Contraindre son chat à faire le trottoir. Oui, Le Tigre n’a aucune limite en ce qui concerne le référencement de son éclectique blog. Que ce soit un fier mâle ou une aguicheuse femelle, je vais vous apprendre à transformer votre obèse animal en une pimpante poule aux œufs d’or de l’autre fable. Tout cela en restant à peu-près dans les clous de la légalité la plus stricte.
Pourquoi votre chat doit faire le tapin
La première réaction de ma tigresse lorsque je lui ai exposé l’idée de ce billet, elle ne m’a répondu qu’un tremblotant « mais pourquoi ? ». Ma réponse initiale, qui vaut pour l’intégralité de certains billets à l’inutilité patente, est que personne n’en a parlé – du moins sur les blogosphères française, anglaise et allemande. Et savoir qu’une terra incognita n’attend que moi est un délice de fin gourmet.
La seconde réponse se veut plus terre à terre : entre le vétérinaire, la nourriture, la femme de ménage qui ramasse ses merdes et son vomi, en fait Lola (le nom du chat pour le présent billet) commence à vous revenir sacrément cher. Et il est toujours décevant d’apprendre que la chatte ne vous rembourse pas. Naïvement, je pensais qu’elle pourrait rapporter quelque chose. C’est là la différence d’avec un gosse : ce petit con, indirectement, va vous payer la retraite – ou voter pour quelqu’un qui vous incitera à sortir de votre maison de repos pour empaqueter les courses dans un supermarché coincé entre deux portions d’autoroutes. Le chat, niet ! Pire, à l’âge de 16 ans, ça ne servira à rien de l’émanciper : il sera mort.
Comment jouer à « pimp my cat »
A titre liminaire, il faut que vous sachiez qu’après des années d’intenses recherches, je suis venu à la conclusion qu’il n’y a pas mille manières de rentabiliser son chat.
Alors oui, si vous êtes l’heureux propriétaire d’une belle race qui coûte une blinde, il est toujours possible de monnayer chèrement la saillie. Ou alors, si un balai vous pend désespérément du cul, vous pouvez toujours inscrire votre magnifique animal à un concours de beauté. A l’inverse, si votre Lola est particulièrement moche et hargneuse, organiser des combats de chats (en lien) est envisageable.
De même, et après de nombreuses tentatives dont je tairais le déroulement, produire des films pornographiques mettant en scène des chats (exclusivement hein, ne versons pas dans l’infâme) s’est révélé être un retentissant échec. D’une part, mes films étaient excessivement courts. J’avais beau coacher les acteurs, ceux-ci ne connaissent ni les préliminaires, ni le changement de position. L’acte dure douze secondes en tout. D’autre part, et ce fut une certaine déception, je n’ai jamais rencontré de clients suffisamment barges pour acheter mes VHS.
Non, il faut faire jouer ce qui gouverne le monde depuis la nuit des temps, à savoir le sexe. Mais comment utiliser les aguichants atours de votre animal pour gagner des tunes autrement qu’en produisant des films ? La conclusion de mes expériences consiste en deux étapes : ameuter le félin client, et le faire payer – qu’il consomme ou non, cela importe très peu en fait.
First step : attirer le client
Cette première étape est la plus simple. Il faut qu’un matou soit ferré autour de Lola. Si celle-ci est en chaleur, aucune difficulté n’est à prévoir. Il suffit de se balader, le chat en laisse, et laisser faire la nature. Vous reviendrez chez vous avec une demi-douzaine de mâless affamés apparemment désireux de pratiquer une feuille de rose – et plus si affinités.

Comment appelle-t-on six chattes catins sur une BMW ? Une « six sauteuses boche… »
Si Loan…euh Lola n’est pas dans une période propice à l’accouplement, pas de problème non plus ! Il n’y a qu’à « simuler » la période de chaleur à l’aide d’artifices biologiques issus de la technicité humaine. Je parle de phéromones. Pour faire simple, procurez-vous de la copuline, substance secrétée par tout mammifère qui se respecte et qui a envie de perpétuer le genre. C’est en vente dans tous les sex-shops de France et de Navarre. Au pire, prélevez de la cyprine (ne me demandez pas comment faire) chez un humain, sur un malentendu l’odeur pourrait passer.
Ces phéromones en votre possession, badigeonnez confortablement le derrière de votre chatte avec. Encore mieux : dispersez quelques gouttes, crescendo, des rues avoisinantes jusqu’à votre domicile – comme la gentille sorcière qui attire Hansel et Gretel, les deux meurtriers qui auront raison d’elle. Ça marche même avec un mâle ! Pour déconner, j’ai même essayé d’en mettre sur Sophie la girafe, que j’ai ensuite laissée dans un jardin : figurez-vous qu’elle a subi le gang-bang de sa vie, j’ai dû la passer trois fois au lave-vaisselle pour retirer la bave/semence des animaux du quartier. [imaginez alors ce que vous pouvez faire comme blague à vos copains, mais je m’égare]
Maintenant que le client est partant pour une séance de jambes en l’air, enfermez-le chez vous.
Second step : faire payer le client qui a eu recours à une féline prostituée
Voilà, vous avez un (ou plusieurs) squatteur(s) chez vous. Vous tenez, potentiellement, une petite fortune dans votre antre. A partir de ce moment, deux solutions s’offrent à vous, selon le degré de connerie que vous seriez prêt à faire.
I. Attendre que le propriétaire se manifeste
Allez, ne faites pas semblant de ne pas savoir de quoi Le Tigre va parler. On l’a tous fait. Le chien qu’on séquestre dans sa cave. Les affiches A4 avec une photo pixellisée qui sont placardées sur les arbres. Le numéro de portable à appeler. L’innocent mensonge de la manière dont vous avez trouvé le chien. La légitime somme d’argent que vous finirez par accepter, à contrecœur, alors que « ma plus belle récompense est de voir deux êtres qui s’aiment à nouveau réunis ».
Pour cette méthode, essayez de choper des chats racés, de préférence dans un quartier bourgeois de votre ville. N’oubliez pas de rapporter le chat à son propriétaire dans un panier (dites que vous l’avez acheté pour l’occasion), tout en étant classieusement habillé – un beau pantalon avec des griffures au bas serait du plus bel effet. Et laissez la monnaie tomber dans votre poche.
II. Rançonner le propriétaire
En vue du bon déroulement du rançonnage, on va faire un peu de droit, si ça ne vous dérange pas. Tout ce qui suit s’articule autour de l’article 1385 du Code civil qui dispose que :
Le propriétaire d’un animal, ou celui qui s’en sert, pendant qu’il est à son usage, est responsable du dommage que l’animal a causé, soit que l’animal fût sous sa garde, soit qu’il fût égaré ou échappé.
Avant d’entrer dans le vif du sujet, avouez que les législateurs de l’époque (début 19e siècle) savaient écrire. Putain, ça plaçait de l’imparfait du subjonctif l’air de rien, jaugez la clarté et la précision du texte ! Avec les gros incompétents qui digèrent sur les bancs de l’assemblée, aujourd’hui on aurait eu droit à une section entière avec 32 imbitables articles insérés dans le code de l’environnement.
L’objectif est donc de faire appel à la responsabilité du fait des animaux, qui est un cas particulier de responsabilité délictuelle. La responsabilité, c’est trois éléments : la faute, le dommage, et le lien de causalité.
1/ Le truc bonard, avec les animaux, est qu’il n’y a pas besoin que leur maître commette une faute. Si le chat s’évade, les conneries qu’il fera seront à la charge de son propriétaire.
2/ Le dommage. Alors là, vous faites comme vous voulez. Le titre du billet veut que votre Lola tombe enceinte et que vous réclamiez au propriétaire les frais d’accouchement et de soins des petits chatons pondus. Toutefois, vous pouvez imaginer les scénarios qui vous passent par la tête. A titre personnel, j’imaginerais plutôt abréger les souffrances de ma Lola vieillissante. Puis maquiller ça en combat entre la vieille chatte et l’animal que vous aurez attiré : mettez du sang partout, éventrez votre bête avec un objet qui passerait pour des griffes, etc. Puis appelez, en chialant, les flics. Le préjudice moral, pour la perte d’un animal de compagnie, peut atteindre quelques centaines d’euros au bas mot.
3/ Le lien entre le fait du chat et ce qui est advenu à Lola n’est pas difficile à démontrer, mais soyez relativement prudent : comme dans tout régime impliquant le fait d’un être vivant, les hypothèses d’exonération (totale ou partielle) de responsabilité existent. Au débotté, on pourrait penser à la faute de la victime (donc vous) qui aurait laissé sa petite chatte dehors – sachant qu’elle est en chaleur. Voire en raison de votre maison, aussi ouverte qu’un moulin, rendant irrésistible l’arrivée de mâles prêts à baiser. Je n’ai pas eu le temps de regarder les jurisprudences sur ces cas bien particuliers, et ce sera sans doute à vous de la faire – entendez : cela n’a pas été encore jugé.
Conclusion du félon maquereau

Moi, Hello K., 13 ans, droguée, prostituée
En suivant les précieux conseils du Tigre, vous gagnerez vos lettres de noblesses jusqu’à, peut-être, acquérir le titre du « Grand Ordre de Makacha », Plus qu’un entremetteur, c’est presque une industrie qui peut être mise en place.
Je vois quelques esprits contrits avoir quelques gros mots en tête, tel que « criminel » et autres « proxénétisme ». Le Tigre, un proxénète ? Malgré le vocabulaire obstinément sexuel et graveleux utilisé, et au vu de la définition de proxénétisme à l’article 225-5 du Code pénal (d’où le numéro du billet), cela n’a rien à voir. Car il ne s’agit pas de faire raquer le client, mais son propriétaire.
Blague à part, le thème de la prostitution est extrêmement complexe. Lisez notamment 23 prostituées, de Chester Brown, roman graphique qui est à même de faire douter n’importe quel abolitionniste convaincu – dont je fais partie.
Deux amis. Un architecte, un libraire qui ne sert à rien. Deux êtres perdus dans ce nouveau monde qu’est le célibat forcé, deux hommes qui vont ravir le lecteur par leurs aventures. Tout ça dans un Londres ravissant où la culture et l’amour ont pleinement leur place. Quel plaisir. Je plaisante. J’ai beau avoir tout essayé, je n’ai pu dépasser le premier quart. Et je m’en fous.
Le fameux Vincent a quitté sa vie d’avant pour faire son ermite au fin fond de la Patagonie, tout en laissant derrière lui un carnet sur les raisons de son départ. Ses neveux partent à sa recherche, entraînant derrière eux d’autres histoires. Complexe et souvent too much, voilà un roman sans doute plus riche qu’il n’y paraît, il faut ouvrir grand son cerveau.
Entre le Brésil et la France sévit un impitoyable tueur, et rien ne semble pouvoir l’arrêter – c’en est même louche. Souvent excessif, violent à souhait, ce titre fait la part belle à la vengeance la plus aveugle où les innocents sont les premiers à trinquer. Écriture fluide et efficace, Michel Gérard livre un roman noir et sans espoir d’absolution.
VO : Mother Russia. Punisher #13-18. Lorsque l’impitoyable Punisher accepte de foutre le bordel en Russie, il y a de quoi souhaiter ne pas être à la place de Moscou. Une petite fille qui possède seule un vaccin dans le sang, le S.H.I.E.L.D. qui s’en mêle, une mission dans un silo nucléaire, c’est le méga panard.
Que celui qui n’a jamais assisté à un geyser de restes de repas lors d’un voyage me jette le premier livre. Pour celui qui n’a jamais regretté l’absence de sacs en papier, passe ton chemin, ce billet n’est pas pour toi. Pour les autres, voici comment lire dans n’importe quel transport sans se salir prématurément – de l’avion au rickshaw en passant par la sempiternelle voiture.
VO : idem. Lorsqu’un soldat américain, en plein conflit vietnamien, se voit pousser des ailes, il y a de quoi ne pas savoir comment juger une telle histoire. Mignonne fable aux enseignements nombreux ou vaste fumisterie, mon cœur balance. Roman graphique sans prétention, c’est certes agréable, mais il n’y a pas de quoi fouetter un gentil chat.
Le quatrième de couverture tend à vendre du rire, c’est plutôt de tendresse mâtinée de fierté dont il est question. Ces souvenirs d’une fille « entendante » parmi une famille de sourds-muets offrent de belles surprises, entre gros inconvénients et menus avantages – souvent drôles il est vrai. Même si l’essai est loin d’être transcendant (car un peu court à mon goût), il y a de quoi passer un bon moment.
VO : idem. Punisher #7-12. Lorsque l’impitoyable Punisher décide de s’intéresser aux luttes entre gangs irlandais, il y a de quoi souhaiter ne pas être à la place des rouquins. La cuisine irish à la sauce bombes/torture servie par une intrigue dense et des illustrations perfectibles, il y a de quoi être plutôt satisfait – même si j’ai lu mieux.
VO : The Shining. Un lieu enchanté où séjourne une famille heureuse, de bons souvenirs qui rejaillissent de cet endroit, un papa aimant et affectueux avec son petit garçon tout ce qu’il y a de plus normal,… non, oubliez tout ça. Allégorie de l’alcoolisme ravageur dont l’auteur souffrait, Shining est un correct condensé de ce dont est capable King – en bien comme en mal.
VO : The unlikely pilgrimage of Harold Fry. Un retraité entreprend une longue marche en Angleterre pour retrouver une amie qui se meurt d’un cancer. Entre savoureuses rencontres et souvenirs jaillissant du cerveau du vieil homme, Rachel Royce a écrit un texte qui devrait plaire à bon nombre de lecteurs. Point du tout le genre du Tigre, qui a sans surprise abandonné en milieu de parcours.
Depuis 1978, et après la douce période d’après-guerre, est arrivée en l’Italie la période des terrorismes et scandales autant financiers que moraux. Mafias, Église, État, les grandes organisations tiennent le pays sous leur coupe. Par une narration originale et multiple, l’écrivaine nous invite dans un univers terrifiant car réel. Pendant ce temps, le peuple victime se terre dans un silence assourdissant.