Oh qu’il est bien fait ce site. Plus qu’un blog, y’a un professionnel derrière tout ça ? Et bah non, Le Tigre reste un éternel touriste qui n’a aucune prétention sinon de vous donner parfois envie d’ouvrir un bouquin, et ce avec le sourire. Toutefois, sur la structure d’un billet résumant une œuvre littéraire, rien n’a été laissé au hasard.
Quoi ?
Ne vous méprenez pas, Le Tigre parle d’un « art » non pas pour s’envoyer quelques tulipes néerlandaises comme on le ferait dans un traditionnel mariage batave. Plutôt discourir de la difficulté à pondre une critique et rester globalement cohérent dans la durée. Car j’espère bien faire de QLTL une référence en terme de continuité stylistique, et ce afin que le lecteur lisant quelques uns de mes billets se retrouve comme face à un vieil ami.
A propos de la critique d’un ouvrage, comme tout blogueur, je suis bien emmerdé aux entournures par rapport au terme « critique ». Ça a une saveur désagréablement négative, et Le Tigre n’est pas arrivé sur le net avec un immonde sécateur à double action en vue de tailler tout ce qui lui est passé sous les yeux. Le métier d’écrivain est suffisamment ingrat en général, aussi je tente d’être avant tout constructif, et Buddha sait à quel point cela peut être difficile.
Aussi je vous propose de faire un petit tour dans mon cerveau, et ce en vue de comprendre la façon dont mes articles littéraires sont conçus (et aussi les autres possibilités qui s’ouvraient au Tigre). Je ne le fais pas pour me faire mousser au sujet d’une technique qui s’avère, après 500 billets, être étonnamment stable, ni faire des émules. Juste attirer l’attention sur le fait que j’ai pensé la structure de ce site des semaines avant de rédiger le premier post. Donc si vous caressez l’envie de vous lancer dans un tel blog, n’hésitez pas à faire de même.
Pourquoi bien penser la structure de son blog ?
Pourquoi se casser la tête sur la structure d’un blog et ne pas y aller à la one again ? Le Tigre adore sodomiser les drosophiles (plus trivialement, « encu** les mouches), et pour un projet touchant des milliers de lecteurs potentiels je ne souhaitais pas associer au félin un truc répugnant sans queue ni tête. Je ne suis pas en train d’activement gonfler mes chevilles, toutefois il me fallait être exigeant au début. Parce que mon idée première est de faire un base de données à peu près viable. J’avais même envisagé un wiki, c’est dire…
Du coup, contrairement à un blog « classique », Le Tigre ne s’inscrit que rarement dans la continuité, sauf pour célébrer un anniversaire (200ème, 500ème, 1.000ème billet par exemple). Un livre écrit en 1776 recevra le même traitement qu’une énième bouse de la dernière rentrée littéraire, et ce dans le but d’être classé dans la bibliothèque numérique, par ordre alphabétique (selon l’auteur et non le titre, ce dernier n’étant rien sans le premier).
En outre, rien sur ce site n’est inscrit dans le marbre. Lorsque je termine un billet, il peut m’arriver de le modifier (le lendemain, des mois après) si quelque chose de nouveau à écrire dessus me venait à l’esprit. Le plus souvent, un lecteur attentif m’apporte un regard neuf sur l’œuvre. Ou alors lorsque je souhaite inscrire un lien supplémentaire dans le billet. Voire modifier quelques phrases parce que l’écrivain en question a envoyé dans ma tanière trois huissiers avec une assignation. Je n’indiquerai pas (je ne sais pas comment faire surtout) sur le billet que c’est une version modifiée, aussi n’hésitez pas à retourner lire un post, sait-on jamais…
Comment critiquer un livre ?
C’est donc parti pour les explications. Avant toute chose, j’essaie d’écrire entre 500 et 1.000 mots par article. Au doigt levé, mais j’ai l’impression que ça reste équilibré. Il est toutefois vrai qu’avec certains titres je n’y suis pas parvenu tandis que des critiques de somptueux pavés ont été délicates à raccourcir. De même, la structure est inchangeable (maintenant que j’ai des centaines de posts), pour ne pas dire délicieusement pérenne. Sinon, pour ceux qui ne connaissent pas ce blog (achtung, pas bien), mes « critiques » d’ouvrages accusent la même division :
Avant le billet, il y a ce que je nomme l’incipit. C’est juste les 70 mots d’accroche accolés à la couverture du bouquin. Comme le demandent les professeurs d’histoire, j’écris cette intro en dernier. En principe, avec ces quelques phrases, vous n’êtes plus obligés de lire la suite.
Ensuite, Il était une fois… Cette partie résume grossièrement le scénario, voire quelques scénarios en cas de recueil de textes. Parfois je recopie in extenso le quatrième de couverture, et ce pour plusieurs raisons : 1/ Celui-ci est parfait. 2/ Au contraire, c’est un exemple à éviter. Une infamie que je me devais de pointer du doigt. 3/ J’ai la flemme.
Après, la critique à proprement parler. Le scénario tel que je l’ai ressenti, le style de l’auteur (ou de l’illustrateur), des remarques plus personnelles, c’est le cœur subjectif du billet. J’évoquerai même les conditions d’achat ou de lecture du bouquin lorsque ça me paraît pertinent. Cette partie est donc le passage que tout écrivain devrait lire en premier tel un avocat qui se jette sauvagement sur le dispositif d’une décision de justice.
Puis vient les thèmes abordés (du moins selon Le Tigre). C’est là que Le Tigre élève (enfin, je tente) le débat et évoque quelques sujets que le bouquin développe. Ou qui m’ont marqué, même si je suis à côté de la plaque. J’avoue que c’est également le pot-pourri de mes pensées lorsque je veux atteindre mon cahier des charges. Il n’y a pas de petits profits.
En sus, c’est dans cette partie que je spoilerai de temps à autre lorsque c’est justifié (ou alors quand je ne peux m’en empêcher). N’ayez crainte, j’annonce tout spoil en majuscules et entre crochets. Donc vous ne serez en principe pas pris au dépourvu. Si c’est le cas, n’hésitez pas à poussez une gueulante que je rectifie le billet.
Enfin, …à rapprocher de : est le petit plus que je tenais absolument à intégrer dans chaque billet. La valeur ajoutée d’une lecture est d’être en mesure de proposer des œuvres qui sont du même acabit. Ainsi, il y a des liens vers d’autres livres, d’autres auteurs en général, des films, voire des blagues.
En ce qui concerne les essais, c’est presque le même traitement : je zappe les deux premières parties qui fusionnent en un élégant de quoi ça parle, et comment ?. Présentation de l’essayiste, son sujet, et son style pour ne pas débarquer comme le ravi de la crèche. Et au lieu de parler de thèmes abordés, je préfère évoquer ce que Le Tigre a retenu. Ainsi, la subjectivité est annoncée dans le titre de la partie.
Conclusion en phase critique
Comme tu le remarques, cher lecteur, Le Tigre n’est pas allé au turbin littéraire la bite à la main et la plume dans l’autre tel un vulgaire kamikaze utilisant Skyblog. Études de marché approfondies, business plan (mais sans tunes) de combat, intenses réflexions sur la couleur du thème ou l’orientation du tigre dans le logo, j’en ai rêvé tellement changer un seul aspect de QLTL pouvait me stresser.
Continuité, évolutivité, intemporalité (et une solide couche d’immodestie à peine assumée), voilà les mottos qui m’ont accompagné lors de la conception de ce blog. Et pour l’instant les incohérences structurelles n’ont pas encore sauté à la gueule du Tigre qui craint, errare humanum est oblige, que cela arrive un beau (sic) jour. En espérant que ce post puisse être d’une aide quelconque, n’hésitez pas à m’en demander plus.
Sutra #2, parce que Le Tigre est un samurai des temps modernes (basiquement, mon shogun est ma bibliothèque) mais perméable à l’esprit cartésien franco-français, je devais donc renvoyer ce Sutra au début d’une longue liste. Rien de plus simple.
Sous-titre : Une enquête du docteur Frank Clevenger (et oui il y en a une demi-douzaine). VO : The Architect. Un des derniers titres de la saga du Dr Clevenger, et Ablow reprend les mêmes ingrédients avec un méchant différent. Et ça passe superbement, l’immersion dans l’horreur (le cerveau du vilain comme ses exactions) est complète.
Sous-titre : Les films de Justine, tome 2. Après un premier opus court, choquant mais décevant, je me devais de voir ce qu’Ardem avait bien pu préparer par la suite. Justine, sexuellement épanouie, fait quelques vidéos cochonnes avec des amateurs…et en profite pour régler un problème de couple. Hélas, long et relativement « plan-plan », décidément cette saga passe mal.
VO : Lullaby. Palahniuk ne cesse d’étonner Le Tigre, et Berceuse est encore un titre déjanté et horrifiant qui laissera tout lecteur normalement constitué sur le cul. La fameuse berceuse provoque le décès de ceux à qui elle est contée, et à partir de cette malédiction (et d’autres presque pires) l’auteur nous invite dans un réjouissant road movie.
Voici la quintessence de ce dont est capable le bon Éric-Manu Schmitt : un ouvrage très court, d’une intensité sans pareille et à la portée potentiellement plus forte qu’une première lecture distraite laisserait suggérer. L’égoïsme élevé au statut de religion, l’auteur exploite presque toutes les conséquences d’une telle secte en un temps record.
VF par Le Tigre : le guide de survie de ce qui peut vous arriver de pire concernant les rdv amoureux et le sexe. Titre aguicheur, couverture donnant l’impression de tenir la notice d’un avion de chasse, et pourtant le contenu n’est pas si nul. Derrière une bonne dose d’humour pince-sans-rire les conseils sont édifiants et dépassent largement le cadre de la drague.
VO : idem. Pas mal du tout, dans le genre polar trash avec une touche de vampirisme bien dégueulasse. Dessin onirique où la lumière du jour brille par son absence, histoire complexe avec de solides passages à se taper sur les cuisses, le tout a ravi Le Tigre. La mention « pour lecteurs avertis » n’est pas là pour seulement joli.
Court roman d’une sympathique originalité, ça se lit vite et bien. L’histoire de deux êtres qui n’ont rien à se dire mais voyagent ensemble dans le cadre du décès d’une amie commune. Les souvenirs, la mort, l’amitié, le tout est bien traité même si Le Tigre aurait souhaité quelque chose d’un peu plus consistant. Attention, ce n’est pas gai comme texte.
VO : Book of Law. Aussi connu sous le très clair titre Liber AL vel Legis sub figura CCXX. La photo de couverture est superbe, je l’ai vue comme une invitation à dévorer le livre de cet individu peu souriant. Hélas, mille fois hélas, la déception fut au rendez-vous : infiniment obscur, pas si choquant que cela, ça a mal vieilli en fait.
VO : idem (entendez, ça n’a pas été traduit). Shoah, devoir de mémoire, question de la transmission orale, Art Spiegelman mérite bien son prénom. Un dessin original (zoomorphisme notamment) au service d’une histoire terrible et touchante, c’est un petit chef d’œuvre dont je m’enorgueillis chaque jour de la présence dans ma bibliothèque.
Vous ne rêvez pas, je vais m’atteler à résumer ce truc. Le pire étant que j’ai relativement aimé et n’ai aucune circonstance atténuante (pourtant lu assez tardivement). Une fable pseudo SF douce-amère sur l’insondable bêtise humaine, avec des ficelles bibliques grosses comme des troncs de baobab, pourtant ça passe. Chapeau l’artiste.
Prêté par un ami, je ne suis pas sûr de vouloir le lui rendre depuis le temps. C’est une belle histoire (avec un dessin adéquat) qui se lit très vite (malgré 150 pages), on en ressort avec un sourire béat et l’œil légèrement humide par tous ces souvenirs d’enfance. Deux mois dans un camp de vacances comme JO pour enfants défavorisés, ça marque.