Première découverte du sieur Dugain, Le Tigre a bu du petit lait avec cette histoire de résistants loin de l’image héroïque tant légitime pourtant. Infiniment humain et empathique, ce roman se dévore à une vitesse déconcertante grâce au scénario bien construit et à l’écriture efficace de l’auteur. Court et bon, c’est possible.
Il était une fois…
Mère cheminote, père aux généreuses idées de gauche, le héros se voit « liquider » (sans qu’il puisse vraiment donner son accord à cette mise en scène) par son daron pour mieux servir dans la Résistance. Cela commence par de menus casses pour financer les activités du réseau souterrain, puis on monte crescendo jusqu’au meurtre prémédité pour répondre aux exactions de l’occupant. En gravissant, sans réellement le vouloir, les échelons, le résistant « malgré lui » commence à attirer l’attention. Pourra-t-il éviter de se faire prendre, arrivera-t-il à répondre, après la guerre, à quelques questions qui le taraudent ?
Critique d’Heureux comme Dieu en France
Superbe, Tigre a été conquis. Un des premiers ouvrages lus de Dugain (acheté le doigt mouillé levé), et cela m’a correctement donné envie de continuer dans cette voie. Et il faut concéder à cet auteur une impressionnante maîtrise des évènements et périodes qu’il restitue de manière claire tout en nous arrachant une petite larme ou un sourire. Pour la petite histoire, heureux comme Dieu en France est une expression allemande faisant la part belle à l’art de vivre (utilisé tel quel dans la langue de Goethe) français.
L’histoire fort simple et banale au début d’un jeune homme (dont j’ai déjà zappé le petit nom) enrôlé dans la Résistance, puis qui presque à ses dépens monte vite en grade dans l’organisation. Ensuite, l’écrivain complexifie l’intrigue en mêlant un peu de romance et un passage par la case gestapiste. Quant au dernier tiers de l’œuvre, celui-ci se situe après la guerre (jusqu’au début des années 50) avec le narrateur en recherche de réponses (notamment sur le destin de son supérieur dont il était tombé amoureux).
Sur le style, c’est un presque sans fautes. Clair, immersif, chapitres bien découpés, 250 pages qui se parcourent plutôt vite. Il en ressort un titre terriblement humain, avec Marc D. qui livre des points de vue qui semblent juste (cf. infra), en particulier sur l’occupant allemand à l’image du sort des pauvres sous-mariniers de la Kriegsmarine.
Thèmes abordés (du moins selon Le Tigre)
Les actes de la Résistance. Dugain propose une vision du mouvement, loin des images d’héroïsme largement véhiculées par la France gaulliste d’après-guerre. Le héros, résistant à l’insu de son plein gré déjà, ensuite la bêtise générale de l’occupé français sont traités avec un certain réalisme. En outre, le lecteur aura de corrects comptes-rendus des précautions à prendre, entre cloisonnement par cellules et vigilance de tous les instants. Enfin se pose rapidement la question de savoir quelle marche suivre face aux Nazis. Il apparaît que, par rapport aux exactions de ces derniers, la voie du « terrorisme » est la seule qui vaille, avec des limites sans cesse repoussées.
L’homme qui se dépasse. Le héros dont la vie sera intégralement déroulée fait presque de ce titre un roman d’apprentissage. Enrôlement forcé dans les forces de l’ombre, premiers actes de délinquance jusqu’à la prise du maquis, c’est un homme pris dans un engrenage de violences et forcé de se demander jusqu’où peut aller son engagement dont il est question. Ce commitment est profond, et il faut aller jusqu’aux années 60 pour que le protagoniste principal solde les comptes de ce conflit.
…à rapprocher de :
– De Dugain, Le Tigre a lu (et aimé, n’ayons pas peur des mots) La malédiction d’Edgar (même si je n’ai pas appris énormément) et Une exécution ordinaire. Quant à Avenue des Géants, moins bon à mon humble avis.
– La Résistance et les collabos, c’est aussi Le corps noir de Manotti. Réaliste et sombre.
– J’ai souvent pensé à Effroyables jardins (le livre comme le film) en lisant Heureux comme Dieu en France. Les images me venant à l’esprit sont les mêmes.
Enfin, si votre librairie est fermée, vous pouvez trouver ce roman en ligne ici.
VO : Izu no odoriko. Quelques légères nouvelles d’un immense auteur japonais, Le Tigre qui ne fait que les choses à moitié (et encore…) va ici se concentrer sur celle à l’origine du titre. Petite pépite d’aventure et de mélancolie, on a du mal à imaginer que ce texte a été écrit dans l’entre deux-guerres.
Après la publication d’une rédaction de qualité
VO : idem. Passage obligé pour le connaisseur du super-héros, c’est toute la « cosmologie » de Superman qui est repensée par les bons soins de Morrison. Le Tigre, touriste en la matière, a pris un plaisir non feint grâce à un scénario complet servi par un dessin résolument moderne et contemplatif. Un très bel objet à posséder.
VO : idem. Excellente surprise (sur conseil d’un ami) livresque faite par Tigre, je ne m’attendais pas à une telle qualité d’écriture. Ripley, vagabond irlandais dans les rues de Londres, prend à partie le lecteur et lui raconte son existence, éminemment tragique mais livrée sur un ton comique. Un grand roman.
Grosse nouvelle d’un auteur déjanté et passablement , voici une presque biographie des pérégrinations hallucinées d’un Beigbeder londonien. De très bons morceaux de littérature servis par un vocabulaire riche, hélas Le Tigre n’est guère habitué au style, pas évident à saisir en anglais.
Regardez comme il est fier notre Nicolas sur la couverture. Celle-ci annonce clairement le tempo, entre gentil foutage de gueule et acide documentaire sur les premiers faits d’armes du personnage. Toutefois ce premier opus (cinq quand même) a touché une oreille du Tigre sans faire bouger l’autre, sans doute à cause d’une lecture un peu tardive.
Une dizaine de récits érotiques sortis de l’imaginaire de Sibylline, illustrés par divers artistes aux indéniables talents. Tour à tour coquin, libertin, touchant, surprenant, les qualificatifs louangeurs me manquent. Beau, généreux, intelligent, Le Tigre a été ému. Dans le bon sens du terme.
VO : Traps and Trapezes. Tiré du comic strips Nightwing #1-7. Parce que dans une aventure du Bat le petit Grayson faisait une entrée remarquée, Le Tigre s’est senti obligé d’acquérir le premier tome des aventures de « l’aile de la nuit ». Dessin OK mais scénario confus et au dénouement expéditif, j’aurais du m’abstenir.
VO : Past Due. On prend les mêmes et on recommence ! William Lashner nous régale avec son avocat enquêteur malgré lui, avec un imbroglio fort bien développé. Plus dense, aussi bon, hélas je n’en garde presque aucun souvenir. Mieux vaut attaquer directement le troisième opus.
VO : idem. Petite sucrerie conseillée par un ami, ça se lit non sans un certain plaisir et on en vient vite à regretter que ce soit si vite terminé (surtout eu égard au prix de la chose). Cirque ambulant avec une fille à barbe pêchue, monstre sympathique mais inquiétant qui fait office de garde corps, vilaines firmes à la recherche du profit, simple mais efficace.