VO : idem. Second opus d’une dilogie sublime, Olympos termine en fanfare ce qu’Ilium a commencé. Plus violent, plus terrifiant que le premier opus, le tout est d’une densité et retournera l’esprit de plus d’un lecteur. La mythologie grecque et Shakespeare sortent de leurs gonds, attention danger !
Il était une fois…
Achille et Hector, suivant l’action d’un scholiaste, s’en prennent à leurs dieux et sont bien décidés à faire péter leur base sur Mars. Mais qu’est devenu le récit du père Homère ? Parallèlement, les hommes qui peuplent la Terre vont devoir se sortir les doigts du cul et lutter pour leur survie, s’ils arrivent à échapper aux Voynix, jadis leurs serviteurs. En outre, l’aide des Moravecs se fait plus précieuse, si seulement la porte ouverte en plein espace daigne rester ouverte. Et qu’est-ce qu’a bien pu se passer précédemment, lors de la fameuse « ère perdue » ? Surtout, qui sont ces nouveaux vilains tirés d’une pièce de Shakespeare ?
Critique d’Olympos
Ilium, suite & fin. Encore du très lourd, les deux romans méritent leurs places dans le panthéon de la SF. Par rapport au premier opus, il faut saluer Simmons qui se lâche en augmentant la violence générale du pavé (plus de 1.000 pages !). Et surtout, beaucoup plus de cul, comme si la survie menacée de l’Humanité les incitait un peu plus à baiser comme des lapins. Quant au rire, des passages savoureux arriveront à faire travailler plus d’un zygomatique. Faut dire que les habitants de l’Olympe sont de sacrés caractères…
Comme je le disais, les humains sont mal partis dans cette histoire, et ils doivent réapprendre à vivre par eux même. Un ennemi (dans le style des pires roman de Stephen King) se précise et l’aide des Moravecs (civilisation discrète et parfaite) reste déterminante. Avec Simmons, on suivra tout un petit paquet de personnages dans de superbes aventures. L’exemple de cet humain qui parcourt les océans dans un mystérieux tunnel (les eaux étant bloquées) laissera rêveur.
Le grand boulot de Dan réside dans son intensif lâcher et de références culturelles. L’écrivain est parvenu à faire notamment sortir la Grèce antique et leurs personnages mythiques de leur cadre. Hélas, Le Tigre n’est pas sûr d’avoir pu saisir toute la symbolique du livre, en plus d’avoir trouvé la fin longue et parfois ennuyante. D’où la note moins élevée que le premier opus. Mais on est plus à 50 pages près pour un tel chef d’œuvre.
Thèmes abordés (du moins selon Le Tigre)
La révolte totale. Ilium avait terminé avec les humains, créés par leurs maîtres, qui se retournent contre les dieux martiens. Ils s’aperçoivent que ce qui leur semblait n’être magie n’est que technologie avancée. A ce titre, Simmons a pondu des explications scientifiques crédibles qui donnent envie de se pencher un peu plus sur la physique quantique. Quoiqu’il en soit, les personnes de la Terre sont livrés à eux-mêmes et la guerre contre leurs anciens « protecteurs » semble réactiver d’antiques réflexes de combativité et débrouillardise.
La littérature shakespearienne. Les antagonistes, presque au centre de ce roman ont des consonances et un comportement tirés du grand dramaturge anglais. D’abord, le terrifiant Sétébos, sorte d’énorme cerveau avec de multiples extensions. Cet individu est sans cesse invoqué par le dégueulasse Caliban, dont le phrasé n’est pas sans rappeler celui de du pauvre Golum de la trilogie de Tolkien. Monologues hallucinés et prenant corps avec la science-fiction de l’auteur, c’est troublant mais magique. Prospéro et Sytorax, aussi de la partie, ne laisseront pas le lecteur en reste. Et tout ce petit monde est tiré de l’imagination de William S., repris par Simmons pour en faire des ennemis mystérieux et assez flippants.
…à rapprocher de :
– Commencer par Ilium est évidemment obligatoire.
– Lire Shakespeare (La tempête), Proust ou Keats peut aider. Hélas Le Tigre reste un profond inculte. Quoique…Keats peut se découvrir grâce aux Cantos d’Hypérion, de mister Simmons.
– Simmons bouffe à tous les râteliers, que ce soit l’horreur (L’échiquier du mal) ou les polars (la saga Joe Kurtz ou L’épée de Darwin).
– Simmons verse aussi dans le thriller d’anticipation sociale. Flashback se dévore, toutefois c’est insupportable sur les idées de l’auteur.
Pour finir, si votre librairie est fermée, vous pouvez trouver ce roman en ligne ici.
VO : The Winter of Frankie Machine [au moins la traduction reste fidèle]. Don Winslow est un auteur aimé du Tigre, et ce titre en est la principale raison. Un ancien malfrat qui coule des jours heureux obligé de se replonger dans le bain de son passé, c’est sombre, réaliste et très bien rythmé. Quasiment rien à reprocher, assez rare.
VO : The Gutting of Couffignal, Crooked Souls et le roman inachevé Tulip. Deux textes plus que courts et réjouissants, une autre œuvre non finie, ça fait du bien de revenir de temps à autre dans l’ancien. Le tout a certes un peu vieilli, mais pour une trentaine de pages par nouvelles se plaindre serait criminel.
VO : idem. Premier opus d’une dilogie impressionnante, Ilium est à mon sens un classique de la littérature de SF. Ouvrage dense, original et aux nombreuses références culturelles, l’imagination est ici aux manettes. Parfois drôle, souvent instructif, toujours bien écrit, Le Tigre a été transporté. Et vous invite à l’être aussi.
Sous-titre : Les films de Justine, tome 1. Scénario plutôt minimaliste, dessin un peu brouillon, Ardem est un auteur / illustrateur français à part. Perversions sexuelles assez choquantes, femme soumise et ultime victime, ce n’est pas à offrir à sa belle-doche. Pas vraiment le genre du Tigre hélas.

[Je n’indique pas la VO parce qu’il en a de tous les côtés, dont la suite de Final Crisis]. Premier tome de Morrison décevant, deuxième superbe, troisième presque catastrophique, ce quatrième tome est mitigé mais a su se rattraper. Si le début m’a fait peur parce que je ne bitais pas grand chose, la suite est agréable et permet de mieux cerner l’univers et la chronologie du Bat.
VO : Kleifarvatn. En un mot, superbe. Enième enquête d’Erlendur (je ne les lis pas vraiment dans l’ordre), il y a du progrès dans la narration. Cet auteur islandais, à partir d’un policier, parvient à retranscrire l’ambiance de l’Allemagne de l’Est, sa police politique et la déconvenue de jeunes idéalistes gauchistes qui s’y sont frottés.
VO : The Songs of Distant Earth. Puissante claque de la part d’un auteur illustre de science-fiction, Le Tigre a découvert le père spirituel des auteurs contemporains que j’affectionne. Immensité de l’espace et du temps qui provoquent qui donnent le tournis, voici un roman profondément humain qui laissera des traces à tout lecteur normalement constitué.
Teulé s’intéresse à nouveau à l’Histoire, en l’espèce le marquis de Montespan qui s’est fait chiper son épouse par Louis XIV, homme le plus puissant de la planète. Drôle et tendre, voici l’histoire de « l’homme qui a dit non ». Servie avec un vocabulaire en verve, la cour du roi-soleil comme si on y était.
VO : Mýrin (« marécages », traduction encore très libre du titre en France). Premier roman d’Arnaldur traduit en France, le contact avec le héros et son environnement donne envie de lire le reste. Scénario et style pas tout à faits au point, néanmoins ça se lit aisément et l’ambiance glauque de l’auteur en ravira plus d’un. Dont Le Tigre.
VO : idem. Sombre claque d’un auteur que je ne connaissais pas, il y a du gros talent dans l’air. Brasyl, c’est un voyage initiatique dans ce mystérieux pays à trois époques différentes. Descriptions sublimes, l’aspect SF fait une entrée certes tardive mais d’une formidable puissance. Un presque must, largement récompensé comme il se doit.