trouver ce roman via Amazon ici (en poche, Le Tigre n’avait pas attendu que ça sorte dans ce format).

Gavin Baddeley - L'essor de LuciferVO : Lucifer Rising: A Book of Sin, Devil Worship and Rock n’ Roll [pas moins, tsss]. Charles Manson, les Wicca, Anton LaVey (celui en couverture), Mayhem, Led Zep, Aleister Crowley, les sorcières, mélangez tout ça et hop ! Essai de 500 pages denses et souvent imbitables. Le diable est vraiment dans les détails.

De quoi parle L’essor de Lucifer, et comment ?

Gavin, mon ami, qui es-tu donc ? Ooooh, la jolie biographie. Le mec a un cv très complet, presque intimidant même : journaliste (TV, radio), écrivain, chercheur (du moins dans un domaine bien précis), prêcheur et révérend de l’Église de Satan, voilà pour le personnage. Je m’attendais à de la subjectivité pure carat, mais ce ne fut pas criant.

En effet, l’introduction fait montre d’une pertinence (à mon sens) et d’une simplicité qui n’auguraient que du bon, Mister Badelley se proposant de pondre quelque chose de rationnel (entendez, sans le sensationnalisme normalement attaché au satanisme), historique et sans faire acte de prosélytisme. S’il s’y est tenu, hélas la suite a franchement déçu Le Tigre. Ce doit être le fameux « darwinisme social » dont il est question, à savoir que j’ai démérité en ne me concentrant pas assez.

Les reproches à formuler sont relativement nombreuses, mais partent toutes du même constat : j’ai eu un mal de chien à terminer le bouquin. En fait celui-ci, malgré une présentation d’obédience chronologique, n’est pas assez structuré. J’irai même jusqu’à dire que ça part correctement dans tous les sens. Ce n’est pas tant qu’on passe du coq à l’âne, mais les informations brutes délivrées et les interviews réalisées n’ont pas su, à mon niveau, dresser un tableau logique (peut-être il n’y en a pas en réalité) de l’essor des fidèles de celui-qui-apporte-la-lumière.

Et c’est bien dommage car souvent Le Tigre s’est perdu dans la narration. En ajoutant les nombreux name droping et interventions de nouveaux protagonistes (presque un à chaque page), je n’ai pas pu apprécier l’intégralité de l’œuvre. En plus de souvent lire en diagonale la plupart des interviews, j’ai allègrement passé certains passages qui traitaient trop de musique (deux tiers de l’essai), en particulier sur le black metal (cf. infra).

Bref, un essai lourd et bien référencé qu’il est difficile à lire d’une traite. Le résumer fidèlement m’aurait pris plus de 3.000 mots, et ce n’est définitivement pas le genre de la maison du Tigre.

Ce que Le Tigre a retenu

Entendons-nous tout de suite, il est pas mal de passages que j’ai lu au forceps, comme si le diable en personne était juché sur mon épaule. La préface est plutôt bien foutue en balançant les maîtres mots de cette nouvelle religion : curiosité, indépendance et plaisir. Après, il est souvent question de la manière d’atteindre le plaisir.

Le Tigre a surtout remarqué que le satanisme en général est un joyeux mélange de plusieurs cultures et donne lieu à toute une pétée de ramifications. Rien que pour la musique, j’en ai perdu mon latin. Black Sabbat, Led Zep, Venom (qui a créé le nom « Black metal » du titre d’un album de 1982), Ozzy Osbourne, KISS, les métalleux norvégiens, Marilyn Manson, etc. en fait les autoréférencements entre eux et les protagonistes du satanisme sont plus que nombreux.

Les réactions de la « bonne société », enfin, sont souvent bien à côté de la plaque. Je ne parle pas que des fondamentalistes, par exemple la Parents Music Resource Center a « invité » les majors à indiquer quand un album avait un vocabulaire peu idoine, ce qui concernait beaucoup de titres de metal. Cette asso de vieilles dondons (mariées à de puissants hommes politiques en vue) devait sévèrement s’emmerder pour faire cela. Le résultat, on le connaît tous.

En fait, les responsabilités sont partagées : d’un côté certains artistes qui, pour faire underground et subversif, invoquent le diable pour déconner et se faire mousser (à l’instar de groupes bien connus), arrêtent dès que c’est commercialement risqué) ; de l’autre, les flics/journaux/pasteurs qui voient dans n’importe quel pet de souris la manifestation du démon. Même les policiers aux States suivaient des formations sur les « meurtres sataniques », encore plus édifiant que du Hunter S. Thompson !

…à rapprocher de :

– Puisqu’on parle souvent, Aleister Crowley a vomi Le livre de la loi dans des conditions abracadabrantesques. Tigre dit bien « vomi » dans la mesure où c’est incompréhensible (à mon humble niveau).

– Le black metal satanique fait l’objet d’un essai chez le même éditeur. C’est là que le chanteur de Mayhem se suicide. Puis Euronymous le prend en photo et demande aux flics à récupérer une partie de sa cervelle…pour la cuire et la bouffer dit-on…

– Quant au bon Anton LaVey, c’est sa Bible Satanique (en lien) qu’on est censé lire. Les interviews de cet individu par l’essayiste sont inintéressantes néanmoins – tout comme sa bible en fait.

– L’excès d’individualisme prôné par le satanisme est, entre autres (parce que certains sont vraiment dingues), la raison de l’éclatement des courants et diverses querelles d’anti-chapelles. Du coup, ça m’a rappelé le fin mot de La Secte des égoïstes, d’Eric-Emmanuel Schmitt.

– Sinon, faudrait lire (si ça existe toujours) le magazine Kerrang!, puisque l’essayiste n’en peut plus de l’invoquer.

Pour finir, concernant les names droping, une musique de The Gap Band a régulièrement tourné dans mon esprit fécond : You dropped a bomb on me. Et y’en a eu.

Enfin, si votre libraire ne peut vous commander ce titre, vous pouvez le trouver via Amazon ici. Ou directement sur le site de l’éditeur (je ne passe que par là).

DodécaTora« Hello le fauve. Tu as encore laissé une de tes cartes de visite dans les WC d’un bar, et je me suis demandé si tu ne pouvais pas m’aider à développer mon business. Les gens passent trop peu de temps sur mes produits, ceux-ci ne s’abîment pas assez. Une idée pour les faire rester ? Jacob Delafon. PS : je la livre où, ta bibliothèque en faïence ? »

Quoi lire dans les chiottes ?

Que le premier gus qui n’a jamais lu en chiant me jette le produit de ses efforts.

Personne ? Comme le titre du DDC l’indique, je vais modestement vous donner quelques idées de trucs à lire dans les WC. J’ai tout d’abord décelé deux catégories répondant à cette possibilité. D’une part, les romans/illustrés/essais qui se lisent vite. Si possible en moins d’un quart d’heure, ou alors ceux qu’on peut délaisser 48h et reprendre comme si de rien n’était. Et avec un peu d’humour, les commodités n’étant pas un lieu particulièrement propice à d’intenses réflexions.

[J’éviterai aussi les trucs sexuels, car pour un homme avoir une érection dans cette configuration est loin d’être souhaitable.]

D’autre part, les torchons littéraires qui seront presque honorés d’être délicatement effeuillés en cas de rationnement de papier toilette. Je ne parlerai quasiment pas de ces derniers qui relèvent d’une subjectivité exacerbée. Et puis je n’ai nullement envie de signaler un auteur en particulier. Ou alors un très connu, et avec courtoisie.

Sinon, j’entends encore quelques culs serrés contrits de constipation me dire que lire dans les chiottes est mauvais pour la santé. C’est faux ! Tigre reste en moyenne 16 minutes et 20 secondes dans sa litière, et à part quelques crampes qui l’ont forcé à rester 30 minutes de plus, aucune séquelle n’est à déplorer. Ensuite, les germes que vous laisserez sur les pages ont une durée de vie mille (non, dix mille !) fois inférieure à celles laissées sur, disons, un smartphone.

Pensez-y, à votre téléphone que vous consultez aux water closets. Puis vous le portez à l’oreille. Vous vous la frottez très vite après (c’est statistique). Puis portez inévitablement un doigt à la bouche (statistique aussi). On est tous des mangeurs de m***, du moment que ce soit la sienne me direz-vous.

Enfin, je tiens enfin à présenter mes plus plates excuses pour l’aspect scato de ce billet. Mais puisque je mettais la main dans ce sujet, autant tenter de remuer pour en tirer l’odorante moelle.

Tora ! Tora ! Tora ! (x 4)

1/ Vuillemin – Les sales blagues de l’Écho

Mon petit préféré, le compagnon par défaut lors de mes chaotiques pérégrinations intestinales. Car ces sales blagues ont un fabuleux pouvoir : en effet, celles-ci vous font caguer des serpentins tellement votre popotin se tortille de rire. Véridique. Préférez les tomes séparés plutôt que l’intégrale qui va vous niquer les cuisses.

2/ Hiroya Oku – Gantz

Très très long manga, on doit en être à près de 40 opus (sachant que je me suis arrêté vers le vingtième). Pour faire simple, une bande de jeunes se retrouve dans une sorte de jeu où il faut accumuler des points dans des missions meurtrières. Cela ne s’arrête pas, à chaque fois de nouveaux ennemis et intrigues apparaissent. A raison de 2 sessions sur le tome pour venir à bout d’un trône (ou inversement), vous pouvez être tranquille six bons mois.

3/ Collectif – Les Contes Marron

Les Artistes Fous Associés parlent de déjections, prouts et autre vomis avec une verve littéraire de bon aloi. Cinq nouvelles de taille différente, selon l’état de ses intestins le lecteur trouvera chaussure à ses pieds. Même la préface dit que c’est un recueil à lire dans les chiottes, alors…

4/ Arnaud Le Guilcher – En moins bien

Chaque phrase est un enchantement, avec des tournures bien pensées ou un vocabulaire percutant. Le héros est attachant, ses aventures aussi improbables qu’hilarantes, bref on peut attaquer un chapitre au pif avec le sourire. Fin du fin, lesdits chapitres sont courts et correctement aérés, aisément finissables le temps d’un lâcher de ballons. Les suites se tiennent également.

5/ Roger-Henri Guerrand – Les lieux : Histoire des commodités

Tigre a sélectionné cet ouvrage pour son seul titre. Si l’humour est peu présent (et encore, on sent l’essayiste qui se fait plaisir), l’apport culturel y est impressionnant. Vous saurez tout sur la manière de se laver le fion (entre autre) lors des XIXème et XXème siècle (européocentrisme certes), et plus encore sur les théories hygiénistes de ces époques.

6/ Gaston – Spirou – Mélusine – Tintin – Lucky Luke – Les Tuniques Bleues – Etc.

Les BD franco-belges par excellence avec tous nos gentils héros, ça ne mange pas de pain. On a tous quelques illustrés de ce cru, et investir pour une bibliothèque chiotée (et chiadée) les comportant n’est pas une si mauvaise idée. A raison de 48 planches par titre, lire 3 pages par minute est à la portée de tous.

7/ Quelques Guy des Cars

Les mauvaises langues disent Guy (des WC) des Gares, seulement chacun de ses polars est suffisamment court pour le terminer en une paire de semaines. Le Tigre en parle d’autant plus aisément qu’il n’en a lu aucun. En revanche, la cabane au fond du jardin de la maison de campagne de mes vieux en était tapissée. J’étais trop petiot pour savoir lire hélas.

8/ Joe Daly – Dungeon Quest (tome 2 et tome 3 en prime)

Un grand malade ce Joe D. Ses BD, oniriques, conchient la fantasy en y injectant une solide dose d’undeground, à savoir drogue, délires plus ou moins poétiques et violence assumée. Millenium Boy en pleine quête pour trouver un instrument de musique mystérieux avec quelques potes totalement jetés, ça se lit et relit seul, dans un espace clos. Avec un pétard, pourquoi pas.

9/ Hugleikur Dagsson – Et ça vous fait rire ?

Cela ressemble à un roman de loin, en fait il s’agit d’une suite de dessins qu’il ne faut pas montrer à son jeune neveu. Humour ravageur et souvent méchant, Le Tigre s’est souvent demandé si on pouvait aller plus loin. Le format poche ne prend guère de place, et il s’agit d’une œuvre qu’on peut relire avec la même gourmandise de temps à autre.

10/ Collectif – La Bible

Attention, point de sacrilège ! Il n’est pas question de dire que c’est le bouquin parfait en cas de manque de PQ : titre le plus publié (il n’en manque jamais) avec un papier fin (mais solide) seul capable de ne pas vous irriter le fondement. Pas du tout. Mais prenez une page au hasard, lisez et interprétez, c’est encore mieux qu’un horoscope. A force de lecture, vous pourriez avoir une belle répartie.

11/ Raymond Queneau – Exercices de style

Recueil de textes homogènes sur le scénario et profondément hétérogènes sur le style, Queneau a su montrer à quel point déconner avec la langue française peut être somptueux. On n’en attend pas moins de la part d’un chef de file de l’OULIPO, et j’ai eu plus d’une idée en parcourant, ici et là, sa prose. Parfait pour se réconcilier avec la littérature, seul à méditer tel un penchieur.

12/ Maxime Chattam – [un titre au hasard]

La dernière blaguounette pour la fin. Tout est dit. Faites-en ce que vous voulez, pour ma part il m’est arrivé de ramasser les crottes de mon chat avec. Il n’a pas aimé. Le chat.

…mais aussi :

Paf & Hencule, également. Un peu trop court hélas, mais on se surprend à souvent redécouvrir leur humour trashissime.

Hara Kiri – La pub nous prend pour des cons. Essai désopilant et ne respectant rien, à laisser à l’attention de vos invités au cas où le Chili con Carne que vous leur servez ne passerait pas.

N’ai plus beaucoup d’idées en rab, Tigre attend, en se pinçant le nez, vos suggestions.

Publié sous Catwoman #5-10. Deuxième opus d’une série qui connaît quelques hauts et quelques bas, ici le lecteur est plutôt dans les bas-fonds (sens propre et figuré). Du polar plutôt noir et sans l’aspect « fantastique », ce comics m’a laissé une impression plutôt mitigée. Rythme nerveux et bien enlevé, hélas sans l’envergure que j’attendais de la part d’Ed Brubaker.

Il était une fois…

Je n’ai pas envie de me saucer la fraise en imaginant un énième résumé d’une énième histoire de Selina Kyle. Voici donc le quatrième de couverture :

« Holly Robinson, la jeune assistante de Catwoman, enquête dans les bas-fonds de Gotham sur un trafic de drogue. Malheureusement pour elle, celui-ci est organisé par des flics ripoux ! Aidée par le détective Slam Bradley, Catwoman devra affronter gangsters et policiers pour sauver sa jeune protégée. »

Critique de Catwoman T2 : Dans les bas-fonds

Si Le Tigre a fait n’importe quoi en en attaquant tardivement le présent opus, finalement je me dis que le tome 2 ne nécessite pas la lecture du premier tome. Je l’ai trouvé un peu en-deçà des autres, sans doute la fatigue à cause de l’overdose de Catwoman ces derniers mois.

Constante chez le scénariste Ed Brubaker, l’histoire tient bien plus du polar que du monde des super-héros : il est surtout question, aux débuts, de la fragile Holly Robintson qui est en grand danger puisqu’elle est témoin de quelque chose de dérangeant. Les autres personnages secondaires, savoir le privé Slam Bradley ou l’inspecteur Crispus Allen, remplissent un rôle souvent déterminant, du moins bien intégré dans le fil du récit. Sinon, Batman n’apparaît presque pas, et surtout pour « conclure » (pas pour choper, seulement sa visite dans les dernières cases) comme s’il se devait de rappeler que c’est lui le boss de Gotham.

Le dessin n’est pas renversant, toutefois celui-ci a le mérite de la simplicité. Même les couleurs me paraissent basiques (voire primaires), et les personnages ne semblent pas forcément très crédibles. Du bon cartoon, bien que je préfère les illustrations à la Darwyn Cooke. Quant à l’héroïne, c’est un peu toujours le même problème : c’est trop « cartoony » pour que Catwoman soit suffisamment sexy, ce qui n’a rien à voir avec les aventures de la belle imaginées par Winick et March.

Pour conclure, un comics correct mais qui n’a pas retourné l’esprit du Tigre. En outre, j’ai plus d’une fois souffert à tenter de déchiffrer certains textes (notamment les in petto d’Holly), écrits trop petits, presque illisibles.

Thèmes abordés (du moins selon Le Tigre)

Les bas-fonds, c’est East End, un des quartiers les plus craignos de Gotham. La zone un poil cliché où se mêlent les prostituées (toujours victimes, les drogues dures (le passage avec Holly reconnaissant les camés est saisissant), la criminalité exacerbée et la flicaille bien pourrie. Brubaker va plus loin dans le glauque en imaginant, comme trame des premiers chapitres, des enfants qui servent de mules pour amener de la drogue d’un pays à l’autre. Sauf que quand un sachet de plastique rempli de came explose dans le bide d’un gosse, le laissant dans le coma, Catwoman se doit de réagir.

Ce tome me rappelle la légende originelle du Batman. Le lecteur (ou le spectateur) démarre sur des œuvres où il est d’abord question de flics corrompus, voire de mafias toutes puissantes (cf. Amère victoire) qui donnent du fil à retordre. On est à ce niveau dans le présent opus, avec en filigrane un vilain qui ressemble à un super-méchant : Black Mask qui se découvre dans le dernier chapitre, c’est le lien entre la pègre et les délires qui vont débarquer (l’homme argile, les tueurs égyptiens aux extraordinaires pouvoirs, etc.). C’est pourquoi Dans les bas-fonds ne peut être qualifié de comics « fantastique », il faudra attendre plus tard avant que ça pète sérieusement dans tous les sens.

…à rapprocher de :

– Le premier opus s’intitule D’entre les ombres, le troisième est Sans répit suivi de L’équipée sauvage. J’attends le cinquième.

– Sinon, Tigre a lu d’autres aventures de Catwoman, par Winick & March. La règle du jeu, La maison de poupées et Indomptable, plus sombres. C’est de pire en pire est hélas. Batounet y est plus présent. Je ne parle pas de Darwyn Cooke (certes à la base du présent billet) et son Catwoman, celui-ci me semble plus confidentiel.

– D’Ed Brubaker, Tigre a été déçu par Scene of the Crime (lu en anglais). Fatale (premier tome uniquement lu) est bien mieux.

Enfin, si votre librairie à comics est fermée, vous pouvez trouver ce titre en ligne ici.

Frédéric Beigbeder - 99 francsLivre mille fois résumé, analysé, passé au crible germano-pratin, Le Tigre apporte sa modeste pierre à l’édifice de la légende du bon Beigbeder. Lu il y a certes longtemps, le film éponyme a su entretenir mes souvenirs. Au-delà de la personnalité contestée de l’auteur, ce n’est pas si mauvais du tout. Sauf sur la fin hélas.

Il était une fois…

Octave Parrango est rédacteur publicitaire. Il vend du vent afin que la « mongolienne de moins de 50 ans » achète des trucs dont elle n’a pas besoin. Octave est riche, très même. Sans femme ni enfants, il mène une vie que de vieilles dondons du 16ème arrondissement de Paname qualifieraient volontiers de « dissolue » : drogue à outrance (cocaïne notamment), sexe débridé, foutage de gueule généralisé de ses contemporains, bref la vie décadente d’un mec qui croit faire la pluie et le beau temps.

Critique de 99 francs (6 euros)

Double problème avec ce titre. Déjà, je l’ai lu étant (relativement) jeune et ai à l’époque adoré. Pour les besoins d’un résumé un tant soit peu crédible, j’ai rapidement parcouru les 50 dernières pages, juste par curiosité (je n’aurai pas du). D’autre part, mon esprit critique est intensément pollué par le film qui est fidèle au roman. Et comme Jan Kounen (le réalisateur) s’est plus que correctement sorti les doigts du fondement pour produire quelque chose de valable, Le Tigre a tendance à mélanger les deux médias.

Revenons au bon Octave qui conchie son métier avec une verve et des descriptions qui sont d’une insolence rare. Il appert rapidement que le but de l’infâme publicitaire est de se faire virer. Entre les tournages à Paris, Miami et autres, il n’en peut plus de se sentir tel un imposteur. Sauf que ses tentatives ont l’effet inverse, chaque crotte artistique (ou comportement scandaleux) lui permet, à son insu, de monter en grade.

Frédéric B. a un style aguicheur, plus qu’aisé à suivre et où transpirent (c’est possible chez lui) la sincérité et l’indignation du métier exercé. Car cette histoire est grandement autobiographique, du moins la boîte américaine Young & Rubicam l’a pris de la sorte en virant l’écrivain après la sortie de son œuvre. Il a pris peu de risques, me diriez-vous.

Toutefois, la mise en abime devient progressivement décevante au fil des chapitres (racontés par un sujet différent). A un tel point que les délire finaux, notamment la séquestration d’une grosse américaine (qu’on ne retrouve pas dans le film d’ailleurs), ou le rattrapage brutal de la « réalité légale » (on ne peut pas gober impunément des amphèt’), m’ont agacé. Presque un roman dont il ne faut dévorer que la moitié pour être pleinement satisfait. Paradoxal, comme l’auteur.

Thèmes abordés (du moins selon Le Tigre)

Si vous avez vu le film, inutile de vous rappeler que le monde publicitaire en prend tranquillement pour son grade. Nos amis, presque en dilettante, gèrent leurs dossiers avec une nonchalance qui fait regretter qu’aucun code déontologique n’existe dans la profession. Bien intégré dans ce milieu, les acerbes critiques (les phrases choc font leur petit effet) de Beigb…euh Octave sont réalistes à souhait.

Les responsabilités sont partagées dans la mesure où le client, toujours frileux, apparaît comme l’étouffeur de la créativité des fils de pub. Si leurs premiers concepts sont drôles, créatifs, intellectuels, le vendeur final sous-estime toujours ses clients et nivelle par le bas. Tuer une bonne idée n’a jamais été aussi rapide dans un métier. « Ne pas prendre les gens pour des cons, mais ne pas oublier qu’ils le sont », comme le diraient les Inconnus. Ce que je dis est valable pour d’autres professions.

En corolaire, le dernier thème est à mon sens la perte de la pureté en général. Octave le drogué est loin d’être méchant (il le prouve à la fin, certes de manière larmoyante), toutefois il en a trop vu pour se départir de son cynisme. Tout ce qu’il touche semble se transformer en merde, une sorte de malédiction contemporaine. Comme le dirait la pétillante Mylène Farmer : ses idéaux (l’honnêteté notamment), envolés ; sa génération (du moins celle de ses cibles finales), désenchantées malgré ce que la pub leur fait miroiter.

…à rapprocher de :

– Le film, bien sûr. Dujardin est très bon dans le rôle, et je ne vous parle pas du boss d’Octave, grand habitué de la distribution des films de Kounen. Le gros des anecdotes est repris, comme le mannequin obligé de cracher sa bouchée de yaourt après chaque prise de vue, les réunions hallucinantes avec les marketeurs d’une grosse boîte, etc.

– La suite, Au secours pardon, ne m’a pas laissé une grande impression. L’auteur a aussi sorti Vacances dans le coma, qui consiste à raconter une nuit décadente en boîte. Chiant. Tout comme L’égoïste romantique.

– De Beigbeder, vous pouvez laisser de côté L’amour dure trois ans, Windows on the world pour lire Un roman français, roman de de la maturité. Ça fait certes un peu cliché mais c’est comme ça. Quant à Nouvelles sous ecstasy, faut aimer le genre (insupportable pour certains).

– Un publicitaire qui fait n’importe quoi, c’est aussi Augusten Burroughs dans Déboire. Plus profond, plus intimiste, plus autobiographique. Bref, plus mieux.

– Y’a un receuil de nouvelles de John Updike qui se nomme Publicité. Le texte principal n’est pas mal du tout.

Enfin, si votre librairie est fermée, vous pouvez trouver ce titre en ligne ici.

Les Sutras du TigreUn internaute et un ami un peu chiant m’ont demandé comment je classe certains des illustrés que je résume. Particulièrement les romans graphiques. Ma réponse habituelle, savoir « au doigt mouillé connard », n’a pas hélas tenu bien longtemps. En fait, cette question est aux fanas de bouquins ce que l’affaire Dreyfus est à deux Français du début du 20ème. Une discussion sans fin.

Différents formats pour un illustré ?

Ce billet n’a pas pour objet de remplacer un cours sur le marketing du livre (UV que j’ai déjà suivie dans le cadre d’un énième master par correspondance), mais seulement le compléter avec la subjectivité qui manque tant dans nos universités.

La question est, in fine, la suivante : à partir de quel moment suis-je en présence, non d’une BD, mais d’un joli roman graphique ? Quand est-ce que plusieurs grains de sables forment un tas ? A partir de quel moment Muriel Robin n’est plus drôle (ah non, ici la réponse est facile) ?

D’un côté, on a la bonne vieille bande dessinée d’obédience francophone où nos amis belges se sont particulièrement illustrés. Pendant longtemps celle-ci était reconnaissable entre mille : gros format bien cartonné et jauni (était-ce déjà le cas lors de la sortie de l’imprimerie), entre 40 et 50 pages au compteur, bref c’était clair. Et ça coutait 30 Francs grand max, quel bonheur.

De l’autre côté, le fameux roman graphique (ci-après RG, même si cette tarlouze d’Hergé n’a jamais versé dans cet art) dont j’ai bien l’impression qu’il débarque des États-Unis. Aux States, quand ce n’est pas un comics avec un héros un poil monomaniaque qui se déguise comme une pétroleuse un soir de carnaval, c’est plus ou moins un roman graphique. Du moins c’est ce que Bill m’a dit, accoudé au comptoir d’un bar routier sur la route 40, pas loin d’Amarillo.

Je ne vais pas vous faire un cours d’histoire (d’autres sites s’en chargent mieux que Le Tigre), toutefois j’estime que le problème principal est que les éditeurs « classiques » de BD ont, à plusieurs reprises, tenté de s’introduire sauvagement dans ce que j’estimais être la crème de la crème des illustrés. On change deux-trois choses ici et là comme les thèmes (la SF fait une entrée en force dès les seventies) ou le format général – l’éditeur L’Association par exemple, responsable de sévères maux de tête quand je tente de ranger leurs productions.

Enfin, la question subsidiaire pourrait être : si la BD casse régulièrement les codes qu’on lui attache habituellement, cela ne signifie-t-il pas la fin de cette dénomination vers un nouveau genre où l’appellation « roman graphique » serait bien trop large ? On n’y est pas, et franchement à ce stade de réflexion je préfère faire comme si je n’étais pas là. Puisque je n’ai que 1.200 mots de dispo, revenons aux basiques.

Quelle est la frontière entre une bande dessinée et un graphic novel ?

Le Tigre est un grand maniaque et aime que tout soit bien carré. Même ses démonstrations. Voici donc quatre paramètres auxquels je m’attache régulièrement, plus ou moins par ordre d’importance.

1/ La taille [ou le respect de la bibliothèque du Tigre]

La BD, c’est grosso merdo du 29×22 centimètres. Du beau format A4 royal et sûr de lui, même si une amie me dit que les « planches » qu’elle gribouille lors de ses longues soirées d’hiver sont en format A3. J’ai compris tardivement qu’elle réduisait de moitié par la suite.

Voili voilà, dès qu’on dépasse ce format (souvent en plus petit) je me dis que potentiellement je tiens un RG entre mes griffes. Mais attention ! Un graphic novel peut se travestir et sournoisement adopter une taille très BDesque. Je pense notamment à ce petit cachottier d’Andreas, qui avec ses Rork a pondu quelque chose de très grand format. Toutefois le dessin est tellement majestueux, et le scénario déluré, que c’est forcément un RG.

A l’inverse, sachez repérer les « mini BD », ou réédition à petit format dont le prix est proportionnel au foutage de gueule de l’éditeur vis-à-vis du lecteur (Canardo et Tintin en ont fait l’objet).

2/ Le nombre de pages [au-dessus de 50, j’achète !]

Je ne sais pas pour quelle obscure raison les BD que je lis accusent 44 (ou 48) pages au compteur. Sûrement les paramétrages d’usine des imprimeurs. Les Spirou, Lucky Luke, sérieusement je n’imagine pas le stress de l’auteur à finir son histoire dans un nombre fini de pages. Déjà que j’ai du mal à faire une présentation de dix minutes en moins de dix-huit, je respecte infiniment ces laborieux du dimanche qui parviennent à trancher dans le vif.

Quoiqu’il en soit, dès qu’on dépasse la centaine de pages, je suis sûr que ce n’est pas une BD. Faites quand même gaffe, il y a les intégrales qui tentent souvent de faire le forcing. Celle de L’Incal, peu importe comment celle-ci est génial (ou Les Technopères), c’est bien plus de 300 pages, mais ça file sans ménagement au rayon BD !

Et l’inverse ? Des romans illustrés peuvent faire 60-70 pages toutes mouillées, pourvu que le format ne soit pas du « bande dessiné cartonnée » et que ceux-ci remplissent la condition de la partie suivante. Escapo, de Paul Pope, en est un redoutable exemple.

3/ Le sujet traité [sex, drug & whores : graphic novel ?]

Si le nombre de pages et le format font montre d’une certaine bâtardise, il peut être utile de se reporter à l’histoire. Les graphic novels ne sont guère connus pour verser dans le Kawaï (sauf Boulet, à la rigueur) et les amours déçues d’une collégienne dotée d’un inquiétant taux de sébum. C’est plutôt pour adultes, entre intimisme (C’est un oiseau…, par exemple, bien que traitant de Superman) et délire complet (3 secondes).

C’est hélas un souci supplémentaire, par exemple quand je me prends à résumer Block 109 : le premier opus, noir et violent, s’inscrit parfaitement dans la lignée des romans graphiques comme on en trouverait dans Métal Hurlant…sauf que les trois tomes qui ont suivi ont tout d’une BD. Le sujet est le même, alors que faire ? (la bonne réponse, ici, veut que je prenne en compte le format)

Même souci avec Quartier lointain ou d’autres oeuvres de Taniguchi. Ses histoires, envoûtantes, pourraient être chiantes pour un ado fondu de manga. Cela n’a pas la taille d’un format, et ça ne se lit pas à l’envers ! Ce serait donc un roman graphique, seulement comme je ne résume que relativement peu de mangas, je ne vais pas réduire une catégorie déjà aux abois. BD japonaise = manga, sans possibilité de surclassement (alors que je me le permets avec les BD coréennes).

4/ Le ou les auteurs (voire l’éditeur) [Zep, auteur d’un roman graphique…hum]

Quand j’ai un doute aussi gros que mes chevilles, il m’arrive de regarder la bio de l’auteur pour savoir dans quel genre il verse. Certes la solution du néophyte, mais à bien réfléchir c’est la plus cohérente dans le temps. Et puis il est doux de sanctionner, à de multiples reprises tentant de s’adresser à un lectorat plus mature en lui rappelant qu’il est surtout connu pour ses succès dans les cours de récré (hein Zep ?).

Enfin, il est un indice qui peut faire l’ultime différence. Un illustré, normalement, est conçu par un scénariste et un illustrateur (voire un coloriste qui tape l’incruste). S’il n’y a qu’un seul auteur crédité, il n’est pas impossible d’être en présence d’un authentique artiste indépendant qui a travaillé, seul, son petit projet avant de le porter à l’attention de la populace admirative. Michel Rabagliati, Gerry Alanguilan ou Joe Daly sont de cette race (en ai plein d’autres en stock). Roman graphique donc.

Conclusion graphico-logique

Le Tigre, non sans gourmandise, avoue avoir abordé le sujet avec un postulat : la BD, comme une catin abandonnée au Bois de Boulogne, tend à vouloir être une fille (ou un homme) de joie un peu plus classe. Car il s’agit, selon moi, de s’élever d’une catégorie et devenir un roman graphique. Ce dernier s’abaisserait à devenir une vulgaire bande dessinée. Ce point de vue peut être contesté.

Mais surtout, et là je sais être dans mon bon droit, il appert que la réponse dépend d’un subtil équilibre où un insigne détail peut faire basculer une œuvre dans une des catégories. Quant au numéro du Sutra (#57), 1857 est l’année de naissance de William Blake, un des premiers artistes qui a eu l’idée de créer des objets littéraires où les images sont inséparables du texte.

Gloire à lui.

Haruki Murakami - Les amants du SpoutnikVO : Spūtoniku no koibito. Un roman touchant, voilà ce que c’est. Une triangulation amoureuse vouée à l’échec, un narrateur qui met du temps à sortir de son carcan, quelques amours interdites, Murakami sait être triste et prenant. Ne vous arrêtez pas au 100 premières pages (d’une discutable facture), le meilleur reste pour la fin.

Il était une fois…

[Bon, ça va faire un peu gay, mais le roman reste génial :] le narrateur, K, est amoureux de Sumire, mais ne parvient pas à lui avouer ses nobles sentiments. Bref, il est irrémédiablement bloqué dans la fameuse « Friend zone ». Quant à la belle Sumire, elle n’en peut plus de baver en voyant Miu, la quarantaine verdoyante et l’œil aguicheur. Miu est une femme. Elle est mariée. Le bordel, quoi. Si en plus Sumire se décide à disparaître en Grèce, ce benêt de K.semble bien décider à la retrouver. Quitte à se perdre (oh comme c’est joli de la part du Tigre).

Critique des Amants du Spoutnik

Si je me souviens bien, ce doit être le premier contact avec le sieur Murakami. Et quelle partie de plaisir ! Se dire que les romans qui suivent de l’auteur japonais sont bien meilleurs est à peine croyable.

Pourtant, c’était loin d’être gagné : en effet, le début des Amants du Spoutnik est passablement lent et relativement chiant, je me suis même demandé ce qu’il m’avait pris d’acheter un tel ouvrage. Puis la seconde partie est grandiose. Un Japonais tout ce qu’il y a de normal est amoureux d’une jeune fille, amoureuse elle-même d’une magnifique femme. On est alors en présence d’une relation triangulaire somme toute assez classique (rien à voir avec celle théorisée par Ricoeur) qui évolue de manière spectaculaire.

La particularité de ce roman est qu’il fonctionne (à l’instar de beaucoup d’autres) tel un diesel : démarrage très très décevant, même si les chapitres (plutôt courts) s’égrènent rapidement. Après le purin vient le divin, grâce à des passages réellement exceptionnels sur le dernier tiers. Suffisamment pour avoir envie de se procurer d’autres titres de Murakami.

Pour conclure, Murakami est bon, même dans un titre qui est loin de faire partie de son podium littéraire. Des amants impossibles, un ouvrage presque excellent, une sensibilité à fleur de pivoine, c’est généreux comme tout.

Thèmes abordés (du moins selon Le Tigre)

L’amour contrarié tend à souvent revenir dans les œuvres de l’écrivain. Ici, les fameux Spoutniks sont les satellites qui ont leur propre trajectoire. Des objets d’acier dans l’espace qui sont esseulés comme jamais, ne se croisant que rarement (jamais en fait) et ce pour un laps de temps extrêmement restreint. Bref, des individus qui par la force de la nature ne resteront jamais longtemps ensemble, et, à l’instar de certains protagonistes, dont l’envie de se rapprocher n’est pas souhaitable, sinon risible. Si on ajoute les menus secrets de chacun (Miu notamment, qui en tient une correcte couche), l’horoscope amoureux de nos amis fait montre d’un alignement de planètes plus que foireux.

Enfin, le thème de la métamorphose se fait progressivement inviter. Dès que l’insaisissable Sumire se fait la belle, le héros se trouve plongé dans des péripéties tout à fait prenantes. C’est l’occasion pour revisiter son enfance, ses traumatismes (voire le déni qui en découle) avec intelligence et simplicité. D’une personnalité taciturne (pour ne pas dire borderline), K. se mue progressivement en un individu pleinement intégré dans son univers tandis que Sumire parvient à bien cacher son homosexualité envers une femme plus âgée. Hélas, lors du séjour en Grèce, tous ces antagonismes latents volent en éclat.

…à rapprocher de :

– Du bon Murakami, Tigre peut vous conseiller la trilogie 1Q84, presque le classique de l’auteur. La course au mouton sauvage est superbe. Au sud de la frontière, à l’ouest du soleil aussi. Le Passage de la nuit est parfait pour découvrir l’écrivain.

Quant aux nouvelles, on me signale Après le tremblement de terre et L’éléphant s’évapore. Les deux recueils sont corrects, le second peut-être plus complet.

– Dans les essais, Haruki M. m’a ravi avec Autoportrait de l’auteur en coureur de fond.

– L’amour impossible, un autre auteur japonais, c’est La Danseuse d’Izu, de Kawabata.

Enfin, si votre librairie est fermée, vous pourrez trouver ce roman en ligne ici.