La régularité dans la qualité chez Michel Rabagliati force le respect, qu’on se le dise. Si Tigre, au début, a eu peur que le scénar’ parte dans tous les coins, le tout est d’une somptueuse cohérence. Entre souvenirs de jeunesse et douloureuse marche vers la paternité, voici ce que de simples vacances à pêcher peuvent faire.
Il était une fois…
[Tigre aime bien les éditeurs qui ne mettent rien en quatrième de couverture, ça décourage les feignasses.]
L’été arrive enfin. Paul et Lucie (enceinte au passage), décident de réserver un petit chalet dans le Domaine Berthiaume. Ils vont y retrouver la famille de la soeur de Lucie, Monique (la smala qu’on rencontre dans Paul en appartement) au bord d’un lac pour y pêcher. Les activités sur place sont l’occasion de se remémorer quelques étapes clés du passé de certains protagonistes, tout en faisant un bon d’environ deux années vers l’avenir.
Critique de Paul à la pêche
Le problème avec cet auteur est qu’il est difficile de le tailler, ces romans graphiques sont quasiment parfaits. S’il m’arrive d’être relativement déçu dans ce genre d’œuvres, c’est bien à cause de leur taille. Près de 200 pages ici, rien à dire.
Dans cet opus, j’ai bien cru au début que la multitude d’histoires et de clins d’œils allaient me donner le tournis. Toutefois, il est quasiment impossible de ne pas refermer le bouquin avant de l’avoir terminé : happé par les pérégrinations de nos héros, Tigre a été profondément touché par la justesse et la simplicité du ressenti de Rabagliati. L’humour se mélange au tragique, et le passage d’un thème à l’autre est d’une fluidité déconcertante.
Outre le style québécois aussi fandard (leur phrasé est délicieux), les illustrations sont en glorieuse harmonie avec le reste : noir et blanc efficace avec quelques planches somptueuses de flore ou de faune (lapins, orignal, ours, poiscaille même), voilà autant de raisons pour encore donner la meilleure note à un roman graphique made by Michou.
Thèmes abordés (du moins selon Le Tigre)
Il faut savoir que la BD commence par une offrande bien particulière à destination d’une paroisse. Il faudra attendre la dernière page pour savoir de quoi il retourne, toutefois on devine rapidement la problématique du couple pour avoir en enfant. Cela se passe très difficilement, avec deux fausses couches et les sérieux coups de barres qui vont avec. Happy ending heureusement, grâce à l’aide d’un médecin la petite Rose finit par arriver. Paradoxalement, par le biais de Monique (travailleuse sociale) ou d’une expérience de jeunesse de Paul, le lecteur découvrira les sombres aspects de la parentalité ingrate et irresponsable.
L’autre thème, omniprésent, est l’évolution du monde occidental des années 70 jusqu’à la fin des années 80. C’est marrant comme tout d’entendre Paul, dans ses premières années de designer, dire comment il doit acheter tous les six moins la nouvelle version d’un produit de la marque à la pomme. Moins rigolote est comment Paul s’est emmerdé dans ses études de jeunesse ou l’histoire de Clément qui voit son entreprise dégager les salariés, un par un, pour se conformer au libéralisme idiot (mal interprété donc) qui cherche toujours plus de rentabilité.
Et la pêche dans tout ça ? On s’en taperait presque s’il n’y avait pas quelques remarques sur la façon dont est « préparé » le lac pour qu’il n’y ait que de belles truites. Et que dire de l’art pas si noble de la chasse à l’ours ? L’homme est le meilleur vecteur pour saloper la nature, il est plutôt triste de découvrir les menus arrangements pour avoir quelque chose de soi-disant authentique.
…à rapprocher de :
– Rabagliati a une jolie collection avec le fort sympathique Paul : Paul à la campagne, Paul a un travail d’été, Paul en appartement, Paul dans le métro, Paul à Québec, Paul au parc, Paul dans le Nord. Pour l’instant j’espère.
Enfin, si votre librairie est fermée, vous pouvez trouver cette BD en ligne ici.
Votre animal de compagnie refuse de vous accompagner dans vos pérégrinations éméchées ? Ce petit ingrat boude le douze ans d’âge que vous mettez dans sa gamelle ? Ne pensez pas qu’il vous snobe, il a juste un peu de mal avec l’éthanol et ses dérivés. je vous propose de lui apprendre à bien lever le coude afin d’en faire le compagnon presque idéal.
Aussitôt lu, aussitôt oublié. L’histoire d’un soldat U.S. qui tape sa petite discute, à distance, avec l’écrivaine, n’apporte que peu de surprises ni d’insoupçonnés plaisirs. Toutefois, c’est l’occasion de saisir la relation que peut avoir un auteur avec son lectorat, aussi perché soit-il. Loin d’être le meilleur roman d’Amélie Nothomb, mais pas encore de quoi crier au scandale.
. VO : Knightquest : The Search. Tiré des comics strips Batman #505-508, Detective Comics #674-675, Batman: Shadow of the Bat #24-25, Legends of the Dark Knight #59-61 et Robin #7. Trop d’épisodes sans réelle logique, cet avant-dernier tome fut un supplice de lecture. Putain, vivement qu’on en termine avec Jean-Paul Valley, ce Batman de pacotille.
Sur-titre : Les tuniques bleues. Black Face, c’est le mercenaire d’un jour qui va un peu plus foutre le bordel dans la Guerre de Sécession. Histoire bien ficelée avec un mélange d’humour et de tragique assez étonnant, ça passe. Malgré l’absence de révélations particulières sur les héros, c’est presque le passage obligé de la série.
Le Tigre a encore perdu un pari. J’avais dit être capable d’écrire en trois minutes un roman de même facture qu’un Musso, hélas j’ai échoué : un mot compliqué s’était glissé à la soixantième page. Mon gage ? Raconter une blague de très très mauvais goût en rapport avec
VO : idem. Joli pavé de thriller mâtiné d’anticipation sociale presque apocalyptique, le bilan est fort mitigé. Dan Simmons maîtrise certes tous les aspects de son scénario qui tourne autour d’une drogue aux multiples facettes, mais y’a comme un os quand il ne cache pas ses idées politiques pour présenter un univers sombre et exagéré.
Sous-titre : D’après La garçonne et l’assassin de Fabrine Virgili & Danièle Voldman. L’histoire de Louise et de Paul, déserteur pendant la Grande Guerre et qui choisi le travestissement pour éviter la cour martiale, est pour le moins surprenante. Guerre, amour, mélange des genres, tout est abordé avec une certaine finesse. Et le trait est adapté. Que demande le peuple ?
En voilà une phrase bien mystérieuse. Tigritude oblige, je vais tenter d’appliquer cette maxime à la littérature. En particulier à la lecture, activité dont le félin a pu, progressivement, en faire son activité de référence. Non seulement il n’est jamais trop tard pour se mettre à lire, mais en plus être cultivé ne nécessite pas de se conformer aux classiques dont on vous rabâche les oreilles.
« C’est le Transperceneige aux mille et un wagons. C’est le dernier bastion d’la civilisation ». Apprenez cette maxime par cœur, on va vous la répéter plus que de raison. Après une catastrophe climatique sans précédent, un train immense se meut sur l’immensité gelée de la planète. A l’arrière, la plèbe. A l’avant, les riches et la sacro-sainte machine.