Avouez, on a tous, par accident bien évidemment, failli embrasser son animal de compagnie sur le museau – et plus encore. Souvent, ce dernier le voulait clairement. Et si on le laissait faire ? Mieux : et si vous preniez l’initiative ? Est-ce mal ? Est-ce dangereux ? Comment s’y prendre correctement pour ne pas passer pour un freak ?
Love me tender, love me true
Le Tigre ne recule devant rien pour faire de son blog à aimant à clics – et l’assume avec la plus blâmable allégresse. Pour ceux qui ne me lisent qu’en raison de quelques bons plans littéraires, veuillez alors me pardonner et souffrir que le cherche à diversifier le blog.
Le constat est simple : tout propriétaire de chats adore son animal – moi le premier. Tellement qu’il peut arriver à l’heureux propriétaire, dans un moment d’extrême solitude (souvent couplé à des breuvages que le code de la route réprouve), de vouloir embrasser son félin amoureusement. Sur la tête. Le ventre. Puis le désir de passer à quelque chose de plus sérieux se fait pressant. Irrépressiblement, vous cédez à vos pulsions et tentez de porter un baiser sur la bouche. Un gentil smack. Et pourquoi ne pas mettre la langue ?
Pour les amateurs aguerris qui ont sauté le pas, vous ne pourrez me contredire quand j’annonce qu’un chat pue gravement de la gueule. A côté de votre minou, le bisous de votre grand-mère à deux doigts de clamser et qui n’a pas eu le temps de se laver les dents depuis l’élection de Mitterrand, bah c’est l’équivalent de trois kilogrammes de bonbons Pyrénées – vous savez, ceux à la menthe ?
Admettons que vous souhaitez toujours galocher la bête. En premier lieu, je vous propose de répondre à ces questions d’un point de vue moral, puis hygiénique. Ces décharges de responsabilité effectuées, nous étudieront enfin les différentes façons en vue de patiner son animal de compagnie.
Embrasser son animal sur la bouche, est-ce mal ?
Le premier problème est que, à cause d’un témoin indélicat ou parce que vous avez publié la vidéo de vos exploits sur une plateforme de vidéos en ligne, la justice décide de s’intéresser à vous. Le Tigre revêt alors sa robe de magistrat pour vous annoncer que vous ne risquez STRICTEMENT rien.
Même si vous forcez midinette à vous prodiguer un baveux bisou, la qualification d’agression sexuelle ne semble pas devoir s’appliquer à vous. En effet, l’article 222-22 du Code pénal stipule que toute atteinte « commise avec violence, contrainte, menace ou surprise » est une agression sexuelle. Mais contre un être humain ! Heureusement d’ailleurs, sinon il y aurait de quoi envoyer les vétérinaires inséminateurs en prison pour quelques millénaires.
Concernant les comportements déviants vis-à-vis des animaux, il faut plutôt regarder du côté du premier alinéa de l’article 521-1 du code susmentionné. Il y est gazouillé que le fait, publiquement ou non, d’exercer des sévices graves, ou de nature sexuelle (je mets en italique), ou de commettre un acte de cruauté envers un animal domestique, ou apprivoisé, ou tenu en captivité, est puni de deux ans d’emprisonnement et de 30 kilos boules d’amende.
C’est là que la jurisprudence a pu préciser, à juste titre, que « sévices graves ou de nature sexuelle » signifie sévices graves OU sévices de nature sexuelle. Ainsi, un comportement qui a une portée seulement sexuelle et ne constitue pas une violence ne serait point visé par le code pénal – il en serait différemment avec une pénétration autrement plus brutale, à l’aide d’un objet ou autre. Cependant, si vous enfoncez la langue avec une insistance avérée dans la glotte de votre compagnon, vous pourriez entrer dans l’illégalité – en plus de le faire vomir sur vous.
D’un point de vue de la stricte moralité, je vous laisse être juge de ce qui est convenable et de ce qui ne l’est point. Que ce soit la Bible qui interdit toute fornication avec des animaux ou votre petite amie jalouse qui ne supporte plus vos élans d’affection avec midinette, le curseur moral peut être placé à tout endroit. Et si vous pointez ce fameux curseur à l’aune de la « morale animale » (admettons que celle-ci existe), alors c’est open-bar pour l’homo sapiens.
Comme le disait je ne sais plus quel anthropologue, les interdits moraux (puis religieux) sont le fait d’observations strictement médicales. Genre l’inceste, lorsque faire des bébés avec son frérot (dans le style de la dynastie des Ptolémée) produisait un résultat calamiteux. Qu’en est-il d’embrasser un chat sur la bouche ?
Lécher le visage de son chat, c’est sale
Après des heures de discussion avec le vétérinaire de midinette qui, entre deux termes savants à consonance latine, en profitait pour grossir sa note d’honoraires, voici grosso merdo ce qui ressort des dangers du baiser :
Tout d’abord, le problème majoritaire provient de la toilette de votre animal de compagnie. Celui-ci, s’il est infecté, n’en continue pas moins de s’auto-laver. En se léchant le cul, la probabilité est grande qu’il garde quelques saloperies sur son museau. Aussi, n’hésitez-pas à laver le visage de midinette avant de commencer les préliminaires. Un tissu imbibé d’eau (pas de savon, de grâce) devrait ôter les bactéries les plus vilaines.
Ensuite, ce ne sont pas vraiment les bactéries et autres virus qui pendent au nez de midinette, mais plutôt des vers (enfin des larves) transmissibles à l’homme. Au hasard, il n’est pas impossible de choper de l’ascaris, un parasite qui peut afficher ses trente centimètres de longueur au compteur. Le pire, d’après ce que j’ai compris, est de récupérer en son sein des vers échinocoques, ce qui provoquera une correcte échinococcose. Cette maladie, mortelle à terme, s’attaque au foie en le faisant ressembler à celui d’un alcoolo en moins de quelques mois – en plus de la fièvre et d’intenses douleurs au niveau du bide.
Enfin, ces maux concernent avant tout les mineurs et femmes enceintes. La future maman, d’ailleurs, peut rajouter à ces risques celui de la toxoplasmose, pas dangereuse en soi à l’exception du fœtus – nettement plus emmerdant. C’est pourquoi il faut interdire à ses gosses d’emballer leur animal, à plus forte raison lorsque ce dernier est en bas âge.
Mais comme Le Tigre a bien plus de vingt piges, il ne risque rien.
Comment rouler un patin à son chat
Passons maintenant à la pratique !
Comme il a été évoqué, forcer ou surprendre sa midinette ne relève point du code pénal. Sauf que la difficulté est que l’animal, peu habitué à ce qu’il arrive, réagit brutalement. Je ne sais pas pour vous, mais personnellement j’évite de faire le con avec mon chat lorsque les yeux sont à moins de vingt centimètres de ses griffes.
La solution de facilité consiste à faire en sorte que la chatte, de sa propre initiative, vienne vous faire un petit bisou. Pour cela, mettre de la nourriture dans sa bouche pourrait apparaître utile. Attention, ne foutez pas n’importe quoi sur votre langue ! Du liquide avant tout, un peu de crème fraîche, de la pâtée, et pas de trucs trop gros. J’ai un ami qui a tenté de placer une crevette sur sa langue, et vous savez ce qui est arrivé ? Son chat, ce gros con, a voulu la prendre d’un revers de patte. Sauf qu’il s’est raté et a enfoncé une griffe sur le bout de la langue de mon pote. Lequel, en beuglant comme une truie violée, a fait peur à son animal qui a cherché, tant bien que mal, à se dégager. Les voir ainsi dans leur danse grotesque, quelle grosse rigolade – sauf qu’il y avait assez de sang sur le sol pour faire du boudin.
[quand je dis que « j’ai un copain à qui ceci est arrivé », ce « pote » existe vraiment. Je ne fais pas ça pour taire mes honteuses aventures]
La technique tigresque, plus délicate, a le mérite d’associer hygiène nécessaire et accord tacite du mammifère : l’embrasser pendant qu’il boit. D’une part, il est tellement concentré sur l’étanchéité de sa soif qu’il ne vous verra guère arriver. Sans compter que, en tirant la langue pour laper le précieux liquide, celle-ci vous sera toute offerte. D’autre part, sa gueule est un peu moins dégueulasse qu’à l’accoutumée. Que du bonus.
Prêt à vous rouler un patin
Voilà donc à quoi ressemble midinette prête à recevoir votre baiser. Ne cliquez pas sur l’image, en gros plan, ça peut surprendre. En ce qui me concerne, ça s’est magnifiquement passé. Car quelque chose de magique est arrivé : mon ch’ti bestiau, malgré mes coups de langue dans sa bouche, croyait que je tentais seulement de boire avec lui. Il s’est progressivement esquissé un rare moment de connivence entre deux êtres succombant à l’appel de la nature, ce fut sans doute un des plus beaux moments de communion avec elle. Bien que je ne voyais que le noir de ses yeux, je devinais, plus loin, des frétillements de queue de sa part dont l’interprétation était évidente : nous étions heureux.
Conclusion d’un catlover
Vous voilà dûment prévenus des menus dangers du léchage de visage félin. Entre maladies plus ou moins inquiétantes et barrières éthiques assez handicapantes, vous remarquerez que tout ce qui peut vous causer du tort le souci du chat vient de son derrière. Tout ça pour dire que l’anulingus doit être simulé avec un gant ou autre (ne reproduisez donc pas ce billet en lien).
Notez, enfin, que ce billet est presque valable vis-à-vis d’un chien ou d’un hamster. A l’exception sans doute du nom des dégueulasseries que vous risquez d’attraper. A mon sens, c’est comme boire l’eau du robinet dans un pays d’Asie : il faut bien faire fonctionner ses anticorps.
Pour le numéro du volume, je vous renvoie au dicton qui dit que french kisser quelqu’un mobilise 34 muscles. Un peu moins chez le chat…à moins que, effrayé par votre audace, il mette en branle ses 500 muscles pour vous échapper.
A vous de jouer. Et n’oubliez pas de m’envoyer vos photos.