Moussa Konaté - L'empreinte du renardSous-titre : meurtre en pays dogon. Direction le Mali, plus précisément chez les Dogons, peuple ici déroutant pour un enquêteur venu de Bamako. Konaté est un conteur de premier choix au style simple et enchanteur, et le voyageur Tigre qui n’a pourtant pas mis le pied dans ces contrées a dévoré en une petite journée ce titre.

Il était une fois…

Tout commence par un affront fait à un jeune homme par son meilleur ami. La seule solution qui semble se profiler est un combat à mort en haut de la falaise. Et ça ne se passe vraiment comme prévu. Ensuite, tout part en sucette : plusieurs individus décèdent de façon très bizarre, leurs corps dont le sang est noir sont retrouvés boursoufflés. Il est temps pour la capitale de dépêcher le commissaire Habib, accompagné de son inspecteur Sosso, afin de savoir ce qu’il en est. Sauf que la population dogon est loin d’etre coopérative…

Critique de L’empreinte du renard

Conseillé par un fervent lecteur du Tigre, j’étais d’autant plus disposé à lire Moussa Konaté que ma bibliothèque africaine est extrêmement pauvre. Et ce fut une expérience très satisfaisante, même si le début fut pour moi délicat. En effet, à l’instar des Immortels d’Amit Chaudhuri (cf. infra), j’ai eu le plus grand mal à savoir qui était qui. Et, plus important, si c’est une fille ou un garçon. Yadjè, Kansaya, Nèmègo, Yakomoro, Yalèmo, voilà des prénoms que le lecteur occidental mettra hélas un certain temps à s’approprier.

L’histoire prend un certain temps à s’animer, les chapitres assez courts et un nombre de protagonistes « stabilisé » aident à garder l’intérêt du lecteur éveillé. On pense que le commissaire et ses comparses mènent leur enquête tranquillement autour de Mopti, mais en trois-quatre jours c’est déjà bouclé ! Même si le modus operandi des meurtres, logique, m’a semblé plus que tirée par les cheveux. Sans spoiler, il sera, comme souvent, question de fric. Mais pas que…

Quant au style, je vais me permettre l’adjectif « rafraichissant » : l’écrivain malien ne s’embarrasse ni de savantes tournures de phrases, ni de termes pompeux. Il va droit au but, comme certains personnages rencontrés qui sont nettement plus funs que leurs homologues français. Néanmoins, de temps à autre, j’ai eu l’impression que certains passages laissaient une légère saveur de déjà-vu.

Au final, un bon petit (dans le sens de court) roman grâce auquel Tigre a appris pas mal de choses. En vrac : les croyances Dogon (Amma, la divination par les traces de pas des renards, d’où le titre), les antagonismes entre groupes (Musulmans, Peuls) ou encore quelques savantes techniques pour supprimer une personne…

Thèmes abordés (du moins selon Le Tigre)

Comme l’annonce le quatrième de couverture, ce roman traite bien de la difficulté à concilier la modernité (l’occidentalisation depuis la colonisation en fait) et la tradition presque millénaire des Dogons. Le héros, Habib, représente le droit et la « standardisation » venant de la capitale, et malgré l’aide des autorités policières locales (notamment à Biandagara) il sent que le pays où il doit enquêter n’en a rien à foutre de son autorité. Comment alors faire respecter les lois du Mali ?

Pour cela, le protagoniste principal saura s’adresser avec toutes la finesse et la délicatesse nécessaires pour ne pas trop vite froisser. Mieux, il acceptera temporairement considérer l’univers onirique et mystérieux de ce peuple. Et ça devient alors très prenant, cette approche au sein d’un paradigme nouveau. Seulement, le dénouement laisse la place à la logique policière la plus basique, avec des motivations et des crimes qui n’ont plus rien de magiques. Le rideau tombe, en quelque sorte.

…à rapprocher de :

– La magie, la tradition millénaire, j’ai souvent pensé à Kangouroad Movie, de A.D.G. Polar plus dense en milieu aborigène.

– Les lois de l’État face aux us locaux, avec en sus la description d’un peuple opprimé, c’est Le sabot du diable, de Nunn.

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Chatel & Crémoux & Garnier - Lili chez les Tops ModelsAttention, petit bijou ! Un vrai de vrai, une pépite de mauvais goût qui est parvenue à presque tout foirer dans le domaine de la bande dessinée. Histoire improbable même si ça aurait pu être pire, illustrations qui piquent les yeux, en fait les mots me manquent. L’espiègle Lili est définitivement décédée avec cet opus, c’est bien dommage.

Il était une fois…

Je vais résumer de A à Z cette BD, pour d’une part prouver que je l’ai bien lue, et d’autre part éviter à le refaire dans la partie suivante. Vous pouvez sauter ces deux résumés pour passer à la virulente critique :

Lili croise sa copine Dondon qui l’introduit en moins de deux auprès de Jean-Paul Gaultier qui l’engage illico comme assistante. [J’aurais du me méfier à ce moment]. Le célèbre couturier est dans une merde noire, tous ses modèles se barrent (il n’engage que des femmes rondes) et quelques actes de sabotage menacent son défilé. Parallèlement, le professeur (de philo) Minet est furieux contre Jipé et s’apprête à « sauver » Lili. Mais il se fait retourner par le talent du créateur qui l’emploie comme conseiller historique pour sa nouvelle collection. [deuxième alerte].

Pendant ce temps, la couz’ de Lili, Julia de Saint-Herbu (qui est sur le point de contracter un mariage très lucratif), assistée de la très vilaine Bianca Viperina, va tout faire pour pourrir le défilé de Jean-Paul. Les deux langues de putes ont des méthodes peu orthodoxes,  mais c’est sans compter l’espiègle Lili qui a plus d’un tour dans son sac. Ah, j’oubliais de parler de Madonette, star américaine qui débarque à Paris et tombe sous le charme de Monsieur Minet. [là c’est trop].

Critique de Lili chez les Tops Models

Mais pourquoi faut-il résumer un tel ouvrage, et pour le descendre gratuitement ? Cela fait des années que Lili chez les Top Models s’est extirpé de la chambre d’une des sœurs du Tigre pour squatter les WC, et il m’est arrivé dans de grands moments de solitude de le parcourir. Par curiosité. Pour toi cher lecteur, je l’ai lu d’une traite. Ai encore mal.

Le scénario part dans tous les sens et est un tantinet excessif. « Jean-Paul Gaultier héros de BD ! », annonce certes la couverture, mais entre JPG et Lili y’a comme quelque chose qui ne colle pas. En outre, certains individus débarquent de nulle part grâce aux connexions de l’héroïne tandis qu’on se demande à quoi servent d’autres (notamment Dan qui brille par son manque de charisme). Et grâce à cet objet littéraire Le Tigre a inventé un mot valise : le scénanard.

Le dessin, enfin, justifie le mot-clé « hilarant » que j’ai attaché à ce billet. A se taper sur les cuisses tellement c’est parfois mal illustré. Personnages qui, lorsqu’ils ne présentent pas le même faciès, sont aussi expressifs que des gardes du corps turkmènes. Mais c’est surtout la conception de la perspective de l’illustratrice qui m’a étonné. Il ne semble pas y en avoir : gribouiller en plus petit en fond d’écran ne suffit pas à donner l’impression d’une troisième dimension. Tigre a souvent cru à un collage d’écolier. Dommage, si on admet que certains décors tiennent bien la route (rues de Paris ou les déguisements pour le défilé).

Dernier exemple puis Tigre s’en va pleurer : je ne pensais pas que cela pouvait être faisable dans une BD, mais à la page 33 il y a d’impressionnants faux-raccords. Un dîner est organisé, et d’une case sur l’autre la disposition des convives est distribuée aléatoirement. Et comme quelques protagonistes se ressemblent, j’ai abandonné toute idée de comprendre les dialogues.

Thèmes abordés (du moins selon Le Tigre)

Le monde de la mode. Déjà, la première question qui me brûle les lèvres : mais qu’est-ce qui a pris Gautier de se foutre dans cette galère ? Parce que les auteurs remercient chaleureusement le gus (et la S.A. qui gère ses droits) pour avoir permis cette histoire. Résultat, tout est à la gloire du couturier, et comme les autres n’ont pas dû accorder la licence seuls leurs noms changent, à l’instar de Kanin Klein ou Karl Lefil. L’ennemi ultime semble être le vilain Chinois qui copie tous les styles à bas prix, caricature aussi éhontée qu’involontairement drôle. Déjà que la mode, c’est pas franchement le truc du Tigre (dixit ma copine, comme un reproche), alors si en plus c’est mal abordé…

Au final, je ne veux pas que vous pensez que je n’aime pas Lili, figure aussi connue qu’à la vie exceptionnellement longue. Car depuis le début du 20ème siècle la miss a ravi un joli paquet de lecteurs, surtout pendant les années 50. Sauf que ce reboot de 1996 s’est planté sur toute la ligne. Je n’ose imaginer la tête des lectrices des années 50 quand elles ont tenu cette chose entre leurs mains. Quant à la nouvelle génération, et bah entre ça et un manga ou les aventures de Picsou, le choix est vite fait.

…à rapprocher de :

– Deux ans après, l’espiègle Lili a récidivé dans Lili à Chérie FM. Je subodore le navet de premier choix, or ne le trouve pas. Si une âme charitable veut me l’envoyer, je suis preneur.

– Sur ce genre de catastrophe, je ne peux penser qu’au film Ghost Rider, dans le style « reboot ciné ». Ou Daredevil avec le très expressif Ben A., j’ai failli l’oublier celui-ci.

Ed Brubaker - Catwoman T3 : Sans répitVO : Relentless. Catwoman Secret Files #1 et Catwoman #12-19. Je voulais tester s’il était possible d’apprécier un comics en prenant un tome au pif. Et bah oui, c’est drôlement bien pensé de la part des auteurs. Catwoman dans de sales draps et affaiblie (regardez rien que la couverture), c’est assez prenant et rondement mené. Hélas le dessin n’est pas vraiment mon style.

Il était une fois…

Selina Kyle se remet à peine de ses aventures précédentes au cours desquelles la féline a volé les diamants de la pègre qui était en cheville avec pas mal de ripoux. Elle utilise l’argent indûment gagné pour aider East End, un quartier mal famé de Gotham City où elle a grandi. Hélas le volé, Black Mask, lui en veut à mort et va s’attaquer à elle et ses proches.

Critique de Catwoman T3 : Sans répit

Ed Brubaker qui présente Catwoman, c’est comme Grant Morrison qui présente le Batman. Et, à l’instar de Bruce Wayne, Tigre n’a pas eu besoin d’avoir lu les deux opus précédents pour comprendre de quoi il retourne. J’ai été certes aidé par l’éditeur qui présente, en préface, intrigue et protagonistes.

Le bon point : le scénario. Même le touriste ès comics arrivera à prendre le wagon en marche (référence à un des exploits de miss Kyle) et comprendre que le méchant, Black Mask, va retourner le quartier pour faire le plus de dégâts possible à l’héroïne aux cheveux bruns. Quelques nouveaux protagonistes apparaissent (notamment la pétillante Sylvia), et grâce aux flashbacks disséminés Tigre a su sur quel patte danser. Batman fait une unique apparition (contrairement à Bruce Wayne, plus présent), telle une figure paternelle, comme pour rappeler que c’est bien lui le penchant sombre de Gotham. Ni Joker, ni Double face, ni…seul Pingouin le temps d’une planche.

Le mauvais point (à mon sens hein) : les illustrations. Cameron Stewart est dans une veine que je qualifierais à mi-chemin entre la ligne claire (style Tintin empâté) et le cartoon un peu grotesque. C’est facile à suivre, toutefois il y a comme un manque de « monumental » et d’ambition dans les planches. A la limite, j’ai préféré le dessinateur Javier Pulido qui intervient en seconde partie et propose un travail plus dépouillé, moins probable mais assez onirique (avec des couleurs parfois proches de l’aquarelle). En sus, Catwoman est bien moins bandante qu’avec d’autres auteurs (cf. infra).

Au final, un travail correct mais qui n’arrive pas à la hauteur des aventures du Chevalier noir. Comme si ce qui ne concerne pas le Batman n’était pas digne d’être aussi torturé et malsain.

Thèmes abordés (du moins selon Le Tigre)

Les traumatismes occupent une jolie place dans Sans répit. Y’a de quoi ouvrir un très lucratif cabinet de psy avec les protagonistes. Selina K. qui voit ses proches attaqués à cause d’elle, elle en est à éteindre sa culpabilité par de jolies cuites. Holly Robinson, obligée de commettre l’irréparable pour sauver la femme-chat. Ancienne droguée, retombera-t-elle dans ses anciens travers ? Fin du fin, la sœur même de Catwoman, dont le mari est kidnappé. Je n’en dirai pas plus, il faut seulement savoir que ça se termine très mal du côté de la petite famille.

L’héroïne se sent alors responsable et a du mal à tisser de nouveaux liens. C’est le sujet même, à partir de la page 120 environ, des saynètes qu’Ed Brubaker nous offre. Le narrateur devient de temps à autre Slam, son petit ami du moment, qui a grand mal à gérer la relation qu’il a avec la belle Selina. Elle-même ne sait pas trop où elle en est, bref c’est presque pire qu’une première histoire d’amour de collégiens.

Dernièrement, l’art du vol dépasse le cadre de la seule Catwoman. Déjà c’est un larcin qui fout le bordel initial, mais d’autres continent dans cette voie. Je pense aux enfants du quartier d’East End, recrutés par « Mama » qui leur apprend les ficelles du métier. Selina en fut d’ailleurs. Or ces mioches, aujourd’hui, on repris du service et donnent à la police (entre autre) pas mal de fil à retordre.

…à rapprocher de :

– Le premier opus s’intitule D’entre les ombres, suivi de Dans les bas-fonds avant de se poursuivre (quatrième tome donc) par L’équipée sauvage.

– Sinon, Tigre a lu d’autres aventures de Catwoman, par Winick & March. La règle du jeu, La maison de poupées et Indomptable, plus sombres. C’est de pire en pire est hélas. Batounet y est plus présent. Je ne parle pas de Darwyn Cooke (certes à la base du présent billet) et son Catwoman, celui-ci me semble plus confidentiel.

– D’Ed Brubaker, Tigre a été déçu par Scene of the Crime (lu en anglais). Fatale (premier tome uniquement lu) est bien mieux.

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James Sallis - BluebottleVO : idem. Encore une nouvelle de Lew Griffin, j’aurais sans doute dû me familiariser ailleurs avec le héros. Racisme ambiant, mafias locales impitoyables, bref la Nouvelle-Orléans comme on ne l’a jamais lue. Malgré un début stylistiquement inquiétant Tigre a été plutôt content en refermant ce bouquin.

Il était une fois…

Lew Griffin en prend décidément plein la gueule. Il prenait un verre tranquillement avec une jeune femme, et puis en sortant une balle lui explose une partie du crâne. Après quelques jours de coma, le voilà sur pied, mais passablement handicapé (à un moment il perd la vue). En sus ses souvenirs sont difficiles à reconstituer, et répondre à de triviales questions est difficile : pourquoi a-t-il été flingué en sortant de ce bar ? Était-ce lui la cible ? Où est passée la jeune femme qui l’accompagnait ?

Critique de Bluebottle

Quand je me suis procuré Bluebottle, je ne connaissais rien de James Sallis. Acheté au pif (cela arrive au Tigre plus souvent à lui qu’à son tour), et sur la première moitié du roman j’ai regretté ce choix. Mais vraiment. Parce que débarquer avec un héros (le détective privé ex-flic Lew amoureux d’une femme qui a du mal avec ce métier) dont on ne sait rien et dont les souvenirs erratiques font que le lecteur est totalement largué.

Et puis ça se décante. Une fois que le héros retrouve la vue, se remet en selle, ça dépote un peu plus. Le roman prend une tournure plus « policière » avec quelques enquêtes dont doit se charger Mister Griffin. Rechercher un auteur disparu, savoir qui était la femme avec qui il avait pris un verre avant l’accident, aider un ponte de la mafia à retrouver du fric, protéger un homme de ses voisins, tout est mené de front avec une cohérence satisfaisante. Et bien évidemment tout se rejoint progressivement.

Sur le style, à part donc le début où j’ai eu la plus grande peine à ne pas bailler, Sallis parvient à créer un univers presque intemporel et doux-amer. On ne dirait pas que ça a été écrit à la fin des années 90. Ni cliffhanger à la fin de chaque chapitre, ni rythme effréné, l’auteur prend son temps et n’hésite pas à offrir quelques flashbacks (hélas pas toujours évidents à repérer). Paradoxalement, c’est quand tout s’accélère sur le dénouement que j’ai été déçu que ce soit déjà fini. Il y avait comme un arrière-goût de bâclage, or il n’en est rien (c’est juste que 220 pages, c’est bien court). A lire rien que pour l’ambiance, et les belles descriptions, notamment culinaires.

Thèmes abordés (du moins selon Le Tigre)

Le héros, Lew Griffin, fait preuve d’une sensibilité qui le rend assez attachant. Gros dur alcoolo sur les bords et qui sait se battre, mais l’épisode en mode « aveugle » est rendu avec une grâce qui détonne par rapport aux thèmes des enquêtes. Plus attentif aux sons et odeurs, c’est un petit festival de sensations et de références musicales (et poétiques, des passages entiers de Langston Hughes sont livrés) qui ont laissé Le Tigre rêveur. Et c’est grâce à cela que j’ai dépassé le premier tiers du roman.

Les extrêmes. Le protagoniste principal met la main sur le manuscrit d’Amano, l’auteur disparu. Et ce qu’il lit (quelques chapitres sont rendus tels quels dans le récit) est fort intéressant. Sombre également, puisqu’on y voit un homme qui d’abord traîne (pour son article) avec des Blancs déclassés et fascisants avant de faire corps avec leurs causes. C’est un envers du décor américain glaçant, fait de considérations politiques racistes et très « southern », c’est-à-dire anti-gouvernement fédéral, pro armes, etc.

…à rapprocher de :

– Les enquêtes de Lew Griffin sont nombreuses, jugez plutôt : Le Faucheux, Papillon de nuit, Le frelon noir, L’œil du criquet,…. Mais vais sans doute m’y mettre.

– Sinon, le héros fait quelques références aux romans de Chester Himes. Pour ma part, La reine des pommes m’avait laissé un agréable souvenir.

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Dupuis - La Seconde Guerre mondiale : U BooteOpus d’une belle série publiée au milieu des années 80, voici de quoi donner envie à tout lycéen de réviser la Seconde Guerre mondiale. Dessin correct avec des couleurs pas si fadasses, on sent que l’auteur s’est longuement renseigné avant d’attaquer son sujet. Tigre, grand lecteur de Clausewitz, a apprécié cette odyssée contemporaine.

Il était une fois…

U Boote se propose de retracer l’histoire militaire de la Seconde Guerre mondiale dans les mers, en particulier la très méconnue bataille de l’Atlantique (qui est un prolongement de la bataille d’Angleterre). Lutte sous-marine effrénée dès l’année 41, et ce jusqu’à la fin de 1944, c’est tout un pan de la WWII que Tigre connaissait mal qui fut à ma portée.

Critique de La Seconde Guerre mondiale : U Boote

Hé hé. Tigre a retrouvé tout un vieux tas de bandes dessinées cachées sous son antique collection de Charlie Mensuel, dont une demi-douzaine de titres de Pierre Dupuis, qui avait notamment versé dans l’érotisme. De cul il n’est point question ici, mais de guerre. Et la plus connue du XXème siècle.

Dupuis a voulu mêler de grande cartes stratégiques (le fameux « trou noir » justifie une belle carte de l’Atlantique) avec de fréquents zooms sur la vie des sous-mariniers. A cela on peut ajouter quelques récits poignants sur les difficultés rencontrées par les équipages, il ne fallait pas être claustrophobe dans ce métier. Pour une fois chez Dupuis, le lecteur sera content de remarquer que l’auteur / illustrateur s’est cantonné au théâtre d’opérations du monde sous-marin, que ce soit dans l’Atlantique, la méditerranée (avec quelques liens vers d’autres albums de l’auteur) ou même le Pacifique.

Quant aux illustrations, la ligne claire franco-belge est toujours au garde à vous. Que ce soient des bâtiments submersibles, insubmersibles en théorie (je parle autant des navires militaires que civils), voire des avions, le père Dupuis maîtrise correctement son sujet et livre des croquis dignes d’un livre d’histoire miliaire. Sur les protagonistes, difficile de ne pas reconnaître les ceux bien connus (Churchill, le vilain Hitler, le très éthique Dönitz, etc.) ou songer à Buck Danny en voyant tous ces avions et bâtiments marins guerroyer dans tous les sens.

En guise de conclusion, faut avouer que cette saga est toujours aussi réjouissante. Et dans cet opus encore plus que les autres, le texte occupe une place prépondérante. Du vieux daron porté sur l’Histoire au cancre de collégien qui veut apprendre sans se fouler, tous peuvent trouver leur compte dans ce lointain (dans l’espace) épisode de la Seconde Guerre mondiale.

Thèmes abordés (du moins selon Le Tigre)

Les erreurs stratégiques de l’Allemagne nazie sont, une fois de plus, pointées du doigt. Et là il s’agit d’un aspect de cette guère qui reste relativement méconnu, on peut apprendre un tas d’anecdotes. Le nombre de tonnes (en centaines de milliers) coulé chaque trimestre par les U Boote, ces chiffres mis en relation par rapport à la production des Alliés en terme de tonnages, ou encore la taille des forces en présence. D’ailleurs le gros Adolf a commis une bourde (une de plus) monumentale en décidant d’éparpiller la flotte sous-marine dans trois théâtres d’opération. Avec en sus les radars U.S. et anglais plus performants, ce fut presque une séance de tir aux pigeons.

De façon encore plus prononcée, la dureté de la guerre et certaines conventions guerrières sont ici abordées. Il est souvent question du sort de populations civiles lorsque les sous-marins ont connement torpillé un bâtiment qui n’a rien de militaire. Et entre les boches qui accueillent (parfois à reculons) des dizaines de naufragés et un avion amerloque qui décide de bombarder le sous-marin, y’a pas un camp pour rattraper l’autre. A signale, en fin de BD, l’amiral Horzbach qui refuse d’embarquer un dignitaire nazi (un chef de la Gestapo) et jette le trésor de guerre du criminel en pleine flotte.

…à rapprocher de :

– De Dupuis, il y a en tout dix BD sur la Seconde Guerre mondiale (hélas Tigre en a que six en sa possession). Les voici dans l’ordre : Blitzkrieg, Dunkerque, La Bataille d’Angleterre, La Résistance, Moscou, Stalingrad, Vers la victoire, Afrika Korps, Banzaï!, Forteresses volantes et enfin Overlord.

– Sinon, pour un gros pavé complet et édifiant, le très sachant Antony Beevor et sa Seconde Guerre mondiale forcent le respect.

Loeb & Lee - Batman : SilenceVO : Batman: Hush. Batman #608-619. Pas mal du tout. Vraiment. En plus de présenter un nouveau personnage qui inquiète en plus d’avoir plein de vilaines idées derrière la tête, on en saura plus sur Bruce W. et une partie de son passé, et de son probable avenir avec la jolie Catwoman. Illustrations comme je les aime, rien à redire dans l’ensemble.

Il était une fois…

Batman fait face à un mystérieux vilain (Silence de son doux nom) dont le visage semble être enroulé par du papier toilette. Et ce nouvel ennemi semble bien manipuler les méchants habituels qui ne se comportent pas comme d’habitude. En outre, l’homme chauve-souris, grièvement blessé, a retrouvé un vieil ami d’enfance en la personne de Thomas Elliot. Chirurgien émérite et compagnon de jeu du jeune Bruce, hélas Silence a des visées meurtrières sur Elliot. Qui est derrière ce masque ?

Critique de Batman : Silence

Retour aux basiques, avec un comics sorti en 2002 et reprenant un bon paquet des éléments fondateurs de Batou, tout en innovant sur les relations que peut entretenir le héros avec ses proches.

Le scénario est ficelé comme il se doit, et j’ai été surpris du suspense que Loeb est parvenu à distiller dans cette BD. Poison Ivy, Killer Croc, le Joker (et sa petite amie), Double Face (qui semble revenir à la raison), on s’aperçoit que tous ces individus agissent pour le compte d’une autre puissance qui embrouille les cartes. Toutefois j’ai vécu les révélations finales comme un touriste : sans spoiler je ne m’attendais pas à ce dénouement, et l’implication finale du dernier vilain m’a paru être exagérée. On aurait pu s’arrêter avant.

Tigre insiste sur la qualité des illustrations, on saute d’une case à l’autre avec une fluidité à peine croyable. Il y a des planches parfois « oldschool » (les protagonistes dans le théâtre ou les souvenirs du jeune héros par exemple) comme des somptueux tableaux montrant qui un combat, qui un personnage (Bat, Cat, Silence) tout en majesté. En outre, le crossover Batman/Superman a été bien géré, les fans d’un seul héros y trouveront largement leur compte. La présentation de Métropolis et du Président Luthor m’ont encore plus donné envie de m’intéresser à Clark Kent.

Sur les 370 pages, il y en a une petite centaine de bonus en tout genre : une interview de Jim Lee et Jeph Loeb en préface (pas très utile à mon sens) et un bon nombre de croquis, couvertures ou produits dérivés (figurines notamment) de cette petite saga en dix chapitres. Mais ce n’est pas pour les bonus que vous achèterez ce titre, qui était d’abord sorti chez Panini (moins de pages).

Thèmes abordés (du moins selon Le Tigre)

Silence est presque un roman policier à la Agatha Christie. Le noble art de l’enquête est finement poussé, avec des indices et péripéties qui peuvent faire que les plus connaisseurs d’entre les lecteurs auront une idée du fin mot avant l’heure. Quelques questionnements supplémentaires (en particulier l’éternel « faut-il zigouiller une bonne fois pour toute le Joker ? ») ajoutent à la profondeur de l’histoire, dramatique mais pleine de promesses.

Le second (il y en a d’autres, mais je n’ai pas assez de place) thème porte sur Catwoman, en particulier la relation qui peut s’installer entre Selina et Bruce. Si je les appelle par leurs prénoms, c’est que Wayne décide de faire confiance à miss Kyle en lui avouant sa double identité. Sauf que parano comme il est, Batman a du mal à faire totalement confiance à la belle, ce qui a le don de l’agacer. Partagé entre ses sentiments vis-à-vis d’elle (elle le chope en premier, quelle femme !) et sa solitude assumée (pour protéger ses proches), notre héros masqué se retrouve dans une configuration assez inédite. Si en plus Talia (la fille de Ra’s al Ghul) débarque dans l’histoire en appelant « mon amour » le Bat, imaginez le désordre.

…à rapprocher de :

– De Loeb, il y a Amère victoire (bon) et Un long halloween (superbe).

– Un autre ennemi, tout nouveau tout chaud est la fameuse cour des Hiboux des grandioses Snyder et Capullo. Tome 1 puis Tome 2 (un poil décevant ce dernier).

– Batman qui se tape Catwoman, il y a une planche bien plus explicite dans La règle du jeu, de Winick & March.

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DodécaTora« Almighty Tiger, j’ai un aveu à te faire. J’ai produit la plus belle bouse d’adaptation cinématographique depuis les Batman de Schumacher des années 90. En même temps, avec votre héros frenchy totally asexué, je n’avais aucune envie de lire ses albums. Tu pourrais me signaler la dizaine que je ne dois pas rater ? Cheers mate. Steven S. »

Douze mille milliards de mille sabords

Georges Prosper Remi (Hergé dès les années 20, c’est plus simple à retenir) était un auteur de bandes dessinées qui a eu son petit succès grâce à un certain reporter et son chien blanc qui parle. D’autres vont venir se greffer à l’aventure, et au final c’est une bonne vingtaine de tomes qui sont sortis. Et que tout enfant a vu au moins un lui passer sous les doigts. Tigre fut aussi un enfant, quels sont ceux qu’il affectionne particulièrement ?

On a tous lus au moins un album au cours de sa jeunesse et, selon les conditions de lecture, certains opus s’impriment plus que d’autres dans nos souvenirs. En outre, il faut en convenir, quasiment tous les Tintins sont excellents. Difficile d’en écarter certains, le modeste choix du Tigre fut un réel déchirement. C’est aussi pour cela que je ne le changerai pas d’un iota.

Enfin, sélectionner douze albums, c’est en peu en virer la moitié. Comme si je prenais une pièce et tirais à pile ou face en parcourant la tranche de chaque BD, avouez que ça ne fait pas trop « les meilleurs des meilleurs » (version M.I.B.). Aussi, les premier et douzième n’entrent pas vraiment dans le catalogue tintinesque. On tombe donc à dix, ce qui fait plus « élitiste ».

Tora ! Tora ! Tora ! (x 4)

1/ Tintin au pays des Soviets

L’ébauche de ce que sera le célèbre reporter m’a plutôt ému dans la mesure où on connaît par cœur les 22 histoires du héros. Et ce n’est tardivement que j’ai découvert ce court album grossièrement dessiné et sans couleur. Les méchants idiots et sales, la petite pointe d’anticommunisme presque primaire, c’est bonheur. Tigre ne cesse d’invoquer ce titre lors de longs débats avec des gauchistes à barbes.

2/ Les Bijoux de la Castafiore

L’auteur se joue de nous sans cesse ici. Pas d’aventure, on ne bouge pas son cul du château et appeler un pauvre marbrier semble être la mission la plus délicate rencontrée par nos héros. C’est reposant en fait, et Hergé démontre comment de simples turpitudes quotidiennes peuvent être montées en mayo pour faire un belle aventure. Non, blague à part, si c’est mon préféré c’est qu’il y a enfin du sexe à Moulinsart ! Enfin je l’avais vécu de la sorte, avec l’obèse rossignol milanais qui est suspectée de sortir avec le vieux capitaine.

3/ Vol 714 pour Sydney

Un de mes préférés dans la mesure où sur la fin Hergé sort de ses gonds et introduit quelques E.T. dans l’aventure. Et puis la description du milliardaire aigri et insupportable est plus vraie que nature, une pure réjouissance. Comme si l’auteur pressentait que ça allait être un de ces derniers albums, le vilain Rastapopoulos se couvre définitivement de ridicule. Parce que j’ai lu Vol 714 parmi les premiers, j’ai toujours eu de l’affection pour ce dernier individu.

4/ Les Sept Boules de cristal

Première partie d’une dilogie qui emmènera le lecteur très loin, en fait si je l’ai sélectionnée c’est pour une unique raison : cette histoire d’Inca passablement momifié, au corps sec et aux yeux noirs, et qui vient dans ta chambre avec une boule qui te fera avoir de mystérieuses crises de sommeil,…on n’a pas idée de faire lire ça à un gamin de 5 ans. Même quand on ne sait pas lire, les images suffisent à provoquer des cauchemars.

5/ Tintin au Tibet

Un des albums les plus abouti, le plus complet en quelque sorte. Des illustrations de rêves grâce aux oniriques décors, un scénario touchant, un gentil abominable homme des neiges, des lamas qui lévitent, bref on se laisse transporter. Et ça conforte la théorie du prochain paragraphe.

6/ Le Lotus bleu

La suite des Cigares du Pharaon (que j’ai également mis dans le lot) est particulièrement appréciée du félin qui est, comme vous le savez, immensément porté sur le continent asiatique. Et sur la politique, avec en toile sur de fond le conflit sino-japonais mâtiné de guerre bactériologique (j’exagère certes en évoquant le poison). Mais surtout, la rencontre avec Tchang prend, au fil des décennies, la tournure toujours plus vive d’un ancien ministre visitant Bangkok – si ça vous parle.

7/ On a marché sur la Lune

Rien que l’aspect SF et la maîtrise du sujet et des grandes problématiques d’un tel voyage, chapeau ! Et des années avant que les States ne le fassent réellement. Enfin, applaudissons le design très racé de la fameuse fusée, les ayants droits récoltant quotidiennement les royalties grâce à elle.

8/ L’Ile Noire

L’organisation secrète, les jeux de lumières dans le petit jardin de l’ignoble Müller, une île hantée par un gorille plus Didi Kong que King Kong, tout ce bordel pour de simples faux biffetons. Fallait y penser. Avec le nom très germanique du méchant et le scénar’ qui se déroule au Royaume-Uni, je ne peux m’empêcher de penser au film Les Faussaires, où les Nazis tentaient de reproduire, avec des prisonniers de camps, la Livre puis le Dollar.

9/ Le Trésor de Rackham le Rouge

Un que Tigre adore lire dans la mesure où il est manquant de ma bibliothèque. Alors à chaque fois que je le parcours, c’est comme si je redécouvre la suite du Secret de la Licorne : un oldschool pirate, des voyages en veux-tu en-voilà, le truc avec le méridien de Greenwich qu’à 10 piges on ne peut comprendre, le scaphandre, les fonds marins admirablement rendus, ça en jette dans l’ensemble.

10/ Les Cigares du Pharaon

Même remarque que dans Les sept boules de cristal, pour la « terreur ». Ce fakir doux-dingue qui fait dresser une corde de la sorte pour te trucider en douce, c’est mieux que le viagra. Et ses méthodes d’hypnose, c’est le GHB du pauvre ! En outre, il arrive au Tigre de bruyamment ricaner face à la société secrète qui est à mi-chemin entre un Ku-Klux Klan de province (les déguisements) et un Rotary Club de banlieue parisienne (les participants).

11/ L’Étoile mystérieuse

Un album que j’ai toujours vu comme différent, un peu déjanté. Surtout le début, avec cette apocalypse qui se prépare doucement dans les rues au bitume fondant de Bruxelles. Sans compter cette équipe de bras cassés qu’on envoie récupérer une météorite qui fait tout grossir (la maîtrise du trait sur les insectes est impressionnante). Donc, une poignée de chercheurs avec un reporter. Même pas une escadre militaire pour les aider. Ravitaillement dans un port civil. Délicieusement improbable.

12/ Tintin en Thaïlande

Tigre adore terminer sur une très vaseuse plaisanterie. Notamment cet opus, qui m’a laissé un incurable sourire aux lèvres deux heures après lecture. D’autre versions érotico-comico-soft des aventures du blondinet à la très phallique houpette existent, je le sais (exemple de Titain et Piloux), et je les achèterai bien si ceux qui gèrent l’image de ‘Tin n’étaient pas si prudes. Impossible donc de mettre la main dessus, de toute façon l’intégralité de l’Echo des Savanes de 1977 à 1994 me suffit.

…mais aussi :

Le problème (ou l’avantage, je ne me prononce pas), avec la BD franco belge et en particulier la société Moulinsart qui gère les droits d’auteur, c’est que les adaptations sont plutôt rares et le terme « reboot » leur est inconnu. Rien à voir avec les héros des comics américains.

– Du coup, je ne vois que comme adaptation réellement valable la série animée (celle de 1992) qui a m’a tenu la main pendant mon enfance. Rien que la musique du générique, jeune Tigre feulait de plaisir.

– Quant aux jeux vidéos relatifs à l’univers d’Hergé, j’ai (comme beaucoup) chialé de rage face à la difficulté de Tintin au Tibet, sorti sur SuperNes. Enfin, chialé est un grand mot, je squattais chez un ami et après 6 minutes de ce traitement on retournait rapidement vers Street Fighter II ou NBA Jam.

Chuck Palahniuk - DamnedVF : Damnés. Tigre achète du Chuck P. comme mamie Bettencourt signait des chèques. Les yeux fermés. Peut-être que j’aurais du en ouvrir un, car j’ai été un poil déçu. La petite Madison Spencer qui débarque en enfer et y fout un joli petit daroi, c’est certes ingénieux, toutefois quelques pages me sont passées au-dessus de la crinière.

Il était une fois…

Madison est décédée d’un overdose de marijuana (du moins le croit-elle) et se retrouve, à 13 ans, en enfer. Aidée de quelques acolytes (Babette, Archer) qui ne sont pas loin de sa cellule, la presque adolescente va visiter la zone infernale. Le lac de sperme, la marée d’insectes, la mer des bébés avortés (traduction libre), entre ses souvenirs de jeunesse (elle est issue d’une famille immensément riche) et ses pérégrinations délirantes, que retiendra-t-elle de son existence dans un monde où il ne faut pas prononcer les mots en D (Dieu) et en E (espoir) ?

Critique de Damned

Bonne lecture, mais sans plus. Où est passé le Chuck aux romans renversants qui laissent le lecteur dans un profond état de choc ? J’ai peiné à terminer ces 250 pages, même si de fulgurants passages comme je les aime ont de temps à autre pu me sortir de ma torpeur.

La structure du texte est comme un triptyque : chaque chapitre (il y en a une bonne trentaine, donc ceux-ci sont courts) commence par une intro qui fait allusion à Dieu es-tu là ? C’est moi, Margaret de Judy Blume. Qui est roman d’ados, au passage. Ensuite l’héroïne alterne entre son évolution en enfer (je n’ai pas bien compris comment elle passe de télémarketeuse à commandante en chef d’une armée) et quelques épisodes de sa existence de « vivante ». Les flashsbacks et Chuck, toute une histoire.

Sur le style, c’est sec et précieux. Comprenez : le scénario avance à grands galops tandis que Chuck P. m’a perdu avec des termes et expressions (voire un tableau d’ensemble) qui m’ont souvent laissé pantois. En fait, savoir comment est réellement décédée la grosse Spencer n’est pas si important, seuls son parcours déjanté et les nombreuses révélations sur le fonctionnement du monde de Satan valent la peine de s’accrocher. Et comme le dit Madison, elle n’est pas Jane Eyre !

En conclusion, Tigre a encore une fois décidé de ne pas attendre la traduction. Et sans doute j’aurai dû le faire, par que pas mal de phrases (voire des paragraphes entiers) ne m’ont que très peu parlé. C’est la première fois que cela m’arrive avec cet auteur, et pour tout saisir d’un Alastair Reynolds (hard SF) je ne me considère pas comme un touriste anglophile (en plus de soigner mes chevilles). J’actualiserai le billet quand le truc sortira en France.

Thèmes abordés (du moins selon Le Tigre)

La vision de l’enfer de Palahniuk est fidèle à ce que l’auteur américain nous habitue en terme d’idées marrantes. En vrac, on découvre : les damnés ont le choix entre faire du porno pour des websites russes ou harceler les gens pour de stupides enquêtes au téléphone ; les conditions pour avoir son aller sans retour en enfer sont très strictes (jurer, jeter son mégot, klaxonner un certain nombre de fois) ; et au final le diable en personne a un rapport très intime (pas du sexe, n’ayez crainte) avec la protagoniste principale. Très loin de Dante, j’en conviens.

L’unique point qui m’a tenu en haleine n’est donc pas de savoir comment la grosse Madison a réussi à clamser, mais ses souvenirs d’enfance : des parents stars de ciné qui contrôlent en ligne toute la domotique de leurs dizaines de villas disséminées sur le globe ; offrent une éducation déplorable (chichon et LSD avant que leur gosse n’atteigne ses 10 ans) ; adoptent des gamins comme on change de chaussettes ; gèrent pitoyablement leurs bonnes œuvre, c’est très fun il est vrai.

…à rapprocher de :

– L’auteur est avant tout connu pour Fight Club (que je me dois de résumer) et sa suite sous forme de BD (en lien) avec Cameron Steward.

– De Palahniuk, Tigre préfère largement Peste, A l’estomac ou Berceuse. Mais y’en a tellement…

– Autre auteur d’anticipation sociale qui s’est employé à décrire à la vie après la mort, il y a Ainsi vivent les morts, de Will Self. Très bon. As usual.

– Le titre se termine par un alléchant « to be continued ». Apparemment la suite portera le doux nom de Doomed et sortira fin 2013.

Enfin, si votre librairie est fermée, vous pouvez trouver ce roman en ligne ci.

Dupuis - La Seconde Guerre mondiale : BanzaïOpus d’une belle série publiée au milieu des années 80, voici de quoi donner envie à tout lycéen de réviser la Seconde Guerre mondiale. Dessin correct avec des couleurs pas si fadasses, on sent que l’auteur s’est longuement renseigné avant d’attaquer son sujet. Tigre, grand lecteur de Clausewitz, a apprécié cette odyssée contemporaine.

Il était une fois…

Banzaï se propose de retracer l’histoire militaire de la Seconde Guerre mondiale vue du côté de l’océan pacifique, lequel pour le coup mérite mal son blaze. De l’attaque de Pearl Harbor aux deux bombes atomiques lancées sur le Japon, en passant par les escarmouches en Chine, nous suivrons la conquête de deux tiers de l’Océanie par l’Empire nippon avant qu’il ne s’effondre progressivement face à la puissance de feu américaine.

Critique de La Seconde Guerre mondiale : Banzaï

Hé hé. Tigre a retrouvé tout un vieux tas de bandes dessinées cachées sous son antique collection de Charlie Mensuel, dont une demi-douzaine de titres de Pierre Dupuis, qui avait notamment versé dans l’érotisme. De cul il n’est point question ici, mais de guerre. Et la plus connue du XXème siècle.

Dupuis a voulu mêler de grande cartes stratégiques (quelques schémas tactiques de l’immense zone ou sont souvent les bienvenus) avec de fréquents zooms sur la vie des soldats. A cela on peut ajouter quelques tableaux sur les forces en présence ou le résultat de telle ou telle bataille. Midway, Guadalcanal et Iwo Jima (sur terre), l’Oncle Sam a casser pas mal de petit bois. Pour une fois chez Dupuis, le lecteur sera content de remarquer que l’auteur / illustrateur s’est cantonné au théâtre d’opérations du Pacifique, et même si on saute de temps à autre du coq à l’âne la chronologie et la logique de l’affrontement sont respectées.

Quant aux illustrations, la ligne claire franco-belge est au garde à vous : difficile de ne pas reconnaître les protagonistes bien connus (la couleur jaune pour les Japonais a terriblement vieilli hélas) ou songer à Buck Danny en voyant tous ces avions et bâtiments marins guerroyer dans tous les sens. Toutefois Dupuis ne profite pas de ce fabuleux coup de patte, disons que Le Tigre a mal vécu le texte qui occupe un bon quart (sinon plus) des planches.

En guise de conclusion, faut avouer que cette saga est toujours aussi réjouissante. Du vieux daron porté sur l’Histoire au cancre de collégien qui veut apprendre sans se fouler, tous peuvent trouver leur compte dans ce lointain (dans l’espace) épisode de la Seconde Guerre mondiale.

Thèmes abordés (du moins selon Le Tigre)

Le lecteur curieux et attentif pourra en apprendre sur la conception nippone de la guerre. D’emblée le titre renvoie au cri de guerre lors d’un assaut. L’effacement de l’individu face à la collectivité est poussé un niveau que les Américains ont du mal à saisir. Partir au front (même sans armes) au lieu de se rendre, les premiers avions kamikazes qui ont foutu plus d’un coup de flip aux marins U.S., ou la « marche du sacrifice » de la flotte nippone (avec à sa tête le Yamato) à la toute fin, ça fait plutôt froid dans le dos.

La problématique de la bombe A est abordée plutôt finement par Dupuis. La théorie des pertes humaines que l’invasion de l’archipel allait causer s’écrase piteusement face aux propositions de paix du pays (refusées, alors qu’ils voulaient garder leur Empereur, ce qui au final a eu lieu) ou à la menace soviétique. L’URSS n’avait en effet toujours pas déclaré la guerre à Tokyo et aurait bien voulu avoir sa part du gâteau océanique. Enfin, l’auteur français n’hésite pas à comparer les crimes de guerre de l’Empire (le général Yamashita par exemple) avec les actes des Américains. A discuter.

…à rapprocher de :

– De Dupuis, il y a une douzaine de BD sur la Seconde Guerre mondiale (hélas Tigre en a que six en sa possession). Les voici dans l’ordre : Blitzkrieg, Dunkerque, La Bataille d’Angleterre, La Résistance, Moscou, Stalingrad, Vers la victoire, Afrika Korps, Banzaï!, Forteresses volantes, U Boote et enfin Overlord.

– Sinon, pour un gros pavé complet et édifiant, le très sachant Antony Beevor et sa Seconde Guerre mondiale forcent le respect.

– Le fameux « esprit japonais » de sacrifice peut s’expliquer grâce à Mishima, notamment son Japon moderne et l’éthique samouraï.

Jérôme Monti - Le SpectateurCourt roman numérique d’une cinquantaine de pages, c’est la petite cerise sur le gâteau des titres numériques proposés par l’éditeur. Spectateur, le protagoniste l’est incontestablement. Mais aussi acteur plus ou moins engagé de sa propre déchéance, d’une vie que peu envieraient. Acide, drôle, bien écrit, on en redemanderait.

Il était une fois…

Le héros n’en est pas vraiment un : la trentaine, séparé de sa femme, petit fonctionnaire qui n’en glande pas une au service culturel de Mâlons-sur-Charme (une pitoyable ville en Champagne-Ardennes apparemment), ce sont quelques jours de sa misérable vie qu’il va nous conter. Avec un cynisme et une ironie qui dépassent les bornes.

Critique du Spectateur

Cet ebook est proposé par l’éditeur Aux forges de Vulcain avec trois autres dans une clé USB. Et Tigre l’annonce : en plus du court roman Avec l’assentiment du reptile, c’est le second texte qui mérite que cette fameuse clé soit achetée (non pas que les autres soient mauvais).

Jérôme Monti est un homme de théâtre (il a d’ailleurs fondé une compagnie) et cela se remarque. En effet, le narrateur procède à une rétrospective très dure de ce qui l’a amené à exercer un métier presque inutile ; en plus d’analyser, tel un metteur en scène intransigeant, ses pérégrinations (qui semblent s’étaler sur une bonne semaine). Et ce n’est tellement pas glorieux que Le Tigre a décidé d’en faire un thème (cf. infra). Entre remarques assassines du pauvre hère sur sa ville (sa région en prend plein la gueule aussi) et petitesse humaine, on hésitera souvent entre la tristesse et le rire.

Car sur le style, l’auteur est bon, très bon même. Il a un sens de la formule certain, à des phrases bien tournées s’ajoutent quelques termes familiers qui arracheront plus d’un sourire au lecteur. Fin du fin, les 14 chapitres sont plutôt courts et se lisent en moins de cinq minutes. Tigre a donc bien aimé la courte œuvre de Monti, et regrette presque que l’auteur n’aie pas continué dans cette voie. Y’a du potentiel.

Thèmes abordés (du moins selon Le Tigre)

La lose, la vraie. Le narrateur (Nicolas de son prénom, il se présente rapidement au deuxième chapitre) est loin d’être un chevalier servant. Pas beaucoup de thunes, à ce titre le début sur son passage à la station service est une savoureuse entrée en matière ; célibataire et branleur (glandeur et adepte de l’onanisme) ; fumeur (pas que des clopes) et presque alcoolo, bref c’est le mec en dehors du coup. Notamment lorsqu’il se tâte pour savoir quel groupe rejoindre pendant un pot de départ. Au final il restera à l’écart des bonnes blagues de ses collègues, l’alcool aidant il draguera lourdement la pétillante Sorraya avant de terminer piteusement dans son vomi sur un des sièges de la salle.

Hélas, ses proches (enfin ceux qui restent) renvoient une image encore plus pathétique de sa situation. Son meilleur (enfin le seul) pote Cyril a l’air d’avoir réussi et se permet de lui prodiguer moults conseils. En outre, la femme de ce dernier, Natacha, a les formes que son prénom inspire. Alors que dire de son boss infâme ? Notre ami en profite pour les descendre (en pensées) méthodiquement, seulement rien ne viendra combler le vide. [Attention petit SPOIL] Et oui, il a un sévère manque d’amour depuis Marianne, son ex compagne qui s’est barrée, en plus d’un vide laissé par un frère décédé trop tôt. [Fin SPOIL]

…à rapprocher de :

– Sur l’anti-héros un peu méchant sur les bords, avec François Szabowski et son Le journal d’un copiste (premier opus) se laisse lire. Style plus sobre.

– Dans ce même média original, il y a en outre Avec l’assentiment du reptile, de Grégory Mion, qui est une petite tuerie,  Silhouette minuscule (glauque et correct) coécrit par Szabowski et Streese. Et Une larme de porto contre les pensées tristes, du même François Szabowski (de très bons passages).

Éric-Emmanuel Schmitt - Oscar et la Dame roseCourt roman (ou grosse nouvelle, au choix) de l’auteur français alors au faîte de sa puissance, l’histoire du petit Oscar mourant et de Mamie Rose qui va l’aider à accueillir la mort avec le sourire m’a profondément ému. Efficace, poétique, touchant, pas trop naïf, les qualificatifs peuvent manquer pour décrire ce rapide instant de lecture.

Il était une fois…

Pour une sucrerie un peu « glurge » de 100 pages, je vais faire court : Oscar a 10 ans, souffre d’une leucémie et a à peine deux semaines à vivre. Avec l’aide de Mamie Rose qui rend visite aux enfants malades, Oscar va écrire chaque jour à Dieu ses aventures. Et à partir du quatrième il vieillira chaque jour d’une décennie, et aura une vie bien remplie.

Critique d’Oscar et la Dame rose

Ce roman s’inscrit dans le cycle de l’auteur porté sur la religion. Après l’Islam et le Bouddhisme, voici venir le Christianisme traité sous un angle plutôt original. Oscar et la Dame rose fait partie de ces excellents romans de Schmitt avant qu’il ne se mette à sortir des presque niaiseries à chaque rentrée littéraire avec une rageante précision de métronome. Chose étrange, à moins que je n’ai bien su regarder j’ai l’impression que ce titre n’est jamais sorti chez Le Livre de Poche.

Le scénar’ est rondement mené : les premiers chapitres présentent les deux protagonistes principaux (il ne me semble pas que l’un détrône l’autre), ensuite c’est au tour d’Oscar de vivre « en accéléré ». Et la fin débarque comme une très lacrymale cerise sur le gâteau. Et oui, ce con (c’est dit le plus affectueusement possible ici) a réussi à me faire chialer. J’étais certes jeune, mais quand même ! Tout se passait bien, et sur la dernière lettre de la Dame rose à Dieu mon barrage à larmes a pitoyablement lâché. Pire que les trois fleuves du Sichuan réunis.

Bref, EES est excellent pour toucher quelques cordes sensibles, et si je n’ai pas mis la meilleure note c’est seulement par rapport au travail de l’auteur en général : Schmitt semble avoir pondu une sorte de délicieuse parenthèse qui ravira n’importe quel lecteur, toutefois par rapport à d’autres de ses romans plus « étoffés » Oscar et la Dame rose fait grise mine. En conclusion, il peut être utile de s’avaler tous les tomes de la trilogie d’un coup. Et s’il fallait perdre vingt petites minutes de littérature, cette œuvre tiendrait le haut du pavé.

Thèmes abordés (du moins selon Le Tigre)

Comme il s’agit d’un opus sur les religions, il est normal d’évoquer la croyance. Notamment un aspect d’une religion monothéiste qui est la relation entre Dieu et l’individu. Grâce à Mamie rose, Oscar entretient une relation épistolaire avec le tout-puissant qui, au crépuscule de sa vie, lui rendra une petite visite. Cela donne envie d’y croire en fait, comme parvient à y croire le préfet de Judée dans L’Evangile selon Pilate (même auteur).

L’adversité face à la maladie. Face à des parents que le jeune héros juge lâches, c’est bien la Dame rose qui va l’aider à vivre pleinement le peu de temps qui lui reste. Et en une petite dizaine de chapitres Oscar va mener une existence digne de ses contemporains jusqu’à ses quatre-vingt piges : première petite amie en la personne de Peggy Blue (qui souffre d’un manque d’oxygène),  rencontre des futurs beaux-parents, crise de la quarantaine, rabibochage avec sa femme, mais surtout acceptation de son tragique destin. On dit que philosopher, c’est apprendre à mourir. Oscar devient grand philosophe en une semaine.

…à rapprocher de :

– D’Éric-Emmanuel Schmitt, le fameux « Cycle de l’Invisible » recouvre le présent titre, Milarepa (sublime, parce que Tigre est bouddhiste), Monsieur Ibrahim et les fleurs du Coran (moins bon), L’Enfant de Noé (sympa), Le sumo qui ne pouvait pas grossir (trop light), Les Dix Enfants que madame Ming n’a jamais eus (encore plus light).

– En plus long et aussi bon, il y a La Part de l’autre ou Lorsque j’étais une œuvre d’art.

– Le film est sorti en 2009. Avec Michèle Laroque. Comprenez que je ne suis pas prêt d’en parler.

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Augusten Burroughs - DéboireVO : Dry [à sec, en quelque sorte]. Une excellente surprise, cette histoire d’un alcoolique notoire en plein repentir. New-York City gay et excessive, le monde de la publicité, l’aspect autobiographique de Déboire n’empêche nullement l’auteur de livrer des passages très marrants. En moins de 350 pages, il n’y a pas de quoi se plaindre.

De quoi parle Déboire, et comment ?

J’avais lu ce roman comme tel, et ce n’est qu’après l’avoir terminé (l’envie d’en savoir plus était très forte alors) que je me suis aperçu que la charge autobiographique de Déboire était bien plus importante que prévu. Et ça donne à ce titre une saveur encore plus douce amère, disons que l’impact est différent.

Augusten, presque trentenaire et au talent certain dans son travail, bosse comme publicitaire à Big Apple. Hélas notre jeune ami se tape, plus souvent à lui qu’à son tour, de sévères cuites comme pour oublier son passé trouble. Et ça se voit. Si bien que ses collègues décident de faire une « intervention » et de le placer dans un centre de désintox’ particulier : uniquement fréquenté par des gays, aux méthodes peu orthodoxes et à la population déjantée. Va-t-il s’en sortir ?

Comme c’est américain et donc plutôt porté sur le happy ending, bien évidemment que Burroughs va s’en tirer avec les honneurs. Mais pas sans être d’abord passé par un joli paquet de phases plus ou moins heureuses. Dépression, renouveau, perte d’un ami, amour naissant, la vie (sans doute romancée) de l’écrivain U.S. est aussi variée que passionnante. Et Augusten B. a réussi l’exploit de verser à la fois dans le « touchant » (sans sensiblerie excessive) et l’humour, avec des situations cocasses et autres descriptions (des autres, mais surtout de lui-même) drolatiques et tendres. Bref, ça m’en a touché une.

Ces 350 pages, plutôt denses, se lisent au final à une vitesse étonnante. Le lecteur est vite happé par les pérégrinations de l’Apollon déchu sur la voie de la rédemption. Attention, Le Tigre imagine bien que toute personne ayant un sévère penchant pour l’alcool trouvera le texte assez dur, toutefois porteur d’espoirs.

Ce que Le Tigre a retenu

Déjà, l’alcoolisme est bien au centre du roman, avec les raisons qui font que le héros s’en sort. Faut dire qu’il commence bien difficilement le roman, avec un rendez-vous de clientèle dans un musée alors qu’il s’est gracieusement chargé la gueule la veille. Et le client comme ses collègues remarquent que ça pue autour de lui. Et il continue, chaque nuit, à se faire servir une dizaine de cocktails dans les bars. S’ensuit la lente reconversion, avec ses soucis quotidiens, notamment l’envie d’un « dernier pour la route ».

Ensuite, l’auteur ne se limite pas au désastre de l’alcool. Son ex-petit ami contribue à aborder le thème des MST, en particulier le VIH (le traitement de ce sujet, pudique, est presque parfait). Et lorsque cette personne décède du SIDA, la drogue se retape la cloche de bois dans l’œuvre. Mais à des niveaux plus élevés, puisque Augusten, au désespoir, reprend non seulement sa consommation d’alcool, hélas mâtinée de coke et de crack. La grosse rechute. De quoi remettre les pieds dans un centre Betty Ford.

Heureusement le roman termine sur une délicieuse note d’espoir, avec notre ami qui a repris sa vie en main et en vient même à aider son prochain dans ce genre de périple. La situation finale peut alors expliquer l’intelligence générale (la profonde humanité, ai-je envie de dire) et la lucidité de l’écrivain quant à cet épisode de sa vie. En étant généralement sobre et heureux (l’amour et des proches attentifs y étant pour beaucoup), il est alors plus aisé de décrire, avec un tel ton parfois humoristique et sans concession, sa propre histoire avec l’alcool et les drogues.

…à rapprocher de :

– Ça vaut sans doute le coup de lire Courir avec des ciseaux, qui est axé sur une période antérieure de sa vie. Dans ma PAL.

– Il y a un peu des héros de Bret Easton Ellis, mais la comparaison s’arrête là.

– En revanche, Augusten m’a souvent fait penser à notre Beigbeder national. Notamment ses Nouvelles sous ecstasy ou 99F. Ou alors le Will Self britannique, par exemple avec The Sweet Smell of Psychosis (plus court, plus déjanté).

Enfin, si votre librairie est fermée, vous pouvez trouver cet autobiographie via Amazon ici.