VO : idem. Enfin un essai qui n’est pas passé inaperçu, Le Tigre se devait de dire ce qu’il en pense. Surtout que la science économique n’a pas aussi bonne presse dans l’Hexagone qu’aux États-Unis. S’il ressort des exemples donnés par les auteurs un agréable sentiment justifié par des sujets parfois improbables, c’est aussi hélas un ouvrage qui se lit trop vite (quelques démonstrations légères rapidement oubliées).
De quoi parle Freakonomics, et comment ?
Steven Levitt, qui es-tu donc ? Ancien de Harvard, passé par le très prestigieux MIT (où il a obtenu un doctorat), professeur d’économie, bref la tête bien pleine. Tant mieux, surtout quand à la macroéconomie, jugée trop abstraite, il préfère se concentrer sur les faits économiques plus proches de la société.
Avec le journaliste Stephen J. Dubner, il a donc eu l’idée de s’attaquer à quelques idées reçues sous un angle strictement économique, ce qui a porté ses fruits (entendez, c’est devenu un best-seller). Nul besoin d’avoir fait des études dans ce domaine pour comprendre de quoi il retourne, on pourrait même reprocher aux auteurs d’être un peu trop didactiques et répéter les mêmes idées à chaque chapitre.
Néanmoins il en ressort un essai intelligent. Du rapport entre la criminalité et l’avortement à la fréquence des prénoms, en passant par l’économie de la drogue (la structure pyramidale qui laisse peu de miettes au guetteur), Levitt et Dubner nous offrent tout ce que Le Tigre apprécie en général : une vision scientifique, originale, légèrement décalée quant au choix des sujets, pour des résultats parfois imprévisibles mais crédibles.
Quand au style, le moins que l’on puisse dire c’est que ça se lit plus que facilement. On nous prend littéralement par la main, la démarche intellectuelle de déduction du lecteur ne sera guère mobilisée. Du coup, on lit et on oublie ! Mais est-ce le but quand les raisonnements présentés par Levitt relèvent le plus souvent du simple bon sens ?
Ce que Le Tigre a retenu
Les exemples sont légion (et bien connus), je vais en reporter un particulièrement édifiant pour vous donner une idée du genre.
NYC a enregistré, lors de la mandature du très italo-américain Rudolf Giuliani, une baisse spectaculaire de la criminalité. Et ce grâce à la tolérance zéro ? Que nenni selon nos auteurs, c’est avant tout un arrêt de la Cour suprême (légalisant de facto l’avortement) de 1973 qui a empêché les jeunes mères (noires) d’enfanter de futurs criminels. Vingt ans après, ce sont ces potentiels délinquants qui n’ont jamais vu le jour. Le Tigre aime à croire que c’est la vérité (les scientifiques semblent encore ne pas être d’accord), surtout quand il s’agit de démonter l’action politique lorsque celle-ci fanfaronne en plus.
Ce qu’il faut retenir, c’est l’approche « scientifique » des auteurs, qui laissent de côté leurs préjugés et idéologies. Chiffres à l’appui, on apprend à penser out of the box et à étudier des faits sociaux sous un angle inédit. A ce titre, à la question « le capitalisme est-il moral ? », il convient de rappeler la réponse de Comte Sponville, proche de celle des auteurs, qui tendrait à dire que le capitalisme est a-moral : ni moral ni anti moral, le système capitaliste repose sur des comportements humains (pas forcément rationnels, mais dans cet essai ils le sont) qu’il convient d’étudier objectivement pour expliquer comment tourne l’économie.
…à rapprocher de :
– Y’a le blog de l’auteur (en anglais) qui regorge d’autres études du même acabit. Ooooohhh, c’est devenu un site quasi marchant maintenant.
– D’ailleurs, Super Freakeconomics (rien à voir avec la chanson de Rick James) est sorti peu après. Le Tigre a lu quelques pages dans une librairie, et ça n’avait pas l’air si bien. Tant qu’à réitérer une méthode qui rapporte, il ne faut pas les blâmer.
Enfin, si votre librairie est fermée, vous pouvez le trouver sur Amazon ici.