Tim Winton - RespireVO : Breath. Claque littéraire et visuelle pour le lecteur qui veut bien faire travailler son imagination, voici l’histoire d’un jeune homme avec des évènements qui ont forgé son identité. L’Australie est une terre riche et généreuse pour les surfeurs, et ces derniers constituent une race définitivement à part. Un pur plaisir de littérature.

Il était une fois…

 Bruce Pike, qui sera très rapidement surnommé « Pikelet », habite une petite bourgade sur la côté australienne. Tout à côté de chez lui, des vagues qui peuvent atteindre six mètres font trembler le littoral. Il fuit rapidement la compagnie de ses parents (qu’il juge ternes) en traînant avec Loonie, le bad boy dont le père tient le rade du coin. Les deux amis, qui repoussent chaque jour les limites de leurs corps, se lient rapidement avec Sando, surfeur émérite qui les emmène dans des spots qui n’ont rien à envier à l’enfer.

Critique de Respire

Même si j’ai l’impression de l’écrire trop souvent, ce roman est une petite tuerie. Pourtant, c’était mal parti : le premier chapitre est plus que déroutant puisque le héros, vieux, est témoin (en tant qu’urgentiste) d’un décès particulier. C’est l’occasion, pour lui, de revenir sur sa jeunesse. Jusqu’aux dernières pages qui font le point sur ce qu’il est devenu, de son divorce aux rapports avec ses filles.

Le scénario, en effet, se concentre sur la vie de Pikelet pendant une demie douzaine d’années de son adolescence. Si les débuts ne m’ont pas transporté, à part lorsque le protagoniste décrit la médiocrité ambiante de ses proches (ses parents en prennent pour leurs grades), l’histoire s’intensifie dès que le fameux « Sando » Sanderson débarque et les prend sous son aile. Ce personnage, mystérieux, est flanqué d’une certaine Eva dont le rôle sera grandissant au fil du roman.

Le style est sec, nerveux, si l’écrivain australien va droit au but et ne s’embarrasse pas de descriptions inutiles, il prend quand même le temps de dresser de magnifiques tableaux dans lesquels on hésiterait à faire trempette (requins, mer déchaînée, etc.). Le Tigre signale les dialogues qui ne sont pas annoncés par les traditionnels tirets. Saut de ligne, tabulation simple, voilà comment commence une discussion. C’est assez délicat à suivre au début, et au fil de la lecture ça colle bien avec le style « ramassé », voire halluciné.

Au final, un titre immersif qui fait honneur au surf et à l’état d’esprit de certains individus doux-rêveurs qui ne vivent qu’au rythme de la météo et des bons plans à surfer. J’ai cru sentir la wax en reniflant le livre, faut dire que le vocabulaire de la glisse (les points, le nom des vagues comme la Nautilus, et autres « Swell ») est omniprésent. Ca ne serait pas autobiographique sur les bords ?

Thèmes abordés (du moins selon Le Tigre)

Liberté chérie, je t’aime – moi non plus. « Respire ». Un ordre, un impératif qui prend, au fil des pages, de nombreuses significations. S’il est question du second souffle à prendre après une apnée, voire hyperventiler avant de se prendre une vague dans la gueule, ça bascule assez rapidement dans le glauque. Notamment à cause de certaines pratiques sexuelles qui veulent qu’on s’étouffe en vue d’avoir un orgasme monumental.

Respirer, c’est aussi s’affranchir du carcan de ses contemporains, même si pour cela Pikelet et Loonie s’attacheront à un mentor. Le paradoxe total, ainsi, veut que nos amis idolâtrent Sando et tentent chacun d’attirer ses bonnes grâces. Bruce Pike saura s’arrêter lorsqu’on lui demande de franchir des limites passablement dangereuses, quitte à être une sorte de paria. Quant à Loonie, c’est la tête brûlée par excellence, le mec qui finira forcément mal.

Le dernier thème est plus « médical », puisqu’il s’agit de la recherche des sensations fortes en tant que maladie. La recherche de la peur apparaît comme un besoin pour se sentir vivant, peu importe si la mort se tient, comme une vraie salope, en embuscade. Je pense notamment à Eva, personnage au destin d’une infinie tristesse, loin de son élément qui est la neige. Quant au héros, finir urgentiste est le moyen le plus sûr d’être dans l’œil du cyclone.

…à rapprocher de :

Pour Le Tigre, la référence en matière de surf reste (pour l’instant) Kem Nunn et ses différents romans :

Surf City, qui a un aspect initiatique aussi prononcé que Respire.

Le sabot du diable, plus « sociétal » avec une incursion dans le monde amérindien.

Tijuana Straits, même si le surf y est moins prégnant.

Je suis sincèrement désolé, mais j’ai écouté Respire de Mickey 3D en écrivant cet article. Sinon, en matière de films, Break Point reprend assez fidèlement l’image du casse-cou contraint à voler (ou dealer) pour maintenir son train de vie (c’est le cas de Loonie).

Enfin, si votre librairie est fermée, vous pouvez trouver ce roman d’exception via Amazon ici.

Michel Tolmer - Mimi, Fifi & GlouglouSous-titre : petit traité de dégustation. Le vin serait une affaire de pros, et les dégustations l’équivalent d’un jury avant de décerner un Nobel de littérature. Sous l’angle de l’humour, Michel Tomer a tenté de gentiment se moquer de cet univers (qu’il connaît bien) en mettant en scène trois inséparables amis. L’exercice, difficile, me paraît bien réussi, notamment grâce à la qualité du trait.

Il était une fois…

Mimi est grand, Fifi est petit, quant à Glouglou, il est…glouton (entendez, gros). Trois dégustateurs de vinasses (souvent naturelles, parfois d’excellente qualité), trois potes à qui il arrive de se mettre de belles miurges, trois individus dont le lecteur découvrira de courtes tranches de vie wine-related. Bacchus est à l’honneur.

Critique de Mimi, Fifi et Glouglou

Tigre aime les bons livres et les bons vins. Un objet qui regroupe donc deux activités qui me sont chères ne pouvait rester non traité sur QLTL. J’ignore, entre l’illustrateur ou l’amateur de vins, qui a pris le dessus chez Michel Tomer, toutefois les deux facettes du personnage se sont ici parfaitement exprimées.

La dégustation, en premier lieu. Comme si on y était : le vocabulaire reste très riche (histoire de tanins, terroir de schistes, chenin, grenache et adjectifs qualificatifs) et confine parfois au name droping quand il s’agit de châteaux. Clos des Lambrays, Cinsault, Mourvèdre, Clos de la Balle (ça existe ?), Valinière de Baral, ce n’est plus une BD, c’est le guide des meilleurs vins !

L’humour transpire de chaque planche (à chaque fois objet d’une histoire indépendante). Il y a néanmoins un gag récurrent, savoir la petite bouffe entre amis chez Benoît (nom du resto) qui, immanquablement, se poursuit à 16h30 par une énième commande de chiroubles avant d’attaquer la poire de Cazottes. Tout ça le cigare au lèvres. Sinon, on retrouve le plus souvent Mimi & Co face à une table, prêts à déboucher une bouteille ou en attaquer une déjà carafée.

Le reproche qui peut être formulé à l’encontre de cette œuvre dionysaque est une certaine propension à ne traiter QUE du breuvage. Cela a nullement gêné Le Tigre, en revanche lorsque je l’ai fait lire à une amie, bah elle n’a pas trouvé une seule page drôle. Pareillement pour maman-lynx. J’ai beau avoir montré la seule planche où ce sont les femmes de nos héros qui interviennent, apparemment les traits d’humour ne franchisent pas la barrière féminine.

Les illustrations, en second lieu, sont plus qu’adéquates. Celles-ci sont basiques, mais toujours précises et immersives. Le choix de couleurs très primaires sied parfaitement avec le trait simple (mais où le lecteur devinera toutes les mimiques des protagonistes) qui fait la part belle aux textes. Pour conclure, bel objet à offrir (ou s’offrir) à un ami rompu à l’art viticole.

Thèmes abordés (du moins selon Le Tigre)

Dégustateur, c’est un métier avec ses contraintes (quelques petites piques sur l’alcoolisme mondain) et ses menus plaisirs, comme ouvrir d’excellentes bouteilles (voire des magnums) et se faire mousser auprès des copains. C’est une activité avec un joli tas de spécificités, plus particulièrement concernant l’image qu’on se doit de donner. L’apparence, même lorsqu’on déclame sa critique, y est prégnante, même (et surtout entre amis) : on regarde avec bienveillance ses collègues certes, mais la compétition larvée est bien présente.

L’onirisme est enfin au rendez-vous. Je ne parlerai pas des deux-trois rêves de Fimi ou Mimi (assez drôles il est vrai) par rapport au vin. Mais plutôt de la poésie des termes choisis lors d’une dégustation. Entre la précision des termes et le verbiage, la frontière semble mince. Notamment la page 54, où un intervenant extérieur qualifie un vin comme en se la racontant sévère, invoquant tour à tour le cosmos ou la physique quantique. Ses ultimes mots sont d’un poète persan du 12ème siècle :

L’ultime effusion du vin…Mes yeux brillent à voir tes pieds pleins de poussière Dont chaque grain est mon soleil et ma chanson. Omar Khâyyam, 12ème siècle.

…à rapprocher de :

Les BD sur la vinasse sont peu nombreuses, je peux vous diriger, en vrac, sur : Les gouttes de Dieu (manga pas mal selon ma tigresse) ; un Canardo (Le buveur en col blanc) ; [aucune autre idée pour l’instant].

– A propos du poète/penseur/amateur de vins Omar Khâyyam, il faut signaler l’excellente bio romancée de ce personnage d’exception par Amin Maalouf, Samarcande.

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EncycatpediaRépondant à un sujet plus qu’épineux, ce billet ne s’adresse qu’aux vrais amoureux des félins. Etre capable de faire fi des conventions et donner de sa personne pour satisfaire certains besoins primaires de son animal préféré n’est pas donné à tout le monde. Votre chatte, chaude comme une échoppe à kébabs, vous mène la vie dure ? Lui retirer ses attributs féminins n’est pas votre genre ? Le Tigre est là pour vous.

Pourquoi ma chatte est si chiante en période d’ovulation ?

Déjà, oubliez la règle qui veut qu’on multiplie par sept l’âge de votre minet pour comparer avec un humain. Parce qu’alors Natacha (le surnom qui sera donné pour ce volume) serait fertile avant ses sept piges. En effet, les minettes peuvent en théorie procréer à peine une année après avoir été expulsée dans ce bas monde.

Ensuite, le constat : je ne sais pas si vous avez aussi remarqué de votre côté, mais pendant certaines périodes ma petite Natacha est tout simplement insupportable. Elle me miaule à la gueule sans arrêt, prend des poses suggestives et se frotte le minou sur tout ce qui bouge. Et ça dure pendant quelques jours, c’est pire qu’avoir un gamin braillard à qui il faut régulièrement donner le biberon.

Je n’ai pas mis long à comprendre ce qui se passe : un, ma chatte a ses chaleurs ! Deux, le charlatan qui se dit vétérinaire m’a salement arnaqué en m’annonçant qu’il l’avait opérée. A moins de ne pas avoir récupéré le bon chat, faut dire qu’ils se ressemblent tous.

Pour la suite des opérations, je vais présumer que vous n’êtes pas très chaud pour accorder à votre chatte (qui n’a pas subi d’ovariectomie) une petite virée dehors. La laisser faire le mur, même une dizaine de minutes, et c’est le gang bang félin assuré pour Natacha. Une solution intermédiaire entre la stérilisation et l’abstinence totale consisterait à lui donner une sorte de pilule ou la badigeonner de spermicide le temps qu’elle aille se faire sauter. Toutefois il n’est pas très plaisant de se dire qu’elle aura, au fil des années, une réputation de souillon prête à offrir son cul et sans avoir une seule descendance.

Si la gestation n’est pas importante pour l’équilibre psychologique de votre animal, je ne me prononcerai pas sur le fait de se faire fréquemment saillir sans résultats probants.

Non. Aux grands maux de Natacha, les grands remèdes tigresques.

Comment calmer son matou ?

Le Tigre, dont le doctorat en éthologie portait sur la sexualité des pingouins (croyez-moi, ce n’est pas glamour du tout), possède une technique qui fonctionne à coup sûr. Je vous la livre gratuitement.

Natacha n’en peut plus de trouver un partenaire et souhaite se faire vigoureusement prendre ? Soit. C’est à mon sens d’une rare tristesse qu’avoir un animal sexué qui ne sait rien de la chose. Ce n’est pas parce que vous ne voulez pas d’une portée de minets que vous allez bafouer le sacro-saint DASO (le droit au sexe opposable).

Le système est excessivement simple. Vous vous installez dans un endroit douillet, très rapidement la mistinguett viendra réclamer auprès de vous. Autour d’elle, toute une ambiance savamment préparée : lumière tamisée, deux ou trois croquettes gourmandes à portée, et pourquoi pas de la musique. Pour ma part, je mettais au début quelques morceaux de dragueurs, genre du Otis Redding, Rammstein, voire l’intégralité de Exiter, l’album suave de Depeche Mode. En ce qui concerne ma Natacha, je me suis aperçu qu’elle ne prenait son pied qu’en écoutant le thème de James Bond, allez savoir pourquoi.

A un moment donné, Natacha vous tendra, une fois de plus, sa croupe tout en vous implorant avec ses petits yeux de biche. Il est alors temps de se mettre au turbin. De votre main gauche, vous la saisissez fermement par la peau du coup. De la droite, vous tenez un coton tige légèrement imbibé d’eau. Certains mettent de la vaseline, pour ma part je trouve que c’est cher payé pour l’acte à commettre.

Vient le moment que je préfère : après un subtil (mais assumé) affleurement, vous introduisez délicatement le coton tige dans ses parties. Ne vous plantez pas comme un vulgaire puceau du quinzième siècle en lui enfonçant l’objet dans l’anus, ça ne déclenchera aucune ovulation. Et ça sentira mauvais. La nature étant bien faite, dites vous que c’est comme un être humain en position de levrette : la salle des fêtes est placée au-dessous des toilettes.

N’en faites pas des tonnes, l’acte sexuel des félidés est censé durer une douzaine de secondes, douche comprise. Un rapide aller-retour en plus d’un léger mouvement rotatif pour bien atteindre toutes les parois du vagin devraient amplement suffire. En principe, un petit grognement de surprise (ou de volupté, je ne fais pas la différence) vous renseignera sur l’atteinte de l’objectif. Du moins au début, parce qu’après quelques petites attentions de ce genre Natacha sait à quoi s’attendre et ne me remercie même plus.

Grâce à cet acte, votre petite minette au corps fraichement repu vous lâchera les baskets pendant au moins 36 heures. Le temps qu’elle se rende compte qu’elle s’est fait flouer. Je ne suis pas spécialisé en anatomie féline, cependant je crois savoir que chaque pénétration déclenche une ovulation. Ne sachant pas vraiment combien d’ovules Natacha a en magasin, je n’ai jamais essayé de faire une attaque multiple avec le coton tige pour épuiser son stock.

Conclusion de catlover

Ma copine me reproche de ne parler que de sexe sur mon blog, je m’exécute. Car elle n’a rien dit au sujet de la zoophilie.

Avant de saloper mon fil à commentaires en disant que Le Tigre est immonde, je tiens à vous signaler que j’ai appris cette méthode lors d’un séjour à Wuhan. Les habitants là-bas savent couper les couilles d’un chat, hélas stériliser une femelle nécessite un spécialiste, et ils n’ont pas les tunes pour le faire.

Aussi il n’y a, dans cette ville, que des chattes en chaleur sans un mâle bien couillu pour les contenter, d’où cette idée de simuler le coït. Ne jugez pas nos amis orientaux trop vite, car je ne vous ai pas encore conté, par le menu (c’est bien le cas de le dire), ce qu’ils font de leurs chats errants (en lien)

A part ça, il faut vraiment que j’arrête de bloguer en regardant Avatar, il me vient plein d’idées impures transgenres.

Carlene Thompson - Ne ferme pas les yeuxVO : Don’t close your eyes (enfin un éditeur qui traduit mot à mot). Le Tigre ne recule devant rien, ni même les « écrivaines à môman ». Ambiance oppressante, tueur mystérieux qui peut être n’importe qui, bah figurez-vous que ça passe ! Personnages certes creux et roman un peu long, mais à ma décharge je n’ai pas vu le temps passer. J’ai même été surpris par le dénouement.

Il était une fois…

Allez zou, voilà le quatrième de couv’  [200 mots de gagnés au moins] :

« Quoi de plus effrayant qu’une vague de meurtres qui, du jour au lendemain, se met à décimer vos proches sans que vous sachiez qui sera la prochaine victime ? Quoi de plus sauvage qu’un inconnu qui frappe sans que l’on en comprenne la cause et qui laisse derrière lui en lettres de sang des phrases tirées de la Bible ? Port Ariel, niché sur les bords du lac Érié, avait tout jusque-là de la petite ville tranquille où tout le monde se connaît et où mourir assassiné semblait inconcevable. Le temps des rêves est terminé. La mort rôde désormais armée d’un long rasoir. Elle n’épargne personne. Elle peut être tout le monde. Votre voisin, votre père, l’amie de tous les jours… »

Critique de Ne ferme pas les yeux

Carlene Thompson, c’est un peu l’écrivaine dont les romans finissaient comme cadeau par défaut pour maman-lynx. Les héroïnes sont souvent des femmes (les victimes aussi, hé hé), c’est la petite gourmandise qui remplace correctement n’importe quel polar. Hélas, pour le Tigre, de tels titres qui dépassent parfois le demi-millier de pages ont souvent représenté un formidable gâchis. (c’est pourquoi je demande à une amie de les lire pour me sélectionner ceux de Thompson qui le valent bien)

Pour reprendre l’histoire du roman, l’héroïne (Natalie), qui est revenue pour soutenir une copine dont le compagnon l’a trompé, commence à se dire que ça sent sérieusement le sapin pour elle. Quatre meurtres, quatre gosses (Tamara, Alison, Charlotte et je ne sais plus qui) tués ayant un certain lien entre eux.

Là où ça devient original (et sans doute peu crédible), c’est quand Nat’ prend ses burnes à une main, son carnet de détective dans l’autre, pour aider le shérif du coin à résoudre le mystère. Même la gamine du représentant de l’ordre s’en mêle, arrêtez les frais !

Sur le style, c’est étrangement à la fois dense (chapitres longs, écriture petite et plus de 500 pages) et léger, en particulier à cause du vocabulaire que le lecteur aguerri pourra survoler. L’enquête durant une petite semaine (les titres des parties sont des indications temporelles), le dénouement (que je n’ai pas vu arriver, honte à moi) est arrivé un peu vite à mon goût. Lecture agréable certes, toutefois la mère Thompson ne visait pas Le Tigre dans son lectorat.

Thèmes abordés (du moins selon Le Tigre)

La paranoïa ambiante est plutôt bien rendue dans ce roman, avec tous ces assassinats (les victimes, proches de la protagoniste principale en sus) dont on sait qu’ils ont été forcément commis par un individu qui a été déjà décrit par l’écrivaine américaine. Presque un thriller à huis clos. En rajoutant d’inquiétants appels téléphoniques reçus par l’héroïne, il n’est pas difficile de comprendre que mémère, dans son canapé, comment peut avoir quelques suées en lisant cette œuvre.

La vengeance, la vraie. [Attention SPOIL, pour vous montrer que je l’ai lu jusqu’au bout]. En effet, toutes les victimes étaient des enfants de personnes impliquées dans une tragédie ayant eu lieu quelques années plus tôt : un jeune garçon est mort sur la table d’opération, le médecin étant le père de Nathalie. La daronne du mioche décédé a changé son nom et s’est fait passer pour une autre personne. Ayant réussi le tour de force de coucher avec le père de l’héroïne tout en sympathisant avec tous ses proches, elle a tranquillement zigouillé tout ce petit entourage. [Fin SPOIL]

…à rapprocher de :

– Pour les écrivaines de cet acabit, il faut mieux rester sur Thompson que reprendre une Higgins Clark ou, pire, la vilaine Sue Grafton (exemple ici).

Les romans de Nicci French sont plus courts, glauques, avec un mystère moyennement bien entretenu. Dans l’ensemble, je ne le recommande pas (j’en ai lu peu, attention).

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Ed Brubaker - Catwoman T4 : L'Équipée sauvageVO : Wild Ride. Catwoman Secret Files #1 et Catwoman #20-24. Comics un peu plus « classique » et revenant à des basiques du monde fantastique de DC Comics (notamment quelques héros en guest stars), voilà Catwoman et sa pote sur la route pour de nouvelles aventures. Passable. Juste à l’attention de ceux (dont moi) qui ont tous les précédents tomes.

Il était une fois…

Black Mask hors de jeu, Selina et sa pote ont décidé de quitter Gotham histoire de se faire oublier. Direction St Roch, via Keystone City et Opal City, ces deux dernières villes ayant leurs propres (anti parfois) héros. Hélas, une mystérieuse organisation parlant une langue arabique se trouve plus que de raison sur leur chemin. Impossible d’en savoir plus sur eux, ils ont la bonne idée de faire de la combustion spontanée avant d’être interrogés.

Pendant ce temps le détective Slam et Batman tapent tranquillement la discute au sujet de l’héroïne en cuir et bottines.

Critique de Catwoman T4 : L’Équipée sauvage

Si Le Tigre a fait n’importe quoi en lisant le tome 3 avant tous les autres (ça n’a pas posé de soucis au final), je vous conseille de ne pas aborder ce quatrième opus en parfait touriste. Très mauvaise idée, car le lecteur ne peut savoir que 1/ l’héroïne doit, pendant un temps, se faire discrète à Gotham 2/ celle-ci a une bonne pote avec qui elle partage presque tout.

Comme je le disais en intro, les deux poulettes vont traîner leurs guêtres en dehors de la ville de Bruce Wayne tout en accomplissant de menus larcins. Amitié, reconstruction, je croyais bien que le fantastique n’allait pas être au rendez-vous. Mais c’est sans compter Captain Cold (un dur à cuir que je ne connaissais point), le truand Bobo Benneti ou, pire, Hawkman et Hawkgirl tous droit sortis des années 70 par leurs déguisements. Il sera également question de touchantes retrouvailles à la fin du comics.

Le Tigre a cru noter que l’illustrateur a changé, en effet c’est Cameron Stewart qui est au turbin. Celui-ci donne dans les dessins à mi-chemin entre la terrible simplicité d’un Darwyn Cooke (cf. les Parker) et le cartoonesque des années 80. C’est assez plaisant à l’œil, néanmoins aucune claque visuelle ni tableau d’envergure. Au final, comics correct, mais sans plus. Quant aux super vilains présents, on en sait trop rien, à part un antique culte à Bastet, déesse forcément à tête de chat.

Thèmes abordés (du moins selon Le Tigre)

C’est idiot, mais la première chose dont j’ai ici envie de parler tient de la forme plutôt que du fond : la dernière planche de L’équipée sauvage est un petit scandale puisqu’annonçant qu’il faudra absolument lire le tome suivant pour savoir de quoi il retourne. Vu le prix et le nombre de pages (assez limité) d’un opus, j’aurais grandement préféré des bouquins mieux pensés et regroupant des histoires qui se suivent vraiment. Mais non, on laisse le pauvre Tigre dans le dénuement le plus total, contraint à guetter les sorties.

Plus sérieusement, j’ai cru dénoter un certain hommage au noble art du « road movie ». Holly et Miss Kyle qui prennent la route et font des rencontres (heureuses ou non) ; une des protagonistes qui entretien une relation épistolaire et raconte (avec une subjectivité bienvenue) ce qu’elle vit ; l’impression de liberté d’aller et venir dans tout endroit ; l’amitié renforcée, bref Kérouac doit avoir la gaule depuis son cimetière.

Il est enfin question d’une forme de patronage, ou plutôt de la manière dont peut s’initier l’entraînement d’un super héros. Holly en a vu des vertes et des pas mûres, aussi Selina la présente auprès d’un grand boxeur pour lui enseigner quelques réflexes de guerriers. La blondinette suit un drastique entraînement, et fait rapidement ses preuves. Le travail, la répétition, rien de tel pour exceller. [ce que disait Stephen King, en substance, à propos de la littérature]

…à rapprocher de :

– Le premier opus s’intitule D’entre les ombres, suivi de Dans les bas-fonds et Sans répit. Le présent tome, et j’attends le cinquième.

– Sinon, Tigre a lu d’autres aventures de Catwoman, par Winick & March. La règle du jeu, La maison de poupées et Indomptable, plus sombres. C’est de pire en pire est hélas. Batounet y est plus présent. Je ne parle pas de Darwyn Cooke (certes à la base du présent billet) et son Catwoman, celui-ci me semble plus confidentiel.

– D’Ed Brubaker, Tigre a été déçu par Scene of the Crime (lu en anglais). Fatale (premier tome uniquement lu) est bien mieux.

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Jean-Michel Guenassia - La vie rêvée d'Ernesto G.J’ai un excellent a priori de Jean-Mi’, celui-ci me l’a très bien rendu ici. Un parcours presque épique d’un homme, souvent seul, contre les tempêtes de grands évènements du monde. Des années 30 aux années 80, suivre un citoyen européen qui n’a pas froid aux yeux est sans doute la meilleure manière de faire aimer l’Histoire.

Il était une fois...

Pendant 50 ans, des guinguettes de Joinville à la peste d’Alger, de la guerre de 39-45 à l’effondrement communiste, le lecteur suivra Joseph Kaplan, fils et petit-fils de médecins juifs praguois, grand voyageur malgré lui, fana de tango et de belles femmes, bref un destin exceptionnel. Engagements amoureux ou politiques, nombreuses épreuves, claques assénées par l’implacable Histoire, rien ne sera épargné à Joseph.

Critique de La vie rêvée d’Ernesto G.

Tigre tient à signaler qu’il s’agit d’un des rares auteurs dont je n’attends pas la sortie des romans en format poche, et cela me semble justifié. D’une rude existence en Algérie à la chute de l’URSS, en passant par le climat de peur et de paranoïa en Europe de l’Est, tout y est.

J’ai envie de dire que le héros, contrairement au précédent roman de JMG (cf. infra), est un peu plus actif dans son univers et parvient à retourner, en sa faveur, toute situation en apparence fâcheuse. Après un plaisant mais studieux séjour à Paname, ce dernier file en Algérie avant d’être envoyé au fin fond de l’Atlas (grands moments d’intenses souffrances), puis revient dans sa ville natale sous la coupe de l’URSS.

Toutefois, le problème avec ce genre de roman est que ça doit se lire en moins d’une dizaine de jours. Je ne sais pourquoi, mais en reprenant la lecture (genre trois jours de pause) j’étais passablement perdu, notamment sur la petite Helena (fille du héros) qui atteint trop rapidement huit piges. Puis quinze. Tiens, elle a déjà un amant ? Soit certaines transitions accusent une légèreté blâmable, soit j’ai été loin d’être suffisamment attentif.

La grosse question qui m’a agité jusqu’à la 350ème page est mais quand vient ce putain d’Ernesto G. ? Zut, on parle d’un certain Ernesto qui aurait voulu une autre existence, j’étais prêt à crier au titre trompeur. Je vous le donne en mille, il s’agit [attention SPOIL] bien sûr du bon Che Guevara, qui sous le doux nom de Ramon Benitez récupère de ses nombreuses maladies dans le sanitarium géré par le héros. Sa vie rêvée n’est rien d’autre un autre chemin qu’il aurait pu prendre avec Helena si d’autres gens n’en avaient décidé autrement (snif).

Ces morceaux choisis, tout comme le reste du roman, sont un petit plaisir de lecture. Guenassia se fait même plaisir en distillant des rapports d’informateurs ou quelques pensées de Guevara (en italique dans le roman) relativement poignants par leur lucidité. Certes le roman ne m’a pas pris aux tripes (les interrogatoires de Kaplan notamment), toutefois Guenassia sait capter son lecteur sur plus de 500 pages.

Et les dernières ont réussi à m’arracher un demi-sanglot étouffé (oui oui) avec quelques petites surprises de l’auteur estampillé « valeur sûre » par mes bons soins.

Thèmes abordés (du moins selon Le Tigre)

Ce qui m’a rapidement marqué est la propension de Jean-Mi (tu permets ?) à personnifier les villes. D’une part, Alger est, sous sa plume, plus vivante que jamais : Alger la blanche (architecture oblige), la peureuse, l’infâme (c’est l’idée), la commère (par rapport au jeune médecin qui n’a pas de petite amie), etc. D’autre part, lors de la seconde moitié du roman, ce sera Prague. Cette ville, ballotée entre les exactions nazies et les conneries des communistes, prend autant vie que la précédente.

Cette œuvre traité enfin du sacrifice. Et il y en a un paquet, entre la mère qui décide de quitter (seule avec son fils) un pays dont elle ne veut plus ou la belle qui s’acharne à instiller un peu de féminisme dans une colonie française des années 40. Le plus important est ce que je nomme facilement « le sacerdoce du médecin/chercheur ». Joseph, notamment en Afrique, en a intensément chié pour mettre au point des vaccins (merci à l’institut Pasteur au passage) en vivant tel un moine dans sa cellule.

Cette dernière considération est à mettre en lumière avec le métier originel de Guevara qui s’est rapidement éloigné de la médecine. Il a, à sa façon, tenté de soigner ses contemporains en s’attaquant aux racines d’une terrible maladie, la misère. Il appert que de Joseph ou Ernesto, un des deux s’est bien plus planté dans sa mission que l’autre (du moins il le dit). Une charge sévère contre l’oligarchie (la gérontocratie) soviétique, coupable d’avoir abandonné le communisme (dévoiement est le terme exact) et s’être comportée lâchement.

Bref, à part Joseph et ses proches, l’Humanité est une belle salope. Quand je repense à ce pauvre Ernesto obligé de conduire une révolution dans un pays où tous se doutaient que ça allait sévèrement capoter…

…à rapprocher de :

– De JM Guenassia, Le Tigre a commencé par Le club des incorrigibles optimistes. Un peu plus longuet, mais de la bonne came.

– Les protagonistes de qualité qui traversent le temps (et l’espace) de façon aussi magistrale, je peux félinement vous renvoyer vers Limonov, d’Emmanuel Carrère.

– Joseph Kaplan. Joseph K. Voilà, Le Tigre a enfin procédé au rapprochement !

Enfin, si votre librairie est fermée, vous pouvez trouver ce roman via Amazon ici (grand format pour l’instant).

Zep - Une histoire d'hommesZep n’est pas que l’auteur très connu du quotidien d’un pré-ado doté d’une houppette exagérée, Le Tigre aurait presque voulu en rester à ce niveau de connaissance. Car les réminiscences (et conséquences sur le présent) de quelques quarantenaires qui auraient pu former un grand groupe ne m’ont pas emballé du tout.

Il était une fois…

Où es-tu, petite présentation de l’éditeur ? Ici :

« Après s’être séparés plusieurs années auparavant, une bande de copains et membres d’un groupe de rock se retrouvent chez l’un d’eux, Sandro. Certains ont réussi, d’autres moins. Au détour de flash-back sur les concerts, la drogue [Faux ! Y’a quasiment que dalle sur ce sujet…], les amours passagères, ils comprennent les événements mal perçus à l’époque et découvrent que quelque chose de plus fort que la musique unit certains d’entre eux. »

Critique d’Une histoire d’hommes

En checkant un peu sur internet, j’ai enfin compris l’origine du pseudo de Philippe Chappuis : le père de Phil’ était rockeur, d’où Zep, comme Led Zeppelin. Aussi simple que cela, comment n’ai-je pas pu y penser ! Normal donc que l’auteur/illustrateur tape dans ce domaine, on sent qu’il y a passé du temps.

L’histoire a l’air d’être simple, à savoir les membres de Tricky Fingers, groupe de rock qui s’est salement planté en 95 après que Frank a pété le nez d’un producteur de la BBC lors d’un concert. La petite bande (avortée) se retrouve dix-huit ans après, invité chez le seul qui a continué une carrière, quelque part en Angleterre. C’est l’occasion, outre les nombreux flashbacks, de faire le point sur quelques zones sombres entre nos anciens potes.

Sauf que c’est plutôt chiant, presque un travail de besogneux qui veut montrer qu’il maîtrise autre chose que l’art dessinatoire pour ados. « Chiant » est sans doute fort, disons que c’est à la fois exagérément contemplatif (les illustrations n’aidant pas) et sur un sujet qui ne me parle pas (à un tel point d’oublier qui est qui dans la bande). Les dessins aux couleurs pâles et tirant sur le sépia (ou le bleu léger, les variations de ton semblent aléatoires) offrent une agréable fluidité de lecture. Néanmoins les personnages accusent toujours une relative invraisemblance au niveau des expressions, surtout les sourires.

Au final, une soixantaine de pages assez denses (à la limite du roman graphique) qui pourront, à la rigueur, faire écho à quelques vieux fantasmes (ou mieux, souvenirs) chez le lecteur porté sur la rock & roll attitude. Ce dont n’est point Tigre. Erreur de casting, ça arrive.

Thèmes abordés (du moins selon Le Tigre)

Les groupes de rock, côté sombre. Au moins Zep n’a pas versé dans le trivial, avec sex, drogue et monumentales cuites. J’ai eu pourtant peur, avec le concert qui tourne mal à cause d’un des gars un peu trop sous LSD. L’auteur a tenté une approche intéressante, à savoir comment un groupe n’a pas pu se constituer, et en quoi cela a influencé ses anciens membres (assez jeunes à l’époque). Les retrouvailles, même une vingtaine d’années après, sont étonnamment chaleureuses. Le rock, une expérience qui lie les hommes ?

Une histoire d’hommes, c’est hélas le genre de titre qui ne m’envoie pas du tout de rêve. Truc de mecs bien burnés ; les nanas comme accessoires ; le rock viril et bruyant, bref la mâle complicité et les coups de gueule qui vont avec. Concernant donc les liens entre Yvan, Frank, Bidule et Machin, comptez bien sur moi pour vous spoiler [attention] : ayant plus d’une fois zappé le nom des protagonistes, j’ai du relire quelques passages en arrière pour enfin comprendre qu’un des gus avait fait un gosse à la copine d’un autre, gamin qui décède vers ses dix-huit berges. Tout ça pour ça.

…à rapprocher de :

– De Zep, j’ai franchement préféré ses Titeuf. C’est terrible comme constat (enfin, comme point de vue) de ma part, mais il n’aurait pas dû tenter de gambader dans le roman graphique intimiste. Ou alors poursuivre dans cette voie, avec un scénar’ un peu mieux léché.

Les filles électriques, Happy sex, ça reste passable.

Enfin, si votre librairie est fermée et que vous tenez à montrer à votre gosse que Zep sait être profond, vous pouvez trouver cette BD via Amazon ici.

DodécaTora« Bonjour, noble félin. Beaucoup estiment que j’ai grandement pourri le souvenir que je suis censée laisser sur Terre à cause d’une fin un peu hasardeuse. Mais je ne suis pas la seule merde ! Tu n’as quelques exemples littéraires ? Brigitte B. PS : ça te dirait de jouir dans mon éprouvette ? C’est pour sauvegarder ta race bien sûr. »

Un roman dont l’excipit fait regretter de l’avoir lu ?

A l’instar de la personne qui m’a écrit, il est des souvenirs littéraires gâchés par une fin malheureuse. Soit le roman est excellent et se termine en eau de boudin, soit c’est mauvais sur tout la ligne et les dernières pages sont la cerise sur l’indigeste gâteau de l’auteur. Dans tous les cas, et après avoir bu les paroles de l’auteur, il y a comme un arrière petit goût de bouchonné. Sauf que c’est trop tard pour cracher dans le seau.

Il est certes délicat, pour ne pas dire difficile, de correctement terminer une œuvre, toutefois quelques auteurs ont franchement fait de la merde. Du moins, du haut de ma modeste tanière en ivoire, je l’ai ressenti comme tel. Je n’abandonne jamais la lecture d’un bouquin quand il reste une dizaine de pages (bien avant, c’est une autre histoire), cependant j’aurais du le faire à de nombreuses reprises.

Avant de commenter la douzaine de choix du fauve, je préfère vous annoncer que vous allez être ici sauvagement spoilés. Quoi de plus normal, Le Tigre traite du terminus romanesque. Vous voilà prévenus, alors ne venez pas chialer dans les commentaires.

Tora ! Tora ! Tora ! (x 4)

1/ Stephen King – La Tour Sombre

[Je sais que je vais me faire des ennemis, rien à foutre]. Et Le chevalier Roland s’en vint à la Tour noire. Ouais, super, merci Monsieur King. Blague à part, si la saga de cet auteur envoie du très lourd, la fin m’a fait pleurer de rage. Déjà que je m’étais approprié tous les protagonistes (la plupart décédant), imaginez ma gueule quand la fameuse Tour sombre n’est qu’une institution destinée à montrer au héros ses égarements. Résultat : arrivé en haut, Roland tire la queue de Mickey et a le droit de refaire un tour. Sans moi…

2/ Georges Simenon – L’outlaw

Le problème de cette œuvre est que celle-ci est profondément chiante. Stan, le héros, est insupportable au possible, et pendant plus d’un chapitre Le Tigre a espéré que ça se termine par un « malheureux accident ». Sauf que Simenon ne paraît guère décidé à faire mourir son protagoniste, et lorsque l’auteur le fait c’est par la voie rapide, donc décevante. La guillotine, bête et simple, alors que Stan méritait tellement pire pour m’avoir fait perdre mon temps.

3/ Hergé – Les bijoux de la Castafiore

Faut bien trouver des classiques dans ce DDC… Non seulement on ne bouge pas de ce tas de ruine qu’est Moulinsart, mais en plus y’a pas un seul ennemi valable qui pointe le bout de son nez ! Saperlipopette, quelle fange ces retournements ridiculissimes. Le seul truc qui aurait pu me faire marrer est qu’au final ce soient les manouches les responsables du vol de l’émeraude, un petit lynchage aurait été de bon aloi. Bah non, c’est une pie…une pie ?!? Franchement, vous voyez un piaf prendre entre son bec une grosse pierre de plus de 100 grammes ? Moi non plus.

4/ Jean-Patrick Manchette – Fatale

Le début de ce roman est plutôt sympa, avec une femme débarquée d’on ne sait où pour remplir un contrat dans une bourgade pourrie par la corruption. Néanmoins le dernier tiers est une catastrophe : on ne saura ni d’où elle vient, ni qui la paye (est-elle son propre patron ?), et le dénouement de l’intrigue a été plus que cavalièrement traité par l’artiste. La fin du roman est comme un mauvais bouquet final de province, avec des explosions mouillées qui n’ont rien à voir avec ce que Le Tigre légitimement attendait.

5/ Peter F. Hamilton – L’aube de la nuit

Plus qu’une saga, une épopée de plus de 2.400 pages. Le Tigre a été constamment ébloui malgré le héros, Joshua Calvert, un peu trop parfait à mon goût. Il est question d’une menace extrêmement grave pour l’Humanité, cependant le dénouement (deux derniers tomes) est presque du foutage de gueule : le beau gosse part dans une dimension que le lecteur n’ose imaginer, il fait péter quelques pouvoirs (qui n’ont rien à faire dans de la SF) et rassemble, en toute simplicité, toute les planètes habitées dans un endroit restreint afin que l’Homme prenne un départ un peu moins tapageur. Whaaaaat ??

6/ Pécau & Dim. D – Paris maléfices

Je vais être bref : c’est de la daube en boite. Pure de chez pure. Paname sous le prisme de sa mystérieuse histoire et sombres légendes, ça aurait pu être sympa. Pour l’instant, je me suis arrêté au premier tome. Le fin mot de l’histoire est désolant au possible, il n’y a ni soulagement ni surprise. A bas la Tour Saint-Jacques.

7/ Naoki Urasawa – Monster

J’ai payé 18 x 9 euros pour cette série ! Oui, je suis con, je ne lis pas mes mangas sur place, faut que je les achète. Il y a énormément de suspense, le héros fait montre d’un esprit retors d’où sortaient quelques délicieuses tortures. Mais comment était-ce possible ? La découverte de l’identité du méchant m’en a touché une sans faire bouger l’autre, et la façon dont il est devenu un monstre frise le scandale tant narratif que psychologique.

8/ Haruki Murakami – 1Q84

J’ignore le degré de responsabilité du Japonais. A mon avis, son éditeur qui lisait les premières épreuves de son troisième tome lui a dit : « Écoute, mon coco, tu as annoncé une trilogie. Et là, au milieu du dernier ouvrage, on ne sait ni d’où sortent tous les petits lutins, ni comment l’héroïne va retourner dans le monde normal. Alors boucle moi ça avant Noël, je m’en tape le coquillard que ce soit passablement bâclé ». Dont acte

9/ Chester Brown – 23 Prostituées

Beau roman autobio/graphique (le gus est vraiment allé aux putes), l’intimité de l’auteur est parfaitement rendue. Mais c’est sans compter la trentaine (ou moins) de dernières pages où Chester répond à toutes les questions que pourraient lui poser le lecteur/une féministe/un politique/etc. Je pensais lire une BD pépère, en fait j’ai dû ressortir mon cerveau de l’étagère pour terminer ce qui est devenu un essai libertarien et interpelant.

10/ Sébastien Japrisot – Compartiment tueurs

Franchement, c’est bon. Excellent même, le scénar’ est intelligemment découpé avec une multi narration originale pour l’époque. Hélas, mille fois hélas, la résolution de l’énigme m’a laissé de froid. A mi-chemin entre un complot et les pérégrinations à peine croyables de deux jeunots, j’avoue (à ma grande honte) qu’il n’est pas impossible que je n’ai pas du assez solliciter mon ciboulot sur la fin. Tout se déroulait comme papa dans maman pourtant.

11/ Brunschwig & Servain & Guth – L’esprit de Warren

Rien qu’au dessin, j’avais deviné que l’envergure de cette BD ne dépasserait pas celle d’un colibri. L’histoire d’un « esprit », d’une malédiction plutôt, qui touche des individus chacun à leur tour, n’apporte que trop peu de satisfaction. Alors que dire de la prise d’otage finale qui a suscité qu’un intérêt très limité chez Le Tigre ? Rien.

12/ Robin Hobb – L’assassin royal

Tigre aime terminer sur une royale plaisanterie. A moins que…comme moi, vous trouvez que : il y a trop de tomes ; à la fin de chacun, le héros ne prend pas assez de galon ; pire, Fitz ne fait rien pour prendre son destin en main et subit le bon vouloir de ses supérieurs ; il a une vie sexuelle miséreuse. Au final, dès que le tome est terminé, l’auteur tente de nous amadouer avec une énième sourde problématique d’envergure. Tigre a suivi le mouvement jusqu’au quatrième tome.

…mais aussi :

– Dans la veine des mangas, je me souviens d’aussi Deathnote qui fait montre d’un dénouement assez light (mini jeu de mots).

Les enfants du rasoir, de Lansdale (grand auteur sinon). Au moins, l’intégralité du roman est décevante, donc c’est sans étonnement que la fin est pourrie.

Gally & Olbion - Love blogAcheté au pifomètre le plus complet, cela aurait pu être bien pire (sachant que ce n’est pas vraiment mon type de bouquins). A mi-chemin entre autobiographie totale et délires de deux tourtereaux, c’est frais, coquin, simple, touchant, bref mignon tout plein. Le dessin ne gâche rien, presque un sans faute sur toute la ligne.

Il était une fois…

Gally et Oblion (Erwan Lucas de son p’tit nom) sont très beaucoup amoureux. Hélas l’une habite à Brest, l’autre à Nice. Aussi leurs retrouvailles font l’objet de très chauds épanchements, et entre temps nos jeunes amants s’imaginent mille et une manière de jouir de l’autre.

Critique de Love blog

Je ne le dis pas souvent, mais le premier qualificatif que je trouverais à cette oeuvre est « mignon ». Oui. Parce deux auteurs qui, à cause de la distance, se livrent à ce point à quelques joutes bloguesques (chacun avait son site) pour se marrer, en faire un ouvrage prêt à être consommé n’est pas une si mauvaise idée.

Le résultat est un bon moment de lecture à passer : chaque planche fait l’objet d’une histoire (ou d’une demie-histoire) à caractère érotique, souvent désopilante, et toujours humoristique. De la gestion du quotidien sexuel de deux individus jusqu’aux fantasmes plus ou moins avoués, en passant par les quelques déconvenues dans ce domaine, le lecteur ne verra guère ces 100 pages passer.

Quant aux illustrations, il convient de signaler que Gally et Olbion ont fait le choix du zoomorphisme. Sans doute par pudeur, mais grâce à cela les scènes presque pornographiques basculent, comme par magie, vers l’érotisme. Sachant que deux pattes sont derrière ce projet (deux blogs différents), la cohérence des dessins est plus qu’étonnante : faciès des protagonistes très bien rendus, courbes des corps crédibles et aguicheuses, dominance de tons rouges et roses, du beau boulot.

Un des rares points négatifs pourrait consister à dire que cette BD est essentiellement portée sur le sexe, composante certes primordiale de l’amour. Le lecteur aurait pu être gavé de ces excès de cul, néanmoins il y a ici et là quelques planches (rares, il est vrai) dérogeant à la règle. Pour conclure, bravo aux deux compères de s’être mis à nus de la sorte.

Thèmes abordés (du moins selon Le Tigre)

Soyons original : l’amour ? Le titre du roman graphique aide très certainement, toutefois celui-ci a été plutôt bien choisi. Car il est évident que les deux héros s’aiment à la folie, et ce sentiment peut sembler exacerber par les centaines de kilomètres qui les séparent. Le manque, la crainte de devoir repartir, les conversations érotiques sans fil (gare à la belle-doche qui arrache le combiné !), seuls les amoureux séparés savent à quel point les auteurs touchent la vérité.

Quelques facettes de cet état sont particulièrement traitées, notamment la complicité, reine de toute relation saine. L’amitié lie également Lady G. et Mister O., il n’y a qu’à voir ce qu’ils se partagent ou comment aucun tiers ne parvient à s’interposer entre eux (du moins pas très longtemps) . Le plus beau reste que les deux auteurs ont joué par blogs interposés, aussi des fantasmes typiquement propres à un sexe font suite à ceux de l’autre, tout ceci sans tomber ni dans le graveleux, ni, à l’inverse, dans le glurge (le trop sucré). Équilibre maintenu.

…à rapprocher de :

– Sur un tel zoomorphisme, Tigre pourrait vous rabattre vers plein de trucs, toutefois pas aussi mignons. Les Blacksad, à la rigueur (par exemple ici, ou encore là).

– Ces saynètes me font souvent penser au bon vieux Boulet. D’ailleurs il est question de cet auteur, fugace objet sexuel de Gally dans une baignoire. Un blog qui marche, pas mal de dessins de qualité, et hop on publie ça en format papier. Sauf que ce dernier blogueur a pris une sérieuse avance.

Enfin, si votre librairie est fermée, vous pouvez trouver cette BD via Amazon ici.