Chuck Palahniuk - SnuffLe Tigre adore Chuck (je pense avoir le droit de l’appeler par son prénom), et celui-ci le lui rend généralement bien. Ce roman, aussi déjanté soit-il, n’est hélas pas de la trempe des chefs-d’œuvre habituels. Sujet évidemment subversif et plutôt bien traité, le scénario est hélas un peu poussif. Le lecteur qui ne connaît pas Palahniuk ne doit pas commencer ici.

Il était une fois…

Miss Cassie Wright, star du porno dont la carrière s’essouffle, souhaite terminer en beauté : un gang bang avec six cents hommes en une une seule prise. Un record mondial, rien que ça. Le lecteur suivra les numéros 72, 137 et 600 qui attendent leurs tours. Mais chacun, même la régisseuse, ont une idée derrière la tête…

Critique de Snuff

Autant le dire tout de suite, j’en attendais énormément de la part de cet auteur. J’ai été un tantinet déçu. Où sont passées les histoires à couper le souffle avec des révélations plus dérangeantes les unes que les autres ? Où ?

Chuck P. a sélectionné un thème fort vendeur, et a appliqué, sans se fouler il me semble, les glorieux ingrédients qui ont fait son petit succès : la narration multiple, les nombreux clins d’œil culturels, l’humour parfois glauque, le vocabulaire chirurgical sur le thème du roman, et les anecdotes plus qu’instructives.

L’histoire manque un peu de suspense, malgré quelques bonnes idées qui relancent ici et là l’intérêt de la lecture. La miss Cassie ne fait pas son grand retour pour rien ; Sheila (la régisseuse) n’est pas une assistante de la star du X comme les autres ; et les trois autres protagonistes ont des passifs que je qualifierais volontiers d’ombragés.

Hélas Le Tigre a parfois été perdu dans le scénario un peu trop linéaire. La faute à : le bouquin lu en Anglais, et les difficultés qui en découlent. Pour l’avoir rapidement parcouru en Français, j’étais en effet passé à côté de certains passages. En outre, les trois personnages principaux (n° 72, 137 et 600) dont les narrations sont identiques, je me suis surpris plusieurs fois à vérifier titre du chapitre pour savoir qui parle.

Le style reste correct, avec des chapitres courts et denses : plus de 30 en 200 pages. La fin s’accélère pour une apothéose assez bizarre mais amusante, sans que le lecteur sache ce que vont devenir nos héros. Mieux à lire, toutefois le fan de romans subversifs et amusants devrait se régaler.

Thèmes abordés (du moins selon Le Tigre)

Chers à l’auteur, ses « apprentissages » délivrés sur certains sujets sont captivantes : un historique sur les tatouages des gangs de ce monde ; les us et coutumes parfois choquants de l’industrie pornographique ; tout ce que vous voulez savoir sur le cyanure ; les décors de trains miniatures pour les nuls ; les petits secrets de beauté de stars qu’on ne conseillerait pas à son pire ennemi (manger des coquilles d’œufs réduites en miettes pour avoir une voie rocailleuse par exemple),…

Vous l’aurez compris, c’est une vraie encyclopédie fort éclectique qui déniche des faits édifiants sur les grands de ce monde (les stars du cinéma comme Monroe, quelques hommes politiques,…). Pas le temps de distinguer sur internet le vrai du faux hélas. Surtout quand certains dires sont assénés (quand Sheila discourt) d’un « true story » très Barney Stinson (celui d’How I Met Your Mother).

Sur l’humour glauque, on est servie. Ironie du destin de certains protagonistes, entre filiation douteuse et jeunesse décadente. Le numéro 72, jeune homme persuadé que l’actrice a un lien de parenté avec lui, raconte son parcourt qui peut faire rire ou pleurer selon. Ou cette petite blague terrible (Le Tigre traduit librement) : quel est la chance de voir un film gay se transformer en snuff ? Tous, avec un peu de patience…

…à rapprocher de :

– L’auteur est avant tout connu pour Fight Club (que je me dois de résumer) et sa suite sous forme de BD (en lien) avec Cameron Steward. Sur les autres  petits plus culturels apportés, signalons Monstres invisibles ou Survivants.

– Le sexe, la mort, eros et thanathos, tellement éculé… Lisons néanmoins L’amour, la mort, de Dan Simmons.

Pour finir, si votre librairie est fermée, vous pouvez trouver ce roman en ligne ici (VF).

Mario Vargas Llosa - Qui a tué Palomino Molero ?VO : ¿Quién mató a Palomino Molero? D’habitude Le Tigre aime plutôt bien lire du MVL. Rien à dire en principe, sauf sur ce titre. Je ne sais pas ce qui c’est passé, un accident peut-être, quoiqu’il en soit je n’ai pu aller jusqu’au bout. C’est autant pour remplir la catégorie « non terminé » qu’analyser les raisons d’un tel échec que ce post existe.

Il était une fois…

Hem. Petit copier-coller du quatrième de couverture, Le Tigre ne va pas se coltiner un résumé sur un livre qu’il a été incapable de finir. Et puis ça fait 120 mots gratis au moins. Toujours bon à prendre.

« Le corps d’un jeune homme affreusement mutilé, accroché à un arbre, a été découvert par un jeune chevrier. L’enquête conduit le lieutenant Silva et le sergent Lituma dans l’univers préservé d’une base militaire dirigée par le colonel Mindreau, et dans le labyrinthe de la petite ville de Talara organisée autour de la gargote de Doña Adriana. D’un côté, le monde secret de l’armée, de l’autre toute une population haute en couleur, pitoyable, mesquine, truculente. Qui, dans tout cela, a tué Palomino Molero ? Au suspense sans faille d’un véritable roman policier, Mario Vargas Llosa greffe une rigoureuse analyse des problèmes sociaux du Pérou et une dénonciation ironique, implicite, des mécanismes du pouvoir. »

Critique de Qui a tué Palomino Molero ?

Veni, vidi, vici. Ou pas. Ici c’est plus nicompris nifini. Déception énorme, d’habitude avec cet écrivain le charme opère assez vite, j’entre rapidement dans l’ambiance du roman et me laisse transporter sans gros effort de ma part. Là, au bout de 120 pages j’ai arrêté les efforts et suis passé à autre chose.

Je me souviens juste, concernant l’histoire, que le pauvre Palomino traînait avec la fille du colonel responsable de la base militaire, du coup les officiers de police ont des difficultés assez imposantes face à la toute puissance de l’armée.

Quant à la fin de l’œuvre, d’après ce que j’ai lu (en effet les dernières pages furent brièvement scannées), le fin mot de l’enquête ne me paraissait pas du tout clair. Aucun regret donc.

Ça ne veut pas dire que ce roman est mauvais, seulement que je n’ai eu ni la patience ni le désir de continuer à le lire, en moins de 200 pages vous pouvez peut-être trouver votre bonheur.

Thèmes abordés (du moins selon Le Tigre)

Abandonner un livre de seulement 200 pages, comment est-ce possible ? Pour ce type de roman, Le Tigre va tenter de justifier son odieuse conduite (même si ça a déjà été fait) :

Premièrement, j’avais un superbe livre qui suivait sur la liste. Je n’avais qu’une hâte, c’était de l’ouvrir. Alors pourquoi m’ennuyer avec 80 pages lorsque le temps fait cruellement défaut ? Il faut oser abandonner un livre à tout moment, je le répèterai jamais assez.

Deuxièmement, je supputais que la fin n’allait pas augmenter mon estime sur ce roman. Bref, subtile l’impression d’avoir fait, aux deux tiers, le tour de Qui a tué Palomino Molero ? dans la mesure où la réponse à cette question n’est pas vraiment l’objet du roman, plus axé sur les longues (et belles il est vrai) descriptions du pays.

Troisièmement, j’avais dévoré (donc adoré) quelques semaines auparavant Éloge de la marâtre. Aussi je restais sur une excellente impression de Mario Vargas Llosa, synonyme de bouffée d’air littéraire permanente. Vous comprendrez pourquoi je voulais rester sur ce sentiment, et ne pas le gâcher par un titre certes court mais moins bon.

…à rapprocher de :

– Vargas Llosa a énormément plus au Tigre dans Tours et détours de la vilaine fille ou Éloge de la marâtre.

– Pour les livres non terminés, il y a une catégorie spéciale dédiée. C’est mon Mur des Renonciations.

Enfin, si votre librairie est fermée et que vous voulez lui donner plus de chance que Le Tigre, vous pouvez trouver ce roman via Amazon ici.

Mario Vargas Llosa - Tours et détours de la vilaine filleVO : Travesuras de la niña mala. Sûrement le roman le plus marquant, selon Le Tigre bien sûr, de Vargas Llosa. Histoire d’amour fortement contrariée, le lecteur s’apprête à suivre un pauvre gars trop gentil éperdument amoureux d’une mangeuse d’hommes. Ça se lit vite et bien, et les personnages sont tellement improbables qu’on peut même sourire.

Il était une fois…

Début des années 50, Pérou, dans un quartier riche. Le très jeune Ricardo tombe éperdument amoureux de celle qu’on surnomme « la petite Chilienne ». Sa passion débordante ne s’arrêtera jamais, et il poursuivra pendant une bonne partie de sa vie. La trouvera, la reperdra, et ce dans les plus belles villes du monde.

Critique de Tours et détours de la vilaine fille

En une phrase : terrible roman d’amour très bien mené dans d’innombrables lieux de rencontre. L’auteur a écrit quelque chose de dur (le narrateur en prend plein la figure) non sans que le style soit d’une fluidité bienvenue.

La mauvaise fille (la nina mala je crois dans la langue de Mario), c’est la vraie femme fatale : complexe d’infériorité développé pendant l’enfance qui la pousse à aller toujours plus haut, elle ignore superbement le héros qui ressent pour elle quelque chose de trop grand, à la limite de la dévotion. Curieusement, si ce personnage est exagéré, on peut reconnaître dans ce roman la femme insaisissable, inconstante, bref insupportable.

Ses tours et détours, ce sont les nombreuses villes où Lily (son prénom il me semble) va s’installer avec autant de maris pas tous finement choisis. Cinq villes d’ailleurs : Lima d’abord, puis en vrac Tokyo, Londres, Paris, Madrid et Tokyo. Le narrateur la trouvera (parfois par hasard) et tentera de la tirer de situations délicates où elle semble pourtant se complaire. Au delà de ces villes, c’est également des époques différentes qui sont retranscrites plutôt fidèlement.

Le style est rapide, léger et très facile à lire. Si le début semble un peu poussif (la jeunesse du narrateur), le roman prend vite de la vitesse pour notre plus grand plaisir. Plus de 400 pages, ça ne semble pas si long au final.

Thèmes abordés (du moins selon Le Tigre)

L’amour vache. En tout cas je le formulerais ainsi. On ne sait pas vraiment si la mauvaise fille éprouve quelque chose pour le narrateur. Le Tigre paraphraserait bien Gainsbourg et son « je t’aime moi non plus » si ce n’est que les reins de Lily, ce n’est pas le héros qui glisse entre ces derniers. Un peu malsaine, n’hésitant pas à s’asservir pour encore plus blesser, d’un égoïsme qui n’a d’égal que sa beauté, la nina mala fait surtout froid dans le dos.

Par conséquent, on plaint le héros qui s’est entiché d’un cas pareil. Le lecteur veut l’aider au début, et applaudit son inusable combativité pour la retrouver et l’aimer encore plus. Ensuite Le Tigre se demande si celui-ci ne serait pas un brin maso, eu égard les saloper méchancetés qu’il subit. Enfin, on peut passer à la frustration en se disant que c’est tout simplement un looser, un antihéros de seconde zone incapable de se poser deux minutes et réfléchir à ce qu’il poursuit comme chimère.

La souffrance dans l’amour comme leitmotiv, heureusement que le narrateur ne s’apitoie pas sur son sort. En effet, en dépit des passages difficiles et de terribles déconvenues, l’optimisme subsiste toujours. La joie de vivre malgré tout, sympathique.

…à rapprocher de :

– Le héros qui poursuit sa quête envers et contre tout et à qui on aimerait bien dire de tourner la page, c’est aussi celui du roman J’étais derrière toi, de Nicolas Fargues. Moins bon bien sûr.

– Sur Llosa, il y a Éloge de la marâtre, plus court et sans doute meilleur.

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Blain & Lanzac - Quai d'Orsay Tome 2Suite de l’excellent premier opus de Blain et Lanzac, Le Tigre se devait de continuer sur cette voie. Direction les States, avec comme mission empêcher une guerre. Encore un grand moment, dessin et dialogues en pleine harmonie pour faire travailler nos zygomatiques.

Il était une fois…

Arthur Vlaminck, toujours lui, est dans la tempête du Lousdem. Pays ressemblant fort à l’Irak, les Américains veulent lui déclarer la guerre, et ce malgré les avertissements français. C’est pourquoi notre grand ministre compte aller à NYC exposer ses grandes idées.

Critique du deuxième tome de Quai d’Orsay

Encore une petite bombe, rien à dire. Surtout qu’on augmente le format pour dépasser les 100 pages. Même personnages, quelques uns en plus (un chat notamment, à l’origine d’une allergie carabinée chez le ministre), même délires… Seule l’Histoire évolue.

Cette fois ci c’est le Lousdem, état pétrolier que les États-Unis soupçonnent d’avoir des armes de destruction massive. Le flambant Taillard de Worms va partir avec tous ses conseillers au siège de l’ONU pour faire entendre la glorieuse voix de la France. Le pauvre Arthur sera trimballé dans tout ce foutoir, parfois en proie à de sérieux doutes sur l’efficacité de son action.

Diplomatie de bric et de broc, Villepin encore plus jeté, le métier de conseiller où on peut être rapidement mis au placard, avant de se refaire une virginité, la vie intenable menée, la disponibilité 24 sur 24 qui toujours déplaît à la petite amie, et j’en passe.

Du très drôle, des personnages attachants, un vrai petit plaisir. Même si l’admiration de tous envers Taillard de Worms peut agacer, à croire que tous ceux qui le côtoient sont hypnotisés par sa vision (Le Tigre pense au verbe anglais to mesmerize, plus pertinent ici). Vivement la suite.

Thèmes abordés (du moins selon Le Tigre)

Le personnage de Taillard de Worms, qui va vite, trop vite. Les idées jaillissent, se perdent dans les replis de son imagination, réapparaissent, bref le personnage est tout aussi ingérable. A l’image de ses congés, quand il décide d’improviser dans son club de vacances une conférence. Au cours de laquelle bien sûr il créé de nouveaux éléments de langage à reproduire à Paris. Comme le disent certains diplomates, il vaut mieux un ministre qui part dans tous les sens et qui a besoin d’être recadré que l’inverse.

Avec les casseroles que traîne le personnage depuis, il est étonnant qu’il y ait très peu de développements sur la politique intérieure (celle avec un petit « p ») du pays. Lors de la période 2002-2005, il faut garder à l’esprit les luttes de clan, les nombreux coups bas,… Dans ces chroniques, rien que les Affaires étrangères. Dommage. A ce titre, les nombreux parallèles avec l’Empire de Star Wars (dans les deux tomes) est plus que jamais pertinent (en plus d’être cocasse).

La politique, le « Grand Jeu » plutôt, qui ne tient à pas grand chose. Des milliers de vies (civils, soldats) dépendent d’un vote à l’ONU. Ce vote dépendant à son tour (entre autres) de l’action de la France, donc des discours de son représentant. Ces fameux discours, c’est aussi l’art de faire beaucoup de mal à plein de mouches, alors s’il faut composer avec la langue anglaise, ça promet.

…à rapprocher de :

– Même si ce n’est pas obligatoire, Le Tigre vous conseille vivement de commencer par le premier tome.

– Et puis, BD un peu plus vieille, mais tout aussi acide, c’est Le songe d’Atthalie de Louis Le Mutin.

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Blain & Lanzac - Quai d'Orsay Tome 1Beaucoup de bruit autour de la parution de ce premier tome, et à juste titre. C’est juste une petite tuerie, en particulier pour Le Tigre, fin connaisseur de la vie politique française (n’est-ce pas). Humour dévastateur, comique de situation grâce au personnage de Taillard de Worms (de Villepin, n’ayons pas peur de le dire), un superbe moment de lecture.

Il était une fois…

Arthur Vlaminck est un jeune intelligent plein d’avenir. Embauché en tant que « chargé du langage » par le ministre des Affaires étrangères Alexandre Taillard de Worms, il doit écrire ses discours. Assisté du directeur du cabinet du ministre et des innombrables conseilles présents, Arthur affrontera les urgences, le stress et coups bas dans ce fameux ministère.

Critique du premier tome de Quai d’Orsay

Le Tigre s’est rarement autant marré en lisant une BD. Voilà. Le scénario, c’est du vécu, à savoir un jeune naïf embauché (ni issu d’une grande famille ni politicien) qui va suivre le grand Taillard de Worms, nouveau ministre du quai d’Orsay, en lui rédigeant le gros de ses discours.

Je ne vais pas tourner autour du pot ni vous livrer le nom de tous les protagonistes, ce n’est pas difficile de reconnaître le grand Villepin , ni certains conseillers. Le Villepin, justement, c’est un peu le centre de cette BD, du grand art : survolté, en verve totale, souvent difficile à contrôler, partant dans des discours qui vite atteignent le firmament de la pensée la plus pure (du moins il est ainsi présenté), le personnage correspond à l’image que j’aurais pu me faire de lui.

Horaires et boulot difficiles, surtout avec un patron aussi proactif. Petites (voire grandes) saloperies entre service, des heures à peaufiner un discours sans cesse remanié, les relations avec les journalistes, les autres politiciens, les artistes, c’est plus vrai que nature. Et drôle en plus : certains personnages sont d’un savoureux (le ministre en tête) c’en est trop. Dialogues, discussions à bâtons rompus, on frise le vocabulaire de corps de garde.

C’est d’autant plus fun que le dessin s’accorde superbement aux personnages et à l’environnement. Architecture exagérée, grands espaces qui renforcent la solitude des personnages. Mais avant tout le Villepin tout en mouvement (père et fils) : gestes amples du bras, déplacements dignes d’une locomotive à vapeur, que dis-je, d’une fusée ! Superbe.

Thèmes abordés (du moins selon Le Tigre)

La vie politique. Trop réel comme BD. Et c’est aussi pourquoi c’est assez flippant, quand on voit comment ça peut se passer dans un ministère régalien. Les discours, oh mon dieu : le père de De Villepin qui cherche à mettre son grain de sel, l’ami poète qui veut à tout prix placer un de ses bons mots, les auteurs grecs qui sont d’inépuisables sources d’inspiration pour le ministre, que du lourd. Et sur la technologie, oh mon dieu aussi : le service de communication qui accuse deux décennies de retard, ou encore l’impression des rapports plus qu’hasardeuse. Hilarant.

Le travail, corps et âme. Le naïf Arthur ne s’imaginait sûrement pas passer des nuits à manier et remanier des discours, parfois modifiés toutes les heures selon l’humeur du propriétaire des lieux. Bien sûr toutes ces escapades nocturnes ne plaisent pas à sa petite amie. Si en plus on ajoute quelques voyages fort stressants, on comprend que les gens qui y travaillent prennent rapidement le pli, et aient souvent l’air lessivés.

…à rapprocher de :

– Le tome 2 s’en sort très bien également. Quid du troisième ?

– La politique dans tous ses états, Le Tigre pense à quelques romans où le politicien est tout en excès. Les San-Antonio, par exemple.

– Un film est sorti. Avec Thierry Lhermitte dans le rôle principal. Gnnneiiinn ???

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Kenzaburô Ôé - Le faste des mortsVO : Shisha no ogori. Ôé a eu le prix Nobel, Le Tigre ne le répètera jamais assez. Folio aime rassembler ses nouvelles sur des thèmes assez proches, de qualité souvent disparate. Ici, la violence de la jeunesse. Style sombre et parfois glauque, sur fond de perversions morales en tout genre, rien d’optimiste. Hélas sur plus de 200 pages seule une nouvelle sort du lot.

Il était une fois…

Trois nouvelles, encore trois (très) petits paragraphes.

Première nouvelle, très vite zappée. D’où la catégorie « non terminé ». Désolé.

Deuxième nouvelle : une personne subit une domination écrasante et d’ordre sexuel dans un environnement glacial.

Troisième : un jeune, profondément manipulé et basculant vers la droite extrême japonaise.

Très court je l’admets, mais nul besoin de raconter toute l’histoire.

Critique du Faste des morts

Chose curieuse, et à l’inverse du roman Dites nous comment survivre à notre folie, le rythme et la qualité des nouvelles vont dans un ordre croissant. Cet ouvrage peut être acheté rien que pour la troisième, voire la seconde nouvelle.

La première nouvelle, comme je l’ai dit, aucun intérêt à mon sens. Perte de temps inutile, surtout qu’il faut s’accrocher pour comprendre ce qui se passe. Quant à la deuxième, pas évidente à saisir non plus et immensément équivoque : les descriptions érotiques mâtinées d’humiliation peuvent mettre mal à l’aise, d’autant plus que le style est très loin de ce qu’on trouverait dans une bibliothèque rose.

Toutefois, le meilleur reste pour la fin. Le dernier récit est une petite tuerie : 75 pages sur un jeune homme de 17 ans qui bascule lentement mais sûrement vers l’ultra nationalisme nippon. Sa vie de tous les jours, immensément glauque, est rendue par Ôé non sans une certaine maîtrise. Très bon, style impeccable.

Vous l’aurez compris, le dernier texte est le fil conducteur de ce bouquin. En outre, Le Tigre croit savoir que la suite n’a jamais été publiée à cause de menaces provenant de l’extrême-droite.

Thèmes abordés (du moins selon Le Tigre)

Pour avoir quand même jeté un œil (certes sévère) aux deux récits, un thème central se dégage facilement du Faste des morts. Il convient d’abord de relever la date de parution au Japon de son œuvre : fin des années 50, l’auteur n’avait même pas 25 ans. Une telle maturité dans les récits est remarquable, surtout sur des sujets aussi graves. Hut ab !

Le Tigre ne sait pas à quoi ressemblait la vie du jeune Ôé au cours de ses 20 ans, mais le rendu littéraire de cette époque laisse penser que ça n’était pas la joie. Mort, extrémisme, humiliation, domination tant sexuelle que par des groupuscules politiques, tout cela est fort malsain et profondément pessimiste sur l’état du monde en devenir.

…à rapprocher de :

Dites-nous comment survivre à notre folie, même auteur. Trois nouvelles, deux qui sont plus que sympathiques.

– La dernière nouvelle, avec les travers du Japon vus par un jeune en perte de repère, le vocabulaire fait penser à un auteur plus « réactionnaire », namely Mishima et son très Le Japon moderne et l’éthique samouraï. Pour se mettre à la place de l’extrême-droite.

Enfin, si votre librairie est fermée, vous pouvez trouver ce roman via Amazon ici.

Kenzaburô Ôé - Dites nous comment survivre à notre folieVO : Warera no kyōki wo ikinobiru michi wo oshieyo. Kenzaburô Ôé doit être un grand auteur, pour avoir reçu en 1994 le prix Nobel il faut avoir un certain talent. Lire quelques nouvelles du Japonais permet de se faire sa propre idée, dont acte. Sur trois nouvelles dans cet ouvrage, une pépite. Captivant, un peu sombre, Ôé est à part et mérite d’être lu.

Il était une fois…

Trois nouvelles, traitant de sujets fort différent :

Gibier d’élevage : Un GI black est retenu prisonnier dans un petit village japonais. Sa présence, extraordinaire, va laisser une certaine impression aux habitants de ce petit bourg perdu dans les montagnes.

Dites-nous comment survivre à notre folie : un père essaie d’être le plus proche possible de son fils handicapé (certainement à cause des répercussions d’Hiroshima).

Le jour où l’empereur daignera essuyer ses larmes : Le Tigre ne sait pas de quoi parle la dernière nouvelle, n’ayant pas eu le courage de la poursuivre. D’où la catégorie « non terminé ».

Critique de Dites nous comment survivre à notre folie

Chose curieuse, et à l’inverse du roman Le faste des morts, le rythme et la qualité des nouvelles vont dans un ordre décroissant. Cet ouvrage peut être acheté rien que pour la première, voire la seconde nouvelle.

La première nouvelle, sur les répercussions de la présence d’un prisonnier GI dans un petit village japonais est tout bonnement géniale. Un jeune enfant, qui n’a jamais vu d’étrangers de sa vie, encore moins une personne de couleur noire, appréhende l’Américain comme une curiosité, et au fil des pages des liens complexes se créent entre les protagonistes.

La seconde nouvelle, où entre en jeu un fantôme, est réellement surprenante. Par rapport au titre on ne peut s’attendre à de tels développements, sans compter que la fin est émouvante comme tout.

La troisième et dernière est néanmoins incompréhensible. Sans doute Le Tigre n’a pas eu la patience d’entrer dans le jeu de l’auteur, laisser les mots constituer un impact cohérent dans mon cerveau. Quoi qu’il en soit, je me suis lâchement arrêté au tiers. Je n’exclue pas de reprendre ce récit plus tard.

Le style est pour le moins déroutant : les nombreuses métaphores côtoient des termes simples, précis voire crus (notamment quand le GI est décrit dans ses actes de toilette quotidiens). C’est comme si notre cerveau n’était pas habitué à une telle prose, et c’est diantrement séduisant. Ôé, qui a intensivement étudié les autres occidentaux, n’a pas perdu de son style original.

Chapeau à la traduction, qui est notamment parvenue à rendre un peu moins illisible que ça l’était dans la version originale la dernière nouvelle. Pas assez hélas.

Thèmes abordés (du moins selon Le Tigre)

Pour autant que je me souvienne de l’œuvre, un seul thème daigne se présenter ici. Je pourrai également parler de l’auteur, dont l’histoire est poignante (notamment la naissance d’un fils handicapé dans les années 60) est a beaucoup conditionné son œuvre, mais d’autres sites le font mieux que moi.

Le texte qui m’a profondément marqué est sur la présence du soldat US, qui représente pour les habitants un « niveau » d’altérité extrême. Les protagonistes gravitant autour du prisonnier passent par beaucoup de stades qu’on imaginerait lors d’une « rencontre du troisième type « (superbe film au demeurant). Peur, curiosité, amusement, communication déficiente, coopération, violence, Ôé a fait de cette histoire un texte touchant sur la notion de tolérance et sur l’absurdité de la guerre.

…à rapprocher de :

 – Le faste des morts, du même auteur. Écrit dans sa toute prime jeunesse, trois nouvelles à nouveau.

– L’essai Notes de Hiroshima, passage quasi obligé pour tout lecteur « nippophile » qui se respecte. Même auteur également.

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VO : idem. Kem Nunn - Tijuana Straits10/18 planche (jeu de mots attention !) sur le petit nouveau (moins ancien du moins) de Kem Nunn. Le Tigre a été bluffé : longueur du roman parfaite, histoire crédible et triste, mais surtout maturité accomplie de l’auteur qui nous offre un sombre conte. Rêve latino-américain brisé sur fond de pollution des corps et des esprits, le meilleur de Nunn.

Il était une fois…

Tijuana, Mexicali, frontière latino-américaine. Deux histoires qui vont se télescoper. Magdalena d’abord, qui travaille pour une avocate mexicaine et tente de traîner en justice une société américaine qui pollue la région. A cause de ça, des personnes sont extrêmement malades, à l’image d’Armando, qui cherche à tuer la jeune mexicaine parce qu’elle a accueilli sa femme dans une institution pour jeunes mères.

Sam Fahey, ensuite, éleveur de lombrics dans sa petite ferme héritée d’un père abject, qui va trouver sur la plage Magdalena, enfuie à la suite d’une tentative d’assassinat. Le destin de nos deux amis est sur le point de basculer…. Le Tigre aime finir sur un cliché.

Critique de Tijuana Straits

Les deux derniers romans de Nunn m’ont laissé une impression bizarre : le premier est court et dense, pas très développé peut être. Le second, trop long (jusqu’à me perdre parfois). Pour Tijuana Straits, j’ai été agréablement surpris : moins de 400 pages, pour une histoire touchante et terriblement amère.

Le fil du roman tourne autour de la frontière entre le Mexique et les EUA : usines (les fameuses maquiladoras) distillant leur poison dans l’environnement ; ouvriers abrutis par les produits chimiques qu’ils côtoient ; et une jeune et belle femme souhaitant y mettre un terme. De l’autre côté, un ancien surfeur qui vivote de vermiculture (j’ai beaucoup appris sur la gestion du compost d’ailleurs) et tombe sur cette Magdalena qui a besoin d’aide. Ce qui ravive de terribles souvenirs.

Le gros « bon point » de cette œuvre, c’est que Nunn semble avoir une vitesse de croisière rédactionnelle assez efficace : profondeur des personnages et des descriptions correctement dosées, j’ai vite été dans le bain. Quant aux passages sur Armando ou la famille de Fahey, ceux-ci sont poignants et permettent surtout de « démanichéiniser » (oh là pas joli ce barbarisme) les personnages.

Pour une fois, la fin (même avec ses moments bien convenus) peut surprendre, sauf à considérer qu’il s’agit toujours de repentance. Une bonne évolution de Nunn dans l’ensemble, aussi ne pas lire les anciens romans ne serait pas sacrilège.

Thèmes abordés (du moins selon Le Tigre)

Petit mot rapide sur le surf. Kem Nunn en est dingue, cela semble bien avéré. Première bande, troisième bande (on parle d’endroits dans le rivage), gestion minutieuse de la météo, localisation précise à partir de repères terrestres, petits noms que les amoureux du sport se donnent,… Les bons surfeurs ne sont pas que des riders, aussi d’excellents marins en général, à l’aise dans toutes les disciplines ayant trait à la mer. Vision idyllique de la planche, livrée qu’à travers les souvenirs du héros hélas.

La trahison mâtinée de culpabilité. Le petit Sam Fahey porte un secret pas glorieux, même si au premier abord il ne semble y être pour rien. Son père a agi comme un vrai sagouin. Non content de rater ce qu’il entreprend, il a copieusement trahi ceux qui lui ont porté leur confiance. Et ça paraît, selon l’adage « le fruit ne tombe jamais loin de l’arbre », rejaillir sur Sam. C’est le poids de ce passé qui en partie explique le recours à l’alcool et aux médicaments, voire quelques drogues bien plus dures.

…à rapprocher de :

– Pour le surf, ça vaut le coup de lire les premier et second (plus long) romans de Kem chez Folio Policier.

– Le surf à l’honneur, c’est surtout Respire, de Tim Winton. Attention, pépite littéraire.

– L’enfer de la frontière californienne entre le Mexique et les States, c’est aussi Satan dans le désert, du sieur Teran. Bien plus sombre, achtung !

– La présentation du héros est celle d’un homme sous méthamphétamines, et ce pour poursuivre quelques chiens sauvages. Pour avoir une idée du produit, rendez-vous sur cet essai.

– L’ambiance des mexicanos totalement barrés et souhaitant qu’on chante leurs exploits en chansons, sans compter les autels dressés en leur honneur, c’est un peu le cas du héros de la série Breaking Bad (quasiment malgré lui).

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