Moon & Ba - DaytripperSous-titre : au jour le jour. VO : idem. Mignonne et profonde claque narrative (le dessin ne gâchant rien), Moon et Ba ont produit quelque chose d’intimiste et presque philosophique. Une dizaine d’histoires d’un même personnage au cours de son existence, autant de réflexions sur la mort, mais surtout la vie. A lire de 11 à 76 ans (vous saurez pourquoi dans la BD.

Il était une fois..

Bras de Oliva Domingos est le fils d’un écrivain à succès. Travaillant dans un journal et employé à uniquement rédiger les rubriques nécrologiques de ses contemporains, le jeune homme caresse l’espoir de publier son premier roman. Et sur dix histoires nous verrons ce héros mourir (ou un de ses proches) à différents stades de sa vie. A chaque fois se pose l’épineuse question de la vie, et à partir de quel moment on commence à l’apprécier pleinement.

Critique de Daytripper

Avant de passer à la critique, je vous prie de bien vouloir m’excuser pour ne pas être parvenu à reproduire les accents des auteurs ou du héros. Y’en a sur des lettres que mon clavier AZERTY ne parvient pas à maîtriser, et je suis trop flemmard pour faire un effort supplémentaire.

Fabio Moon et Gabriel Ba sont deux jumeaux qui ont un style assez semblables (impossible pour le très dilettante Tigre de faire la différence) et ont concocté plusieurs scénarios absolument renversants. Nous suivons principalement Bras, et ce à différents stades de sa vie. La vingtaine, en plein voyage ; à dix ans, pendant un séjour à la campagne ; à 76 ans, sur le point de voir son petit fils ; la quarantaine, lorsque son père décède, etc.

Les chapitres sont finement construits, si l’âge du héros ne suit pas un ordre chronologique cela ne pose aucun problème. Au contraire, c’est l’occasion de visiter de nouvelles version du personnage et avoir quelques références à d’autre parties de ce roman graphique. Le lecteur remarquera une nette accélération de l’intrigue (en est-ce vraiment une ?) sur les deux dernières parties, en fait tout prend un sens résolument humaniste et onirique. Quant au dessin, si cela semble peu travaillé et simple sur l’aspect des protagonistes, les couleurs vivaces et le rendu général de l’environnement apporte une immersion plus que satisfaisante.

Pour conclure, ce fut un titre dont je reportais la lecture depuis de longues semaines. En le feuilletant celui-ci ne me vendait peu de rêve, cependant en s’y mettant ça prend vite au corps. Comme un café serré, sans sucre, du genre que prennent les jumeaux auteurs / illustrateurs.

Thèmes abordés (du moins selon Le Tigre)

La mort. Bras exerce le métier de nécrologue, ce qui est parfois délicat à concilier avec son envie de devenir un écrivain. Quoique… Par exemple, Jack Lang était réputé pour avoir un brouillon de ses bons mots prêt à être balancé à l’AFP lorsqu’une personnalité décédait. Dans Daytripper, une bonne dose de rubriques nécro sera délivrée, et ce en fonction des circonstances de la mort de cet homme et de la vie qu’il a mené. Immanquablement, à la fin du chapitre, une telle rubrique sera publiée et montrera au lecteur toute la difficulté de pondre quelque chose d’à la fois sobre, rendant hommage au défunt et sans pathos excessif. Presque du grand art.

Si chaque histoire se termine par le décès de Bras, Le Tigre a ressenti ce bouquin comme une pétillante allégorie à la vie. Même lorsque le fantastique ou l’improbable s’invite, ça reste compréhensible et source d’enseignements. Et derrière cette ode à la maxime « carpe diem », l’immortalité pointe le bout de son museau. Selon moi, l’immortalité se décline de deux manières :  d’une part, imprimer une marque grâce à la littérature en se faisant reconnaître comme écrivain (journaliste même). D’autre part (le plus important), avoir un enfant et agir comme son propre paternel, sinon en mieux : la survie du père s’efface face à celle de l’enfant, et on peut considérer son œuvre comme accomplie lorsque ce dernier procréera à son tour.

En sus, s’il ne fallait retenir une seule chose du message des auteurs, c’est qu’un homme ne devient vraiment heureux que lorsqu’il s’est fait à l’idée qu’un jour il mourra. C’est inévitable, et en attendant il pourra faire en sorte de laisser une trace, aussi modeste soi-elle, sur notre planète.

…à rapprocher de :

– Bá, je l’ai également rencontré dans Umbrella Academy. Pas terrible. Tout comme L’Aliéniste. C’est vraiment dommage, je sais que cet auteur a du talent.

– Sur le sens de la vie et de la mort, à part le philosophe Jankelevitch, Tigre peut modestement vous proposer la lecture de Oscar et la Dame rose, de Schmitt. Hors sujet ? Sans doute…

– Sinon, j’ai plus que souvent pensé au titre d’un « film générationnel » assez sympathique : Le premier jour du reste de ta vie. C’est l’idée générale.

Enfin, si votre librairie de quartier est fermée, vous pouvez trouver ce roman en ligne ici.

Olson - Mi-anges, mi-démonsTrilogie livrée par l’éditeur Dynamite en intégrale, Mi-anges, mi-démons a laissé au Tigre un souvenir très périssable. Ces deux nénettes qui s’envoient régulièrement en l’air (entre elles ou avec d’autres) est d’un ennui profond. Le dessin est plutôt correct mais ne parvient à redresser le tir (sans jeu de mots).

Il était une fois…

Pour un titre que j’ai parcouru en diagonale tellement j’en pouvais plus, voici le copier-coller de la couverture (sans les lauriers de la fin) :

« L’une est brune, l’autre est blonde. Cory et Wanda s’aiment d’amour tendre mais sont aussi très prêteuses. Lors des week-ends qu’elles passent ensemble, elles partagent et explorent de nouvelles expériences multipliant les occasions de baiser inopinément avec des mâles en rut et des femmes inconnues, afin d’assouvir leurs fantasmes orgiaques. »

Critique de Mi-anges, mi-démons

Ce pavé est le fruit du regroupement des trois chapitres d’une saga commencée par Olson (je ne sais pas qui il est dès le milieu des années 90 : L’invitation, puis L’oisiveté, et enfin La bêle et la bête. Olson, je n’avais jamais entendu parler de lui, et le seul rapport que j’ai rapidement trouvé sur le net est qu’une actrice X porte ce nom. Mais pas en référence à lui (plutôt les sœurs Olsen si j’ai bien compris).

Si je parle d’un « pavé », c’est que j’ai bien cru ne jamais pouvoir terminer cette BD : celle-ci n’a un intérêt que limité. Les historiettes se suivent et finissent par se ressembler. A part sans doute celle du dernier chapitre, hélas avec la grosse matrone qui veut avant tout se faire siphonner le clitoris ce n’était pas franchement ma tasse de thé. Sur la narration, ni transition satisfaisante, ni logique globale apparente, et quant aux dernières pages on ne peut pas parler de fin.

Heureusement, les illustrations en noir et blanc (aucune nuance de gris comme chez Milo Manara par exemple) incitent à reconnaître à Olson un certain talent : nos deux héroïnes sont sexy en diable, leurs formes et les sensuelles positions restent très bien rendues. L’illustrateur alterne intelligemment prises de vues rapprochées (qui d’un pénis, d’un clito ou d’une moue de plaisir d’un des protagonistes) et plans d’ensemble.

Bref, les intenses expériences Cora et Wandy (merde, non : Cory et Wanda) ne sont pas la meilleure façon pour découvrir la littérature illustrée pornographique, et malgré quelques passages intéressants le tout respire trop le brouillon.

Thèmes abordés (du moins selon Le Tigre)

L’amitié lesbienne, tant qu’à inventer des expressions. Le titre de ces aventures fait référence à la fin du premier chapitre, lorsque Wanda dit à la brune qu’elle ne pouvait imaginer à quel point son « ange » lui a donné du plaisir. Et Cory de répondre, en ricanant bêtement, la fameuse expression. Ces deux femmes sont un peu l’équivalent masculin et fantasmé par les hommes de deux « wingmen », ceux qui s’épaulent pour choper. Non seulement elle vont batifoler ensemble quelques mâles rutilants (et femelles également), mais en sus (sic) nos pif et hercule du cul se laissent plus que souvent aller à des emportements saphiques entre elles.

Les faux-semblants. Olson ne semble pas s’être embarrassé au niveau des scénarios en montrant des individus en apparence respectables se vautrer dans la luxure la plus torride : la jeune femme bourgeoise qui se lâche avec ses amis/amies et implique Wanda ; la scène dans les WC d’un opéra avec un mélomane malsain ; une baronne reine des plaisirs charnels, et tant d’autres. Ce que Tigre nomme affectueusement les « fantasmes de palefrenier ».

…à rapprocher de :

– D’Olson, Tigre n’a hélas lu que Julia, oeuvre dont la coquinerie salace atteint des sommets de félicité. A découvrir rien que pour sa culture personnelle…

– Au moins ces deux nanas prennent leur destin en main et ne se sont pas souiller sans avoir leur mot à dire, comme Valérie avec l’auteur Bruce Morgan. Plus contemporain et « sale ».

Enfin, si vous tenez à lire cette BD d’une main, vous pouvez toujours la trouver en ligne ci.

Jean-Bernard Pouy - Larchmütz 5632Jean-Bernard Pouy sait faire du vrai polar, tout le monde le sait. Hélas il arrive même aux meilleurs de ne pas contenter Le Tigre, en voici un petit exemple avec L.5632. Double narration originale mais parfois erratique, histoire vieillote qui fait son sort aux suites de mai 68, toutefois pour 200 pages on ne peut pas vraiment parler de temps perdu.

Il était une fois…

Larchmütz est une petite bourgade tranquille et bretonne où séjournent, depuis plus d’une vingtaine d’années, deux anciens combattants révolutionnaires. Sauf qu’un beau jour leur organisation les « réveille » pour qu’ils montent à la capitale reprendre la lutte armée. Bien évidemment cela ne se passe pas comme prévu. Déjà ils ne s’imaginent pas à quel point ils sont surveillés (notamment un ruminant), ensuite on leur demande d’effectuer des actes assez sanglants qui a peu à voir avec leurs nobles idées. Est-ce normal ? Larchmütz va se transformer en petite cour des miracles, tout cela sous l’œil amusé de Momone, une vache télépathe pas si con que ça.

Critique de Larchmütz 5632

Avant d’attaquer ce titre, Tigre tient à rappeler que Pouy m’a offert de superbes moments littéraires. Et il est normal que de temps à autre ça me plaise (subjonctif ou pas ?) moins. Disons que c’est moyen par rapport à ce que cet auteur m’a habitué à lire.

Adrien et Benno sont deux agents dormants que « l’Organisation » a décidé de réveiller. A partir de là les procédures (qui font très James Bond cheap, Pouy s’est fait plaisir) pour arriver discrétos à Paris se mettent en place, et nos deux héros se voient confier une mission à laquelle ils ne s’attendaient pas. Tuer, comme des militaires, tout simplement. Ils se posent alors de légitimes questions sans savoir qu’un joyeux bordel a déjà démarré.

Le style reste correct, les chapitres courts, en deux heures c’est plié j’ai envie de dire. Quant à la vache télépathe, ce petit plus fantasmagorique permet à Pouy de décrire avec détachement et humour la situation. Même s’il va un peu trop loin sur la fin, cela ne semblait pas nécessaire. En outre, je reprocherais à ce roman d’être « trop franchouillard », en particulier la description relativement réactionnaire de l’évolution de la société. Réac’ dans le sens « gauchisants pseudo-révolutionnaire qui se font avoir par d’autres vilains qui ont une certaine idée peu glorieuse de la France ».

Un roman intéressant par rapport à la narration au final, toutefois le scénario et le fin mot de l’histoire m’en ont touché une sans faire bouger l’autre. Si le fan de Pouy ne pourra laisser cette œuvre inconnue de ses lectures, le néophyte (comme Le Tigre) devra aller choisir ailleurs dans sa bibliographie.

Thèmes abordés (du moins selon Le Tigre)

Les techniques d’espionnage sont plutôt marrantes à lire, j’y ai vu un second degré sur lequel l’auteur a allègrement joué. Rien que la montée vers la capitale est appréhendée avec tout le secret et les astuces d’un film de ce genre, l’écrivain français maîtrise les codes et aucune erreur de raccord littéraire n’est à déplorer.

La révolution royalement foirée. Les deux protagonistes ne sont pas si rouillés et les mécanismes intellectuels de l’art de révolutionner le monde sont encore bien présents. Langage compris. Sauf que ce n’est pas les pétillantes heures de mai 68 dont il est question, plutôt la version années 2000 (Jean-Bernard P. est presque un prophète) à base d’assasinnats sauvages et de manipulations en tout genre. Heureusement qu’il faut saluer l’intelligence des deux agents qui savent sortir de leurs « boucles idéologiques » et progressivement déceler le gros hic dans ce qu’on attend d’eux.

…à rapprocher de :

– De Pouy, Tigre s’est régalé avec Spinoza encule Hegel, suivi de A sec ! Nous avons brûlé une sainte mérite également d’être acquis. Comme Suzanne et les Ringards. A l’inverse, La clé des mensonges peut être évitée.

– Ces agents de partout me font penser un peu à L’affaire N’gustro, de Manchette. Très moyen hélas.

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Jean Teulé - Longues peinesEncore un énième article sur Teulé. Mais comme je les ai quasiment tous lus lors de ma prime jeunesse, autant en parler pendant que je m’en souviens encore. Et cette balade acide et parfois hallucinée dans un milieu carcéral m’avait laissé bonne impression. Pour une centaine de pages, vous ne prenez pas un grand risque à le lire.

Il était une fois…

Le quatrième de couv’ est correct, et ça m’évitera de présenter les protagonistes :

« Dans la cellule 203, ils sont quatre : Jacky Coutances a probablement tué trois de ses amoureuses ; Sergueï Kazmarek a rendu hémiplégique une jeune mariée ; Pierre-Marie Poupineau a un goût immodéré pour les petits enfants. Et Sébastien Biche, instituteur fragile, a, dans un moment d’épuisement et de folie, tué son bébé en lui cognant la tête contre la cheminée. Dans la 108, croupit Corinne Lemonnier, monstre femelle qui offrait ses neveux et ses nièces aux plaisirs sadiques de son amant. Jacky aime Corinne et Corinne aime Jacky. Ils ne se connaissent que par les mensonges amoureux qu’ils échangent en hurlant, chacun collé aux barreaux de leur fenêtre respective. Ainsi va la prison, entre crises d’amour et coups de démence, le ronronnant barnum de la cabane aux forcenés… »

Critique de Longues peines

Jean Teulé reste une valeur relativement sûre pour l’exigeant Tigre, et avec Longues peines l’écrivain français s’est attaqué à un sujet au final peu traité en littérature : la prison. Et avec un certain brio, du moins je l’ai vécu comme cela. En suivant presque toute la « faune » pénitentiaire (chacun ayant son vocabulaire et ses manières), c’est un court voyage à côté duquel il serait dommage de passer.

En fait, l’auteur ne verse pas vraiment dans l’humour noir. Il est, quelque part, un peu plus fin que cela : si son style est mordant et parfois choquant, il ne va ni chiner du côté du sensationnel ni dans le descriptif sans âme. Avec un ton que je qualifierais de « pince sans rire », sinon faussement neutre, il existe un délicieux décalage avec de somptueux  passages glauques livrés comme on balancerait un parpaing dans une marre.

De plus, et par rapport à d’autres titres plus « légers », j’ai lu un roman qui est complet, c’est-à-dire d’une qualité supérieure. L’écriture m’a semblé plus poussée que d’habitude, presque à certains moments ce fut dur à suivre (c’est dire !). Attention enfin, il est quelques pages relativement choquantes, ne vous attendez pas à une douce balade avec de sympathiques prisonniers. Non. Juste une certaine réalité.

Thèmes abordés (du moins selon Le Tigre)

Ce qui m’a marqué reste les anti héros dont l’auteur est parvenu à faire autant de portraits saisissants. Ni sympathie ni dénonciation de sa part, juste rendre compte d’une vraie cour des miracles. Et ce m’a d’autant plus alerté qu’on apprend que l’auteur a travaillé d’après plusieurs faits divers. Il plane alors une atmosphère de folie torturée qui contamine jusqu’aux hautes sphères de l’établissement. En effet, le dirlo et sa femme en tiennent une sévère couche.

La prison en général. Il y a peu de choses sur les aspects « administratifs » et ce roman ne m’a pas paru être une sorte de documentaire sociétal. Car Jean T. s’intéresse avant tout à ses personnages, et de la manière dont l’institution pénitentiaire peut les briser, ou sublimer quelques uns de leurs pires travers (le geôlier en particulier). Du maton au prisonnier, le lecteur pourra toucher de plus prêt la triste réalité d’un environnement froid et peu propice à la salubrité de l’esprit.

…à rapprocher de :

– De Teulé, Tigre a lu beaucoup : L’œil de Pâques ; Darling (coup de cœur) ; Les Lois de la gravité ; Ô Verlaine ! ; Le Magasin des suicides (bof bof) ; Le Montespan ; Mangez-le si vous voulez (terrible), Charly 9 (déception).

– Sur la folie des gens, le directeur et sa femme m’ont fait penser à un essai de Lütz intitulé Les fous ne sont pas ceux qu’on croit. Voire Nous sommes tous innocents, de Cathy Jurado-Lecina (à lire absolument).

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Sébastien Michaud - Indochine : Insolence rockLe mythique groupe de rock français décortiqué par un auteur qui sait ce qu’il fait, il n’en fallait pas plus. Surtout pour Le Tigre, définitivement porté sur la new-wave, style à propos duquel Indochine a montré que les Français n’étaient pas si nuls (avec Darc). Assez long et intéressant, ça peut autant se lire en diagonale que se relire.

De quoi parle Indochine : Insolence rock, et comment ?

Je l’annonce tout de suite, ce sera un des articles les plus subjectifs que Tigre s’apprête à pondre. Car Indo, c’est un peu toute ma jeunesse. Avec la subliiiime Mylène Farmer et les Depeche Mode. Ma copine pense que je suis gay. C’est faux. Car lorsque L’aventurier se met à résonner dans une soirée, je laisse sous la table mes chaussures et vais choper la première damoiselle que je croise pour un rock endiablé.

Petite digression au passage. Il m’est arrivé de danser un rock avec un homme. Un ami, et si possible sous l’emprise du même état alcoolique ou festif. Et croyez moi ou pas, c’est le test ultime que les RH devraient proposer pour déterminer, de deux hommes, lequel est le mâle dominant. Revenons à nos brebis pas si galeuses que cela. Le grand essayiste Sébastien Michaud a réussi un petit exploit : faire en sorte que le fan du groupe se régale ; et s’assurer que le profane pourra piocher ici et là les passages qui lui plairont, et ce sans gâcher la lecture.

Chapitres bien structurés, quelques photos des protagonistes, énormément de bons mots de la part de Nicolas Sirkis (je n’ose imaginer le temps pris par ses interviews), c’est une petite aventure que j’ai vécue. Sourires narquois face aux pérégrinations de ces insouciants, une petite larme sur les moments moins drôles. Le décès de Stéphane Sirkis (père d’une jeune Lou) surtout, qui à force d’alcool a eu hépatite foudroyante et autres soucis de santé tomber trop vite sur la gueule.

Au final, j’ai cru voir de subtiles points communs avec Depeche Mode, de l’autre côté de la Manche : des jeunes (la vingtaine à peine) qui pondent des premiers refrains entêtants et efficaces, de nombreux abus qui ne vont pas de pair avec vie de famille (voire la cohésion du groupe), et la même déception de se dire qu’une mise à jour de cet essai devra bien voir le jour. Car Indochine n’a pas fini de me surprendre.

Ce que Le Tigre a retenu

Il y a énormément d’anecdotes et d’édifiantes choses à apprendre sur ce groupe, et les énumérer dépasserait la limite de mots que je me fixe habituellement. Aussi, si vous pensez que quelque chose d’extrêmement important semble manquer, n’hésitez pas à le dire dans les commentaires.

D’emblée, la question que tous se posent : « mais pourquoi Indochine ? » Le père Sirchis (son vrai nom, c’est sûr qu’un K ça en jette plus) était à l’époque un grand lecteur de Marguerite Duras. Toute cette culture asiatique, l’imaginaire que cela pouvait développer, le principe de double culture, ça lui a plu. Et comme le dis Nico, tout cela fait provoc’, avoir le nom d’une institution disparue depuis longtemps, une guerre perdue d’avance. Un peu comme s’ils avaient choisi le nom « Algérie française ». Insolence rock, le titre prend toute sa saveur.

Tellement insolent, jeune et populaire que pas mal de médias ne les ont pas vraiment pris au sérieux. D’emblée, la voie de Nicolas S. qui n’est pas des plus mélodieuses en ce bas monde. D’énormes progrès ont certes été faits, toutefois cela n’empêchait pas quelques journalistes qui se croyaient malins de poser des questions pièges du style « qui est le bassiste de Joy Division ? ». Juste histoire de confondre des touristes. Hélas nos artistes sont plus au fait de l’univers musical que beaucoup de groupes de l’époque (notamment en comprenant le potentiel de la new-wave), et à l’instar de DM c’est une équipe (dont il reste certes un membre fondateur) qui écume les scènes depuis plus de trente piges.

Il y a quelques historiettes sympathiques dont Tigre se souvient : le bordel provoqué après un concert, en Suède (si je ne me trompe pas), lorsque nos jeunes chanteurs ramenèrent trois nanas du cru dans leur chambre d’hôtel. Et un des membres disait en substance que pour l’écho médiatique que ça avait provoqué, ils auraient du se les taper. Ou alors la petite communauté de fans péruviens à qui ils envoyaient un exemplaire de leurs nouveaux albums, sachant pertinemment que celle-ci serait piratée mille fois.

…à rapprocher de :

– Seb Michaud est un excellent essayiste, et s’est occupé de façon satisfaisante de Depeche Mode. Ce n’est pas pour rien que j’ai si souvent invoqué ce groupe anglais.

– Bien évidemment écouter quelques titres parallèlement à la lecture de ce modeste pavé est fortement recommandé. En ce qui me concerne, j’adore Electrastar (hommage à Stef Sirkis), Manifesto (qu’il a composé si je me souviens bien) ou Dancetaria. C’est beau (mélodiquement parlant) électrique et empreint d’un envoûtant pessimisme. La chevauchée des champs de blé me donne un solide coup de fouet au réveil également.

Enfin, si votre libraire ne peut vous commander ce titre, vous pouvez le trouver via Amazon ici. Ou directement sur le site de l’éditeur.

Philip Kerr - Une douce flammeVO : A Quiet Flame. Après les JO de 1936, le fatras de la guerre, l’après de 1947, voici les années 1950 et 1932 avec notre héros habituel qui tire admirablement son épingle du jeu. Même si Tigre a parfois confondu tous ces protagonistes à la très germanique consonance, il faut reconnaître à Kerr une admirable maîtrise de l’Histoire.

Il était une fois..

Ça y est, Bernhard Gunther a sauté le pas. Si dans sa précédente aventure il avait rapidement goûté aux plaisirs de l’Amérique du Sud, cette fois-ci il se réfugie en Uruguay avec notamment le vilain Eichmann (que les Israéliens débusqueront au début des années soixante). Son identité de « docteur Hauser » ne tient pas longtemps face au segnor Montalban, chef de la police du pays qui requiert son aide sur un terrible meurtre. Or les caractéristiques de ce crime coïncident étrangement avec une enquête en 1932 à la Kripo, lorsqu’il était flic à Alexander Platz. Sauf que personne ne semble jouer franc jeu.

Critique d’Une douce flamme

Je croyais qu’après La mort, entre autres (cf. infra) j’en aurai fini avec l’ancien flic / SS / prisonnier russe / etc., en fait que nenni. Gunther est indestructible, et bien qu’il dépasse allègrement la cinquantaine il est toujours capable de foutre un sacré daroi dans un autre pays. Et même dragouiller Eva, la femme de Juan Peron en plus de tomber amoureux d’une jeune juive, quelle fougue !

Sur l’intrigue, rien à dire. Si le gros du roman fait la part belle aux aventures en Argentine en 1950 avec Gunther qui mène de front quelques recherches pour le compte d’individus qui semblent tous cacher quelque chose, Le Tigre s’est également réjoui de l’histoire en parallèle qui se passe en 1932. Notre héros, attaché à la République de Weimar et qui soutient le SPD, assiste presque impuissant (quand il se rebiffe, ça se passe mal) à la montée du fascisme hitlérien.

Hélas j’ai eu quelques menues difficultés sur ce petit pavé (qui se lit vite, n’ayez crainte) écrit par l’Écossais : une légère impression que l’histoire se répète, avec tous ces faux semblants et péripéties qui n’arrêtent pas d’apporter de nouvelles questions. En sus, les chapitres sont plutôt longs et le nombre d’intervenants peut vite dépasser le lecteur distrait. Toutefois, on n’est jamais vraiment perdu. Voilà de quoi justifier une note moindre par rapport aux titres précédents de Philip K (sans le Dick, si vous me suivez).

Au final, un petit plaisir qui se lit sans faim, et ce grâce au personnage principal. Entre humour caustique, intelligence tactique et petits problèmes personnels (son passé trouble où on se dit qu’on n’aurait sûrement pas fait mieux, la maladie qui s’abat sur lui), on ne peut difficilement le trouver plus sympathique.

Thèmes abordés (du moins selon Le Tigre)

J’en parlais déjà dans La mort, entre autres, mais la filière d’extraction en Argentine est finement décrite. Le pays savait se servir des talents de ces réfugiés, même les moins avouables. Et plus on avance dans le roman, plus les liens entre nazis et Péron deviennent troublants. En fait ce dictateur d’opérette était bien pire que Le Tigre aurait pu l’imaginer : déjà il récupère une grosse partie de la tune d’Hitler qui dormait dans les coffres-forts suisses, ensuite le sort qu’il a réservé aux émigrants juifs est terrifiant. Bref, le nouveau monde n’est pas mieux que l’ancien.

Sinon, Tigre veut absolument vous dire d’où vient l’expression du titre. D’emblée, il est expliqué dans le quatrième de couv’ qu’en présence du Führer, ses « sujets » sentaient brûler en eux une douce flamme. A la fin du roman, Gunther sent la même flamme brûler, mais plutôt pour la belle Anna. Pour finir, le héros donne sa version de ce que pourrait être la fameuse flame : ôtez un « l », et on parle bien de célébrité. Celle, misérable, due aux actes des Allemands pendant la guerre. Une marque qui restera brûlante et vivace, et ce pour le prochain millénaire selon Gunther.

…à rapprocher de :

– De Kerr, son gros succès reste la Trilogie berlinoise. Et à juste titre. La mort, entre autres, est superbe également. Les suites : Hôtel Adlon ; Vert-de-gris ; Prague Fatale ; Les Ombres de Katyn ; La Dame de Zagreb accusent la même qualité globale à quelques exceptions près. Le tout à lire dans l’ordre. La Paix des dupes se doit également d’être lu (correcte uchronie sur la conférence de Téhéran).

– Sinon, si la question de la filière d’extraction nazie ou des crimes commis par le régime péroniste vous intéressent, Kerr donne comme référence le chercheur argentin Uki Goñi. Notamment son essai Le véritable Odessa.

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Les Sutras du TigreLe Tigre est résolument moderne, et ne pouvait passer à côté des merveilles technologiques peuplant le fabuleux quotidien du lecteur. Et grâce à cet artefact de nombreuses choses qu’on n’aurait soupçonnées concernant le format numérique sont possibles. Voici donc 26 exemples pour se convertir au numérique.

Pourquoi ?

Depuis le temps qu’on me bassine avec les liseuses, j’en ai emprunté une pour le week-end à un ami. Tigre la lui a rendue dans le même état global que prêtée, de toute façon avec les daubes littéraires dedans je ne risquais pas de faire grand mal à celle-ci. Toutefois j’ai pu déceler quelques différences d’utilisation par rapport à mes bons vieux pavés.

Attention, ce Sutra n’est ni un billet sur les avantages comparatifs entre ces deux modes de lecture, ni un énième avis du style « pour ou contre l’e-book ? », article que je laisse volontiers au Parisien. Dans notre cas, juste un pot-pourri de moyenne facture sur la modeste expérience de votre serviteur. Avec quelques idées à l’intention des éditeurs et sociétés high-tech. Dans le désordre évidemment.

Ce qu’on ne peut faire qu’avec une liseuse

1/ Le gros plus, c’est qu’on peut mettre dedans l’équivalent de la bibliothèque de La Belle et la Bête. De quoi avoir besoin d’une bonne dizaine de vies pour tout lire.

2/ Basculer, dès qu’on le veut, vers un autre bouquin. Mais un livre relativement différent, comme je l’explique dans un autre Sutra consacré à la Polylecture.

3/ Retrouver un passage qu’on a particulièrement apprécié, et ce de manière rapide en cherchant par mots clés. Tigre a eu, pendant une année, un problème de cet acabit avec L’espace de la révélation. Une poignée de pages m’avait impressionné, et je souhaitais les relire. Sachant globalement de quoi il était question, impossible néanmoins de retrouver le fameux passage (caché dans un pavé de 1.000 pages) sur les voiles de Lascaille. Je cherche encore.

4/ De manière générale, c’est souvent moins cher (du moins pour les romans encore publiés en dur). Et si ce n’est point le cas, les vilains pourront toujours télécharger illégalement les versions numériques. Alors que pirater un livre papier, avec un sabre dans la main en attendant un camion de livraison de Gallimard, je m’imagine mal la scène. Et le poids du butin ne vaut pas son pesant en cacahouètes hélas.

5/ La possibilité de lire en pleine nuit, sans lumières. Beaucoup de liseuses ont une loupiote intégrée, ce qui est parfait pour déguster en catimini de la littérature X.

6/ Basculer vers un jeu ou un film. Cela varie les plaisirs, et c’est essentiel pour l’équilibre de tout lecteur qui souhaite s’aérer l’esprit. Mais faut avoir une device de compèt’.

7/ Avoir un dictionnaire ou un traducteur intégré. Voire un wiki. Lorsque je lis en anglais, il m’arrive souvent d’être totalement largué par un terme dont je n’arrive pas à saisir le quart du centième de signification, même dans le contexte. Cela peut arriver en français d’ailleurs, avec des auteurs de la trempe de Grégory Mion.

8/ Le mettre, de manière discrète, dans un sac à mains d’une finesse inversement proportionnelle à son prix.

9/ Changer la police d’écriture. Pourquoi donc ? Tigre voit une raison primordiale, c’est quand je rentre plus ou moins alcoolisé d’une soirée. Calé dans un transport en commun nauséabond, les mots dansent face à mes yeux et fixer les phrases relève de l’exploit (il peut m’arriver de lire la même ligne 12 fois avant de me rendre compte qu’il y a un os). Or, si je pouvais agrandir la police au lieu de coller mon pif au bouquin, ça se passerait beaucoup mieux.

10/ Gribouiller le livre avec de nombreuses notes, le surligner de partout et revenir, quand on le souhaite, sur ses interventions. Sur un livre papier, une fois que vous avez surligné, impossible de faire machine arrière hélas.

11/ Supprimer, à tout instant, certains titres qu’on ne veut pas montrer. Imaginez que votre rencart vous demande de jeter un oeil à votre ebook (dans le style « j’ai envie d’en savoir plus sur toi »). Pour faire bonne mesure vous avez pré paramétré une manipulation simple qui supprimera les BD pornos (version mec) ou un Bridget Jones (version fille) de votre bibliothèque. Plus simple que les cacher à la va-vite sous le lit non ?

12/ Partir en vacances prolongées avec de quoi lire tout le temps sans dépasser la limite de poids.

13/ Pendant ces mêmes vacances en mode « backpack », avoir des guides complet par régions sans se briser le dos avec les équivalents papier.

14/ Faire une sorte de sélection (des book notes, par exemple) des meilleurs passages. Et les envoyer à vos amis, comme on peut envoyer un morceau de musique sympa via Shazam.

15/ Faire de nombreux marques pages sans écorner l’objet.

16/ Ne pas flipper chaque jour, comme Le Tigre, que votre bibliothèque brûle. Vos bouquins peuvent être sauvegardés à tout endroit.

17/ Lire dans le bain, si votre liseuse est imperméable. Mais pourquoi ? Je m’explique : lors de mes années de prépa j’optimisais tout le temps « perdu » (sauf le sommeil) que j’avais. J’avais ainsi installé dans la douche, sous plastique, la liste des premiers ministres japonais depuis 1954 ou les statistiques de production d’acier de l’URSS dans les années 70 (les chiffres officiels d’un côté, les réels de l’autre). Et ça m’a énormément aidé.

18/ Avoir un réel pourcentage d’avancement de lecture, sans avoir à le calculer soi-même. Quand je dis réel, je pense « selon nombre de mots restants ». Le nombre de pages (avec leur chapitre aléatoire) n’est pas assez reliable.

19/ Cacher la couverture des merdes qu’on lit. Sans plonger dans l’élitisme le plus fascisant, vous ne pouvez vous représenter l’œil torve du Tigre lorsqu’il croise le regard d’un usager du métro qui lit un Musso.

20/ Ne pas s’emmerder à devoir trier sa bibliothèque.

Les six prochains sont particulièrement destinés à mes amis éditeurs ou auteurs. Vous pourrez y trouver quelques idées qui feront de vous des institutions à la pointe de l’interaction et de la connectivité lecteur / entreprises à haut potentiel lucratif. 

21/ Le lecteur peut signaler directement sur sa liseuse les fautes d’orthographe à signaler, et l’éditeur de procéder à une diligente correction. Sans devoir attendre une réédition.

22/ Pouvoir revenir sur passages qu’on a pas compris. Par exemple, un protagoniste qui débarque et dont on ne se souvient pas : si un petit signet est accolé sur le personnage et qu’il est possible de faire un rapide retour sur sa première apparition (voire les suivantes), alors le lecteur oublieux sera éternellement reconnaissant.

23/ En outre, il peut être extrêmement intéressant de disposer des statistiques de vitesse de lecture selon les passages. Le lecteur désireux de lire à toute vitesse pourra progresser. Y’en a bien qui font cela pour le jogging.

24/ A partir de ces stats, les acteurs du monde de l’édition pourront disposer d’un retour d’expérience souvent salutaire. Savoir notamment : quand le lecteur a pris plus de temps que d’habitude à terminer une page, s’il en a relu une ou deux, s’il en a zappé quelques unes, ou à quel moment il a arrêté de poursuivre la lecture du roman / essai / BD,…

25/ Et si la connectivité est poussée un peu plus loin, Tigre imagine un monde où tout lecteur peut donner des bons (ou mauvais) points par rapport à des lignes du roman. Et même expliquer sommairement pourquoi et comment tel ou tel morceau mériterait d’être amélioré (ou étoffé). Cela fait certes très Big brother, toutefois il y a bien pire aujourd’hui.

26/ Enfin, on peut penser à préparer une playlist musicale à déclenchement automatique, selon « l’ambiance » du roman. J’en ai déjà parlé dans un Sutra sur les écrivains et la musique, et même sur celui traitant de la lecture en écoutant des sons. L’idée est d’aller plus loin que certains éditeurs (Asphalte, dans ses romans en général) en proposant, « accroché » au roman, quelques titres musicaux qui sont ceux que l’auteur a écoutés en écrivant.

Conclusion en carton

Quand je parlais de ma « modeste expérience », vous aurez remarqué qu’il s’agit avant tout d’expériences de pensées. En outre, certains comportements vis-à-vis du livre numérique me sont totalement étrangers dans la mesure où je reste un fervent supporter du format papier doublé d’un incorrigible maniaque.

Enfin, Le Tigre n’acceptera ni remarques ni conseils d’ajouts de la présente liste. Je ne veux pas me risquer à devoir un jour changer le numéro du Sutra. Et oui, après avoir parlé des 27 choses qu’on ne peut pas faire avec un e-book (a contrario du livre « normal »), je me devais de pondre un Sutra comportant une idée (du moins sur le papier) de moins. Juste pour souligner mon attachement au livre papier.

Joe R. Lansdale - Le Mambo des deux oursVO :Two-Bear Mambo. Leonard Pine et Hap Collins encore sur la sellette, pour le plus grand plaisir du Tigre. L’image de couverture ne trompe point, c’est bien en territoire dominé par des individus de type Ku Klux Klan que les deux protagonistes iront foutre le bordel. Humour noir, scènes d’action réjouissantes, rien à redire.

Il était une fois…

Leonard, black homo et profondément républicain, a encore sévi : il vient de foutre le feu à la crack house de ses voisins dealers qui ont eu le malheur de vendre leurs saletés à des enfants. Hélas ce n’est pas au goût de tous, et pour que la police ferme les yeux notre héros va devoir rendre un service au représentant de la loi. Ce service, c’est aller récupérer la petite amie du flic qui a disparu au fin fond du Texas. Aidé de son ami Hap Collins (qui paraît tout le contraire de Leonard), il va aller dans un endroit surprenant où se mêlent KKK et trafic de drogues.

Critique du Mambo des deux ours

Après avoir dévoré L’arbre à bouteille (cf. infra, et sur la critique de ce titre je parle plus longuement des héros), Tigre ne pouvait laisser cet auteur américain ne pas occuper une place de choix dans sa bibliothèque. Et ce fut, encore une fois, très bon.

Dans cette histoire, Leo Pine, après avoir cramé la baraque de ses très peu recommandables voisins, doit mener une petite mission de type « search & rescue » en plein territoire occupé par de gros blancs très racistes. Si Lansdale brille surtout par son style, l’intrigue générale reste très bonne et on se surprend plus d’une fois à craindre pour la vie des deux héros. Rien à voir avec un San-Antonio en quelque sorte.

En effet, lire du Joe R. L. est un plaisir renouvelé. Malgré la difficulté que le lecteur peut avoir pour déterminer l’époque de l’histoire (qui pourtant récente), l’auteur a planté un décors certes oldschool mais terriblement sombre et crédible. Les personnages (les flics plus ou moins marrons, les gros bras notamment) sont comme toujours finement construits (ou déconstruits), sans excès et avec différentes teintes de gris. Une lecture agréable, et au risque de me répéter il n’est nul besoin de lire les premiers titres avec ces héros. On entre rapidement dans le jeu.

Thèmes abordés (du moins selon Le Tigre)

L’amitié, la vraie. J’ai compris la signification du titre de manière très très personnelle : le mambo, c’est une danse d’obédience cubaine assez sensuelle où les partenaires se font généralement face. Et dansent la même chose. Les deux ours, ce sont nos deux héros qui ne s’emmerdent pas avec les bonnes manières face à des connards. Et en imaginant Hap et Leonard se trémoussant face à face, comme s’il s’agissait d’une unique personne qu’un miroir séparerait, je ne vois rien de mieux comme illustration.

Et le miroir serait sacrément déformant, transformant un blanc hétéro et démocrate en un noir conservateur et ouvertement homo. Avec les vannes que les deux se balancent (vocabulaire fleuri, comme il est d’usage chez Lansdale) et les balles que leurs flingues crachent, il s’agit plutôt d’une danse comico-macabre.

Le dernier thème est le racisme. Ce que décrit l’auteur inquiète grandement. Des personnages bêtes aux croyances arriérées, comme s’ils étaient piégés dans une sorte de faille temporelle où ségrégation (voire esclavage) a encore lieu. Ce monde ne paraît pas as si improbable dans la mesure où Joe R. ne s’est pas complu (ça fait bizarre mais c’est bien français) dans la vilaine caricature. Car les méchants ne sont pas totalement idiots, derrière leurs gras comportements il y a une logique. Logique certes discutable, mais qui au moins existe.

…à rapprocher de :

– Avec les mêmes héros, je peux vous livrer en vrac : L’arbre à bouteille, Bad Chili, Tape-cul, Vanilla Ride (ce dernier étant excellent), Tsunami mexicain  (moins bon).

– Sinon, de Lansdale en « one shot », Tigre s’est notoirement régalé avec Vierge de cuir. Moins avec Les Enfants du rasoir (à oublier).

– Quant au racisme qui perdure, il peut être intéressant de lire Dans la peau d’un Noir, de Griffin.

Enfin, si votre librairie est fermée, vous pouvez vous procurer ce roman via Amazon ici.

Bernard Werber - Le Père de nos pèresÉnième titre du père Werber, il faut lui reconnaître une imagination satisfaisante doublée d’un sens inné du suspense. Deux journalistes que tout semble opposer à la recherche de la question qui fâche (d’où venons-nous ?), un homme pré préhistorique, et tournez manège ! Pas terrible hélas, encore un bouquin à lire avant ses 25 ans (ceci dit sans élitisme).

Il était une fois…

Le grandiose professeur trucmuche (Adjemian, je crois bien) a été tué alors qu’il était sur le point de rendre publiques ses découvertes sur les origines de l’Humanité. Rien de moins. Les flics ne paraissent pas se fouler plus que ça pour trouver le coupable, aussi la pétillante journaliste Lucrèce Nemrod, qui va demander l’aide d’un vieux briscard du journalisme (porté sur les sciences), va aller jusqu’au bout du monde (en Afrique en fait) pour découvrir la vérité. Parallèlement, il y a des millions d’années de cela, nous suivrons les aventures de « IL », jeune primate qui sera responsable du prochain stade d’évolution vers l’homo sapiens.

Critique du Père de nos pères

Il fut un temps où jeune Tigre avalait les romans de Werber avec la même fougue que petit Jésus multipliant les petits pains. Hélas, mille fois hélas, Le Père de nos pères n’est pas l’ouvrage à mettre en haut de la pile de cet écrivain.

Il s’agit du premier tome que Werber a cru bon juger utile de nommer Les aventuriers de la science. D’un côté une sorte de thriller / aventure un peu bancal sur les bords avec Lucrèce et Isidore ; de l’autre les pérégrinations d’un individu non identifié qui s’avère être le très recherché père de nos papas. L’écrivain français alterne les deux histoires avec une régularité (chapitre pair, chapitre impair) de métronome atomique.

Le style est du Werber pur jus, à savoir une insolente maîtrise des deux histoires qui se rejoignent dans une explosion de révélations. Cependant le suspense fut pour Le Tigre quasiment nul, ayant deviné (presque par accident) de quoi il retournait. Résultat : me suis royalement emmerder sur les derniers chapitres. Mais pas au point d’abandonner la lecture, car le tout reste très correct.

Thèmes abordés (du moins selon Le Tigre)

Je vais profiter de ce titre pour vous présenter rapidement nos deux héros (on les retrouve dans d’autres titres). Lucrèce Nemrod est une jeune femme, pas très grande, rousse et apparemment plutôt bandante. Vive d’esprit, elle a la vingtaine dans ce roman. Isidore Katzenberg, inversement, semble plus posé et son physique est celui d’un gros patriarche assez vieux et à l’insondable science. Attention, Tigre ne signifie pas que l’auteur ne s’est pas fait chier à éviter la caricature « Laurel & Hardy », avec un peu d’attirance (surtout le gros Isidore) pour l’autre en sus. Mais presque.

Bon, alors, d’où venons-nous ? Je vais vous le donner en mille, parce que l’Homme ne descend définitivement pas du tigre. Plutôt du porc. Du cochon. Et oui. Ce ne serait pas pour rien qu’on partage autant de gênes avec ce bestiau, et que d’ailleurs on procède souvent à des greffes à partir d’un de ses organes. Et ironiquement, c’est celui que les hommes traitent de la pire façon (les autres animaux ne sont pas en reste, j’en conviens) : élevage intensif dans des fermes dégueulasses alors que le porc est d’une propreté exemplaire, abattage à la chaîne pour finir de manière éhontée dans nos assiettes. Pas étonnant, pour finir, que filmer ce qui se passe dans un abattoir reste interdit.

…à rapprocher de :

– La recherche du chaînon manquant se retrouve également chez Vercors et ses Animaux dénaturés. Un peu chiant hélas.

– De Werber, j’ai intensément préféré La trilogie des fourmis. Quant aux suite, le Cycle des Anges et celui des dieux vont descrescendo question intérêt.

– Sur l’origine du monde, avec une petite surprise finale bien sympathique, Nanard se contredit avec le roman Le papillon des étoiles. Enfin, « se contredire » est un grand mot…

Enfin, si votre librairie de quartier est fermée, vous pouvez trouver ce roman en ligne ici. mais de grâce ne lisez pas la présentation du produit sauf si vous voulez être abruptement spoilé).

Seagle & Kristiansen - C'est un oiseau...VO : It’s a bird… Histoire de super-héros, et pas n’importe lequel ? Semi-autobiographie d’un auteur sur les affres d’une maladie génétique qui le fait flipper ? Un peu des deux mon général. Le mélange des genres est superbe, servi par des illustrations qui détonnent dans le monde des comics. A lire et relire.

Il était une fois…

Steve est un scénariste de comics au succès fulgurant. Tellement que son éditeur lui propose de s’occuper de Superman en personne (pour le compte de DC Comics évidemment). Hélas notre héros n’est pas très chaud pour concocter une histoire sur cet illustre personnage. Il a une sérieuse dent contre lui et quelque chose bloque. Mais quoi ? En outre, sa vie personnelle prend une tournure assez dramatique : son père disparaît sans donner de nouvelles, et derrière tout ce mystère pointe une maladie terrible qui semble bien être la malédiction de la famille.

Critique de C’est un oiseau…

Je pensais classer cette œuvre dans la catégorie des « comics ». En fait c’est bien plus que cela, et pour 250 pages d’une densité sans égal. Si Tigre a été relativement sceptique sur les premières planches, il a été très vite emporté dans le tourbillon de l’histoire.

Steve, qui créé des scénarios pour le compte de grandes maisons de comics, se voit proposer celui du Kriptonien. Sauf qu’il louvoie intensément pour s’en occuper, et les idées sur ce personnage se font plutôt rares. Il associe le « S » rouge du héros à un épisode de sa jeunesse plutôt obscur et il faudra attendre la fin pour connaître les « raisins de la colère ». Parallèlement notre Steve n’est pas à la fête : ça se passe moyen avec sa copine et son père s’est fait porter manquant.

Il y a donc deux pendants à C’est un oiseau. En premier lieu, les réflexions de Steve sur Superman (cf. infra), héros à qui il reproche de faire plus de mal que de bien. En second lieu, notre ami mène des recherches sur la Chorée de Huntington, terrible maladie génétique qui paraît s’abattre sur sa famille. Les deux univers s’imbriquent de façon naturelle malgré un fil conducteur plutôt mince et l’absence totale d’action (ou de péripéties haletantes), au moins jusqu’à la fin.

Quant au dessin, c’est à mi-chemin entre de l’aquarelle enfantine et du crayonnage presque brouillon mais terriblement porteur de sens. Ça m’a rappelé un peu Guy Delisle, toutefois en moins net et avec des couleurs. Le style est parfois changeant, notamment lorsqu’il faut représenter Clark Kent en habits de puissance. Du très bon dans l’ensemble, Panini a eu le nez fin de dégoter ce roman graphique. Le titre, mignon comme tout, renvoie autant à la frustration de ne pas trouver de scénario qu’à la scène finale (qui laisse espérer que l’héroïsme est bien de ce monde).

Thèmes abordés (du moins selon Le Tigre)

La réalité et le monde fictionnel. Ce que j’ai retenu de cette belle bande dessinée est que les superhéros semblent avant tout des vecteurs pour faire passer des idées. Ces dernières sont parfois triviales, voire pour l’auteur en phase de déprime notoirement négatives : Superman, c’est l’étranger qui ne s’adapte pas et par ses pouvoirs montre qu’on est rien, alors que l’héroïsme est fait de petits gestes quotidiens. Ou même l’aspect « fascisant » de sa personne, si on se réfère à certaines couleurs de son costume. Bref, l’individu « Superman » est avant tout une icône, et le confronter au monde réel en évitant les stéréotypes (l’humaniser en fait) est plus que délicat.

Tout naturellement vient le sujet du rapport de chacun entretient vis-à-vis d’un super-héros. Il appert qu’il y a autant de versions d’un héros qu’il y a d’auteurs. Il n’y a qu’à lire tous les Batman pour s’en rendre compte. Et si l’auteur traverse une mauvaise passe où imaginer un scénario lui est difficile, c’est parce qu’il est en pleine crise d’identité. [Attention SPOIL] Dans notre cas, le héros est associé à un moment douloureux de son existence : celui du décès de sa grand-mère, à cause d’une maladie génétique trop rare pour qu’un vaccin existe. Et il surprend son père regretter d’avoir deux enfants à qui il a pu transmettre ce mal. A ce moment, Steve fait semblant de lire une BD de Superman, et ce afin que les « grands » ne savent pas qu’il a bien entendu ce qui s’est dit. [Fin SPOIL]

…à rapprocher de :

– Dans le genre « Superman vu comme jamais », Tigre garde un ému souvenir de Superman Red Son, imaginé par Marc Millar. Ou alors Superman All-Star, de Morrison.

– L’héroïsme dans la vie de tous les jours, c’est aussi (de Grant Morrison encore) Joe, l’aventure intérieure.

– De Morrison toujours, on peut se rendre compte de la vision personnelle d’un héros n’a jamais été aussi complexe avec ses reprises de l’homme chauve-souris. Ça commence par le premier tome ici.

Enfin, si votre librairie à BDs est fermée, vous pouvez trouver ce titre via Amazon ici.

QLTL - Moi, selon un aïeul« Nom de Zeus, il l’a fait ce sombre imbécile… Il a osé pondre une connerie sur sa petite famille ». Certes, certes. Ce billet semble aller à l’encontre du très strict Code de déontologie du Tigre, mais il n’en est rien ! Tout d’abord, ça fait longtemps que grand-papa-tigre (ci-après GPT, comme Geppetto, si ça peut vous aider) a peint cette chose. Et à chaque réveil je l’ai en ligne de mire. Se décider à ne la reproduire que maintenant est un exploit non ? Et surtout que cette iconographie n’a rien à voir avec le dernier gribouillage d’un gosse qu’un blogueur voudrait partager à la populace admirative.

Ensuite, vous avez remarqué que le dessin représente un majestueux félin. Non, LE majestueux qui n’est rien d’autre que votre serviteur. Tiré à partir d’une photo que je lui avais refilée, GPT a sorti ses pinceaux de sa besace et m’a concocté une toile (50 x 50 centimètres) que j’ai rapidement plantée sur mon plafond. Vous ne rêvez pas. Tigre est parvenu à accrocher un tableau au plafond pour s’endormir (et surtout se réveiller) avec cette vision. Ma copine fait la gueule, vous vous en doutez.

Sur le titre de l’Iconographie, je vous prie d’accepter mes plus plates excuses pour le « moi » de majesté qui fait pompeux au possible. J’aurais pu compléter par « moi-même maître des blogs », à la Messier. Sauf que contrairement à cet individu polytechnicien je ne compte pas exploser en cours de vol comme une stupide navette Challenger (regardez absolument la trilogie Qatsi si vous avez le temps d’ailleurs).

Pour conclure, respectez vos parents. Qu’ils soient grands ou moins grands. Si un beau jour ils se mettent à dessiner quelque chose de potable, vous ne serez pas déçu. En outre, comme le dit un mantra bouddhiste que j’aime bien, « ne faites pas aux autres ce que vous n’aimeriez pas qu’on vous fasse ». Cela ne marche pas avec les psychopathes toutefois. Car il y a fort à parier que vos propres enfants se comporteront avec vous de la même manière. Imaginez le malaise.

D’ailleurs, je songe à faire une page sur ses différentes œuvres. Autant pousser le vice jusqu’au bout. Et j’attends toujours vos dessins que je publierai volontiers, du moment que cela soit « Tiger-related ».

Eric-Emmanuel Schmitt - La Part de l'autreTitre phare de l’écrivain français, La Part de l’autre réussit la délicate symbiose entre uchronie et fiction historique cohérente. Deux histoires parallèles, deux Hitler dont un a réussi à entrer à l’Académie des Beaux-Arts, deux destins qui ont changé à jamais la face du monde. Exercice complexe et correctement traité.

Il était une fois…

Le synopsis n’est pas mal du tout, ça donne envie de le délivrer tel quel :

« 8 octobre 1908 : Adolf Hitler est recalé. Que se serait-il passé si l’École des beaux-arts de Vienne en avait décidé autrement ? Que serait-il arrivé si, cette minute là, le jury avait accepté et non refusé Adolf Hitler, flatté puis épanoui ses ambitions d’artiste ? Cette minute-là aurait changé le cours d’une vie, celle du jeune, timide et passionné Adolf Hitler, mais elle aurait aussi changé le cours du monde… »

Critique de La Part de l’autre

Avec Lorsque j’étais une œuvre d’art, voici ce que j’estime être LE classique de Riri Manu Schmitt. Un ouvrage assez imposant certes (un demi-millier de pages), mais il n’en fallait certainement pas moins pour aborder un tel sujet.

Le scénario, original, se concentre sur la mise en exergue de la vie du dictateur telle qu’elle aurait pu l’être. D’un côté nous avons Hitler, le fanatique revanchard qui n’est que haine et mettra l’Europe (et le reste de la planète) à feu et à sang six longues années. De l’autre, bienvenue à Adolf H., artiste moyen qui n’a jamais songé à entrer dans la politique.

Bien évidemment c’est sur ce dernier Adolf que Schmitt est attendu au tournant, et il faut reconnaître que les sujets abordés (l’art, les sentiments qui font l’artiste en général) présentent un protagoniste crédible et terriblement humain. Quant à la biographie « historique » du nazi, Éric-Emmanuel s’occupe de façon crédible des motivations personnelles et traumatismes (plus ou moins infantiles) qui amèneront un individu à foutre autant le bordel dans l’existence des autres.

Cette œuvre, uchronie subtile (le point divergent est situé dès les premières pages) alliée à l’histoire « réelle », m’a semblé très bien travaillée. Il s’agit d’un projet ambitieux sur lequel l’auteur ne s’est pas planté, et en dépit des deux existences (les chapitres alternent immanquablement entre celles ci) le lecteur ne sera presque jamais perdu. La cohérence est notamment maintenue grâce à un style simple qui fait montre de quelques changements par rapport à l’évolution du « héros ». Tour à tour joyeux ou infiniment sombres (et voulant faire sombrer autrui avec lui), Adolf H. et Hitler se complètent, voire s’auto-référencent.

Pour conclure, si vous ne devez en garder qu’un de Schmitt, il n’est pas impossible que ce soit celui-ci.

Thèmes abordés (du moins selon Le Tigre)

L’uchronie imaginée par l’auteur m’a semblé, d’un point de vue géopolitique, un peu légère. L’auteur raconte à la fin du titre comment il a travaillé sur cet aspect (demandant conseil à des amis mieux placés que lui), et la vision qu’il délivre ne soulève pas des montagnes. Peut-être est-ce la beauté d’une uchronie réussie, que de présenter un univers divergent sans grosses surprises ? Pas de Seconde Guerre mondiale, seulement quelques escarmouches provoquées par l’Allemagne qui étend un peu son territoire vers l’Est (Sudètes par exemple).

La Part de l’autre, c’est ce que dit Adolf H. lors d’une conversation épistolaire. En montrant comment un homme aurait pu devenir un individu normal (entendez : qui ne traumatisera pas le 20ème siècle), Schmitt nous invite à nous poser la question de la nature humaine : est-ce que cet individu était préprogrammé pour commettre de tels crimes ou est-ce juste un mauvais concours de circonstances ? Sommes-nous tous des dictateurs en puissance qui, placés dans les mêmes conditions, incendieraient de la sorte les idéaux de l’Homme ? Car si souligner la responsabilité de cet homme est logique, celle-ci ne suffit pas à expliquer l’Histoire.

…à rapprocher de :

– De Schmitt, Tigre a (notamment) lu et aimé : Lorsque j’étais une œuvre d’art, La secte des égoïstes, Oscar et la Dame rose, Milarepa, L’Évangile selon Pilate, etc. En fait j’ai l’impression de les avoir tous lus.

– Hitler qui n’est pas Führer mais artiste, c’est aussi Adolf écrivain dans Rêve de fer, de Norman Spinrad. Un exercice de style somptueux.

– En « SF pure », Reynolds a imaginé, dans La pluie du siècle, un monde sans Seconde Guerre mondiale.

Enfin, si votre libraire est fermé, vous pouvez trouver cette uchronie en ligne ici.